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Ecouter Mario Lanza

Leoncavallo : VESTI LA GIUBBA
Dicitencello Vuie
Verdi: OTELLO "Dio mi potevi"
Na sera e maggio
Serenade de Romberg
Leoncavallo: LA BOHEME
Giordano: ANDREA CHENIER














Emission Arte lirica du 23 avril 2017

avril 19th, 2017 par Alain Fauquier


 

 Affiche opera veriste portrait

 Le vérisme (ou verismo) est un mouvement intellectuel de la fin du 19ème siècle en Europe, qui a touché la littérature et l’opéra, tant en France qu’en Italie.

L’idée principale est de choisir comme héros des personnages de la vie ordinaire et non pas des dieux mythologiques ou des rois et des empereurs, plutôt des paysans ou des villageois ou des « bourgeois » que de prétendus êtres supérieurs ou de légende.

En littérature, on trouvera le phénomène littéraire du naturalisme, avec Zola, Maupassant, et leur précurseur sur ce terrain, Balzac : description précise de la vie et de la psychologie de personnes vraies, si l’on peut dire, phénomène de réalisme culturel qu’on retrouve aussi en Angleterre et en Russie.

En Italie, le grand homme c’est Giovanni Verga qui prônait ce mouvement d’hommage « aux vaincus de la terre » (Ai vinti dalla terra »), aux vraies valeurs, simples et « rustiques », au travail, au coutumes anciennes, à l’honneur, qui souvent mène à la vengeance et à la mort etc…, qui sont les deux ingrédients principaux de l’opéra, qu’ils s’agisse des dieux ou de ce qu’il est convenu d’appeler les « grands de ce monde » ou « les petites gens »…

A l’opéra, c’est l’Italie qui a pris la tête du mouvement avec des compositeurs qui, pour n’avoir pas la stature de Verdi ou de Wagner, sont d’excellents musiciens, aux opéras connus et joués régulièrement à travers le monde : qu’on songe à Pagliacci (drame de la jalousie dans une troupe de comédiens ambulants), Cavalleria Rusticana, (drame de la jalousie dans un village) ou même à certains opéras de Puccini et leurs personnages « bourgeois », comme la Traviata et les personnages « réels » qui l’entourent ou ceux de la Bohème, un poète, une petite ouvrière ou brodeuse, une aubergiste etc… : les noms eux-mêmes, le plus souvent des prénoms, sont ceux de la vie de tous les jours, Mimi, Musette, Rodolfo, Colline, Nedda, Santuzza, Canio, Silvio, Alfredo (Germont)…

Ces compositeurs célèbres sont Ruggero Leoncavallo (1892- Pagliacci), Pietro Mascagni (1890) Cavalleria Rusticana) et, bien que n’étant pas seulement classables comme compositeur « vériste », Puccini lui-même.

Commençons notre écoute musicale par le véritable « Manifeste » du vérisme qui ouvre I Pagliacci : c’est le fameux « PROLOGUE » où le baryton se présente au public et lui expose que le spectacle mettra en scène des êtres de chair et de sang, comme l’auteur lui-même, et des sentiments qui sont ceux de la nature humaine.

Le PROLOGUE commence par « Si puo ? Si puo ? »

« poique siam uomini di sangue et d’ossa »

« E que di quest’orfano mondo

« Al pari di voi, spiriamo l’aere »,

« parce que nous sommes des hommes de chair et de sang

« et que, de ce monde orphelin,

« tout comme vous nous respirons l’air » !

Sachons que le livret est de Leoncavallo lui-même, qui était l’auteur de tous ses livrets sauf un opéra posthume dont la composition complète lui est d’ailleurs discutée.

Il a aussi collaboré au livret de Manon Lescaut, de Puccini.

Leoncavallo avait une belle plume et avait fait des études de lettres à l’université de Bologne où il avait eu pour professeur Giosué Carducci, un des plus grand poètes italiens du 19ème siècle.

Il a aussi écrit pour Caruso, premier interprète de Pagliacci, la fameuse chanson « « Mattinata » si aimée des ténors.

Revenons au Prologue de Pagliacci : c’est une introduction originale et magnifique,  texte et musique.

En effet, le Prologue se présente comme une personne: « Je suis le Prologue » : « Io sono il Prologo » « Si puo ? Si puo ? » nous est chanté par le grand Sherill Milnes, grand baryton américain.

