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Ecouter Mario Lanza

Leoncavallo : VESTI LA GIUBBA
Dicitencello Vuie
Verdi: OTELLO "Dio mi potevi"
Na sera e maggio
Serenade de Romberg
Leoncavallo: LA BOHEME
Giordano: ANDREA CHENIER














1er et 2 Novembre 2008 Concours Mario Lanza

janvier 25th, 2009 par Marcel Azencot


1er et 2 novembre 2008 à Philadelphie, quelques jours avant les élections présidentielles américaines, ambiance Obama partout.

C’était, pour les quatre français qui avaient fait le déplacement, le nouveau rendez-vous avec le chant, le 47ème Concours de chant lyrique Mario Lanza.

Nous étions arrivés de France la veille dans l’après midi et avions dîné au Victor Café, vieux restaurant qui est une institution de la ville depuis le début du 20ème siècle comme lieu du Bel Canto. Nappes à carreaux rouges et blancs, ambiance italienne, murs recouverts de photographies, dont beaucoup dédicacées, des gloires de l’opéra italien, hommes et femmes, Rosa Ponselle, Renata Tébaldi, Licia Albanese, Tita Ruffo, Enrico Caruso, Aureliano Pertile, Giovanni Martinelli, Beniamino Gigli, Giacomo Lauri-Volpi, Ezio Pinza, Franco Corelli, Mario Lanza. etc…

Cette visite est, en quelque sorte, obligée, et Roberto Alagna dans son autobiographie « Je ne suis pas le fruit du hasard » (Grasset, Paris 2007), rappelle qu’avant de passer le Concours présidé par Pavarotti à Philadelphie, il commença, la veille et aussitôt arrivé de France, par voir la maison où est né Mario Lanza, au 636 Christian Street, au coeur de Little Italy, avant d’aller dîner dans ce même restaurant où les serveurs sont des étudiants d’écoles de musique et de chant.

Nous étions donc à table au Victor Café avec Alain et Maryvonne Sabarly, l’équipe française, et un couple américain de New York et enfin notre ami Takeo Hayano venu de Tokyo accompagné d’une jeune et souriante flûtiste classique, Miss Eiko Watanabe.

Ce soir là, grand calme au restaurant, assez peu de monde, grand froid dehors. Deux jeunes serveurs, ténors, chantent « Una furtiva lagrima », (Donizetti), E lucevan le Stelle (Puccini) , Il mio Tesoro intanto (Mozart).

Le lendemain matin, nous passons au Kimmel Center, face à l’hôtel et contigüe à l’Opéra.

Le Kimmel Center abrite, dans ses multiples auditoriums et salles diverses, notamment le prestigieux Orchestre Philharmonique de Philadelphie, qui eut pour chefs Leopold Stokowski, Eugene Ormandy (et aujourd’hui Charles Dutoit). Nous assistons à un concert gratuit de musique argentine dans la grande agora sous verre du Kimmel Center: un célèbre joueur de bandonéon, sorte de grand Ionesco triste, interprète, accompagné d’un guitariste, des grands airs d’Argentine, dont d’immortels tangos, et l’on s’attend à entendre la voix de Carlos Gardel venir nous parler de solitude.

Puis nous faisons des achats de disques d’opéra dans la boutique du Kimmel.

Nous continuons par la visite au Mario Lanza Museum, dans Montrose Street, quartier Italien à environ vingt minutes de marche. Là photographies avec nos amis Brian Beacock, venu de Londres avec son amie Sylvia, puis Bill Ronayne, Président de la New York Mario Lanza Society, Jeanette Frese omni présente et discrète trésorière, des amis venus de Boston, et beaucoup de visiteurs, qui dégustent café et gâteaux pour se réchauffer.

On déjeunera dans Little Italy, puis le soir, repas de Pré Ball, veille de la finale du concours de chant, dans le Symphony Hall du Double Tree Hotel, face à l’Académie Nationale de Musique (Opéra de Philadelphie) actuellement en cours de réfection.

Le Pre Ball était endeuillé par le décès brutal de Damon Lanza le 16 août 2008, en Californie.

Sa chaleureuse et haute présence manquait à tous.

