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Ecouter Mario Lanza

Leoncavallo : VESTI LA GIUBBA
Dicitencello Vuie
Verdi: OTELLO "Dio mi potevi"
Na sera e maggio
Serenade de Romberg
Leoncavallo: LA BOHEME
Giordano: ANDREA CHENIER














Hommage aux grands chanteurs espagnols

février 17th, 2023 par Alain Fauquier


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Mario Lanza, la voix du coeur

septembre 23rd, 2022 par Alain Fauquier


 

Les Éditions du Cordeau ont le plaisir d’annoncer la parution de

 « MARIO LANZA, LA VOIX DU CŒUR »,

 premier livre en langue française consacré à l’illustre ténor américain d’origine italienne.

 Cet ouvrage, préfacé par sa fille, Ellisa Lanza-Bregman, célèbre un homme disparu à Rome en 1959 à l’âge de 38 ans en pleine gloire mondiale de ténor et d’acteur de cinéma dont la voix, le chant et le charisme ont fait un artiste de légende, référence pour ses pairs et ses contemporains et inspiration pour les artistes de notre temps tels que Luciano Pavarotti, José Carreras, Placido Domingo, Roberto Alagna, Joseph Calleja et tant d’autres qui ont vu en lui la source de leur vocation.

L’opéra en tant que tel a une immense dette envers Mario Lanza qui l’ouvrit au très grand public grâce au cinéma dont il devint une star planétaire par sa voix, son physique et sa personnalité solaire et généreuse et ses films dont  le mythique « Le Grand Caruso ».

Sa voix sans égale (« non par » a dit, bien après Maria Callas, le grand chef Sir Antonio Pappano,) et son chant ont passé « le test du temps », a écrit Placido Domingo et ils n’ont cessé de transmettre émotion, poésie et passion, ce dont attestent les rééditions innombrables et quasi annuelles de ses disques, sa place sur l’internet, You Tube, les sites dédiés, les forums de discussion, les biographies, notices, monographies et articles en diverses langues dont le japonais et les films et documentaires, concerts, disques d’hommages, « tributes », manifestations, concours, festivals et fans clubs ou institutions qui dans le monde portent son nom et donnent vie à son souvenir.

Sa vie propre fut le reflet de sa voix, inclassable et romanesque.

Ce livre, qui n’est pas un roman, en fait le récit et cherche à comprendre pourquoi l’homme n’a pas cessé de toucher les cœurs et pourquoi il renaît ou demeure.

L’ouvrage est disponible sur le site de l’éditeur « Les Editions du Cordeau » , dont vous trouverez ci-dessous les coordonnées, au prix de 25 euros frais de livraison compris pour la France.

Bonne lecture à tous.

 Aux Éditions du Cordeau
63 rue du Cordeau
77390 Courtomer
France

Tel (33) 06 10 11 24 32

www.aux-editions-du-cordeau.com

 

L’avis de Laurent Bury, critique d’art lyrique:

Paru sur le très beau site de Stéphane LELIEVRE « Première loge, l’art lyrique dans un fauteuil », nous vous invitons à consulter le compte rendu de notre livre par  Laurent BURY : Mario Lanza, la voix du cœur – Le ténor que le cinéma tua.

www.premiereloge-opera.com

 

Dear friends and admirers of Mario Lanza,

We have the pleasure to announce the publication in France of the book, “Mario Lanza, la Voix du Coeur, “The Voice From the Heart”, which is the first book on Mario Lanza to be published in french.

Needless to say, the authors do not hide their admiration and passion for the “Legendary Tenor”, but beyond the story of a life and career with their ups and downs, our common destiny, they try, as we all do, to understand the reasons of the everlasting interest, frenzy, love and respect that his singing still inspires.

In times when “stars” and public persons, especially in arts and in show business as a whole, are forgotten or fall down almost overnight, in times of media and social networks when the offer in art and opera is so wide and rich and competitive, this young man, Mario Lanza, is still in the race, and most of the time he is running ahead.

What do we see? We see young generations in the public or among singers and new stars of opera give a new breath to Mario Lanza’s intact popularity; we see people understanding now why their parents loved Mario Lanza so much. And they join… We have seen this Italian young man, an accomplished student singer – a tenor- met in France during a master class on the “Magic Flute”, smiling with tenderness while listening through his ear-pods to the very first words and notes of an aria that we gave him: he had instantly recognized the great voice and he shook his head with disbelief and said only: “Ah! Mario Lanza !” Those three words and the way they were told said it all, admiration and affection; or that young couple, also italians, met in a disc store of classical music in Paris, listening religiously to Mario Lanza’s “Testa adorata” from Leoncavallo’s Boheme, breathing with emotion at the end and looking at each other…He knew Mario Lanza and she did not. She just whispered : “Oh Dio !

And have you seen those many people on You Tube blessing Mario Lanza’soul and praying for him? That is not common. As far as I know, it’s unique.

So? So, as we suspect, the beauty of the voice, be it a God given “natural” voice, is only one part of the explanation of such a living and loving memory surrounding this young man sixty years after his passing. This “rebirth” is simply unique, “par non”, as Sir Antonio Papano said on You Tube about Mario Lanza. Its explanation lies not only with that voice, a voice of our time, as if recorded this morning, but also with the qualities of heart of a handsome person blooming with true, genuine emotion, poetry and personal charisma and conveying the inner beauty of a human soul.

One day in Paris, an israëli orchestra director of Argentinian origin, touched his heart with his forefinger and said to one of the authors : “Mario Lanza cantaba con su neshama.

Marcel Azencot

 

 INFORMATIONS

“MARIO LANZA, LA VOIX DU COEUR” is published by

 Les Éditions du Cordeau
63 rue du Cordeau
77390 Courtomer
France

Tel (33) 06 10 11 24 32

www.aux-editions-du-cordeau.com

Also published in e Book.

 

 

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Emission éblouissantes sopranos colorature

mai 12th, 2022 par Alain Fauquier


Au cours de nos 40 précédentes émissions de radio dédiées à l’Art lyrique et aux grandes voix, nous avons privilégié les voix de ténor, baryton et basse pour les hommes et de soprano lyrique, lyrico-spinto et mezzo pour les femmes.

A l’exception de l’hommage que nous avons rendu le 18 avril 2021 à la grande soprano colorature française Renée Doria, disparue peu de temps après avoir fêté son centième anniversaire, nous n’avons jamais programmé d’émission mettant à l’honneur les coloratures.

Dotées pourtant de voix spectaculaires, capables de faire scintiller de mille feux les plus belles partitions du belcanto et de l’opérette, les coloratures sont tout simplement « éblouissantes ».

A travers le portrait de sept magnifiques sopranos colorature de différentes nationalités, nous allons rendre hommage à l’ensemble des sopranos colorature d’hier et d’aujourd’hui.

De la légendaire Lily Pons à la prodigieuse Mado Robin, de la superbe Anna Moffo à la « Reine de l’opéra » Beverly Sills, de la stupéfiante Joan Sutherland à la virtuose Diana Damrau, en passant par la jeune et prometteuse future grande diva Patricia Janeckova, dont le timbre de la voix est d’une rare beauté, notre sélection devrait ravir les plus exigeants, même si, pour des questions de durée d’émission, nous avons dû écarter, à regret, de nombreuses divas de premier plan.

Bonne écoute.

Dotées de voix spectaculaires, souples, agiles et étendues, les sopranos colorature sont des virtuoses, capables de réaliser des vocalises complexes : des trilles, des arpèges, des notes piquées, des roulades, etc., et de faire scintiller de mille feux les partitions les plus belles et les plus ornées du répertoire belcantiste. La voix de colorature est la plus aiguë des tessitures féminines.

Depuis Mozart, les compositeurs belcantistes (Rossini, Bellini, Donizetti), ont beaucoup utilisé ce type de voix.

Le 18 avril 2021, il y a déjà un an, nous vous avons donné un aperçu des grands rôles de colorature, lors de l’hommage que nous avons rendu à la grande soprano colorature française, Renée Doria, décédée quelques jours à peine après avoir fêté son centième anniversaire.

A travers les portraits de sept magnifiques sopranos colorature de différentes nationalités, nous allons rendre hommage à l’ensemble des sopranos colorature, d’hier et d’aujourd’hui.

Lily PONS

Nous allons commencer par la célébrissime soprano colorature américaine d’origine française, Lily Pons.

Née à Draguignan en 1898, Lily Pons fut une des sopranos colorature parmi les plus accomplies du XXème siècle et l’une des principales instigatrices de la renaissance du bel canto.

Grâce à sa voix miraculeuse qui montait jusqu’au contre-fa, et à son immense succès, elle sauva le Metropolitan Opera de New York de la faillite en faisant salle comble à chacune de ses représentations. « Sans elle, le Met aurait sombré corps et biens » déclara son directeur Rudolph Bing.

Surnommée affectueusement par les médias américains : « La petite fiancée de l’Amérique », Lily Pons fut la seule célébrité à avoir son nom sur la plaque minéralogique de sa voiture.

Mariée au compositeur-chef d’orchestre d’origine russe, André Kostelanetz, Lily Pons a tourné trois films musicaux durant sa longue carrière. Elle est morte à Dallas en 1979.

On n’a pas idée aujourd’hui de l’immense popularité dont jouissait Lily Pons et les anecdotes la concernant sont si nombreuses qu’elles ne tiendraient pas dans un journal de huit pages.

On peut en citer en vrac quelques unes : elle était aussi surnommée « The pocket diva » (La diva de poche) en raison de sa petite taille ; Le président Roosevelt déclara que « La Fayette et Lily Pons incarnaient l’amitié franco-américaine » ; une ville du Maryland porte son nom (Lillypons) ; le 25 avril 1945 le général De Gaulle en personne lui a remis l’insigne de l’ordre de la Croix de Lorraine ; en 1962, elle a chanté à 64 ans, pour la dernière fois sur une scène d’opéra à Fort Worth (Texas). Son partenaire n’était autre que le très jeune ténor débutant Plácido Domingo (21 ans) qui devait déclarer combien il était ému à l’idée de chanter avec « une légende vivante »…

MADO ROBIN

On poursuit avec la soprano colorature française Mado Robin, qui fut célèbre dans le monde entier pour ses excursions dans la stratosphère vocale en parvenant à donner un contre-contre-ré, la note la plus aiguë jamais chantée.

Mado Robin était surnommée par les américains « The French stratospheric colorature ».

Son contre-si bémol émerveillait le public. Elle atteignait la hauteur du 6, soit 2 320 vibrations à la seconde.

D’autres chanteuses ont atteint cette note vertigineuse, mais elle fut la seule à réussir une carrière internationale sur les scènes lyriques. Mado Robin est morte à Paris le 10 décembre 1960 à seulement 42 ans, d’un cancer généralisé.  

Elle a été inhumée à Yzeures-sur-Creuse (Indre et Loire) sa ville natale. Depuis 61 ans, sa tombe n’a jamais cessée d’être entretenue et fleurie. En décembre 2009 à Yzeures un Musée dédié à son souvenir a été édifié. L’astéroïde 33343 a été baptisé « Mado Robin ».  

ANNA MOFFO

Fervente admiratrice, comme Maria Callas, Renata Tebaldi  et tant d’autres, de Mario Lanza, qu’elle couvrait de louanges, la soprano colorature américaine d’origine italienne, Anna Moffo, emblématique vedette du Metropolitan Opera, a marqué une génération de chanteurs, tant par la pureté de sa voix que par sa beauté physique.

Surnommée « La bellissima » elle fut élue l’une des 10 plus belles femmes d’Italie.

Après avoir tourné plusieurs films musicaux et triomphé sur les scènes internationales, dont durant 17 saisons au Met, Anna Moffo meurt à 74 ans à New York en 2006 des suites d’un cancer du sein.

Elle fit sa dernière apparition sur scène en 1983, lors d’un Gala avec Robert Merril.

On peut ajouter qu’en 1960, dans le film « Austerlitz » d’Abel Gance, Anna Moffo incarnait l’illustre soprano italienne Giuseppina Grassini (1772-1850). La beauté de la voix de contralto de la Grassini n’avait d’équivalent que sa splendeur physique. On dit qu’elle aurait séduit le premier Consul Napoléon Bonaparte, qui venait d’être vainqueur à Marengo, lorsqu’il l’a rencontra pour la première fois à la Scala le 4 juin 1800. On dit même qu’ils ont eu une liaison tenue secrète.  

BEVERLY SILLS

Encore une grande artiste avec Beverly Sills.

Véritable légende américaine, première soprano du Met à 25 ans, Beverly Sills fut consacrée « Plus grande soprano colorature depuis Lily Pons ».

Le New York City Opera produira spécialement pour elle de nombreux opéras de belcanto et elle sera saluée par Time Magazine qui l’appellera « The Queen of Opera » (La reine de l’opéra).

Ses triomphes l’amèneront à chanter sur toutes les plus grandes scènes lyriques du monde et à faire de très nombreuses apparitions à la télévision américaine. Elle aura même sa propre émission : « The Beverly Sills Show ». Elle meurt à 78 ans à New York en 2007.

On peut ajouter qu’elle a fait ses débuts à la radio à l’âge de 3 ans et qu’elle fut surnommée « Mère courage » pour avoir élevé ses deux enfants infirmes de naissance : une fille sourde et un garçon autiste.

Beverly Sills s’est par ailleurs distinguée en sauvant le New York City Opera de la faillite. Elle a redressé avec une grande efficacité les comptes de l’illustre établissement qui étaient dans le rouge depuis des années. 

JOAN SUTHERLAND

Surnommée « La Stupenda » (La Stupéfiante) pour sa technique exceptionnelle et la beauté de son timbre, anoblie par la reine, la diva australienne Dame Joan Sutherland, contribua plus que toute autre à la résurrection du répertoire de colorature romantique.

Elle consacra toute sa prestigieuse carrière internationale, à faire revivre un style de chant quasi moribond, et à remettre à l’honneur de nombreuses œuvres françaises et italiennes tombées dans l’oubli.

Epouse du chef d’orchestre Richard Bonynge, elle met fin à 64 ans à Sydney, à sa longue carrière de 40 ans, et meurt 20 ans plus tard, le 10 octobre 2010 aux Avants en Suisse.

On peut ajouter que Dame Joan Sutherland a réussi à exaucer le vœu de Bellini qui souhaitait que l’opéra « fasse verser au public des larmes d’émotion et d’extase ».

La soprano a fortement contribué à lancer la carrière de Luciano Pavarotti en l’invitant en 1965 à faire une tournée avec elle en Australie. A la suite de ses triomphes, notamment dans Lucia di Lammermoor, Pavarotti a été immédiatement engagé à La Scala.

DIANA DAMRAU

Après l’Australie, on revient en Europe et plus particulièrement en Allemagne, avec la soprano Diana Damrau.

La virtuosité de Diana Damrau dans le suraigu l’a amené à interpréter les principaux rôles du répertoire lyrique léger de l’opéra italien, français et allemand, sur les plus grandes scènes du monde dont celle du Metropolitan Opera de New York.

Dotée d’un talent inné de comédienne, elle incarne avec une conviction peu commune, tous les rôles qu’elle interprète.

Agée aujourd’hui de 51 ans, son médium s’étant corsé au fil du temps, Diana Damrau a abordé depuis quelques années, toujours avec autant de succès, des rôles plus soutenus.

PATRICIA JANECKOVA

Nous allons terminer cette émission d’hommage aux sopranos colorature, avec la jeune soprano slovaque, Patricia Janeckova qui possède l’une des plus belles voix de sa génération.

Née en Bavière en 1998, cent ans après Lily Pons, Patricia Janeckova est une enfant prodige qui a remporté, depuis l’âge de 12 ans, tous les concours de chant auxquels elle a participé.

Superbe, charismatique, gracieuse, dotée d’une voix au timbre d’une rare beauté qui transmet de l’émotion, Patricia Janeckova, apparait aujourd’hui à 23 ans comme une future grande diva.

 Extraits diffusés :

 Lily Pons : air des clochettes, Lakmé, Léo Delibes

Mado Robin : air de la scène de la folie, Lucia di Lammermoor, Donizetti

Anna Moffo : « Una voce poco fa », Le Barbier de Séville, Rossini

Beverly Sills : « O luce di quest’anima », Linda di Chamonix, Donizetti

Joan Sutherland : « Les Oiseaux dans la charmille », Les Contes d’Hoffmann, Offenbach

Diana Damrau : air de la Reine de la nuit, La Flûte enchantée, Mozart

Patricia Janeckova : « Mein Herr Marquis », opérette « Die Fledermaus » (La chauve-souris), Johann Strauss. Extrait du concert de Nouvel An enregistré à Ostrava (Tchéquie) le 7 janvier 2016 (Elle avait 18 ans)

 

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Emission Cappuccino Madame Butterfly

novembre 10th, 2021 par Alain Fauquier


 

Depuis plus d’un siècle l’engouement du public mondial pour « Madame Butterfly » n’a jamais cessé de se développer toujours plus largement et toujours plus intensément.

Avant la pandémie de la covid, La Scala avait ouvert sa saison lyrique 2018-2019 avec « Madame Butterfly » alors que traditionnellement elle l’ouvre avec « Aïda ».

En Janvier 2019, « Madame Butterfly » a figuré une dizaine de fois à l’affiche du Gran Teatro del Liceu de Barcelone et du Teatro Regio de Turin.

Butterfly était à l’affiche de la saison lyrique 2019-2020 de l’Opéra National de Paris Bastille, du Metropolitan Opera de New-York, du Lincoln Center de New-York, du Royal Opera House de Londres, du London Coliseum et de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège…, pour ne citer que quelques scènes prestigieuses.

En France et dans de très nombreux pays, les théâtres municipaux et régionaux mettent régulièrement à l’affiche « Madame Butterfly ».

En 2016 et 2020, des productions cinématographiques de « Madame Butterfly » ont été retransmise en direct du Metropolitan opera  de New-York, vers des salles de cinéma de plusieurs pays dont la France.

L’extraordinaire engouement pour cet opéra repose à la fois sur son thème exotique intensément dramatique, et sur une musique bouleversante et grandiose.

En s’octroyant le concours de deux librettistes de talent, Giuseppe Giacosa et Luigi IIlica, Puccini a fait de « Madame Butterfly », un chef d’œuvre.

« Mon opéra préféré, le plus sincère et le plus expressif », comme il se plaisait à le répéter.

Puccini était tellement fier de sa création qu’il la dédia à la reine d’Italie, la reine Elena de Monténégro, épouse du roi d’Italie Victor-Emmanuel III.

Célèbre dans le monde entier pour être l’auteur de « La Bohème » et de « Tosca », Puccini a 43 ans en 1901 lorsqu’il commence à composer « Madame Butterfly ».

Certains disent qu’il se serait emparé d’un sujet déjà traité par André Messager dans « Madame Chrysanthème », un opéra lui-même inspiré du roman autobiographique de Pierre Loti.

D’autres affirment qu’il se serait inspiré, lors d’un voyage à New-York, de la pièce de théâtre du dramaturge américain David Belasco intitulée « Madame Butterfly, une tragédie du Japon » ; elle-même inspirée d’un roman de John Luther Long datant de 1898. 

Au fur et à mesure de l’écriture du livret, Puccini enquête sur les us et coutumes du Japon et s’imprègne de la musique et du rythme japonais. Il va même jusqu’à rencontrer la femme de l’ambassadeur du Japon en Italie.

Son éditeur Giulio Ricordi lui fournit une photo de la rade de Nagasaki et Luigi Illica lui procure un kimono polychrome.

En 1902, Puccini déclare : « Je suis embarqué au Japon et je ferai de mon mieux pour le restituer ». Ce qu’il fit admirablement.

Le prélude de « Madame Butterfly » que nous entendons est inspiré d’un thème japonais qui réapparait pendant tout le premier acte. Il est utilisé comme fond, mais aussi comme transition, donnant aux scènes leur couleur exotique. Le prélude et le premier acte s’enchainent sans interruption.

La première représentation de « Madame Butterfly » à la Scala de Milan le 17 février 1904, fut un échec retentissant, avec huées et sifflets.

Un échec comparable aux fiascos dont nous avons déjà parlé lors de nos émissions précédentes, de « La Traviata » de Verdi en 1853, du « Faust » de Gounod en 1859  et de « Carmen » de Bizet en 1875. Des œuvres qui figurent pourtant aujourd’hui parmi les plus populaires et les plus jouées au monde.

La réaction hostile du public, lors de la première de « Madame Butterfly », fut pour Puccini, le plus grand choc de sa carrière.

Immédiatement révisé, le premier acte scindé en deux parties, l’opéra connait un grand succès à Brescia en mai 1904, sous la direction de Toscanini.

Un an plus tard, le 10 juillet 1905, l’œuvre est jouée à Londres, à Covent Garden, sous la direction d’André Messager, avec Emmy Destinn, Antonio Scotti et Caruso.

Jugé trop sentimental, « Madame Butterly » est très vivement critiqué, et même combattu dans de nombreux pays par des musiciens soi-disant raffinés.

En France, bon nombre de compositeurs menèrent campagne contre sa programmation dans les théâtres lyriques, et surtout à l’Opéra-comique.

Mais, débordante de mélodies, et marquée du sceau d’un génie musical exceptionnel, « Butterfly » ne cessa de se répandre et d’irradier sur toutes les scènes du monde, et dans toutes les langues.

A Paris, c’est à l’Opéra-comique, dans une mise en scène d’Albert Carré, que « Madame Butterfly » fit sa première et fracassante apparition, le 26 décembre 1906.

Aux Etats-Unis, « Madame Butterly » est représentée, pour la première fois en anglais à Washington, puis au Metropolitan Opera le 11 février 1907 avec Geraldine Farrar, Louise Homer, Antonio Scotti et Caruso.

En 1925 l’œuvre est reprise à la Scala sous la direction de Toscanini, et en 1938 sous la direction de Victor de Sabata.

Depuis, « Butterfly » connait un succès est phénoménal.

 « Madame Butterfly » est une tragédie, une tragédie japonaise, un drame de l’amour et de l’espérance qui raconte l’histoire d’un jeune lieutenant de la Marine américaine, Benjamin Pinkerton, qui noue à la légère, lors d’une escale à Nagasaki, un contrat de mariage avec une jeune geisha du nom de Cio-Cio-San, « papillon » en japonais.

Lui, n’attache pas une grande importance à cette union d’un soir, sachant que pour la loi américaine ce mariage est sans valeur. Les « mariages de papier » entre de très jeunes geishas et des occidentaux, étaient relativement fréquents, à cette époque.

Butterfly, en revanche, a renoncé pour lui à sa foi bouddhiste et s’est convertie au christianisme. Ce qui l’a conduit à être maudite et déshéritée par sa famille.

Reparti aux Etats-Unis, Pinkerton ne reviendra que trois ans plus tard, accompagné de son épouse américaine Kate, dans le seul but de reprendre son enfant.

Préférant mourir que de vivre dans le déshonneur, Butterly, anéantie et désespérée, se suicide.

Nous sommes au début du XXème siècle sur la colline de Nagasaki.

Dans la mise en scène traditionnelle créée par Albert Carré en 1906, le rideau s’ouvre sur une maison japonaise avec une terrasse et un jardin. Au loin, tout en bas, la rade, le port et la ville de Nagasaki.

Nous assistons aux noces de Pinkerton et de Butterfly qui se déroulent dans le plus parfait rite nippon.

Du premier acte, nous avons choisi de vous faire écouter deux duos.

D’abord « Dovunque al mondo, lo Yankee vagabondo » (Partout dans le monde, le Yankee vagabonde), chanté par Pinkerton et son ami, le Consul des Etats Unis Sharpless.

Un duo dans lequel on entend pour la première fois un motif inspiré de La Bannière étoilée (America For Ever).

Ce duo, dans lequel Sharpless dit à Pinkerton que l’amour de Butterfly pourrait bien être sincère, est interprété ici par le ténor Nicolai Gedda et le baryton Mario Barriello.

L’orchestre et les chœurs de la Scala sont placés sous la direction d’Herbert Von Karajan. Un enregistrement réalisé en 1955.

Le soir tombe sur la rade, avec une douceur et un mystère propices aux confidences des deux époux. Dans un long et vibrant duo d’amour qui termine le premier acte, Cio-Cio-San clame sa passion, sa soumission et entend tout sacrifier à son amour.

L’éminent musicologue, spécialiste de l’opéra, que fut Jean Chantavoine, prétendait que pour apprécier pleinement le charme de ce duo d’amour, il fallait l’avoir entendu une fois le soir sous les étoiles.

C’est ce que nous allons pouvoir faire, grâce à un enregistrement historique réalisé sous les étoiles, le soir du 27 août 1947, sur la scène du Hollywood Bowl de Los Angeles.

“Vogliatemi bene, un bene piccolino” (Aimez-moi, aimez-moi un peu) est interprété par la soprano canadienne Frances Yeend (34 ans) et Mario Lanza (26 ans) dont on célèbre cette année le centième anniversaire de la naissance. L’orchestre du Hollywood Bowl est dirigé par l’illustre maestro de Philadelphie, Eugene Ormandy.

Ce duo sera salué par une standing ovation de 12 mn et ce concert au Hollywood Bowl vaudra à Mario Lanza d’être engagé trois jours plus tard par la MGM pour chanter l’opéra au cinéma pour des millions de spectateurs.

Lanza chantera deux fois le rôle de Pinkerton à l’opéra de la Nouvelle Orléans sous la direction de Walter Herbert avant d’être accaparé par le cinéma.

Le deuxième acte se déroule à l’intérieur de la maison de Butterfly.

Trois longues années ont passé depuis que Pinkerton a quitté Cio Cio San, promettant de revenir au Printemps «quand les rouges-gorges feraient leur nid ».

Derrière les vitres de sa demeure, la jeune épouse attend le retour de celui qu’elle n’a pas cessé d’aimer.  

On écoute cette aria qui est l’une des plus prestigieuses du répertoire lyrique : « Un bel di vedremo » (un jour nous verrons…), interprété par Renata Tebaldi.

Le troisième acte, dont nous retiendrons deux airs, est intensément poignant et dramatique.

Le canon du port annonce le retour du navire tant attendu. Cio-Cio-San, constate avec sa longue-vue que c’est bien le Abraham Lincoln, le navire blanc de Pinkerton, qui rentre au port.

Aidée par sa servante Suzuki, elle répand des fleurs à foison. Pour que la fête soit complète, elle se pare, ainsi que son fils, pour recevoir le bien-aimé.

Mais, Pinkerton ne survient que le lendemain. Qui plus est, il est accompagné de Kate, son épouse américaine, et il revient pour chercher son enfant.

Réalisant que Cio-Cio-San lui a été fidèle, Pinkerton, prend conscience de sa cruauté. Incapable de faire face à la situation, Pinkerton fait des adieux déchirants à la maison qu’il a bien connue et part en hâte, laissant à Sharpless, le soin de tout arranger au mieux.

On écoute ces célèbres adieux de Pinkerton : « Addio fiorito asil » (Adieu paradis fleuri) par Giuseppe Di Stefano. L’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Rome sont dirigés par Gianandrea Gavazzini. Un enregistrement réalisé en 1953.   

La scène où Butterfly apprend la vérité est d’un pathétique indescriptible. Elle garde son calme, supporte l’affreuse nouvelle avec sa douceur coutumière.

Elle va jusqu’à souhaiter tout le bonheur possible à Kate, la véritable épouse de Pinkerton et fait dire à celui-ci qu’il pourra venir prendre son fils dans quelques instants.

Dans une scène éminemment tragique, Butterfly chante « Con onor muore » (Celui qui ne peut survivre au déshonneur, meurt avec honneur), puis se suicide avec le poignard de son père, dont la lame porte l’inscription : « Mourir dans l’honneur, plutôt que vivre dans le déshonneur ».

Elle se traine sur le sol jusqu’au petit garçon, et expire juste au moment où Pinkerton vient chercher son fils.

L’opéra se termine par la voix de Pinkerton qui s’écrie d’effroi: Butterfly ! Butterfly ! Butterfly !

C’est l’inoubliable Maria Callas qui interprète cette aria éminemment tragique. L’orchestre et les chœurs de la Scala de Milan sont placés sous la direction d’Herbert Von Karajan. Un enregistrement réalisé en 1955.

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Mario Lanza fait flamboyer les comédies musicales de Broadway

mai 11th, 2021 par Alain Fauquier


Comédies musicales

Durant sa courte et prolifique carrière, Mario Lanza, dont on célèbre cette année le centième anniversaire de la naissance, a non seulement sublimé l’opéra italien dans lequel il excellait, mais il a aussi transcendé, avec un talent sans précédent, toutes sortes de musiques dont l’opérette et la comédie musicale.

Cette facilité déconcertante avec laquelle il passait de l’opéra à la musique populaire, appelée en France musique de variété, fit de lui le premier et plus célèbre « crossover artist » (artiste transversal) du XXème siècle, bien avant que d’autres ténors, comme Pavarotti et Alagna, ne lui emboîtent le pas.

Contrairement à l’opéra où l’on meurt beaucoup, l’opérette, que l’on appelle aussi comédie musicale ou « light opera » (opéra léger) aux Etats-Unis, c’est la fête : on chante, on rit, on parle et on danse dans une ambiance de gaieté et de bonheur où tout se termine bien.

Mais il ne faut pas se méprendre. Si le répertoire de l’opérette est musicalement plus léger que celui de l’opéra, techniquement ce n’est pas le cas. La plupart des airs requièrent une grande virtuosité.

 Les mélodies que nous avons sélectionnées, sont extraites des 246 enregistrements réalisés lors des 69 émissions de radio hebdomadaires du « Mario Lanza Show » sponsorisé par la firme Coca-Cola.

Ces émissions, d’une durée d’une demi-heure ont été diffusées de 20h à 20h30, par CBS et NBC à travers tous les Etats-Unis, entre le 10 juin 1951 et le 5 septembre 1952.

Afin d’éviter qu’un nouveau gigantesque tohu-bohu, comme celui provoqué par des spectatrices déchainées lors du concert donné à la Mosquée de Pittsburgh le 6 mars 1951, ne vienne perturber les enregistrements, il a été décidé que pour le « Mario Lanza Show », les enregistrements seraient réalisés en studio.  

Nous allons commencer par écouter deux magnifiques chansons tirées de la comédie musicale à succès, composée en 1925 par Rudolf Friml, « The Vagabond King » (Le Roi des Vagabonds).

Génial compositeur d’origine hongroise, doué et inspiré, Friml est né à Prague en 1879. Il fut l’élève de Dvorjak avant d’émigrer aux Etats-Unis en 1906 où il travailla comme musicien et chef des chœurs au Metropolitan Opera de New York.

Friml s’est inspiré de la vie tumultueuse du poète français François Villon qui vivait à la fin du Moyen-âge, pour composer la musique splendide de son opérette qui a donné lieu à plusieurs adaptations cinématographiques dont la plus mémorable a été réalisée en 1956 par Mickael Curtiz avec la soprano Kathryn Grayson et le ténor maltais Oreste Kirkop.

La première chanson, intitulée « Drinking song » (chanson à boire) est un « hymne » à la gloire du vin, chanté par François Villon qui était, entre autres, un grand buveur.

La deuxième mélodie, intitulée « Some day » (Un jour, quand l’hiver sera fini…), est d’une grande mélancolie.

En 1951 Mario Lanza a 30 ans. Son troisième film, Le Grand Caruso, vient de sortir à New York. Les critiques sont des plus élogieuses et le public se presse dans les salles. Ce film fera le plus grand nombre d’entrées au cinéma mondial en 1951.

Le ténor est dans une forme physique, mentale et vocale éblouissante. Dans sa voix resplendissent la passion, le plaisir et la joie de chanter.

Chaque émission du « Mario Lanza Show » était introduite par un générique musical nostalgique composé notamment les premières mesures de « Be My Love ».

L’orchestre composé de 35 musiciens était dirigé par Ray Sinatra, un cousin de Frank Sinatra.

Présenté par le réputé Bill Baldwin et souvent par Mario Lanza lui-même, le programme comprenait de nombreux airs d’opéra, des mélodies populaires italiennes et napolitaines, des grands standards américains de Cole Porter à Gershwin, des chants de foi, des chansons célèbres de musiques de film et une multitude d’airs mémorables provenant de comédies musicales à succès de Broadway.

Le résultat est absolument sensationnel.

Mario Lanza chantait quatre mélodies ou airs d’opéra et ses deux invitées, une quinzaine de célèbres chanteuses de variété, comme Giselle Mac Kenzie, Rosemary Clooney (tante de George Clooney), Kitty Kallen, Debbie Reynolds (la star de « Chantons sous la pluie »…), deux chansons chacune.

Qui ne se souvient pas, après les avoir entendues, ne serait-ce qu’une seule fois, de ses flamboyantes et émouvantes interprétations du « Chant de l’Inde » de Rimsky-Korsakoff, de « Carousel » de Richard Rodgers, du « Roi des Vagabonds » de Rudolf Friml, du « Prince étudiant » ou du « Chant du Désert » de Sigmund Romberg, dont Jerry Lewis dira que l’écoute fortuite à la radio de sa voiture, alors qu’il conduisait sur Hollywood Bd, plus de vingt ans après la mort de Mario Lanza, l’a fait pleurer d’émotion, tant les souvenirs de l’époque heureuse et joyeuse, qu’ils avaient vécue ensemble à leurs débuts, étaient forts.

Extrait de « The Firefly » (La Luciole), une autre comédie musicale à succès composée en 1912 par Rudolf Friml, on écoute un des airs les plus connus : « The Donkey Serenade » (La sérénade à la Mule).

Cet air joyeux et rythmé, a été interprété par de très nombreux artistes, dont Jeanette Mac Donald, Perry Como et Shirley MacLaine. On l’écoute par Mario Lanza.

Autre incontournable compositeur de comédies musicales, le très talentueux Sigmund Romberg.

Né en Hongrie en 1887, la valse viennoise coulait dans ses veines et dans sa musique lorsqu’il émigra en 1909 aux Etats-Unis.

Trois de ses comédies musicales connurent un immense succès à Broadway et inspirèrent les cinéastes hollywoodiens. Les films: The Student Prince (Le Prince étudiant) en 1924, The Desert Song (Le Chant du Désert) en 1926 et The New Moon (La Nouvelle Lune) en 1928, lui valurent une gloire universelle.

De The New Moon on écoute par Mario Lanza, « Softly As In a Morning Sunrise » (Doucement comme au lever du soleil, la lumière de l’amour éclairera une nouvelle journée…)    

De Victor Herbert, compositeur irlandais, né à Dublin en 1859 et émigré à l’âge de 27 ans aux Etats-Unis, nous allons écouter le magnifique « Thine Alone » (A toi seule).

Extrait de son opéra romantique EILEEN, créé à Cleveland en 1917, cet air évoque, sur un mode fantaisiste, la rébellion en 1798 des irlandais contre le pouvoir britannique.

Pour l’anecdote, Mario Lanza avait choisi de chanter « Thine Alone » et « Che gelida manina » de La Bohème de Puccini,
le 30 août 1947 lors de sa présentation par Louis Mayer aux 55 producteurs et metteurs en scène réunis sur un plateau de la MGM.

Extraite de la comédie musicale « Spring Is Here » (Voici le Printemps), composée en 1929 par Richard Rodgers et Lorenz Hart, on va écouter par Mario Lanza, la magnifique mélodie « With A Song in My Heart » (Avec une chanson dans mon cœur).

Cette chanson a été interprétée par de nombreuses célébrités dont souvent par les 3 ténors, ensemble et séparément, en hommage à Mario Lanza.

Nous allons terminer cette première partie d’émission avec un autre compositeur au palmarès flatteur, Jérôme Kern.

Né à New York en 1885, Jérôme Kern est l’auteur de plus de 700 chansons et comédies musicales à succès dont « La Belle Parée » en 1911 qui a vu les débuts sur scène d’Al Jolson, l’un des artistes de music-hall les plus populaires aux Etats-Unis et l’acteur du premier film parlant de l’Histoire du cinéma, le fameux « Chanteur de jazz ». 

Le chef-d’œuvre de Kern est incontestablement « Show Boat » qui fut un grand événement dans le Broadway de la maturité en 1927.
Le livret et les lyrics sont d’Oscar Hammerstein II.

L’histoire de « Show Boat » qui se déroule sur un bateau à roue sur le Mississipi, a donné lieu à deux adaptations cinématographiques. La première en 1936 avec  Irene Dunne et Alla  Jones, et la seconde en 1951 avec Ava Gardner, Kathryn Grayson et Howard Keel.

On écoute, par Mario Lanza, le magnifique « Make Believe » (Faire semblant).

Surnommé « le Puccini de l’opérette » pour avoir su mettre en valeur les voix humaines comme à l’opéra, le hongrois Franz Lehár, né en 1870, connut un immense succès en 1905 avec « La Veuve Joyeuse » qui dispensa son « Heure Exquise » dans le monde entier.

« Le Pays du Sourire », créé à Berlin en 1925, sera l’un des plus grands succès mondiaux de tous les temps, grâce à son ténor fétiche Richard Tauber qui était à Lehár ce que Luis Mariano sera plus tard à Francis Lopez.

On écoute par Mario Lanza le célébrissime « Je t’ai donné mon cœur », en anglais « Yours Is My Heart Alone ».  

Autre comédie musicale à succès de Romberg, « The Desert Song » (Le Chant du Désert).

Créée le 30 novembre 1926 au Ziegfield Theatre de New York, cette comédie musicale est inspirée de la vie de Sir Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de « Lawrence d’Arabie ».

Officier et écrivain britannique, Sir Thomas Lawrence fut chargé d’organiser la révolte des Arabes contre l‘empire ottoman allié aux allemands pendant la première guerre mondiale.

Ce fait historique a donné lieu en 1962 à une superproduction cinématographique de David Lean avec Peter O’Toole dans le rôle de Lawrence d’Arabie.

On écoute par Mario Lanza le magnifique « One Alone » (Tout seul).

Encore une comédie musicale qui connut un succès phénoménal à Broadway lors de sa création en 1910 : « Naughty Marietta» (En Français : Vilaine Mariette).

Composée par Victor Herbert sur un livret de Rida Johnson Young, cette comédie musicale raconte l’histoire d’une aristocrate française qui, pour échapper à un mariage forcé, fait une fugue en Louisiane, où un beau militaire la sauvera des pirates et des indiens.

Cette comédie musicale, au charme désuet, comprend de belles partitions musicales. Elle inspirera les producteurs de la MGM qui réaliseront en 1935 le premier film avec Nelson Eddy et Jeanette Mac Donald qui formeront à l’écran le couple incontournable de l’opérette américaine. Le titre du film « Naughty Marietta » a été traduit en français par « Fugueuse Mariette ».

On va écouter, par Mario Lanza, deux mélodies de cette opérette à succès.

D’abord « I’m Falling In Love With Someone » (Je suis amoureux de quelqu’un…), suivi de « Ah! Sweet Mystery Of Life” (Ah! Doux Mystère de la Vie).

Créé le 22 décembre 1924 au Jolson Theatre de Broadway,
« Le Prince étudiant » de Romberg connut un fracassant et long succès avec 608 représentations, devançant « Show Boat » (572 représentations).

L’histoire d’un Prince qui fait ses études incognito dans une Université prestigieuse d’Heidelberg et tombe amoureux de la nièce d’un aubergiste, est des plus romanesques. Il n’en fallut pas plus à Romberg pour composer une magnifique musique.

Mario Lanza enregistra deux fois en stéréo, tous les airs du « Prince étudiant ». Une première fois en 1954, pour la bande-son du film qu’il devait tourner, et dans lequel il sera remplacé à la suite d’un désaccord avec la MGM, par l’acteur anglais Edmond Purdom, et une seconde fois en 1959 pour l’album RCA VICTOR.

On écoute la tendre sérénade du Prince, suivie du chœur joyeux des étudiants qui fêtent, une chope de bière à la main, la fin de leurs études :

Nous allons terminer cette seconde émission dédiée aux comédies musicales interprétées par Mario Lanza, avec une mélodie intitulée « Strange Music » (Musique étrange) extraite de l’opérette Song of Norway (Chanson de Norvège).

Réalisée par Robert Wright et George Forrest à partir d’une musique folklorique et romantique d’Edvard Grieg, célèbre pianiste et compositeur norvégien, auteur du célèbre Concerto pour piano en la mineur, surnommé le « Chopin du Nord », Song of Norway, fut créée en 1944 à Los Angeles.

Après un séjour triomphal à San Francisco, elle arrive à New York où 860 représentations seront données à  Broadway.

Comme il nous reste un peu de temps, nous allons écouter, « Golden Days » (Jours dorés quand nous étions jeunes…), une très belle mélodie composée par Sigmund Romberg. Enregistrée en 1952 en stéréo par Mario Lanza pour le film MGM « Le Prince étudiant »  qui sera réalisé en 1954 par Richard Thorpe.

 

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Hommage du Centenaire

janvier 18th, 2021 par Alain Fauquier


MARIO LANZA and friends

Pour les mélomanes du monde entier, l’année 1921 fut à la fois tragique, avec la mort d’Enrico Caruso, et bénie des Dieux avec la naissance simultanée de trois futurs très grands ténors: Mario Lanza, Franco Corelli et Giuseppe Di Stefano.

C’était il y a 100 ans, le 2 août 1921, le monde entier apprenait stupéfait la disparition soudaine de l’une des personnalités du chant les plus populaires et les plus hautes en couleurs de son temps, le ténor Enrico Caruso.

La mort de Caruso, le ténor des ténors, la voix magique du siècle, l’incarnation du chant par excellence, star légendaire de son vivant, venait de survenir à Naples, sa ville natale, à seulement 48 ans, des suites d’une pleurésie.

Ce triste et tragique événement plongeait dans la douleur et le désarroi des milliers d’admirateurs autour de la planète qu’il sillonna pendant 20 ans.

Ce grand artiste, synonyme de perfection, demeurera longtemps vivant dans la mémoire et le cœur d’une foule de mélomanes.

Grace à ses nombreux enregistrements (« Caruso a fait le disque, le disque a fait Caruso », disait-on), les amateurs d’opéra peuvent toujours apprécier la qualité exceptionnelle de la voix de Caruso, et imaginer les rappels enthousiastes qu’il suscitait à chacune de ses apparitions sur une scène d’opéra.

On écoute Caruso chanter « Vesti la giubba », l’air célèbre de Paillasse de Leoncavallo, qui fut le plus célèbre de ses rôles. Un enregistrement réalisé à New York le 17 mars 1907.

Mais en cette année 1921, pendant que le monde entier pleurait la mort de Caruso, la naissance de trois enfants, l’un en Amérique, et les deux autres en Italie, allait passer totalement inaperçue.

Pourtant, une génération plus tard, ces trois garçons, allaient émerger, avec un spectaculaire éclat, dans le Monde de l’opéra et se hisser au firmament des plus grands ténors du XXème siècle.

Le 31 janvier 1921, naissait à Philadelphie, dans une famille modeste d’immigrés italiens, Alfred, Arnold Cocozza qui deviendra le futur Mario Lanza. Cette naissance fut suivie le 8 avril par celle de Franco Corelli à Ancône, et le 24 juillet par celle de Giuseppe Di Stefano à Motta Sant’Anastasia en Sicile.

Tous les trois vont devenir très célèbres, mais leurs parcours et leurs destins seront bien différents.

Né le premier, Mario Lanza sera aussi le plus précoce et le plus naturellement doué.

Qualifié de « Voix du siècle » par le chef Arturo Toscanini, après que son célèbre découvreur, le maestro Serge Koussevitzky, directeur du philharmonique de Boston, qui l’auditionna au printemps 1942, eût déclaré : « Ce garçon a une voix de celles que l’on entend qu’une fois par siècle ! C’est Caruso ressuscité ! ».

Koussevitzky le fera débuter sous le pseudonyme de Mario Lanza,  dans le rôle de Fenton des Joyeuses Commères de Windsor d’Otto Nicolaï, au festival d’été de Tanglewood le 7 Août 1942.

Boris Goldovsky, chef des chœurs du Metropolitan Opera, qui conduisait l’orchestre lors de cette représentation, devait déclarer stupéfait : « La voix qui sortait de cette gorge était éblouissante, inoubliable ! Elle semblait provenir d’un autre monde ! Je ne pouvais pas en croire mes oreilles»

Mario Lanza sera le premier chanteur de musique classique et populaire à remporter des trophées et à vendre des disques par millions.

Détourné à 26 ans des scènes d’opéra par la Metro-Goldwyn-Mayer, à l’issue d’un concert triomphal au Hollywood Bowl de Los Angeles, Mario Lanza a, plus que tout autre chanteur, avant ou après lui, contribué, avec ses films, à faire découvrir, avec un exceptionnel brio, l’opéra au grand public.

On écoute l’une de ses premières chansons à succès qui deviendra sa signature : « Be My Love », composée en 1950 par Nicholas Brodszky sur des paroles de Sammy Cahn,  un des plus grands paroliers des États-Unis et le parolier de Frank Sinatra.

Né le second, Franco Corelli, mettra plus de temps à percer et à faire parler de lui.

Contrairement à Mario Lanza, la voix de Franco Corelli n’est pas placée de naissance, et il lui faudra six ans de travail acharné pour parvenir à la positionner idéalement.

Il lui faudra trois ans de plus pour pouvoir atteindre le contre-ut.

Inspiré, comme Mario Lanza et Giuseppe Di Stefano, par Caruso et Gigli, Franco Corelli avait chanté dans sa jeunesse en tant qu’amateur, mais il n’avait jamais envisagé de réaliser une carrière de chanteur professionnel.

Titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome obtenu à l’Université de Bologne, il travaille comme géomètre pour l’administration locale.

Fortement encouragé par ses amis, il finit par se décider à entreprendre des études de chant au conservatoire de Pesaro.

Mais, après quelques mois il estime que les résultats ne sont pas ceux qu’il espérait et il préférera travailler en autodidacte avec les conseils du fameux ténor Giacomo Lauri-Volpi.

Ce long travail de préparation explique ses débuts tardifs.

Franco Corelli a en effet 30 ans en 1951 lorsqu’il remporte le concours du Mai musical de Florence et fait ses débuts, le 26 Août 1951, au festival de musique de Spoleto où il interprète, avec un immense succès, le rôle de Don José dans Carmen.

Pour les amateurs d’opéra des années 1950-1960, qui ont eu la chance de le voir sur scène, Franco Corelli, fut à bien des égards, l’incarnation du ténor idéal, aussi beau à voir qu’à entendre.

Doté d’un physique de jeune premier, d’un souffle souverain et d’une voix chaleureuse, ample, riche et profondément poignante, Franco Corelli va devenir l’idole des scènes d’opéra.

Herbert von Karajan qui le dirigea à Salzbourg lors d’une représentation mémorable du Trouvère en 1961, avec Leontyne Price et Giulietta Simionato, dira de Franco Corelli, qu’il avait « une voix héroïque, sombrement sensuelle et mystérieusement mélancolique, mais une voix de tonnerre et d’éclairs, de feu et de sang ! »

Malheureusement, Corelli sera rongé toute sa vie par le doute et l’anxiété. Son manque d’assurance fera de lui une figure tragique de l’opéra.

Il sera en permanence insatisfait et il s’imposera une discipline quasi monacale. Son perfectionnisme sera obsessionnel et il mènera une carrière des plus austères, marquée par l’autocritique.

Contrairement à Lanza, on ne ressent pas chez Corelli la joie, la passion et le plaisir de chanter.

Du troisième acte de Werther de Jules Massenet, on écoute par Corelli « Ah ! no mi ridestar » (Pourquoi me réveiller !). L’orchestre symphonique de la RAI est dirigé par Arturo Basile (1954).

Dernier né des trois ténors, Giuseppe Di Stefano, surnommé « Pippo » par ses intimes, sera plus précoce que Franco Corelli.

Giuseppe Di Stefano fait ses débuts à 25 ans, le 20 avril 1946, au Théâtre Municipal de Reggio d’Émilie dans le rôle de Des Grieux de Manon de Jules Massenet.

Le succès est immédiat et il part aussitôt chanter dans toute l’Italie.

A tous égards, Di Stefano est considéré comme le meilleur ténor lyrique depuis le grand Fernando De Lucia.

Sa voix est d’une rare pureté et la beauté de son timbre est unique. A l’égal de Mario Lanza, sa diction est excellente, ce qui n’est malheureusement pas le cas de celle de Corelli qui souffre d’une prononciation molle et pâteuse, très désagréable à l’écoute de ses disques. Un défaut toutefois un peu moins gênant à la scène.

A la passion et au charme typiquement sicilien de Di Stefano, s’ajoute, comme pour Corelli, une grande présence scénique.

Avec autant d’atouts il n’est pas surprenant que la notoriété de Di Stefano arrive rapidement aux oreilles du directeur de la Scala qui l’engage, sans même l’auditionner, dans sa troupe milanaise où il débute en mars 1947.

Dans la foulée il est contacté par le Metropolitan opera de New York où il fait ses débuts dans le rôle du Duc de Mantoue de Rigoletto en février 1948.

En l’espace de deux ans, Di Stefano va se produire sur quelques unes des scènes les plus prestigieuses du monde.

Les cinq années suivantes son talent sera acclamé dans le monde entier. Son timbre chaleureux et sa technique sans faille le classent d’emblée au dessus de ses pairs les plus doués.

On écoute par Di Stefano la célèbre chanson de Ruggero Leoncavallo : « Mattinata »  (L’aurora di bianco vestita…).

En Amérique, au lendemain du festival de Tanglewood, le critique musical Noel Strauss écrit dans le New York Times : « Peu nombreux sont les ténors actuels capables de rivaliser avec le jeune et très talentueux Mario Lanza, 21 ans.

Sa voix naturelle splendide a peu d’équivalent, en termes de beauté, de chaleur et de puissance. Sa diction est parfaite. »

Le 5 octobre 1942, Herbert Graf, auteur d’ouvrages sur l’opéra, écrit dans Opera News : « L’artiste de la saison fut incontestablement Mario Lanza qui pourrait, sans aucune difficulté, rejoindre le Metropolitan Opera ».

Mais, les Etats-Unis sont en guerre contre le Japon depuis 1941 et l’armée est prioritaire. Le jeune Mario Lanza est incorporé dans la base militaire de Marfa au Texas.

Affecté au Théâtre aux Armées, il va déployer ses talents dans des spectacles conçus à la gloire de l’Armée de l’air, comme « On the Beam » (Sous les feux de la rampe ») où il chantera pour les soldats de nombreux airs d’opéra et il sera surnommé le « Caruso de l’US Air Force ».

Avec beaucoup d’humour et de drôlerie il jouera dans des sketches où il manifestera des talents innés de comique et d’imitateur.

Il chantera aussi pendant six mois à Broadway dans les chœurs de l’important groupe musical « Winged Victory » (Les Ailes de la Victoire) créé et dirigé par Moss Hart qui sera l’auteur de nombreux scénarios de films dont celui de « Une étoile est née » de George Cukor en 1954.

Le 22 Mai 1944, le jeune ténor, alors âgé de 23 ans, enregistre à New York, dans les studios Melotone, six arias avec au piano Maria Margelli, accompagnatrice de la grande basse italienne Ezio Pinza.

Maria Margelli dira: « J’ai entendu toutes les plus grandes voix. Mais le jour où j’ai entendu Mario Lanza, je sus que j’avais entendu la plus grande de toutes ! »

En Juin 1944, à l’occasion d’un passage à Hollywood avec les chanteurs du chœur de Winged Victory, des artistes en vue allaient commencer à parler de lui après l’avoir entendu fortuitement.

Lors d’une réception organisée chez Frank Sinatra, il chantera durant huit heures d’affilée devant un auditoire de célébrités hollywoodiennes éblouies et fascinées.

Nous allons écouter deux enregistrements rares de cette époque, retrouvés en parfait état de conservation :

D’abord un enregistrement réalisé en 1940 (Il y a 80 ans), Mario Lanza a 19 ans et s’appelle encore Alfred Cocozza.

Il chante «Ch’ella mi creda » de La Fille du Far West de Puccini, avec probablement au piano la soprano Irène Williams qui était son second professeur de chant ; le précédent, le baryton Scarduzzo, ayant déclaré forfait devant les dons exceptionnels de son élève.

Irène Williams s’étant rendu compte qu’elle tenait entre ses mains « un prodige », ce sont ses mots, le faisait découvrir à la haute société de Philadelphie en organisant des récitals.

C’est elle, et William Huff, directeur du Forum des Concerts de Philadelphie, qui le feront auditionner par Serge Koussevitzky.

On écoute maintenant, un enregistrement plus récent qui date tout de même d’il y a 76 ans. Mario Lanza a 23 ans, il est encore sous les drapeaux et chante « E lucevan le stelle » de Tosca. Un enregistrement  réalisé dans le studio Melotone le 22 mai 1944, avec Maria Margelli au piano.

Après son premier et immense succès le 26 août 1951 au festival de musique de Spoleto, Franco Corelli est sollicité par plusieurs théâtres lyriques italiens.

Etonnamment, il choisit de débuter sa carrière avec des opéras rarement joués tels que Guerre et Paix de Prokofiev, Iphigénie en Tauride de Gluck ou Giulietta e Romeo de Riccardo Zandonai qu’il chante en 1953 à l’Opéra de Rome dont il deviendra un membre permanent avec un répertoire étendu de quelques 30 rôles.

En avril 1953, Corelli chante pour la première fois avec Maria Callas dans  Norma de Bellini.

Il la retrouvera à nouveau en 1954 à l’occasion de ses débuts à La Scala dans une production très applaudie de La Vestale de Gasparo Spontini.

Les apparitions qu’ils effectueront ensemble par la suite feront partie de la légende.

Du Trouvère de Verdi, on écoute Franco Corelli chanter la célèbre strette : « Di quelle pira ». L’orchestre symphonique de Milan est dirigé par Alfredo Simonetto. Un enregistrement de 1955.

Di Stefano poursuit, sur sa lancée, une brillante carrière jalonnée de succès flatteurs. En 1950 il participe au Festival de Vérone où il chante Nadir dans Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet.

Sa carrière triomphale commence véritablement en septembre 1951
lors d’une rencontre spectaculaire avec Maria Callas et Tito Gobbi.

Une autre soirée tout aussi spectaculaire a lieu en mai de l’année suivante au Palacio de Bellas Artes à Mexico, quand Di Stefano chante avec Callas dans Les Puritains.

À Noël 1952, ils sont ensemble à La Scala pour une représentation de  La Gioconda de Ponchielli.

En 1952-1953, Di Stefano commence à se lasser de son répertoire de ténor lyrique. Il voudrait chanter des rôles plus dramatiques, généralement dévolus à des voix plus larges.

Mais, il n’a ni l’envergure ni la puissance vocale que requiert le répertoire vériste.

Un autre grand moment dans sa carrière viendra en janvier 1954 à La Scala lors d’une représentation de Lucia di Lammermoor avec Maria Callas, dirigée par Herbert von Karajan.

En 1957, Di Stefano chante le rôle de Nemorino dans l’Elixir d’amour  de Donizetti au Festival international d’Édimbourg.

Quatre ans plus tard, il se produit dans Tosca à Covent Garden et au Royal Opera House de Londres.

A Berlin-Ouest il chante l’Opérette Le Pays du sourire qui remporte un grand succès et l’ouvrage sera représenté dans toute l’Amérique du Nord.

Des Puritains de Vincenzo Bellini, on écoute par Di Stefano et Callas, le duo passionné entre Arthur et Elvira « Vieni fra queste braccia » (Viens dans ces bras), où le ténor doit atteindre deux contre-ré. L’orchestre de La Scala est dirigé par Tullio Serafin.

Un enregistrement réalisé en 1953.

Démobilisé en Janvier 1945, et marié le 13 avril, le « Caruso de l’US Air Force », c’est ainsi qu’il était surnommé, décide de s’installer à New York, là où bat le cœur de l’opéra et où l’on trouve les grands professionnels du chant.

Auditionné par la soprano Jean Tennyson, en même temps que plusieurs autres concurrents, pour participer à une future émission de radio qui sera diffusée dans tour le pays : « Great Moments in Music : The Celanese Hour », Mario Lanza est choisi d’emblée.

Il chantera des airs et des duos d’opéra durant six émissions et remplacera au pied levé le grand ténor du Met, Jan Peerce.

Un jour d’Août 1945, il impressionnera si fortement Sam Weiler, un promoteur immobilier fortuné, grand connaisseur d’opéra, devant lequel il chanta fortuitement « Mattinata », que celui-ci, sidéré, déclarera avoir mis plusieurs jours à se remettre de son émotion.

Lui qui avait entendu les plus grands chanteurs, dira : « Je n’avais, de ma vie, entendu quelque chose de si naturellement brillant. Je sus que je venais d’entendre la plus grande des voix du monde. »

Sam Weiler, qui deviendra son premier manager, va financer au jeune Mario Lanza des cours de chant avec le fameux maestro Enrico Rosati, âgé de 72 ans, qui fut le professeur de grandes voix dont Gigli et Lauri-Volpi.

Lors de sa première audition, Rosati dira à Lanza : « Vous recherchez un professeur de chant, mais vous avez déjà eu le meilleur de tous… Dieu ! »

Sa formation avec Rosati fut courte, 15 mois, mais suffisante compte-tenu des prédispositions du jeune ténor.