Cet enregistrement réunissait Placido Domingo, Montserrat Caballé, MIlnes et Barry Bac Daniel, autre baryton

Poursuivons avec Paillasse et le grand air de cet opera, celui  où Canio, le héros interprété par le ténor, prend la résolution de se venger d’avoir été trompé par sa femme Nedda, qui interprète Colombine dans leur petite troupe de comédiens de « Commedia de’ll Arte », cependant que lui-même joue le Pierrot (« Pagliaccio »).

Mais Canio nous explique qu’il ne veut plus être le Pierrot de la Comédie italienne, à qui on vole sa Colombine et qui reçoit des coups de bâton pendant que le public rit ! Avec lui, ça ne se passera pas comme ça ! il l’a déjà dit dans le premier air, plein de menace et qui installe tout le drame :

Cet air annonce en quelque sorte tout le programme de l’opéra, qui finira mal puisqu’il va poignarder sa femme Nedda (Colombine) et Arlequin-Silvio, qui lui vole sa femme !

Écoutons Jussi Bjorling chanter sa menace :« Un tal gioco credete mi….”

Mais dans le grand air de « Pagliacci », il a pris sa résolution : « Recitar ! … Vesti le giubba » (Agir !!!) : l’aria qui a fait la fortune de Mario Lanza !

Et malgré le meurtre avec préméditation qui se prépare, on souffre pour « Canio-Pagliaccio » dont le cœur est brisé et dont la jalousie a empoisonné le cœur : « Ridi del duol che t’avelenna il cuore », « Ris de la douleur qui t’empoisonne le cœur » !

Et Mario Lanza est bouleversant, comme homme trompé qui rit et pleure à la fois !

Et après avoir tué sa femme et son amant devant les yeux du public de son propre spectacle, il tire le rideau et conclut : « É finita la commedia ! »

Passons à l’autre fameux opéra vériste, : Cavalleria Rusticana, qu’on pourrait traduite par «Chevalerie paysanne »: la « chevalerie » ou le « sens de l’honneur », existe partout et dans tous les milieux, c’est la signification de cet opéra, mais là, en, Sicile, il finit dans le sang…

Cavalleria Rusticana est, comme Pagliacci, un opéra en un acte unique et habituellement les mêmes chanteurs interprètent les deux opéras à la suite, après l’entracte depuis que la tradition en a été instaurée au Metropolitan Opera de New York, en 1895, car les deux opéras ne faisaient que deux actes à eux deux.

Cet opéra est de Pietro Mascagni (1863-1945), auteur d’un autre très grand succès d’opéra, l’Amico Fritz (l’Ami Fritz) d’après le roman d’Erckmann et Chatrian, opéra où s’illustra Tito Schipa et au total de 15 opéras et d’œuvres instrumentales.

Cavalleria Rusticana fut même dirigé par Gustav Mahler à Budapest, ses œuvres instrumentales eurent un grand succès, et il eut une très belle carrière de son vivant (il est mort en 1945, quelques jours avant la victoire des Alliés sur le nazisme).

Revenons à Cavalleria : Nous sommes en Sicile, le héros, Turridu est aimé de Santuzza (qu’il appelle aussi Santa), mais au retour de l’armée il retrouve son ancienne fiancée, Lola, mariée au charretier Alfio. Leur liaison reprend, aux dépens d’Alfio, le mari, et de Santuzza, la fiancée, jeune femme désespérée, qui se confie à Mamma Lucia, mère de Turridu.

Puis après une dispute avec Turridu, elle le dénonce à Alfio et le regrette immédiatement, car elle connaît l’issue : l’honneur du mari trompé se lave dans le sang et de fait, et pour résumer, les deux hommes vont se battre en duel mais ils s’embrassent d’abord selon la coutume. Ce baiser (baiser de la mort ?) a lieu dans l’auberge de Mamma Lucia après une chanson à boire.

Avant le duel, Turridu fait jurer à sa mère que s’il ne revenait pas du duel, elle se considère comme la mère de Santuzza (Santa) à qui il avait juré de « la conduire à l’autel » et c’est le grand air de cet opéra : « Mamma, quel vino e generoso… ».

Cet air est un régal pour un ténor en raison de l’émotion de la situation et de la prière que Turridu fait à sa mère : il lui demande de le bénir « comme ce jour où il est parti soldat » et qu’elle lui promette d’être une « une mère pour Santa » « si io non tornasi », si je ne devais pas revenir ».

Puis l’orchestre joue le fameux INTERMEZZO de Cavalleria Rusticana, quelques minutes magnifiques et graves, passage aussi connu que le grand air, sinon plus.

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