Après un discours d’hommage à Damon par sa soeur Ellisa Lanza Bregmann, aujourd’hui seule survivante des enfants Lanza, les artistes invités chantèrent leur propres hommages, Sam Vitale, ténor, qui l’année passée avait co-animé la soirée avec beaucoup verve et de joie avec Aaron Caruso et Dominic Mantuano, apparut très touché et chanta l’Ave Maria de Schubert, la voix étranglée d’émotion. Puis Raffaella Lo Castro chanta « Somewhere » (« Quelque part »), extrait de West Side Story: l’allusion était claire et les yeux graves et humides.

On pouvait mesurer une fois de plus quel immense vide laissait le modeste et chaleureux Damon. Heureusement Takeo Hayano, venu de Tokyo, était accompagné cette année d’une jeune flutiste, Mademoiselle Eiko Watanabe, gracieuse liane souriante, qui monta sur le podium interpréter… des airs de jazz et des compositions personnelles, puis « Vieni sul mar ».

Se joignit à elle un remarquable accordéoniste, l’élégant Mario Balestra, beau visage triste et souriant d’homme âgé, visage sombre et buriné surmonté de cheveux argentés, venu rendre hommage à Mario Lanza.

La soirée du Pré Ball continua avec des grandes mélodies italiennes par Sam Vitale, puis Rafaella Lo Castro, belle mezzo brune, chanta et joua la scène de séduction de Dalila (« Mon coeur… ») de Samson et Dalila, de Camille Saint Saens, avant de revenir à notre table nous demander en clin d’oeil en anglais: « Comment était mon français »?.

En tous cas, nous, les français présents, étions fiers et émus d’entendre cette belle voix sombre et séduisante porter dans le Symphony Hall la parole française et l’opéra français et nous regrettions de ne pas l’entendre assez dans notre pays.

Sam Vitale chanta « because You’re Mine « et Raffaella Lo Castro interpréta « Memories » , de Cats, cependant que Mademoiselle Watanabe et Mario Balestra jouaient respectivement »Game Chasers » et « The Alley Cats ».

Après les repas et le concert , divers objets et memorabilia furent, comme à l’habitude, mis aux enchères l’argent recueilli contribuant à alimenter les oeuvres de la Fondation Mario Lanza (Bourses d’études de chant, notamment,)

La soirée se termina par l’interprétation de Mario Lanza dans « Nessun Dorma », extraite du concert au Hollywood Bowl, et par une ovation de tous les participants

Le lendemain, dimanche 2 novembre, messe à Santa Magdalena Dei Pazzi, l’église de Mario Lanza, où il fut enfant de choeur, où il chanta l’Ave Maria et où son corps, après ses premières funérailles à Rome, fut exposé pour un service religieux dans sa ville natale, avant l’ultime service et enterrement à Hollywood.

Ambiance italienne recueillie, pieuse et feutrée, dans une église lumineuses, aux fresques vives et colorées. Sam Vitale, près de l’organiste, en contrehaut, chante encore l’Ave Maria.

Puis collation amicale au Musée Mario Lanza; situé auprès de l’église, retrouvailles, les anglais aussi sont là, photographies, embrassades, Mary Papola, présidente de la Fondation et Jeanette Frese, trésorière, nous autorisent généreusement à utiliser tous documents, images, portraits, affiches, photographies, disponibles au Musée pour dire et raconter le grand ténor…

Vint la finale du Concours entre les quatre lauréats (sur 84 cette année).

La soirée de gala commença par un cocktail, l’animation musicale étant assurée par l’excellent « Tony Dee Orchestra ».

Puis avant le repas, les quatre finalistes nous furent présentés par Elaine Malbin, présidente du jury et maîtresse des cérémonies.

Cette ex enfant prodige du chant (aujourd’hui 75 ans) a été remarquée par le grand Richard Tauber, qui voulait l’emmener à Londres pour la former (sa mort prématurée en 1945 d’un cancer mit fin à l’aventure Tauber);

À 19 ans à peine, elle chante avec Mario Lanza le duo d’amour de « Madame Butterfly » pour l’enregistrement historique de RCA et son prestigieux label Red Seal, ainsi que le Brindisi de « La Traviata« . Elle déclinera l’offre du Met de New York au profit du New York City Opera, qui lui offre, bien que très jeune, des rôles importants, comme « La Traviata » avec Lawrence Tibbett.

Mais, dira-t-elle, tout cela serait comme effacé par son partenariat pour ces enregistrements avec Mario Lanza, dont elle évoque, rêveuse, la gentillesse de grand frère envers l’adolescente qu’elle était et que sa mère accompagnait au studio…

Récemment, elle a rencontré Carreras à l’opéra et quand elle s’est présentée à lui, il lui a dit: « Oui, oui, c’est vous qui avez chanté avec Mario Lanza » ! (on sait que, comme tous les grands ténors, José Carreras est grand admirateur de Mario Lanza et qu’il est président d’honneur de la Société Britannique des Amis de Mario Lanza, British Mario Lanza Society).