Mario Lanza donnera son premier concert à Atlantic City en octobre 1945, jour du Labor Day, accompagné par le NBC Symphony Orchestra dirigé par le célèbre maestro Peter Herman Adler qui dirigera en 1950, les enregistrements du film de Richard Thorpe « Le Grand Caruso ».

De La Bohème de Leoncavallo, on écoute : « Testa adorata »

Franco Corelli, poursuit son parcours triomphal hors d’Italie.

En 1957 il triomphe à Covent Garden dans La Tosca de Puccini, avec pour partenaire la grande soprano dramatique croate Zinka Milanov.

En 1958, il épouse la fille d’une basse Milanaise, Loretta di Lelio, elle-même soprano, qui devient son agent.

Le 27 janvier 1961, Corelli et Leontyne Price font conjointement leurs débuts au Met de New York, dans le Trouvère de Verdi.

La même saison, Corelli et Birgit Nilson remettent Turandot de Puccini au répertoire de l’opéra new-yorkais.

Cette production fut un grand succès personnel pour Corelli qui sera invité à ouvrir la saison suivante dans le rôle d’André Chénier, sans doute l’une de ses plus grandes réussites.

En 10 saisons, Franco Corelli chantera au Met 15 rôles dont 368 fois le célèbre « Cielo e mar » de la Gioconda de Ponchielli.

Spécialiste des rôles héroïques italiens et français, il se produit en Europe, en particulier à La Scala de Milan, et au Festival de Salzbourg sous la baguette d’Herbert von Karajan.

Des Lombards de Verdi, on écoute par Franco Corelli : « La mia Letizia infondere »

Cette fois, c’est décidé. Après avoir chanté avec un immense succès de nombreux rôles du répertoire romantique, Di Stefano décide de s’attaquer au répertoire héroïque pour lequel il n’est visiblement pas fait.

En cinq ans la voix est en lambeaux.

Entre 1953 et 1960, Di Stefano fit, probablement, plus de mauvais choix de répertoire qu’aucun autre chanteur.

Au lieu d’entretenir ses précieux talents, il est tenté de se mesurer à des Mario Del Monaco, Carlo Bergonzi et autres Franco Corelli, ténors de puissance, et perdit son pari.

A partir de 1960, alors qu’il n’a même pas 40 ans, ses prestations se détériorent.

Le musicologue anglais Matthew Boyden écrit dans son livre sur l’histoire de l’Opéra : « Pour quiconque ayant entendu chanter Di Stefano dans les années 1940, c’était un peu comme de voir Laurence Olivier oublier son texte ».

Di Stefano retrouve encore Maria Callas, avec laquelle il est affectivement très lié, pour une représentation des Vêpres siciliennes lors de la réouverture du Théâtre Régio de Turin.

De Carmen de Georges Bizet on écoute Di Stefano chanter l’air de la fleur. Il est accompagné au piano par Robert Sutherland ;

Un enregistrement réalisé lors d’un récital donné avec Maria Callas au Canada, sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier de Montréal.

Après avoir donné son premier prestigieux concert à Atlantic City, Mario Lanza va entreprendre une longue et triomphale tournée aux Etats-Unis et au Canada.

« Partout où il passait ce n’était qu’ovations, ovations et encore ovations », diront ses accompagnateurs. Le public en liesse exultait et les critiques musicaux sidérés, ne tarissaient pas d’éloges :

« Mario Lanza est doué d’une rare intelligence musicale, sa diction est parfaite et sa voix de ténor extraordinaire donne le frisson ».

Deux mémorables concerts géants viendront s’intercaler parmi une longue liste. Les 6 et 7 juillet 1946, à seulement 25 ans, Mario Lanza attire, sur son seul nom, au Grant Park de Chicago, 76 000 spectateurs qui viennent l’acclamer.

Avec le « Bel Canto Trio », créé le 8 juillet 1947 par Columbia Artists, il chantera dans 86 concerts. Ses partenaires, la soprano canadienne Frances Yeend et son ami de régiment le baryton-basse George London seront admiratifs.

London dira, comme d’ailleurs le ténor Tito Schipa : « Mario Lanza a la plus grande voix jamais octroyée à un être humain ! »

Les 8 et 10 avril 1948, dans l’attente de la mise en chantier de son premier film, il chantera deux fois, à guichets fermés, à l’Opéra de la Nouvelle Orléans le rôle de Pinkerton dans Madame Butterfly, avec d’interminables « standing ovations ».

Durant sa très courte carrière qui durera seulement 11 ans, Mario Lanza donnera 162 concerts et récitals à guichets fermés, tous plus mémorables les uns que les autres, dont 3 au Hollywood Bowl de Los Angeles et 21 récitals en Europe dont 2 au Royal Albert Hall de Londres les 16 et 18 janvier 1958.

Le ténor Nicolaï Gedda qui assistait au récital du 16 janvier déclarera : « c’est la plus grande voix que j’aie jamais entendue ! »

A ces 162 concerts et récitals, donnés à guichets fermés, il convient d’ajouter ses innombrables récitals d’airs d’opéra donnés pendant trois ans au Théâtre aux Armées.

A Hollywood, il tournera cinq films qui mettront tous en valeur sa magnifique et incomparable voix et feront découvrir, avec un spectaculaire éclat, l’opéra au grand public.

« Le Grand Caruso », son film le plus prestigieux, fera le plus grand nombre d’entrées au cinéma mondial en 1951 et battra tous les records de recette de l’année.

Le fils cadet de Caruso, Enrico Caruso Jr. déclarera : « C’est Mario Lanza qui a fait le succès du film. Avant Mario Lanza et après Mario Lanza, aucun ténor n’aurait pu incarner avec un tel talent vocal, la vie de mon père ».

Le film est tellement enthousiasmant et inspirant que Pavarotti ira le voir tous les jours en 1953 jusqu’à ce qu’il soit déprogrammé.

Parallèlement ses disques chez RCA se vendront par millions et il gagnera énormément d’argent. Malheureusement pour lui, il ne verra pas beaucoup la couleur de ses fabuleux cachets car à cette époque les revenus supérieurs à 100 000 dollars sont taxés à 90% par le fisc américain.

En Italie, Mario Lanza tournera encore deux films à succès en 1957 et 1958 et il enregistrera plusieurs magnifiques albums chez RCA.

Il mourra subitement en pleine gloire à Rome le 7 octobre 1959 à l’âge de 38 ans, au moment même où il s’apprêtait à entreprendre une nouvelle tournée de concerts en Israël, en Afrique du Sud et en Russie.

Un nouveau film était en préparation et il devait ouvrir la saison lyrique 1959-1960 à l’Opéra de Rome avec Paillasse.

De Paillasse, on écoute Vesti la giubba, son « lucky aria » (son air de chance), comme il se plaisait à le rappeler. Un air que Caruso rendit célèbre et que Mario Lanza rendra plus célèbre encore.

Franco Corelli s’illustre mémorablement dans deux opéras français qui semblaient avoir été écrits spécialement pour lui : Roméo et Juliette et  Werther.

Son Roméo était un solide gaillard passionné et viril, et il lui conférait certaines des plus belles sonorités entendues à l’opéra. Le rôle de Werther lui convenait à la perfection, sensible, romanesque et vulnérable.

En raison de son physique de jeune premier, Corelli était surnommé « Cuisses d’or » par la troupe du Metropolitan Opera. On raconte que les sopranos tournaient de l’œil pendant les duos d’amour, que les choristes se mettaient à bredouiller, que les musiciens de l’orchestre se levaient à l’issue des représentations pour l’ovationner avec le public.

Pourtant, aucun de ses confrères ne lui manifesta la moindre jalousie, la plupart étant trop flattés de pouvoir se produire à ses côtés.

A la fin de sa carrière, Corelli était devenu un personnage faustien, un homme doué, pour ses admirateurs, d’un talent surnaturel, mais condamné à l’insatisfaction perpétuelle.

Les enregistrements qu’il nous a laissés donnent une idée de l’enthousiasme quasi animal qu’il pouvait susciter, de l’intensité de ses aigus et de sa prodigieuse tenue du souffle.

Sa prononciation déplorable mise à part, on peut dire que dans les rôles qu’il maitrisait parfaitement : André Chénier, Le Trouvère, Werther, Carmen, Paillasse, La Force du Destin, Aïda, Franco Corelli était tout simplement insurpassable.

En 1973 et 1974 il donne une série de concerts avec Renata Tebaldi et cesse de chanter sur scène en 1976 alors qu’il n’a que 55 ans.

Franco Corelli meurt à Milan le 29 Octobre 2003, à l’âge de 82 ans, 44 ans après Mario Lanza, autant dire une éternité.

On écoute, extrait d’Ernani de Verdi : « Mercé, diletti amici ». L’Orchestre symphonique de Turin est dirigé par Arturo Basile, 1954.

En 1972 Giuseppe Di Stefano propose à Maria Callas de faire, en sa compagnie, une tournée internationale de récitals, afin de collecter des fonds pour financer le traitement médical de sa fille.

Au cours de cette tournée, les voix des deux artistes apparaissent très abîmées et leur série de concerts sera interrompue à Sapporo
le 11 novembre 1974.

Même avec sa voix réduite à un murmure, Di Stefano poursuivra ses apparitions publiques jusque dans les années 1990.

En 1992, il chante le rôle de Calaf dans Turandot sur la scène des Thermes de Caracalla à Rome.

Fin 2004, alors qu’il séjourne au Kenya dans sa villa familiale de Diani, sur le littoral kenyan de l’océan Indien, il est victime d’une violente agression.

Grièvement blessé à la tête Di Stefano est hospitalisé à Mombasa, puis évacué vers Milan ; mais il  ne se remettra pas de ses traumatismes et restera totalement invalide.

En décembre 2007 il tombe dans le coma et meurt dans sa résidence de Santa Maria Hoè, au nord de Milan, le 3 mars 2008, à l’âge de 86 ans.

Pendant plus de vingt ans Di Stefano aura foulé les scènes les plus prestigieuses.

Du troisième acte de Rigoletto de Verdi, on écoute, par Giuseppe Di Stefano, Maria Callas, la contralto Adriana Lazzarini et Tito Gobbi, le quatuor : « Bella figlia dell amore » (Belle fille de l’amour).

L’orchestre et les chœurs de la Scala sont dirigés par Tullio Serafin.

Un enregistrement réalisé en septembre 1955.

On peut ajouter pour terminer, que ces trois immenses ténors nés à trois mois d’intervalle en 1921, se voueront réciproquement un grand respect et une profonde admiration.

Mario Lanza admirera Corelli et Di Stefano pour leur brillants succès sur les plus grandes scènes d’opéra, regrettant sans doute de n’avoir pas pris la même direction, celle, exclusive, de l’opéra, ce qui était son désir le plus intense lorsqu’il était jeune ; et Corelli et Di Stefano admireront Lanza pour l’immense star planétaire qu’il était devenu et pour sa voix, qu’ils considéraient, eux aussi, comme « La voix du siècle ».

Tous les trois, et plus particulièrement Mario Lanza qui incarnera avec ses films, le ténor d’opéra par excellence, inspireront la carrière de plusieurs générations de chanteurs, dont celle des «Trois ténors » qui leur voueront une admiration sans borne.

 

 

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Emission Arte Lirica du 2 février 2020

janvier 8th, 2020 par Alain Fauquier


 Affiche hommage Pavarotti

 Enrico Caruso fut la première superstar du monde de l’opéra grâce au disque (on a dit « Caruso a fait le disque, le disque a fait Caruso »), puis Mario Lanza fut superstar des années Cinquante par le disque et le cinéma, (outre ses concerts et récitals sur scène).

Mais pour commencer l’année 2020, nous nous intéresserons à Luciano Pavarotti, super star de notre temps, le temps de la télévision, des réseaux sociaux, des spectacles dans les stades, aux jeux Olympiques, à Hyde Park, Central Park et sous la Tour Eiffel, ainsi que des médias omniprésents et des téléphones portables devenus ordinateurs de poche !

On connaît tous l’image du grand et gros monsieur barbu à la voix d’or et au mouchoir blanc grand comme un foulard, l’homme charismatique et souriant qui après sa carrière d’opéra, se produisait avec ses amis rockers, chanteurs de jazz et de soul music, les Sting et consorts !

Comme ses grands prédécesseurs qu’il admirait tant, les Caruso et Lanza, il a utilisé les moyens de communication de son temps à lui et a encore ouvert un peu plus au grand public, non familier des théâtres d’opéra, ces œuvres de théâtre chanté qu’on appelle l’Opéra et l’art Lyrique.

Écoutons-le d’abord dans un air extrait de l’opéra qui l’a fait connaitre dans les années soixante, La Bohème de Puccini, d’après l’œuvre de Henri Murger, La Bohème : le fameux air « Che gelida manina », Quelle Petite Main Gelée »

Pavarotti c’est quarante années de succès grandissant, de sa prestation remarquée dans La Bohème en 1961 jusqu’à ces fameux concerts Pavarotti & Friends et aux concerts des Trois Ténors avec Placido Domingo et José Carreras, dont les retombées financières pour les trois hommes se comptèrent en millions de dollars !

Pavarotti a apporté sa personne et son art à des émissions de télé grand public et puis surtout, il a chanté avec des artistes pop. Des italiens, comme Zucchero et Lucio Dalla bien sûr, mais aussi avec des pointures internationales comme Madonna, Paul McCartney, les Spice girls, Bryan Adams, Elton John et Sting, pour ne citer qu’eux.

D’ ailleurs, à propos de Sting, Pavarotti a dit « quand ces jeunes regardent leur héros monter en scène avec ce gros chanteur d’opéra, et que tous se mettent à chanter « La donna è mobile », ils peuvent se dire, « eh, si Sting peut chanter ça, cette musique n’est peut-être pas si moche ! »

Et c’est comme cela, qu’avec les moyens de notre temps, mais après avoir achevé sa carrière proprement dite d’opéra, il a réussi à vraiment élargir le public de l’opéra, même si c’est avec des standards ultra ressassés parce que sensationnels, tels que « Nessun dorma », et « la Donna é mobile ». Il savait qu’il allait choquer certains puristes mais il l’a fait quand même parce que selon lui les chanteurs pop touchent infiniment plus de monde que les chanteurs d’opéra. Par là, il a aussi voulu faire passer le message qu’il n’est pas besoin d’être démodé, excentrique ou bizarre pour aimer l’opéra, qu’on peut en être passionné et aimer le sport, la musique populaire, la bonne chère et les joies de la vie… dont l’Opéra !

Toutefois, pour ces grands spectacles il a dû rompre avec son impresario d’opéra, Herbert Breslin qui lui avait dit en substance : « Moi c’est l’opéra et rien d’autre ! » Pavarotti changeait de monde !

Sans plus attendre, écoutons Nessun dorma ce morceau grandiose de Turandot, de Puccini, Turandot la princesse chinoise qui faisait tuer ses prétendants s’ils n’arrivaient pas à deviner les énigmes qu’elle leur soumettait ! Mais le Prince Calaf allait résoudre les énigmes et triompher de la belle et sanglante Turandot et c’est ce qu’il chante dans « Nessun dorma », « Personne ne dort » !

Alors parlons brièvement de la carrière de Luciano Pavarotti, décédé il y a eu déjà 12 ans le 6 septembre 2007 à Modène.

Il était né dans cette même ville le 17 octobre 1935, pratiquement en même temps que son amie d’enfance et sœur de lait la grande cantatrice Mirella Freni. Il sera instituteur tout en étudiant le chant.  Sa carrière commence avec « la Bohème » en Emilie Romagne en 1961, puis en Europe, notamment au Royal Opera House, Covent Garden, de Londres où il remplace Giuseppe di Stefano, souffrant : c’est un triomphe !

Puis la Scala lui ouvre ses portes grâce au grand chef Herbert Von Karajan avec « La Bohème » etc… mais aussi le Bel Canto, avec Donizetti (notamment « La fille du Régiment », avec son célèbre passage comprenant 9 contre-ut (c’est à dire 9 dos aigus ») que peu de ténors se risquent à chanter (notamment Alfredo Kraus, Nicolaï Gedda, Juan Diego Flores, aujourd’hui) et qui lui vaudra 17 rappels en 1972 au Metropolitan de New York. ».

On notera aussi que la carrière de Pavarotti aura profité d’une très belle rencontre et collaboration avec l’illustre cantatrice australienne Joan Sutherland, (« La Stupenda », « La Stupéfiante ») qui souhaitait chanter avec un ténor de belle voix et de grande taille, comme elle…

Son mari est le chef d’orchestre Sir Richard Bonynge et avec eux, Luciano Pavarotti, qui ne déchiffre pas à vue la musique, comme bien d’autres chanteurs d’opéra de l’époque, pourra encore mieux préparer ses interprétations. Il aura d’ailleurs sa propre notation musicale, comme Enrico Caruso et d’autres.

Cette collaboration avec Sutherland et Bonynge commencée en 1965 et devenue amicale, sera fructueuse et sa carrière ira de succès en triomphe pour culminer en 1972 au Metropolitan de New York, dans « La Fille du Régiment » de Donizetti, opéra en langue française avec le fameux air, « Ah ! Mes Amis, Quel jour de fête…» et son passage de 9 contre-ut (dos aigus) successifs. Triomphe, de même qu’à Pékin, au Palais du Peuple.

Mais ce n’est pas cet air, un peu long pour notre programmation, que nous écouterons, mais un extrait de l’opéra Andréa Chénier, de Giordano, le fameux et bouleversant « Come un Bel Di Di Maggio », « Comme un beau Jour de Mai ».

Le poète André Chénier, guillotiné par la Révolution Française à l’époque de la Terreur, s’apprête à monter sur l’échafaud et s’adresse à la Poésie : « Col baccio io d’una rima, carezza di poesia, Salgo l’estrema cima dell’esistenza mia » : « Moi, Avec le baiser d’une rime, caresse de poésie, J’escalade la cime extrême de mon existence ». Ecoutons bien ! Ce qui est dit est beau et grave.

Force est de constater que, compte tenu de la nature et du timbre de sa voix on cite Pavarotti surtout dans Puccini, Donizetti, Bellini, le Bel Canto proprement dit, ce qui est déjà magnifique, et un peu moins Verdi. On trouve d’ailleurs moins d’enregistrements de lui dans Verdi. Du reste selon ses propres déclarations, il n’avait pas une voix de ténor « spinto », c’est à dire de ténor « héroïque » pour des rôles lourds tel que Don Carlos, Le Trouvère ou Otello, par exemple, si bien que Verdi n’était pas son « pain quotidien », si on ose dire, à l’opéra.

Pourtant, il a chanté et enregistré Rigoletto et Luisa Miller, et le magnifique Requiem de Verdi avec le fameux « Ingemisco… », et en outre à la fin de sa carrière, il a encore servi Verdi dans Don Carlos en 1993 à la Scala (en chantant Don Carlos, il a raté un contre-ut et a été hué, ce qui arrive même aux plus grands… !). Toujours avec Verdi, il interprète et même Le Trouvère et Otello, rôles particulièrement lourds pour la voix (on n’imaginerait pas, lui non plus d’ailleurs, Juan Diego Flores, avec la voix lyrique qui est la sienne, chanter Otello, rôle dont Enrico Caruso disait qu’il fallait être fou pour risquer d’y abimer sa voix : il n’en avait enregistré que l’air qui introduit l’Opéra, « Esultate », qui dure environ 50 secondes ! Pas de risque inutile !).

Alors chacun dans sa voix, sa couleur vocale, son timbre, son charme propre, son corps, en un mot dans sa nature et dans le rôle de son âge !

Ecoutons Luciano Pavarotti dans le rôle du Duc de Mantoue de Rigoletto, de Verdi, lorsque se présentant chez son amoureuse (du moment), la pure et naïve Gilda, fille de Rigoletto, le Bouffon du Duc, il trouve la maison déserte : Gilda a été enlevée ! « Ella mi fu rapita » !

 C’est le titre du grand air : « Elle m’a été enlevée ! Je crois voir les larmes… » s’écrie ce coureur de jupons !

Après cette incursion chez Verdi et ses personnages héroïques et forts, revenons à un rôle lyrique et à un compositeur français, Jules Massenet, et son héros romantique par excellence, Werther, héros imaginé par le grand Goethe, auteur des « Souffrances du jeune Werther », son premier roman, sous forme de lettres.

Ce roman du 18 ème siècle aura un retentissement considérable en Allemagne et en Europe où se développera une véritable fièvre romantique, où on imitera les vêtements de Werther et ceux de celle qu’il aime, Charlotte, mais qui est promise à un autre homme, qu’elle épousera, Albert.

Werther se suicidera, sujet alors tabou en Europe, et la fièvre de lecture qui suivra la parution de ce roman entrainera de nombreux suicides dans la jeunesse romantique au point que l’on ira jusqu’à interdire le livre à Leipzig, mais la gloire et la fortune de Goethe seront déjà faites par ce premier ouvrage.

Ecoutons le pauvre Werther, désespéré chanter le célébrissime « Pourquoi me réveiller, Ô souffle du printemps » ?

L’interprétation de Pavarotti est émouvante et traduit bien le désespoir du jeune homme d’avoir perdu celle qu’il aime.

Revenons à Puccini avec une œuvre qui fait penser au « Bel canto », Manon Lescaut, d’après le roman français du 18ème siècle de l’Abbé Prévost, qui met en scène l’amour de la jeune Manon Lescaut, femme légère, et du jeune Chevalier Des Grieux, naïf et amoureux et parfois fieffé coquin. Le roman a fait scandale vers 1730 et a même été condamné à être brûlé, l’amour ne pouvant pas tout justifier, la prostitution, la tricherie et l’escroquerie et jusqu’au meurtre et même l’injure faite à l’Eglise puisque Des Grieux s’échappera du Séminaire pour retrouver Manon et la suivre jusqu’en Amérique où elle été exilée.

Précisons qu’il ne faut pas confondre l’opéra Manon Lescaut, œuvre en italien de Puccini, avec le Manon (en français) de Jules Massenet, qui est également un superbe opéra, mondialement célèbre et enregistré et joué par les plus illustres chanteurs ; ni avec l’opéra du même nom du compositeur français Daniel Auber.

 Revenons au « Manon Lescaut » de Puccini : dès leur première rencontre, Des Grieux est ébloui, fasciné par Manon : « Donna non vidi mai  (simile a questa) » « Je n’ai jamais vu une femme » (telle que celle-ci) ».

 Restons avec Puccini pour entendre un extrait de Tosca, celui par lequel commence l‘opéra : le peintre Mario Cavaradossi peint le portrait d’une femme blonde dans une église et la compare à la femme qu’il aime, Floria Tosca, une cantatrice d’opéra aussi brune que la femme peinte est blonde.

Il s’extasie sur les « diverses beautés » que représentent, notamment, ces deux femmes et sur « l’harmonie cachée » (« Recondita armonia » di bellezze diverse » de ces « beautés différentes ».

Mais Pavarotti, comme la plupart de ses collègues chanteurs et cantatrices d’opéra a aussi été un récitaliste de grand talent pendant sa carrière d’opéra, c’est à dire qu’il se produisait sur scène, le plus souvent avec un pianiste ou parfais un orchestre.

Il expliquait que chanter seul était plus lourd et plus dangereux pour un chanteur que de chanter un opéra entouré des autres, avec leur soutien et les références que constituent les airs de chacun, alors qu’être seul vous laisse sans la moindre sécurité ni le moindre secours, « sans filet » en quelque sorte, en cas de perte de mémoire, outre que la solitude de la scène fait que l’artiste est nécessairement l’objet exclusif de tous les regards : pas de décors, pas d’autres chanteurs…

Dans ses récitals, Luciano Pavarotti chantait aussi bien les « Arie antiche », c’est à dire des airs anciens, en général du 18 ème siècle et de sa musique baroque, que les mélodies italiennes ou napolitaines ou encore celles du compositeur italo-anglais Francesco Paolo Tosti (annobli par la Reine Victoria) ou des mélodies de pur bel canto, comme celles composées par Bellini, dont la magnifique Vaga Luna.

C’est donc une autre facette de l’artiste que nous découvrons, toute en délicatesse et loin des prouesses vocales mais plus près de la poésie et de la musique du grand Vincenzo Bellini, compositeur de génie d’opéras (tels que Norma, La Somnambula, I Puritani), Bellini né à Catane en Sicile et mort à 34 ans à… Puteaux.

Vaga Luna est un hymne à la lune qui « éclaire d’argent les paysages et les fleurs » « et inspire aux éléments le langage de l’amour »… et ses tourments et soupirs (« e i sospir e i sospir » (« et les soupirs et les soupirs »)

Dans ses récitals, Pavarotti introduisait aussi, comme Mario Lanza, des mélodies italiennes très populaires, comme Marechiare, ou A Vucchela, toutes deux de Tosti.

Nous avons retenu de Ruggero Leoncavallo, compositeur de Pagliacci, l’adorable « MATTINATA », qui titre l’album du récital de mélodies baroques et de mélodies italiennes de Pavarotti chez Decca, avec le Philharmonia Orchestra, sous la direction de Piero Gamba (et Antonio Tonini)

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Hommage du soixantenaire

septembre 10th, 2019 par Alain Fauquier


 

Affiche Emission du 22 sept 2019

Emission reportée au 10 Novembre 2019 à 9h30.

Pour commémorer le soixantième anniversaire de la mort de Mario Lanza, survenue subitement à Rome le 7 octobre 1959 à l’âge de 38 ans, nous avons choisi d’évoquer ses films qui ont fait rêver et embelli, selon le ténor espagnol José Carreras, la vie de millions de mélomanes du monde entier, et inspiré la carrière de plusieurs générations de chanteurs dont celle des « Trois ténors ».

La question que peuvent se poser les auditeurs, c’est: Qu’est ce qui a fait dévier Mario Lanza des scènes d’opéra vers lesquelles il se destinait, vers une carrière cinématographique?

Et bien, c’est tout simplement un concert, un concert mémorable auquel assistait Louis Mayer, grand amateur d’opéra et président de la M.G.M.

Le 28 août 1947, Mario Lanza, jeune ténor de 26 ans, qui a déjà à son actif une vingtaine de concerts triomphaux aux Etats-Unis et au Canada, dont deux concerts géants au Grant Park de Chicago, remplace fortuitement le ténor Ferruccio Tagliavini lors d’un concert au Hollywood Bowl de Los Angeles.

Comme pour ses concerts précédents, le public est fasciné et subjugué. Sa prestation est un nouveau triomphe. Elle est saluée par une standing ovation de 12 minutes.

A la fin de la représentation, Louis Mayer, ému aux larmes, se précipite dans la loge de Mario Lanza pour le féliciter et l’inviter à le revoir très prochainement.

Le Los Angeles Daily News écrit le lendemain : « Le ténor Lanza a électrisé l’auditoire qui l’a longuement acclamé, il a une voix splendide qu’il utilise avec intelligence et un art consommé. Déjà correctement développée, elle apparait comme une voix exceptionnelle. »

Ce concert restera à jamais dans la vie de Mario Lanza comme le « concert du destin », celui qui a changé de façon inattendue et radicale, son orientation professionnelle.

En effet, trois jours plus tard, le 30 août 1947, Louis Mayer, redoutable homme d’entreprise et de pouvoir, détecteur infaillible de grands artistes dont il faisait des stars universelles, reçoit Lanza dans son mythique studio de Culver City, haut-lieu de l’industrie cinématographique à Los Angeles et lui dit :

« Tu veux chanter l’opéra mon garçon ? Et bien tu vas le chanter, mais au cinéma, et pour des millions de spectateurs que tu rendras heureux ! »

Il lui tend un chèque de 10 000 dollars (125 000 euros actuels) en guise de bienvenue, et lui offre un contrat d’engagement de sept ans particulièrement avantageux, assorti de six mois de liberté par an pour donner des concerts, chanter à l’opéra et enregistrer des disques.

Qualifié de « Voix du siècle » par le chef Arturo Toscanini, chanteur surdoué, charismatique et incroyablement talentueux, Mario Lanza va devenir, avec ses films, qui vont très rapidement s’enchaîner, l’incarnation même du ténor d’opéra idéal, brillant, admiré, adulé.

En trois ans, Mario Lanza tournera quatre films et rapportera à la MGM 40 millions de dollars de bénéfice. Un résultat, bien supérieur aux prévisions les plus optimistes de Louis Mayer.

Avec un brio incomparable, Mario Lanza va apporter le prestige et le romantisme de l’opéra à un immense public mondial.

Son premier film, That Midnight Kiss (Le Baiser de Minuit), une comédie musicale riche en mélodies, contient néanmoins peu d’airs d’opéra.

Le film est produit et dirigé par deux grands professionnels du genre : Joseph Pasternak et Norman Taurog.

Ses principaux partenaires sont des artistes confirmés : la soprano Kathryn Grayson, dont c’est le 12ème film ; Ethel Barrymore, sœur des acteurs Lionel et John Barrymore et grand-tante de Drew Barrymore, la petite fille âgée de 7 ans qui joue le rôle de Gertie dans le film « ET», que tout le monde a vu ; Keenan Wynn et le maestro José Iturbi dont ce sera le dernier film.

Pour la première fois dans l’histoire de la MGM, le studio va insérer un air d’opéra complet dans un film. Mario Lanza chante « Celeste Aïda » de Verdi, accompagné par le grand orchestre de la MGM, dirigé par José Iturbi.

Dès sa sortie dans les salles en septembre 1949, le film va surprendra par l’ampleur de son succès dû à la voix sensationnelle et au physique solaire de ce nouveau venu à l’écran qu’est Mario Lanza.

Le public sidéré demande : Mais qui est Mario Lanza ? D’où sort-il ? Que sait-on de lui ? Où était-il caché ?

Les dirigeants de la MGM, enthousiastes, vont s’empresser de mettre en chantier un nouveau et flamboyant Technicolor, selon la formule de l’époque, dans lequel Mario Lanza chantera d’avantage d’airs d’opéra.

On écoute : Mamma Mia Che Vo Sape (Nutile/Russo), une mélodie que Mario Lanza chante partiellement au début du film ; la première chanson aussi qu’il enregistrera à New York pour RCA VICTOR le 5 mai 1949.

Son second film, une nouvelle comédie musicale intitulée « The Toast Of New Orleans », traduit en français par Le Chant de la Louisiane, est mis en chantier en octobre 1949.

Ce film est produit et dirigé, comme le précédent, par Joe Pasternak et Norman Taurog. Le directeur musical est le maestro George Stoll, célèbre compositeur de musique de film.

Ses principaux partenaires sont Kathryn Grayson, David Niven, Richard Hageman, J. Carol Naish et une nouvelle venue à l’écran, la pétillante danseuse portoricaine Rita Moreno, âgée de seulement 18 ans, qui sera en 1961 l’une des vedettes du film West Side Story.

Les parties musicales sont beaucoup plus riches en airs d’opéra que son film précédent.

La chanson du film, « Be My Love », enregistrée chez RCA par Mario Lanza, sera nominée à l’Academy Award et se vendra à plus d’un million d’exemplaires en moins de deux mois. Elle lui rapportera un premier disque d’or.

Selon Johnny Green, directeur musical de la MGM, le single de Be My Love, se serait vendu à plus de 11 millions de copies en 1968.

Le film sort dans les salles à New York le 29 septembre 1950 et il est acclamé par le public et la critique qui déclare unanime: « Peu importe la minceur du scénario quand on a la chance d’entendre et de voir Mario Lanza ! »

De nombreux et célèbres ténors, ont chanté dans des films : Gigli, Schipa, Roswaenge, Tauber, Schmidt, Kiepura, Kirkop, Nino Martini, Tagliavini, Melchior…, mais aucun, n’a jamais pu rivaliser avec le charisme, le romantisme, et la présence à l’écran de Mario Lanza.

On écoute “Be My Love” (Nicholas Brodszky et Sammy Cahn)

Puisque le public veut voir et entendre toujours plus Mario Lanza, le Studio va lui en offrir l’opportunité avec son troisième film,
Le Grand Caruso, réalisé par Richard Thorpe.

Dans cette biographie romancée de l’illustre ténor napolitain, Mario Lanza va crever l’écran.

Le Grand Caruso sera le film le plus « chantant » de l’histoire de la MGM. On y dénombre pas moins de 27 séquences chantées, dont 16 arias et duos, interprétés par Mario Lanza avec un exceptionnel brio.

Dans ce film, le plus mémorable et le plus prestigieux, Mario Lanza va faire beaucoup plus que d’incarner Caruso à l’écran. Avec sa voix magnifique et son talent inné de comédien, il va sublimer Caruso et le faire connaitre au monde moderne.

Ce flamboyant technicolor va en outre susciter la vocation de plusieurs générations de chanteurs, hommes et femmes et avoir un effet bénéfique sur le remplissage des salles d’opéra qui se désertaient aux Etats-Unis. Le public, enthousiasmé par Mario Lanza, voudra découvrir les opéras complets.

Ann Blyth, ravissante jeune actrice-chanteuse de 23 ans, est choisie pour jouer le rôle de Dorothy, l’épouse de Caruso.

Le film est co-produit par Joe Pasternak et Jesse Lasky qui a connu Caruso. En 1918 et 1919 Lasky avait produit les deux films de Caruso, « My cousine » et « The Splendid Romance » et il voulait depuis longtemps porter à l’écran la vie et la carrière de l’illustre ténor, dont il avait acheté les droits à film à Dorothy Caruso.

A la demande du célèbre maestro Peter Herman Adler, engagé par la MGM pour diriger les enregistrements d’airs d’opéra du film, Mario Lanza sera entouré des meilleurs talents du Metropolitan Opera de New York : les sopranos Dorothy Kirsten, Blanche Thebom, Jarmila Novotna, Marina Koshetz, Teresa Celli, Lucine Amara ; le baryton Giuseppe Valdengo, la basse profonde Nicola Moscona et  le ténor Gilbert Russell.

Tous seront émerveillés par Mario Lanza et le presseront de les rejoindre au Met.

Réalisé en huit semaines seulement de tournage, Le Grand Caruso se révèlera être un monument cinématographique et musical qui pulvérise tous les records de recettes de l’année 1951, et tous les records au box-office du cinéma mondial.

L’album RCA VICTOR, qui comprend huit arias du film, se vendra à 100 000 exemplaires, avant la sortie du film, et à plusieurs millions dans les mois et années qui suivirent. Il rapportera à Mario Lanza un nouveau disque d’or.

Le film, dont la Première a lieu à l’Egyptian Theatre sur Hollywood boulevard  le 29 mai 1951, en présence d’une galaxie de célébrités d’Hollywood, permet à Mario Lanza de montrer toute l’ampleur de son talent et l’installe au premier rang des plus grandes vedettes mondiales.

La chanson The Loveliest Night of the Year, interprétée dans le film par Ann Blyth, sera enregistrée par Mario Lanza chez RCA VICTOR et lui rapporte un nouveau disque d’or.

En 1953, Le Grand Caruso sort dans les salles en Italie et Pavarotti déclarera être allé voir le film tous les jours jusqu’à ce qu’il soit déprogrammé.

Il dira: « Depuis que Mario Lanza est mort, Caruso n’a plus de successeur, il n’a que des apôtres. »

Le fils cadet de Caruso ne tarira pas de louanges : « Aucun autre ténor, avant ou après Mario Lanza, n’aurait pu incarner la vie de mon père avec un pareil brio ! C’est Mario Lanza qui a fait le succès du film et mon père aurait été fier de lui!»

Les chefs, Fausto Cleva, Gaetano Merola et Victor de Sabata firent tous le déplacement à Hollywood pour l’exhorter à faire l’ouverture de la prochaine saison lyrique dans leurs opéras respectifs.

En 1965, Le Grand Caruso sera le premier film américain à être autorisé en URSS et les spectateurs, qui découvrent Mario Lanza, ne voudront jamais croire que le jeune chanteur qu’ils voient sur l’écran, est mort depuis déjà 6 ans.

Extrait du film, on écoute La Donna è mobile, de Rigoletto de Verdi, le premier opéra dans lequel Caruso a triomphé au Met lors de son arrivée en 1903.

Son quatrième film, Because You’re Mine (Parce que tu es à Moi) va marquer le début de tensions entre le ténor et la MGM dont Louis Mayer a été écarté.

Mario Lanza est convaincu qu’après l’énorme succès du Grand Caruso, les studios vont faire un pas de plus en avant vers l’opéra filmé.

Mais il se trompe. La MGM, dont les budgets sont désormais réduits, va renouer avec les expériences des comédies musicales précédentes moins onéreuses.

Le scénario de Because You’re Mine est des plus minces et des plus ridicules. Mais pour la MGM, la qualité des scénarios de ses films musicaux était très secondaire.

Son objectif premier était de distraire les spectateurs, de les faire rêver, de leur donner de la joie et du bonheur, de les sortir de la routine, voire de la monotonie de leur quotidien.

La distribution est aussi des plus indigentes. Trois des principaux partenaires de Mario Lanza sont des artistes de second plan. Economies obligent ! James Whitmore, Paula Corday et Doretta Morrow, une jeune actrice-chanteuse de Broadway dont ce sera l’unique film.

Produit par Joe Pasternak et dirigé par Alexander Hall, le film, après avoir été longuement retardé par Mario Lanza qui déteste le scénario, est finalement mis en chantier le 15 mai 1951.

Contre toute attente, Because You’re Mine, sorti dans les salles à New York le 25 septembre 1952, obtient un énorme succès dû à Mario Lanza qui interprète magnifiquement, non seulement la chanson-titre du film, Because You’re Mine, mais aussi Granada, accompagné par le grand orchestre de la MGM, dirigé par le maestro Irving Aaranson ; The Lord’s Prayer, avec un chœur dirigé par le maestro Jeff Alexander ; A Vucchella, Mamma mia che vo’ sapé, O Paradiso,  Addio alla madre…

Le film fera même l’objet d’une commande spéciale de Buckingham Palace à la demande de la Reine Elizabeth, et la chanson Because You’re Mine, enregistrée chez RCA VICTOR, lui rapportera un nouveau disque d’or.

Fin 1952, en présence de 800 célébrités du tout Hollywood, acteurs et grands noms de l’industrie du cinéma, la prestigieuse médaille d’or du magazine Photoplay, est décernée à Mario Lanza. Elle honore l’artiste le plus célèbre de l’année 1951 et sa performance dans Le Grand Caruso.

Lors de cette cérémonie, Mario Lanza s’excusera publiquement auprès d’Alexander Hall, pour avoir longuement retardé le tournage de Because You’re Mine, dont il pensait, à tort, que ce film « ferait un four ».

Mais, tous sont bien conscients, que c’est encore une fois Mario Lanza qui a fait le succès du film.

Extrait de Because You’re Mine, on écoute les vibrants et émouvants adieux à la mère « Addio alla madre » de Cavalleria Rusticana de Mascagni.

Le Prince étudiant devait être le cinquième film de Mario Lanza. Mais à la suite d’un sérieux différent avec Curtis Bernhardt, le metteur en scène du film, Mario Lanza va refuser de tourner le film et il sera suspendu par la MGM.

Dore Schary, un financier de New York, qui a évincé Louis Mayer de la tête du Studio, gère désormais les artistes, si grands soient-ils, d’une main de fer.

Tous doivent obéir aux exigences du nouveau patron de la MGM, sous peine d’être immédiatement révoqués, comme ce fut le cas de Clark Gable.

Suite au refus de Mario Lanza de tourner le film, la MGM intente un procès à son ténor superstar, toujours au sommet du box-office du cinéma mondial et des ventes de disques.

La MGM lui réclame plus de 700 000 dollars au titre des dommages subis par l’arrêt de la production du film, et 4,5 millions de dollars de dommages pour couvrir les pertes de recettes estimées du Prince Etudiant.

Mais le Studio, désirant absolument produire le film dans lequel il a déjà investi beaucoup d’argent, propose à Mario Lanza de lui vendre les droits d’utilisation de ses enregistrements. En contrepartie il renoncera au bénéfice financier de son procès.

Mario Lanza qui avait enregistré magnifiquement toutes les chansons du film, accepte cette proposition, et c’est Edmund Purdom, un jeune et bel acteur anglais de 30 ans qui jouera le rôle du Prince Karl Franz… avec la voix de Mario Lanza.

Malgré le talent de Purdom, le film aura un succès limité. Il y manque de toute évidence le charisme et la présence de Mario Lanza. Par contre le disque RCA se vendra à plusieurs millions d’exemplaires et ravira notamment Elvis Presley, amateur d’opéra et admirateur de Mario Lanza qui était son chanteur classique préféré.

Du Prince étudiant, on écoute « I’ll  Walk With God » (Je marcherai avec Dieu), une magnifique chanson de foi composée par Webster et Brodszsky, et interprétée par Lanza avec une ferveur qui embrumera d’émotion les yeux de Wesley Tourtelot, l’organiste qui l’accompagne).

Après sa rupture avec la MGM, Mario Lanza sera sollicité par les plus grands studios hollywoodiens. C’est avec Warner Bros, qu’il tourne en 1955 son cinquième film intitulé « Sérénade ».

Son cachet sera de 150 000 dollars, plus un pourcentage important sur les recettes.

Produit par Henry Blanke le film est dirigé par Anthony Mann, un réalisateur renommé et expérimenté. La direction musicale du film est assurée par le maestro Ray Heindorf, qui se dira impressionné par la grande dimension et la musicalité naturelle de la voix de Lanza.

Le scénario est inspiré du roman du même nom de James Mc Cain.

Ses principaux partenaires sont Joan Fontaine, Sara Montiel et Vincent Price.

Les extérieurs du film sont tournés au Mexique dans le petit village San Miguel de Allende et dans l’hacienda du célèbre torero Pepe Ortiz.

Au cours des trois dernières années pendant lesquelles il a été privé de chanter professionnellement, la voix de Mario Lanza s’est considérablement assombrie par rapport aux enregistrements précédents. Elle lui permet de chanter désormais, à 34 ans, des rôles de ténor dramatique.

Les très nombreuses séquences chantées sont enregistrées dans le studio Warner Bros de Burbank entre le 28 juin et le 8 décembre 1955.

Le chef Ray Heindorf dira : « C’est la première fois depuis que je suis à la tête du département musical de Warner Bros, qu’un chanteur réalise des enregistrements parfaits en une seule prise

La bande-son originale comprend de nombreux airs d’opéra dont le célèbre duo de 14 minutes, du troisième acte d’Otello : « Dio ti giocondi o sposo » que Lanza chante avec la grande soprano du Met, Licia Albanese.

Celle-ci, admirative, dira : « Pour moi, la voix de Mario Lanza était plus grande que celle de Caruso. Il avait la plus grande voix de ténor que j’aie jamais entendue.»

Durant le tournage, Mario Lanza reçoit sur le plateau la visite de l’une de ses grandes admiratrices, la soprano Renata Tebaldi, de passage à Los Angeles. Celle-ci déclarera: « Mario Lanza avait la voix d’un ange, mais lorsqu’il chantait à pleins poumons, ça décoiffait! »

La première du film a lieu le 1er avril 1956, au Radio City Music Hall de New York. La critique est généralement bonne, mais sans plus.

Certains critiques observent que ce film, le plus riche en séquences d’opéra, s’adresse plus à un public de connaisseurs qu’au grand public.

On écoute le «Lamento di Frederico » de l’Arlésienne de Ciléa, une interprétation qui tira les larmes des yeux du premier violon.

Ses deux films suivants, Mario Lanza les tournera à Rome où il a décidé de s’installer avec sa famille en avril 1957.

Pour son sixième film, Seven Hills of Rome (Les Sept Collines de Rome), réalisé en Technirama, un nouveau procédé de Cinémascope créé par Technicolor, le cachet de Mario Lanza sera de 200 000 dollars plus 30% des bénéfices et une avance immédiate de 50 000 dollars.

Dans ce film, Mario Lanza a pour partenaires : Renato Rascel, un acteur-compositeur de talent, Marisa Allasion, 22 ans, surnommée pour sa beauté la « Brigitte Bardot italienne », et Peggie Castle, une très jolie comédienne américaine.

Distribué dans les salles par la MGM, ce film est produit par Lester Welch pour CLOUD Productions.

Le Metteur en scène est Roy Rowland et le directeur musical, George Stoll.

Ce film est illustré par de nombreuses séquences musicales plutôt légères, très loin des partitions du « Grand Caruso » ou de « Sérénade ».

Avec beaucoup d’humour Mario Lanza imite, lors d’une séquence divertissante, la voix et les mimiques de Louis Armstrong, Dean Martin, Frankie Laine et Perry Como.

La chanson la plus remarquable du film est à l’évidence Arrivederci Roma composée en 1955 par Renato Rascel.

Durant son séjour à l’Hôtel Bernini, Lanza remarque une gamine d’une dizaine d’années qui chante sous ses fenêtres, Piazza Barberini, des chansons napolitaines, accompagnée à l’accordéon par son frère.

Lanza suggère à Roy Rowland de l’engager pour chanter cette chanson en duo avec lui. Luisa Di Meo, 11 ans, sera engagée et la rengaine, enregistrée Piazza Navona, fera le tour du monde et figurera au box-office de l’année 1957.

Luisa Di Meo, dira se souvenir toute sa vie de cette merveilleuse rencontre et de la gentillesse de Lanza à son égard.

On écoute Arrivederci Roma composée en 1955 par Renato Rascel.

Ironie du sort, For The First Time, qui signifie en anglais « Pour la première fois », sera le septième et dernier film de Mario Lanza qui mourra subitement à Rome le 7 octobre 1959, il y a eu 60 ans le mois dernier.

Le film sortira en France en 1961 avec pour titre : La Fille de Capri et Come Prima en Italie.

Distribué dans les salles, comme le précédent, par la MGM, ce film est une production allemande d’Alexander Grüter.

L’action, se déroule au milieu des splendeurs de Rome, Naples, Capri, Vienne, Salzbourg et Berlin. Elle sera pour le ténor la dernière occasion de faire entendre sa magnifique voix.

Le cachet proposé à Lanza est de 200 000 dollars plus 40% sur les bénéfices et une avance de 8000 dollars par mois.

Le film est réalisé par Rudolph Maté, renommé pour plusieurs films à succès, et pour avoir été « nominé » pour cinq Academy Awards.

Comme pour Les Sept Collines de Rome, la direction musicale est confiée au Maestro George Stoll.

Mario Lanza a pour partenaires, outre l’acteur allemand Hans Sohnker, la jolie Johanna Von Koczian, 25 ans, une jeune actrice allemande, nouvelle venue à l’écran ; l’acteur autrichien Kurt Kasznar, qui interprète avec beaucoup d’humour le rôle de l’impresario du ténor ; la belle et drôle Zsa Zsa Gabor, en femme fatale, son rôle préféré, c’est-à-dire… elle-même.

Le scénario est écrit par Andrew Solt, un scénariste hongrois qui travaille à Hollywood depuis plusieurs années.

Le scénario et les dialogues sont minces, mais comme pour les films précédents, c’est pour Mario Lanza que les foules se déplaceront.

Les enregistrements des airs d’opéra sont réalisés sur la scène et avec les 160 choristes et musiciens de l’opéra de Rome dirigés par Constantine Callinicos.

Tous sont surpris par la puissance de la voix du ténor dont ils pensaient qu’elle était amplifiée artificiellement par les ingénieurs du son.

Le Maestro Ricardo Vitale, Directeur Artistique de l’Opéra de Rome, présent lors de ces enregistrements, ne tarira pas d’éloges et proposera à Mario Lanza d’ouvrir la saison 1959-1960 à l’Opéra de Rome.

Deux nouveaux films lui étaient proposés, et une nouvelle série de concerts, en Europe, en Israël et en Afrique du Sud était prévue.

Mais on connait la suite…

On écoute Vesti la giubba, son aria fétiche, enregistré pour la dernière fois et superbement en Août 1958 sur la scène de l’opéra de Rome.

 

 

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Emission Cappuccino du 28 juillet 2019

juin 11th, 2019 par Alain Fauquier


 

 Emission du 28 juillet 2019

 

Pour des raisons techniques, ces deux émissions,
n’ont pu être diffusées.

Nous prions les auditeurs de Cappuccino
de bien vouloir nous en excuser.

 

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Emission Arte Lirica du 23 juin 2019

mai 28th, 2019 par Alain Fauquier


Affiche Grandes mélodies napolitaines portrait 1

MARIO LANZA

ET LES

GRANDES MELODIES NAPOLITAINES

 Après avoir chanté l’opéra, les grands standards américains, les comédies musicales et les chansons italiennes qu’il avait tellement entendues dans sa famille durant son enfance et son adolescence américaine dans la petite Little Italy de Philadelphie, sa ville natale, Mario Lanza décida, à la fin de sa courte vie, de consacrer tout un album à des chansons napolitaines.

Il s’attaquait là à un gros morceau et, à part, quelques airs devenus « internationaux » et qu’il avait chantés dès l’Amérique, il venait maintenant faire le choix de grandes, belles et sombres mélodies.

Mais écoutons d’abord, le fameux MARECHIARE (en napolitain) ou MARECHIARO en italien du nom du petit port pittoresque de la région de Naples, devenu célèbre par la Chanson MARECHIARE écrite par le poète Di Giacomo et le compositeur Francesco Paolo TOSTI.

On y parle d’une petite fenêtre, la Fenestella qui a le plus contribué au mythe du site de MARCECHIARE. ON dit que le poète et écrivain napolitain Salvatore Di Giacomo (1860-1934) apercevant un œillet dans un pot de fleurs sur le rebord d’une petite fenêtre,  trouva l’inspiration pour une des plus célèbres chansons napolitaines : A Marechiare.

De nos jours, la petite fenêtre est toujours fleurie d’un œillet et une plaque commémorative en marbre blanc rappelle la partition et le nom de l’auteur mort en avril 1934.

« Quanno spónta la luna a Marechiaro, pure li pisce nce fanno a ll’ammore… Scétate, Carulí, ca ll’aria è doce…!  »

En napolitain : « Quand la lune se leva à Marechiaro, même les poissons font l’amour … Réveille-toi, Caroline, que l’air est doux …  »

Pourquoi les chansons napolitaines ?

Parce que contrairement à ce que certains pourraient croire, ces chansons ne sont pas d’aimables fariboles, mais des œuvres, paroles et musique, de première importance et n’ont rien de « folklorique » au sens galvaudé et non approprié du terme.

Le Napolitain est une véritable langue, avec ses idiomes, ses sonorités, ses » histoires », ses thèmes, qui vont de l’amour, bien sûr, à la nostalgie, à la dureté et à la beauté de la vie, à l’évocation des immigrants quittant leur pays et Naples et Sorrente, à la mélancolie de tous, ceux qui partent et ceux qui restent, la mélancolie forme parfumée de la tristesse, et que Vincenzo Bellini, le grand et jeune maître du Bel Canto, appelait « Malinconia, Ninfa gentile », Mélancolie, Nymphe Gentille » ; on a compris, que viennent ensuite le temps qui passe, et la mort.

Et c’est ce qu’on trouve dans les mélodies napolitaines.

Pour les chanter il faut, si on ose dire, « du coffre », non pas seulement au sens physique mais émotionnel, et c’est ce que Caruso, lui-même napolitain, traduisait ainsi, avec ironie et sérieux :

« il y faut une grand capacité thoracique, une grande bouche, beaucoup de dur travail et un peu de cœur ».

Comme dit l’autre, il faut avoir vécu pour dire des choses belles et profondes avec simplicité.

Aussi Mario Lanza n’a-t-il chanté ces grands airs qu’une une fois en Italie où on sait qu’il est mort à 38 ans il y aura bientôt 60 ans, le 7 octobre 1959.

Et c’est en prenant de la maturité qu’il a décidé de se lancer un tel défi : à 37 ou 38 ans, il avait mûri bien vite, trop vite même pour pouvoir continuer à puiser en lui-même le pouvoir d’émouvoir et de bouleverser. Aussi, avec le recul, comprend-on qu’il a gardé ces airs napolitains pour la fin de sa vie, avec littéralement, les dernières forces de son cœur.

Nous écouterons un premier exemple avec « NA SERA E’ MAGGIO » (Une soirée de mai), histoire d’une rupture entre deux amoureux, le jeune garçon se souvient d’une soirée de mai où son amoureuse lui avait dit « oui » et, dit-il, « quand on a dit oui, on a dit oui », et maintenant elle pense à un autre …

Le Napolitain, comme le Sicilien, a besoin d’être traduit en Italien, accent et vocabulaire, pour la compréhension de tous et il n’est pas surprenant que le ténor Andréa Bocelli, dans un album d’hommage aux immigrants et fils d’immigrants qui ont fait la gloire de l’Italie à l’étranger, et il cite Mario Lanza, s’excuse d’avance auprès des auditeurs napolitains pour son accent policé de romain ou de florentin quand il chante des mélodies napolitaines.

En effet, un chanteur non napolitain, même doté d’une très belle voix, pourra certes s’acquitter honnêtement du travail, mais pour autant il ne pénétrera que superficiellement l’esprit de la chanson napolitaine, sans parler même de l’accent qui trahira son origine presque incompatible avec ce patrimoine musical napolitain.

Comment s’en étonner quand on connaît le particularisme des régions d’Italie, réunifiée seulement dans la deuxième moitié du 19ème siècle ?

Du même album, on écoute par Mario Lanza : « CANTA PE’ ME » (Chante pour moi) de Bovio et De Curtis. Arrangements d’Ennio Morricone.

Il fallait du coeur pour chanter en napolitain, mais il fallait aussi l’accent particulier de cette langue et Mario Lanza le chantait pratiquement comme un natif.

On connaissait son talent pour les accents et ses imitations chantées comme parlées, mais ici il s’attaquait à forte partie, lui qui était américain, fils d’italiens certes, mais de là à chanter en napolitain !

Et pourtant…

Cette chanson, « Santa Lucia luntana » (à ne pas confondre avec le célèbre Santa Lucia ») parle de ceux qui partent en bateau de Naples, et qui la voient s’éloigner, et lorsqu’ils voient la lune la nuit sur la mer, ils pensent à Naples et ils pleurent : « SANTA LUCIA LUNTANA » (Sainte Lucie si loin), « Quanta malincunia ». Quelle nostalgie !

Avec le fameux « CORE N’GRATO », plus connu sous le titre de « Catari… » nous abordons la première chanson napolitaine écrite en Amérique. C’était en 1911, musique de Salvatore Cardillo et paroles de Ricardo Cordiferro (dont le vrai nom était Alessandro Sisca).

Catari est une belle devenue indifférente à son amoureux  qui lui dit : « Catari, Catari, pourquoi me dis-tu ces paroles amères, pourquoi me parles-tu en tourmentant mon cœur ?

N’oublie pas (« Nun te scurda ») que je t’ai donné mon cœur, N’oublie pas ! (« Nun te scurda !)

Et puis c’est le fameux « CORE N’GRATO », « Cœur ingrat » ! et la chanson se termine par

« T’aie pigliato ‘a vita mia » (tu as pillé ma vie)

« Tutt’é passato », tout est fini, tout est passé

« Tu nun ‘nce pienze cchiû » !, tu ne penses plus à moi

Qui dit Naples, dit Sorrente, Surriento, la ville où Enrico Caruso, malade, crachant du sang, s’était retiré pour se refaire une santé, avant de mourir peu après à l’âge de 48 ans en 1921, l’année de naissance de Mario Lanza !

TORNA A SURRIENTO est la magnifique chanson des frères de Curtis, Ernesto (1875-1937) pour la musique et Giambattista, le poète, (1860-1926), pour les paroles.

La chanson vante les mérites de Sorrente, ses jardins, ses parfums d’orange et cette mer si belle et « Toi, tu dis je m’en vais, adieu ! » « tu t’éloignes de ce cœur », Reviens à Sorrente ! « Famme Campa » ! « Fais mi vivre »

On dit que cette chanson était en fait un clin d’œil au Premier ministre d’Italie, Giuseppe Zanardelli, qui passait ses vacances dans un hôtel de Sorrente, pour qu’il tienne sa promesse d’y revenir, mais on dit aussi qu’on lui rappelait une autre promesse : celle de refaire le réseau d’égouts de la ville, qui en avait bien besoin !

Mais revenons à la mer si belle, aux jardins et aux parfums des oranges, TORNA A SURRIENTO et souvenons-nous qu’Elvis Presley en avait fait une adaptation en anglais. (SURRENDER)

Voici maintenant une des plus belles chansons d’amour napolitaines, DICITENCELLO VUIE, composée en 1930 et dont le titre signifie « Dites le lui, vous » !

L’homme fait une déclaration d’amour indirecte en passant par une amie de la femme dont il est amoureux.

« Dites à votre amie/ Que l’ai perdu le sommeil et la fantaisie/ Qu’à elle je pense toujours/ Qu’elle est toute ma vie/ Ma passion est plus forte qu’une chaine/ Qui me tourmente l’âme/ et m’empêche de vivre/

Et le Refrain « A voglio bene, A voglio bene assai », « je l’aime ! je l’aime tant » est archi connu.

Mais ce n’est qu’à la fin de la chanson que l’on comprend que son interlocutrice est la femme qu’il aime quand il voit une larme qui coule sur sa joue.

Alors il dit : « Enlevons nos masques/ Et disons-nous la vérité ! »

Et enfin, il s’exclame non plus « Je l’aime » ! Mais « Je t’aime » !

Le procédé d’écriture est habile et délicat et ne permet pas la grandiloquence et les effets vocaux. Il faut être à la hauteur de l’écriture quand on chante cela.

