Rechercher





Ecouter Mario Lanza

Leoncavallo : VESTI LA GIUBBA
Dicitencello Vuie
Verdi: OTELLO "Dio mi potevi"
Na sera e maggio
Serenade de Romberg
Leoncavallo: LA BOHEME
Giordano: ANDREA CHENIER














Villa Badoglio


Les plus grandes stars hollywoodiennes ont toujours vécu dans le luxe, l’opulence et l’extravagance. Mario Lanza, dont les revenus étaient considérables, ne dérogeait pas à cette règle et il vivait, lui aussi, sur un très grand pied.

Lors de ses concerts, ses agents lui réservaient toujours des suites dans les palaces locaux les plus confortables et les plus onéreux, comme The Pierre à New-York, le Dorchester à Londres, le George V à Paris ou l’Excelsior à Rome.

En raison de sa vie professionnelle hyperactive, pour ne pas dire « bouillonnante » (Il vivait à cent à l’heure), il n’a jamais eu le temps, entre concerts, films, émissions de radio et enregistrements, de rechercher la villa de ses rêves.

Dès son engagement par la MGM en 1947, il loua, film après film, des résidences toutes plus belles, plus cossues et plus spacieuses les unes que les autres : 810 N. Wittier Drive (Beverly Hills) ; 481 Merito Street (Palm Spring), dans laquelle il reçut le ténor suédois Jussi Bjoërling, grande star du Met, qui était l’un de ses grands admirateurs ; 355 Saint Cloud Drive W. (Palm Spring).

Cette dernière vaste demeure, isolée dans une pinède à l’abri des regards, comprenait pas moins de 32 pièces. Elle était louée par le ténor 3000 dollars par mois de l’époque, soit environ 80 000 dollars actuels. C’est dans cette villa qu’il reçut pendant plusieurs jours la soprano Renata Tebaldi, une autre admiratrice, venue lui rendre visite lors de son passage à Los Angeles ; la soprano Licia Albanese qui fut sa partenaire pour le duo d’Otello dans le film Serenade, le cinéaste Mike Todd, venu lui proposer un film d’opéra en version Todd-AO, et bien d’autres stars amies et personnalités du show business.

Lorsqu’il arriva en Italie le 28 mai 1957, Mario Lanza s’installa à Rome. Après avoir séjourné plusieurs jours à l’Hôtel Bernini, Piazza Barberini, puis trois semaines à l’Hôtel Excelsior, Via Veneto, le ténor s’installa dans la Villa Badoglio. Un palais luxueux de 15 pièces, situé dans un quartier calme de Rome, 56 Via Bruxelles. Cette villa était si spacieuse que Mario dira en plaisantant à Sheilah Graham, dans une interview  donnée à Rome le 18 août 1957: « C’est la plus fabuleuse Villa de toute l’Italie! Il y a tellement de pièces qu’Einstein lui même aurait du mal à s’y retrouver. »

Quand aux domestiques, Colleen leur fille aînée dira: « Ils étaient si nombreux qu’il nous était impossible de retenir leur prénom ». En fait, il y avait 4 nurses, une pour chaque enfant; 2 bonnes; un cuisinier et un jardinier qui servait aussi de chauffeur.

La Villa, louée 1000 dollars par mois, une somme démentielle en Italie à cette époque, porte le nom du Maréchal Badoglio à qui Mussolini l’avait offerte pour le remercier de ses faits de guerre en Ethiopie en 1936.

Cette nouvelle et spacieuse résidence, va devenir rapidement aussi fréquentée qu’un hall de gare. Elle sera le lieu privilégié de rencontres professionnelles avec des producteurs, des agents de presse, des musiciens, des chanteurs, des artistes de cinéma et de théâtre. On y verra défiler George London, Peter Herman Adler, Constantine Callinicos, Art Buchwald, Zsa Zsa Gabor, Van Johnson, Peter Lind Hayes, Roy Rowland, Art Cohn, la soprano Maria Caneglia, Renato Rascel, Rossano Brazzi…

De grands diners amicaux (la table de la salle à manger en marbre pouvait accueillir plus de cinquante convives), y seront fréquemment organisés, ainsi que de belles fêtes familiales. Pour les anniversaires des enfants, non seulement Mario et Betty invitaient leurs petits camarades de classe, mais aussi toute la classe, les parents des élèves et leurs instituteurs… « Maman faisait livrer de la nourriture de chez les traiteurs voisins et  Papa nous chantait des chansons ».

D’ailleurs, selon les enfants, « Papa chantait tout le temps à la maison. » Pour les Noëls 1957 et 1958 à Rome, les deux parents firent venir un immense sapin de six mètres de haut des forêts de l’Oregon; sapin auquel ils avaient suspendu, selon la coutume, guirlandes et salamis.

Mario adorait sa femme et ses enfants et rien n’était assez beau ni assez grand pour eux. En Amérique, lorsque le grand cirque Barnum était de passage à Hollywood, Mario faisait venir des clowns, des acrobates et des animaux pour leur donner un spectacle dans le parc de leur résidence. Mario avait même acheté au cirque trois poneys shetlands pour les offrir aux enfants!

« Si nous avons eu une vie dorée en Amérique, nous avons eu encore bien plus à Rome, dira Colleen la fille aînée du couple. Malheureusement en moins de six mois, nous nous sommes retrouvés orphelins de nos deux parents que nous adorions, et notre bonheur s’est subitement écroulé. »

Entourée d’un parc, la Villa Badoglio abrite aujourd’hui l’ambassade de Chine en Italie.

Un ultime moment de bonheur en famille à Saint-Moritz (1958)

Alain FAUQUIER