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Joyeux anniversaire Madame Renée Doria

février 13th, 2021 par Alain Fauquier


Renée DORIA

A l’occasion de ses 100 ans, le 13 février 2021, l’Opéra Club Mario Lanza, souhaite à Madame Renée Doria, magnifique et inoubliable Diva de l’âge d’or de l’Opéra, un joyeux anniversaire.

Hommage rendu par Patrick BADE
lors du 90ème anniversaire de Renée Doria.

Maintenant qu’elle a célébré son 90ème anniversaire, la soprano française devrait être déclarée trésor national. Elle est l’une des dernières représentantes d’une glorieuse tradition du chant français qui s’était développée durant  plus d’un siècle.

Cette tradition avait atteint son apogée  à la fin du  19ème et durant les premières années du  20ème siècle. Elle était déjà en déclin depuis la fin de la  première guerre mondiale. Les chanteurs français avaient de moins en moins de  succès internationaux et le répertoire français perdait de plus en plus d’intérêt auprès des pays qui n’étaient pas de langue française.

Madame Doria continua une carrière dense et pleine de succès en France et dans les pays voisins, Belgique et Suisse, en fait si dense et si pleine de succès qu’il y eut un danger de prendre cette excellence pour reconnue.

Jusqu’à un certain degré ceci est arrivé. Aujourd’hui, elle serait probablement plus appréciée

Par les collectionneurs de disques de pays où elle a rarement, si jamais, chanté que dans sa France natale.

Cela dit, la qualité saillante de son chant est son aspect français. Son ton brillant et concentré.

Le soupçon piquant de vibrato rapide et sa diction immaculée sont typiques de l’école française de chant. Il y a  une ressemblance familiale avec d’autres sopranos françaises de son époque et de son répertoire telles Martha Angelici et Janine Micheau, quoique chacune des trois est immédiatement reconnaissable et possède ses propres qualités.

Martha Angelici avec ses sonorités joliment marquées avait à l’intérieur une plaisante goutte de citron. Le timbre de Janine Micheau était plus crémeux et elle avait un talent admirable pour faire flotter d’exquises notes aigües.

Le chant de Renée Doria avait une sorte très spéciale de vibration. C’était bien le son de sa voix, mais c’était aussi une charge émotionnelle.

Elle était toujours la plus passionnée de ces chanteuses et la plus intéressante interprète. Bien qu’elle fut très attentive à rester à l’intérieur de ses moyens vocaux, on avait l’impression qu’à l’intérieur de son soprano lyrique il y avait un soprano dramatique prêt à s’exprimer.

Renée Doria a fait ses débuts en Rosine à l’Opéra de Marseille en 1942. C’était un moment étrange  et intéressant pour commencer une carrière. Durant la première partie de la seconde guerre mondiale avant que les alliés n’atterrissent en Afrique du Nord et l’invasion allemande consécutive de la zone sud de la France en novembre 1942,  Marseille bénéficia d’une sorte de renaissance culturelle, la ville se remplissant de réfugiés venant de la zone nord contrôlée par les nazis.

A cette époque, Renée Doria eut le  grand privilège de travailler avec Reynaldo Hahn, forgeant ainsi un lien direct avec l’âge de Massenet, Proust et Emma Calvé.

Après la guerre Madame Doria eut la possibilité de poursuivre sa carrière dans les deux salles d’opéra de  la capitale française.

Au dire de tout le monde, dans ces deux théâtres subventionnés par l’Etat régnaient plus que jamais de vicieuses intrigues provoquées par l’amertume issue des années d’occupation. Néanmoins, par bien des côtés, ce fut un merveilleux moment et l’endroit idéal pour faire une carrière lyrique. Dans les deux maisons il y avait une solide tradition d’un ensemble et d’une commune compréhension de la façon dont un opéra français devait être joué. Il y avait encore une richesse de talents vocaux français. C’était un âge d’or, ou du moins la fin d’untel âge.

Durant toute sa carrière, Madame Doria rendit un grand service à Massenet. Les extraits de Manon qu’elle a enregistrés avec Alain Vanzo sont exemplaires et devraient être étudiés avec soin par tous les jeunes chanteurs souhaitant prendre les rôles principaux dans cet ouvrage.

Au rôle de Thaïs, Renée apportait l’allure physique requise ainsi que les deux contre-ré de la scène finale. Son enregistrement de Thaïs de 1961 est une performance pour connaisseurs et indubitablement le meilleur de ceux qui sont parus. L’enregistrement de Sapho réalisé en 1977 est particulièrement intéressant non seulement parce que ce magnifique opéra est devenu une telle rareté sur scène et au disque mais parce que c’est sa plus belle réalisation au disque et qu’elle nous montre son art dans ce qu’il a de plus mure et de plus profond.

Le rôle de Fanny Legrand avait été taillé sur mesure pour Emma Calvé. Massenet exploitait au maximum ses dons exceptionnels d’actrice chantante et de vocaliste exquisément raffinée.

D’autres grandes cantatrices ont connu le succès dans  ce rôle exigeant : Georgette Leblanc, Mary Garden, Gemma Bellincioni, Marguerite Carré et Marthe Chenal.

Dans les années 1920, Suzanne Cesbron-Viseur possédait les qualités vocales sinon physiques et histrioniques du rôle telle que nous l’entendons dans une merveilleuse gravure de « Séduction» – Pendant un an je fus ta femme – Par la suite l’ouvrage disparut presque complètement du répertoire faute d’interprètes appropriées. Quelle cantatrice pourrait aujourd’hui rire, pleurer, rager et chanter de façon exquise comme Massenet l’exige ?

Si une telle chanteuse apparaissait, le première chose à faire serait de lui faire écouter cet enregistrement pour lui faire comprendre comment il faut faire.

En 1977, après 35 ans de carrière la voix de Madame Doria était encore un instrument souple et expressif. Il avait perdu un peu de l’éclat de la jeunesse, mais cela ajoute au caractère poignant d’une interprétation à fendre le cœur du rôle d’une femme d’expérience mondaine qui gagne puis perd l’amour d’un homme plus jeune. Madame Doria

vit les émotions conflictuelles de l’héroïne avec une vivacité et une intensité déchirantes. Son interprétation de « Séduction » avec une étonnante palette de couleurs vocales, les plus délicates nuances dans l’expression et un contrôle virtuose de la respiration représente l’art vocal français à son plus haut niveau.

Patrick BADE,

Traduction de Jean ZIEGLER

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