La traduction française ne rend pas justice au charme infini de la langue napolitaine, où ces paroles, un peu passéistes et démodées, gardent tout leur sens premier et toute leur force.

Les plus grands l’ont chantée : Beniamino Gigli, Giuseppe Di Stefano, Tito Schipa, Mario Lanza, Mario Del Monaco, Luciano Pavarotti, Dmitri Hvorovstovski, José Carreras, etc… et même des actrices comme la grande Anna Magnani.

Mario Lanza en donne une version toute en retenue, avec une voie sombre qui donne un peu la chair de poule (il chante peu avant sa mort…). Ici rien que l’émotion et la simplicité dans une langue totalement respectée.

Pas d’excès ni démonstrations de chanteurs d’opéra (on ne donnera pas de noms, mais on peut les retrouver sur You Tube et on se dit que certains en font trop, on n’y croit pas, alors que la mélodie et le texte se suffisent).

Hommage aux auteurs Rodolfo Falvo pour la musique et Enzo Fusco pour les paroles.

Maintenant un peu de légèreté avec MARIA, MARI de Russo et Di Capua, auteurs très connus, comme De Curtis.

C’est une chanson d’amour, le jeune homme appelle Mari pour qu’elle vienne à sa fenêtre et il demande à dormir un peu dans ses bras, et il semble qu’elle lui fait légèrement signe entre les vantaux de la fenêtre ; Tout est gai et dans la ritournelle ou le refrain.

Quant à l’interprétation, ce qui frappe c’est l’aisance de la voix, son absence d’effort, comme si elle glissait sur un tapis d’air… et toujours cette sonorité de bronze, étonnante pour une voix de ténor

Encore une adorable chanson : COME FACETTA MAMMETA, de Capaldo et Gambardella.

Un jeune homme demande à son amie Concetta (Cuncé) : « Sais-tu comment ta mère t’a faite ? Comment a-t-elle fait une jolie peau comme la tienne ? Elle a pris des roses et des roses et du lait et du lait et des roses ; et ainsi de suite pour la bouche, la mère a mis un panier entier de fraises du jardin, du sucre, des pommes et de la cannelle ; et il a fallu une mine d’or entière pour fabriquer ces nattes dorées … etc…

Chanson courte chantée avec entrain, joie et légèreté, avec l’hommage à la maman qui a su, en un clin d’œil, fabriquer une si jolie demoiselle !

SENZA NISCIUNO, c’est à dire « Sans personne » ou « seul », chanson sur la solitude de celui qui se souvient de sa mère morte et lui parle.

La mort apparaît comme une constante avec son cortège de misères et de solitudes.

L’heure sonne au clocher de l’église, c’est l’Ave Maria, l’orphelin fait son signe de croix et pense à Mamma Mia ; il s’exclame : Quel Malheur, Hélas/ Seul sans personne ! Et toi ? / Morte pour moi / Et maintenant, où es-tu ? Est-ce que tu ris ? Es-tu contente ? Est-ce que mon tourment te tourmente ? » etc

Cette chanson de De Curtis, encore lui, et Barbieri, est un classique depuis Caruso et Lanza l’a enregistrée à Rome avec d’autres titres favoris de Caruso peu de temps avant sa mort : enregistrement de juin 1959, et mort le 7 octobre 1959.

Son interprétation est à la fois digne et bouleversante et il faut se souvenir, parlant de la mère, que Lanza avait une véritable adoration pour la sienne (qui lui a survécu d’ailleurs) et qu’il avait aussi une foi très forte (ancien enfant de chœur, élevé dans la religion, etc…).

Les paroles avaient pour lui une signification profonde Il faut l’entendre dire « Qué malasciorte, Ahimé «  Quel malheur Hélas ! » avant d’interroger « É tu » ? Et toi ? » d’une voix suppliante qui semble monter au ciel.

Magnifique et éprouvante interprétation, on allait dire « magnifique lamentation », également servie par une somptueux arrangement d’Ennio Morricone.

TU CA NUN CHIAGNE « Toi qui ne pleures pas, mais qui me fais pleurer », chanson de Bovio et de Curtis.

« Comme la montagne est belle cette nuit, belle comme je ne l’ai jamais vue »

« Tout dort et tout est calme »

« Mon âme est résignée et fatiguée »

« Sous la lueur de cette lune jaune

« Toi qui ne pleures pas et me fais pleurer,

Où es-tu cette nuit ?

Je te veux ! Je te veux ! ».

 

Mélodies diffusées :

 

MARECHIARE (Di Giacomo/Tosti)

16 Janvier 1958, Royal Albert Hall de Londres, Constantine Callinicos piano.

TORNA SURRIENTO (De Curtis)

5 Juillet 1955, Warner Bros Studios, Hollywood, Jacob Gimpel, piano

CATARI – CORE N’GRATO (Cardillo-Cordifero)

28 Mars 1952, RCA Victor, Orchestre dirigé par Constantine Callinicos

NA SERA E’MAGGIO (Pisano-Cioffi)

CANTA PE ME (Bovio-De Curtis)

SANTA LUCIA LUNTANA (Mario)

DICITENCELLO VUIE (Falvo-Fusco)

MARIA, MARI (Russo-Di Capua)

COME FACETTA MAMMETA (Capaldo-Gambardella)

TU CA NUN CHIAGNE (Bovio-De Curtis)

SENZA NISCIUNO (De Curtis-Barbieri)

Novembre et Décembre 1959 à Rome. Orchestre Franco Ferrara, chœurs Franco Potenza. Arrangements musicaux de Carlo SAVINA et Ennio Morricone

 

 

 

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Emission Arte lirica du 12 mai 2019

avril 12th, 2019 par Alain Fauquier


Affiche Di Sefano-portrait

Nous rendons hommage aujourd’hui au grand ténor italien Giuseppe Di Stefano, tragiquement disparu à Milan le 3 mars 2008 des suites d’une terrible agression survenue quatre ans plus tôt au Kenya où il séjournait dans sa résidence familiale.

Pour les mélomanes du monde entier, le nom de Di Stefano est indissociable de celui de Maria Callas dont il fut le partenaire principal pendant de nombreuses années.

Après leur première rencontre en 1951, lors d’une représentation de La Traviata à São Paulo, dirigée par le maestro Tullio Serafin, ils multiplièrent ensemble, scènes d’opéra, concerts et séances d’enregistrement.

La voix de Di Stefano était, à son zénith, l’une des plus grandes et des plus radieuses du monde de l’opéra et sa carrière demeure probablement unique, en ceci qu’il était déjà sur le déclin, à 39 ans, lorsqu’il accéda à la gloire internationale.

Les enregistrements que nous allons vous faire écouter, ont été réalisés à une époque où Di Stefano était dans la plénitude de ses moyens vocaux.

Du premier acte de Rigoletto de Verdi, on écoute Giuseppe Di Stefano et Maria Callas dans le duo « E il sol dell anima, la vita è amore » (L’amour est le soleil de l’âme). Un enregistrement réalisé à La Scala de Milan en septembre 1955. L’orchestre est dirigé par Tullio Serafin.

Giuseppe Di Stefano est né le 24 juillet 1921 à Motta Sant’Anastasia, une commune de la province de Catane sur la côte est de la Sicile.

Il est le fils unique d’un officier, devenu cordonnier après la guerre, et d’une couturière. De condition modeste, ses parents font de gros sacrifices pour qu’il puisse suivre des cours de chant dans un séminaire de Milan.

A l’âge de 17 ans, Il chante dans des cafés, des restaurants et des cinémas de Milan et remporte deux concours de chant, l’un à Milan et l’autre à Florence.

En 1940, il prend des cours de chant avec le baryton Luigi Montesanto.

Mais ses études seront interrompues par la guerre. Pendant trois ans, Di Stefano sera prisonnier en Allemagne.

Il s’évadera en 1943 et passera en Suisse où il sera accueilli dans un camp de réfugiés à proximité de Lausanne. La direction de Radio-Lausanne le remarque et le fait participer à des émissions.

À la fin de la guerre, Di Stefano revient à Milan et reprend ses leçons de chant avec Luigi Montesanto.

En avril 1946, il enregistre un disque de chansons italiennes sous le nom de Nino Florio. On écoute, par Di Stefano, « Mattinata », de Ruggero Leoncavallo, l’auteur de Paillasse.

Le 20 avril 1946 Di Stefano débute au Théâtre Municipal de Reggio d’Émilie dans le rôle de Des Grieux de Manon de Jules Massenet.

Il chante ensuite dans toute l’Italie : Les Pêcheurs de Perles à Venise, Rigoletto à Gênes, L’ami FritzRigoletto et La Traviata à Reggio d’Émilie ; La Sonnambula à Bologne et Manon à Plaisance.

Surnommé « Pippo » par ses amis, Di Stefano, est remarqué pour la pureté et la douceur de sa voix, la beauté de son timbre, sa diction parfaite, la passion qu’il mettait dans son chant et son charme typiquement sicilien.

A tous égards, Di Stefano est considéré comme le meilleur ténor lyrique italien depuis Fernando De Lucia.

En mars 1947, il se produit dans Manon au Liceu de Barcelone.

Sa popularité croit rapidement et il est engagé, dans sa troupe de la Scala de Milan et, sans être même auditionné, il fait ses débuts à la Scala dans Manon de Massenet en 1947.

On écoute Di Stefano et Callas dans le duo du premier acte de Lucia di Lammermoor de Donizetti: « Ah ! Verrano a te sull’ aure » (Mes soupirs seront portés par la brise embaumée). L’orchestre et les chœurs du Mai Musical de Florence sont dirigés par Tullio Serafin. Un enregistrement de 1953.

Di Stefano débute en février 1948 au Metropolitan Opera de New York, où il chante dans le rôle du Duc de Mantoue de Rigoletto.

En l’espace de deux ans il se produit sur plusieurs scènes parmi les plus prestigieuses du monde : Vienne, Londres, ChicagoSan Francisco, Mexico, Buenos AiresRio de JaneiroJohannesbourg.

Son talent est acclamé dans le monde entier. Son timbre chaleureux, sa technique sans faille et sa grande présence scénique font de Di Stefano un interprète idéal.

En 1950 il participe au Festival de Vérone dans Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet.

Sa carrière triomphale commence en septembre 1951 lors d’une rencontre spectaculaire avec Maria Callas et Tito Gobbi.

Une autre soirée tout aussi spectaculaire a lieu en mai de l’année suivante au Palacio de Bellas Artes à Mexico, quand Di Stefano chante encore avec Callas dans Les Puritains.

À Noël 1952, ils sont ensemble à La Scala pour une représentation de  La Gioconda de Ponchielli.

Du troisième acte des Puritains de Vincenzo Bellini, on écoute par Di Stefano et Callas, le duo passionné entre Arthur et Elvira « Vieni fra queste braccia » (Viens dans ces bras), où le ténor doit atteindre deux contre-ré. L’orchestre de La Scala est dirigé par Tullio Serafin.Un enregistrement réalisé en 1953

En 1952-1953, Di Stefano commence à se lasser de son répertoire de ténor lyrique. Il souhaite chanter désormais des rôles dramatiques, généralement dévolus à des voix plus larges.

Mais il n’a ni l’envergure ni la puissance vocale que requiert le répertoire vériste de la fin du romantisme.

Un autre grand moment dans sa carrière viendra en janvier 1954 à La Scala avec Lucia di Lammermoor dirigée par Herbert von Karajan ; Lucia est jouée par Maria Callas.

Ses débuts sur le sol britannique remontent à 1957 où il chante au Festival international d’Édimbourg, le rôle de Nemorino de l’Elisir d’amore de Donizetti.

Quatre ans plus tard, Di Stefano se produit dans Tosca à Covent Garden et au Royal Opera House de Londres.

A Berlin-Ouest il chante dans l’opérette romantique de Franz Lehar, Le Pays du sourire qui remporte un grand succès.

Du troisième acte de Tosca de Puccini, on écoute Di Stefano chanter « E lucevan le stelle ». L’orchestre et les chœurs de la Scala sont dirigés par Victor de Sabata. Un enregistrement réalisé en 1953.

Mais cette fois, c’est décidé. Après avoir chanté, avec un immense succès, de nombreux rôles du répertoire romantique, Di Stefano décide de s’attaquer au répertoire héroïque pour lequel il n’est visiblement pas fait.

En cinq ans la voix est en lambeaux.

Entre 1956 et 1960, Di Stefano fit, probablement, plus de mauvais choix de répertoire qu’aucun autre chanteur.

Au lieu d’entretenir ses précieux talents, il est tenté de se mesurer à des Mario Del Monaco, Carlo Bergonzi et autres Franco Corelli, et il perdit son pari.

A partir de 1960, alors qu’il n’a même pas 40 ans, ses prestations se détériorent.

Le musicologue anglais Matthew Boyden écrit dans son livre sur l’histoire de l’Opéra : « Pour quiconque ayant entendu Di Stefano chanter dans les années 1940, c’était un peu comme de voir Laurence Olivier oublier son texte ».

Du premier acte de Carmen de Georges Bizet on écoute Di Stefano chanter l’air de la fleur. Il est accompagné au piano par Robert Sutherland. Un enregistrement réalisé lors d’un récital donné avec Maria Callas au Canada, sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier de Montréal.

Di Stefano retrouve encore Maria Callas, avec laquelle il est affectivement très lié, pour une représentation des Vêpres siciliennes lors de la réouverture du Théâtre Régio de Turin.

En 1972 il propose à Maria Callas de faire, en sa compagnie, une tournée internationale de récitals, afin de collecter des fonds pour financer le traitement médical de sa fille.

Au cours de cette tournée, les voix des deux artistes apparaissent très abîmées et leur série de concerts sera interrompus à Sapporo
le 11 novembre en 1974 .

Même avec sa voix réduite à un murmure, Di Stefano poursuivra ses apparitions publiques jusque dans les années 1990.

En juin 1992, il chante le rôle de Calaf dans Turandot sur la scène des thermes de Caracalla à Rome.

Fin 2004, alors qu’il séjourne au Kenya dans sa villa familiale de Diani sur le littoral kenyan de l’océan Indien, il est victime d’une violente agression.

Grièvement blessé à la tête Di Stefano est hospitalisé à Mombasa, puis évacué vers Milan ; mais il  ne se remettra pas de ses traumatismes et restera totalement invalide.

En décembre 2007 il tombe dans le coma et meurt dans sa résidence de Santa Maria Hoè, au nord de Milan, le 3 mars 2008, à l’âge de 86 ans.

Pendant plus de vingt ans Giuseppe Di Stefano aura foulé les scènes les plus prestigieuses.

Il sera pris pour modèle par Pavarotti et Carreras qui lui voueront une admiration sans borne.

José Carreras l’invitera régulièrement à se produire à ses côtés à l’occasion des nombreux galas en faveur de l’Afrique ou de la lutte contre la leucémie.

Du troisième acte de Rigoletto de Verdi,  on écoute, par Giuseppe Di Stefano, Maria Callas, la contralto Adriana Lazzarini et Tito Gobbi, le quatuor : « Bella figlia dell amore » (Belle fille de l’amour). L’orchestre et les chœurs de la Scala sont dirigés par Tullio Serafin. Un enregistrement réalisé en septembre 1955.

 

 

 

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Emission Arte lirica du 31 mars 2019

février 16th, 2019 par Alain Fauquier


VOIX D OPERA 31 mars 2019 portrait

Pour commencer cette émission nous avons sélectionné une très belle aria extraite de l’acte IV de l’opéra André Chénier d’Umberto Giordano. Cette aria c’est  « Come un bel di di Maggio » (Comme un beau jour de Mai).

Dans la cour de la prison Saint-Lazare, le poète André Chénier attend le tombereau qui doit l’amener sur lieu de son exécution. Son ami Roucher lui demande de lire le poème qu’il vient d’écrire et qui décrit les sentiments du poète face à la mort. « Come un bel di di Maggio » est interprétée ici par l’immense Plácido Domingo qu’on ne présente plus ; il est devenu aujourd’hui une véritable institution planétaire. Il est accompagné par James Levine et le National Philharmonic Opera.

Extrait du 1er acte du Barbier de Séville de Rossini nous allons écouter l’air de Rosine, le brillant « Una voce poco fa » (j’ai entendu une voix). Cet aria est chanté ici, avec une grande virtuosité, par la célèbre « Scottine » qui est le surnom affectueux, donné par ses nombreux admirateurs, à la grande soprano italienne Renata Scotto. Au cours de sa longue et triomphale carrière qui dura plus de 40 ans, Renata Scotto a interprété sur les plus grandes scènes du monde 45 opéras et 100 rôles. Cette grande cantatrice, âgée aujourd’hui de 85 ans, a remporté une multitude de prix dont un Emmy Award. Elle est accompagnée par le Philharmonia Orchestra dirigé par Manno Wolf-Ferrari. Un enregistrement de 1959.

Nous restons avec le Barbier de Séville dont nos allons écouter l’air du 1er acte chanté par Figaro qui est à la fois le barbier et l’homme à tout faire de la ville, le célèbre « Largo al factotum della cità » (place au serviteur de la cité).Cette aria est interprétée ici avec maestria par le grand baryton américain Robert Merrill disparu à 85 ans en 2004. Grand virtuose et très bon comédien, Robert Merrill donna, depuis ses débuts en 1947 : 769 représentations au seul Met de New York où il était devenu une icône. Un enregistrement RCA réalisé le 3 décembre 1947.

Du 1er acte de l’opéra La Wally d’Alfredo Catalani nous vous proposons d’écouter l’émouvant « Ebben ? Ne andro lontana » (Et bien ! je m’en irais bien loin), par la soprano roumaine Angela Gheorghiu. Cette aria est extraite de son album « Hommage à Maria Callas » réalisé chez EMI en 2011. Angela Gheorghiu est accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Marco Armiliato.

On ne présente plus Rolando Villazon. Tout le monde connait le beau et ténébreux ténor franco-mexicain, aujourd’hui âgé de 46 ans. Il a chanté sur toutes les plus grandes scènes d’opéra du monde et participé à de nombreux concerts et émissions télévisées. Extrait du 1er acte de Der Rosenkavalier (Le Chevalier à la Rose) de Richard Strauss qui est depuis sa création en 1911 l’opéra allemand le plus joué, on écoute le célèbre « Di rigori armato il seno ». Rolando Villazon est accompagné par l’Orchestre de Munich dirigé par Michel Plasson. Un enregistrement du 25 septembre 2005.

La soprano italienne Katia Ricciarelli a triomphé sur toutes les plus grandes scènes d’opéra du monde. Sa voix et son art du  legato lui permirent d’être une magnifique interprète des rôles du bel canto. On l’écoute ici dans l’air du 2ème acte de Tosca de Puccini. C’est le moment où on entend des tambours : l’escorte accompagne Mario Cavaradossi à l’échafaud. Eperdue, Tosca chante le célèbre « Vissi d’arte, vissi d’amore » (J’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour). Un air qui commence doucement et évolue peu à peu vers un bouleversant éclat de douleur passionnée. Orchestre RTSI dirigé par Bruno AMADUCCI.

Lors de notre précédente émission du 3 février nous vous avons fait écouter le sublime et mémorable duo du troisième acte d’Otello de Verdi, « Dio ti giocondi o sposo », magistralement interprété par Licia Albanese et Mario Lanza. Nous vous proposons d’écouter aujourd‘hui le monologue qui fait suite à ce duo : « Dio mi potevi scagliar tutti i mali ». Un monologue dans lequel Otello dénonce, tourmenté, le déshonneur et la honte provoqués par la trahison supposée de son épouse Desdémone, dont il est à tort, convaincu. Un enregistrement réalisé par Warner Bros à Hollywood le 19 juillet 1955 pour le film « Sérénade ». L’orchestre de la Warner est dirigé par le Maestro Ray Heindorf.

Au mois d’octobre, à l’occasion du soixantième anniversaire de la mort de Mario Lanza, nous évoquerons ses films avec lesquels il a popularisé l’opéra auprès d’un immense public.

Pour terminer cette émission nous allons écouter le duo du deuxième acte de Rigoletto : « Si, vendetta tremenda… », entre le père (ici, le grand baryton italien Tito Gobbi) et la fille, (Maria Callas, la Divine). Un enregistrement réalisé en septembre 1955. L’orchestre et les chœurs de La Scala sont dirigés par Tullio Serafin.

 

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Emission Arte lirica du 3 février 2019

janvier 19th, 2019 par Alain Fauquier


Duos célèbres-portrait

Pourquoi ne pas consacrer une émission aux duos ?

L’opéra n’est pas seulement le lieu où l’on chante les grands airs solo du répertoire, mais le théâtre de la vie, où les protagonistes, hommes et femmes, se parlent, s’aiment, se détestent, et meurent, ensemble ou séparément…

Ouvrons notre émission par l’opéra de Gaetano Donizzetti, LUCIA DI LAMMERMOOR, un opéra de vrai Bel Canto, d’après le roman de Sir Walter Scott, sur un livret de Salvatore Cammarano.

C’est évidemment une histoire d’amour contrarié puisque Lucia di Lammermoor aime le seul homme qu’elle ne devrait pas aimer, Edgard de Ravenswood dont la famille est ennemie de celle des Lammermoor et que son frère veut la marier à un autre pour faire un mariage politiquement et financièrement intéressant. Cela finira mal parce que le frère de Lucia intriguera pour tromper les amoureux et faire croire à chacun que l’autre l’a trahi. Lucia va épouser le candidat de son frère, elle en perdra la raison et tuera son mari le soir de ses noces avant de mourir elle-même de douleur.

Son amoureux, Edgar, qui se croit trahi, va apprendre qu’elle est morte et il se tue à son tour. Trois morts… Tragédie écossaise…

Le duo que l’on écoute est celui où Edgar (Edgardo) se passe avant le départ d’Edgardo pour la France, rencontre des deux amoureux.

Edgardo jure, devant la tombe de ses aïeux, de venger ceux-ci, eux aussi trahis.

C’est le fameux « Sulla tomba che rinserra il tradito genitore » « Sur la tombe qui renferme le père trahi », mais, il ajoute : « Mais je t’ai vue et un autre sentiment a emporté la colère » : « Ma ti vidi e l’ira t’acque ».

Quant à Lucia, elle tente de calmer la fureur d’Edgardo : « Cedi a me » : « Cède-moi ».

« Sulla tomba… » Edgardo est interprété par Ferrucccio Tagliavini et Lucia est incarnée par Maria Callas, un morceau d’anthologie.

Nous passons à Giacomo Puccini et à son opéra TURANDOT, créé à la Scala de Milan en 1926, sous la direction de Toscanini, opéra qui dès les deux premières années va faire le tour du monde, dans toutes les grandes maisons d’opéra avec les gloires vocales et musicales de l’époque.

Le thème est inspiré d’une fable : une princesse chinoise, Turandot, aussi belle que cruelle, soumet ses prétendants à trois énigmes.

Les résoudre c’est avoir sa main et ultérieurement le trône, échouer c’est mourir et tous les prétendants échouent face aux trois énigmes et sont exécutés comme le malheureux prince de Perse qui, au début de l’opéra marche vers son supplice, la décapitation à l’apparition de la lune. Après s’être réjouie de cette exécution, la foule demande grâce pour le condamné mais la princesse Turandot paraît à son balcon et refuse cette grâce.

Tous sont ulcérés et surtout Calaf, Prince de Tartarie, qui est présent avec son père Timour, roi déchu et aveugle qui cache son identité pour ne pas être tué. Est aussi présente Liu, une servante qui sert assiste le roi déchu et partage son sort, parce qu’un jour, dira le roi déchu à son fils, je lui ai souri ! Calaf aussi cachera son identité.

Mais quand il voit Turandot à son balcon, il est conquis par sa beauté en même temps qu’il l’exècre pour sa cruauté ; Il décide de la conquérir et de se soumettre aux trois énigmes au risque, presque certain, d’échouer et de mourir comme les autres.

Son père, Liu et d’autres personnages de l’ancienne cour de son père, tentent de le dissuader d’aller vers une mort certaine, mais en vain. ET c’est le thème des deux airs que nous allons entendre et qui se suivent dans l’opéra :

Dans le premier, Liu, qui aime le prince Calaf, tente de le dissuader : « Signore, ascolta » « « Seigneur, écoute ». Et comme elle échoue à le convaincre d’abandonner, elle pleure et lui la console par le second magnifique, non moins magnifique que le premier : « « Non piangere, Liu », « Ne pleure pas Liu ».

Les deux voix sont uniques, Liu est Renata Tebaldi et Calaf Jussi Bljoerling. (Turandot était l’immense Birgit Nilsson mais nous ne l’entendons pas ici.)

C’est un duo de PAGLIACCI que nous allons entendre maintenant.

Les personnages sont Nedda, c’est à dire Colombine, la femme de Canio (Pagliaccio). Elle est surprise par Tonio, un personnage contrefait, bossu, qui fait partie de la même troupe de comédiens ambulants et qui lui fait une émouvante déclaration d’amour et… elle se moque de lui, il lui demande se taire, elle continue, et il finit par la menacer : « Tu me le paieras ». Il la dénoncera à son mari qui la tuera de même que son amoureux, Sylvio, autre comédien du cirque.

C’est cette scène et ce duo que nous écoutons, Nedda et Tonio, l’amoureux malheureux éconduit et ridiculisé, rôles interprétés par Maria Callas et Tito Gobbi.

Revenons à Verdi avec LA TRAVIATA et un duo américain avec la superbe Anna Moffo et le grand ténor Richard Tucker, du Metropolitan Opera de New York, chantant « Parigi O cara ». Ils sont accompagnés par l’Orchestre de l’Opéra de Rome, Direction Fernando Previtali.

Nos allons maintenant entendre, extrait d’OTELLO de Verdi le célèbre et inquiétant « Duo du mouchoir » (« Il fazoletto »), où Otello, trompé par son subordonné Iago (le « méchant ») a fini par croire que sa femme Desdémone, le trompe avec un de ses officiers, Cassio, dont Iago est jaloux.

Iago fait la naître une noire jalousie dans le cœur de Otello, qui va peu à peu conduire Otello à tuer Desdémone puis à se tuer lui-même quand il comprendra, trop tard, que Iago l’a trompé.

Mais nous n’en sommes qu’au début de la jalousie, quand Otello réclame à sa femme le mouchoir magique (« il fazoletto ») qu’il lui a offert. Il dit qu’il a mal à la tête et il veut qu’elle lui serre le front avec ce mouchoir et ce seul mouchoir, qu’elle n’a pas sur elle. Et pour cause, Iago le lui a fait voler par sa femme, qu’il a forcée à voler, sa femme qui est dame de compagnie de Desdémone. Iago veut faire croire à Otello que Desdémone a donné ce mouchoir à Cassio comme gage d’amour, alors qu’il n’en est rien. Desdémone plaide la cause de Cassio auprès de Otello parce que c’est un grand capitaine et qu’il est loyal à Otello et cahque fois qu’elle parle de Cassio, Otello voit rouge et s’enflamme. Peu à peu, il devient littéralement fou et traite sa femme de « courtisane » alors qu’elle jure qu’elle est pure, et Otello, qui ne la croit pas et qui réclame comme un fou « il fazoletto » Il fazoletto » !, finit par lui crier : « Giura ! Giura e ti danna ! « Jure ! Jure et tu seras damnée ».

Il fallait rien moins que Mario Lanza et Licia Albanese pour interpréter ce duo très difficile où Mario Lanza montre et vocalement et comme acteur quel Otello extraordinaire il aurait été, ou qu’il était déjà : l’enregistrement avec la grande dame du Métropolitan Opéra avait été fait pour le film « Sérénade », de Warner Bros. La voix de Lanza est sublime et déjà très sombre pour son âge, lui permettant d’interpréter un tel rôle, que ceux qui le peuvent n’abordent qu’à la maturité de l’âge et de l’art.

Caruso, par exemple, disait qu’il fallait être fou pour s’attaquer à Otello, rôle vocalement exigeant et qui épuise les voix).

MACBETH, c’est l’histoire de la conquête du pouvoir par l’assassinat, ou plutôt les assassinats successifs.

Des sorcières ont prophétisé à Macbeth qu’il serait roi d’Ecosse, mais que la descendance de son ami Banquo lui succèderait à lui, Macbeth.Alors, poussé par sa femme, Lady Macbeth, encore plus ambitieuse que lui, il tuera le roi Duncan, et mais fera aussi assassiner Banquo. Il deviendra Roi, mais les descendants de Banquo organiseront la résistance et Macbeth mourra, de même que sa femme, devenue folle.

Dans le duo que nous écoutons, Lady Macbeth encourage son mari à tuer. Elle lui reproche de la fuir, elle lui dit que ce qui est fait est fait et qu’il faut continuer à tuer pour garder le pouvoir.

Après ses encouragements à son mari, celui-ci s’écrie : « Banquo, l’eternita t’apre il suo regno » (« Banquo, l’éternité t’ouvre son royaume »). On écoute le duo Macbeth et Lady Macbeth : “Perche me sfuggi” (“Pourquoi est-ce que tu me fuis ?”)

Les interprètes sont prestigieux : Leonard Warren (Macbeth) et Leonie Rysanek (Lady Macbeth) et la troupe du Metropolitan Opera de New York , avec Jerome Hines dans le rôle de Banquo. A la direction d’orchestre, Erich Leinsdorf

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Emission Arte lirica du 9 décembre 2018

novembre 15th, 2018 par Alain Fauquier


Affichr Montserrat portrait

C’est avec un immense plaisir que nous rendons hommage aujourd’hui à la grande diva espagnole Montserrat Caballé, décédée à Barcelone, sa ville natale, le 6 octobre 2018.

Surnommée « La Superba », après que Maria Callas eut été surnom-mée « La Divina » et Joan Sutherland « La Stupenda », Montserrat Caballé fut sans nul doute la voix féminine espagnole la plus belle et la plus importante du XXème siècle, avec Victoria de Los Angeles, Pilar Lorengar et Teresa Berganza, les sopranos de ce que l’on a appelé la Génération Lyrique Espagnole, avec pour les hommes, Alfredo Kraus, José Carreras (que Montserrat Caballe, allait soutenir à ses débuts),  Placido Domingo et Giacomo Arragall.

Sa voix, d’une rare beauté, au parfum enivrant et à la couleur capiteuse et dense, était d’une pureté et d’une homogénéité parfaites. Alliée à une technique du souffle exceptionnelle, elle a donné lieu à l’une des plus brillantes carrières lyriques du monde.

Exemple unique de polyvalence lyrique, Montserrat Caballé a interprété plus de quatre-vingts rôles, de l’opéra baroque à Verdi, Puccini, Wagner, Strauss… au répertoire belcantiste, c’est à dire Donizetti et Bellini.

Extrait de l’opéra Gianni Schicchi de Puccini, on écoute Montserrat Caballé chanter  le très populaire « O Mio Babbino Caro » (O Mon Cher Père)

Maria Montserrat Viviana de Caballé  i Folch, c’était son nom complet, est née le 12 avril 1933 en Catalogne dans une famille modeste.

Après avoir étudié le piano au conservatoire du Liceu de Barcelone,  elle entreprend avec le soutien d’une famille d’industriels mécènes, des études de chant sous la direction de la soprano hongroise Eugenia Kemeny.

Etudes qu’elle poursuivra avec la cantatrice Conchita Badia considérée comme l’une des plus grandes interprètes de la chanson catalane, espagnole et latino-am&ricaine du XXème siècle, et le chef d’orchestre italien Napoleone Annovazzi qui relança l’opéra italien en Espagne et fut le directeur musical du Liceu de Barcelone de 1942 à 1953.

On écoute Montserrat Caballé qui chante en duo avec Marilyn Horne la « Barcarolle » des Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach.

En 1956, Montserrat Caballé fait ses débuts à l’Opéra de Bâle dans le rôle de Mimi, dans La Bohème de Puccini.

En 1959, elle est engagée par l’Opéra de Brême où elle chante un très large répertoire de soprano lyrico-dramatique, de Mozart
à Dvořák en passant par Verdi et Puccini, sans toutefois  parvenir à trouver sa véritable personnalité vocale.

Sa renommée s’accroît avec des prestations remarquées à l’Opéra de Vienne où elle chante Salomé de Richard Strauss en 1958 ; ou encore à la Scala de Milan où elle interprète Parsifal de Richard Wagner en 1960.

En 1962, elle retourne à Barcelone et fait ses débuts au Gran Teatre del  Liceu dans le rôle-titre d’Arabella de Strauss, un théâtre auquel elle demeurera fidèle tout au long de sa carrière.

Extrait du 2ème acte de Tosca de Puccini, on écoute Montserrat Caballé chanter le célèbre « Vissi d’arte, vissi d’amore » (J’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour)

En 1964, elle épouse le ténor d’opéra aragonais Bernabé Martí avec qui elle aura deux enfants : un garçon également prénommé Bernabé, en 1966, et une fille, Montserrat Martínez plus connue sous le nom de Montserrat Marti ou « Montsita », née en 1972, qui deviendra également cantatrice et partagera avec elle la scène à de nombreuses reprises.

On écoute un court  duo entre la mère (77 ans) et la fille (38 ans) qui interprètent, lors d’un concert télévisé en 2010, un Noël allemand : « Leise rieselt der Schnee »  (Doucement tombe la neige).

Le premier succès international de Montserrat Caballé a lieu en 1965 quand elle remplace Marilyn Horne, enceinte, pour une Lucrezia Borgia en version de concert au Carnegie Hall de New York, où elle fait sensation.

A l’issue de cette représentation, le New-York Times titrera : « Caballé, c’est Callas et Tebaldi réunies ».

La même année, elle fait ses débuts au Festival de Glyndebourne et au Metropolitan Opera de New York dans le rôle de Marguerite du Faust de Gounod. C’est à l’issue de cette représentation qu’elle sera surnommée : « La Superba »

En 1967, Montserrat Caballé enregistre sa première Traviata sous la direction de Georges Prêtre aux côtés de Carlo Bergonzi et Sherill Milnes.

En 1972, elle fait ses débuts à la Scala, dans Norma de Bellini, rôle qu’elle enregistre la même année avec le jeune Plácido Domingo et Fiorenza Cossotto.

Extrait du deuxième acte de Madame Butterfly de Puccini, on écoute Montserrat Caballé chanter : « Un bel di vedremo » (Un beau jour nous verrons)

La même année, en 1972, Montserrat Caballé fait aussi ses débuts au Royal Opera House de Londres dans le rôle de Violetta dans La Traviata de Verdi.

C’est à partir de cette époque qu’elle explore systématiquement le répertoire du bel canto romantique : Rossini, DonizettiBellini et les œuvres de jeunesse de Verdi, participant à la résurrection de ce genre aux côtés des Joan SutherlandBeverly Sills et Leyla Gencer.

En 1973, elle reçoit la Médaille d’or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sports.

Caballé devient aussi une récitaliste renommée, essentiellement de chansons de son Espagne natale.

Elle se produit à de nombreuses reprises sur scène et en récital avec Marilyn Horne, notamment dans Semiramide de Rossini au festival d’Aix-en-Provence en 1980.

Cette collaboration se double de plus d’une amitié et d’une grande admiration réciproque.

Après le milieu des années 80, la cinquantaine dépassée, de santé fragile, Montserrat est contrainte de réduire ses apparitions et de s’éloigner de la Scala.

Elle n’en poursuit pas moins sa carrière, auprès d’un public élargi. C’est ainsi qu’on l’entend en concert, dans Les Danaïdes d’Antonio Salieri à l’Opéra de Montpellier en 1986.

Sa célébrité est telle qu’elle lui permet de franchir la sacro-sainte frontière du monde de l’opéra et de la pop sans apparemment offusquer outre mesure les puristes du monde de l’opéra.

Son duo avec le célébrissime chanteur de rock Freddie Mercury en 1987 est encore dans toutes les oreilles et toutes les mémoires.

La chanson interprétée a pour titre : « Barcelona ». C’est un succès qui donnera lieu à un album du même nom.

Montserrat-Caballé interprètera également ce morceau avec Freddie Mercury en live au Ku Klub d’Ibiza le 29 mai 1987 ainsi qu’à Barcelone le 8 octobre 1988.

Cette célébrissime chanson deviendra en 1992 l’hymne des Jeux olympiques de Barcelone et figurera au palmarès des ventes en Europe.

Montserrat Caballé la chantera une nouvelle fois, accompagnée par un enregistrement du défunt Freddie Mercury, lors de la finale de 1999 de la Champions League au stade du Camp Nou à Barcelone.

En 1995, elle a participé à l’album de Vangelis « El Greco », dédié au célèbre peintre de Tolède.

En 1997, elle avait  publié l’album « Friends for life » qui comprend de nombreux duos avec diverses personnalités de la musique pop notamment : Bruce Dickinson (chanteur du groupe de Heavy MetalIron Maiden), VangelisJohnny Hallyday

Avec Johnny Hallyday elle enregistre une chanson intitulée : « Chanson pour ceux qui sont loin de chez eux »

On écoute ce surprenant et émouvant duo.

Le 3 janvier 2012, Montserrat Caballé fête ses 50 ans de carrière au Gran Teatre del Liceu , où le dernier rôle qu’elle interprète est celui de Catherine d’Aragon dans Henry VIII de Camille Saint-Saëns.

Le 20 octobre 2012, Montserrat Caballé, âgée de 79 ans, est hospitalisée à l’hôpital Sant Pau de Barcelone après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral pendant un séjour en Russie.

Elle meurt le 6 octobre 2018 dans ce même hôpital à l’âge de 85 ans.

Ambassadrice de l’UNESCO, Montserrat Caballé  a créé à Barcelone une fondation pour les enfants nécessiteux.

Elle demeurera une des plus grandes Norma du XXème siècle.

On écoute, pour terminer ce court hommage à Montserrat Caballé, le sublime et très émouvant « Casta Diva » ; cette prière à la Chaste Déesse qui constitue le point d’orgue de l’opéra de Bellini..

 

 

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Emission Arte lirica du 14 octobre 2018

octobre 1st, 2018 par Alain Fauquier


Basses et barytons-portrait

 Dans l’opéra, le grand public connait surtout les ténors et les sopranos, c’est-à-dire les chanteurs et chanteuses qui émettent les sons les plus aigus. Il ignore en général le nom des barytons et des basses, qui sont, si l’on ose dire, les mal-aimés ou les méconnus de l’opéra.

Les médias, et en particulier la radio de la télévision, ne donnent la parole ou la visibilité qu’aux ténors et aux sopranos.

Permettez-nous cependant de dire qu’à l’opéra Club Mario Lanza, nous ne méconnaissons pas ces voix basses, profondes et humaines, et nous avons, d’ailleurs, consacré des programmes complets au grand baryton italien Tito Gobbi, à la non moins célèbre basse italienne Ezio Pinza au célèbre baryton russe récemment disparu, Dmitri Hvorostovski, comme, côté cantatrices, à la grande mezzo-soprano italienne Giulietta Simionato et nous avons fait, entendre de grands barytons comme Robert Merrill, Léonard Warren, George London, Lawrence Tibbett, Dietrich Fischer-Dieskau et tant d’autres encore.

Cette fois, nous consacrons une émission entière aux « Basses et barytons ».

Malheureusement, nous ne pourrons, faute de temps, écouter toutes ces voix. De plus la qualité de certains très anciens enregistrements « historiques » pose problème à l’audition.

Évoquons cependant ces gloires passées et aussi contemporaines : Victor Maurel, baryton favori de Verdi, Giuseppe de Luca, Tita Ruffo, Ricardo Stracciari, Fedor Chaliapine, et, plus de de notre temps, Boris Christoff, Nicolas Ghiaurov, Jerôme Hines, Nicola Moscona, Piero Capuccili, et encore plus près de nous, Thomas Quastoff, Ruggero Raimondi, Sherill Milnes, Simon Keenlyside, Gabriel Bacquier, etc…, noms qui nous viennent spontanément à l’esprit, et tant d’autres encore qu’on voudra bien nous excuser de n’avoir pas cités !

Tous ces immenses chanteurs méritent notre respect et notre admiration et nous espérons les retrouver dans un futur récital pour leur rendre justice à tous…

Autre difficulté, qui réduit le nombre des voix entendues, nous avons consacré le récital aux barytons et aux basses, alors que chaque catégorie aurait mérité un programme propre, étant entendu que nous avons des « barytons « clairs » et des barytons basses ! Ceci a également limité le nombre d’artistes. La difficulté a donc été de choisir entre tant de voix magnifiques, d’autant que, pour simplifier le tout, il y a des …barytons-basses, c’est à dire des voix mixtes !

En effet, ces catégories ne sont pas toujours aussi nettes que l’on pourrait le penser et les limites vocales des registres individuels sont parfois relativement floues, au point que certains chanteurs ont commencé leur carrière comme barytons, pour se rendre compte qu’ils étaient en fait des ténors : ainsi de Placido Domingo ou de Carlo Bergonzi, parmi bien d’autres.

Il y a aussi des différences dans la catégorie des basses, qui connait les basses proprement dites et les basses « profondes » comme Martti Talvela ou Cesare Siepi, ou Ezio Pinza.

Enfin, au plan du répertoire, dans le répertoire de l’opéra les voix de baryton et de basse sont celles à qui l’on confie les rôles de rois (Don carlos, de Verdi, « Ella giammai m’amo »), de personnes respectables, des pères, comme dans la Traviata, (Germont père), de grands prêtres, comme Sarastro dans La Flûte Enchantée, ou de personnalités inquiétantes comme Le Grand Inquisiteur, encore dans l’opéra Don Carlos, de Verdi, soit encore des rôles de traîtres ou de « méchants » ou d’âmes damnées, comme Iago dans l’opéra Otello, de Verdi, ou de Scarpia, dans La Tosca, de Puccini, ou même du Diable, Mephistophéles, dans le Faust de Gounod ou dans la Damnation de Faust, de Berlioz, ou le Mefistofele d’Arrigo Boito.

Autant de voix de violoncelles ou de contrebasses…

Et maintenant, prima la musica, comme dit le maestro Riccardo Muti, qui a ainsi titré son autobiographie !

Commençons par le grand baryton italien Renato Bruson, chanter une « aria antiqua », air du 18ème siècle, un classique des grands récitals : barytons, ténors (par exemple Mario Lanza, Luciano Pavarotti, José Carréras) et sopranos, comme Cécilia Bartoli, et tant d’autres, qui le mettent à leur répertoire).

Cet aria, c’est le fameux « Gia Il sole dal Gange », d’Alessandro Scarlatti

Nous passons maintenant au grand baryton-basse Tom Krause, né en Finlande en 1934 et décédé en 2013. C’était un merveilleux chanteur et un grand professeur, adoré de ses élèves de master classes, une personnalité exceptionnelle et charismatique.

Il chante un air de la Bohème, non celle de Puccini, mais l’autre, celle moins connue, de Ruggero Leoncavallo, l’auteur compositeur de Pagliacci. Cet air, c’est le magnifique et héroique « Scuoti Ô vento »

Un autre grand finlandais, le russophone Martti Talvela, magnifique et bouleversante basse profonde, décédé à 54 ans en 1989. Grand dans tous les sens : 2,03 m et 130 kilos !

Répertoire germanique (Wagner), russe (Boris Godounov, Eugene Onéguine) et même, bien que moins souvent, l’opéra italien, quand des basses profondes sont demandées (Don Carlos, et même Rigoletto) et… Mozart (la Flûte Enchantée, Don Juan, où il chantait un Commandeur impressionnant, comme tout ce qu’il faisait.)

Enfin, spécialiste des lieder allemands et des mélodies russes. Ici nous l’écoutons dans le célèbrissime « Ô Osis und Osiris » du Grand Prêtre Sarastro, de la Flûte Enchantée », de Mozart : grandeur et majesté !

Revenons maintenant à Faust, celui de Gounod, auquel nous avons consacré une émission entière, à Capuccino, pour écouter le fameux air « Avant de quitter ces lieux », déjà entendu par Lawrence Tibbett.

Valentin, le frère de Marguerite, va partir en guerre et il prie Dieu de protéger sa sœur qui lui a remis une « sainte médaille » pour le protéger au combat. A son tour Valentin « « Avant de quitter ces lieux, sol natal de mes aieux » confie sa sœur « A toi Seigneur et Roi des Cieux » et le prie, de façon émouvante, de « toujours, toujours la protéger ».

Cet air fameux, c’est l’Américain Thomas Hampson, un autre colosse et star mondiale de l’opéra, qui le chante.

Passons maintenant à un autre colosse, mais moins dramatique, souriant et éclatant de vitalité : il s’agit du jeune gallois Bryn Terfel, physique de rugbyman, voix magnifique et intelligence du chant. C’est une star mondiale de l’opéra.

Il chante tout, Mozart, Haendel, Wagner, Schubert, Mendelssohn, Berlioz, Schumann, Malher, Verdi, Berlioz et les grandes mélodies américaines et des Gospels comme Deep River, sans compter les mélodies du pays de Galles, en gallois bien évidemment !

Ici, nous l’écoutons chanter, extrait des Noces de Figaro, de Mozart, le fameux « Non piu andraÏ… »

Nous passons maintenant à plus grave, Mephistophelès, le Diable, qui chante « Ecco il mondo !». Cet opéra, Mefistofele, est de Arrigo Boito. Et pour le Diable, il fallait au moins la voix unique de basse profonde de Cesare Siepi, une des plus grandes basses du 20ème siècle, qui chante ici au Festival de Salzbourg, où il était régulièrement acclamé.

C’est une autre voix exceptionnelle de basse profonde, italienne aussi, qui va nous occuper maintenant, celle du grand artiste Ezio Pinza, lui aussi star mondiale de l’opéra. Antifasciste convaincu (contrairement à Gigli et Lauri-Volpi), il quitte l’Italie pour l’Amérique avec Arturo Toscanini, l’Amérique où il fera une carrière magnifique tant à l’opéra qu’à Broadway dans les grandes comédies musicales, et où il exercera ses talents de séducteurs de dames.

Ici, il sera plus sérieux, dans l’air de la Bohème, « Vecchia zimarra… »

Retour à Mozart avec le célèbre baryton français Gérard Souzay, élégance et magnifique phrasé, une voix de baryton moins basse (il était à la limite du ténor).

Gérard Souzay a fait une grande carrière internationale pour ses Mozart (Don Juan), Debussy (un Pelléas et Mélisande fameux dans le rôle de Golleau) et les grands compositeurs français, Bizet, Gounod, Massenet, Ambroise Thomas. Mais sa prédilection était l’opéra baroque des 17 ème et 18 eme siècles avec Lulli, Rameau, Haendel, Monteverdi, Glück…

Ses récitals étaient célèbres dans le monde entier, par la beauté de la voix et la délicatesse de l’interprétation ; un Dietrich Fischer-Dieskau à la française…

Pour notre émission, il chante un court et populaire extrait du Don Juan de Mozart, « Fin Ch’han del vino », où Don Juan se réjouit d’avance de la nuit avantageuse qu’il va passer avec une ou plusieurs nouvelles victimes.

Nous présentons ensuite le grand baryton belge José van Dam, une des grandes et belles voix de notre temps, surnommé « le Maître du Chant » (depuis un film du même nom, où il joue le rôle d’un professeur de chant). José van Dam chante le très beau « Scintille diamant », extrait du 3ème acte des Contes d’Hoffmann, de Jacques Offenbach

Ce diamant a été remis par un sorcier, incarnation du Mal, à Giulietta, 3ème amour du poète Hoffmann (après Olympia, la poupée qui se cassera, et Antonia, malade et qui meurt d’avoir chanté). Ce diamant persuadera Giulietta, 3ème amour, de prendre l’âme de Hoffmann dans un miroir magique. Et Giulietta, conquise par le diamant accepte de trahir Hoffmann. Quand celui-ci se regarde dans le miroir, il découvre qu’il n’a plus de reflet ! Il a perdu son âme…

José van Dam chante avec noblesse et distinction et une parfaite diction, « Scintille diamant », « miroir où se prend l’alouette » « attire la !», un classique du répertoire des barytons. La finale est superbe de douceur.

Ensuite, une fois n’est pas coutume, nous vous proposons le même air, « Scintille Diamant », chanté par Léonard Warren, grand baryton du Métropolitan Opéra de New York, mort sur scène à 48 ans en 1960 lors d’une représentation de – ça ne s’invente pas ! – …La Force du Destin, de Verdi !

Voix reconnaissable entre mille, puissante et torturée, une grande voix humaine !

Enfin, pour terminer ce petit récital de onze titres, nous nous sommes de nouveau tournés vers Cesare Siepi, qui interprète l’air de la Calomnie, du Barbier de Séville, de Rossini : « La calunnia è un venticello ».

 

 

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Emission Arte lirica du 18 mars 2018

mars 5th, 2018 par Alain Fauquier


Affiche FAUST

Après La Traviata, Carmen et Lucia di Lammermoor, nous avons le plaisir de présenter aujourd’hui aux auditeurs de Cappuccino une autre œuvre lyrique magnifique, jonchée de mélodies éblouissantes, le FAUST de Charles Gounod

Cet opéra, c’est celui de la lutte du Bien contre Le Mal, le Bien étant l’innocence de Marguerite, héroine, avec son frère Valentin, et le Mal, représenté par le Diable en personne, Méphitophèlès, Méphidto, comme l’on dit. Mais Faust c’est aussi l’opéra qui décrit le pouvoir destructif de l’amour, puisque c’est la vision de Marguerite qui va pousser le vieux Docteur Faust à vendre son âme au Diable en échange de la jeunesse, pour aimer et séduire Marguerite. Ceci qui faisait dire au grand écrivain anglais Charles Dickens, l’auteur de David Copperfield, à propos du pouvoir de destruction de l’amour dans Faust : « Cela résonnait à mon oreille comme l’écho lugubre de choses qui étaient dans mon cœur ».

Bigre !

Véritable « coffre à bijoux », comme ont pu le déclarer certains critiques, Faust est riche en grands airs très populaires, en morceaux de bravoure devenus aujourd’hui des « tubes » comme l’air des bijoux, le veau d’or, le chœur des soldats…, et en danses enivrantes comme la célébrissime valse de l’acte 2 que l’on on écoute sans plus attendre :

Faust, avec Carmen de Bizet que nous avons présenté en juin 2017, fait partie des œuvres lyriques françaises les plus célèbres et les plus jouées au monde depuis près d’un siècle et demi.

Composé sur le fameux mythe romantique de Faust d’après Goethe, le Faust de Gounod est écrit sur un livret de Michel Barbier et Jules Carré d’après la pièce Faust et Marguerite de Jules Carré.

Le Faust de Gounod ne doit pas être confondu avec un autre « Monument » de l’art lyrique français, tout aussi célèbre et éblouissant : « La Damnation de Faust » d’Hector Berlioz dont, (entre parenthèses divertissantes, tout le monde a vu et entendu un extrait de la Marche Hongroise dirigé par Louis de Funès dans le film de Gérard Oury : La Grande Vadrouille  (1966). C’est la preuve que l’opéra peut se nicher jusqu’au sein de la comédie populaire…

Mais revenons à Faust.

Froidement accueilli par le public et les critiques lors de sa création le 19 mars 1859 au Théâtre-Lyrique, l’opéra de Gounod, révisé par l’auteur, obtient 10 ans plus tard, lors de sa reprise à l’Opéra de Paris, un succès triomphal qui ne s’est jamais démenti.

Cet opéra n’a jamais cessé d’être applaudi sur les scènes du monde entier. La 500ème représentation de Faust eut lieu en 1886 et la 2000ème en 1934.

Faust fut donné le 22 octobre 1883 lors de la soirée inaugurale du Metropolitan Opera de New York.

Parmi les interprètes célèbres du rôle de Marguerite on peut citer : Miolan-Carvalho (créatrice du rôle en 1859), Adelina Patti, Nellie Melba, Emma Calvé, Bidu Sayao, Géraldine Farrar, Victoria de Los Angeles…

Pour le rôle de Méphisto : Chaliapine, Vanni-Marcoux, Lawrence Tibbett, Ezio Pinza, Boris Christoff, George London (l’ami de Mario Lanza, depuis les tournées de concerts de leur jeunesse), Nicolai Ghiaurov, José Van Dam…

Pour le rôle de Faust : Jean De Reszke, Enrico Caruso, Jussi Bjorling, Nicolai Gedda

Beaucoup plus récemment, en octobre et novembre 2011, Roberto Alagna et Jonas Kaufmann ont eux aussi « vendu leur âme au Diable » lors de magnifiques représentations à l’Opéra Bastille et au Met de New York.

L’histoire de Faust se déroule en Allemagne à la fin du XVIème siècle. Le docteur Faust est un vieux savant, las de vivre et désespéré de n’avoir pas réussi à trouver la vérité et le sens de la vie. Il signe de son sang, sur un parchemin, un pacte avec le Diable Méphistophélès qui lui offre la jeunesse en échange de sa damnation dans l’au-delà.

Redevenu un ardent jeune homme avide d’aventures, Faust s’éprend de Marguerite qu’il séduit et abandonne, avant qu’elle ne perde la raison, allant jusqu’à tuer l’enfant que Faust lui a donné.

On écoute l’un des chœurs les plus célèbres de l’Histoire de l’Opéra : « Gloire immortelle de nos aïeux ». Un air qui est régulièrement chanté par le Chœur des Gardes du Kremlin lors des gigantesques défilés militaires sur la Place Rouge en présences de centaines de soldats et de milliers de spectateurs, comme on peut le voir et l’entendre sur YouTube.

Ici le Chœur et l’orchestre du Théâtre National de l’Opéra sont placés sous la direction d’André Cluytens. Un enregistrement réalisé en 1958

Au premier acte, Méphisto, le Diable, en cavalier tout de rouge vêtu, apparait brusquement comme sorti du sol. Tour à tour, suave, ironique et démonique il offre à Faust la richesse et la puissance. Mais, Faust n’en veut pas. Ce qu’il veut c’est la jeunesse.

Pour le convaincre de ses pouvoirs, sur un geste, Méphisto fait apparaitre Marguerite, une belle jeune fille blonde assise à son rouet. Face à une telle merveille Faust signe le pacte proposé par Méphisto, boit l’élixir et se transforme aussitôt en jeune homme.

Il s’en suit un impétueux duo entre Méphisto et Faust qui explose littéralement de bonheur « A moi les plaisirs, les jeunes maitresses ! A moi leurs caresses, à moi leurs désirs !».

Nous écoutons ce duo par la grande basse bulgare Boris Christoff et Nicolai Gedda.

Du début du deuxième acte on écoute un autre célébrissime chœur: « Vin ou bière ».

Toujours du deuxième acte on écoute le grand air de Méphisto, le fameux : « Veau d’or », chanté par Boris Christoff. Un air dans lequel Méphisto fait un commentaire cynique sur le culte que les hommes vouent à Mammon (divinité illusoire). Il lit dans les mains de ceux qui l’entourent et prédit à Siebel, un jeune villageois épris de Marguerite, que toutes les fleurs qu’il touchera faneront.

Au début du troisième acte, Faust entre avec Méphisto dans le jardin de Marguerite. Méphisto se retire et Faust s’adresse à la demeure de la jeune fille dans une délicieuse et célébrissime romance appelée « La cavatine de Faust » : « Quel trouble inconnu me pénètre… Salut ! Demeure chaste et pure ! ».

Cette cavatine est interprétée par Roberto Alagna.

Un enregistrement réalisé à l’Opéra Bastille le 16 octobre 2011.

Méphisto revient avec un superbe bouquet et un coffret de bijoux qu’il dépose dans la maison de Marguerite et s’en va. Marguerite arrive, s’assoit à son rouet, pense à Faust, ce beau jeune homme qu’elle a rencontré à la kermesse et entame la populaire « Ballade du roi de Thulé ».

Puis, elle aperçoit d’abord les fleurs qu’elle admire, puis le coffret qu’elle ouvre avec hésitation. Elle s’empare des bijoux contenus dans le coffret, contemple son image dans le miroir qui se trouve aussi dans le coffret et se lance dans le brillant et célébrissime « Air des bijoux ».

Cette scène a été immortalisée par le génial Hergé dans deux albums de Tintin : « L’Affaire Tournesol » et « Les Bijoux de la Castafiore ». On y voit Bianca Castafiore, célèbre diva italienne de renommée internationale, surnommée « Le Rossignol milanais », chanter de façon caricaturale à gorge déployée l’air des bijoux : « Ah ! Je ris de me voir si belle en ce miroir ! ». Elle apparaît toujours affublée de sa femme de chambre, Irma, et de son pianiste Wagner, ce qui la rend encore plus ridicule.

On dit qu’Hergé, qui détestait l’opéra, se serait inspiré du personnage de Maria Callas.

On écoute le grand air de Marguerite par Angela Gheorghiu.

Un enregistrement réalisé sur la scène du Royal Opera house.de Londres

Le début du quatrième acte se déroule dans la chambre de Marguerite où Faust l’a séduite et abandonnée. Mais elle l’aime toujours et espère qu’il lui reviendra. L’épisode est suivi de la scène de la cathédrale où Marguerite est entrée pour prier. Méphisto et un chœur de démons invisibles lui rappellent sa faute. Méphisto déclare que le gouffre s’ouvre sous les pieds des filles perdues. Terrifiée, Marguerite s’enfuit.

L’acte IV se termine par la mort de Valentin, le frère de Marguerite, mortellement blessé par Faust lors d’un combat à l’épée (les coups ayant été guidés par Méphisto).

