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Ecouter Mario Lanza

Leoncavallo : VESTI LA GIUBBA
Dicitencello Vuie
Verdi: OTELLO "Dio mi potevi"
Na sera e maggio
Serenade de Romberg
Leoncavallo: LA BOHEME
Giordano: ANDREA CHENIER














Hommage à Carlo Bergonzi sur Radio Aligre

novembre 21st, 2014 par Alain Fauquier


Affiche Bergonzi

Hommage à Carlo BERGONZI

“Le Maître de Chant”

 

Ce 14 décembre 2014, nous allons nous intéresser à un artiste hors du commun mais qui présentait tous les aspects du commun et de l’homme ordinaire.

Cet homme a une place à part parmi les grands interprètes de l’opéra et du chant en général : il s’agit de Carlo Bergonzi, qui vient de nous quitter cette année 2014, le 25 juillet, à l’âge de 90 ans à Milan.

Il était né le 13 juillet 1924 à Polisene, près de Parme.

Ce fut un des grands ténors du 20ème siècle.

Sa carrière se déroula entre la fin de la deuxième guerre, 1948 où il fit ses débuts, et les années 1980, soit une très longue carrière rendue possible par un sa grande technique et maîtrise du chant et tout le monde sait que la technique économise la voix et permet de durer.

Carlo Bergonzi fut un véritable maître, un exemple, une référence pour tous ceux, et les plus grands, qui eurent l’honneur de chanter avec lui et pour tous ceux qui aspirent à chanter ou à perfectionner leur technique et leur style.

Pour preuve et pour exemple le ténor Salvatore Licitra, à qui nous avons consacré une émission, et qui fut l’élève de Carlo Bergonzi, dont il apprit l’élégance, la simplicité, le respect de la ligne mélodique, du texte et de sa poésie, en un mot le respect de la musique et du compositeur.

Pour ce programme, disons tout de suite que pour un artiste à part nous avons choisi un programme à part, au cours duquel nous aurons des airs qu’on nous donne assez rarement à écouter à la radio et à la télévision, qu’il s’agisse d’opéra ou de grandes mélodies poétiques ou populaires.

Il y aura certes Verdi, Puccini, à l’interprétation desquels Carlo Bergonzi a apporté une contribution de référence, mais à l’Opéra club de Paris-Mario Lanza, nous avons pensé à des œuvres moins jouées et à des mélodies magnifiques même si moins connues.

Des générations de chanteurs se sont inspirées de Carlo Bergonzi pour comprendre ce qu’étaient le phrasé, la ligne mélodique, la maîtrise du souffle, la subtilité, le respect des mots de la musique, la musicalité.

Cet immense ténor avait d’abord été un baryton.

Carlo Bergonzi étudia d’abord avec de grands professeurs et fit ses débuts en 1948 comme baryton dans « le Barbier de Séville » à l’opéra de Lecce.

Il chanta même avec le légendaire ténor italien Tito Schipa dans « l’Elixir d’Amour », de Gaetano Donizetti. Il remplaça aussi Tito Gobbi dans une représentation du « Rigoletto », de Verdi mais la représentation fut décevante.

Mais l’artiste devait admettre qu’il n’était pas né pour chanter dans ce registre médian, celui du baryton, et que sa voix était celle d’un ténor.

Caruso avait eu la même mésaventure en commençant comme baryton.

Il lui fallut alors retravailler sa voix et travailler un nouveau répertoire, celui des ténors.

Et en seulement trois ans, en 1951, il faisait son second début comme ténor à l’opéra de Bari  (ville de naissance de Licia Albanese à laquelle nous avons consacré une émission) et ce nouveau début, il le faisait dans un rôle très difficile et qui demande beaucoup à la voix, celui « d’André Chénier » de Giordano pour la musique et Luigi Illica pour le livret.

Alors, après le public de 1951, découvrons-le à notre tour dans ce rôle !

C’est l’un des trois grands airs les plus chantés de cet opéra (où Mario Lanza faisait merveille, soit dit en passant) : ici André Chénier est en prison, la prison Saint-Lazare, il va être exécuté par les révolutionnaires de la Terreur, et notamment Robespierre, et il compose un dernier poème :

Comme l’année 1951 était ce que l’on appelle le petit anniversaire de la mort de Verdi (mort en 1901), soit 50 ans plus tôt, la radio italienne engagea Carlo Bergonzi pour une série d’émissions consacrées à des opéras moins connus de Verdi.

Déjà la réputation de son chant était grande et on parlait de son raffinement rare, de son style exemplaire, de son goût impeccable, tout ceci  hérité du grand Tito Schipa, sur les enregistrements duquel il se forma.

Dans le cas de ces deux hommes, la technique, le style, l’élégance, la qualité de la diction avaient fini par compenser les moyens relativement limités de la voix.

Entendons-nous ! Les deux voix étaient magnifiques mais elles n’avaient rien de phénoménal, si l’on peut dire, ni d’exceptionnel,  ni par leur étendue ni par leur puissance. Mais elles étaient particulières, la voix de Schipa était légèrement voilée, « sfumata », disait-on.