Elaine Malbin ouvre la soirée par l’Hymne américain, tout le monde se lève, les hommes ont la main droite sur le coeur, beaucoup d’allure et de solennité.

Puis présentation des candidats, trois sopranos et un jeune baryton.

Erin Sanzero ouvrit la soirée par « Salut à la France », de la Fille du Régiment », de Donizzetti, Jessica Cambio chanta le Final du premier acte de « La Traviata », David Krohn chanta le « Tanzlied » de l’Opera « Die Tote Stadt » (la Ville Morte) de Korngold, oeuvre en allemand, difficile et moins connue du public, dont on connait le magnifique improviso de ténor et de soprano.

Puis Jeanette Vecchione interpréta « Care Campagne », de « La Somnambula ».

La seconde partie, ouverte à des oeuvres de comédies musicales, commença par Mademoiselle Sanzero dans « Wishing you were somehow here », extrait du Fantôme de l’Opera », puis Mademoiselle Cambio dans « And this is my beloved », extrait de Kismet, Monsieur Krohn, dans « Some enchanted evening », de South Pacific,enfin Mademoiselle Vecchione dans « The Italian Street Song », de « Naughty Marietta ».

Il était difficile de départager ces finalistes, qui furent tous très applaudis de même que Luke Housner, pianiste et accompagnateur, qui fut non seulement excellent par lui-même mais apporta aux candidats un appui instrumental et moral de grande qualité.

Puis le dîner fut servi et le Bal commença, avec le Tony Dee Orchestra, avec des interruptions pour entendre le magnifique discours ému du producteur de radio et télévision Jim Thompson, par ailleurs fondateur et animateur de l’émission « Mario Lanza and Friends », à la fois émission et site internet dont le siège est dans le Connecticut (à ce propos, on est toujours surpris de sentir et voir l’émotion de ceux qui parlent de Lanza, comme un ami ou frère qu’ils viennent de perdre, alors qu’il est mort en 1959 et qu’ils ne l’ont jamais connu personnellement…ces gorges qui se nouent, ces yeux qui s’embuent. Mystère, n’est ce pas…)

Des clips vidéo et des extraits de films de Mario Lanza furent ensuite projetés, et l’on évoqua le cinquantème anniversaire de la mort de Mario Lanza à Rome en 1959, et la possible édition d’un CD spécial par SONY BMG (RCA VICTOR).

Puis on donne le Duo de « Madame Butterfly » par Mario Lanza et Elaine Malbin. C’est alors que pour le final, Elaine Malbin se lève, écarte ostensiblement le micro et chante avec Mario Lanza, 57 après. La voix est magnifique (à 76 ans…) et la salle l’acclame debout (elle dira après, comme si elle nous avait fait une bonne blague: « Je me sentais en voix aujourd’hui ! »).

Enfin, le jury finit de délibérer.

Elaine Malbin prend la parole et dit en substance: « Ce classement n’est qu’indicatif. Il ne signifie rien pour la belle carrière que nous vous souhaitons. Prenez le classement de notre jury comme une indication de ce qu’il attendait, ce soir, plutôt que comme une appréciation absolue de ce que vous « valez ». « Un autre jour, ce même jury aurait peut-être jugé autrement. Pour nous, ce soir, vous avez tous gagné. »

Puis elle annonce les résultats.

Mademoiselle Jeanette Vecchione remporte le premier prix, Monsieur David Krohn le second , Mademoiselle Cambio le troisième et Mademoiselle Sanzero le quatrième prix.

Mademoiselle Vecchione remercie en interprétant la Scène de la Folie de « Lucia di Lamermoor ».

L’orchestre joua « God Bless America » repris par toute l’assistance et la soirée se termina par Mario Lanza chantant « Non ti scordar di me »;

On se retrouve ensuite en petit comité dans une suite du dernier étage de l’Hôtel Double Tree pour tirer, avec quelques organisateurs, les conclusions du 57ème Concours Annuel Mario Lanza et évoquer 2009, le cinquantième anniversaire de la mort du ténor, et le nécessaire renouvellement des générations, clef de l’avenir.

Marcel AZENCOT

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