Ce dernier acte est aussi riche que les précédents : on y entend deux magnifiques duos avec chœurs ; l’un entre Faust et Méphisto ; l’autre entre Faust et Marguerite. Il y a aussi un magnifique ballet qui comprend de nombreuses danses intitulées : les Nubiennes, Danse antique, Variation de Cléopâtre, Les Troyennes, Danse de Phryné, Variation du miroir.

Après un intermezzo dans lequel Faust demande à Méphisto de le conduire auprès de Marguerite. Ils la trouvent en prison, condamnée à mort pour avoir tué son enfant.

C’est un duo passionné entre Faust et Marguerite. Il la supplie de partir avec lui. Mais elle a perdu la raison. Elle voit Méphisto et devine qu’il est le Diable. Dans un magnifique trio, Marguerite appelle avec extase les anges qui doivent la sauver : « Anges purs, anges radieux ! » Les voix s’élèvent de plus en plus, celle de Marguerite culmine : elle meurt.

« Perdue ! » s’écrie Méphisto. « Sauvée ! » chantent les voix célestes.

On écoute ce magnifique trio final entre Victoria de Los Angeles, Nicolai Gedda et Boris Christoff.

 

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Emission Arte lirica du 21 Janvier 2018

janvier 17th, 2018 par Alain Fauquier


Dmitry Hvorstovsky

Dmitri Aleksandrovitch Hvorostovski est un baryton russe, né le 16 octobre 1962 à Krasnoïarsk en Sibérie.


Il est mort à Londres le 22 novembre 2017 d’une tumeur au cerveau, qui l’avait contraint à suspendre sa carrière malgré un ou deux retours à la scène par le biais du récital, entre 2015 et 2017, jusqu’à une ultime réapparition dans sa ville de Krasnoiarsk le 2 juin 2017.

Ecoutons en hommage à ce grand baryton plein de charme et de charisme viril, mort à 55 ans, un air chanté dans sa langue, le russe, extrait de l’acte III de l’opéra Eugène Onéguine, de Tchaikovski, opéra inspiré du roman en vers du grand écrivain et poète Alexandre Pouchkine (cet opéra a été donné en 2017 à l’Opéra Bastille avec Anna Netrebko).

Le héros, Eugène Onéguine, retrouve Tatiana à l’acte III, cette humble jeune fille qui lui avait écrit qu’elle l’aimait et qu’il avait repoussée à l’époque, faisant mine de flirter avec sa sœur Olga, pourtant fiancée de son ami Lenski ; querelle des deux amis, duel et Onéguine tue son ami Lenski en duel et en sera désespéré.

A l’acte III, il retrouve Tatiana, qui a épousé le Prince Grémine et qui est devenue une très belle femme. Il en tombe amoureux et lui déclare son amour. Tatiana lui dit qu’elle n’a pas cessé de l’aimer mais qu’elle reste fidèle à son époux et elle laisse Eugène Onéguine à son désespoir.

Ce rôle, il l’avait joué à ses débuts à Venise, en 1991, au Théâtre de la Fenice et au Théâtre du Chatelet à Paris en 1992.

Dans cet air, Onéguine réalise qu’il tombe amoureux et s’interroge :

« Se peut-il que ce soit là la jeune et humble Tatiana ? » « Hélas, il n’y a pas de doute, je suis amoureux ! » Et il finit en criant « Partout où je regarde, je ne vois qu’elle ! »

On écoute « Uzhel’ ta samaja Tat’jana… »

Dmitri Hvorostovski est accompagné par le Rotterdam Philharmonic Orchestra, dirigé par le grand chef russe Valery Gergiev (qui est, entre autres, le Directeur artistique du Théatre Mariinski, de son ancien nom le fameux Kirov, à Saint Petersbourg)

Il étudie la musique dans sa ville, depuis l’école de musique pour enfants, où il fera du piano, jusqu’à l’Ecole Supérieure des Arts de Krasnoiark en 1982. Quatre ans plus tard, il obtenait son diplôme et entrait comme soliste à l’Opéra de Krasnoiarsk.

Débutée en Russie dès la fin des années 1980, sa carrière prend un essor international, lorsqu’il remporte le Premier Prix d’un concours national en Union soviétique, avant de remporter en 1988 le Premier Prix du Concours International de Chant de Toulouse en 1989, lorsqu’il remporte le concours BBC Singer of the World Competition, à Cardiff où il interprète en finale Eri tu d’Un ballo in maschera de Giuseppe Verdi.

La même année, il fait ses débuts en Occident, dans le rôle du prince Eletski de La Dame de pique de Tchaïkovski, aux côtés de Martha Mödl (la Comtesse) et de Youri Maroussine (Hermann) à l’Opéra de Nice.

Depuis, Dmitri Kvorostovski s’est illustré sur la plupart des grandes scènes du monde (Metropolitan Opera de New York, Covent Garden de Londres, Wiener Staatsoper, Opéra Bastille, Festival de Salzbourg…, La Scala de Milan, la Fenice de Venise), et avec de prestigieux partenaires (les chanteurs Samuel Ramey, Luciano Pavarotti, Renée Fleming, Roberto Alagna, René Pape, Olga Guryakova, Yvonne Naef, Ramón Vargas, Jonas Kaufmann et Anna Netrebko (La Traviata au Royal Opera House de Londres, le Covent Garden, deux galas à Moscou) ; les chefs James Levine, Nikolaus Harnoncourt, Valeri Guerguiev, James Conlon…).

Écoutons Dmitri Hvorostovski dans un de ses grands rôles, Don Carlo, de Verdi, qu’il avait interprété à la Scala en 1992, où il chante et joue le rôle de Rodrigo, ami de Don Carlo ou Don Carlos, fils de Philippe II d’Espagne et petit-fils du Grand Empereur Charles Quint. Philippe II est jaloux de son fils Don Carlos, dont il va épouser la promise, Elisabeth de Valois. Encouragé par le Grand Inquisiteur, il pense que son fils Don Carlos intrigue contre lui et décide de le supprimer, cependant que Don Carlos veut se battre en Flandre, possession de l’Espagne et de l’Empire.

Rodrigo, ami de Don Carlos, sera tué et c’est sa mort, que nous entendons maintenant, air célèbre, où Rodrigo fait ses adieux à son ami « Carlo Mio », lui dit « Sauve la Flandre » ! et expire en disant : « Ah ! Di me… non ti scordar ! » (Ah ! ne m’oublie pas ! ». Don Carlos, lui, n’est sauvé que grâce au spectre de son grand-père, le Grand Charles Quint, qui sort du tombeau pour le conduire en lieu sûr !

Il faut voir Dmitri Hvorostovski sur internet, chanter et jouer cet air  avec Jonas Kauffman, qui joue Don Carlos (qu’il a interprété à Paris en octobre 2017 : Hvorostovski est réellement émouvant, il attrape Kaufmann par le bras et littéralement meurt dans ses bras… et ceci en récital … même pas dans l’Opéra !

Extrait du même CD, le grand aria de l’acte IV de Don Carlos  « Son io, mio Carlo…O Carlo, ascolta”

Le répertoire de Hvorostovski s’étend de l’Opéra russe, qui lui était naturel, à Mozart (le Comte des Noces de Figaro, Don Giovanni) à Giuseppe Verdi (rôle-titre de Simon Boccanegra, le comte de Luna dans Il Trovatore, Renato dans Un Bal masqué, Rodrigo dans Don Carlos, Giorgio Germont dans La Traviata…) et inclut de nombreuses figures de l’opéra russe (le rôle-titre d’Eugène Onéguine et le prince Eletski dans La Dame de pique de Tchaïkovski).

Le chanteur figure sur la liste The Gramophone Hall of Fame publiée par le mensuel londonien Gramophone8.

On l’écoute maintenant dans, extrait de la Traviata, de Verdi, le fameux air « Di Provenza il mar », le grand air du père du héros, (Alfredo Germont), qui presse son fils de s’éloigner de Giulietta, la Traviata, et lui demande qui a « effacé de son coeur la mer et le soleil de sa Provence » natale. C’est seulement là qu’il retrouvera la paix, après avoir quitté la maison familiale, ce qui avait plongé le père et sa maison dans le chagrin et la tristesse. Maintenant il presse son fils de retrouver l’honneur, la raison et sa maison et dit « Dieu m’a guidé » (Dio mi guida) puis, à la fin, Dieu m’a exaucé, « Dio m’esaudi »

Au début de l’été 2015, Khvorostovski annonce l’annulation de tous les concerts programmés après avoir appris qu’il souffre d’une tumeur au cerveau.

Il est soigné à Moscou (Institut de neurochirurgie Bourdenko), à Londres (The Royal Marsden NHS Foundation Trust) et à l’hôpital de Rochester, NY. Son traitement par radiothérapie n’est pas encore terminé quand il remonte sur scène pour donner un récital à l’ambassade de Russie à Londres.

On entendra maintenant Dmitri Hvorostovski chanter un air très connu du Trouvère (Il Trovatore), de Verdi : Tutto è deserto. Il Balen del suo sorriso (CD Philips, Digital Classics, Rotterdam Philharmonic Orchestra, dirigé par Valery Gergiev.

Bien que malade, Dmitri Hvorostovski retrouve son public pour la première fois après l’interruption, le 25 septembre 2015, au Metropolitan Opera.

Son activité artistique reprend. Il se produit notamment aux côtés de la mezzo-soprano lettone Elīna Garanča au Palais d’État du Kremlin le 29 octobre 2015 ainsi qu’ au Carnegie Hall à New York pour un récital incluant la musique de Glinka, Rimsky-Korsakov et Richard Strauss en février 2016.

On l’écoute de nouveau dans l’opéra italien, Verdi encore, et les grands rôles, ici Macbeth, Acte IV où Macbeth, qui a pris la couronne dans le sang, poussé par sa femme l’ambitieuse Lady Macbeth, vitupère contre ceux qui veulent l’écarter et le tuer : « Perfides ! Qui vous unissez contre moi »« Perfidi !All’anglo contra me v’unite ! … Pieta, rispetto, amore»

En automne 2016, Khvorostovski annule sa participation à la représentation de Simon Boccanegra prévue le 30 septembre sur la scène de l’opéra de Vienne pour suivre une chimiothérapie. Après ce traitement, il apparaît sur la scène du Vieil opéra de Francfort le 16 octobre 2016, donne un récital au Théâtre du Châtelet le 12 novembre 2016, mais ne sera pas présent dans Don Carlos au Théâtre Bolchoï le 7 et le 10 décembre 2016.

Sur son site, l’artiste dit rencontrer des difficultés à trouver son équilibre à cause de la maladie et renoncer pour cette raison aux représentations pour une durée indéterminée.

Revenons aux œuvres en langue russe pour l’écouter chanter un extrait d’une composition de Tchaikovski, IOLANTHE, où, comme dans Eugène Onéguine, le héros chante les leouanges de sa bien aimée :

Kto Mozhet

« Qui peut se comparer à ma Mathilda, lumineuse des lumières qui  brillent dans ses yeux sombres ; Comme des étoiles dans des cieux d’automne » et le héros finit sur ces mots : « Elle brûle comme le vin ! »

Dmitri Hvorostovski livre une prestation remarquable le 27 mai 2017 à Saint-Pétersbourg, à l’occasion de la célébration du 314e anniversaire de la ville.

Le 2 juin 2017, il apparaitra encore dans sa ville natale, Krasnoïarsk, où il interprète l’air du Démon de l’opéra Le Démon d’Anton Rubinstein et la cavatine d’Aleko de l’opéra Aleko de Sergueï Rachmaninov, accompagné par l’orchestre symphonique de Krasnoïarsk.

Il est fait, à l’issue même du concert, au rang de citoyen d’honneur de la ville de Krasnoïarsk. Il était temps, car il rendait l’âme le 22 novembre 2017, à Londres où il était soigné pour ses derniers jours.

Une tragédie…

Selon ses dernières volontés, son corps a été incinéré et ses cendres placées dans deux urnes. La première a été inhumée le 28 novembre 2017 à Moscou, au cimetière de Novodevitchi, cimetière prestigieux de Moscou, véritable Panthéon, où sont enterrés, pour ne parler que des artistes, la légendaire basse russe Fedor Chaliapine, le grand compositeur Dmitri Chostakovitch, le poète Maiakovski, l’illustre ballerine Maximova, l’immense violoniste David Oistrakh, Serge Prokofiev, Alexandre Scriabine, le grand Rostropovitch, Anton Tchekov etc…

Dmitri Hvorostovski méritait que ses cendres reposent là…

Mais comme il était attaché à sa ville natale, et toujours selon ses volontés, la seconde urne est inhumée à Krasnoïarsk.

Nous terminerons, ici à Capuccino, par une interprétation émouvante, un hommage de Hvorostovski à l’Italie : il s’agit d’un poème de Pétrarque, illustre esprit et poète italien du Quatorzième Siècle, un de ses célébrissimes « Sonnets », une œuvre rare sur le plan musical.

La musique est de Frantz Liszt.

Ce sonnet 123 s’intitule « I vidi in terra angelici costumi… »

CD ONDINE – DMITRI HVOROSTOVSKI (SHOSTAKOVICH – LISZT)

 

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Emission Arte lirica du 26 novembre 2017

novembre 21st, 2017 par Alain Fauquier


 

Affiche Rigoletto portrait

 En 1851, au moment de la création de Rigoletto, Verdi a 37 ans. C’est son 17e opéra et le premier volet de ce que l’on a pris l’habitude d’appeler sa « trilogie romantique », avec le Trouvère et la Traviata, tous deux créés 2 ans plus tard, en 1853. Neuf ans se sont écoulés depuis Nabucco, son premier triomphe à la Scala.

Neuf années de triomphes entrecoupés de quelques défaites, neuf années surtout enfermé chez lui à composer de 4 heures du matin à 4 heures du soir avec seulement un café dans le ventre, car il est LE compositeur indispensable à tout théâtre qui veut remplir sa salle et réussir sa saison.

Ses opéras patriotiques lui ont apporté la célébrité, il a aussi exploité le genre épique, le genre fantastique, mais essentiellement le grandiose. Il ressent à présent le besoin de resserrer son inspiration sur des œuvres qui mettent en jeu des individus plutôt que des masses.

Pendant longtemps on s’est plu, et tout particulièrement en France, à considérer Verdi comme un habile faiseur d’opéras, flattant les goûts d’un public amateur de belles voix. Mais en fait, Verdi est avant tout un grand dramaturge, on peut même dire que c’est le Shakespeare italien. Et qu’est-ce que l’opéra sinon du théâtre chanté ?

Verdi a la passion du théâtre et il va construire, par delà chaque opéra, une œuvre qui forme un tout, un monde original et cohérent destiné à se réaliser pleinement sur la scène. Un jour, a quelqu’un qui le qualifiait de grand musicien Verdi a répondu : « laissez tomber le grand musicien, je suis un homme de théâtre ».

En 1845 il va même claquer la porte de la Scala parce qu’il trouve que le rendu de ses œuvres n’est pas à la hauteur (Atilla, Alzira et Macbeth furent inaugurés dans d’autres villes italiennes et I Masnadieri fut créé à Londres): le premier opéra d’Italie va être boycotté pendant 25 ans par le premier compositeur italien.

Pour lui « c’est la plus grande intrigue et peut-être le plus grand drame des temps modernes et le bouffon Triboulet une création digne de Shakespeare ».

Verdi mentionne cette pièce pour la première fois dans une liste de sujets possibles pour ses prochains opéras que l’on datait jusqu’à récemment de 1844, l’année du triomphe d’Ernani (d’après Victor Hugo) à La Fenice, mais que l’on date plutôt aujourd’hui de 1849. Il avait pensé à ce drame pour le Théâtre San Carlo de Naples à qui il devait un opéra mais les négociations furent rompues pour cause de restrictions budgétaires et de changements de direction. Il signa alors un contrat avec La Fenice pour une nouvelle œuvre pour la saison de carnaval 1850-1851. Il restait à décider du sujet : pour Verdi, c’était clair, cela ne pouvait être que Le Roi s’amuse de Victor Hugo.

Il pensait d’ailleurs  avoir trouvé là son meilleur sujet, comme il l’écrivit à Piave :  » Je tiens un (…) sujet qui, si la police l’acceptait serait une des plus grandes créations du théâtre moderne. Le sujet est noble, immense et comporte un personnage qui est l’une des plus magnifiques créations dont le théâtre de tous les pays et de tous les temps puisse s’enorgueillir. Il s’agit du « roi s’amuse » et ce personnage c’est Triboulet ! « .

Rigoletto c’est l’opéra de la maturité artistique. Verdi ne va d’ailleurs pas hésiter à bousculer toutes les règles de l’opéra traditionnel pour mettre, non seulement les voix, mais aussi l’orchestre au grand complet au service du texte et de l’efficacité théâtrale.

Sa longue expérience de compositeur l’a conforté dans sa conception personnelle de l’opéra et c’est avec Rigoletto qu’il va, pour la première fois de sa vie, oser appliquer toutes ses idées.

C’est son premier opéra vraiment romantique, celui où la musique se plie à l’expression des sentiments et atteint à une intensité dramatique nouvelle. C’est le premier jalon du « style Verdi » avec un vrai développement musical qui suit le cheminement de l’action, la forme des airs est fonction des nécessités de l’expression dramatique et d’ailleurs si on y regarde de près, Rigoletto est construit comme une chaîne de duos, il n’y a presque pas d’arias et de finales. Avec Rigoletto, fini l’opéra comme suite de morceaux juxtaposés, « fermés », construits sur un modèle unique.

Par conséquent, c’est toute une génération nouvelle de chanteurs qui va devoir se former aux exigences de cette nouvelle musique, de la même manière qu’à la même époque en Allemagne, on doit « inventer » des chanteurs pour Wagner.

On crie, on délire de joie, on pleure de douleur sur scène. Verdi voulait des chanteurs qui aient « le diable au corps »: fini le souci de la bella voce, la voix devient un instrument de théâtre, ce qui demande une technique vocale nouvelle, alliée à un grand tempérament dramatique : on exige entre autre une grande vaillance du ténor dans l’aigu. Pour la première fois aussi on va donner un vrai rôle dramatique à la voix grave de femme, et puis le fameux baryton-Verdi, qui était en germination dès les premiers opéras, trouve son achèvement avec Rigoletto.

Verdi n’hésitait pas à tourmenter les artistes pendant des heures avec le même morceau  et il ne passait pas à une autre scène avant que l’interprétation ne soit le plus proche possible de son idéal.

Les critiques l’accuseront d’ailleurs de démolir l’ordonnancement du bel opéra romantique italien et de corrompre le bel canto.

Le titre initial de l’opéra est La Maledizione, mais il y a une malédiction bien concrète qui va s’abattre sur lui, c’est celle de sa vieille ennemie la censure.

A cause de la censure la création de Rigoletto va être une véritable aventure et une période de grande angoisse pour le compositeur. D’ailleurs le pauvre Verdi va souffrir tout au long de cette période d’épouvantables maux d’estomac qui le cloueront parfois au lit et lui feront même craindre de tomber malade pour de bon. Et il y a de quoi ! Il va travailler comme un fou pendant neuf mois, à partir de mai 1850, avant de recevoir l’accord officiel des autorités, sans savoir jusqu’au tout dernier moment s’il aura ou non à modifier son texte.

A cette époque Le nord de l’Italie est sous domination autrichienne : depuis la répression de la révolution de 1848-1849, Venise dépend à nouveau de la monarchie des Habsbourg. Il doit donc affronter la censure autrichienne et obtenir l’aval du Directeur Général de l’Ordre Public, Carlo Martello. Ce n’est pas Verdi mais Piave, son librettiste, qui se charge de faire accepter le livret. Verdi, enthousiaste, n’a de cesse de le presser: « prends tes jambes à ton cou et parcours toute la ville pour trouver une personne influente qui puisse faire accepter le livret ». Il est enthousiaste mais aussi inquiet car certaines scènes ont déjà fait scandale en 1832 lors de la création de la pièce de Victor Hugo à Paris mais aussi en Allemagne.

Ce qui gêne officiellement la censure c’est tout d’abord la cruauté et la violence de l’histoire et son caractère libertin, immoral. On s’offusque en outre de voir confier un grand rôle tragique à un bouffon bossu, et puis le sac contenant le corps de Gilda dérange aussi beaucoup les autorités.  En réalité, le problème vient du fait que Le roi s’amuse est une pièce profondément antimonarchique mettant en scène des personnages qui ont tous réellement existé et dont le héros est un roi célèbre (François 1er) qui use de son autorité pour commettre toutes sortes de débauches et de libertinages. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque l’Italie est occupée par une monarchie absolue, celle des Habsbourg ; des insurrections ont déjà été écrasées en 1848 et 1849, un vent patriotique souffle à travers toute l’Italie du Risorgimento. Ce simple bouffon osant s’attaquer à un roi pouvait représenter tout un symbole.

En mai 1850 Verdi se met quand même tout de suite au travail avec passion, mais en novembre, sept  mois plus tard, il n’a toujours pas d’autorisation officielle alors que Piave et Brenna, le secrétaire de la Fenice, l’avaient toujours assuré qu’ils parviendraient à la lui obtenir.

Le couperet tombe en décembre : c’est un refus ! Verdi est fou de rage, il a déjà mis en musique une bonne partie du drame et il n’a pas matériellement le temps de travailler sur un autre sujet. C’est la panique à la Fenice :Piave, Marzani et l’impresario négocient avec les autorités et collaborent à un nouveau livret édulcoré devenu  Il Duca di Vendoma qu’ils envoient le 11 décembre à Verdi : Rigoletto n’est plus laid ni bossu, le fameux sac est supprimé, le roi n’est plus un libertin, ce n’est même plus un roi mais juste un gentilhomme un peu instable, bref, tous les traits originaux, les moments forts, les punti di scena sont supprimés et enlèvent toute substance à l’œuvre qui d’ailleurs n’est même plus crédible du tout. Cette fois c’est Verdi qui refuse de mettre le livret en musique : nous sommes à deux semaines et demi de l’ouverture de la Fenice et le cartellone, l’affiche officielle du programme de la saison, va bientôt être imprimé.

Nouvelles démarches, nouvelles négociations et nouveau compromis : il n’y a plus de roi, on modifie le lieu de l’action et les noms des personnages mais au final, chacune des situations du drame de Victor Hugo sont gardées intactes, ce qui démontre bien que le vrai problème était politique et que ce n’est pas le thème du libertinage et de l’enlèvement d’une jeune fille à des fins libertines qui dérangeait réellement les autorités. Ce qui en dit long aussi sur l’autorité et le prestige du Maestro Verdi qui, à cette époque, était devenu indispensable à tout théâtre qui voulait remplir sa salle et réussir sa saison.

Le 20 janvier 1851 il en a presque fini du second acte et 4 jours plus tard, il reçoit enfin l’autorisation officielle, sans modification du texte. Après c’est une course contre la montre pour terminer et une des périodes les plus éprouvantes de sa vie.  Des troubles gastriques vont même le clouer 3 jours au lit. L’opéra est finalement achevé le 5 février 1851 et crée à la Fenice le 11 mars 1851.

L’intrigue :

L’action se situe à Mantoue, au 16e siècle. Lors d’un bal au palais Ducal, Rigoletto se moque du Conte Ceprano dont la femme est courtisée par le duc. Il se moque aussi de Monterone, dont la fille a été séduite par le duc et qui fait irruption pendant le bal. Monterone va alors maudire le duc et Rigoletto. Par un subterfuge, c’est au tour de la propre fille du bouffon d’être livrée au duc pour subir le même sort que la fille de Monterone. Il engage un tueur et sa sœur pour se venger mais la malédiction s’accomplit au moment où Gilda, qui est amoureuse du duc, se laisse assassiner à sa place.

Présentation des personnages :

Rigoletto

C’est un bouffon : Verdi avait une sympathie particulière pour les marginaux, les personnages exclus par les conventions sociales et donc, par définition, les êtres isolés et malheureux. Ceci est également valable pour les deux autres héros de la Trilogie, Manrico (Il Trovatore) et Violetta (La Traviata), mais aussi pour Philippe d’Espagne dans Don Carlos ou encore Don Alvaro dans la Forza del Destino). Toute sa vie il sera hanté par le souvenir des premières expériences de l’injustice et de la cruauté.

C’est un personnage contradictoire et complexe. Physiquement, il est bossu, difforme et apparemment méchant : il manie le sarcasme avec cruauté et il est le complice de son maître. Mais paradoxalement, c’est aussi un père affectueux et attentionné qui élève sa fille en secret pour la protéger des horreurs perpétrées par son maître et c’est à travers de cette paternité qu’apparaît le meilleur de lui-même. L’amour du géniteur pour son enfant est d’ailleurs l’un des ressorts essentiels du théâtre verdien. C’est justement ce contraste entre la laideur physique de cet être qui vit dans l’humiliation de sa condition de bouffon (il n’a que sa langue pour  arme) et sa réelle noblesse de cœur que Verdi trouvait sublime.

Gilda

Elle vit recluse par la volonté de son père et dont elle est la raison de vivre. C’est pourtant lui qui provoquera bien involontairement sa perte : à force d’humilier les courtisans, ceux-ci vont se venger sur celle qu’ils prennent pour sa maîtresse. Elle sera aperçue à l’église par le duc qui n’aura alors de cesse de la séduire. C’est une jeune fille pure, fragile et spontanée de 16 ans qui s’apparente aux héroïnes romantiques au caractère idéalisé, même si au fur et à mesure de l’opéra, l’innocence initiale de son amour va peu à peu se muer en héroïsme. Les sopranes de Verdi, d’ailleurs, à l’exception de deux d’entre elles, sont toutes angéliques : elles resplendissent au milieu d’un sinistre univers masculin. Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans Rigoletto tous les chœurs sont des chœurs d’hommes.

Le Duc de Mantoue

C’est un séducteur impénitent, proche du personnage de Don Juan. « Toutes les péripéties naissent d’un personnage léger, libertin », écrivait Verdi en 1853, et ce personnage c’est le duc de Mantoue qui règne en monarque absolu et séduit les femmes en éliminant les époux ou les pères de manière plus ou moins légales. C’est un rôle brillant pour le ténor qui n’a pour ainsi dire que des « tubes » à chanter et peu d’ensembles : il est le moteur de l’histoire. Contrairement à son modèle original il est parfois traversé par de brefs éclairs de passion véritable, mais ceux-ci, il faut bien l’avouer, eurent surtout pour but d’amadouer la censure.

Le Comte de Monterone et la malédiction

S’il n’apparaît que deux fois dans l’œuvre, ses interventions sont brèves mais fortes et prophétiques. La Maledizione est d’ailleurs le premier titre italien de l’opéra. Le titre définitif apparaît pour la première fois dans une lettre à Piave datée du 14/01/1851. Il est emprunté à une parodie de la pièce originale intitulée Rigoletti ou le dernier des fous. Pour Verdi le titre français était parfait mais Rigoletto avait le mérite de ménager la censure en détournant l’attention sur le bouffon plutôt que sur le duc.

Verdi suivait avec attention l’attribution des rôles et pour celui de Monterone il ne voulait pas d’un choriste:il avait insisté auprès de la Fenice pour obtenir un bon chanteur, une vraie basse, avec une voix puissante parce que cette malédiction  est le ressort essentiel de l’œuvre et surtout sa moralité vis-à-vis des autorités : « un père malheureux qui pleure sur l’honneur qu’on vient de ravir à sa fille, qui se fait moquer par le bouffon du roi, qui maudit le bouffon et la malédiction qui frappe ce bouffon ». C’est d’ailleurs ce châtiment moral qui sera mis en avant par Verdi pour amadouer les censeurs parce que la pièce de Victor Hugo est extrêmement subversive.

Le succès de la première

Ce sera un succès total dès la première représentation, même si des versions « expurgées » ont circulé après la première pour être représentées dans les états les plus réactionnaires de la péninsule.

Comme prévu, c’est toute l’Italie qui entonne aussitôt « La donna è mobile » et Rigoletto fait un triomphe sur toutes les scènes d’Europe.

Le public parisien, lui, dût attendre 1882 pour applaudir la pièce de Victor Hugo au théâtre : elle avait été interdite pendant un demi-siècle.

Insertions musicales :

Questa o quella : Richard Leech

E il sol dell anima : Alfredo Kraus et Anna Moffo

Cortigiani, vil razza dannata : Leonard Warren

Ella mi fu rapita… Parmi veder le lagrime : Mario Lanza

Pari siamo, io la lingua : Robert Merrill

La Donna è mobile : Luciano Pavarotti

Bella Figlia dell’amore : Giuseppe Di Stefano

Lassu in cielo : Maria Callas & Tito Gobbi

 

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Emission Arte lirica du 15 octobre 2017

octobre 14th, 2017 par Alain Fauquier


Affi Di Lammermoor

Cet opéra est un opéra nocturne, dans les landes d’Ecosse, fin du 17 ème siècle, dans lequel la haine empoisonne les familles et l’amour subit les mauvais présages.

Lucia » est une des merveilles du Bel Canto, qui figure d’ailleurs toujours régulièrement à l’affiche plus grandes maisons d’opéra à travers le monde. Ce succès est dû à la densité dramaturgique et à l’expressivité de la musique, qui en font la quintessence de l’opéra dramatique, l’archétype de l’opéra romantique italien, dans lequel le destin tragique de l’héroïne est indissociable de la virtuosité vocale.

D’ailleurs cet opéra, qui a été créé pour le San Carlo de Naples, est généralement considéré, avec Don Pasquale, comme le chef d’oeuvre de Donizetti.

Alors, l’Ecosse, avec ses clans rivaux et ses châteaux hantés, c’est un sujet à la mode au début du 19e siècle, dû au succès des romans de Walter Scott (Ivanhoë etc…) : comme ses récits sont dramatiques, efficaces et leur atmosphère fascinante, ils ne tardent pas à séduire les compositeurs.

Un des premiers à ouvrir le bal sera Rossini, toujours sensible à la nouveauté, avec sa Donna del Lago, la Dame du Lac, en 1819. Il est suivi par ses jeunes rivaux, Bellini et Donizetti.

Et c’est justement un roman de Walter Scott, La Fiancée de Lammermoor, qui va donner naissance à Lucia di Lammermoor.

 Le texte est inspiré d’une histoire authentique, celle de Janet Dalrymple qui assassina son mari pendant sa nuit de noces et le paya de la perte de sa raison.

Cette histoire offre un sujet emblématique du romantisme noir et fantastique où l’héroïne sombre dans la folie meurtrière, avant que celui qu’elle aime ne se donne la mort en apprenant qu’elle s’est donné la mort après avoir tué, la nuit de ses noces, le mari qui lui a été imposé !

Le roman va être très habilement adapté par Salvatore Cammarano, qui va fournir à Donizetti un livret de qualité (en vers…), clé du succès avec la jeune prima donna de 22 ans, Fanny Persiani. C’est pour elle que Donizetti a écrit le rôle de Lucia. Pourtant, elle va interrompre les répétitions… le temps de se faire payer ses cachets en retard…

Elle y parviendra !

Lucia fait un triomphe à Naples au moment de sa création, en septembre 1835. A cette époque, cela fait déjà 4 ans que Donizetti espère s’imposer à Paris qui au 19e siècle, pour un musicien, est le phare du monde : y être reçu et applaudi c’est la consécration suprême. Or jusque là, même si plusieurs de ses opéras y ont été représentés avec succès, il n’a connu qu’un seul vrai succès à Paris, c’est Anna Bolena, en 1831.

Et c’est justement le triomphe de Lucia qui va lui apporter la consécration tant attendue et faire de lui le compositeur en vue.

C’est un succès incroyable.

Lors de la première, le 12 décembre 1837, on frise le délire et l’hystérie.

Avec ce triomphe Donizetti s’impose, enfin, comme le premier compositeur italien (Bellini vient de mourir à Puteaux, Rossini a cessé d’écrire et Verdi apprend la composition.

Donizzetti règne sans rival. Il a 40 ans et il a écrit quelques dizaines d’opéras ! …. Déjà 26 opéras en 1830…).

Donizetti est à l’apogée d’un style, celui du romantisme, et le public ne s’y trompe pas. Donizetti a su, comme personne avant lui, produire l’opéra romantique par excellence, l’œuvre dont toutes les facettes font étroitement écho à la sensibilité de l’époque.  Pour preuve, c’est une représentation de Lucia que Flaubert décrit dans Madame Bovary et Tolstoï dans Anna Karenine.

Lucia va faire le tour du monde et sera jouée, du vivant de l’auteur, jusqu’à La Havane et Santiago du Chili et va faire de lui le compositeur italien le plus joué de son temps.

Pour le thème, c’est un peu l’histoire de Roméo et Juliette : un amour défendu entre familles rivales, les Ravenswood et les Lammermoor, sauf que L’action se situe en Ecosse, à la fin du 17e siècle, sur fond de luttes entre factions rivales et dans le contexte des guerres entre catholiques et protestants. Je précise d’ailleurs que ce drame a été inspiré d’un fait divers réel.

Enrico veut marier par intérêt sa sœur Lucia à Arturo Bucklaw, un riche parti.

Or Lucia est déjà amoureuse d’Edgardo Ravenswood dont la famille a été ruinée par la sienne. Edgardo, doit s’éloigner en France, mais lui et Lucia se prêtent mutuellement serment de fidélité. Du coup, pour pousser sa sœur à épouser celui qu’il lui a choisi, Enrico fabrique de faux documents mettant en doute la fidélité d’Edgardo. Effondrée, Lucia accepte d’épouser Arturo.

Mais voilà qu’Edgardo réapparaît lors de la cérémonie nuptiale et maudit la pauvre Lucia.

Et au moment où Edgardo et Enrico vont se rencontrer en duel pour vider leur différend, on apprend que Lucia, a tué son époux, qu’elle est devenue folle et qu’elle se donne la mort. A cette nouvelle, Edgardo se suicide.

Revenons à l’œuvre.

Dans la première scène, Lucia raconte à sa suivante qu’elle a vu le fantôme d’une femme assassinée, baignant dans son sang et noyée : « le Silence régnait », va-t-elle chanter (« Regnava il silencio »)….

Dans le deuxième grand air, Edgardo (Ravenswwod) chante à Lucia que, sur la tombe du « père trahi », (« il tradito genitore ») il avait juré de se venger, mais qu’à la vue de Lucia, un autre sentiment l’a envahi et que sa colère s’est apaisée.

Puis les deux héros se jurent fidélité et secret, échangent des anneaux et, dans un célèbre duo, et chantent  « Verrano a te sull’ aure » 

Mais, alors qu’ils se sont juré fidélité, les deux amants vont être trahis.

Normanno, ami de Enrico, frère de Lucia, présente à celle-ci une fausse lettre d’Edgardo à une autre femme. Lucia se croit trahie et finit par accepter le riche mari que son frère lui destine … pour sauver la famille en graves difficultés.

C’est l’air entre le frère et la sœur…« Se tradirmi tu potrai »,

Arrive le mariage par dépit.

On a trompé Lucia par la fausse lettre d’Edgardo à une autre femme, et Lucia s’est crue trahie. Mais voici qu’Edgardo revient – de France – mais pour trouver quoi ? Lucia qui se marie ! Il ignore évidemment tout du piège qu’on a tendu à Lucia.

Il tire son épée contre Enrico, frère de Lucia, auteur de tout ceci, mais on lui montre la signature de Lucia au pied du contrat de mariage !

Alors il lui rend son anneau…ou plutôt il le lui jette !

C’est lui qui s’estime trahi par elle : les deux amoureux ont été floués.

C’est le moment du fameux sextuor, les six protagonistes soutenus par le chœur, qui a toujours enthousiasmé les spectateurs, les sentiments de chacun fondus dans un ensemble, moment qui annonce tout simplement Verdi (« Chi mi frena in tal momento »)

 Mais en arrive enfin aux conséquences tragiques de ce mariage forcé et de la tromperie dont ont été victimes les deux héros.

Dans la chambre nuptiale, Lucia tue l’homme qu’elle vient d’épouser et qu’elle n’aime pas : elle l’a poignardé et elle apparaît, hagarde, comme une somnambule, un poignard plein de sang à la main. Elle a perdu la raison.

La scène de la Folie

Cette scène (Acte 3) se compose de plusieurs airs et d’abord, « Ohimé ! Sorge il tremendo ».

Il suffit parfois d’un air pour rendre un opéra célèbre, et la renommée de Lucia s’est principalement établie sur cette (elle dure plus de 12 minutes).

C’est l’un des fleurons du bel canto romantique, un véritable morceau de bravoure aujourd’hui encore la magie de la musique italienne et qui exige de l’interprète une technique exceptionnelle, mais aussi une grande sensibilité dramatique.

Cette scène est le cheval de bataille de beaucoup de sopranos

C’est une scène très élaborée, qui va bien au-delà de la simple acrobatie vocale, et qui s’intègre parfaitement à l’action. Dans une sorte de rêve éveillé, Lucia revit le grand duo d’amour du premier acte ; elle s’imagine un temps avoir épousé Edgardo, avant d’être rejointe par la réalité. La voix dialogue avec la flûte, passe de la virtuosité à l’extase et traduit l’expression la plus profonde du désespoir et de la douleur.

Or alors qu’il croit que la noce bat son plein, car il voit les lumières du Château, les invités sortent horrifiés et disent à Edgardo, qui était sur les tombes des ancêtres, que Lucia a tué son époux, qu’elle a perdu la raison et qu’elle s’est donné la mort (en fait elle est mourante).

Edgardo, désespéré, veut alors retrouver Lucia dans la mort. Il se poignarde pour la rejoindre au ciel et chante le magnifique morceau final: « Tu che a dio spiegasti l’ali ».

Insertions musicales :

« Regnava il silencio ») par Maria Callas

 « Sulla tomba che rinserra » (« il tradito genitore…» par Ferruccio Tagliavini

 « Verrano a te sull’ aure », par Renata Scotto et Luciano Pavarotti,
Orchestre symphonique et chœurs de Turin de la RAI, sous la Direction de Francesco Molinari Pradelli, enregistrement en « live » à Turin, 1967

4« Se tradirmi tu potrai, … », par Lily PONS, franco-américaine star de l’opéra en Amérique, au Metropolitan de New York, soprano colorature (qui montait jusqu’au contre-fa, « la Diva au Chant d’oiseau ») ; aussi actrice de cinéma (elle avait joué notamment avec Henri Fonda). Cette star a sauvé le Met de la faillite par le public qu’elle attirait. Ici elle chante avec le grand baryton Léonard Warren,

 « Chi mi frena in tal momento » par Maria Callas, Giuseppe Di Stefano, Tito Gobbi, Chœurs et Orchestre du Mai Musical Florentin, Direction de Tullio Serafin

 « Ohimé ! Sorge il tremendo » par Maria Callas

 « Tomba degli avi miei …. Fra poco me ricovero » par Ferruccio Tagliavini

 « Tu che a Dio spiegasti l’ali », par Giuseppe Di Stefano (Edgardo)

 

 

 

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Emission Arte lirica du 11 juin 2017

mai 27th, 2017 par Alain Fauquier


Affiche CARMEN

 Perle du romantisme français, Carmen, n’a jamais cessé de faire partie des œuvres lyriques les plus populaires et les plus jouées au monde. En créant une musique éblouissante, enivrante, raffinée, fataliste et tragique, Georges Bizet a revêtu la Carmen de Prosper Mérimée d’une robe étincelante et fatale.

Pourtant, la première représentation de Carmen à l’Opéra-comique, le 3 mars 1875, fut un échec historique qui n’eut d’équivalent que le fiasco de La Traviata de Verdi en 1853 et, dans une moindre mesure, l’échec de Faust de Gounod en 1859 et de Madame Butterfly de Puccini le 17 février 1904.  Aujourd’hui les 4 œuvres les plus jouées au monde…

Une fois passé le choc initial qu’elle provoqua, une fois qu’ils eurent surmonté les sentiments d’aversion, de mépris, d’envie ou de suspicion, critiques, musicologues et connaisseurs, en vinrent eux aussi à apprécier l’habileté musicale et dramatique, la pénétration psychologique et la pure vitalité humaine et artistique de l’œuvre de Bizet.

Carmen est un opéra-comique, c’est-à-dire un opéra dans lequel les parties chantées alternent avec les dialogues. Pour respecter le temps qui nous est imparti nous n’écouterons que les airs les plus marquants de cette œuvre qui dure 2h40.

L’action de Carmen se déroule dans l’Espagne du XIXème siècle, à Séville, au cœur de la torride Andalousie. Carmen est une gitane sensuelle au tempérament de feu. Elle va séduire et détruire Don José, le caporal des Dragons qui en tombera éperdument amoureux. La passion de Carmen pour Don José sera de courte durée. Volage et capricieuse, Carmen le laissera tomber pour le toréro Escamillo. Dans un accès de désespoir, Don José la poignardera à la porte des arènes au moment où elle s’apprêtait à rejoindre son nouvel amant.

Le prélude est l’un des plus célèbres de l’histoire de la musique : c’est un presto giocoso débordant, au rythme joyeux et bondissant, correspondant au motif de la corrida. Il est immédiatement suivi par une section menaçante et inquiétante qui marque le thème du destin funeste. Ce sombre Andante moderato sera joué aux moments clefs de l’opéra et résonnera à toute volée à la fin du duo final.

Au 1er acte, le rideau s’ouvre sur une place à Séville, avec d’un côté la caserne des Dragons, et de l’autre la fabrique de tabac où travaille Carmen. La cloche sonne, c’est la pause pour les cigarières qui se rendent sur la place. Don José, fiancé à la jeune Michaela, est apostrophé par Carmen qui lui chante, sur le rythme d’une Habanera, un air dans lequel elle expose sa philosophie de l’amour. Puis elle extrait une fleur de son corsage et la jette aux pieds de Don José pour lui signifier qu’elle le choisit.

Les librettistes, Henri Meilhac et Ludovic Halévy, ont construit une scène admirable et le compositeur a su en tirer partie. La Habanera caractérise d’entrée le personnage de Carmen : une gitane passionnée mais volage, aimant impulsivement, mais se lassant tout aussi vite. Elle représente le fatalisme qui joue avec la mort.

.Micaëla, la fiancée de Don José, lui apporte une lettre de sa mère. Il s’en suit un duo charmant interprété par Plàcido Domingo et la soprano roumaine Ileana Cotrubas.

Don José est chargé de conduire Carmen en prison car elle a blessé d’un coup de couteau une cigarière. Pendant qu’il la surveille, Carmen l’embobine en lui chantant des chansons dont une danse andalouse, une séguedille : « Sous les remparts de séville » et, il finit par la libérer. On écoute cette séguedille par la mezzo grecque Agnès Baltsa. C’est José Carreras qui lui donne la réplique.

L’acte II se déroule dans la taverne de Lillas Pastia, repaire notoire de contrebandiers. Accompagnée de deux autres bohémiennes, Frasquita et Mercedes, Carmen danse et chante « Les tringles des sistres tintaient ». Elle fait crépiter ses castagnettes et la danse devient de plus en plus rapide et violente. C’est la mezzo lettone Elina Garanca qui chante cette très belle mélodie, aussi appelée « Chanson bohème ».

On entend des exclamations, des « Vivat, vivat le torero ! » qui viennent de l’extérieur de la taverne. C’est le célèbre torero Escamillo, triomphateur aux dernières courses de Grenade qui arrive.

Il entre dans la taverne et chante  les fameux « couplets du toréador » devant Carmen fascinée à qui il fait des avances. C’est le baryton belge José van Dam qui chante cet air célèbre.

Don José après avoir été emprisonné pour avoir laissé Carmen s’échapper, est finalement libéré. Carmen lui reproche de placer son devoir au-dessus de son amour pour elle. Pour lui prouver sa passion, il lui montre la fleur qu’elle lui avait lancée lors de leur première rencontre et qu’il a amoureusement conservée sur sa poitrine. Puis, pour lui prouver son amour et sa passion, il lui chante « La fleur que tu m’avais jetée ». Cet air est, très célèbre lui aussi, est  interprété par Mario Lanza.

L’acte III se déroule dans la montagne où Don José a finalement rejoint Carmen dans le repaire des contrebandiers, seule façon pour lui de rester auprès d’elle. La passion de Carmen pour Don José a été de courte durée. Carmen se révèle volage et capricieuse. Don José qui l’aime follement est devenu jaloux, Escamillo étant désormais son rival. Carmen le pousse à la quitter car sa jalousie l’étouffe, elle a besoin de se sentir libre. Il la menace de mort.

Le chœur d’ouverture de l’acte III a un rythme particulièrement attrayant ; le trio des cartes « Mêlons, coupons ! » est l’un des plus brillants passages de la partition, interrompu par le fantastique monologue de Carmen : « En vain pour éviter » ; la romance de Michaela qui vient chercher Don José : « Je dis que rien ne m’épouvante », est exquise.

L’acte IV se déroule à Séville devant l’entrée des arènes. La place est très animée car c’est le jour de la corrida. Carmen, qui a rompu avec Don José, déclare à Escamillo qui s’apprête à entrer dans les arènes que s’il triomphe elle sera à lui. Fou de jalousie et de désespoir, Don José menace une dernière fois Carmen avant de la poignarder en plein coeur.

On écoute pour terminer, par l’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Berlin dirigés par Otmar Suitner, une marche éblouissante, construite avec précision et savamment orchestrée par Bizet : « Les voici, les voici, voici la quadrille » qui accompagne le défilé des toreros et de leur quadrille qui entrent dans l’arène.

Insertions musicales :

Prélude :
Metropolitan Orchestra, direction: James Levine, 

La Habanera :
Giulietta Simionato
Orchestre de l’Académie Sainte Cécile,
direction: Fernando Previtali, 1956

Ma mère je la vois :
Plàcido Domingo et Ileana Cotrubas
London Symphony Orchestra,
direction Claudio Abbado, 1977

La Séguedille :
Agnès Baltsa et José Carreras
Chœur de l’Opéra de Paris : Jean Laforge
Orchestre Philharmonique de Berlin,
direction: Herbert von Karajan, 1983

Les tringles des sistres tintaient :
Elina Garanca
Orchestre National Symphonique de la RAI,
direction: Karel Mark Chichon, 2010

Couplets du toréador :
José van Dam
Chœur de l’Opéra de Paris : Jean Laforge
Orchestre Philharmonique de Berlin,
direction: Herbert von Karajan, 1983

La fleur que tu m’avais jetée :
Mario Lanza
RCA Victor Orchestra, direction: Constantine Callinicos, 1950

Les voici, les voici, voici la quadrille :
Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Berlin
direction: Otmar Suitner, 2012

L’Amour est enfant de bohème :
Elina Garanca
Orchestre National Symphonique de la RAI,
direction: Karel Mark Chichon, 2010

 

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Emission Arte lirica du 14 mai 2017

mai 12th, 2017 par Alain Fauquier


 

Affiche Gedda

Nous rendons hommage aujourd’hui à un artiste d’exception en la personne du grand ténor suédois Nicolaï Geddï, disparu le 8 janvier 2017 à l’âge de 91 ans. Selon sa fille, la soprano Tania Gedda, Nicolai Gedda est mort d’un arrêt cardiaque alors qu’il se trouvait dans sa résidence secondaire suisse de Tolochenaz, une charmante commune située au bord du lac Léman dans le canton de Vaud près de Lausanne.

Pendant de nombreuses années Nicolaï Gedda a eu pour voisins, à Tolochenaz, deux célébrités : l’adorable star britannique Audrey Hepburn (Vacances romaines, My Fair Lady, Charade, Le vent de la plaine… ), ambassadrice de l’UNICEF, décédée en 1993 et enterrée au cimetière de Tolochenaz, et son grand ami, qui fut son partenaire sur les scènes d’opéra, le baryton-basse américano-canadien George London, célèbre notamment pour son interprétation impressionnante de Méphisto dans le Faust de Gounod, décédé en 1985 à New-York. Ami intime et fidèle de Mario Lanza, ils débutèrent ensemble leur carrière en 1947 avec le Bel Canto Trio sous l’égide des Concerts Columbia.

Doté d’une voix de ténor léger à l’étendue phénoménale pouvant monter jusqu’au contre-ré (note rarement atteinte par un ténor), Nicolaï Gedda possédait en outre une stupéfiante maîtrise du chant et un sens infaillible du style musical qui lui permettait de passer avec une facilité déconcertantes de Gluck à Rameau, de Mozart à Beethoven, de l’opéra russe à l’opéra italien ou français. Avec autant de qualités, Nicolaï Gedda semble n’avoir jamais su quelle sorte de ténor il était, tant il s’est essayé avec bonheur à pratiquement tous les répertoires.

A l’exception des catégories pour lesquelles il n’était pas physiquement taillé, à savoir le ténor italien di forza et le Heldentenor (ténor héroïque) allemand, Nicolaï Gedda fut probablement le seul chanteur du XXème siècle à s’être spécialisé dans tout.

Son don exceptionnel pour les langues n’a jamais cessé d’étonner et tient du prodige. Nicolaï Gedda parlait en effet couramment, et sans accent étranger, une douzaine de langues dont le russe, l’allemand, l’anglais, l’italien, le portugais, l’espagnol, le grec, l’hébreu, le latin, le norvégien, le néerlandais, le danois et le français qu’il chantait dans notre langue à la perfection.

On l’écoute chanter, en russe, l’air d’Hermann extrait du 3ème acte de la Dame de Pique de Tchaikovsky : « Qu’est notre vie ? Un jeu ! ».

Son très vaste répertoire comprenait non seulement un nombre impressionnant d’oratorios, de cantates, de messes et d’opérettes mais aussi et surtout une cinquantaine d’opéras dont la diversité dans différentes langues laisse pantois.

Après son premier enregistrement réalisé pour EMI au cours de l’été 1952, il enregistre dans les années 1950-1960 rien moins que La Bohème et Madame Butterfly (Puccini), Manon et Werther (Massenet), Eugène Onéguine (Tchaikovsky), Orphée (Glück), un grand nombre de Mozart, tous les grands Verdi, I Puritani (Bellini), Carmen et Les Pêcheurs de Perles (Bizet), La Chauve-souris (Johann Strauss), Capriccio (Richard Strauss), Boris Godounov (Moussorgski), Guerre et Paix (Prokofiev), Le Barbier de Séville (Rossini), Candide (Bernstein), ainsi que tout Berlioz et de nombreuses œuvres contemporaines. En 2003, à 78 ans, il enregistrait encore Idoménée.

On aurait pu penser qu’un tel éclectisme l’aurait condamné à ne dominer aucun rôle. Mais Nicolaï Gedda a toujours défié les prévisions et il a prouvé qu’il était un expert dans tout ce à quoi il touchait.

S’il ne fût pas toujours convaincant dans le répertoire romantique italien, sa voix superbe et son instinct dramatique très sûr, firent de lui un interprète idéal pour certains rôles comme celui du duc de Mantoue de Rigoletto dans lequel il triompha à Munich en 1966.

De Rigoletto on l’écoute chanter « La donna è mobile »

Nicolaï Gedda s’est révélé un mozartien hors pair et a chanté les opéras de Berlioz comme aucun autre ténor de sa génération, ainsi que l’attestent les enregistrements qu’il a réalisés sous la direction de Colin Davis en 1970 et qui demeurent des fleurons de l’histoire du disque.

Dans ses meilleurs moments, Nicolai Gedda, surnommé « The Knight of the High C » (Le Chevalier du do aigu ou contre-ut) atteignait des sommets de virtuosité, comme le prouve son interprétation époustouflante du Postillon de Longjumeau d’Adolphe Adam.

Lorsque son tempérament s’accordait avec la partition, comme le Palestrina de Pfitzner, il était capable d’une rare profondeur d’interprétation.

Du premier acte de Manon Lescaut de Puccini on écoute Nicolai Gedda chanter en italien le mélodieux air de Des Grieux : « Donna non vidi mai » (Je n’ai jamais vu de femme si belle).

Nicolaï Gedda a triomphé sur les plus grandes scènes d’opéra du monde : Opéra Royal de Stockholm, Covent Garden, Palais Garnier, Scala de Milan, le Bolchoï, le Metropolitan Opera où il débuta en 1957 et où il chanta 350 fois entre 1957 et 1983, …

Il a eu pour partenaires les plus grandes célébrités de son époque, comme Elisabeth Schwarzkopf, Anneliese Rothenberger, Christa Ludwig, Victoria de Los Angeles, George London, Mirella Freni, Boris Cristoff, Beverly Sills, Birgitta Svenden, Robert Merrill, Maria Callas, Mady Mesplé et tant d’autres… Il a chanté sous la direction des chefs les plus prestigieux : Herbert von Karajan, Otto Klemperer, Georges Prêtre, André Cluytens

Extrait d’une autre Manon, celle de Jules Massenet, une version antérieure de neuf ans à celui de Puccini, on écoute Nicolaï Gedda, chanter, en français, l’air du 3ème acte de Des Grieux : « Ah ! Fuyez douce image »

Partout où il passait, la critique était dithyrambique. Sa compatriote, la célèbre soprano wagnérienne Birgit Nilsson, décédée en 2005, disait : « Nicolaï Gedda est  incontestablement le ténor le plus musicien, le plus polyvalent, le plus subtil et le plus nuancé qu’il m’ait été donné de côtoyer, voire que le monde lyrique ait même jamais connu. »

Luciano Pavarotti se plaisait à répéter : « Il n’y a pas de ténor vivant qui ait une aussi grande facilité dans le registre aigu que Gedda. »

Du premier acte de Tosca de Puccini on écoute l’air de Cavaradossi : « Recondita armonia » (Etrange harmonie de contrastes magnifiques)

Nicolaï Gedda est né le 11 juillet 1925 à Stockholm sous le nom de Nicolaj Ustinov. Abandonné à sa naissance par ses parents biologiques (mère suédoise et père russe) qui étaient dans la plus grande précarité, il est recueilli, pour lui éviter l’orphelinat, par sa tante maternelle Olga Gädda et son futur époux Mihail Ustinov dont il prendra le nom. Mihail Ustinov était apparenté au célèbre acteur britannique Peter Ustinov décédé en 2004.

C’est Mihail Ustinov, chef de chorale d’une église orthodoxe, qui donne au jeune Nicolai ses premières leçons de chant. Employé de banque il fait part un jour à l’un de ses clients fortunés de son ambition de devenir chanteur professionnel. Celui-ci lui finance des études de chant avec le ténor wagnérien Martin Oehmann qui avait découvert Jussi Bjoerling.

Après avoir peaufiné sa technique et son art à l’Académie Royale de Musique de Suède, Nicolaï Gedda fait ses débuts sur scène le 8 avril 1952 à l’Opéra Royal de Stockholm dans le rôle de Chapelou du Postillon de Longjumeau d’Adolphe Adam qu’il chante en suédois.

Extrait du 4ème acte de Mireille de Charles Gounod, on écoute l’air célèbre de Vincent : « Anges du paradis »

Dans une autobiographie rédigée en anglais : « Nicolaï Gedda, my life and art » (Ma vie et mon art) il considère que ses deux mariages – le premier avec la pianiste franco-russe Nadia Sapounoff Nova, décédée en 2016 et mère de sa fille Tania Gedda, elle-même cantatrice et professeur de chant, et le second avec Anastasia Caraviotis, d’origine grecque décédée en 2007 et mère de son deuxième enfant Dimitri,– se sont soldés par un « désastre » affectif et financier.

En 1977 il rencontre Aino Sellemark qui l’aidera à rédiger son autobiographie et qui deviendra sa troisième épouse en 1997.

Dans sa biographie Nicolaï Gedda révèle souffrir de fréquents accès de dépression et dévoile combien un trac incontrôlé transforme chacune de ses prestations en un calvaire dont il s’efforce de ne rien laisser transparaitre.

Ce trac qui accompagne et perturbe souvent la vie des grands artistes, n’est pas sans nous rappeler celui dont souffraient deux autres grandes personnalités du chant, Franco Corelli et Rosa Ponselle à qui nous avons rendu hommage en 2014 et 2015.

De l’opérette Paganini composée en 1926 par Franz Lehar pour le grand ténor autrichien Richard Tauber, on écoute, extrait du deuxième acte : « Girls were made for love and kiss » enregistré par Nicolaï Gedda en 1977.

Avec Nicolaï Gedda disparait l’un des ténors les plus marquants du XXème siècle. Un artiste d’exception, doté d’une voix d’une impressionnante musicalité et d’une maitrise exemplaire de la nuance et des subtilités du phrasé.

Nicolaï Gedda était non seulement un grand chanteur mais il était aussi un travailleur acharné. Il suffit pour s’en convaincre d’imaginer ce que peut  représenter en journées de travail l’étude d’autant de partitions.

Nicolaï Gedda peut effectivement se prévaloir du record mondial du nombre d’enregistrements réalisés (environ 200 en studio et en live), toutes catégories confondues. C’est extraordinaire !

Il a aussi donné de nombreux récitals et concerts dont plusieurs avec sa fille Tania Gedda, concerts que l’on peut voir et entendre sur Youtube.

Honoré par de nombreuses distinctions il a reçu en 2010 la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur.