Quant à celle de Bergonzi, en elle-même et en timbre, elle semblait n’avoir rien d’exceptionnel, mais l’intelligence du texte, la musicalité inscrite dans cet homme, son élégance morale et vocale (pas d’excès, respect de la partition et du texte) tout ceci faisait un ensemble inoubliable.

C’était l’époque des voix avant tout, par rapport à aujourd’hui où le physique nous fait presque oublier que l’opéra, c’est le chant et pas un concours de beauté.

Bergonzi, pas grand acteur, pas magnifiquement beau, même s’il n’était pas vilain, faisait passer l’émotion et le jeu par la voix, par de subtils changements, de l’émotion et une maîtrise du souffle incomparable, qui permet beaucoup de choses.

Schipa, sur qui nous espérons faire une émission, et Bergonzi, ces deux voix avaient fini par conquérir ou acquérir une harmonie parfaite.

La réputation de Carlo Bergonzi dépassa peu à peu les frontières de l’Italie et ce furent les engagements dans les plus grands opéras du monde, Scala de Milan (1953), Opéra de Chicago (1955), Metropolitan Opéra de New York (1956), Londres (Covent Garden, 1962) etc…

Carlo Bergonzi était le partenaire légendaire des plus grands artistes de notre temps, Maria Callas, Renata Tebaldi, Montserrat Caballe, Leontyne Price, Fiorenza Cossotto, Renata Scotto, Shirley Verrett, Birgit Nilsson, Giulietta Simionato, Joan Sutherland, pour ne parler que de quelques unes des étoiles féminines de l’Opéra de notre temps ; puis tous les grands chefs, Gavazzeni, Sir Georg Solti, sir Richard Bonynge, Herbert Von Karajan, Tullio Serafin, mentor de Callas, Rafael Kubelik, Nello Santi, Erich Leinsdorf au Metropolitan de New York etc…

En résumé, faut-il dire qu’il a eu l’honneur de chanter avec les plus grands ou que les plus grands ont eu l’honneur de chanter avec lui ?

Mais revenons à Verdi, le préféré de Bergonzi. Verdi qui, disait-il, exige une voix de ténor mâle et virile pour ses personnages :

Verdi était tout pour lui !

Sur ses vieux jours, Bergonzi s’aidait avec une canne dont le pommeau était la tête de Verdi.

Il est vrai qu’il vivait près de Busseto, la ville de Verdi et que l’auberge qu’il avait ouverte avec ses fils, et l’académie de musique où l’on venait du monde entier pour entendre ses leçons, s’appelait « I due Foscari », les deux Foscari, du nom d’un opéra de Verdi.

Il est vrai aussi que son grand-père, marchand de fromage (d’ailleurs comme son père et lui-même dans sa jeunesse, dans le commerce de la famille), que son grand-père donc, s’était rendu un jour chez Verdi pour lui vendre ses fromages.

Bergonzi se souvenait encore du choix de fromages de Verdi mais surtout du dialogue entre son grand père et le grand homme ! L’illustre compositeur, gloire nationale de l’Italie, avait demandé à son grand-père : «Savez-vous qui je suis? Dois-je toujours payer ?» Le grand-père Bergonzi répondit : «Je sais parfaitement qui vous êtes, maestro Verdi, mais vous vendez votre musique pour vivre et moi je vends mes fromages pour vivre ! Alors vous devez payer ! «

Et Verdi paya, comme le raconta Bergonzi au musicologue américain de la compilation qui vient d’être publiée chez RCA juste après le décès du grand ténor, « The Great Carlo Bergonzi ».

Mais Bergonzi, était aussi un maître dans Puccini dont il avait chanté les plus grands rôles, La Bohème, Madame Butterfly, Tosca, Manon Lescaut.

Carlo Bergonzi, c’était aussi le « bel canto », les grandes mélodies poétiques italiennes, celles qui se rapprochent le plus des lieder allemands de Schubert ou de Schumann, c’est-à-dire de courtes mélodies dans lesquelles on sculpte dans la poésie et dans les mots en gardant la ligne de chant, et où les nuances et les subtilités sont plus importantes que la force et la puissance.

On vient de le dire, en dehors de l’Opéra, Carlo Bergonzi excellait dans la mélodie (et le récital).

Insertions musicales :

Io Ti Sento : (mélodie) TOSTI

La dolcissima effigie : Adrienne Lecouvreur, CILEA

Come un bel di di Maggio : André Chénier, CILEA

Ah ! Si ben mio : Il Trovatore, VERDI

Parmi veder le lagrime : Rigoletto, VERDI

Ma se m’è forza perderti : Un Ballo in Maschera, VERDI

Donna non vidi mai : Manon Lescaut, PUCCINI

Addio Fiorito Asil : Madame Butterfly, PUCCINI

O del mio amato ben : (mélodie) Stefano DONAUDI

Vaga luna che inargenti : (mélodie) BELLINI

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