Pour terminer ce trop court hommage on l’écoute chanter en italien l’air de Riccardo extrait du premier acte de Un Ballo in maschera de Verdi : « Di’ tu se fedele »

 

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Emission Arte lirica du 23 avril 2017

avril 19th, 2017 par Alain Fauquier


 

 Affiche opera veriste portrait

 Le vérisme (ou verismo) est un mouvement intellectuel de la fin du 19ème siècle en Europe, qui a touché la littérature et l’opéra, tant en France qu’en Italie.

L’idée principale est de choisir comme héros des personnages de la vie ordinaire et non pas des dieux mythologiques ou des rois et des empereurs, plutôt des paysans ou des villageois ou des « bourgeois » que de prétendus êtres supérieurs ou de légende.

En littérature, on trouvera le phénomène littéraire du naturalisme, avec Zola, Maupassant, et leur précurseur sur ce terrain, Balzac : description précise de la vie et de la psychologie de personnes vraies, si l’on peut dire, phénomène de réalisme culturel qu’on retrouve aussi en Angleterre et en Russie.

En Italie, le grand homme c’est Giovanni Verga qui prônait ce mouvement d’hommage « aux vaincus de la terre » (Ai vinti dalla terra »), aux vraies valeurs, simples et « rustiques », au travail, au coutumes anciennes, à l’honneur, qui souvent mène à la vengeance et à la mort etc…, qui sont les deux ingrédients principaux de l’opéra, qu’ils s’agisse des dieux ou de ce qu’il est convenu d’appeler les « grands de ce monde » ou « les petites gens »…

A l’opéra, c’est l’Italie qui a pris la tête du mouvement avec des compositeurs qui, pour n’avoir pas la stature de Verdi ou de Wagner, sont d’excellents musiciens, aux opéras connus et joués régulièrement à travers le monde : qu’on songe à Pagliacci (drame de la jalousie dans une troupe de comédiens ambulants), Cavalleria Rusticana, (drame de la jalousie dans un village) ou même à certains opéras de Puccini et leurs personnages « bourgeois », comme la Traviata et les personnages « réels » qui l’entourent ou ceux de la Bohème, un poète, une petite ouvrière ou brodeuse, une aubergiste etc… : les noms eux-mêmes, le plus souvent des prénoms, sont ceux de la vie de tous les jours, Mimi, Musette, Rodolfo, Colline, Nedda, Santuzza, Canio, Silvio, Alfredo (Germont)…

Ces compositeurs célèbres sont Ruggero Leoncavallo (1892- Pagliacci), Pietro Mascagni (1890) Cavalleria Rusticana) et, bien que n’étant pas seulement classables comme compositeur « vériste », Puccini lui-même.

Commençons notre écoute musicale par le véritable « Manifeste » du vérisme qui ouvre I Pagliacci : c’est le fameux « PROLOGUE » où le baryton se présente au public et lui expose que le spectacle mettra en scène des êtres de chair et de sang, comme l’auteur lui-même, et des sentiments qui sont ceux de la nature humaine.

Le PROLOGUE commence par « Si puo ? Si puo ? »

« poique siam uomini di sangue et d’ossa »

« E que di quest’orfano mondo

« Al pari di voi, spiriamo l’aere »,

« parce que nous sommes des hommes de chair et de sang

« et que, de ce monde orphelin,

« tout comme vous nous respirons l’air » !

Sachons que le livret est de Leoncavallo lui-même, qui était l’auteur de tous ses livrets sauf un opéra posthume dont la composition complète lui est d’ailleurs discutée.

Il a aussi collaboré au livret de Manon Lescaut, de Puccini.

Leoncavallo avait une belle plume et avait fait des études de lettres à l’université de Bologne où il avait eu pour professeur Giosué Carducci, un des plus grand poètes italiens du 19ème siècle.

Il a aussi écrit pour Caruso, premier interprète de Pagliacci, la fameuse chanson « « Mattinata » si aimée des ténors.

Revenons au Prologue de Pagliacci : c’est une introduction originale et magnifique,  texte et musique.

En effet, le Prologue se présente comme une personne: « Je suis le Prologue » : « Io sono il Prologo » « Si puo ? Si puo ? » nous est chanté par le grand Sherill Milnes, grand baryton américain.

Cet enregistrement réunissait Placido Domingo, Montserrat Caballé, MIlnes et Barry Bac Daniel, autre baryton

Poursuivons avec Paillasse et le grand air de cet opera, celui  où Canio, le héros interprété par le ténor, prend la résolution de se venger d’avoir été trompé par sa femme Nedda, qui interprète Colombine dans leur petite troupe de comédiens de « Commedia de’ll Arte », cependant que lui-même joue le Pierrot (« Pagliaccio »).

Mais Canio nous explique qu’il ne veut plus être le Pierrot de la Comédie italienne, à qui on vole sa Colombine et qui reçoit des coups de bâton pendant que le public rit ! Avec lui, ça ne se passera pas comme ça ! il l’a déjà dit dans le premier air, plein de menace et qui installe tout le drame :

Cet air annonce en quelque sorte tout le programme de l’opéra, qui finira mal puisqu’il va poignarder sa femme Nedda (Colombine) et Arlequin-Silvio, qui lui vole sa femme !

Écoutons Jussi Bjorling chanter sa menace :« Un tal gioco credete mi….”

Mais dans le grand air de « Pagliacci », il a pris sa résolution : « Recitar ! … Vesti le giubba » (Agir !!!) : l’aria qui a fait la fortune de Mario Lanza !

Et malgré le meurtre avec préméditation qui se prépare, on souffre pour « Canio-Pagliaccio » dont le cœur est brisé et dont la jalousie a empoisonné le cœur : « Ridi del duol che t’avelenna il cuore », « Ris de la douleur qui t’empoisonne le cœur » !

Et Mario Lanza est bouleversant, comme homme trompé qui rit et pleure à la fois !

Et après avoir tué sa femme et son amant devant les yeux du public de son propre spectacle, il tire le rideau et conclut : « É finita la commedia ! »

Passons à l’autre fameux opéra vériste, : Cavalleria Rusticana, qu’on pourrait traduite par «Chevalerie paysanne »: la « chevalerie » ou le « sens de l’honneur », existe partout et dans tous les milieux, c’est la signification de cet opéra, mais là, en, Sicile, il finit dans le sang…

Cavalleria Rusticana est, comme Pagliacci, un opéra en un acte unique et habituellement les mêmes chanteurs interprètent les deux opéras à la suite, après l’entracte depuis que la tradition en a été instaurée au Metropolitan Opera de New York, en 1895, car les deux opéras ne faisaient que deux actes à eux deux.

Cet opéra est de Pietro Mascagni (1863-1945), auteur d’un autre très grand succès d’opéra, l’Amico Fritz (l’Ami Fritz) d’après le roman d’Erckmann et Chatrian, opéra où s’illustra Tito Schipa et au total de 15 opéras et d’œuvres instrumentales.

Cavalleria Rusticana fut même dirigé par Gustav Mahler à Budapest, ses œuvres instrumentales eurent un grand succès, et il eut une très belle carrière de son vivant (il est mort en 1945, quelques jours avant la victoire des Alliés sur le nazisme).

Revenons à Cavalleria : Nous sommes en Sicile, le héros, Turridu est aimé de Santuzza (qu’il appelle aussi Santa), mais au retour de l’armée il retrouve son ancienne fiancée, Lola, mariée au charretier Alfio. Leur liaison reprend, aux dépens d’Alfio, le mari, et de Santuzza, la fiancée, jeune femme désespérée, qui se confie à Mamma Lucia, mère de Turridu.

Puis après une dispute avec Turridu, elle le dénonce à Alfio et le regrette immédiatement, car elle connaît l’issue : l’honneur du mari trompé se lave dans le sang et de fait, et pour résumer, les deux hommes vont se battre en duel mais ils s’embrassent d’abord selon la coutume. Ce baiser (baiser de la mort ?) a lieu dans l’auberge de Mamma Lucia après une chanson à boire.

Avant le duel, Turridu fait jurer à sa mère que s’il ne revenait pas du duel, elle se considère comme la mère de Santuzza (Santa) à qui il avait juré de « la conduire à l’autel » et c’est le grand air de cet opéra : « Mamma, quel vino e generoso… ».

Cet air est un régal pour un ténor en raison de l’émotion de la situation et de la prière que Turridu fait à sa mère : il lui demande de le bénir « comme ce jour où il est parti soldat » et qu’elle lui promette d’être une « une mère pour Santa » « si io non tornasi », si je ne devais pas revenir ».

Puis l’orchestre joue le fameux INTERMEZZO de Cavalleria Rusticana, quelques minutes magnifiques et graves, passage aussi connu que le grand air, sinon plus.

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Emission Arte lirica du 19 mars 2017

février 15th, 2017 par Alain Fauquier


Affi.Traviata-portrait

La Traviata est sans doute l’œuvre la plus populaire et la plus universellement représentées, toujours à l’affiche partout dans le monde, dans les opéras et les festivals. C’est l’opéra le plus accessible de Verdi et peut-être même de tout le théâtre lyrique. Aussi, on a peine à croire aujourd’hui que lors de sa création à La Fenice le 6 mars 1853, La Traviata connut un échec retentissant qui n’aura d’équivalent que le fiasco de Carmen de Bizet en 1875.

Tiré de la pièce d’Alexandre Dumas fils, La Dame au Camélia, l’histoire de La Traviata se déroule à Paris, sous le Second Empire, aux alentours de 1850. La courtisane Violetta Valéry aime et est aimée d’Alfredo Germont. Mais le père du jeune homme va la convaincre de mettre un terme à cette liaison qui déshonore leur famille. Elle décide de se sacrifier au nom de son amour, avant de mourir dans les bras de son amant, rongée par la tuberculose. C’est donc l’histoire d’un amour bouleversant et purificateur. On écoute Montserrat Caballé dans un extrait du grand air de Violetta du premier acte : « Sempre libera » (c’est pour lui que mon âme).

L’héroïne de La Traviata a réellement existé. Il s’agit d’Alphonsine Plessis, fille d’un colporteur de l’Orne, qui allait devenir à 16 ans l’une des plus illustres courtisanes du 19e. Cette jolie fille arrive à Paris à 14 ans et elle subvient vite à ses besoins en monnayant chèrement ses charmes. Elle ne va pas tarder à devenir la reine des nuits parisiennes et se rebaptise Marie Duplessis, ça sonne mieux.

Elle rencontre Alexandre Dumas fils avec qui elle va vivre une passion ; mais Marie est malade depuis plusieurs années : elle est rongée par la tuberculose et elle mourra à 23 ans à peine, ruinée et endettée. Marie est enterrée à Paris, au cimetière Montmartre. A sa mort elle entre dans l’histoire mais Dumas fils va très vite la faire entrer dans la légende. Marie Duplessis devient Marguerite Gautier qui va devenir Violetta Valéry.

Verdi se passionne pour cette histoire qui connaît un succès prodigieux et fait scandale. Dans sa Traviata Verdi ne dénonce pas, ne condamne pas : il observe. Violetta veut simplement être aimée : sa fragilité, son amour fou, sa quête d’absolu rappellent les élans du romantisme, quant à ses doutes et à sa lucidité, ils sont résolument modernes.

Violetta est une femme moderne, c’est même l’une des figures de femme les plus adultes de tout le répertoire lyrique. C’est une femme blessée et lucide qui va trouver sa rédemption dans l’amour et la mort. A ce propos je cite Dumas fils : « pour la femme à qui l’éducation n’a pas enseigné le bien, Dieu ouvre presque toujours deux sentiers qui l’y ramènent […] la douleur et l’amour ».

Violetta va suivre ces deux sentiers : l’amour d’abord, celui sincère d’Alfredo, la douleur ensuite quand au 2e acte le père de ce dernier vient lui demander de se sacrifier.

Nous vous proposons justement d’écouter un extrait du célèbre duo « Ah ! Dite alla giovine » entre Violetta et Germont-père au 2e acte. C’est le pivot du drame où le père d’Alfredo vient justement demander à Violetta de se sacrifier pour que son fils puisse épouser une femme de bonne famille.

Le désir de changer de vie de Violetta fait d’elle un élément perturbateur qu’il faut éliminer, mais par amour elle va accepter ce sacrifice: entrée « dévoyée » au 1er acte, elle sort en martyr au dernier. Verdi est un grand dramaturge, on peut même dire que c’est le Shakespeare italien : il pense musique et en même temps il pense théâtre. La Traviata est l’aboutissement de toutes ses recherches passées et le point de départ d’une nouvelle esthétique.

Verdi ne va pas se contenter de ne retenir que l’intrigue, il va approfondir ce qui fait la nouveauté de la pièce et accentuer son côté passionné. A propos de passion, écoutons Nicolai Gedda chanter sa joie de vivre « quasi in ciel » auprès de sa chère Violetta, dans le très enlevé « Dei miei bollenti spiriti ».

Non seulement Verdi ose mettre en scène un sujet de son époque mais en plus il s’agit d’un pur drame bourgeois, loin des grands péplums héroïques auxquels le public était habitué. C’est une révolution dans le monde de l’opéra.

Le dernier acte de Traviata confirme le triomphe de cette nouvelle manière de Verdi, née avec Luisa Miller et dans laquelle l’analyse psychologique prend le pas, avec le drame et l’émotion profonde, sur la violence. Il faut souligner que c’est d’ailleurs le seul opéra tragique de Verdi dans lequel la violence ne joue aucun rôle.

Nous vous proposons d’écouter Maria Callas qui a été la Traviata du siècle, dans l’ « Addio del passato », un des airs les plus émouvants qui soient, au moment où Violetta évoque un passé heureux auquel elle dit adieu à tout jamais.

Avec La Traviata, Verdi fait un constat social sans concession. Il n’a jamais traité aussi directement les problèmes sociaux et moraux de son époque lorsqu’il a composé Luisa Miller, Stifelio et La Traviata. Et avec elle on va donner pour la première fois le beau rôle à une « cocotte », à une « traviata » c’est à dire une dévoyée, une corrompue, une femme qui s’est écartée du droit chemin et qui est d’autant plus scandaleuse qu’elle est censée être contemporaine des spectateurs.

A peine plus d’un an après avoir sombré à la Fenice, mythique théâtre de Venise, c’est la revanche, toujours à Venise mais au San Benedetto. Nous sommes le 6 mai 1854, et cette fois, c’est un triomphe incontestable. Le public est versatile et Verdi le savait aussi : il ne s’exaltait jamais d’un succès ni ne se désolait d’un échec.

Cette fois la presse et le public acclament le chef d’œuvre qui après Rigoletto et Le Trouvère conclut en beauté une trilogie écrite en seulement deux ans, entre 1851 et 1853. Ecoutons le très joyeux chœur des Zingarelle.

Sans doute avait-il eu le temps à la fois de s’accoutumer à un style si nouveau et de mesurer leur ingratitude envers l’une de ses plus grandes idoles. Et il faut dire que l’orchestre avait fini par mieux comprendre la musique et que la reprise avait – enfin – bénéficié d’interprètes hors pair.

On écoute pour terminer, le dernier duo de l’acte 3. C’est le moment où Alfredo et Violetta sont dans les bras l’un de l’autre : ils oublient la mort qui menace Violetta. Ils vont quitter Paris pour se retirer dans un lieu calme où plus rien ne pourra les séparer : « Mia Violetta… Parigi, o cara, noi lasceremo » (Nous quitterons Paris, ô ma bien aimée.)

 Nous vous proposons un enregistrement rare réalisé par Mario Lanza et la soprano canadienne Frances Yeend lors d’un concert triomphal au Hollywood Bowl de Los Angeles le 27 août 1947. Le Hollywood Bowl orchestra est dirigé par le grand maestro de Philadelphie Eugene Ormandy. Le lendemain de ce concert Mario Lanza sera engagé par la MGM pour chanter l’opéra au cinéma avec un immense succès.

 Extrait musicaux:

 Sempre libera : Montserrat Caballé
Ah ! Dite alla giovine : Renata Scotto & Renato Bruson
Dei miei bollenti spiriti : Nicolai Gedda
Addio del passato : Maria Callas
Chœur des Zingarelle
Mia Violette… Parigi, o cara : Mario Lanza & Frances Yeend
Libiamo ne’lieti calici :Renata Scotto & Alfredo Kraus

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Emission Arte lirica du 29 Janvier 2017

janvier 29th, 2017 par Alain Fauquier


Affi.Voix d'hier-portrait

« Voix d’opéra d’hier et d’aujourd’hui »

Pour commencer cette émission nous avons choisi de vous faire écouter un chœur : le magnifique et célèbre chœur des forgerons, appelé aussi « chœur de l’enclume », du début du 2ème acte du Trouvère de Verdi.

Dans le camp des gitans, les forgerons frappent l’enclume au rythme de la musique qui est typiquement verdienne, à la fois vive et grandiose. Cet air de l’enclume est interprété ici par le chœur et l’orchestre de la Scala de Milan dirigés par Riccardo Muti.

Nous allons entendre la grande basse bulgare Boris Cristoff qui fut l’une des plus grandes basses du 20ème siècle et qui était aussi, pour la petite histoire, le beau-frère du grand baryton italien Tito Gobbi.

Extrait du 2ème acte des Vêpres siciliennes de Verdi, Boris Cristoff chante « O tu Palermo ». Un vibrant récitatif dans lequel Procida, le chef des patriotes siciliens, salue sa chère patrie. Une aria qui est devenue le passage le plus célèbre de l’opéra.
Le Philharmonia Orchestra est dirigé par Wilhem Schüchter.

A la fin du 1er acte de La Traviata de Verdi, après le départ d’Alfredo et des autres invités, Violetta songeuse avoue que pour la première fois son cœur est touché : « Ah, fors’è lui che l’anima » (c’est pour lui que mon âme).

Puis soudain, comme s’il ne pouvait y avoir d’amour durable pour une femme comme elle, elle change de ton et se lance dans le brillant « Sempre libera » (Toujours libre) que nous allons entendre par la divine Maria Callas. Une grande prouesse vocale et un grand moment d’émotion.

Dehors, la voix d’Alfredo chante le refrain : « Di quell’amor ». C’est le grand ténor espagnol Alfredo Kraus à qui nous avons consacré une émission en février 2016 qui lui donne la réplique. L’orchestre du Teatro Sao Carlos de Lisbonne est dirigé par Franco Ghione.

On écoute maintenant, extrait de Faust de Charles Gounod, le brillant et célèbre air des bijoux : « Ô Dieu ! Que de bijoux ! » que chante Marguerite au 3ème acte. C’est l’un des airs les plus éclatants du répertoire se soprano coloratur.

Cet air est interprété par la belle et très talentueuse soprano roumaine Angela Gheoghiu, devenue star internationale de l’art lyrique en 1994 à l’issue de sa prestation triomphale de La Traviata à Covent Garden. Spectacle retransmis en direct à la télévision.

Elle est accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Marco Armiliato.

Monserrat Caballe est l’une des plus grandes Divas du 20ème siècle. Surnommée « la superba » en raison de sa voix magnifique et de ses remarquables interprétations du répertoire belcantistes et lyrico-dramatique, cette immense cantatrice espagnole est aujourd’hui âgée de 83 ans.

On écoute Monserrat Caballé dans l’air du 2ème acte de Madame Butterfly de Puccini, le fameux «  Un Bel di Vedremo » (Un beau jour nous verrons).

Dans cette aria, Butterfly évoque avec entrain la joie qu’elle aura lorsqu’elle et Pinkerton se reverront. L’Orcherstre philharmonique de Strasbourg est dirigé par Alain Lombard.

Par Robert Alagna, qu’on ne présente plus, nous allons entendre le magnifique et très populaire aria : « Traduire… Pourquoi me réveiller au souffle du printemps » du 3ème acte de Werther de Jules Massenet. Une aria dans laquelle Werther chante l’histoire d’un amour tragique contée dans le livre qu’il vient d’ouvrir.

On peut dire de Roberto Alagna qu’il y a bien longtemps qu’un ténor français n’avait pas réalisé une aussi longue et aussi complète carrière. Non seulement il a pratiquement tout chanté, mais Il est aussi le seul ténor français à s’être produit sur les grandes scènes internationales. Il est accompagné ici par le London Symphony Orchestra dirigé par Sir Antonio Pappano.

Extrait de l’opéra Gianni Schicchi de Puccini on va écouter le célèbre et mélodieux « O Mio babbino caro » (O Mon cher père) chanté par la mezzo-soprano autrichienne d’origine russe, Anna Netrebko qui fait partie de la génération actuelle des grandes cantatrices. Elle est accompagnée par l’orchestre symphonique de Milan est dirigé par Claudio Abbado.

Qualifié de star du chant de première ampleur par le New York Daily News, après son récital à New York en 1990, le baryton russe Dmitri Hvorostovsky a volé de succès en succès. Il est aujourd’hui une star mondiale incontournable.

Extrait de l’acte II de La Traviata de Verdi, on l’écoute chanter l’air de Germont « Di Provenza il mar il suol » dans lequel il s’efforce d’adoucir la peine de son fils. L’orchestre philharmonique de Rotterdam est dirigé par Valéry Gergiev.

Nous terminons ce programme avec Mario Lanza qui chante, extrait du 3ème acte de Tosca de Puccini, le très beau « E lucevan le stelle ed olezzava la terra » (Quand les étoiles brillaient et que la terre embaumait).

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Emission Arte lirica du 18 décembre 2016

décembre 13th, 2016 par Alain Fauquier


Affi Arte lirica du 18 déc 2016

 

C’est Noël dans huit jours, et nous continuons la tradition de faire entendre des chants de Noël, en étendant le thème à des chants de foi.

On va constater que les chants de Noël, classiques ou modernes, ne sont pas que des mélodies mièvres ou des comptines pour enfants, et les voix que nous entendrons montrent, mieux qu’un long discours, que ces grands artistes aiment cette musique et lui donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Commençons par l’ex enfant de chœur, Mario Lanza qui chante « The First Noël », « le Premier Noël », extrait d’un disque « BMG » intitulé « Joy To the World », « Joie pour le Monde »

Passons maintenant à la grande contralto américaine, Marian Anderson, première chanteuse noire à chanter au Metropolitan Opera de New York et à briser la barrière de la ségrégation raciale (elle chantera pour Eleanor Roosevelt devant le Lincoln Mémorial, pour l’intronisation du président Kennedy en 1961, et elle restera un exemple pour les grandes cantatrices noires américaines qui lui ont succédé, Leontyne Price, Shirley Verrett, Jessye Norman etc…

Fille de Philadelphie, la ville de naissance de Lanza, elle a, comme lui , sa plaque de bronze au sol de l’Avenue où se trouve l’Opéra. Elle meurt en 1993.

Marian Anderson a chanté sous la baguette des plus grands, Toscanini, Eugène Ormandy, prestigieux chef du Philharmonique de Philadelphie, Pierre Monteux, Dimitri Mitropoulos etc… Elle chantait l’opéra (par exemple le Bal Masqué de Verdi), l’oratorio, le lied, c’est à dire le poème chanté allemand, et le Negro Spiritual

On l’écoute dans « AWAY IN A MANGER »

On ne le sait pas toujours, mais Martin Luther a écrit et composé de la musique religieuse et au moins le fameux air, inspiré du psaume 46 du roi David, « une redoutable forteresse est mon Dieu », ici chanté en anglais par Placido Domingo.

Cette composition, à l’origine en langue allemande, remonte aux années 1527/1529.

La soprano américaine Benita Valente, nous chante « joy to the world ».

Cette soprano américaine, née en 1934, a eu une longue et belle carrière, chantant l’opéra, les lieder, l’oratorio et la musique de chambre.

Les grands festivals, le Metropolitan Opera, l’ont demandée, où elle chanta la Flûte Enchantée, de Mozart, le Mariage de Figaro, Rigoletto, de Verdi.

Elle a récolté de nombreux grands prix, notamment en musique de chambre avec le prestigieux « Quartet Juilliard »

Elle chanta aussi en Europe et depuis sa retraite, à Philadelphie, elle enseigne dans tous les États Unis et les grandes écoles de musique où ses master classes sont très courues (Juilliard, Curtis School of Music à Philadelphie, Festival de Marlboro etc…)

Benita Valente est accompagnée des chanteurs de Philadelphie, « The Philadelphia Singers »

On ne présente pas Luciano Pavarotti, n’est- il- pas, un des plus illustres ténors du siècle ?

On ne parlera donc pas aujourd’hui de l’homme et de sa carrière hors du commun et on en restera au chant religieux. Ce n’est pas un chant de Noël qu’il va chanter, c’est le fameux « ingemisco », extrait du Requiem de Verdi.

Revenons au chant de Noël, avec le fameux « Silent Night », chanté par les Ambrosian Singers, un choeur très connu qui siège à Londres, et a été fondé après la Seconde Guerre Mondiale.

Les Ambrosian Singers accompagnent des chanteurs solistes, des comédies musicales, des opéras et ont chanté avec les plus grands chanteurs et cantatrices du monde et les plus grands chefs d’orchestres.

Et maintenant, une chanson de Noël et pas un « chant » de Noël, quelque chose de plus intime, de moins grave, de plus « musique de variété » au sens le plus noble de cette musique, avec des artistes inégalables, NAT « KING » COLE et FRANK SINATRA, pour notre plaisir, une chanson qui parle marrons qui grillent dans le feu, du froid qui pince dehors, de Noël en famille avec des jouets pour les enfants et qui dit « Merry Christmas To You ».

C’’est la chanson de Noël dans les pays anglo-saxons, États-Unis, Angleterre, dans les maisons, sur les radios, dans les magasins …

Cette chanson s’appelle d’ailleurs « La Chanson de Noël »  « the Christmas Song », tous l’ont chantée, y compris le grand Bing Crosby

Ses auteurs en 1945 sont Bob Wells et Mel Tormé (lui même très célèbre chanteur Outre Atlantique)

Chanson enregistrée d’abord par le NAT KING COLE TRIO (de jazz) en 1946.

Gloire universelle de cette chanson

Après le « cocooning » de « CHRISTMAS SONG », retour au chant de foi, avec le grand baryton américain Leonard Warren, qui chantera l’« AGNUS DEI » de Georges BIZET

Warren était un grand baryton à la voix particulière, émouvante et un peu torturée. star du Métropolitan Opera de New York, il chanta les pus grands rôles, depuis l’opéra vériste comme « PAGLIACI » jusqu’à VERDI et le rôle de IAGO, dans OTELLO, et avant dans RIGOLETTO, où il remplace l’illustre Lawrence TIBBETT. il aura tous les grands rôles du répertoire et triomphera dans MACBETH de VERDI avec la sublime diva autrichienne Leonie RYSANEK, encore au Métropolitan, version qui fut enregistrée sous la baguette de Erich LEINSDORF.

il chantera dans les plus grandes salles du monde (New York, Chicago, San Francisco, Scala, Mexico, Buenos Aires etc…) et sa voix fait merveille, du sol grave au si bémol aigu.

il meurt, foudroyé par une crise cardiaque sur la scène du Met à New York à 48 ans en 1960. il chantait… « la FORCE DU DESTIN » !

Ici, nous l’écoutons chanter à Moscou en plein guerre froide l’AGNUS DEI, GEORGES BIZET.

Venons-en maintenant à une autre grande voix, celle de Rosa Ponselle, qui nous chantera l’Ave Maria de Schubert .

Cette soprano, américaine d’origine italienne, est une artiste illustre, morte à Baltimore en 1981, qui fut une des plus grandes cantatrices de l’histoire du chant, voix d’une exceptionnelle richesse.

En 1918, Enrico Caruso la présente au directeur du Metropolitan Opéra de New York le fameux Gatti Casazza quI l’engage pour une saison pour chanter « La Force du Destin » avec Caruso, le directeur qui l’engage à l’essai, lui dit : « c’est la première fois que j’engage une artiste américaine sans qu’elle ait fait au préalable ses preuves en Europe : » « Si vous réussissez, vous ouvrir les portes à d’autres chanteurs américains ».

Elle va faire plus que réussir ! Rosa Ponselle chanta avec les plus grands, aussi honorés de chanter avec elle, comme Caruso, notamment dans « la Force du Destin »

Rosa Ponselle : Ave Maria, de Franz Schubert

Nous écouterons encore cette année la grande voix de Enrico CARUSO, chanter « Ô Holy Night »  « Nuit Sacrée, « Nuit Divine «  , en réalité c’est le fameux « Minuit Chrétiens », qu’il enregistre ici en… 1916 !

Pardon pour la qualité de l’enregistrement, mais la grande et émouvante voix nous parle par dessus le temps !

Minuit Chrétien a été mis en musique en 1847 par Adolphe Adam, le compositeur du « Postillon de Longjumeau » sur le texte d’un négociant en vins qui était… anticlérical !

Ce chant est interprété en introduction à la messe de minuit.

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Emission Arte lirica du 16 octobre 2016

octobre 17th, 2016 par Alain Fauquier


 Affiche Arte lirica du 16 octobre 2016

Nous avions annoncé comme programme Victoria de Los Angeles, la grande, l’illustre cantatrice espagnole.

Nous tiendrons parole, mais partiellement car il nous a semblé qu’une émission par artiste, sauf exception, limiterait nécessairement le nombre de belles voix à écouter ;

Alors il nous a semblé préférable de donner à entendre plusieurs voix par programme, pour montrer la variété des voix humaines et démontrer que la notion de beauté vocale recouvre une immense diversité : chaque voix est celle d’une personne et l’expression d’une vie et il y a autant de voix que de personnes.

Après, on aimera plus ou on aimera moins telle ou telle voix. C’est humain.

Alors commençons par la princesse du jour, Victoria de Los Angeles, une des cantatrices les plus aimées de la deuxième moitié du vingtième siècle, née à Barcelone, le 1er novembre 1923, une voix d’une exceptionnelle beauté.

Elle a chanté, dans les plus grandes salles du monde (Espagne, Scala, Metropolitan, Londres Covent Garden, Paris, l’opéra italien, français, allemand, Mozart, les zarzuelas espagnoles, les lieder, poèmes chantés allemands, les chansons traditionnelles espagnoles et même… auvergnates !

On l’écoute dans un des grands airs de « Madame Butterfly », de Giacomo Puccini, Acte II, « un Bel Di vedremo »

Elle a chanté avec les plus grands, honorés de chanter avec elle, (à ses débuts, avec Benjiamino Gigli, en 1947, puis Bjoerling, Di Stefano, NicolaÏ Gedda, Dietrich Fischer-Diskau, Elisabeth Schwartzkopf et d’autres encore, et les plus grands chefs, Sir Thomas Beecham, par exemple).

On disait de sa voix que c’était celle d’un ange, et son comportement était simple, directe, et aristocratique, avec un rapport immédiat et chaleureux avec le public. Le public l’adorait. Elle est morte le 15 janvier 2005.

Nous allons l’entendre dans un extrait de « I Pagliacci » de Ruggero Leoncavallo « Quel fiamma » (« Quelle flamme »)

Victoria de Los Angeles avait chanté avec Giuseppe Di Stefano, que le grand baryton Tito Gobbi, à qui nous avons consacré une émission, appelait « le céleste ténor lyrique ».

Di Stefano est un des plus grands ténors de la seconde moitié du 20 ème siècle, carrière faite entre la fin de la Guerre, 1945, et le début des années 1960, avec un arrêt prématuré de sa splendide carrière : le tabac, l’asthme l’ont emporté sur une magnifique voix et il dut même annuler sa dernière tournée de concerts avec Maria Callas, sa grande amie et partenaire ((et même plus).

Il avait commencé à chanter avant la Seconde Guerre Mondiale dans des cafés, des églises, des théâtres, les grands airs d’opéra et les chansons traditionnelles italiennes et napolitaines. Il arriva après la Guerre, son évasion d’un camp de prisonnier, la reprise de ses études de chant, aux plus grandes maisons d’opéra du Monde, Scala de Milan, Covent Garden à Londres, Metropolitan de New York, Paris, Chicago, San Francisco, Mexico, Buenos Aires, Rio de Janeiro, Johannesbourg, Festival de Vérone etc…

Il faudrait une émission spéciale pour un homme spécial et une voix spéciale, très claire et pure, pour celui que Mario Lanza adorait et à qui il écrivit, depuis l’Italie même : « Pippo, je crois qu’il y a toi et moi ».

Pavarotti et Carreras l’adoraient aussi, comme ils adoraient Lanza. Ces sympathies et admirations réciproques de grands chanteurs sont très émouvantes…

Di Stefano  est mort en Italie le 3 mars 2008 des suites d’une agression, fin 2004, dans sa propriété au Kenya.

Écoutons le chanter un air de la Bohème de Leoncavallo, l’auteur de I Pagliacci, le très beau « Testa adorata ».

Et à propos de ce très bel air, nous vous avons réservé une petite surprise. Nous vous proposons de le réentendre par Mario Lanza.

 Vous verrez, c’est aussi très beau et très émouvant et cela nous rappelle une petite anecdote : un jeune couple d’Italiens, il y a trois ans ou quatre ans, rencontrés chez un disquaire du Quartier Saint Michel- Saint Germain, à la Chaumière à Musique : lui cherchait Testa Adorata, par Mario Lanza et quand il l’a trouvé , il s’est écrié « AH ! » et il a dit à sa petite amie en Italien : « Quand tu entendras ça, tu sauras ce que c’est de chanter » ! Agréable petit souvenir !

 Retour aux cantatrices, une autre grande Mirella Freni.

Du point de vue biographique, il faut savoir que Mirella FRENI est une amie d’enfance de Luciano Pavarotti. Leurs mères travaillaient toutes les deux dans une même fabrique de cigarettes à Modène. Ce sont donc véritablement des amis d’enfance qui ont eu la chance extraordinaire de faire carrière au même moment, et de faire la carrière internationale que l’on connaît, et de jouer souvent ensemble.

Mirella Freni a été découverte à l’âge de 10 ans dans un radio-crochet par Beniamino Gigli, qui lui a conseillé de cesser de chanter pour ne pas abîmer sa voix. Elle commença à prendre les cours de chant à partir de 17 ans.

Elle commence à se produire à 19 ans dans sa ville natale de Modène dans le rôle de Micaela de Carmen, de Georges Bizet, mais elle s’arrêtera assez vite pour épouser son professeur de chant, le chef d’orchestre Leone Maggiera, dont elle aura un enfant.

Sa vraie grande carrière débutera à Turin en 1958, dans la Bohème, de Puccini, où elle a le rôle de Mimi, puis reconnaissance internationale pendant la saison 1958-1959 au festival de Glyndebourne, dans le rôle d’Adina de l’Éflixir d’Amour de Donizetti, sur une mise en scène de Franco Zefirelli.

Sa carrière décolle et elle chantera sur les plus grandes scènes du monde, avec les plus grands chefs et particulièrement avec Herbert Von Karajan, avec lequel elle aura une véritable coopération musicale, et dont elle sera une des cantatrices préférées.

De même au Metropolitan Opéra de New York, où en 2005 elle fêtera le 40e anniversaire de ses débuts au Metropolitan Opéra et le 50 ème anniversaire de ses débuts à l’Opéra lors d’une soirée d’hommage sous la baguette et sur l’invitation du chef James Levine.

Elle sera une des plus grandes interprètes de Mimi de La Bohème, et de Cio Cio San de Madame Butterfly, tant vocalement que dans son jeu d’actrice.

Chose extraordinaire, elle interprète Jeanne d’Arc jeune dans l’opéra La Pucelle d’Orléans, à l’âge de 70 ans à l’Opéra National de Washington le 11 avril 2005.

Elle avait créé, avec son second mari, épousé en 1981, le grand chanteur basse bulgare Nicolaï Ghiaurov, un Centre international de Bel Canto à Vignola.

Écoutons Mirella Freni, non pas dans le rôle de Mimi, mais dans celui de Desdémone dans Otello, de Verdi

Desdémone sent qu’elle sera tuée par Otello, son mari jaloux, et elle chante « l’Ave Maria »

Venons-en maintenant à une autre grande voix, celle de Franco Corelli, un des plus grands ténors des années 50.

Ce fut un chanteur impressionnant, par sa grande taille, son physique d’acteur de cinéma (il était absolument magnifique) ainsi que par sa voix exceptionnelle.

Né à Ancona, en 1921, la même année que Mario Lanza, il est mort à Milan en 2003.

il commença des études d’architecte naval et ce n’est qu’à l’âge de 23 ans, ce qui est relativement tard, qu’il s’orienta vers l’étude du chant. Mais il commença par se former seul, à l’écoute des disques des grands anciens, et notamment de Caruso.  Il fut cependant accepté au Centre Lyrique Expérimental de Spolète, il prend des cours et il gagne le Concours du Mai Musical de Florence et commença à se produire à partir de 1951, notamment dans le rôle de Don José, de Carmen, de Bizet, au Teatro Nuovo de Spolète.

Puis les engagements arrivèrent, Rome, la Scala de Milan, où il fit l’ouverture de la saison 1954/1 955 avec Maria Callas. Puis ce furent les plus grande scène du monde et les plus grands rôles comme dans Aïda, André Chénier, Carmen, la Force du Destin, Norma, Tosca, le Trouvère, Turandot, les Puritains. Il devait devenir ainsi populaire au Metropolitan opéra de New York, auquel il revenait à chaque saison jusqu’en 1974 chantant avec les plus grandes Léontine Price, Birgit Nilsson, et les plus grands chefs d’orchestre.

Voix exceptionnelle et trac exceptionnel : il fallait le pousser sur scène !

On l’écoute dans un de ses grands rôles : Andrea Chénier, de Giordano, « Come un bel di di Maggio »

Parlons maintenant d’un grand baryton, l’américain Robert Merrill, du Métropolitan Opera de New York, né à Brooklyn en 1917 et mort en 2004 à Nouvelle Rochelle.

On peut le lier à Victoria de Los Angeles, avec qui il chanta et enregistra I Pagliacci,  mais aussi avec Lanza, avec qui il s’était lié d’amitié et qu’il présenta à son professeur de chant en lui disant : « Écoutez cette voix, vous n’en reviendrez–pas !». Son ami Frank Sinatra l’appelait pour des conseils de chant, quand il avait des difficultés avec certains airs.

 Sa voix de baryton était somptueuse et lui permit d’interpréter, près de 30 ans les grands rôles du répertoire au Metropolitan, qui était devenu sa maison, et où il avait pour collègue, partenaire et… concurrent, un autre très grand baryton, Léonard Warren !

Mais il chanta aussi au palais Garnier, à Paris, au Royal opéra de Londres, Covent Garden, à Chicago, San Francisco etc.

Il fit aussi des incursions dans les comédies musicales, et notamment dans « Le Violon sur le Toit »

Voix de bronze, splendide et infatigable, une aisance extraordinaire et le sentiment que le chant était la chose la plus facile qui soit.

Le temps nous manque pour parler plus de cet extraordinaire chanteur et de l’écouter  encore et encore : un grand baryton Verdi qui chanta notamment Otello, Le Bal Masqué, Le Trouvère, La Force du destin, Pagliacci, Don Carlos, Le Barbier de Séville, André Chénier, La Traviata Il chanta avec les plus grands et sous la baguette des plus grands, Toscanini, Georg Solti, Erich Leinsdorf, Thomas Schippers, etc…

Nous vous proposons de l’écouter dans un extrait du Trouvère (IL Trovatore de Verdi : « IL Balen del suo sorriso »

Nous avons le plaisir de vous présenter maintenant un grand ténor, le canadien Ben Heppner, un géant qui chante merveilleusement aussi bien le répertoire Wagnérien (c’est des grands interprètes actuels de Wagner, c’est le type même de ce qu’on appelle le heldentenor, le ténor puissant pour ce répertoire et c’est l’un des plus demandés au monde) que les mélodies françaises et italiennes.

l a la puissance, la beauté du timbre, une voix reconnaissable et il est capable d’une grande douceur comme dans les mélodies françaises, qu’il a enregistrées, ou les mélodies de Tosti, et nous avons voulu vous en donner un bref aperçu avec « Io Ti Sento » extrait d’un album intitulé iDEALE, qui regroupe les plus belles mélodies de Tosti

On ne présente plus Placido Domingo, probablement le plus illustre chanteur vivant du monde depuis la mort de Pavarotti,: ténor au plus large répertoire qui soit (Tout Verdi, y compris Othello, tout Puccini, le répertoire vériste italien, comme I PagliacciI ou Cavalleria Rusticana, Tchaikovsky (Eugène Oneguine), Wagner (rarissime pour un chanteur « du Sud »); aujourd’hui il chante à son âge comme baryton (ex : aujourd’hui le rôle Rigoletto, baryton, alors que ténor, il chantait le rôle du Duc de Mantoue).

Mais aussi chanteur de zarzuelas, mais aussi chef d’orchestre, mais aussi Directeur d’Opéra (Washington etc…).

Alors ne nous donnons pas le ridicule d’essayer de résumer sa carrière, il y en aurait pour des heures.

Rappelons que c’est un des plus grands admirateurs de Mario Lanza, sur lequel ii a fait la présentation du Film « Mario  Lanza, The American Caruso » et écrit la préface d’une des multiples biographies écrites sur Lanza.

Donnons-nous le plaisir de l’écouter dans un extrait de l’opéra « Adriana Lecouvreur », le fameux air « L’Anima ho Stanca » : (J’ai l’âme fatiguée).

Enfin présentons pour la première fois Jonas Kaufmann, star mondiale allemande de l’Opéra. Répertoire vaste (opéra italien, français, allemand). On a fait remarquer que le 14 avril 2010, JK est devenu le premier ténor allemand depuis 103 ans à chanter Tosca, le rôle du héros masculin, Mario  Cavaradossi.

Depuis, il chante le répertoire d’un ténor lyrique et même spinto : on trouve chez lui l’opéra français, italien allemand (particulièrement Wagner, Lohengrin) Andrea Chenier, I Pagliacci, Cavalleria Rusticana, Fedora, Adriana Lecouvreur de Cilea, que nous venons d’entendre par Domingo, Carmen, Don Carlo, Manon Lescaut etc….

Un autre extrait de Adriana Lecouvreur, de Cilea, « La dolcissima effigie »

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Hommage à Enrico Caruso

mars 22nd, 2016 par Alain Fauquier


Affiche CARUSO

Ténor mythique par excellence, on peut dire de Caruso qu’il est la plus grande et la plus durable légende de l’histoire de l’opéra et qu’aucun autre chanteur n’a à ce point hanté l’imaginaire du public.

C’était une vraie star : par exemple à New York, où il a réalisé la majeure partie de sa carrière, il avait une réelle emprise sur la ville et l’inconscient collectif.

Son nom était devenu une référence populaire, synonyme d’art et il était familier aussi bien au chauffeur de taxi, qu’au policier ou à l’homme de la rue et il était plus célèbre que le Maire lui-même.

Cela s’explique par la voix, bien sûr, connue pour son étendue, sa puissance, la chaleur de son timbre, mais pas seulement, car la majorité de ses admirateurs n’avait jamais mis les pieds à l’opéra et n’avait même pas l’intention de le faire.

Il y avait donc autre chose et c’est sa personnalité qui y était pour beaucoup.

Caruso était quelqu’un d’attachant, qui avait énormément de charme. Et puis c’était aussi et peut-être surtout, quelqu’un de profondément humain, simple et généreux. On raconte qu’il a offert un jour son manteau à un mendiant qui tremblait de froid devant son hôtel.

Les enregistrements que nous allons entendre ont été réalisés entre 1902 et 1913. Ils ont tous fait l’objet d’un traitement numérique très soigné pour les débarrasser de leurs scories et les orchestres d’origine ont été remplacés par un orchestre moderne, le Vienna Radio Symphony Orchestra dirigé par Gottfried Rabl.

Caruso était un bon vivant qui avait beaucoup d’humour : il adorait faire des blagues et des facéties en tout genre et pas seulement à ses amis, mais aussi à ses partenaires…

On raconte que quand il a chanté La Bohème avec Nellie Melba il lui a placé une saucisse brûlante dans les doigts, avec la complicité des coulisses. Il adorait se déguiser, faire le clown, faire des grimaces, faire des imitations. Il adorait aller au cirque et à la fin il ne manquait jamais d’aller saluer les clowns.

Il détestait les mondanités mais par contre il avait énormément d’amis à qui il donnait des surnoms et avec qui il était très généreux. Caruso gérait bien son argent mais adorait le distribuer : après sa mort on découvert qu’il subvenait aux besoins de 120 personnes et que sa famille au sens large lui coûtait à elle seule 80 000 $/an.

On a parlé de sa voix, de sa personnalité mais sa célébrité est aussi liée à la magie nouvelle du disque dont il est l’uns des pionniers: c’est lui qui en a fait décoller l’industrie et en échange le disque le lui a bien rendu puisqu’il a alimenté son mythe.

Caruso a enregistré énormément, environ 260 disques, du bel canto au vérisme, couvrant une période allant de 1902 à 1920. Cet héritage inestimable a contribué à garder la légende vivante.

Même s’il est plus connu comme le grand ténor du Met de New York où il a régné pendant 17 ans, Caruso a triomphé aussi sur les plus grandes scènes d’opéras du monde.

Au Met il chantera 37 rôles sur 57 et participera à 607 représentations sur les 832 organisées par la New York City Opera Company. Grace à ses innombrables tournées aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique Sud et en Europe, il est devenu le premier phénomène mondial du chant et le premier multimillionnaire du monde de l’opéra

C’est aussi la première vedette qui va bénéficier d’une véritable médiatisation à l’américaine.

L’Amérique attirait les plus grands artistes et elle leur donnait en un soir ce qu’ils auraient gagné en un mois ailleurs. Inutile de préciser que les cachets de Caruso ont largement dépassé tous ceux des ses confrères de l’époque, auxquels il faut ajouter les soirées privées chez les riches américains qui lui rapportaient énormément.

Sans oublier les disques qu’il a enregistrés dès son arrivée en 1902 et dont on estime qu’ils lui ont rapporté des sommes considérables.

A sa mort, sa fortune était estimée à 50 millions de francs, l’équivalent de 7,6 millions d’euros.

Caruso est né à Naples le 27 février 1873 de Marcellino et Anna Caruso. Contrairement à la légende il n’a pas connu la misère. Son père était mécanicien dans une grande firme et il subvenait correctement aux besoins de la famille, même s’il avait un petit penchant pour le vin.

D’ailleurs, Caruso lui-même n’hésitait pas à en abuser parfois pour vaincre son trac avant de monter sur scène, ce qui lui avait valu quelques surnoms affectueux « d’ubriacone » ou de « Volpi  » au début de sa carrière. Aux Etats-Unis, il préférera boire une gorgée de whisky.

Son père est hostile à cette vocation de chanteur, mais sa mère qui croit en-lui va l’encourager à poursuivre dans cette voie. Elle mourra malheureusement trop tôt pour le voir célèbre.

Etant convaincu qu’il mourrait de faim, son père, insiste pour qu’il fasse son apprentissage de mécanicien et ce fut à l’usine qu’il découvrit son second talent : le dessin et la caricature.

Il avait un don pour l’auto-ironie et il s’est immortalisé dans de nombreuses auto-caricatures (Don José dans Carmen, Canio, dans I Pagliacci, Manrico dans le Trouvère). D’ailleurs à New York ses dessins paraissaient régulièrement dans le journal préféré des immigrés italiens « La follia ». Il dessinait tout le temps, sur les nappes, les menus au restaurant.

Entre 15 et 18 ans il chante pour quelques lires des chansons populaires napolitaines aux mariages et surtout à la terrasse des cafés. Et c’est justement à cette occasion qu’il va faire une rencontre décisive.

Nous sommes en 1891. Le jeune et riche baryton Eduardo Missiano l’entend et insiste pour qu’il rencontre son professeur de chant, Guglielmo Vergine.

Mais la première audition devant le maître se passe mal, Vergine trouve que sa voix est « trop petite et ressemble au vent qui souffle sous les fenêtres ».

Il va quand même finir par le prendre comme élève. Les trois premières années de sa formation se passent uniquement en exercices et ce n’est qu’au bout de trois ans qu’il commence à travailler le répertoire.

Après des débuts un peu difficiles fin 1884 à cause de son émotivité, il persévère et chante son premier opéra en 1885.

Ce sera L’Amico Francesco de Morelli et puis le premier rôle dans Cavalleria Rusticana, Faust, Rigoletto et La Traviata.

En 1896 et 1897 il continue à développer son répertoire. À cette époque, il ne possède pas encore le contre-ut et sa voix se brise parfois sur les notes hautes. Il avait même dit à Puccini : « ne vous attendez pas à ce que je chante le contre-ut » dans l’air de Rodolphe de La Bohême. Il faudra à Caruso 11 ans de travail pour transformer sa voix de baryton en voix de ténor et atteindre les notes aigues qui ne deviendront stables et brillantes que vers 1901-1902.

En 1897 la vie de Caruso va prendre un tour nouveau. Ce sera, selon ses propres dires, la fin de la première période de sa vie d’artiste.

Il a pris de l’assurance, il est bien payé, et puis cet été là c’est le début de sa plus grande histoire d’amour avec Ada Giachetti-Botti, sa partenaire dans Traviata et Bohême. Mariée et mère d’un enfant, elle finira par quitter son mari pour devenir la concubine de Caruso (le divorce n’existe pas encore) et la mère de ses deux garçons, Rodolfo, né en 1898, et Enrico junior, né 1904.

L’événement décisif de la jeune carrière lyrique de Caruso a lieu le 17 novembre 1898 lorsqu’il crée Fedora, le célèbre opéra de Giordano, dirigé par le compositeur lui-même.

C’est un immense succès. On dira : « Giordano a écrit Fedora et Caruso la Fée d’or (l’a fait d’or)… » Il dira lui-même qu’après cette soirée « les propositions de contrats lui tombèrent dessus comme une puissante tempête ».

C’est en 1898 que Caruso entame la deuxième partie de sa vie d’artiste, il utilise désormais le prénom « Enrico » et chante aux côtés d’artistes confirmés comme le baryton Giuseppe De Luca ou la soprano Luisa Tretrazzini.

En 1900 il fait ses débuts à la Scala où il est dirigé pour la première fois par Arturo Toscanini dans La Bohème, ce dernier se serait d’ailleurs exclamé : « Si ce Napolitain continue à chanter ainsi, le monde entier parlera de lui. »

En 1902 Caruso chante à Covent Garden et enthousiasme l’Angleterre mais surtout, c’est l’année de son premier  enregistrement.

Il crée à la Scala l’opéra Germania d’Alberto Franchetti et Fred Gaisberg, le représentant américain de la compagnie Gramophone de Londres qui est dans la salle tombe sous le charme.

Il est justement à la recherche de chanteurs pour lancer la nouvelle machine. Il contacte Caruso. C’est dans une chambre du Grand Hôtel à Milan que Caruso arrive très décontracté en costume trois pièces et haut de forme ce 11 avril 1902.

Il va enregistrer 10 morceaux en moins de 2 heures et empocher 100 livres, l’équivalent de 10 000 $ d’aujourd’hui. Gaisberg déclara que les enregistrements de Caruso « avaient mis au monde le gramophone ».

En 1903 il a 30 ans et il atteint le sommet de la vague en débutant au Met de New York dans le rôle du duc de Rigoletto. C’est à partir de cette première qu’il va devenir « Le Grand Caruso »

Acclamé par la critique, il va conquérir New York comme il n’a jamais conquis aucune autre ville et le Met va devenir son théâtre.

Au Met, Caruso va créer la plupart des grands rôles de ténors italiens et devenir très riche, mais son succès a un prix.

Il a abordé plus de 65 rôles, depuis les lyriques aux dramatiques. On estime qu’en moyenne, pendant ses 25 ans de carrière, il s’est produit sur une scène d’opéra tous les 5 jours, voire un jour sur trois aux moments les plus remplis de sa carrière, à cela il faut ajouter les enregistrements et les tournées de concerts autour du monde.

Extrêmement nerveux, il va fumer 2 à 3 paquets de cigarettes égyptiennes par jour pendant près de 25 ans, tout en déconseillant d’ailleurs aux apprentis chanteurs d’en faire autant. Mais un événement va particulièrement mettre ses nerfs à rude épreuve.

Le 18 avril 1906 il est à San Francisco pour chanter Carmen et là, en pleine nuit, à 5h16 du matin, il va avoir la peur de sa vie

La terre tremble: Caruso croit que c’est son valet qui essaye de le réveiller mais c’est en fait l’hôtel qui commence à s’écrouler. Il s’habille en quelques secondes, lui qui mettait une heure avec son valet pour le faire, et tous deux réussissent par miracle à s’échapper.

Par contre l’année d’après il n’échappera pas au séisme qui va ravager sa vie sentimentale.

Déjà à l’automne 1907 sa femme Ada refuse de le suivre aux Etats-Unis pour la nouvelle saison du Met. En mai 1908 son père meurt et Ada met un terme brutal à leur liaison en partant vivre avec leur chauffeur Cesare Romati. Il faut dire qu’Ada était une excellente soprano dramatique qui recevait constamment des critiques plus élogieuses que celles de son mari. Lorsque le succès de Caruso dépassa les frontières, en 1901, il lui défendit tout bonnement de continuer à chanter. « Dans cette maison, c’est moi qui chante. »

En laissant ses enfants et la fortune derrière elle, elle se venge de Caruso et tente de refaire sa vie de femme et d’artiste lyrique, trop tôt terminée à son goût.

Il reste à Caruso son art et sa voix. Mais des problèmes de santé qui ne le quitteront plus vont commencer et s’amplifier: bronchites chroniques, laryngites, malaises et surtout des migraines terribles à répétition.

Extrêmement superstitieux il tente d’éloigner les microbes et le « jettatore » par des offrandes et des prières à la Vierge.

Sa loge était remplie de statues de la Vierge, de médailles pieuses et il ne chantait jamais sans son collier porte-bonheur aux nombreux pendentifs, médailles, corne de corail de Naples.

Sa constitution robuste le sauve provisoirement mais ses ennuis personnels affectent son équilibre psychologique et il continue à fumer cigarette sur cigarette malgré ses angines et ses bronchites.

D’ailleurs il craque et retourne en Italie en avril 1909. A Milan il se fait retirer un nodule sur la corde vocale gauche. Il avait déjà apparemment subi une intervention similaire deux ans plus tôt.

Pourtant ce ne sont pas ces problèmes de santé qui l’empêchent de mener sa carrière. Caruso va continuer à beaucoup chanter, surtout en Amérique du Sud en 1917 et 1919 à cause de la guerre en Europe, mais le climat humide ne lui convient pas et il souffre le martyr.

Caruso tournera deux films sous la direction d’Edward Jose My Cousin en 1918, un film qui eut un faible succès, et The Splendid Romance en 1919, un film qui sera arrêté en cours de tournage.

Caruso avouera n’avoir aucun talent d’acteur. Il recevra néanmoins 200 000 dollars à titre d’indemnisation pour ses frais.

Un rayon de soleil va venir éclairer la vie de Caruso sous les traits d’une jeune américaine de 23 ans sa cadette.

Il a 45 ans et à la surprise générale il se marie en 1918 avec Dorothy Park Benjamin qui lui donnera une fille l’année suivante, Gloria.

Il rêve de s’arrêter et de partir vivre en Italie où il se sentait vraiment chez lui. Il en avait assez d’être « nerveux tout le temps ». Pour lui chaque représentation était une bataille à gagner.

A ce moment il ne lui reste plus que 3 ans à vivre et malgré les douleurs qui le poignardent au côté gauche, il continue courageusement à chanter les représentations prévues et à emporter le public jusqu’à la fin de l’année 1920.

Il va s’évanouir, cracher du sang sur scène et vivre un véritable calvaire. Il donne sa dernière représentation au Met le soir de Noël 1920. Il souffre  d’une attaque de pleurésie et d’une infection généralisée qui va le laisser épuisé. Il va subir pas moins de 6 opérations dans les 3 mois qui suivirent.

Sa santé s’améliorant un peu, il décide de retourner à Naples. Le 17 mai 1921 il embarque à New York à bord du luxueux paquebot « Président Wilson » sans probablement se douter qu’il ne reverrait plus l’Amérique.

Il s’installe dans un hôtel de Sorrente où il pensait retrouver force et santé. Mais, mal soigné, un abcès qui n’avait pas été décelé se développe et il meurt de septicémie le 2 août 1921, à seulement 48 ans, mal soigné comme Lanza.

L’Italie décrète un deuil national et Caruso sera inhumé au cimetière Santa Maria del Pianto de Naples où un énorme mausolée sera érigé. L’acteur de théâtre et de cinéma, Toto, sera inhumé à ses côtés en 1967. En 2009, les deux tombes ont été  profanées.

Pour expliquer les secrets de sa voix Caruso disait avec humilité : « Une ample poitrine, une grande bouche, 90 % de mémoire, 10 % d’intelligence, beaucoup de dur labeur et quelque chose dans le coeur. »

De son vivant, et bien longtemps après sa mort, quantité d’anecdotes le concernant ont été relatées dans la presse « people ».

Certaines, relatives par exemple à ses tenues vestimentaires très élégantes, étaient  avérées : Caruso possédait une vaste garde-robe de costumes trois pièces fabriqués dans des tissus de grande qualité, confectionnés par les couturiers les plus réputés.

Il ne sortait jamais sans un chapeau, des cravates en soie agrémentées d’une perle de valeur, sa canne et ses gants de luxe.

Qu’il ait pu garder un œuf dans sa bouche sans que personne n’en devine la présence, c’est probablement vrai, connaissant son talent comique et la grande dimension de sa bouche.

D’autres anecdotes sont plus ou moins exagérées, voire inventées.

S’il est évident que sa capacité pulmonaire était étonnante et probablement exceptionnelle, dire qu’il pouvait, en inspirant, agrandir son torse de 20 cm, laisse perplexe.

Contrairement à ce qu’affirme le docteur Lloyd, pas plus Caruso que tout être humain ne peut pousser, même de quelques pouces, avec son seul souffle, un piano sur un tapis… ni même sur un parquet ciré ou sol savonné. Eole lui-même l’aurait-il pu ?

Affirmer qu’il pouvait tenir une note pendant au moins 40 secondes, aucun de ses nombreux enregistrements témoigne d’un pareil exploit.

Ce qui n’enlève rien à l’immense talent de l’artiste.

Quant à sa mémoire, si elle était excellente pour retenir 57 rôles, ce qui est en soi un exploit, affirmer qu’il connaissait environ 500 airs, du classique à la chanson populaire et contemporaine, musique et paroles, est probablement là aussi exagéré.

Une personnalité aussi flamboyante, qui a inspiré des générations de chanteurs et soulevé d’enthousiasme le public mondial, ne pouvait laisser indifférents les grands studios hollywoodiens qui voulaient depuis longtemps porter à l’écran « La vie de Caruso ».

Mais il leur fallait trouver le ténor idéal qui incarnerait de façon convaincante, tant au plan de la voix que de la présence à l’écran, ce monstre sacré de l’opéra.

En 1947 la chance sourit à la Metro-Goldwyn-Mayer lorsqu’elle découvre  Mario Lanza, un jeune ténor de 26 ans, doué d’une voix splendide, d’un physique solaire et d’un charisme hors du commun.

En 1951, trente ans après la mort de Caruso, le film  « Le Grand Caruso », une biographie romancée de la vie de Caruso, sort dans les salles avec Mario Lanza dans le rôle de Caruso et se révèle un immense succès mondial.

Mario Lanza y chante pas moins de 26 airs dont 15 arias et duos avec un exceptionnel brio. Il a pour partenaires les plus grandes stars du Metropolitan Opera (Blanche Thebom, Dorothy Kirsten, Jarmila Novotna, Nicola Moscona, Giuseppe Vadengo. Les partitions musicales sont dirigées par le Maestro Peter Hermann Adler.

Ce film deviendra un film « culte » et inspirera la carrière de plusieurs générations de chanteurs (hommes et femmes) dont celle des trois ténors.

Le fils cadet de Caruso, Enrico Caruso Junior, dira : « Je ne remercierai jamais assez Mario Lanza pour avoir redonné, avec un spectaculaire éclat, une seconde vie à mon père. »

Très conscient de l’hommage exceptionnel que Mario Lanza a rendu à son père, Enrico Caruso Jr écrira dans sa biographie My Father and My Family, parue en 1990 chez Amadeus Press :

« C’est Mario Lanza qui a fait le succès du film. Avant Mario Lanza et après Mario Lanza, aucun ténor n’aurait pu incarner avec un tel talent vocal et une telle justesse de jeu, la vie de mon père. Mario Lanza est né en même temps qu’une douzaine de très grands ténors. Sa voix naturelle innée est parfaitement placée, avec un timbre splendide, un infaillible instinct musical manifestement absent chez la majorité des autres grands ténors. Sa diction parfaite n’était égalée que par Giuseppe Di Stefano. Sa façon de se donner entièrement dans son chant, son phrasé toujours juste et somptueux, des qualités avec lesquelles peu de chanteurs sont nés et que d’autres n’atteindront jamais. Nous ne devons pas oublier que Mario Lanza excelle aussi dans le double registre de la musique classique et de la musique populaire, un résultat bien au-dessus du talent exceptionnel de mon père. »

Pavarotti dira : « Depuis que Mario Lanza est mort, Caruso n’a plus de successeur, il n’a que des apôtres. »

Alfredo Kraus, à qui nous avons rendu hommage le 17 février, disait à ses élèves : « Si Mario Lanza n’avait pas existé, le monde moderne n’aurait jamais connu l’existence du Grand Caruso. »

Insertions musicales :

 E lucevan le stelle, Tosca, Puccini

M’appari tutt’amor, Martha, Flotow

Di quella pira,  Il Trovatore, Verdi

Un di all’azzuro spazio, Andrea Chenier, Giordano

La Donna è mobile, Rigoletto, Verdi

Amor ti vieta, Fedora, Giordano

O Paradiso, L’Africaine, Mayerbeer

Vesti la giubba, I Pagliacci, Leoncavallo

La Danza, Rossini

La Fleur que tu m’avais jetée, Carmen, Bizet

Mattinata, Leoncavallo

Par Mario Lanza : Vesti la giubba, Leoncavallo

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Hommage au ténor Alfredo Kraus

janvier 20th, 2016 par Alain Fauquier


Dimanche 14 Février 2016

de 9h30 à 10h30

 

 sur Aligrefm 93.1
& www.aligre-cappuccino.fr

 Michel Goti et ses invités,
la soprano Floria Rosimiro,
Marcel Azencot et Alain Fauquier
de l’Opéra Club Mario Lanza,
rendront hommage au ténor espagnol

 Alfredo KRAUS

Alfredo KRAUS

Véritable aristocrate de l’art lyrique du XXème siècle, Alfredo Kraus a apporté un raffinement et une grâce uniques au répertoire de ténor lyrique. Bien que parfaitement à l’aise dans le répertoire italien romantique léger, c’est le répertoire français qui va faire sa renommée. Aucun autre chanteur de l’après-guerre n’a su apporter autant de charme, d’élégance et de style aux opéras de Gounod, Massenet, Bizet et Offenbach.

Encore une grande voix !

Une voix reconnaissable entre toutes, comme toutes les grandes voix !

Un ténor exceptionnel, d’une grande élégance physique, morale et vestimentaire ! Une élégance artistique, faite de retenue, de discrétion personnelle (cet homme célèbre n’était pas un « people » !

Enfin, c’était une grande voix espagnole, parmi une grande école de voix, les Miguel FLETA, Plácido DOMINGO, Victoria de LOS ANGELES, José CARRERAS, Montserrat CABALLE, Giacomo ARAGALL, Pilar LORENGAR, Teresa BERGANZA, et j’en oublie, qu’ils me le pardonnent, je les aime tous !

Mais j’aime particulièrement les discrets et les réservés !

Comme son nom l’indique, notre héros était à la fois espagnol et d’origine germanique (autrichienne) (Alfredo Kraus Trujillo, nom des deux parents, comme d’usage en Espagne.

Alfredo KRAUS est né le 24 novembre 1927 à Las Palmas de Gran Canarias (capitale des Iles Canaries), où sur la grand Place figure sa statue, et il est mort le 10 septembre 1999 à Madrid.

C’était d’abord un artiste de « bel canto » (Donizetti, Bellini), qui s’était voué au répertoire italien et français. Mais d’abord et depuis l’âge de 4 ans, leçons de piano, puis à partir de 8 ans, il chanta dans des chœurs, à commencer par celui de son école, puis dans d’autres choeurs comme adolescent. Il n’était pas le seul de la famille à chanter puisque son frère Francisco chantait aussi comme baryton et étudia avec lui la musique et l’Opéra.

Après ses études de chant, d’abord à Barcelone, puis à Valence puis à Milan avec Mercedes Llopart, professeur de chant, notamment des grandes cantatrices Renata Scotto, Fiorenza Cossotto et de l’américaine Anna MOFFO, ce fut le temps des concours et il remporta le Concours de chant de Genève.

Puis commença la carrière, d’abord en Espagne par des zarzuelas, ces sortes de comédies musicales espagnoles, où débuta Plácido DOMINGO, dont les parents étaient précisément des artistes de zarzuelas.

Puis ce fut l’Opéra, d’abord à dans des débuts à l’Opéra du Caire, en 1956 dans le rôle du Duc de Mantoue, de Rigoletto, de Verdi, un des grands rôles, où il était physiquement et vocalement tout simplement magnifique.

La carrière était lancée : ainsi, La Traviata avec Renata Scotto, où on loua sa fraicheur, sa voix à la fois puissante et raffinée, rien de brutal , tout en finesse ; puis le même rôle en 1958 avec Maria Callas à Lisbonne, Théâtre Sao Carlos ; ensuite en 1959, début à Londres au Covent Garden, dans le rôle d’Edgardo, de Lucia Di Lammermoor de Donizetti avec la grande Joan Sutherland  ; enfin La Scala de Milan, dans le rôle d’Elvino, dans la Sonambula de Bellini, en 1960, puis le Lyric Opera de Chicago en 1962, dans l’Elixir d’Amour (Elisir d’Amore) de Donizetti dans le rôle de Nemorino.

Ce fut ensuite le Metroplitan Opera, de New York en 1966, dans Rigoletto, qu’il chanterait aussi en 1994, pour son dernier passage à New York, presque trente ans plus tard et 5 ans avant sa mort.

Alfredo KRAUS, on l’a dit, c’était aussi une grande attirance pour l’opéra français : Manon, Werther, de Massenet, Roméo et Juliette, de Gounod, Les Pêcheurs de Perles, de Georges Bizet.

Il chanta aussi plusieurs fois à Paris dans les années 1980 tant à l’Opéra Comique, Salle Favart, qu’à l’Opéra Garnier (Werther, Roméo et Juliette, la Fille du Régiment,  8 contre ut !), Festival d’Orange (Rigoletto).

La France a récompensé le grand artiste en lui décernant en 1981, la Médaille d’or du Mérite, au titre du Ministère de la Culture, puis en Espagne, il reçoit en 1991 le Prix Princesse des Asturies.

Alfredo KRAUS a été un des plus grands ténors lyriques, comme le montre son répertoire (il n’était pas fait, par exemple, pour chanter Otello), et sa technique comme sa sensibilité étaient celles du bel canto ou de Mozart.

Ainsi a-t-il chanté Don Giovanni, au festival de Salzbourg avec l’Orchestre Philharmonique de Vienne, sous la direction de Herbert Von Karajan ;

Écoutons  un extrait de cette représentation, nous sommes le 26 juillet 1968 : le fameux aria

Il mio tesoro intanto

Sa technique était infaillible et lui permit de durer longtemps dans une profession sans pitié , où la voix doit être entrainée, domestiquée, mais aussi protégée des rôles qui ne sont pas faits pour elle et qui l’usent et finissent par la tuer.

La voix exige aussi une rigueur absolue dans l’hygiène de vie, même quand les dons naturels, comme dans le cas d’Alfredo KRAUS, lui permettait les notes les plus aigues sans efforts apparents : on a parlé, tout à l’heure, des 8 do aigus successifs de la Fille du Régiment, de Donizetti, mais tout ceci était le fruit du travail, et encore du travail, sur le souffle, la ceinture abdominale, le sens de la mélodie, qui porte le chanteur et lui donne comme un tremplin mental pour sa voix.

Dans l’une de ses « master classes » il explique la respiration ventrale, essentielle dans le chant, et il donne l’exemple des bébés, qui peuvent pleurer longtemps sans avoir mal à la gorge ni donc abimer leur voix : c’est parce qu’ils respirent naturellement par le ventre !

Alfredo KRAUS était respecté précisément pour son respect des rôles, du texte, des volontés du compositeur, l’ennemi des effets faciles.

Pour ses qualités, on l’a demandé dans le monde entier, Teatro Colon, de Buenos Aires, Teatro Municipal de Caracas, et le reste de l’Amérique du Sud, Chili, Brésil, l’Espagne bien sûr, et le fameux Liceu de Barcelone.

Sa Ville natale de Las Palmas a nommé son grand auditorium, The Alfredo Kraus Auditorium.

Puis cet homme de fidélité a été frappé par la mort de sa femme en 1997, deux ans avant sa propre mort, et l’homme sensible ne s’en est jamais remis : perte de l’envie de chanter pendant des mois. Si le rossignol est malheureux, il perd la raison d’être du chant, qui est une expression de bonheur : et le rossignol était  dévasté.

Puis l’enseignement l’a ramené au chant.

Il a dit : « Je n’ai plus la volonté de chanter mais je dois le faire, parce que, en un certain sens, c’est un signe que j’ai surmonté la tragédie. Chanter, c’est une façon de dire que je suis vivant ».

 Kraus est mort le 10 septembre 1999, des suites d’une longue maladie, comme on dit. Les dernières photos de certaines pochettes de disques montrent un visage très marqué, qui ne semble plus rien à voir avec celui du jeune et beau garçon des débuts. Restait le port de tête noble et seigneurial, mais Alfredo KRAUS, comme Orphée, n’avait plus son Eurydice.

La mort des rossignols est chose triste.

KRAUS  a survécu 2 ans à sa femme, la femme de Mario LANZA lui a survécu 5 mois !

Chacun, chacune avait perdu son compagnon du Destin, son compagnon… Idéal.

 Extraits musicaux :

Che Gelida Manina, La Bohème, Puccini.

A Te Ô Cara, Les Puritains , Bellini

E il Sol De’ll Anima, Rigoletto, Verdi

Fra poco a me ricovero, Donizetti,

Pourquoi me réveiller, Werther, Massenet

Il mio tesoro intanto, Don Giovanni, Mozart

Je suis seul. Ah ! Fuyez, douce image !, Manon, Massenet

Ombra mai fu, Xerxes, Haendel

Che faro senza Euridice, Orfeo, Gluck

Ideale, Tosti, par Mario LANZA

 

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Hommage au ténor Tito SCHIPA

novembre 18th, 2015 par Alain Fauquier


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Hommage au ténor

Tito SCHIPA

  Dimanche 29 novembre 2015 à 9h30

sur Aligrefm (93.1) et aligre-cappuccino.fr

 

Michel Goti,
présentateur de l’émission Cappuccino,
et ses invités,

la soprano Floria Rosimiro,
Marcel Azencot et Alain Fauquier,
de l’Opéra Club Mario Lanza

ont rendu hommage au ténor Tito Schipa

qui fut l’un des chanteurs les plus
talentueux de son temps.

 Tito Schipa, né à Lecce le 27 décembre 1888 et décédé à New York le 16 décembre 1965, a réellement une place à part dans le Panthéon des très grands ténors : moyens vocaux non exceptionnels – il n’avait pas le do aigu, sa voix n’était pas puissante, elle n’était pas claire ni claironnante, mais comme fumée (sfumata) comme issue d’une sorte de brouillard.

Et pourtant, il était le Prince des chanteurs, et le grand  Beniamino Gigli, autre héros de l’Italie et son rival et contemporain, allait dire de lui la fameuse phrase : « Nous devons tous nous incliner devant sa grandeur ».

Nous avons même reçu un mail du ténor canadien de réputation mondiale, Manrico Tedeschi, qui a vu notre annonce sur le site Opera Club Mario Lanza. Manrico Tedeschi nous dit : « Tito Schipa était un grand chanteur. Je lui rendrai hommage  le 19 février 2016 avec un concert à Montréal »: hommage des plus jeunes à un illustre ancien !

Après avoir été remarqué dans la chorale où il chantait, Tito Schipa  étudiera avec de grands professeurs de l’époque, et d’abord à Lecce, où il est né, dans les Pouilles, le talon de la botte italienne, pratiquement au confluent de la mer Adriatique et de la mer Ionienne, ville qu’on appelle la Florence du Sud, avec des monuments baroques, un Duomo, etc

Puis il étudiera à Milan, grâce à l’aide de l’archevêque de  sa ville et ses études porteront non seulement sur le chant mais aussi sur sur le piano, et la composition. Il deviendra un musicien accompli et sera aussi compositeur.

Il fait ses débuts en 1909-1910, dans le rôle d‘Alfredo, de la Traviata, à Vercelli, puis dans toute l’Italie et en Argentine, où il ira souvent notamment  au fameux Téatro Colon, un des plus grands opéras du monde.

Au cœur du répertoire de Schipa, des œuvres telles que le Barbier de Séville (Il Barbiere Di Siviglia), de Rossini…

Même si sa voix avait des couleurs « amiables «  et douces, et n’avait pas la puissance dramatique des Caruso, Gigli et Martinelli, Schipa arrivait, par sa technique à projeter le son sans effort apparent, et était entendu des derniers balcons des grandes scènes d’opéra (comme le Teatro Colon, notamment).

A propos de son type de voix, on transmet l’anecdote selon laquelle Caruso était allé l’entendre pour la première fois, lorsque Schipa a commencé à se produire en Amérique. Discrètement installé en fond de salle, Caruso écoute ce jeune puis s’en va sans attendre la fin de la représentation. Sa femme lui demande : « Tu n’as pas aimé ? » Il répond : « Si, si c’est très beau, mais ce n’est pas ce type de voix qui va me menacer » (c’est à dire dans son répertoire et son style).

Et c’est vrai qu’il faut de la délicatesse… A noter que nous avons écouté ici la version française, la plus justement connue, mais que Tito Schipa avait enregistré une version italienne (Ah Non  Mi Ridestar …)

 Le répertoire de Tito Schipa nous parait curieusement assez large, car certes il favorise des œuvres qui conviennent à sa voix de ténor de grâce, mais il chante aussi, suivant son propre style,  des rôles « braves », vocalement plus vaillants »  : c’est ainsi qu’on trouvera Le Barbier de Séville, de Rossini, l’Elixir d’Amour, de Donizzetti, Mignon, d’Ambroise Thomas, Faust, Werther, de Massenet, (une ses grandes signatures), puis Rigoletto, La Bohème, Tosca, Don Pasquale, La Somnambule, Lucia Di Lammermoor, Cavalleria Rusticana, de Mascagni, L’Arlésiana,etc

Tout ceci donnait à son chant, à une époque de « machos » du chant (des voix hardies et vaillantes), une impression de délicatesse un peu hors de la mode, surtout dans les rôles qui exigeaient plus de force : son interprétation était en douceur et en subtilité (après tout, Cavaradossi, le peintre héros de Tosca n’a pas besoin de hurler qu’il est amoureux, dans Recondita Armonia, ni au moment de mourir, de crier qu’il n’a « jamais autant aimé la vie »)

Toujours concernant sa carrière, Tito Schipa est remarqué par l’illustre chef d’orchestre Arturo Toscanini, il débute à La Scala de Milan en 1915, dans Le Prince Igor.

Il se produit aussi à Barcelone, Madrid, Lisbonne, et crée à l’Opéra de Monte-Carlo le rôle de Ruggiero de La Rondine de Puccini, en 1917.

Et puis c’est l’Amérique : ses débuts américains ont lieu au Lyric Opera de Chicago en 1920, où il chantera régulièrement jusqu’en 1932.

Enfin, il arrive au Metropolitan Opera de New York où il chante de 1932 à 1935.

Puis, comme son collègue ténor, le grand Beniamino Gigli, Il passe les années de guerre en Italie, car il est sympathisant du régime de Mussolini, de même qu’un autre grand ténor, (préféré du Duce), Giacomo Lauri-Volpi.

Il fait ses débuts à l’Opéra-Comique à Paris en 1946, et chante aussi à Marseille, Nice et Bordeaux. Il quitte la scène en 1955, mais continue de se produire en concert jusqu’en 1963.

Il décède à New York en 1965.

Disons  d’abord que Tito Schipa  gagna en Amérique des sommes énormes, qu’il dépensait aussi vite, qu’il faisait la une des journaux pour ses relations amoureuses multiples et son style de vie luxueux et dispendieux.

Mais il avait tant de charme, n’est ce pas, qu’on n’arrivait pas à lui en vouloir ?

Bien sûr, il a connu les plus grands chanteurs et chanteuses de son temps et, dans la période des années 1920/1930, avant la Seconde Guerre Mondiale, il chantait beaucoup avec la grande Amelita Galli Curci (1882-1963), la plus belle voix de soprano léger de sa génération, une élégante aristocrate italienne d’origine espagnole, qui disait avoir appris à chanter en écoutant les oiseaux….Elle s’était retirée de la scène en 1930 après des problèmes vocaux dus à un début de goitre.

Tito Schipa a enfin connu et admiré Mario Lanza, pour lui un tout jeune, à qui il recommandait d’économiser et de protéger sa voix, qu’il qualifiait de « don de Dieu ». Après la mort de Mario Lanza en octobre 1959, il restera un des visiteurs réguliers des parents Lanza, chez qui il était régulièrement reçu à dîner à l’italienne, comme d’autres voisins de Hollywood).

En 1958, il arrêta l’Opéra, donna des cours de chant à Budapest, notamment, puis revint à New York pour enseigner (avec des élèves de la classe de Cesare Valetti, un autre ténor au chant délicat et subtil) ;

Un exemple de délicatesse ?

Schipa était aussi un maître de la mélodie, de la « canzon », de la chanson napolitaine et même de la berceuse, ce qui convenait et à sa voix et à sa diction parfaite. Son texte s’entendait et se comprenait, ce qui compensait le manque relatif de puissance.

Il projetait sa voix avec une technique infaillible, et il était ainsi audible depuis les fauteuils les plus éloignés, comme le disent des témoins, fimés sur DVD, qui chantaient avec lui sur plusieurs scènes et notamment au Téatro Colon, de Buenos Aires.

Et surtout sa voix était reconnaissable parmi toutes, ce qui est le signe des grandes voix, avec une douceur infinie.

Et selon Luciano Pavarotti, « Il avait quelque chose de plus important, vingt fois plus important que les notes élevées : une grande ligne », c’est à dire une ligne de chant.

Tito Schipa était l’élégance du chant, l’élégance de l’homme, l’élégance de l’élocution, la subtilité vocale faite homme, l’intelligence qui apportait la gravité dans ces grandes mélodies d’Italie et d’Espagne aussi.

Il enregistrera beaucoup de ces mélodies, qu’on ne peut toutes écouter, bien sûr, et on a du mal à choisir entre « Mal d’Amore », « Ideale », « Dicitencello Vuie ».

L’artiste sut sauver sa voix et durer pratiquement 50 à 55 ans dans la carrière depuis son début à Vercelli en 1910 dans le rôle d’Alfredo Germont, de la Traviata, jusqu’à sa mort en 1965.

Venons en donc aux airs italiens. Et pourquoi pas « Dicitencello vuie »?

On pourrait même écouter deux versions : Tito Schipa et Mario Lanza, deux styles, deux voix, deux époques, l’ancien, Schipa, et le moderne, Lanza, qui enregistrait près de 30 ans après lui !

Retour à l’Opéra, pour terminer, avec André Chénier, de Umberto Giordano, et le très beau livret de Luigi Illica.

Un des grands airs de ténor : « Come un Bel Di Di Maggio », enregistrement de 1938. Le poète André Chénier  a été condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, il va mourir et demande encore à la Muse de l’inspirer une dernière fois : « Ancor dona al tuo poeta la sfolgorante idea », Donne encore une fois à ton poète l’idée fulgurante » et il termine en disant « et moi je donnerai comme rime il gelido spiro d’un uom che muore » !, « le souffle froid d’un homme qui meurt » !

Insertions musicales :

Ombra Maï Fu, Xerxes (le grand empereur perse, en italien Serse), Haendel

Ecco Ridente in Cielo, Il Barbieri di Siviglia, Rossini

Pourquoi me réveiller, Werther, Jules Massenet,

E Il Sol De’ll Anima, Rigoletto, Verdi

Quando Le Sere il placido, Luisa Miller, Verdi

M’appari, Martha, Friedrich Von Flotow

A Vucchella,Tosti

Dicitencello Vuie, Fusco-Falvo, par SCHIPA et par LANZA

Come un Bel di di Maggio, André Chénier, Giordano

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Hommage à la diva Rosa PONSELLE

juin 8th, 2015 par Alain Fauquier


Dimanche 14 juin 2015 à 9h30

sur Aligrefm (93.1) ou aligre-cappuccino.fr

 

Michel Goti,
présentateur de l’émission Cappuccino,

et ses invités,

La soprano Floria Rosimiro,
Marcel Azencot et Alain Fauquier,
de l’Opéra Club Mario Lanza,
ont rendu hommage à la diva

ROSA PONSELLE

On dit de la diva Rosa Ponselle, à qui nous rendons hommage aujourd’hui, qu’elle fut la soprano la plus douée de l’histoire de l’opéra ; que sa voix, d’une exceptionnelle richesse, en fit l’une des plus grandes cantatrices de tous les temps et qu’elle fut le modèle dont s’inspira Maria Callas.

Pour Enrico Caruso, Tullio Serafin et Maria Callas, elle fut même la plus grande de toutes.

Lorsque Rosa Ponselle fit sa première apparition sur la scène du Metropolitan Opera à 21 ans, dans le rôle de Léonora de La Force du destin de Verdi, aux côtés de Caruso, elle fit une telle sensation qu’elle laissa le public en larmes et les critiques à court de superlatifs.

Elle fut d’emblée reconnue comme la soprano absolue : une voix d’or pur, au timbre sombre et chaud, à la ligne de chant irréprochable et à l’agilité époustouflante. L’homogénéité du timbre, son mordant, la souplesse du vibrato et la beauté du phrasé sont tels que, si elle l’avait voulu, Rosa Ponselle aurait pu chanter tout le répertoire.

Après avoir entendu Rosa Ponselle au Met dans La Traviata, la cantatrice allemande Lotte Lehmann se tourna vers Géraldine Farrar, cantatrice et actrice américaine, et lui demanda : « Comment fait-elle pour avoir une voix comme celle-là ? » Ce à quoi Farrar répondit : « Je ne connais qu’un seul moyen : passer un contrat avec Dieu et travailler, travailler, travailler ! »

En réalité Dieu fut un facteur plus déterminant dans l’histoire de la soprano la plus douée de l’histoire, que la sueur et les larmes.

Cette Caruso en jupons, comme on disait, est partie de rien. Issue d’une famille d’immigrés italiens originaires de Caiazzo, dans la région de Naples. Rosa Ponselle naît sous le nom de Rosa, Maria PONZILLO, le 22 janvier 1897 à Meriden, dans le Connecticut. Son père est boulanger et à la maison on n’apprécie pas particulièrement la musique.

Dès l’enfance, elle avait une grande voix, et d’ailleurs, dans le chœur de sa paroisse, on lui disait toujours de chanter moins fort. Sa tessiture était de trois octaves selon son propre témoignage. Son visage présentait déjà les traits de l’archétype du chanteur, avec des rondeurs et des résonateurs naturellement structurés.

C’est pourtant sa sœur aînée, Carmela, âgée de 18 ans qui va l’entraîner sur la voie du chant. C’est elle, en effet, qui a l’idée d’exploiter sa voix de mezzo dans des théâtres et cafés-concerts de petites villes.

Rosa va la suivre docilement et chanter avec elle, notamment au « Café Malone » de New Haven, où elles chantent des airs d’opéra et des chansons napolitaines en s’accompagnant au piano.

Elles vont finir par chanter à Broadway et même par partir en tournée avec les Marx Brothers, qui en sont à leur début et acquièrent une solide réputation.

Les sœurs Ponzillo suivent les cours de Romano Romani, un protégé de Giacomo Puccini et de Pietro Mascagni, avant d’être coachées par William Thorner qui est aussi le coach de nombreuses célébrités, dont le baryton Victor Maurel.Cinq mois plus tard, Rosa Ponzillo prend le nom de Rosa Ponselle.

Au début de l’année 1918, Victor Maurel, subjugué par la voix de Rosa Ponselle, la présente à Enrico Caruso. Impressionné lui aussi, Caruso la présente à Gatti-Casazza, le directeur du Metropolitan Opera. Gatti-Casazza l’écoute lui aussi et l’engage à l’essai pour une saison, dans le rôle de Léonore, pour la première de La force du  destin de Verdi.

Gatti-Casazza lui dit : « C’est la première fois que j’engage une artiste américaine sans qu’elle ait fait au préalable ses preuves en Europe. Si vous réussissez, vous ouvrirez les portes à d’autres chanteurs américains. » Imaginez un peu la pression !

Rosa Ponselle débute le 15 novembre 1918 aux côtés de Caruso avec un trac fou qui ne la quittera jamais. Ce jour là, sa mère, sa sœur et son professeur doivent même unir leur efforts pour la traîner jusqu’au théâtre ! Malgré son immense succès, ou peut-être à cause, de son immense succès, le trac l’envahira avant chaque représentation.

Certains la verront tourner parfois pendant plus d’une heure autour du Met avant de se décider à prendre l’entrée des artistes.

Après cette Force du destin triomphale, Rosa Ponselle travaille notamment les œuvres de Verdi, son auteur préféré. Elle chante Ernani, Luisa Miller, Don Carlos, Aida, Il trovatore, La traviata, qui lui valent des acclamations au Met et au Covent Garden à Londres en 1930.

Le répertoire de Rosa Ponselle s’enrichit avec Cavalleria rusticana de Mascagni, Andrea Chénier de Giordano La Gioconda de Ponchielli et La Vestale de Spontini représenté au Mai Musical Florentin en 1933.

Si Ponselle n’a jamais chanté Puccini ou Wagner c’est, dit-on, par égard pour ses collègues sopranos, qui ne sont pas pour elle des rivales, mais des amies qu’elle respecte.

La réalité est peut-être moins chevaleresque, car il semblerait plutôt qu’elle ait eu peur des aigus. Elle avait, en effet, souvent demandé à ce que les rôles soient transposés dans une tonalité plus basse. Demande peut-être simplement due au trac et à la peur de l’échec devant le public.

Rosa Ponselle triompha durant dix-neuf saisons au Met, où elle mit son art vocal au service d’un répertoire de 23 rôles, pas plus.

Elle est surtout célèbre pour son interprétation de Norma, mais se distingua également dans Ernani, Don Carlos, La Gioconda, André Chénier, Guillaume Tell, Cavalleria Rusticana, La Traviata et Don Juan.

Le seul rôle dans lequel elle ne fut, que presque parfaite, est Carmen de Bizet, produit en 1935.

Bien que les critiques reconnaissent sa voix idéale, nombre d’entre eux estiment qu’elle n’a pas le tempérament qui convient au personnage complexe de Bizet. Le public en revanche est totalement sous le charme.

Après le départ du Met de Gatti-Casazza, en mai 1935, Rosa Ponselle essuie un refus de la nouvelle direction du Met pour monter Adrienne Lecouvreur de Cilea.

Furieuse, elle démissionne du Met et fait ses adieux au public en pleine gloire et en pleine possession de ses moyens, le 17 avril 1937, alors qu’elle chante Carmen à Cleveland. Elle a seulement 40 ans.

Cette même année, elle met un terme à sa vie sentimentale tumultueuse en épousant le fils du maire de Baltimore, et se retire dans sa résidence, la « Villa Pace », qui est devenue, depuis, le « Musée Rosa Ponselle ». Elle donnera des concerts pendant encore quatre ans.

Après son divorce en 1950, Rosa Ponselle prend la direction du Civic Opera de Baltimore en 1951 et enseigne le chant chez elle, à la Villa Pace jusqu’en 1974. Parmi ses plus célèbres élèves figurent: Sherrill Milnes, Plàcido Domingo, Beverly Sills, Samuel Ramey, Leontyne Price, Louis Quilico….

Rosa Ponselle est décédée à 84 ans le 25 mai 1981 à Baltimore. Sa sœur Carmela, mezzo-soprano, ne chanta qu’une seule fois avec elle dans La Gioconda de Ponchielli. Elle est morte le 13 juin 1977 à New York.

En 1984, fut créée à Baltimore dans le Maryland la « Fondation Rosa Ponselle » destinée à encourager et aider les jeunes chanteurs.

Insertions musicales :

Ernani ! involami : Ernani, Verdi

Ritorna Vincitor : Aïda, Verdi

Surta e la notte : Ernani, Verdi

Casta Diva : Norma, Bellini,

O Nume tutelar : La Vestale, Spontini

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Hommage à Ezio PINZA

mars 20th, 2015 par Alain Fauquier


Dimanche 10 mai 2015 à 9h30

 

sur aligrefm (93.1)

et www.aligre-cappuccino.fr

 

Michel Goti, présentateur de l’émission Cappuccino,
et ses invités, la soprano Floria Rosimiro,
Marcel Azencot et Alain Fauquier,
de l’Opéra Club de Paris Mario Lanza,
ont rendu hommage à

EZIO PINZA

qui fut l’un des plus grands artistes de l’histoire du Met
et la plus grande basse italienne du 20ème siècle.

Contrairement aux ténors qui ont toujours le premier rôle à l’opéra : celui de l’amoureux romantique, du héro ou du libertin licencieux, les basses, en raison de leur registre vocal grave, sont vouées à des rôles de pères, de patriarches ou de prêtres.Elles ne sont que très rarement les stars de la représentation. La basse italienne Ezio Pinza, à qui nous rendons hommage aujourd’hui, n’est-elle pas l’exception qui confirme la règle ?

Ezio Pinza était effectivement une star adulée dans le monde entier. Partout où il chantait, il était ovationné. Comme le rappelle le ténor Giacomo Lauri-Volpi dans son livre Voix parallèles : « Ezio Pinza était doté d’une voix d’une extraordinaire beauté ; d’une voix d’une grande puissance émotionnelle, volumineuse et sonore ; d’une voix d’une rare souplesse, au timbre de velours. »

Le critique musical Jean Cabourg ajoute : « Le chant de Pinza était un jeu de pleins et de déliés ; une calligraphie vocale impeccable, conquise sur un timbre d’une rare texture. »

Outre une voix magnifique, PINZA possédait un look de jeune premier. Sa personnalité était attrayante et il était aussi élégant que spirituel et charismatique. Acteur né, il pouvait jouer tous les rôles, comiques, tragiques ou romantiques.

Dès lors, on comprend aisément que sa carrière, qui dura 40 ans, se soit développée avec un fantastique succès, non seulement à l’opéra, mais aussi à Broadway et à Hollywood.

Ezio Pinza avait une voix de basse-chantante, au timbre plus clair et plus souple que celle d’une basse profonde ; une voix comparable à celle d’un baryton-basse. C’est ce qui explique en partie son succès dans le rôle de Don Juan dont nous venons d’entendre un extrait.

Les enregistrements que nous avons sélectionnés pour cette émission, ont tous été réalisés entre 1927 et 1930, à un moment où Pinza, âgé de 38 à 40 ans, a réalisé les meilleurs enregistrements de basses de tous les temps.

Ce sont tous des enregistrements « Victor », du nom du fabriquant du fameux phonographe électrique le « Victrola », vendu par milliers d’exemplaires dans le monde. The Victor Talking Machine Company sera absorbée en 1929 par RCA pour devenir RCA VICTOR.

Ezio PINZA est né 18 mai 1892 à Rome. Son prénom de baptême est Fortunato. Un prénom qui lui a sans doute porté chance, mais qu’il changea plus tard en Ezio.

Passionné de vélo il veut faire une carrière de coureur cycliste. Mais son père, dit-on, ravi par la voix chaude, volumineuse et expressive de son fils, l’encourage à se tourner plutôt vers le chant qu’il étudie aux conservatoires de Ravenne et de Bologne,

PINZA fait ses débuts à Soncino (prés de Cremona) dans le rôle d’Oroveso de Norma. La première guerre mondiale l’oblige à cesser temporairement ses activités et il passe la guerre dans les Dolomites italiennes. Promu capitaine, et marié, il reprend sa carrière de chanteur en 1919.

Après quelques petits rôles dans André Chénier et Le Trouvère, PINZA est engagé dans la troupe du Théatre Costanzi de Rome, où il se fait une bonne expérience du grand répertoire avec La force du destin, La Gioconda, Le Barbier de Séville, Aida, Rigoletto, Thaïs de Massenet, Salome de Strauss, Tristan et Isolde…. En 1921 il est remarqué par Toscanini qui l’engage pour chanter le rôle de Pogner dans sa production des Maîtres chanteurs de Nurernberg à la Scala.

A la Scala, PINZA chante de nombreux rôles, dont  le père dans Louise de Charpentier, Pimen dans Boris Godounov, Henrich dans Lohengrin, Raimondo dans Lucia di Lammermoor….

Jusqu’en 1926 il se produira également à Naples, à Turin, en Allemagne et en Suisse. Il gravera durant cette période, de nombreux airs pour la branche italienne de « La voix de son maître ».

L’année 1926 marque l’arrivée de PINZA au Met de New York, dans le rôle du prêtre de La Vestale de Spontini. C’est le début d’une histoire d’amour avec la grande scène américaine qui durera jusqu’en 1948. Il en sera la première basse incontestée.

Bien que le rôle qu’il ait le plus chanté soit Ramfis dans Aïda (77 représentations), son image est indissociable de Don Giovanni, qu’il incarne pour la première fois en 1929.

PINZA chantera 612 fois au Met et fera aussi plusieurs saisons à Rome, Naples, Vérone, Florence et dans d’autres grandes villes italiennes. Il était vénéré en Amérique du sud, notamment au Colón et à Rio.

Il chanta aussi en Europe, principalement à Londres, Vienne et Salzburg. Sa carrière totalise 853 représentations (dont 241 en tournée), dans 51 rôles différents, plus 74 concerts ou galas.

Ezio PINZA était un grand séducteur. Partout où il passait  il faisait, dit-on, des ravages. On raconte qu’il rendit folle d’amour Elisabeth Rethberg qui était la plus grande soprano allemande de son temps, à tel point que sa femme obtint le divorce, avec une petite fortune à la clé.

PINZA aura pour partenaires les plus grands noms de son temps: Amelita Galli-Curci, Rosa Ponselle, Elisabeth Rethberg, Giovanni Martinelli, Beniamino Gigli, Lawrence Tibbett, Giuseppe De Luca, Grace Moore, Leonard Warren, Jarmila Novotna, Raoul Jobin, Bidú Sayão, Salvatore Baccaloni

 Il chantera sous la direction des plus grands chefs, dont Toscanini, Walter et Serafin.

Lorsqu’il quitte le Met en 1948, ce n’est pas pour prendre sa retraite, mais pour entreprendre une nouvelle carrière à Broadway où il est engagé à 56 ans pour tenir le rôle principal de la comédie musicale South Pacific de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein.

Le 7 Avril 1949, jour de la première de South Pacific, au Majestic Theatre de Broadway, PINZA obtient un triomphe.

La mélodie qu’il interprète « Some Enchanted Evening » est sur toutes les lèvres et PINZA passe du rang d’idole à celui de célébrité nationale.

Trois jours après la première de South Pacific, PINZA est engagé par la Metro-Goldwyn-Mayer pour tourner, dès la fin de ses engagements à Broadway, dans des comédies musicales dont il sera la star.

PINZA fera partie des nombreux chanteurs: Caruso, Gigli, Martinelli, Louis Armstrong, Dean Martin, Liberace, Perry Como…  qu’avec beaucoup d’humour Mario Lanza imitait à s’y méprendre.

Alors qu’il tournait Le Grand Caruso, LANZA aperçu, un matin en arrivant au studio, PINZA entrain de se maquiller. D’une loge voisine dans laquelle il s’engouffra, il entonna « à la Pinza » : « Some Enchanted Evening ». Ce qui lui valut en retour un retentissant : « LANZAAA ! fils de p. où es-tu ? », suivi des applaudissements de PINZA et des personnes qui se trouvaient autour d’eux.

Les deux chanteurs se vouaient mutuellement affection et admiration.

A Hollywood, Ezio PINZA tournera en 1950 deux comédies musicales : Mr Imperium (Laisse-moi t’aimer) avec Lana Turner et Strictly Dishonorable (Absolument malhonnête) avec Janet Leigh, qui sortiront en salle en 1951.

Malheureusement pour PINZA, le succès de ses deux films fut éclipsé par le triomphe sans précédent du film de Mario Lanza Le Grand Caruso qui sortait simultanément sur les écrans.

En 1953, PINZA tournera un 3ème et dernier film Tonight We Sing , avec Roberta Peters, Anne Bancroft et le violoniste Isaac Stern. L’histoire de ce film est la vie romancée de la grande basse russe Feodor Chaliapine.

PINZA chante en Russe un extrait de Boris Godunov de Moussorgsky, ce qui fut le clou du film..

La MGM avait envisagé de réaliser deux  films avec  Pinza et Lanza. L’un basé sur une pièce de théâtre de Sacha Guity « Deburau », dans lequel les deux chanteurs auraient convoité la même femme, Ava Garner.

L’autre film prévoyait de réunir Pinza, Lanza et Presley. Pinza aurait tenu le rôle du père dans une famille de célèbres chanteurs, Lanza et Presley auraient été ses deux fils.

Malheureusement aucun de ces deux films ne verra jamais le jour.

De 1951 à 1953, PINZA aura sa propre émission de radio: « The Ezio Pinza Show », dans laquelle il invitera, comme le fit Lanza avec « The Mario Lanza Show », des vedettes de variété comme Rosemary Clooney (la tante de George), et des célébrités, comme la star Zsa Zsa Gabor ou le harpiste Harpo Marx.

Jusqu’en 1955 PINZA fera de multiples apparitions à la télévision américaine et donnera de nombreux concerts et galas. La plus grande basse-chantante du XXème siècle décédera à 64 ans, le 9 Mai 1957, d’un accident vasculaire cérébral alors qu’il se trouvait à Stamford dans le Connecticut.

Insertions musicales :

Finch’han dal vivo : Don Giovanni, Mozart

Le veau d’or : Faust, Gounod

Si la rigueur et la vengeance : La Juive, Halévy

Air du Tambour Major : Le Caïd, Ambroise Thomas

Ah Del Tebro : Norma, Bellini

O Tu Palermo : Les Vêpres siciliennes, Verdi

Vecchia Zimarra : La Bohème, Puccini,

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Hommage à Giulietta SIMIONATO

janvier 29th, 2015 par Alain Fauquier


Dimanche 15 Mars 2015

de 9h30 à 10h30

 SIMIONATO 3

Michel Goti, présentateur de l’émission Cappuccino,
sur Aligrefm (93.1) et www.aligre-cappuccino.fr
et ses invités,
la soprano Floria Rosimiro,

Marcel Azencot et Alain Fauquier,
de l’Opéra Club de Paris Mario Lanza,
rendront hommage à l’immense cantatrice
que fut Giulietta Simionato, disparue en 2010.

 

Giulietta Simionato fut sans conteste la plus grande mezzo-soprano italienne de son époque. Sa voix puissante, chaude et sensuelle, résonne encore aux oreilles de toutes celles et de tous ceux qui l’ont un jour entendue sur une scène d’opéra ou dans l’un de ses nombreux enregistrements, et qui en ont gardé un inoubliable souvenir.

Giulietta Simionato possédait tout ce dont une cantatrice peut rêver : une voix pleine et riche ; un timbre éclatant, chaleureux et sensuel ; une voix puissante et souple ; une tessiture très étendue qui lui permettait d’interpréter tous les rôles du répertoire du bel canto. Les rôles comiques lui convenaient aussi bien que les rôles tragiques.

Sa technique était sans faille. Les critiques loueront sa vive intelligence du chant et ses dons de comédienne dont beaucoup de grands chanteurs sont souvent dépourvus.

En dépit d’autant d’atouts, « LA » Simionato (c’est ainsi que la diva sera appelée, au même titre que La Callas ou La Tebaldi), mettra du temps à s’imposer et à faire éclater son talent.

Née à Forti, près de Bologne, en Emilie-Romagne, le 12 mai 1910, Giulietta Simionato étudie le chant  à Rovigo, près de Venise, puis à Milan, et chante en public dès 1927.

En 1933, Giulietta Simionato remporte, face à 385 concurrents, au Théâtre Communal de Florence, un concours de chant qui deviendra la même année le Mai musical de Florence, devant le maestro Tullio Serafin qui fait parti du jury.

C’est un triomphe et elle débute officiellement deux ans plus tard, à 25 ans, dans la création de l’Orséolo de Pizzetti au Théâtre communal de Florence. Elle participe aussitôt à des tournées à Malte, en Tunisie, et en Libye.

Giulietta Simionato a 26 ans, en 1936, lorsqu’elle est engagée à La Scala de Milan où elle fait ses débuts. Ayant refusé, contrairement à certaines de ses rivales de collaborer au régime fasciste, elle reste cantonnée à des rôles secondaires, et devra attendre les années 1940 pour devenir l’une des vedettes les plus en vue de la célèbre scène milanaise.

En 1947 elle triomphe dans le rôle-titre de Mignon d’Ambroise Thomas, chanté en italien, ce qui lui vaut les plus grands éloges de la critique.

Giulietta Simionato chante alors sur toutes les grandes scènes italiennes, Rome, Florence, Turin…, ainsi qu’à la radio italienne (RAI).

Après la guerre, elle se produit en France, notamment à Lyon et à Toulouse, puis au Festival d’Édimbourg en 1947, dans le rôle de Chérubin des Noces de Figaro.

Les vingt années qui suivent sont celles d’une carrière exemplaire.

De retour en Italie, elle se spécialise peu à peu dans les grands rôles de mezzos verdiens, comme Azucena (Le trouvère), Ulrica (Un Bal masqué), Preziosilla (La force du destin), Eboli (Don Carlos), Amneris (Aida).

Giulietta Simionato participe aussi à la renaissance de Rossini, en chantant Isabella de L’Italienne à Alger) ; Rosina du Barbier de Séville), ou Cenerentola de Cendrillon.

Elle ajoute à son répertoire les grandes mezzos de l’opéra français, comme Carmen (qu’elle chantera plus de 200 fois), Dalila, Charlotte. Ses autres rôles notoires incluent Laura de La Gioconda et la Princesse de Bouillon dans Adriana Lecouvreur.

Dans les années 1950, Giulietta Simionato participe à la renaissance du bel canto aux côtés de Maria Callas avec de triomphales prestations en Adalgisa (Norma) et Giovanna Seymour (Anna Bolena). Elle fut aussi une interprète accomplie de Bellini et Donizetti.

Sa carrière s’épanouit comme l’une des plus prestigieuses de son temps.

Elle chante également les opéras de Cimarosa et de Mozart et participe en 1962, auprès de Joan Sutherland, à de triomphales reprises de Semiramide et des Huguenots à La Scala.

Parallèlement, elle se produit à Vienne, Salzburg, Paris, Londres, Chicago, New York, Mexico, Buenos Aires…

Giulietta SIMIONATO a pour partenaires les plus grands chanteurs de son temps avec qui elle réalisera de mémorables enregistrements: Gigli, Maria Carniglia, Gino Bechi, Del Monaco, Callas, Bergonzi, Tebaldi, Merrill, Vickers, Corelli, Raimondi

Elle chante sous la direction des chefs les plus prestigieux : Alberto Erede,Tullio Serafin, Mario Rossi, Herbert Von Karajan, pour n’en citer que quelques uns.

En 1966, à 56 ans, Giulietta Simionato se retire alors qu’elle est encore en pleine possession de ses moyens.

Un an auparavant, le 18 novembre 1965, elle avait épousé Cesare Frugoni, un brillant professeur de médecine, alors âgé de 84 ans, qui fut le médecin particulier de Mussolini.

Le 1er février 1966, pour marquer le 30e anniversaire de ses débuts à la Scala, elle chante le rôle modeste de Servilia dans La Clémence de Titus, de Mozart, à la Piccola Scala.

La Simionato fut longtemps une cantatrice « empêchée ».

Longue à s’imposer, elle était devenue l’une des plus grandes cantatrices du XXème siècle.

Elle est morte le 5 mai 2010, soit une semaine avant d’atteindre son 100e anniversaire.

Outre de nombreuses enregistrements, on peut voir Sur YouTube, deux interviews : l’une émouvante, réalisée le 16/09/77, dans laquelle elle rend hommage à son amie Maria Callas qui vient de disparaitre ; l’autre dans laquelle elle expose avec enthousiasme sa méthode de chant : « Il mio metodo di canto ».

Insertions musicales :

BIZET : Carmen, la habanera

ROSSINI : Le Barbier de Séville, Una voce poco fa

VERDI: Don Carlos, O don fatale

VERDI : La Force du destin, Rataplan

ROSSINI, Tancrede : Di Tanti palpiti

 

 

 

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Hommage à Carlo Bergonzi sur Radio Aligre

novembre 21st, 2014 par Alain Fauquier


Affiche Bergonzi

Hommage à Carlo BERGONZI

“Le Maître de Chant”

 

Ce 14 décembre 2014, nous allons nous intéresser à un artiste hors du commun mais qui présentait tous les aspects du commun et de l’homme ordinaire.

Cet homme a une place à part parmi les grands interprètes de l’opéra et du chant en général : il s’agit de Carlo Bergonzi, qui vient de nous quitter cette année 2014, le 25 juillet, à l’âge de 90 ans à Milan.

Il était né le 13 juillet 1924 à Polisene, près de Parme.

Ce fut un des grands ténors du 20ème siècle.

Sa carrière se déroula entre la fin de la deuxième guerre, 1948 où il fit ses débuts, et les années 1980, soit une très longue carrière rendue possible par un sa grande technique et maîtrise du chant et tout le monde sait que la technique économise la voix et permet de durer.

Carlo Bergonzi fut un véritable maître, un exemple, une référence pour tous ceux, et les plus grands, qui eurent l’honneur de chanter avec lui et pour tous ceux qui aspirent à chanter ou à perfectionner leur technique et leur style.

Pour preuve et pour exemple le ténor Salvatore Licitra, à qui nous avons consacré une émission, et qui fut l’élève de Carlo Bergonzi, dont il apprit l’élégance, la simplicité, le respect de la ligne mélodique, du texte et de sa poésie, en un mot le respect de la musique et du compositeur.

Pour ce programme, disons tout de suite que pour un artiste à part nous avons choisi un programme à part, au cours duquel nous aurons des airs qu’on nous donne assez rarement à écouter à la radio et à la télévision, qu’il s’agisse d’opéra ou de grandes mélodies poétiques ou populaires.

Il y aura certes Verdi, Puccini, à l’interprétation desquels Carlo Bergonzi a apporté une contribution de référence, mais à l’Opéra club de Paris-Mario Lanza, nous avons pensé à des œuvres moins jouées et à des mélodies magnifiques même si moins connues.

Des générations de chanteurs se sont inspirées de Carlo Bergonzi pour comprendre ce qu’étaient le phrasé, la ligne mélodique, la maîtrise du souffle, la subtilité, le respect des mots de la musique, la musicalité.

Cet immense ténor avait d’abord été un baryton.

Carlo Bergonzi étudia d’abord avec de grands professeurs et fit ses débuts en 1948 comme baryton dans « le Barbier de Séville » à l’opéra de Lecce.

Il chanta même avec le légendaire ténor italien Tito Schipa dans « l’Elixir d’Amour », de Gaetano Donizetti. Il remplaça aussi Tito Gobbi dans une représentation du « Rigoletto », de Verdi mais la représentation fut décevante.

Mais l’artiste devait admettre qu’il n’était pas né pour chanter dans ce registre médian, celui du baryton, et que sa voix était celle d’un ténor.

Caruso avait eu la même mésaventure en commençant comme baryton.

Il lui fallut alors retravailler sa voix et travailler un nouveau répertoire, celui des ténors.

Et en seulement trois ans, en 1951, il faisait son second début comme ténor à l’opéra de Bari  (ville de naissance de Licia Albanese à laquelle nous avons consacré une émission) et ce nouveau début, il le faisait dans un rôle très difficile et qui demande beaucoup à la voix, celui « d’André Chénier » de Giordano pour la musique et Luigi Illica pour le livret.

Alors, après le public de 1951, découvrons-le à notre tour dans ce rôle !

C’est l’un des trois grands airs les plus chantés de cet opéra (où Mario Lanza faisait merveille, soit dit en passant) : ici André Chénier est en prison, la prison Saint-Lazare, il va être exécuté par les révolutionnaires de la Terreur, et notamment Robespierre, et il compose un dernier poème :

Comme l’année 1951 était ce que l’on appelle le petit anniversaire de la mort de Verdi (mort en 1901), soit 50 ans plus tôt, la radio italienne engagea Carlo Bergonzi pour une série d’émissions consacrées à des opéras moins connus de Verdi.

Déjà la réputation de son chant était grande et on parlait de son raffinement rare, de son style exemplaire, de son goût impeccable, tout ceci  hérité du grand Tito Schipa, sur les enregistrements duquel il se forma.

Dans le cas de ces deux hommes, la technique, le style, l’élégance, la qualité de la diction avaient fini par compenser les moyens relativement limités de la voix.

Entendons-nous ! Les deux voix étaient magnifiques mais elles n’avaient rien de phénoménal, si l’on peut dire, ni d’exceptionnel,  ni par leur étendue ni par leur puissance. Mais elles étaient particulières, la voix de Schipa était légèrement voilée, « sfumata », disait-on.

Quant à celle de Bergonzi, en elle-même et en timbre, elle semblait n’avoir rien d’exceptionnel, mais l’intelligence du texte, la musicalité inscrite dans cet homme, son élégance morale et vocale (pas d’excès, respect de la partition et du texte) tout ceci faisait un ensemble inoubliable.

C’était l’époque des voix avant tout, par rapport à aujourd’hui où le physique nous fait presque oublier que l’opéra, c’est le chant et pas un concours de beauté.

Bergonzi, pas grand acteur, pas magnifiquement beau, même s’il n’était pas vilain, faisait passer l’émotion et le jeu par la voix, par de subtils changements, de l’émotion et une maîtrise du souffle incomparable, qui permet beaucoup de choses.

Schipa, sur qui nous espérons faire une émission, et Bergonzi, ces deux voix avaient fini par conquérir ou acquérir une harmonie parfaite.

La réputation de Carlo Bergonzi dépassa peu à peu les frontières de l’Italie et ce furent les engagements dans les plus grands opéras du monde, Scala de Milan (1953), Opéra de Chicago (1955), Metropolitan Opéra de New York (1956), Londres (Covent Garden, 1962) etc…

Carlo Bergonzi était le partenaire légendaire des plus grands artistes de notre temps, Maria Callas, Renata Tebaldi, Montserrat Caballe, Leontyne Price, Fiorenza Cossotto, Renata Scotto, Shirley Verrett, Birgit Nilsson, Giulietta Simionato, Joan Sutherland, pour ne parler que de quelques unes des étoiles féminines de l’Opéra de notre temps ; puis tous les grands chefs, Gavazzeni, Sir Georg Solti, sir Richard Bonynge, Herbert Von Karajan, Tullio Serafin, mentor de Callas, Rafael Kubelik, Nello Santi, Erich Leinsdorf au Metropolitan de New York etc…

En résumé, faut-il dire qu’il a eu l’honneur de chanter avec les plus grands ou que les plus grands ont eu l’honneur de chanter avec lui ?

Mais revenons à Verdi, le préféré de Bergonzi. Verdi qui, disait-il, exige une voix de ténor mâle et virile pour ses personnages :

Verdi était tout pour lui !

Sur ses vieux jours, Bergonzi s’aidait avec une canne dont le pommeau était la tête de Verdi.

Il est vrai qu’il vivait près de Busseto, la ville de Verdi et que l’auberge qu’il avait ouverte avec ses fils, et l’académie de musique où l’on venait du monde entier pour entendre ses leçons, s’appelait « I due Foscari », les deux Foscari, du nom d’un opéra de Verdi.

Il est vrai aussi que son grand-père, marchand de fromage (d’ailleurs comme son père et lui-même dans sa jeunesse, dans le commerce de la famille), que son grand-père donc, s’était rendu un jour chez Verdi pour lui vendre ses fromages.

Bergonzi se souvenait encore du choix de fromages de Verdi mais surtout du dialogue entre son grand père et le grand homme ! L’illustre compositeur, gloire nationale de l’Italie, avait demandé à son grand-père : «Savez-vous qui je suis? Dois-je toujours payer ?» Le grand-père Bergonzi répondit : «Je sais parfaitement qui vous êtes, maestro Verdi, mais vous vendez votre musique pour vivre et moi je vends mes fromages pour vivre ! Alors vous devez payer ! «

Et Verdi paya, comme le raconta Bergonzi au musicologue américain de la compilation qui vient d’être publiée chez RCA juste après le décès du grand ténor, « The Great Carlo Bergonzi ».

Mais Bergonzi, était aussi un maître dans Puccini dont il avait chanté les plus grands rôles, La Bohème, Madame Butterfly, Tosca, Manon Lescaut.

Carlo Bergonzi, c’était aussi le « bel canto », les grandes mélodies poétiques italiennes, celles qui se rapprochent le plus des lieder allemands de Schubert ou de Schumann, c’est-à-dire de courtes mélodies dans lesquelles on sculpte dans la poésie et dans les mots en gardant la ligne de chant, et où les nuances et les subtilités sont plus importantes que la force et la puissance.

On vient de le dire, en dehors de l’Opéra, Carlo Bergonzi excellait dans la mélodie (et le récital).

Insertions musicales :

Io Ti Sento : (mélodie) TOSTI

La dolcissima effigie : Adrienne Lecouvreur, CILEA

Come un bel di di Maggio : André Chénier, CILEA

Ah ! Si ben mio : Il Trovatore, VERDI

Parmi veder le lagrime : Rigoletto, VERDI

Ma se m’è forza perderti : Un Ballo in Maschera, VERDI

Donna non vidi mai : Manon Lescaut, PUCCINI

Addio Fiorito Asil : Madame Butterfly, PUCCINI

O del mio amato ben : (mélodie) Stefano DONAUDI

Vaga luna che inargenti : (mélodie) BELLINI

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Hommage à Franco Corelli sur Radio Aligre

septembre 17th, 2014 par Alain Fauquier


Affiche Corelli

 Avec le ténor italien Franco Corelli, nous rendons hommage aujourd’hui au dernier prince de l’âge d’or. Doté d’une voix chaleureuse, ample, riche et profondément poignante, d’un souffle souverain et d’un physique séduisant, Franco Corelli restera à bien des égards, pour ceux qui l’ont vu et entendu sur une scène d’opéra, l’incarnation du ténor idéal, aussi beau à voir qu’à entendre.

Franco Corelli avait effectivement tout pour lui : un physique de jeune premier, grand et d’allure athlétique (il mesurait 1,88 m); une personnalité fascinante qui apportait de la crédibilité aux personnages romantiques qu’il incarnait, et une voix de toute beauté. Herbert von Karajan qui le dirigea à Salzbourg lors d’une représentation mémorable du Trouvère en 1961 avec Price et Simionato, dira de Corelli qu’il avait: « Une voix héroïque, sombrement sensuelle et mystérieusement mélancolique, mais une voix de tonnerre et d’éclairs, de feu et de sang ! ».

 Avec autant d’atouts, il n’est guère surprenant que Franco Corelli soit devenu l’idole des grandes scènes d’opéra. Malheureusement, tout au long de sa carrière il souffrira d’insatisfaction chronique. Jamais content de lui, il sera en permanence rongé par le doute et l’anxiété. Ses amis et collègues disaient qu’il souffrait le martyre avant d’entrer sur scène. Matthew Boyden, musicologue à la BBC, écrit  dans son livre sur l’histoire de l’opéra: « Son manque d’assurance fera de Corelli une figure tragique de l’opéra ».

Franco Corelli est né en 1921, une année bénie des Dieux pour l’opéra qui verra naitre trois ténors de premier plan: Mario Lanza, le 31 janvier ; Franco Corelli, le 8 avril et Giuseppe Di Stefano le 24 juillet. Franco Corelli nait à Ancône, capitale de la région des Marches, sur l’Adriatique, dans une famille modeste (son père était ouvrier de chantiers navals). Pour la petite histoire, son prénom de naissance n’était pas « Franco », mais « Dario », et ce n’est que plus tard qu’il changera de prénom.

Inspiré par Caruso et Gigli, Franco Corelli avait chanté dans sa jeunesse en tant qu’amateur, mais il n’avait jamais envisagé de réaliser une carrière de chanteur professionnel. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome obtenu à l’Université de Bologne, il travaillait comme géomètre pour l’administration locale.

Fortement encouragé par ses amis, il se décide à entreprendre des études de chant au conservatoire de Pesaro. Mais, après quelques mois, il estime que les résultats ne sont pas ceux qu’il espérait et il préférera travailler en autodidacte avec les conseils du ténor Giacomo Lauri-Volpi.

Franco Corelli se donne à fond dans son travail, s’impose une discipline rigoureuse, une discipline quasi monacale même, marquée en permanence par l’autocritique. Son perfectionnisme est tel qu’il en devient obsessionnel.  Contrairement à Mario Lanza, sa voix n’est pas placée de naissance, et il lui faudra 6 ans d’efforts et de travail acharné pour parvenir à la positionner idéalement. Il lui faudra encore 3 ans de plus pour pouvoir attaquer un contre-ut à pleine voix.

Ses efforts seront récompensés : son timbre particulièrement sombre s’allégea, lui permettant d’aborder certains rôles parmi les plus enlevés du répertoire de bel canto. Ce long travail de préparation explique aussi ses débuts relativement tardifs. Il a en effet 30 ans en 1951 lorsqu’il remporte le Concours du Mai Musical de Florence et fait ses débuts le 26 août 1951 au festival de musique de Spoleto où il interprète Don José dans Carmen. Il recueille un immense succès pour la puissance et l’amplitude de sa voix.

Aussitôt sollicité par plusieurs théâtres lyriques italiens, Franco Corelli choisit de débuter sa carrière avec des œuvres variées : en plus du répertoire standard, on a pu l’entendre dans des opéras tels que Guerre et Paix de Prokofiev, Iphigénie en Aulide de Gluck ou Giulietta e Romeo de Riccardo Zandonai qu’il chante en 1953 à l’Opéra de Rome ; opéra de Rome dont il devient rapidement un membre permanent avec un répertoire étendu de quelques 30 rôles.

En avril 1953, Franco Corelli chante pour la première fois avec Maria Callas dans Norma et il la retrouvera à nouveau en 1954 à l’occasion de ses débuts à La Scala dans une production très applaudie de La Vestale de Gasparo Spontini. Les apparitions qu’ils effectueront ensemble par la suite feront partie de la légende. La première apparition de Corelli hors d’Italie a lieu en 1957 à Covent Garden où il triomphe dans La Tosca de Puccini, avec pour partenaire la grande soprano dramatique croate Zinka Milanov.

En 1958, il épouse la fille d’une basse de Milan, Loretta di Lelio, elle-même soprano qui devient son agent. Le 27 janvier 1961, Franco Corelli et Leontyne Price font conjointement leurs débuts au Met de New York, dans le Trouvère de Verdi. La même saison, Corelli et Birgit Nilson remettent Turandot de Puccini au répertoire de l’opéra new-yorkais. Cette production fut un grand succès personnel pour Corelli qui sera invité à ouvrir la saison suivante dans le rôle d’André Chénier (sans doute l’une de ses plus grandes réussites).

En 10 saisons Corelli chantera au Met 15 rôles dont 368 fois le célèbre « Cielo e mar » de la Gioconda de Ponchielli. Spécialiste des rôles héroïques italiens et français, il se produit en Europe, en particulier à La Scala de Milan et au Festival de Salzbourg sous la baguette d’Herbert von Karajan.

En dépit de sa présence héroïque sur scène, Franco Corelli souffrait d’un trac terrible, nous l’avons dit, un trac qui lui desséchait la bouche et l’obligeait à avoir en permanence dans sa main un mouchoir mouillé pour s’humidifier régulièrement la langue. A l’entracte il se verrouillait dans sa loge ! La soprano Renata Scotto disait : « On devait le pousser sur scène ! » Lors d’une représentation de Don Carlos au Met, il n’a jamais voulu entrer sur scène et il a fallu baisser le rideau. Une autre fois, lors d’une représentation au Met de Cavaleria Rusticana, il fit irruption dans la loge de Leonard Bernstein, pour lui déclarer, paniqué, égaré, l’air perdu : « Maestro, je ne me sens pas bien, je ne peux pas entrer en scène, je vais ruiner la représentation ! »

 « Humeur, caprice ? Non, mais trac, fragilité d’artiste ; sentiment exaspéré de sa responsabilité, de ce qu’on attendait de lui », écrit le critique André Tubeuf. Lors d’une Tosca à Nice, Suzanne Sarrocca se demandait s’il allait finir par revenir. Malgré les applaudissements du public, il considérait ne pas être à la hauteur, probablement en raison de sa formation autodidacte. Certains critiques le jugeaient précieux et peu fiable, capable de déclarer forfait à la dernière minute sur un coup de tête ou en raison de son trac, mais son charisme était tel que personne ne lui en tint jamais rigueur.

S’il lui arrivait d’être excentrique (il venait répéter dans un manteau pourri de quasi-clochard, et pouvait même refuser d’entrer en scène si ses cachets, de plus en plus exorbitants, ne lui étaient pas versés en argent liquide qu’il fourrait dans des sacs à provision), son comportement peu orthodoxe n’en contribua pas moins à faire de lui sa légende, rappelle encore André Tubeuf.

Corelli s’illustra mémorablement aussi dans deux opéras français qui semblaient avoir été écrits spécialement pour lui : Roméo et Juliette et Werther. Son Roméo était un solide gaillard passionné et viril, et il lui conférait certaines des plus belles sonorités entendues à l’opéra. Le rôle de Werther lui convenait à la perfection, sensible, romanesque et vulnérable.

En raison de son physique de jeune premier, Corelli était surnommé « Cuisses d’or » par la troupe du Metropolitan Opera. On raconte que les sopranos tournaient de l’œil pendant les duos d’amour, que les choristes se mettaient à bredouiller, que les musiciens de l’orchestre se levaient à l’issue des représentations pour l’ovationner avec le public. Pourtant, aucun de ses confrères ne lui manifesta la moindre jalousie, la plupart étant trop flattés de pouvoir se produire à ses côtés.

A la fin de sa carrière, Corelli était devenu un personnage faustien, un homme doué d’un talent surnaturel, mais condamné à l’insatisfaction perpétuelle. Les enregistrements qu’il nous a laissés donnent une idée de l’enthousiasme quasi animal qu’il pouvait susciter, de l’intensité de ses aigus et de sa prodigieuse tenue du souffle.

Sa diction molle et aspirée (on a l’impression qu’il chante avec une patate chaude dans la bouche ou que sa langue le gène), lui valut de nombreuses critiques. Cette mauvaise prononciation pouvait passer au second plan sur une scène d’opéra, mais elle devient vite omniprésente et franchement insupportable lorsque l’on écoute successivement plusieurs de ses enregistrements.

Ce défaut mis à part, on peut dire que dans les rôles qu’il maitrisait parfaitement : André Chénier, Le Trouvère, Werther, Carmen, Paillasse, La Force du Destin, Aïda, Franco Corelli était tout simplement insurpassable. En 1973 et 1974 il donne une série de concerts avec Renata Tebaldi et cesse de chanter sur scène en 1976 alors qu’il n’a que 55 ans.  Il meurt à Milan le 29 octobre 2003, à l’âge de 82 ans.

Extraits diffusés :

Ah, non mi ridestar : Werther, Massenet

Addio fiorito asil : Madame Butterfly, Puccini

La mia letizia infondere : Les Lombards, Verdi

Amor ti vieta : Fedora, Giordano

Recondita armonia : Tosca, Puccini

Nessun dorma : Turandot, Puccini

Come un bel di di Maggio : André Chénier, Giordano

No ! Pagliaccio non son !, Paillasse, Leoncavallo

Cielo e mar : La Gioconda, Ponchielli

Salut demeure chaste et pure : Faust, Charles Gounod

 

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Hommage au ténor Jussi Björling sur Radio Aligre

mai 6th, 2014 par Alain Fauquier


Dimanche 25 mai 2014

9.30 – 10.30

 Hommage au ténor

Jussi Björling 

Jussi Björling

Star du Metropolitan Opera de New York,
le ténor suédois Jussi Bjöerling
fut l’un des chanteurs les plus adulés
et les plus doués de l’histoire de l’opéra.


Michel Goti et ses invités,
la soprano Floria Rosimiro,

Marcel Azencot et Alain Fauquier
co-fondateurs de
l’Opéra Club de Paris Mario Lanza,
ont rendu hommage à cet illustre chanteur.
 
Sur Aligrefm 93.1
& www.aligre-cappuccino.fr

Jussi Björling avait l’une de ces voix que l’on reconnaît instantanément, une voix qui ne pouvait être nullement confondue avec aucune autre voix au monde !

Cet homme, petit et bien planté, au beau visage et aux yeux clairs et tristes, était, d’après André Tubeuf, « une colonne de son », et d’après Walter Legge, fondateur du London Philharmonia Orchestra, producteur de disques chez EMI et « promoteur » de Herbert Von Karajan, Björling était l’homme au « ring and golden glow unlike any other in the world » (« une voix à la couleur d’or, qui résonne comme aucune autre dans le monde  »).

Et ce qu’il disait de Björling était vrai, comme cela est vrai de toutes les grandes voix : chacune est unique, et sonne comme aucune autre, miroir d’une âme unique.

Johan Jonathan (« Jussi », comme l’avait appelé sa grand mère finlandaise) Björling est né à Borlänge, paroisse de Stora Tuna, en Suède, le 5 février  1911. Sa famille était une famille de musiciens et très jeune, le jeune Jussi et ses deux frères reçurent de leur père David, ténor et professeur de chant, une solide formation musicale et vocale.

Leur père David constitua avec ses enfants le « Quartette Masculin Björling ». Jussi  commença à y chanter à l’âge de quatre ans et demi et les concerts se succédèrent, notamment dans les églises partout en Suède.

Compte tenu de son jeune âge, on lui faisait chanter « « Donnez-moi les Ailes d’un Ange », « Give me Angel’s Wings ».

Les tournées de concerts en Suède durèrent 11 ans, et le quartette familial donna environ 900 concerts.

A l’âge de 15 ans, Jussi Björling était déjà un chanteur chevronné, presque un vétéran !

Ce quartette chantait bien sûr en Suédois, mais aussi en allemand, en italien, en français, en anglais.

David Björling décida de donner un coup d’accélérateur à la carrière de son quartette familial et de partir hors de Suède.

Et ce fut le départ avec ses enfants pour les Etats-Unis en 1919.  Au total, leur quartette donna  en Amérique plus de 100 concerts et procéda même à des enregistrements.

La voix de ce garçon de 15 ans avait évolué mais gardé cette clarté de cristal, ce fameux « cristal triste ».

Alors avec son expérience de 11 ans de chant, son père lui fit chanter le fameux aria M’appari de l’opéra Martha, de Von Flotow.

Après la mort du père, le quartette des frères Bjorling cessa de se produire et Jussi fut accepté à l’École royale d’opéra de Suède alors dirigée par le baryton John Forsell qui fut un maître sévère mais également le protecteur de Jussi.

Après quelques apparitions dans des rôles secondaires, il lui fit faire son début à l’Opéra Royal de Stockholm le 20 août 1930 dans le rôle de Don Ottavio dans le Don Giovanni de Mozart. Il avait 19 ans !

Mozart, servi par Jussi Björling ! Mozart aurait sans doute beaucoup aimé !

Après ses débuts à l’opéra en Suède, Jussi se produisit au Danemark voisin, à Copenhague, à l’été 1931. De là, en Tchécoslovaquie, puis en Allemagne, puis à l’Opéra de Vienne. Il chantait aussi beaucoup en récital.

En 1937, en route pour les Etats-Unis, il s’arrête à Londres et donne son premier récital au Royaume Uni, puis aux Etats-Unis, donne des concerts, notamment à la radio dont trois depuis le Carnegie Hall sous l’égide de General Motors !

Puis ce fut Rigoletto et la Bohème, à l’Opéra de Chicago, puis en 1938, La Bohème au Metropolitan Opera de New York, grand début au Met, de Jussi Björling.

En 1939, le grand ténor fit son début à Covent Garden, c’est-à-dire à l’opéra royal de Londres. C’était dans Le Trouvère,  de Verdi.

 En 1940 il ouvrit la saison du Metropolitan de New York pour la première fois, dans une production du Bal Masqué. 

Puis vint la guerre, pendant laquelle Jussi Björling resta dans son pays, avec une exception pour aller chanter en Italie en 1943 le rôle du Trouvère (Il Trovatore) à Florence.

A l’automne de 1945, Jussi Björling retourna aux Etats-Unis pour une tournée de huit mois puis l’opéra de San Francisco, celui de Chicago etc.

Il se produisit aussi, et de plus en plus, en récital et en concert, avec de nombreuses apparitions à la radio ou à la télévision, précisément dans les programmes diffusés par les grandes compagnies américaines, et notamment le programme intitulé « L’Heure du dimanche soir » sponsorisé par le constructeur automobile Ford  ou encore « la Voix de Firestone » etc.

Mais bien entendu, comme il vivait en Suède, avec sa femme Anna Lisa, elle-même soprano, et leurs trois enfants, il chantait également dans son pays, où il était une gloire nationale, et aussi dans les autres pays de Scandinavie où il jouissait d’une énorme popularité.

Toutefois, sa carrière internationale le conduisait principalement aux Etats-Unis, mais aussi en Italie, notamment à Milan à la Scala, (Rigoletto), puis à Londres, à Covent Garden en 1960 (année de sa mort), où il interpréta une fois de plus la Bohême, sans oublier enfin de nombreux récitals – il aimait beaucoup les récitals – dans de nombreux pays, et notamment au Royaume-Uni dans les années 1950.

Il fit même une longue tournée en Afrique du Sud en 1954.

Son répertoire d’opéra et d’opérette comprenait pas moins de 55 rôles, dont certains qu’il abandonna au fur et à mesure de sa gloire grandissante, comme le rôled’Arnold, de Guillaume Tell, ou du compte Almaviva,  dans le Barbier de Séville.

Après la guerre, son véritable répertoire effectif se réduisit à une douzaine de rôles qu’il continua de chanter dans le monde entier, où on le réclamait : Aïda, Le Trouvère, le Bal Masqué, Rigoletto, la Bohême, Tosca, Cavalleria Rusticana, et Pagliacci, pour le répertoire italien, et  Faust  et Roméo et Juliette, pour l’opéra français.

Plus tard il ajouta Manon Lescaut, de Puccini, et Don Carlo de Verdi, ce dernier rôle qu’il interpréta avec son ami américain l’immense baryton du Metropolitan, Robert Merrill, avec qui il avait beaucoup chanté.

Jussi Björling est mort jeune, dans sa cinquantième année à Stockholm, le 9 septembre 1960, d’une défaillance cardiaque survenue, semble-t-il dans son sommeil.

Il fut l’une des plus grandes voix du XXème siècle, voix extraordinairement typée, dorée, claire et presque transparente, voix triste aussi d’une âme insatisfaite et tourmentée.

Il avait aussi connu et admiré Mario Lanza, autre âme tourmentée, mort un an avant lui, et ils avaient au moins un ami commun, le grand baryton Robert Merrill, qui, lui semblait-il, exprimait la joie de vivre !

Insertions musicales :

E il sol dell’anima : Rigoletto, Verdi

Standchen : Franz Schubert 

La Fleur que tu m’avais jetée : Carmen, Bizet 

M’appari : Martha, Von Flotow

Il mio tesoro : Don Giovanni, Mozart

Che Gelida  Manina : La Bohème, Puccini

Di Quella Pira : Il Trovatore, Verdi

Addio alla madre : Cavalleria Rusticana, Mascagni

Ah ! Lève-toi soleil : Roméo et Juliette, Gounod

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Hommage à Renata Tebaldi sur Radio Aligre

janvier 26th, 2014 par Alain Fauquier


Dimanche 9 mars 2014

9h30 / 10h30

 

Sur aligrefm 93.1
et www.
aligre-cappuccino.fr

 

Hommage à la Diva
Renata TEBALDI

Dans la rubrique  Arte lirica,
 
de l’émission dominicale Cappuccino,
Michel Goti et ses invités,
la soprano Floria Rosimiro,

Marcel Azencot et Alain Fauquier
co-fondateurs de
l’Opéra Club de Paris Mario Lanza,
ont rendu hommage
à la grande soprano italienne Renata Tebaldi

Chanteuse préférée des amateurs d’opéra italiens, la Grande Renata Tebaldi était réputée pour avoir la plus belle voix de soprano du XXème siècle.

Si Maria Callas fut sans conteste la plus grande tragédienne de sa génération, sa grande rivale Renata Tebaldi n’avait que sa voix pour enflammer le public. Mais quelle voix !

Si Renata Tebaldi était dépourvue du génie dramatique de Maria Callas ou de l’agilité vocale de la plupart de ses consoeurs, sa voix en revanche n’était que splendeur, somptuosité et pureté.

Une voix splendide qui avait une émission cristalline de soprano lyrique pur, évoluant au fil des années, vers le spinto. (Un terme qui s’utilise aussi pour les voix de ténors et qui désigne une voix « poussée », à mi-chemin entre le lyrique et le dramatique).

Lorsqu’il évoque la voix de Tebaldi, le critique musical André Tubeuf utilise l’expression de « voix de lait et de lumière. »     

Le musicologue Matthew Boyden relève, dans son livre sur l’Histoire de l’Opéra, que Tebaldi fut la preuve vivante que le public place la beauté de la voix au dessus de tout le reste, et nombreux sont ceux qui pensent qu’elle ne fit pas d’émule parce qu’elle était elle-même « l’œuvre de Dieu ».

En l’écoutant on est immédiatement transporté par la beauté de son timbre et l’émotion qu’il transmet.

Renata Tebaldi nait le 1er février 1922 à Pesaro, une ville portuaire située sur le bord de la mer Adriatique dans la région des Marches, d’un père violoncelliste et d’une mère infirmière.

Après avoir appris très jeune le piano à Parme, elle entreprend des études de chant au Conservatoire de Mantoue, puis se perfectionne de 1940 à 1943 au conservatoire de Milan avec la soprano Carmen Melis qui fut l’élève de Puccini et qui chanta avec Caruso au Royal Opera House de Londres en 1913.

Après seulement quatre ans d’études, elle débute en 1944 dans le rôle d’Elena de Méphistophélès d’Arrigo Boito, au Théâtre municipal de Rovigo.  Puis elle se produit à Parme et à Trieste dans  des représentations d’Otello de Verdi.

En 1946 Renata Tebaldi est auditionnée par Arturo Toscanini qui cherche une soprano pour la cérémonie de réouverture de la Scala.

Immédiatement conquis par le timbre sublime de la jeune Renata qui n’a que 24 ans, Toscanini lui accorde l’honneur, malgré son inexpérience, de tenir la vedette du concert d’ouverture de la Scala le 11 mai 1946.

Après ces débuts très prometteurs, Renata Tebaldi va mener une carrière internationale tout en devenant, entre 1949 et 1955, la première soprano lyrico-dramatique de la Scala.

Renata Tebaldi va se produire sous la direction des plus grands chefs de son temps : Victor de Sabata, Francesco Molinari-Pradelli, Georg Solti, Herbert von Karajan, Carlo Maria Giulini, Karl Böhm, Fausto Cleva, Alberto Erede, James Levine…

En 1949 elle chante à Lisbonne Don Giovanni et Falstaff.

En 1950, au Covent Garden de Londres elle chante Desdémone dans Otello, puis Aïda à l’opéra de San Francisco.

En 1951 elle se produit à l’Opéra de Paris et à l’église de la Madeleine où elle chante Jeanne d’Arc de Verdi.

Le 31 janvier 1955 Tebaldi fait ses débuts avec Otello au Metropolitan Opera de New York où elle se produira régulièrement jusqu’en 1972 dans de très nombreux rôles : Desdémone (c’était son héroïne préférée jusqu’à la fin de sa carrière car, selon ses propres mots, elle incarne l’innocence, la douceur et la victime de l’amour et de la jalousie, qui ne connaissent pas de loi), Mimi, Tosca, Butterfly, Minnie, Maddalena… Soit plus de 250 représentations.

A partir de 1956 elle chantera aussi à l’opéra de Chicago.

Parallèlement, elle signe un contrat d’exclusivité avec la firme Decca, avec qui elle va graver quelque 27 intégrales d’opéras dont une douzaine qui feront date dans l’histoire du disque, comme La Bohème en 1951 et 1958 ; Madame Butterfly en 1951 et 1958 ; Otello en 1964 et 1961 ; La Traviata en 1954 ou André Chénier en 1957.

On ne peut pas faire une émission sur « La Tebaldi » sans évoquer la rivalité qui l’opposait à « La Callas » et qui faisait souvent la « une » des médias.

Cette rivalité, même si Maria Callas a contribué à l’alimenter en déclarant notamment à un journaliste que la comparer à Tebaldi c’était « comparer du champagne à du Coca-Cola », la comparaison entre les deux divas n’avait aucun sens, tant les personnalités et les voix étaient différentes.

Cette polémique exacerbée par les Médias et la Presse people avait débuté en avril 1950 lorsque Renata Tebaldi, souffrante, fut remplacée au pied levée par Maria Callas lors d’une représentation d’Aïda.

A cette époque, la mode veut que l’on sacrifie la beauté vocale sur l’autel de la force dramatique. Mais ceux qui rejettent cette vision réaliste de l’opéra considèrent que la voix somptueuse de Tebaldi est l’instrument idéal au service du compositeur et de la musique.

En réalité les deux divas s’admiraient réciproquement : Callas écoutant avec délectation les enregistrements de Tebaldi, et Tebaldi allant assister avec ravissement aux répétitions de Callas.

En octobre 1955, de passage à Los Angeles où elle donne une représentation d’Aïda au Shrine Auditorium, Renata Tebaldi exprime le souhait de rencontrer Mario Lanza à qui, comme Maria Callas et beaucoup d’autres, elle voue une grande admiration.

Admiratrice de Mario Lanza, Renata Tebaldi se fait conduire à Hollywood, plus précisément à Burbank, dans les studios Warner Bros où elle est accueillie sur le plateau du film « Serenade » par le producteur  Henry Blanke, le maestro Ray Heindorf, directeur musical de la célèbre compagnie et bien sûr par Mario Lanza.

La rencontre est chaleureuse. Les deux stars du bel canto se congratulent et s’embrassent ; des photos immortalisent ce moment. On présente à la soprano des séquences chantées du film (des rushes) dont « Nessun dorma » de Turandot.

Très impressionnée et émue, Renata Tebaldi déclare à Mario Lanza, les larmes aux yeux : « Vous avez la plus belle voix de ténor que j’aie jamais entendue ».

Lanza l’invitera chez lui dans sa magnifique villa de Palm Springs.

Accompagné au piano par le maestro Giacomo Spadoni, Mario Lanza chantera pour elle et les amis qu’il avait invités pour la circonstance.

A l’issue de cette rencontre, Tebaldi dira : « Mario Lanza a la voix d’un ange, mais lorsqu’il chante à pleins poumons, ça décoiffe ! (He split the wind). Il m’a proposé de chanter avec lui dans un film. Bien que très honorée j’ai dû décliner sa proposition car je craignais qu’une cure d’amaigrissement n’altère ma voix. Néanmoins nous avons projeté de nous retrouver pour chanter ensemble André Chénier. »

Malheureusement leurs emplois du temps respectifs ne permettront pas la réalisation de ce qui aurait pu être une merveilleuse rencontre pour la postérité.

A partir de 1963, alors qu’elle n’a que 41 ans, la voix de Tebaldi commence à s’altérer, la contraignant à revoir sa technique et son répertoire. Son grave s’est élargi et ses aigus se sont durcis ; le timbre de sa voix est devenu plus dramatique et a perdu de son moelleux, ce qui ne l’empêchera pas d’enchainer les triomphes comme dans La Gioconda et La Fanfiulla del West.  

Sa dernière prestation sur une scène d’opéra a lieu en janvier 1973 au Met de New York avec Desdemone d’Otello sous la baguette de James Levine.

Etrangement, c’est dans ce même rôle et sur cette même scène qu’elle avait fait ses débuts 17 ans plus tôt.

Au cours des trois années qui vont suivre, Tebaldi va donner des récitals dont un au Royal Albert Hall et une série de concerts en 1973 et 1974 avec le ténor Franco Corelli.

En 1975 elle donne deux récitals à l’Espace Cardin à Paris et en 1976 un concert à la Scala au bénéfice des victimes du tremblement de terre du Frioul. Afin de préserver sa santé déclinante, elle arrêtera sa carrière à 56 ans et donnera un récital d’adieu le 23 mai 1978 à la Scala de Milan.

Elle disparaîtra 26 ans plus tard le 19 décembre 2004 à Saint-Marin à l’âge de 82 ans.

Extraits diffusés :

Gianni Schicchi, Puccini: O mio babbino caro

Tosca, Puccini: Vissi d’arte, vissi d’amore

La Wally, Catalani : Ebben ?… Ne andro lontana

La Gioconda, Ponchielli : Suicidio !

Aïda, Verdi : Ritorna vincitor !

Il Trovatore, Verdi : Tacea la notte placida

La Fanciulla del West, Puccini : Una partita a poker!

La regata veneziana, Rossini : Anzoleta avanti la regata

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Hommage à Licia Albanese sur Radio Aligre

janvier 4th, 2014 par Alain Fauquier


DIMANCHE 26 JANVIER 2014
de
9.30 à 10.30

sur aligrefr 93.1
et aligre-cappuccino.fr

Michel Goti et ses invités,
la soprano Floria Rosimiro,
Marcel Azencot et Alain Fauquier
co-fondateurs de
l’Opéra Club de Paris Mario Lanza,

rendront hommage à

Licia Albanese

 

La soprano italo-américaine, Licia Albanese, fit une immense et triomphale carrière aux Etats-Unis, notamment au Met de New York et au San Francisco Opera, où elle incarna pendant un quart de siècle l’opéra italien.

Si sa popularité de Diva ne fut pas aussi lumineuse en Europe que celle de Maria Callas, Renata Tebaldi ou Victoria de Los Angeles, Licia Albanese n’en demeure pas moins une référence lorsque l’on évoque l’art lyrique.

Honorée d’innombrables récompenses et des plus hautes distinctions américaines, dont la « Grande Médaille Nationale d’Honneur et des Arts » des mains du président Bill Clinton en 1995 et du prestigieux « Handel Medallion », la plus haute distinction de la Ville de New York, des mains du Maire Rudolph Giuliani en 2000.

Quand on parle de Licia Albanese, on parle non seulement d’une diva d’exception, mais aussi, et avec la plus grande déférence, d’une Grande Dame, « A leading Lady » comme disent les américains.

Licia Albanese est née à Bari, ville riche d’histoire de la région des Pouilles, située sur les bords de la Mer Adriatique, le 22 juillet 1913.

Après des études de piano, elle choisit de déployer son énergie dans le chant qu’elle va étudier d’abord au Conservatoire de Bari, puis avec la soprano Giuseppina Baldassare Tedeschi, qui fut une contemporaine de Giacomo Puccini.

En 1933, Licia Albanese remporte à Bologne le Concours international de chant italien et fait ses débuts en 1934 à l’Opéra de Bari dans le rôle de Mimi de La Bohème.

La même année elle chante à l’Opéra de Rome Micaëla dans Carmen et Pamina dans La Flûte enchantée de Mozart.

En 1935, elle chante au festival des Arènes de Vérone le rôle d’Anna de Loreley de Catalani, puis remplace au pied levé à La Scala de Milan une soprano défaillante dans le rôle de Cio-Cio San de Madame Butterfly de Puccini.

C’est un triomphe et ce rôle lui restera à jamais associé, même si elle obtint des succès retentissants avec d’autres rôles, comme celui de Mimi de La Bohème, de Violetta de La Traviata, de Manon Lescaut, de Liu de Turandot, Tosca, Nedda de Paillasse, Marguerite de Faust, Manon de Massenet ou de Desdémone d’Otello…

Au cours de sa longue carrière elle interprétera plus de 300 fois Madame Butterfly.

Son attirance pour cet opéra, l’un des plus beaux de Puccini, lui est venue semble-t-il très tôt lors de sa rencontre avec Giuseppina Baldassare Tedeschi, qui tint le rôle de Cio-Cio San avec succès une génération auparavant.

Après avoir acquis une très bonne réputation en Italie, en France, en Angleterre et à Malte, Licia Albanese quitte l’Europe à l’âge de 27 ans pour les Etats-Unis où sa carrière va désormais se dérouler et sa notoriété s’amplifier.

Elle débute au Metropolitan Opera de New-York le 9 février 1940 avec Madame Butterfly qu’elle chantera 72 fois sur cette scène.

Son succès est instantané et elle sera considérée comme l’interprète idéale des héroïnes tragiques de Puccini.

Le 5 février 1942, elle chante pour la première fois au Met le rôle de Violetta de La Traviata de Verdi avec pour partenaires, le ténor Charles Kullman et le baryton Lawrence Tibbett. Le succès est foudroyant et elle chantera Violetta 87 fois sur la scène du Met.

Naturalisée citoyenne américaine en 1945, Licia Albanese restera au Met pendant 26 saisons durant lesquelles elle chantera dans 17 opéras en 427 représentations.

Comme tous les grands artistes, Licia Albanese était unique. Sa voix de soprano lirico-spinto, d’une remarquable intensité et d’une grande sincérité  transmettait au public un impact émotionnel inoubliable.

Pour elle, la technique du chant n’était pas une fin en soi, mais un moyen pour donner du sens à la musique, transmettre de l’émotion et attirer le public au plus près des sentiments des personnages qu’elle interprétait.

Dans son livre sur les chanteurs, intitulé « Voci parallele », le ténor Giacomo Lauri Volpi, lui rend hommage en des termes très élogieux.

Elle chantera sous la direction des plus grands chefs de son temps, Arturo Toscanini, Gaetano Merola, Fritz Bush, Umberto Berettoni, Fritz Reiner, Jonel Perlea, Leopold Stokowski, Kurt Herbert Adler, Carlo Savina, Fausto Cleva, Frieder Weissmann

Elle aura pour partenaires les plus grand interprètes, Beniamino Gigli (qu’elle appelait respectueusement Commendatore), Jussi Bjöerling, Ramon Vinay, Jan Peerce, Ezio Pinza, Leonard Waren, Raoul Jobin, Lawrence Tibbett, Tito Schipa, Mario Del Monaco, Giacomo Lauri Volpi, Giovanni Martinelli, Franco Corelli

Avec Mario Lanza elle enregistra à Hollywood en novembre 1955 le duo du 3ème acte d’Otello « Dio ti giocondi o sposo » pour le film Serenade.

Lors d’une interview qu’elle donna en 1995 au critique musical Lindsay Perigo, elle dira: « La voix de Mario Lanza était exceptionnelle. Je peux le dire parce que j’ai chanté avec tellement de ténors. Pour moi elle était plus grande que celle de Caruso. Je les place tous les deux côte à côte sur le podium des plus grands ténors. Ensuite viennent les autres. Une voix comme celle de Mario Lanza appartient à Dieu. Quand il mourût, mon cœur s’est brisé ».

En 1966, après un différent avec Sir Rudolf Bing, le célèbre manager du Met de 1952 à 1972, auteur de « 5000 Nuits à l’Opéra », Licia Albanese quitte cette scène prestigieuse sans faire ses adieux au public.

Durant 20 saisons, entre 1941 et 1961, Licia Albanese fut l’une des principales figures du San Francisco Opera dirigé par le célèbre maestro Gaetano Merola, jouant 22 rôles pour 120 représentations.

Durant sa très longue carrière au Met et au San Francisco Opera, elle donnera d’innombrables concerts et récitals, dont plusieurs à La Scala en 1951.

Au cours de cette période elle réalisera de nombreux enregistrements d’opéras intégraux, sous le Red seal label de RCA Victor, dont en 1946 La Bohème et La Traviata avec le NBC Symphony Orchestra sous la baguette d’Arturo Toscanini.

Rappelons qu’en 1938 Licia Albanese avait déjà réalisé un enregistrement de La Bohème avec Beniamino Gigli, sous la direction d’Umberto Berettoni.

En 1951 elle enregistrera Carmen avec Jan Peerce dans le rôle de Don José sous la direction de Fritz Reiner et en 1954, Manon Lescaut avec Jussi Björling et Robert Merrill, sous la direction de Jonel Perlea.

Elle se produira dans des opéras sur de nombreuses scènes aux Etats-Unis et en Amérique du sud, recevant non seulement les ovations du public, mais de multiples distinctions.

Toutes les villes et toutes les Universités américaines où elle se produira l’honoreront de récompenses.

Licia Albanese fit aussi des actions de bienfaisance, donna des concerts pour les troupes américaines, eût aussi sa propre émission hebdomadaire de radio et fut l’invitée de nombreuses chaînes de radio et de télévision.

En 1970 elle donne un concert d’adieu sur la scène du Carnegie Hall.

En 1972, invitée à participer à un concert de gala pour la célébration du 50ème anniversaire du San Francisco Opera, Licia Albanese, interprète avec son ancien collègue le ténor Frederick Jagel, le duo d’amour de Madame Butterfly, accompagnés par le San Francisco Orchestra dirigé par Kurt Herbert Adler.    

En septembre 1973, elle retourne à San Francisco pour participer à un concert retransmis à la télévision dans le Golden Gate Park avec Luciano Pavarotti.

Ce jour là le temps était froid et venteux et le monde entier a pu voir Pavarotti souriant dérouler une partie de sa longue écharpe pour l’enrouler autour du cou de Licia Albanese, ravie et amusée.

En 1974, elle fonde The Licia Albanese-Puccini Fondation, une fondation qu’elle préside toujours et qui est destinée à promouvoir les jeunes chanteurs.

Depuis plus de 30 ans, elle préside, lorsque sa santé le lui permet, avec Kathryn  Grayson, disparue en 2010, et Elaine Malbin, qui enregistrèrent toutes les trois des duos mémorables avec Mario Lanza, comme le rappelle José Carreras, le Concours international de chant Mario Lanza de Philadelphie.

Lors de la cérémonie au cours de laquelle il lui remettra en 2000 le prestigieux Handel medallion, le Maire de New York, Rudolph Giuliani dira notamment : « Je décerne cette haute distinction à celle qui demeure, sans aucun doute possible, la plus aimée et la plus respectée chanteuse du monde ».

Le 22 juillet 2013, Licia Albanese a fêté ses 100 ans.

Extraits diffusés :

LA BOHEME (Puccini): Si mi chiamo Mimi

MADAME BUTTERFLY (Puccini): Un bel di vedremo

MANON LESCAUT (Puccini): In quelle trine morbide

LA TRAVIATA (Verdi): Addio del passato

OTELLO (Verdi): Dio ti giocondi o sposo

LOUISE (Charpentier): Depuis le jour

TOSCA (Puccini): Vici d’arte

Réécouter l’émission:

http://www.aligre-cappuccino.fr/podcast_fichiers/podcast_14/Cappuccino_LA_20140119.mp3

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Emission spéciale Chants de Noël

décembre 14th, 2013 par Alain Fauquier


GIOIA DI NATALE

22 décembre 2013

9:30 – 10:30

Michel Goti et ses invités

la soprano Floria Rosimiro,

Marcel Azencot & Alain Fauquier

de

l’Opéra Club de Paris Mario Lanza

présentent

Ces merveilleux

Chants de Noël

 

Une émission spéciale de Cappuccino

sur Aligrefm 93.1

et aligre-cappuccino.fr

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Hommage au ténor Salvatore Licitra

novembre 4th, 2013 par Alain Fauquier


Dimanche 1er décembre 2013
de
9:30 à 10:30

Hommage au ténor

Salvatore Licitra

sur Aligrefm 93.1  &  aligre-cappuccino.fr

Ténor phare de La Scala, Salvatore Licitra a triomphé
au Met de New York et sur les plus grandes scènes d’opéra
 avant de disparaitre accidentellement en Sicile
le 5 septembre 2011 à l’âge de 43 ans

Michel Goti et ses invités,
la soprano Floria Rosimiro, Marcel Azencot et Alain Fauquier
de l’Opéra Club de Paris Mario Lanza,
ont rendu hommage à ce superbe ténor

Un jour du mois de mai de l’année 2002 un jeune ténor d’origine italienne, Salvatore Licitra, allait passer de la célébrité à la gloire. Ce jour-là, le grand ténor Luciano Pavarotti devait donner deux représentations de « Tosca », de Puccini,  au Metropolitan Opera de New York, dans le cadre de sa tournée d’adieux à la scène. Pavarotti dut annuler ses deux représentations pour raisons de santé ou indisposition. Il fallut donc le remplacer au pied levé, comme cela arrive assez souvent à l’opéra, et donne souvent leur chance à des artistes pour qui c’est l’occasion de leur vie.

Le premier soir, Luciano Pavarotti fut remplacé par le ténor Francesco Casanova.  Pour le deuxième soir, John Volpe, alors Directeur du Metropolitan de New York, fit appel à Salvatore Licitra, qu’il fit venir immédiatement en Concorde. Ce soir-là, Licitra chanta littéralement au pied levé et pratiquement sans préavis ! Le ténor fit la conquête de New York, le public lui était reconnaissant de son courage, de son immédiate disponibilité et … de sa prestation !

Sa voix était chaude et il chantait dans la tradition de son maître Carlo Bergonzi,  c’est-à-dire dans une ligne mélodique de bel canto, sans fioritures et avec de magnifiques notes aiguës. Du jour au lendemain, Salvatore Licitra, qui avait pourtant déjà chanté à la Scala de Milan, recevait une consécration internationale en même temps qu’une standing ovation qui dura plusieurs minutes ; probablement un des plus grands jours de sa vie !

Salvatore Licitra est né le 10 août 1968 à Berne en Suisse, de parents siciliens. Il grandit à Milan et à l’âge de 18 ans il travaillait comme artiste graphique pour la  version italienne de la revue Vogue. C’est alors que sa mère, en l’entendant un jour chanter sur de la musique diffusée par la radio, l’encouragea fermement à prendre des leçons de chant.

Il étudia alors à l’académie de musique de Parme et ensuite à l’académie privée du grand ténor Carlo Bergonzi,  à Busseto. Après avoir chanté dans plusieurs chœurs,  il eut des petits rôles dans des opéras de province avant de se retrouver remplaçant pour le rôle principal dans le Bal Masqué, de Verdi (un Ballo in Maschera) en 1998, qu’il allait finalement chanter.

Sa performance fut si satisfaisante qu’il obtint une audition du maestro Riccardo Muti, qui montait une nouvelle production du Bal Masqué. Licitra remporte le rôle principal (Don Alvaro) pour 1999. Une nouvelle Tosca en 2000 à La Scala, serait enregistrée par Sony.

Ce rôle serait suivi de celui du Lieutenant Pinkerton, dans Madame Butterfly, de Puccini à Vérone puis de nouveau celui d’Alvaro (la Force du Destin) à Madrid, puis aux Arènes de Vérone, où il recevrait le Prix Zenatello du Ténor de l’Année (Giovanni Zenatello était un grand ténor qui ressuscita les Arènes de Vérone et recommanda à une certaine Maria Kalogeropulos de changer de nom : elle allait choisir le nom de Maria Callas)

Pour l’année 2000, on s’apprêtait à commémorer la mort de Verdi (1901) et Licitra chanta le Trouvère (le rôle de Manrico) à la Scala, sous la direction de Riccardo Muti, mais le maestro Ricardo Muti est un puriste et il lui interdit de chanter le fameux air Di Quella  Pira avec la note aigüe finale car elle n’est tout simplement pas écrite, cette note du mot « alarmi », qui faisait les grands soirs de Franco Bonisolli.

Salavatore Licitra ne peut que s’incliner devant le « patron », Ricardo Muti et il ne chantera par la note aigüe, déclenchant de bruyantes manifestations de mécontentement du public contre le chef d’orchestre !

On imagine qu’il dut être mortifié, mais c’était ainsi.

Heureusement, il allait se rattraper  aux Arènes de Vérone, où il pourrait chanter sa note et même deux fois à la grande joie du public! Puis ce fut ce jour de mai 2002 où Salvatore Licitra remplaça Luciano Pavarotti à New York. Licitra était maintenant un ténor « arrivé », internationalement connu, et il devait chanter dans les grandes maisons d’opéra du monde. Il a aussi chanté une Messe à la Cathédrale Saint Patrick de New York devant le Pape Benoit XVI, (que l’on retrouve sur le site officiel du chanteur).

Son répertoire était celui d’un ténor dramatique : De Verdi,  Aida, Un Bal masqué, La Force du Destin, Ernani, Macbeth, Don Carlos  et le Trouvère (Il Trovatore). Ici, on ne peut manquer le grand aria de Verdi, Celeste Aida où on pourra noter que, comme toujours, Licitra chantait dans le style Bel Canto même les rôles héroïques ou dramatique.

Le Bel canto impose le respect de la ligne mélodique, en legato, c’est à dire dans une ligne aussi ininterrompue que possible et sans fioritures ni « coups de menton », ni « sanglots », ni « glissando ». En un mot une ligne relativement dépouillée, de musique pure, et là encore on sent l’influence assez déterminante de Carlo Bergonzi dont c’était le style, quand lui même faisait les beaux soirs de la Scala et des plus grands opéras du monde.

Dans un autre style écoutons quelque chose qui nous parle au cœur : le très émouvant enregistrement – surtout vu rétrospectivement – fait par Salvatore Licitra et Marcelo Alvarez, deux amis, comme deux frères, d’après les concerts donnés en 2003 en plein air, à l’extérieur du Colisée de Rome, devant des milliers de spectateurs et un grand orchestre symphonique. L’album s’intitule « Duetto » (Duo), et ces deux magnifiques artistes nous enchantent. Pour cet enregistrement, on a fait des arrangements de classiques connus, à côté des Arias d’opéra.

Parmi ces arrangements, le magnifique et tendre « Il Volo », d’après les Vocalises, de Rachmaninoff., interprété par nos deux amis, le Chœur Kuhn et le Philharmonique de la Ville de Prague, arrangement Steve Woods, et de très belles paroles, un vrai poème. C’est Licitra qui chante en premier, puis c’est Marcelo Alvarez, le grand ténor argentin, voix plus solaire, plus extravertie, deux splendides artistes, deux voix sœurs.

Fin Août 2011, Licitra se tue en scooter en se précipitant contre un mur (il avait eu un AVC…) : pas de casque, traumatisme crânien et thoracique. Il est opéré et meurt le 5 septembre, sans s’être réveillé de son coma. Ses parents donneront ses organes pour des transplantations en mémoire de la générosité de leur fils.

Le monde entier – la presse le montre  - va pleurer sa disparition.

 Extraits diffusés :

 E lucevan le stelle, TOSCA, Puccini

Addio Fiorito Asil, MADAME BUTTERFLY, Puccini

Di Quella Pira, LE TROUVERE, Verdi

Celeste Aïda, AIDA, Verdi

Donna non vidi mai, MANON LESCAUT, Puccini

Nessun Dorma, TURANDOT, Puccini

Un di all’azzuro spazio, ANDREA CHENIER, Giordano

Amor ti vieta, FEDORA, Giordano

Il volo, VOCALISE, Rachmaninov

Oltre la tempesta, Francesco Sartori  

Pour lire les dossiers lyriques déjà réalisés:
http://www.aligre-cappuccino.fr/dossierLyrique.htm

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Hommage à Giuseppe Verdi

septembre 21st, 2013 par Alain Fauquier


Hommage à Giuseppe VERDI

Dimanches 6 et 27 octobre de 9h30 à 10h30

Sur Aligrefm (93.1)

A l’occasion de la célébration en 2013 du bicentenaire de la naissance de Giuseppe Verdi, Michel Goti, animateur de l’émission Cappuccino sur Aligrefm (93.1), la radio des Italiens de Paris, et ses invités, la soprano Floria Rosimiro, Marcel Azencot et Alain Fauquier de l’Opéra Club de Paris Mario Lanza, ont rendu hommage au cours de deux émissions à cet immense compositeur romantique italien.

La célébration en 2013 du bicentenaire de la naissance de Giuseppe Verdi est pour nous l’occasion d’offrir aux auditeurs de Cappuccino, que nous remercions de leur fidélité, une sélection des plus beaux extraits de ses opéras les plus célèbres par les interprètes et les chefs les plus prestigieux d’hier et d’aujourd’hui.

Verdi ! Que l’on connaisse ce nom illustre ou qu’on l’ignore, on connaît et on fredonne sa musique, la musique d’un homme né en 1813, il y a deux siècles, et mort à Milan en 1901, à la naissance du XXème siècle !

C’est, avec Wagner (qui est né la même année que lui), le plus grand compositeur d’opéra du 19ème siècle. Ce sont les deux très grands, qui ont en commun d’avoir modernisé l’opéra, en lui apportant une puissance dramatique qui lui manquait souvent, et en mettant la voix au service du livret et de l’action.

Sans oublier certes Rossini, Bellini et Donizetti, pour ne parler que de l’Italie. Mais il est vrai que l’on retient d’abord  les noms de Verdi et Wagner, V et W … Volkswagen ?, les deux géants, ceux dont les noms sont connus du grand public alors que les autres sont un élément de connaissance culturelle.

Verdi et Wagner ont dépassé ce stade.

Les deux ont joué un rôle d’influence important dans la lutte pour l’unité de la Nation. Mais alors que Wagner cherchait son inspiration poétique dans les fonds de légendes germaniques et dans une volonté d’unité nationale, lui aussi,  Verdi s’ouvrait à une inspiration plus européenne, internationale même, personnages espagnols (Don Carlo, Le Trouvère), écossais (Macbeth), français (La Traviata)  etc…

Dans la recherche de la poésie, Verdi a rencontré son âme sœur, en Shakespeare (pour Macbeth, Otello, Falstaff…), où il trouvera  profondeur et inspiration.

Enfin, Verdi a, très directement personnifié l’unité italienne et la lutte de l’Italie pour son indépendance vis-à-vis de l’Autriche-Hongrie, son retour à l’Unité depuis l’Empire Romain. Il a incarné ce combat unitaire, au point que l’on écrivait sur les murs des maisons VIVA VERDI !, pour dire « Victor Emmanuel Roi d’Italie », ce roi symbole d’unité avec les grands noms de Cavour et de Garibaldi ! Grâce à la gloire dont jouissait le compositeur, il était difficile aux autorités de censurer ce message à double sens.

Verdi est devenu le patriarche « social » de l’Italie comme Victor Hugo l’était devenu pour la France. Funérailles nationales pour les deux avec, en plus, une forme d’élégance italienne : on dit de Verdi que pendant qu’il attendait la mort, on couvrait de fleurs le pavé de sa rue pour assourdir le bruit des carrosses et des  sabots des chevaux.

Pour terminer cette introduction, on rappellera cette anecdote : ce n’est pas un hasard si, à la Scala, le Maestro Ricardo Muti, directeur artistique de la Scala pendant 20 ans, lançant la Commémoration de l’Unité Italienne, a fait chanter par le choeur de la Scala le fameux choeur des Hébreux de l’Opéra de Verdi, « Nabucco « (Nabuchodonosor, roi qui détruisit le Temple de Jérusalem et emmena le peuple hébreu en exil à Babylone). Le Maestro a ensuite pris la parole pour expliquer au public ce que représentait pour lui l’unité de l’Italie, de sa langue, de sa culture.

Puis il a fait chanter une deuxième fois le chœur de Nabucco au public au Chœur de la Scala. On a pu voir alors que le public et les choristes pleuraient.

Voilà un peu ce qu’a fait le miracle de la Musique de Verdi, en un temps où faute d’unité politique, la Nation n’avait trouvé que la Musique pour s’incarner.

Une seconde Renaissance !

Giuseppe Verdi est né il y a deux siècles, le 10 octobre 1813 dans le village de Roncole, près de Busseto dans la province de Parme. Surnommé « Le Cygne de Busseto », Verdi est frappé très jeune par la tragédie : entre 25 et 27 ans, il perd en deux ans ses deux enfants et sa compagne.

Des drames aussi bouleversants auraient anéanti chacun d’entre nous, mais pas Verdi qui va consacrer son énergie créatrice et sa vie à la composition de partitions remarquables.

Son œuvre, essentiellement des opéras, domine toujours le répertoire de l’art lyrique plus d’un siècle et demi après leur création.

Rigoletto, Le Trouvère, La Traviata, La Force du destin, Aïda et Otello, dont nous avons choisi les plus beaux extraits pour évoquer son pouvoir mélodique et sa puissance dramatique, sont encore fréquemment joués sur les scènes lyriques du monde entier. 

Extrait des actes I et III de Rigoletto, écoutons l’air fameux du Duc de Mantoue, la célèbre « Donna è mobile », interprété par Luciano Pavarotti, accompagné par le London Symphony Orchestra dirigé par le maestro Sir Richard Bonynge.

Créé le 11 mars 1851 à La Fenice de Venise, Rigoletto compose avec Le Trouvère et La Traviata, la « Trilogie populaire ». C’est un opéra en trois actes, sur un livret de Francesco Maria Piave d’après « Le Roi s’amuse » de Victor Hugo.

Rigoletto fut salué par un triomphe lors de sa création.

Cet opéra qui décrit la vie dissolue de la cour du roi de France et le libertinage de François 1er (devenu le Duc de Mantoue) est un drame de passion, de trahison, d’amour filial et de vengeance.

Rigoletto est une combinaison parfaite de richesse mélodique et de puissance dramatique. Tous les arias et duos sont magnifiques.

A la fin de sa vie, Verdi déclarera que Rigoletto, composé en seulement 40 jours, fût sa meilleure composition.

Poursuivons  en écoutant, extrait de l’acte I, le sublime air de Gilda qui rêve sur le nom de son bien aimé : « Caro nome », chanté par Dame Joan Sutherland accompagnée par le London Symphony Orchestra dirigé par son époux le maestro Sir Richard Bonynge.

Extrait de l’acte II écoutons « Parmi veder le lagrime » un air dans lequel le Duc de Mantoue se déclare très affecté par l’enlèvement de Gilda. Mario Lanza interprète, avec son brio habituel, ce magnifique aria, accompagné par le RCA Victor Orchestra dirigé par Constantine Callinicos.

Après Rigoletto (1851), Verdi compose Le Trouvère (1853). Ce sera  le deuxième opéra de la « Trilogie populaire » à obtenir un énorme succès, tant auprès du public que de la critique qui fut dithyrambique lors de sa création au Teatro Apollo de Rome le 19 janvier 1853.

Composé sur un livret à l’intrigue embrouillée de Salvatore Cammarano d’après une pièce espagnole d’Antonio Garcia Gutierrez, Le Trouvère est sans doute l’opéra le plus violent, le plus impétueux, le plus brutal que Verdi ait écrit. Mais il fournit à chaque interprète de magnifiques occasions de prouver son art du chant belcantiste et son engagement dramatique.

Le souffle romantique et la richesse mélodique de cet opéra, l’abondance de ses airs puissants et généreux vont provoquer l’enthousiasme des foules qui déclareront que : « Verdi est le plus grand compositeur que l’Italie ait connu ! »

L’action se situe en Gascogne et en Aragon au XVème siècle. C’est une œuvre impétueuse d’un bout à l’autre, à peine adoucie ça et là par quelques accents de tendresse.

Extrait de l’acte 1, commençons par écouter, interprété par la soprano Katia Ricciarelli, le grand air de Leonora, le sublime « Tacea la note placida », un aria dans lequel Leonora raconte à sa confidente sa rencontre avec le trouvère Manrico.

Rappelons que Katia Ricciarelli est la directrice musicale du Festival et Concours international de Chant Mario Lanza, qui se tient tous les étés à Filignano, village natal du père de Mario Lanza, près d’Isernia

Extrait de l’acte III, nous allons entendre « Di quella pira », l’air de bravoure que chante Manrico horrifié en apprenant que l’on va supplicier sa mère sur un bûcher. Cet aria est interprété ici par le ténor espagnol José Carreras, accompagné par l’orchestre et les chœurs du Royal Opéra House, Covent Garden, sous la direction de Sir Colin Davis.

Notons que les « fameux » contre-ut de « Di quella pira » n’ont pas été écrits par Verdi qui les autorisa « à condition qu’ils soient très beaux », ce qui n’est malheureusement pas souvent le cas. L’un des « spécialistes » du rôle – et de ce contre ut – était le ténor Franco Bonisolli, disparu en octobre 2003, et qui un  jour, était revenu sur scène, devant le rideau pour rechanter cette fameuse note, qu’il venait de manquer !

Extrait de l’acte IV écoutons l’aria dans lequel Leonora espère encore…  « D’amor sull’ali rosee » (sur les ailes de l’amour) par la soprano américaine préférée d’Elvis Presley (amateur d’opéra, grand admirateur de Lanza, son chanteur d’opéra préféré). Leontyne Price est accompagnée par le Philharmonique de Berlin dirigé par Herbert von Karajan.

La Traviata (La dévoyée) est le troisième opéra de la « Trilogie populaire » qui a donné à Verdi une gloire internationale. Cet opéra a été composé par Verdi en même temps que Le Trouvère, et fut créé six semaines après au Teatro La Fenice de Venise, soit le 6 mars 1853, ce qui est un tour de force ahurissant.

La conception simultanée de deux ouvrages aussi beaux et aussi différents, est  extraordinaire et ne peut que laisser pantois d’admiration.

La soprano américaine Renée Fleming dit : « Il n’y a pas de rôle féminin plus parfait dans tout le répertoire lyrique que celui de Violetta. »

Pourtant la première représentation, pour une distribution défaillante et de multiples autres raisons que nous n’aborderons pas ici, fut un fiasco : « L’un des fours les plus noirs de l’histoire de l’opéra » écrira Pascale Saint-André dans le « Guide des opéras de Verdi ».

Après de nombreux réglages et mises au point, La Traviata obtient son premier triomphe le 6 mai 1854 au Teatro San Bernardo de Venise.

La Traviata est un opéra en trois actes, composé sur un livret de Francesco Maria Piave d’après le roman d’Alexandre Dumas fils « La Dame aux camélias » paru en 1848 et adapté au théâtre en 1852.

Le prélude et tous les airs et duos de cet opéra sont magnifiques comme nous allons pouvoir en juger.

Toujours de l’acte 1, écoutons l’air dans lequel Violetta réaffirme sa liberté de courtisane : « Sempre libera » (toujours libre), par une Maria Callas qui explose littéralement dans un feu d’artifice de vocalises de colorature et de trilles. Le ténor espagnol Alfredo Kraus lui donne la réplique (derrière un rideau). Ils sont accompagnés par l’orchestre Sao Carlos de Lisbonne, dirigé par Franco Ghione.

De l’acte III, nous allons écouter l’aria « Addio del passato » (adieu beaux rêves souriants du passé). Cet air dans lequel Violetta relit avec tristesse une lettre de Germont est un véritable bijou. Il est chanté par la l’immense, Victoria de los Angeles, accompagnée par l’orchestre de l’Opéra de Rome dirigé par Tullio Serafin.

La Forza del destino(La force du destin) est le 26ème opéra de Giuseppe Verdi. C’est un mélodrame en quatre actes sur un livret de Francesco Maria Piave d’après le drame du Duc de Rivas « Don Alvaro o la fuerza del sino ». Une première version est donnée le 10 Novembre 1862 au Théâtre impérial Mariinsky de Saint-Pétersbourg.

Ce n’est pas le triomphe habituel, mais Verdi et les artistes sont ovationnés et le compositeur sera décoré par le tzar Alexandre II de Russie de l’ordre de Saint-Stanislas.

L’œuvre commence alors un tour d’Europe avant que Verdi ne la modifie profondément. Le livret est lui aussi remanié par Antonio Ghislanzoni et une deuxième version de La forza del destino est donnée le 27 février 1869 à la Scala de Milan.

L’action, une histoire d’amour qui tourne au tragique, se déroule au milieu du XVIIIème siècle en Espagne et en Italie.  La musique est d’une beauté et d’un lyrisme absolu et dès les trois premières notes de l’ouverture qui est splendide, l’émotion est déjà présente.

Extrait de l’acte III, écoutons l’air dans lequel Don Alvaro médite sur sa destinée: « O tu che in seno agli angeli » par Carlo Bergonzi accompagné par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Lamberto Gardelli.

Extrait de l’acte IV, écoutons l’air dans lequel Leonora prie pour la paix : « Pace, pace moi Dio ! » par la soprano Mirella Freni, accompagnée par l’orchestre de la Scala dirigé par Riccardo Muti.

Commandé à Verdi pour l’inauguration de l’Opéra du Caire, Aïda est un opéra en quatre actes sur un livret d’Antonio Ghislanzoni. En dépit de l’énorme succès rencontré lors de sa création au Caire le 24 décembre 1871, Verdi considéra que la véritable date de création d’Aïda était celle du jour de sa première européenne à la Scala de Milan le 8 février 1872.

Ce soir là, le 8 février 1872, Verdi reçoit 33 rappels et reçoit en hommage une baguette en ivoire rehaussée d’une étoile de diamant.

L’action d’Aïda se situe à Memphis et à Thèbes du temps des pharaons et met en scène une intrigue amoureuse entre une esclave éthiopienne « Aïda » et un officier égyptien « Radamès ».

De l’acte IV, écoutons le magnifique et émouvant duo du tombeau « O terra, addio » par Monserrat Caballé, Plácido Domingo et la mezzo-soprano Fiorenza Cossotto, accompagnés les Chœurs de Covent Garden et le New Philharmonia Orchestra dirigé par Riccardo Muti.

Otello, opéra en quatre actes, sur un livret d’Arrigo Boito d’après la pièce de William Shakespeare « Othello ou le Maure de Venise », est créé le 5 février 1887 à la Scala de Milan. Le soir de cette première, le succès est une nouvelle fois retentissant.

Pour beaucoup, Otello est le plus grand opéra tragique de Verdi.

L’action se situe au XVIème siècle dans un port de Chypre où arrive avec son navire, le général de la flotte vénitienne et gouverneur de l’ile, le Maure Otello qui a vaincu la marine turque en Méditerranée.

Cet opéra est un mélodrame dans lequel on retrouve les ingrédients qui concourent à la tragédie : la jalousie, le complot et la vengeance.

Enrico CARUSO disait qu’il fallait être fou pour chanter Otello, tant cet opéra est long et sollicite la voix. Il en avait enregistré quelques airs mais ne l’a pas chanté sur scène. Il fallait et il faut toujours des voix adaptées et, d’une certaine façon, des personnages « forces de la nature » (Mario Del Monaco, Jon Vickers, Plácido Domingo, Ramon Vinay ou Lanza pour lequel ce rôle était fait, etc…)

Parlant de la voix de Lanza, Toscanini disait : « On a l’impression que Verdi et Puccini ont composé leurs opéras, spécialement pour Mario Lanza »

Nous allons écouter par Mario Lanza le monologue de l’acte III « Dio mi potevi scagliar» dans lequel Otello se révolte et dit préférer la misère et le déshonneur plutôt que d’être trompé.

Ce monologue fait suite au duo « Dio ti giocondi o sposo » qu’il faut avoir entendu par Mario Lanza et Licia Albanese, que nous ne pouvons vous faire écouter faute de temps. Ce duo d’anthologie, enregistré le 22 novembre 1955, se trouve sur l’album SONY-BMG « Mario Lanza – Arias & Duets »

Giuseppe Verdi fut non seulement un immense compositeur romantique, comme nous venons de le voir à travers des extraits de ses magnifiques opéras, mais aussi un grand patriote.

Il est mort à Milan le 27 janvier 1901 à l’âge de 87 ans.

Le jour de ses funérailles, qui furent nationales, et qui ont duré 12 heures, Arturo Toscanini a dirigé, en présence d’une foule immense, un chœur de 820 chanteurs qui ont interprété « Va pensiero » de Nabucco et « le Miserere » du Trouvère.

Pour éviter que le bruit des sabots des chevaux et des roues du corbillard perturbe la musique, de la paille avait été répandue sur la chaussée sur tout le trajet.

La reconnaissance institutionnelle est internationale et impressionnante : de nombreux conservatoires, monuments, écoles de musique, théâtres, parcs, rues et places portent le nom de Giuseppe Verdi dans de nombreuses villes du monde entier.

VERDI, AU DELÀ DE LA GLOIRE !

Extraits diffusés :

AIDA : Marche triomphale 

NABUCCO : Va, pensiero

RIGOLETTO : La donna è mobile par Luciano Pavarotti

RIGOLETTO : Caro nome par Dame Joan Sutherland

RIGOLETTO : Parmi veder le lagrime par Mario Lanza

LE TROUVERE : Tacea la note placida par Katia Ricciarelli

LE TROUVERE : Di quella pira par José Carreras

LE TROUVERE : D’amor sull’ali rosee par Leontyne Price

INGENICO (Requiem) par Luciano Pavarotti

LE TROUVERE : Ah si ben Mio par Franco Bonisolli

LA TRAVIATA : prélude de l’Acte 1

LA TRAVIATA : Sempre libera par Maria Callas

LA TRAVIATA : Addio del passato par Victoria de Los Angeles 

LA FORCE DU DESTIN : O tu che in seno agli angeli par Carlo Bergonzi

LA FORCE DU DESTIN : Pace, pace moi Dio ! par Mirella Freni,

AIDA : O terra, addio par Monserrat Caballé, Plácido Domingo et Fiorenza Cossotto

OTELLO : Dio mi potevi scagliar par Mario Lanza

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Hommage à Tito Gobbi sur Radio Aligre

juin 4th, 2013 par Alain Fauquier


Tito Gobbi dans Falstaff

Dimanche 23 juin 2013 de 9h30 à 10h30

Hommage à TITO GOBBI

sur Aligrefm (93.1)

A l’occasion de la célébration en 2013 du centième anniversaire de la naissance du grand baryton italien Tito GOBBI, Michel Goti, animateur de l’émission Cappuccino sur Aligrefm - la radio des Italiens de Paris -, et ses invités, la soprano Floria Rosimiro, Marcel Azencot et Alain Fauquier de l’Opéra Club de Paris Mario Lanza, ont rendu hommage à cet illustre tragédien d’opéra.

Si Maria Callas fut la plus grande tragédienne d’opéra de son temps, on peut dire sans exagérer que Tito Gobbi fut un des plus grands tragédiens d’opéra.

Dès le départ il va faire sensation. Son instinct dramatique et son génie déclamatoire vont asseoir sa réputation d’interprète idéal du répertoire contemporain.

Tito Gobbi va en effet avoir l’honneur de créer un grand nombre d’œuvres modernes, dont des opéras de Rocca, Malpiero, Persico, Lualdi, Napoli et Ghedini.

Tito Gobbi nait le 24 octobre 1913 à Bassano del Grappa en Vénétie, dans la même ville que notre ami Pietro qui y naitra 20 ans plus tard.

Après des études de droit à l’Université de Padoue, il apprend le chant à Rome avec le ténor sicilien Giulio Crimi et débute en 1935 à Gubbio, petite cité médiévale de Ombrie, dans le rôle de Rodolfo de La Sonnambula de Rossini.

En 1936, il remporte le Concours international de chant de Vienne et en 1937 il est le lauréat du Concours de l’école de chant de la Scala de Milan.

Tito Gobbi débute sur la scène de l’Opéra de Rome en juin 1937 et va chanter, alors qu’il n’a pratiquement aucune expérience, les plus grands rôles de Verdi, Donizetti et Bellini.

Tito Gobbi est remarqué par le grand maestro Tullio Serafin, qui lui offre de créer en 1942 le rôle-titre de la première italienne de Wozzeck d’Alban Berg. Puis il  débute à la Scala dans l’Elixir d’Amour de Donizetti.

Mais c’est après la Seconde Guerre Mondiale que sa carrière internationale va véritablement exploser.

En 1947, il chante à la Scala La Damnation de Faust d’Hector Berlioz et Rigoletto de Verdi à Stockholm.

En 1948, il chante pour la première fois en Amérique au San Francisco Opera, dans le rôle de Figaro du Barbier de Séville de Rossini.

En 1951 il fait ses débuts à Covent Garden dans le rôle de Becore de l’Elixir d’Amour de Donizetti.

En 1954 il chante au Lyric Opéra de Chicago avec lequel il collaborera pendant 20 ans.

Tito Gobbi chantera aussi la musique baroque de Monteverdi, Scarlatti, Carissimi, Giordani, Vivaldi…, et les chansons napolitaines qu’il enregistrera en disque.

Dans les années cinquante, sa voix est devenue plus sombre et plus puissante. Tito Gobbi aborde des opéras de Richard Wagner, comme Lohengrin, Tristan et Isolde, le Crépuscule des Dieux.

Il fut aussi un grand Iago, d’Otello de Verdi ; Iago, l’homme sombre, l’homme du mal, qui va calomnier Desdémone en disant à Otello qu’elle le trompe avec Cassio, et pousser ainsi Otello à la tuer dans un accès de jalousie et de vengeance (il faut entendre, ici, Mario Lanza chanter l’ivresse de vengeance, la perte de son honneur ! Cela fait froid dans le dos !

Licia Albanese dans le rôle de Desdémone, dira avoir été effrayée quand il l’a littéralement jetée par terre dans sa colère !).

Mais fermons cette parenthèse et revenons à Tito Gobbi !

Sa carrière internationale l’amènera à travailler avec les partenaires les plus prestigieux de son temps: Callas, Tebaldi, Di Stefano, Del Monaco, Bergonzi, Corelli mais aussi Renata Scotto, Placido Domingo, Ileana Cotrubas, Victoria de Los Angeles, Magda Olivero, Joan Sutherland, Leo Nucci, Leonie Rysanek, , Jon Vickers, Elisabeth Schwarzkopf, Richard Tucker et bien d’autres, sans oublier la basse bulgare Boris Christoff qui n’était autre que son beau-frère. 

Quant aux chefs d’orchestre, citons Tullio Serafin, Gianandrea Gavazzeni, Lorin Maazel, Lovro Von Matacic, Victor de Sabata, Georges Prêtre, Furtwangler, Karajan, Alceo Galliera, Richard Bonynge etc…

En 1951, lorsqu’il fait ses débuts à Covent Garden dans le rôle de Belcore de L’Elixir d’Amour de Donizetti, Gobbi n’est pas seulement le baryton préféré de Serafin, mais également de Maria Callas et de la firme EMI.

Réunissant leurs talents, Callas et Gobbi vont donner le jour à quelques-uns des enregistrements les plus importants du 20ème siècle, comme Tosca en 1951, puis encore en 1953 à Milan, dans une des plus belles versions d’un opéra complet, avec Di Stefano, sous la direction de Victor de Sabata, puis Rigoletto en 1955 et le Barbier de Séville en 1957. 

Si Gobbi préfère la scène au studio, les disques ne trahissent pas son talent de comédien.

D’aucuns ne manqueront pas d’affirmer, comme le rappelle le musicologue Matthew Boyden dans son livre sur l’Histoire de l’Opéra, « que ce furent ses attaques ambiguës, son vibrato irrégulier et son phrasé rocailleux qui firent de Gobbi un grand chanteur d’opéra, et qu’il est difficile d’imaginer un baryton s’attaquant au rôle de Scarpia de la Tosca, sans avoir préalablement écouté l’interprétation de Gobbi. »

C’est dans ce rôle de Scarpia que Gobbi va s’affirmer et débuter au Met de New York en 1956. Il deviendra d’ailleurs un des plus grands Scarpia.

Avec Maria Callas pour partenaire, les deux tragédiens feront sensation partout où ils passeront, comme à l’Opéra de Paris en 1958, 1964 et 1965.

En 1964 il chante Tosca avec Maria Callas à Covent Garden, dans la mémorable mise en scène de Franco Zeffirelli, et le 2èmeacte sera filmé et diffusé notamment à la BBC. On le trouve sur DVD.

Tito Gobbi sera tout aussi impressionnant dans Falstaff de Verdi qu’il incarne à Salzbourg sous la direction d’Herbert Von Karajan. Comédien dans l’âme et grand tragédien, Gobbi incarnera avec une facilité déconcertante tous les personnages violents du répertoire de Verdi, de Puccini et même de Rossini.

Les grands chanteurs ne laissent jamais le public indifférent. Et si nombreux sont les critiques qui désapprouvaient son jeu excessif, voire « outré », et son recours au « parlando », le public ne sortait jamais de ses représentations sans avoir pris pleinement la mesure du rôle dans lequel il s’illustrait.

En 1957 il incarne Falstaff de Verdi à Salzbourg sous la direction d’Herbert von Karajan.

S’il interprète Germont (dans la Traviata), Nabucco, Amonasro (dans Aïda), Iago (dans Otello), Tito Gobbi se sent à l’aise aussi du côté de la violence de certains opéras de Puccini, comme Il Tabarro de Rossini.

A partir de 1973, il enseigne le chant aux jeunes générations, d’abord aux Etats-Unis au Rosary College et anime une masterclass à la Juilliard School de New York, puis il transmet son art en Italie à la Villa Schifanoia de Florence.

En 1974 il se produit pour la dernière fois à Covent Garden où il s’était souvent illustré, notamment dans Rigoletto en 1955.

Au terme d’une carrière bien remplie, au cours de laquelle il aura interprété 136 rôles d’opéra, Tito Gobbi meurt à Rome le 5 mars 1984 à l’âge de seulement 70 ans. Il fut l’une des figures les plus marquantes du chant italien, l’un des plus célèbres barytons de sa génération.

Il faut aussi savoir que son talent artistique n’était pas limité au seul chant : il avait des dispositions pour le dessin, la caricature et la peinture et il lui arrivait très fréquemment de dessiner les costumes des opéras dans lesquels il chantait. Il réalisait même des mises en scènes comme celles du Barbier de Séville, de Don Giovanni et de Falstaff en 1965.

Dans les années 1940, il a tourné quelque 26 films, comme : Le Barbier de Séville en 1945 ; 0 Sole MIo en 1946 ; Devant lui tremblait tout Rome en 1946 avec Anna Magnani ; L’Elixir d’Amour avec Silvana Mangano ; Une nuit de folie à l’Opéra en 1949 de Mario Costa avec la soprano Maria Caniglia ; Pagliacci en 1951 avec Gina Lollobrigida…

Des films qui ne connurent pas un grand succès et qui sont oubliés aujourd’hui, comme ceux de Beniamino  Gigli ou de Ferruccio Tagliavini, mais certains étaient des opéras filmés, comme le 2ème acte de Tosca filmé par Zeffirelli et ont gardé leur extraordinaire intérêt.

Tito Gobbi demeurera l’un des interprètes les plus fascinants du XXème siècle.

Extraits diffusés :

Veglia, o donna, questo fiore : RIGOLETTO, Giuseppe Verdi

Largo al factotum : LE BARBIER DE SEVILLE, Giacomo Rossini

Credo in un Dio crudel : OTELLO, Giuseppe Verdi,

Or tutto è chiaro : TOSCA, Giacomo Puccini.

O Carlo ascolta : DON CARLOS, Giuseppe Verdi

Di Provenza il mar, il suol : LA TRAVIATA, Giuseppe Verdi

Deh vieni alla finestra : DON GIOVANNI, Amadeus Mozart

 

Hommages et émissions à venir:

GIUSEPPE VERDI

SALVATORE LICITRA

LES PLUS BEAUX CHANTS DE NOEL

RENATA TEBALDI

LICIA ALBANESE

Pour réécouter ces émissions
se connecter à Cappuccino sur radio aligrefm

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Maria Callas « La Diva assoluta » sur Aligre.fm

mars 13th, 2013 par Alain Fauquier


Maria Callas 2 (2)

A l’occasion de la sortie à Paris de la pièce de Jean-Yves Rogale « La véritable histoire de Maria Callas » qui se joue depuis le 22 janvier 2013 au Théâtre Déjazet, 41 boulevard du Temple Paris 3ème (Métro: République), Michel Goti a reçu dans son émission Cappuccino sur Aligre.fm (93.10), le Dimanche 10 mars 2013 de 10h30 à 11heures, le comédien Pierre Santini qui interprète le rôle d’Aristote Onassis.

Cette interview a été précédée d’une présentation de la célèbre diva par Marcel Azencot & Alain Fauquier de l’Opéra Club de Paris Mario Lanza.

L’émission a été illustrée par de nombreuses partitions musicales extraites du coffret The ultimate MARIA CALLAS collection (EMI):

TOSCA : Vissi d’arte, vissi d’amore, Acte 3,  Giacomo Puccini
IL TROVATORE : D’amor sull’ali rosee, Acte 4, Giuseppe Verdi
CARMEN : Habanera, Acte 1, Georges Bizet
LA TRAVIATA : Ah, fors’è lui, Acte 1, Giuseppe Verdi
NORMA : Casta Diva, Vincenzo Bellini
GIANNI SCHICCHI : O mio babbino caro, Giacomo Puccini
LA GIOCONDA : Suicidio !, Acte 4, Amilcare Ponchielli
MADAME BUTTERFLY : Un bel di vedremo » Acte 3, Giacomo Puccini

Un portrait de Maria Callas, « La Diva assoluta »

Maria Callas, la « diva assoluta » pour les italiens, fut sans conteste la plus grande tragédienne de sa génération. Celle qui incarna plus que toute autre cantatrice le génie oublié du bel canto. Pavarotti disait à cet égard : « Caruso dans le passé, Mario Lanza et Maria Callas à l’époque moderne, furent les trois plus grands émissaires qui contribuèrent à faire connaître l’opéra italien dans le monde ».

Pourtant La Callas n’était pas italienne et n’avait aucune ascendance italienne.

Maria Callas est née à New York le 3 décembre 1923 de parents grecs récemment immigrés aux Etats-Unis. Son nom de famille était Kalogeropoulos.

C’est en 1945 qu’elle prit pour nom de scène « Maria Callas »

L’enfance de la petite Maria à New York n’a pas été des plus heureuses. Sa mère lui préférait ostensiblement sa sœur aînée Jackie, jolie et brillante, alors que Maria était plutôt « boulotte » et disgracieuse avec des lunettes à verres épais de fort myope.

En 1937, ses parents se séparent et Maria retourne vivre en Grèce avec sa mère et sa sœur.

A 13 ans, elle entre avec 3 ans d’avance au Conservatoire d’Athènes où elle va travailler d’arrache-pied pour étudier et approfondir, la musique et le chant. Elle est une élève modèle, très exigeante envers elle-même et ses progrès sont ultrarapides. Son professeur, la soprano espagnole Elvira de Hidalgo, parle d’elle comme d’un « phénomène ».

En 1938 Maria décroche son premier rôle d’opéra en interprétant Santuzza dans Cavalleria Rusticana de Mascagni au Théâtre Olympia d’Athènes.

Entre 1942, année où elle débute dans Tosca à Athènes, et 1947 où elle est dirigée pour la première fois par le maestro Tullio Serafin, elle chante tous les rôles de soprano dramatique qu’on lui propose : Aïda, Turandot, Isolde (Tristan et Isolde), Kundry (Parsifal), Léonore (Fidélio), Brünnhilde (Le Ring, Wagner).

Sa voix, d’une tessiture exceptionnelle pour une soprano, lui permet d’aborder une large gamme de rôles allant du mezzo dramatique au soprano lyrique léger, même si sa tessiture d’élection reste le soprano lirico spinto.

De plus sa voix  pouvait acquérir une variété de couleurs qui rendaient son timbre inoubliable.

En janvier 1949, elle remplace au pied levé une soprano souffrante dans le rôle d’Elvira des Puritains de Bellini, au théâtre Fenice à Venise. Après cette prestation époustouflante, sous la direction du maestro Tullio Serafin, elle entame une deuxième carrière, cette fois en tant que soprano colorature.

Au cours des 10 années qui vont suivre, Maria Callas contribuera plus que toute autre soprano à réhabiliter le répertoire du bel canto italien.

Dans les rôles de Norma, Médée, Anne Boleyn, Lucia, Lady Macbeth, Violetta et Tosca, Maria Callas a été et demeure insurpassée.

Non pas que sa voix fut belle au sens traditionnel du terme (on pourrait même dire qu’à partir de 1954 elle ne l’était plus du tout), mais elle y mettait une telle intensité qui faisait de chaque représentation un véritable événement théâtral.

En 1949 elle fait des débuts sud-américains au Théâtre Colon de Buenos Aires où elle chante Turandot, Norma et Aïda.

En 1951 elle fait une tournée triomphale à Mexico, Sao Paulo et Rio de Janeiro avant d’ouvrir la saison à La Scala avec Les Vêpres siciliennes. Durant les sept années qui vont suivre, La Scala sera la scène de ses plus grands succès.

Non contente d’avoir été la plus grande tragédienne d’opéra de sa génération, Maria Callas fut également la personnification de l’élégance suprême. Sa beauté plastique hors du commun lui valut d’être vénérée par les plus grands couturiers et photographes, et courtisée par les célibataires les plus convoités, dont le célèbre Aristote Onassis.

La transformation physique de Maria Callas est à peine croyable. En 1949, lorsqu’elle épouse à 26 ans Battista Meneghini, un riche industriel de Vérone, passionné d’opéra, qui a 30 ans de plus qu’elle, Maria est opulente de voix et de chair comme l’écriront ses biographes.

En 1952, elle entreprend une cure d’amaigrissement et perd 40 kilos en deux ans, ce qui lui donne une silhouette élancée et une taille de guêpe. Parée de magnifiques toilettes confectionnées pour elle par les plus grands couturiers, la Callas fait alors la « une » de tous les médias du monde entier et de la télévision naissante. Les paparazzi de la presse à sensation flairent la tigresse aux griffes acérées derrière la chanteuse. Ce côté félin de tigresse qu’elle va susciter et entretenir va les intéresser avec beaucoup plus d’avidité que la chanteuse d’opéra.

La gloire de la « Diva assoluta » s’accompagne de scandales qui feront partie désormais de sa notoriété: à Chicago elle jette dehors un huissier de justice pour un contrat contesté ; à New York, alors quelle n’a même pas chanté une seule note au Met, ses démêlés avec Rudolf Bing, son directeur, font « la une » de tous les journaux ; elle annule une représentation de La Somnambule, mais fait la fête avec la célèbre cancanière Elsa Maxwell. En 1958 à Rome, elle commence l’année en « abandonnant » Norma après le premier acte, en présence d’un parterre de visons et du président de la République.

Les comparaisons persistantes avec sa rivale Renata Tebaldi, dix fois moins admirée et aucunement commentée, l’irrite au plus haut point : « Nous comparer, c’est comparer du champagne et du cognac… ou plutôt du Coca-Cola ! ».

En réalité les deux divas se vouaient une grande admiration réciproque, cette rivalité ayant été construite par les journalistes.

Durant ces années 1950, alors qu’elle enregistre sans relâche pour la firme EMI, la voix de la Callas commence à se détériorer.

Lorsqu’elle se produit pour la dernière fois à Covent Garden, le 5 juillet 1965, dans le rôle de Tosca, il est devenu évident qu’à l’instar de l’héroïne de Puccini, la Callas a elle aussi souffert pour son art.

En juillet 1959, Maria Callas et son mari sont invités par Aristote Onassis pour une croisière sur son yacht le Christina.

Au terme de la croisière, Maria quitte Meneghini pour Onassis. Leur relation amoureuse va en faire le couple le plus médiatisé des années 1960.

A l’instar des héroïnes du bel canto qu’elle a interprété à l’opéra, la vie de Maria Callas fut une véritable tragédie grecque.

Mal aimée, pour ne pas dire pas aimée du tout selon elle, par une mère qui lui préférait sa sœur aînée et se lamentait continuellement de la disparition de son fils Vassilis mort d’une méningite à l’âge de 3 ans ; ignorée « sensuellement » par Meneghini, qui refusa ou fut fût incapable de lui donner l’enfant qu’elle désirait par-dessus tout et qui ne voyait en Maria Callas que le moyen de gagner beaucoup d’argent, la vie sentimentale de la plus célèbre diva du 20ème siècle, fut des plus pauvres jusqu’à sa rencontre et à sa liaison avec le milliardaire Onassis dont elle tombera follement amoureuse.

Pour la séduire et ajouter Callas à ses conquêtes, Onassis mettra à ses pieds ce que l’enfance pauvre et son art intransigeant lui ont refusé, la fête.

Maria sent trop sa fin d’artiste approcher pour ne pas se livrer à un bonheur mérité.

En lieu et place du « saut de la mort », c’est ainsi qu’elle ressentait ses apparitions sur scène, elle passera ses soirées chez Maxim’s et fera des croisières idylliques à travers les plus belles iles du monde.

En 1968, alors que Maria pensait qu’Aristote allait la demander en mariage, il rompt avec elle pour épouser Jackie Kennedy.

En 1969, elle tournera Médée, de Pasolini, un film qui sera un échec commercial.

Après avoir dirigé de 1971 à 1972 la Juilliard School of Music de New York et animé des master classes « d’interprétation », elle donnera une série de concerts autour du monde avec Giuseppe Di Stefano. Série de concerts qui fut d’ailleurs interrompue, les deux chanteurs ayant des problèmes de voix.

En 1973, interviewée sur sa carrière par Giovanni Viglione, Maria Callas déclare que son plus grand regret est de n’avoir pas eu l’opportunité de chanter avec Mario Lanza, la plus belle voix qu’elle eût jamais entendue et dont elle était une grande admiratrice, tout comme Tebaldi et bien d’autres. On se souvient qu’en 1956, Renata Tebaldi, de passage à Los Angeles où elle chantait Aïda au Shrine Auditorium, avait tenu à rencontrer Mario Lanza sur le plateau de son film « Serenade » et qu’elle avait versé une larme à l’écoute de « Nessun dorma ». « Je ne peux pas vous écouter chanter sans verser une larme tellement votre voix m’émeut », lui avait-elle déclaré.

Le 16 septembre 1977, Maria Callas meurt d’une embolie pulmonaire à son domicile parisien du 36 avenue Georges Mandel. Elle avait seulement 53 ans.

 

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Concert lyrique salle Rossini

novembre 25th, 2012 par Alain Fauquier


Le concert lyrique « Allons à l’Opéra » organisé par l’Opéra Club de Paris Mario Lanza le Mercredi 12 décembre 2012 à la Salle Rossini de la Mairie9ème arrondissement a obtenu un succès flatteur.

Les trois artistes de la soirée :

Christine MASO, jeune soprano dotée d’une belle voix de colorature, soyeuse et cristalline à souhait, a chanté avec un rare raffinement et une remarquable sensibilité. Autant dire qu’elle a fait sensation.

Victor DAHHANI, jeune ténor prometteur de 22 ans, à la voix puissante et colorée, a chanté avec conviction des airs difficiles généralement interprétés par des ténors séniors.

Hyalmar MITROTTI, baryton-basse de 32 ans que le public connaissait déjà pour l’avoir déjà entendu lors du concert « Passion Bel Canto », a interprété ses partitions avec un art consommé. Outre sa belle voix, il possède un talent évident de comédien.

Aucun des chanteurs n’a laissé le public indifférent.

Emmanuel BELLANGER, musicien et concertiste de grand talent comme il l’a prouvé à différentes reprises à l’occasion de nombreux concerts, a reçu lui aussi des applaudissements mérités.

N’oublions-pas le Maître de cérémonie Jean KRIFF, qui fut lui-aussi, comme l’an dernier pour le concert « Passion Bel Canto », très applaudi pour sa connaissance approfondie de l’opéra. Il a animé la soirée avec intelligence et humour. Un grand professionnel.

Le programme comprenait une sélection de très beaux airs romantiques:

CILEA : L’ ARLESIANA, Lamento di Frederico, par Victor DAHHANI

ROSSINI : IL BARBIERI DI SIVIGLIA, Una voce poco fa, par Christine MASO

MOZART : DON GIOVANNI, Madamina, Il catalogo è questo, par Hyalmar MITROTTI

BELLINI : I PURITANI, Qui la voce sua soave, par Christine MASO

LISZT : Intermède: Années de pèlerinage en Italie, par Emmanuel BELLANGER

PUCCINI : LA BOHEME, Vecchia zimarra, par Hyalmar MITROTTI

TCHAIKOVSKI : EUGENE ONEGUINE, Aria de Lenski, par Victor DAHHANI

VIVALDI : BAJAZET, Sposa son disprezzata, par Christine MASO

VERDI : RIGOLETTO, Questa o quella, par Victor DAHHANI

BERLIOZ : L’ENFANCE DU CHRIST, O Misère des rois, par Hyalmar MITROTTI

DONIZETTI : DON PASQUALE, Sogno e soave casto, duo par Victor DAHHANI & Hyalmar MITROTTI

MOZART : LE NOZZE DI FIGARO, Voi che sapete (Air de Chérubin), par Christine MASO

Notre seul regret: en raison du froid intense qui sévissait sur Paris ce 12 décembre 2012, seule une centaine de personnes s’est déplacée. Dommage!

L’Opéra Club de Paris Mario Lanza remercie très chaleureusement ces artistes pour la magnifique soirée qu’ils ont offerte au public et leur souhaite une brillante carrière.

En savoir plus sur les interprètes:

Hyalmar MITROTTI, baryton basse

Issu d’une famille de réalisateurs colombiens, Hyalmar Mitrotti effectue des études de Cinéma et de Théâtre à l’Université de Montréal puis à la Sorbonne. Également passionné par le chant et la musique, il intègre La Schola Cantorum de Paris et le Conservatoire F. Poulenc (16e) dans la classe de Fusako Kondo.

En 2004, grâce au soutien financier de la Sidney Perry Foundation, il est admis à la Guildhall School of Music and Drama de Londres où il travaille la technique vocale avec Laura Sarti et Susan Waters, l’interprétation avec le chef de chant Robin Bowman et la mezzo Susan McCulloch, le répertoire italien avec le coach vocal du Royal Opera House Covent Garden, Emmanuele Moris.

Également membre de la Maîtrise Notre-Dame de Paris, il aborde la musique vocale de Bach jusqu’à nos jours sous la baguette de chefs d’orchestre tels que John Nelson, Michel Laplénie, Lionel Sow et Dominique Visse, tout en approfondissant le répertoire baroque avec Yves Castagnet (organiste titulaire à la Cathédrale Notre-Dame de Paris). Il participe également aux master-classes de Margret Hönig et Paul Esswood tout en perfectionnant sa technique vocale auprès de la basse Lionel Sarrazin.

Lauréat des concours Léopold Bellan (1er Prix) et UFAM (2e Prix) en 2002, Hyalmar Mitrotti aborde la scène avec les rôles de Perruchetto (“La fedeltà premiata” de Haydn) et de Guglielmo (“Così fan tutte” de Mozart), qui le mène en tournée en France et en Angleterre. En 2006, il incarne Calchas dans “La Belle Hélène” d’Offenbach et Uberto dans la “Serva Padrona” de Pergolesi au Théâtre du Tambour Royal à Paris dans une mise en scène de Jean Romain Vesperini.

Il participe également à l’opéra “Ercole Amante”, sous la direction de Gabriel Garrido dans le cadre de l’Académie d’Ambronay 2006, qui le mène sur les grandes scènes nationales françaises. À partir de 2006, il travaille désormais avec Robert Dean, Emma Kirkby, Christian Curnyn, Peter Robinson et Graham Johnson en Angleterre.

En 2007, Hyalmar Mitrotti est invité à participer au Hawaii Performing Arts Festival aux Etats-Unis et y chante la basse solo dans “L’Allegro, Il Pensieroso ed Il Moderato” de Händel ainsi que diverses scènes d’opéra. Également invité à l’Académie Francis Poulenc à Tours où il approfondit le répertoire de la mélodie française auprès de François Le Roux, Jeff Cohen et Noel Lee.

En 2008, il interprète les rôles de José Castro (“Fanciulla del West” de Puccini), Pistola (“Falstaff” de Verdi) avec Grange Park Opera puis chante en soliste aux côtés du baryton Bryn Terfel et du pianiste Ian Burnside. En 2009, il interprète Nourabad (“Les pêcheurs de perles” de Bizet) à Valladolid et Ali (“L’Italiana in Algeri” de Rossini) à Paris.

À l’issue d’un stage avec le directeur du Jette Parker Young Artist Programme, David Gowland, et le metteur en scène, Martin Lloyd Evans, il se voit proposer le rôle de Gaudenzio (“Il Signor Bruschino” de Rossini) avec British Youth Opera, compagnie anglaise de renom dont le but est de promouvoir les jeunes artistes.

En 2010, Hyalmar Mitrotti reprend le rôle d’Ali dans “L’Italiana in Algeri” au Théâtre Mouffetard. Il fait également la doublure du Cockney (“My Fair Lady” de Loewe/Lerner) dans la mise en scène de Robert Carsen au Théâtre du Châtelet.

Également concertiste, Hyalmar Mitrotti se produit régulièrement dans des oratorios (“Samson” de Händel, Regency Sinfonia ; “Ein Deutsches Requiem” de Brahms à la Cathèdrale de Chartres; “Requiem” d´Oberland au Château de Maintenon) ainsi qu’en récital en France, Angleterre, Uruguay, République Tchèque, Suisse, Colombie, etc. avec des programmes très variés allant du classique au répertoire mélodique des crooners des années 50 qui se prête bien à sa voix de baryton basse et qu’il affectionne particulièrement.

En 2011, il a interprété le Docteur Grenvil dans “La Traviata” de Verdi en tournée en France (coproduction entre Le Centre Lyrique d’Auvergne et Opéra Nomade). Opéra Magazine y remarquera “une personnalité prometteuse”. Il joue également, le Patron dans “Il Postino” de Catan au Théâtre du Châtelet aux cotés de Placido Domingo, puis Figaro (“Le Nozze di Figaro”, Mozart) sous la direction d’Humbert Camerlo et Gaspard Brécourt.

En 2012, il chante Guglielmo (“Cosi fan tutte”, Mozart) avec Opéra Bastide sous la direction de Jean François Gardeil, Brissac (“Les mousquetaires au couvent“, Varney) à Dijon, Aman et Mardoqueo (“Ester”, Ponce de León) à Paris, le Docteur Grenvil (“La Traviata“, Verdi) au Théâtre Impérial de Compiègne et en tournée en France, Moralès et le Dancaïre (“Carmen”, Bizet) avec l´Orchestre de l´Opéra de Bordeaux.

Récemment invité par le baryton Jean Philippe Lafont à participer à l’une de ses master-classes, il prend part à un concert d´Airs d´opéra au Château de Maintenon. À la suite d’une master-classe avec le ténor Michel Sénéchal, il se voit proposer le rôle du Sacristain dans “Tosca” de Puccini aux côtés de Jean Francis Monvoisin et Philippe Ermelier, sous la direction de Jean François Vinciguerra. En mai dernier, il a travaillé le rôle d’Alfonso avec la mezzo Teresa Berganza lors de sa master-classe sur “Cosi fan tutte“ de Mozart à la Villa Viardot, suivi d´une représentation en versión de concert.

En juin, Hyalmer Mitrotti chante des airs et des duos avec le ténor Florian Laconi. En Septembre, il participe en tant que Figaro à la master-classe de Ruggero Raimondi sur “Le Nozze di Figaro” à la salle Gaveau. En Novembre puis début 2013, il interprète le Sacristain dans “Tosca” avec Opéra Nomade, en tournée dans toute la France. En décembre, il sera Oroveso dans “Norma” de Bellini.

Christine MASO, soprano

Christine Maso a grandi dans un environnement de musique classique, pop et d’opéra grâce à son père d’origine italienne qui lui transmet l’art de chanter. Elle hérite de la tessiture vocale de sa grand-mère paternelle : soprano colorature.

Elle prend des cours de solfège dès la petite enfance à Toulouse et commence à composer. Elle se perfectionne par la suite en prenant des cours de chant lyrique à Paris et à Troyes et se produit dans diverses compagnies. Parallèlement à ses activités d’interprète lyrique Christine Maso se consacre à la composition. Sa passion pour la musique l’amène à devenir, en plus d’interprète lyrique, auteur-compositeur interprète de variétés, de comptines et d’une comédie musicale pour enfants.

Victor Dahhani, ténor

Victor Dahhani débute ses études de chant dès son plus jeune âge dans les chœurs dirigés par sa mère Mirtha Alcaraz. A l’âge de quatorze ans, il entre dans la classe de chant d’Omar Ganidze puis dans celle de Jean-Paul Salanne au conservatoire de Tarbes.

Par la suite, il perfectionne sa technique auprès du maitre Michel Milonne. Diplômé d’art lyrique avec Joëlle Vautier au Conservatoire Hector Berlioz à Paris, Victor Dahhani se perfectionne aujourd’hui auprès de Jorge Chaminé à Paris et reçoit les conseils de Roberto Alagna et Marcelo Alvarez.

Il effectue ses débuts sur scène à dix-sept ans dans l’Opéra de Quat’Sous de Kurt Weil, production de l’ENM de Tarbes.

En 2009, il est engagé pour des récitals avec piano dans l’abbaye de Saint Savin, puis est choisi pour chanter au concert de commémoration de la mort de Tony Poncet.

En 2010, il chante la Messe en solde Schubert dans la collégiale de Montmorency avec le chœur et l’orchestre de cette même ville. Il interprète la même année le rôle de Don José dans Carmen de Bizet au sein de la compagnie Warum, puis au sein de la compagnie Sel Canto au Théâtre du Touquet.

Victor Dahhani chante l’Oratorio de Noël de Saint-Saëns à l’église Saint Jean Bosco de Paris avec les chœurs «cantores» et «l’ensemble vocal 91». Fréquemment engagé pour des concerts à thèmes (mélodie, opéra, zarzuela), on a pu l’entendre récemment en récital d’opéra sous la direction d’Andrei Chevtchouk avec l’orchestre universitaire de Picardie ainsi que lors du Festival International de Oujda au Maroc dans le rôle de Taxis dans les aventures du roi Pausole de Honegger.

Emmanuel BELLANGER, Piano

Emmanuel Bellanger débute le piano à l’âge de 5 ans et le violoncelle à 7 ans. Il se perfectionne auprès de Guy Besnard et Roland Pidoux au violoncelle et de Pascal Dumay et Marie-Christine Calvet au piano. Il achève son cursus au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec plusieurs premiers prix: violoncelle, musique de chambre, harmonie, contrepoint.

Comme pianiste, il obtient en 2000 un prix de musique de chambre au Concours International de Cortemilia en Italie. Pianiste accompagnateur au Conservatoire d’Antony et de Vernon de la classe de chant de Philippe Degaetz, violoncelliste à l’orchestre Pasdeloup, Emmanuel Bellanger est également compositeur, auteur notamment d’un hymne pour choeur et orchestre, de préludes pour piano et d’arrangements pour différentes formations, soprano, chœur et orchestre.

Emmanuel Bellanger se produit en concert au piano dans des récitals de chant, ainsi qu’au violoncelle au sein du trio à cordes Bellanger et de l’ensemble de musique contemporaine « Cordes Mêlées » qu’il a fondé.

Jean KRIFF,Présentateur

Jean Kriff est né dans une famille d’artistes : son arrière grand-père était metteur en scène à la Monnaie de Bruxelles en 1900 ; sa mère était danseuse ; son père, Edouard Kriff, fut un grand ténor de l’opéra de Paris.

Jean Kriff a commencé le piano à l’âge de 5 ans, le chant et la comédie à 19, le tour de chant à 24, le théâtre lyrique à 34 où il s’est frotté à la musique contemporaine: Darius Milhaud, Guy Roparz, Henri Tomasi, Bernard Videau et d’autres ; la mise en scène et la création de deux festivals à 40 ans ;les conférences à 50 ; la rédaction de nombreux articles sur l’opéra et la musique à 60.

Jean Kriff a aussi enregistré quelques disques d’opérette d’Offenbach: Les deux pêcheurs, Les deux aveugles, La rose de Saint-Flour, La leçon de chant électromagnétique, Ba-ta-clan. Il a chanté en français, italien, espagnol, allemand, anglo-américain et même hébreu.

Il dit avec modestie et humour : « Mon père a été un grand artiste, moi, j’ai plutôt boxé dans poids les légers ». Techniquement Jean Kriff a toujours sa voix, seule sa santé le contraint à la préserver précieusement.

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Forum des associations franco-italiennes

juin 20th, 2012 par Alain Fauquier


L’Opéra Club de Paris Mario Lanza a tenu un stand au 8ème Forum des associations franco-italiennes organisé par le magazine Focus In qui publie mensuellement une « Lettre d’info du portail des associations« .

Ce Forum s’est déroulé le samedi 23 juin 2012, Boulevard Auguste Blanqui, Paris 13ème (Métro Place d’Italie), de 10h à 18h.

Une cinquantaine d’associations franco-italiennes ont présenté leurs activités culturelles, artistiques, sociales…

Les visiteurs ont ainsi pu découvrir toutes les facettes de l’Italie d’hier et d’aujourd’hui.

Les associations « Emilie-Romagne » et « Fratellanza Reggiana » ont proposé des cafés et des apéritifs solidaires pour recueillir des fonds destinés à aider à la reconstruction de cette région récemment sinistrée par des séismes.

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Mario Lanza sur Radio Aligre

mars 17th, 2012 par Alain Fauquier


Affiche 15 et 22 avril 2012

L’histoire de la vie de Mario Lanza est des plus romanesques. C’est l’histoire flamboyante et tragique d’une voix sublime et d’un destin hors du commun.

Doté de l’une des plus belles, sinon de la plus belle voix naturelle de ténor lyrique et dramatique du 20ème siècle, Mario Lanza était un artiste fascinant et un chanteur hors pair qui sublimait tout ce qu’il chantait.

En 14 ans de carrière il était devenu une immense star planétaire.

Il a donné des shows devant des dizaines de milliers de personnes, réalisé en 7 ans 520 enregistrements dont 245 lors du Mario Lanza Show, sponsorisé par Coca-Cola. Un grand nombre de ces enregistrements a donné lieu à l’édition de 33 magnifiques albums sous le prestigieux Red Seal label (Sceau Rouge, réservé aux plus grands artistes de RCA Victor), vendu des disques par millions, triomphé dans plus de 162 concerts à guichets fermés dans des salles immenses et tourné 7 films.

Avec ses films, dont le mémorable The Great Caruso, Mario Lanza a apporté au grand public, plus qu’aucun autre chanteur avant ou après lui, le prestige et le romantisme de l’opéra.

Lorsqu’il s’aventura dans la mélodie populaire, il remporta dans ce domaine, disques d’or sur disques d’or, face à des crooners de premier plan tels que ses amis Frank Sinatra, Frankie Laine, Dean Martin ou Perry Como, ce qui était, et demeure encore exceptionnel pour un artiste classique.

En 1949 Arturo Toscanini proclamera haut et fort que « Mario Lanza est la plus grande voix du 20ème siècle ». Admiré par ses pairs, Mario Lanza a inspiré la carrière de plusieurs générations de chanteurs, hommes et femmes dont celle des « Trois Ténors ».

L’actualité de ce ténor incomparable persiste de nos jours. On assiste même, 48 ans après sa mort tragique, à une renaissance de son mythe, comme l’avait prédit en 1959 l’illustre baryton Lawrence Tibbett: « Dans 50 ans le monde entier reconnaitra en Mario Lanza le grand artiste qu’il était ! »

Les sites internet qui lui sont dédiés ne cessent de se développer. Des hommages lui sont rendus à travers le monde par de grands artistes sous forme de concerts, de DVD, ou d’albums qui lui sont dédiés.

A Philadelphie, sa ville natale, un boulevard et un parc portent son nom. Le 7 octobre a été déclaré « Jour Mario Lanza » et une plaque de bronze a été fixée sur le trottoir devant l’Academy of Music (L’opéra de Philadelphie).

Un panneau de la ville signale la maison où il est né.

Sur le Hollywood Walk of fame, il y a deux étoiles à son nom et à Palm Springs, une étoile a été déposée en 1998 à côté de celle de Frank Sinatra.  A Pavie (Italie), un parc porte son nom, tandis qu’à Londres une plaque au nom de Mario Lanza a été fixée au dos d’un fauteuil d’honneur du Royal Opera House, et une plaque de bronze a été déposée devant l’entrée du Royal Albert Hall.

Mario Lanza est né en 1921, l’année de la mort de Caruso. Cette naissance serait probablement passée inaperçue si une génération plus tard, Mario Lanza n’allait être considéré comme le successeur de Caruso.

Enfant unique d’un couple modeste d’immigrants Italiens, Mario Lanza voit le jour le 31 janvier 1921 dans le quartier populaire et pittoresque de Little Italy (La petite Italie), dans le sud de Philadelphie.

Passionnés d’opéra, les parents de Freddie possèdent une importante collection de 78 tours, et le futur Mario Lanza sera bercé par les plus grandes voix de son temps : Tito Schipa, Giacomo Lauri-Volpi, Aureliano Pertile, Beniamino Gigli… et bien sûr par celle du ténor des ténors, l’incarnation du chant par excellence, Caruso, qui sera son idole, et à qui il sera constamment comparé jusqu’à sa mort prématurée.

A l’âge de 7 ans, aux dires de ses parents, le jeune Freddie écoutera 27 fois de suite un disque de Caruso sans bouger de son siège. La voix de Caruso sera pour le jeune garçon une drogue.

Il écoutera les disques de Caruso et les réécoutera sans cesse pour s’enivrer de cette voix magique. A l’âge de 15 ans il connaîtra par cœur 52 arias et sera capable d’en discuter savamment avec les professionnels de l’opéra.

Puis, un jour, à l’âge de 16 ans il déclare à ses parents qu’il ne veut pas devenir avocat comme le souhaite sa mère, mais ténor d’opéra. Et pour appuyer ses dires, Freddie se met à projeter des notes aigues d’une pureté et d’une puissance inouïe. Son père qui s’y connait quelque peu en voix dira qu’il a pleuré d’émotion en entendant la pureté de ces notes et la puissance de la voix de son fils.

Ses parents lui feront prendre des cours de chant, d’abord avec Antonio Scarduzzo, un baryton du Metropolitan Opera, puis avec une ex-cantatrice, Irene Williams. Tous deux se trouveront rapidement désemparés devant les dons exceptionnels de leur élève. Consciente qu’elle détenait entre ses mains un prodige, Irene Williams va le faire auditionner par le célèbre Maestro Serge Koussevitzky, directeur du Philharmonique de Boston, à l’occasion de son passage à Philadelphie pour une série de concerts.

Lors de son audition à l’Académie Nationale de Musique de Philadelphie, Freddie chante pour le Maestro le grand air de Paillasse « Vesti la giubba ». A la fin de l’aria, Koussevitzky se lève d’un bond de sa chaise, prend le jeune garçon dans ses bras, l’embrasse sur les deux joues et s’exclame stupéfait : « Quelle extraordinaire voix ! C’est Caruso ressuscité ! »

Koussevitzky va faire obtenir à Freddie une bourse pour étudier le chant à Tanglewood, ce haut lieu de la musique aux Etats-Unis, où étudièrent aussi d’autres célébrités, comme la soprano américaine Beverly Sills, et où il chantera en août 1942 lors du festival d’été, pour la première fois, sous le pseudonyme de Mario Lanza. Il prendra officiellement le nom de Mario Lanza le 7 octobre 1948.

Confié par le Maître, aux mains expertes de ses assistants les Maestros Leonard Bernstein et Luka Foss, Mario Lanza chante le rôle de Fenton dans Les Joyeuses Commères de Windsor d’Otto Nicolaï, et celui de Rodolfo dans l’acte III de La Bohème de Puccini.

A l’issue de ces représentations, le maestro Boris Goldovsky qui conduisait l’orchestre, déclarera : « La voix qui sortait de cette gorge était éblouissante, inoubliable… Elle semblait provenir d’un autre monde ! » Koussevitzky ajoutera : « Ce garçon a une voix de celles que l’on n’entend qu’une fois par siècle ! »

Noel Strauss, sévère critique musical, écrira dans le New York Times : « La révélation de la saison fut sans conteste le jeune ténor Mario Lanza, âgé de seulement 21 ans.

Peu de chanteurs actuels sont capables de rivaliser avec lui en termes de beauté de voix et de puissance. Il pourrait déjà, s’il le voulait, intégrer le Metropolitan Opera ! »

Mais l’Amérique est en guerre contre le Japon. Mario Lanza est incorporé dans l’Armée de l’Air le 5 janvier 1943. Affecté au Théâtre aux Armées, il chantera de base en base de nombreux airs d’opéra pour les GI dans le spectacle « On The Beam » où il fera sensation. Il chantera aussi dans le Chœur de « Winged Victory » (Victoire Ailée) qui donna 212 représentations à Broadway.

De passage à Hollywood où le show « Winged Victory » doit être filmé par le réalisateur George Cukor pour Twentieth Century Fox, le soldat Lanza, 23 ans, va se faire remarquer dans des soirées où il sera invité par des stars. Chez Frank Sinatra, il chantera un soir de 23 heures à 7 heures du matin devant des célébrités éblouies.

L’acteur Walter Pidgeon, baryton de formation, dira : « La voix que j’ai entendue hier soir est exceptionnelle, bien supérieure à tout ce que j’ai entendu jusqu’ici, y compris Carusoet Gigli ! »

Maria Margelli, accompagnatrice de la grande basse italienne Ezio Pinza, dira : « J’ai entendu toutes les plus grandes voix. Mais le jour où j’ai entendu Mario Lanza, je sus que j’avais entendue la plus grande de toutes.»

Démobilisé le 29 janvier 1945, Mario Lanza épousera le 13 avril Betty Hicks, la sœur d’un camarade de régiment, qui lui donnera quatre enfants et mourra cinq mois après lui à l’âge de 36 ans le 11 mars 1960.

Du 24 octobre 1945 au 20 février 1946, il chantera des arias et des duos d’opéra dans l’émission de radio « Great Moments in Music », diffusée dans tous les Etats-Unis, où il remplace le célèbre ténor Jan Peerce.

Mario Lanza prendra des cours de chant à New York avec le fameux Enrico Rosati qui fut, entre autres, le professeur de Giacomo Lauri-Volpi et de Beniamino Gigli. Lors de son audition, Rosati s’arrêtera de jouer et dira la larme à l’œil : « Vous recherchez un professeur de chant. Mais personne ne pourra vous apprendre à chanter, car vous avez déjà eu le meilleur professeur de tous… Dieu ! ».

Sa formation avec Rosati fut courte (15 mois), mais intense et suffisante compte tenu des prédispositions et de la musicalité innée du jeune homme.  « Mario Lanza fut mon dernier élève, dira le Maître (72 ans). Lorsque j’ai entendu ses aigus lors de sa première audition, j’ai failli avoir une apoplexie. Il avait la plus belle voix qu’il m’ait jamais été donné d’entendre ! »

Engagé par les Concerts Columbia, Mario Lanza triomphera aux Etats-Unis, au Canada, au Mexique et en Europe. Il donnera dans sa courte carrière plus de 300 concerts à guichets fermés dans des salles immenses, dont 86 concerts avec le « Bel Canto Trio », de juillet 1947 à mai 1948, où il aura pour partenaires George London, baryton-basse et Frances Yeend, soprano, qui feront tous deux, et particulièrement George London, de grandes carrières à l’opéra.

Mario Lanza fut le premier ténor à donner des concerts géants, comme les 6 et 7 juillet 1946 au Grant Park de Chicago où il attira, sur son seul nom,
130 000 spectateurs en deux soirées, et il n’avait que 25 ans !

Voici ce qu’écrit Claudia Cassidy, critique musical, dans le Chicago Sunday Tribune :

« Mario Lanza est la plus sensationnelle découverte de l’année. Il chante pour l’incontestable raison qu’il est né pour chanter. Il a une voix de ténor naturelle splendide qu’il utilise par instinct. Tout ce qui émane de sa voix et de sa personnalité est impossible à apprendre. Il sait de façon innée accentuer une ligne mélodique pour l’enrichir et faire tressaillir le public. Il sait pourquoi l’opéra est un drame musical. Sa voix est extraordinaire. Quand il attaque « Celeste Aïda », l’intensité dramatique est présente telle que l’a écrite Verdi, avec un pianissimo qui enfle crescendo. Son interprétation est magnifique et la foule l’acclame, tandis que visiblement satisfait, mais sans plus, il s’essuie les sourcils. »

Mario Lanza impressionnera si fortement le nouveau Président des Etats-Unis Harry Truman, lors de l’émission Great Moments in Music, que celui-ci l’invitera à trois reprises pour chanter devant ses invités de marque, dont une fois à Blair House, lors d’une réception de 1800 personnes.

Puis vint le concert du destin, celui qui allait le détourner de sa trajectoire initiale vers les scènes d’opéra. Le 27 Août 1947, Mario Lanza chante au Hollywood Bowl de Los Angeles, Temple mythique de la Musique aux Etats-Unis, où se produisent, en plein air, encore aujourd’hui, les plus grands chanteurs.

Ce concert ne figurait pas dans son planning. Il a été ajouté. Mario Lanza est appelé à remplacer au pied levé le ténor Ferruccio Tagliavini, indisponible. Pour Mario Lanza, c’est un concert de plus qu’il va entreprendre avec le même enthousiasme que les précédents. L’orchestre est dirigé par le grand Maestro de Philadelphie, Eugène Ormandy.

Mais ce soir là, dans le public du Hollywood Bowl, il y a un homme important. Cet homme c’est le fameux Louis B. Mayer, président-fondateur de la toute puissante Métro-Goldwyn-Mayer, le plus grand studio de cinéma d’Hollywood.

Mayer est aussi un connaisseur et un fan d’opéra, et lorsqu’il entend Mario Lanza, il est subjugué, comme le public et la Presse, par la voix sublime qu’il vient d’entendre. L’interprétation d’André Chénier, « Un di all azzurro spazio », est saluée par une standing ovation de 12 minutes.

A la fin du concert, la larme à l’œil, Mayer se précipite dans les coulisses et propose à Lanza de l’engager. Le contrat qu’il offrira trois jours plus tard au jeune ténor est tellement avantageux qu’aucun artiste n’aurait jamais osé le refuser.

Le lendemain de ce concert on peut lire dans le Los Angeles Daily News : « Mario Lanza a électrisé l’auditoire qui l’a longuement acclamé, il a une voix splendide qu’il utilise avec intelligence et un art consommé. Déjà correctement développée, elle apparait comme une voix exceptionnelle. »

La soprano Olivia Stapp qui chanta avec Carlo Bergonzià la Scala de Milan, et qui est depuis 2007 directrice de l’Opéra de San José en Californie, dit : « Mario Lanza avait une voix extraordinaire, mais ce qui le distinguait des autres grands ténors, c’est la poésie qu’il mettait dans son chant. Et c’est cette poésie, véhiculée par une voix extraordinaire, qui électrisait instantanément les auditeurs.»

Avant la mise en chantier de son premier film That Midnight Kiss, (Le Baiser de Minuit), dont le tournage ne commencera qu’en novembre en raison de la grossesse de sa partenaire la soprano Kathryn Grayson, Mario Lanza chantera les 8 et 10 avril 1948 « Madame Butterfly » à l’opéra de la Nouvelle Orléans sous la direction du Maestro Walter Herbert.

Ces deux représentations seront saluées par des standing ovations. Les critiques enthousiastes déclareront « n’avoir jamais vu ni entendu un aussi beau ténor romantique ! ». « Mario Lanza a chanté avec panache. Il a une voix splendide, riche, resplendissante, qu’il utilise avec intelligence et qui donne de l’émotion ».

Avec Mario Lanza, Hollywood découvre une étoile de première grandeur. Pour la première fois dans l’histoire du 7ème Art, un ténor d’opéra va devenir une des têtes d’affiches les plus payées et les plus convoitées du monde du cinéma.

Dès la sortie de son premier film « That Midnight Kiss », le succès est immédiat. C’est la première fois qu’un aria, en l’occurrence Celeste Aïda, est chanté en entier dans un film.

Toscanini dira : « On a l’impression que Verdi et Puccini ont écrit leurs opéras spécialement pour Mario Lanza ! ».

Le film suivant, « The Toast At New Orleans » (Le Chant de la Louisiane), plus riche encore en séquences d’opéra, confirmera ce succès sans précédent.

Si la MGM savait qu’elle avait engagé un ténor exceptionnel, personne n’avait imaginé un pareil impact sur le public.

Aussi on s’empresse de réaliser un troisième film. En 1951, alors que son troisième film, Le Grand Caruso, qui lui donnera la gloire internationale, n’est pas encore sorti dans les salles, Mario Lanza entreprend aux Etats-Unis et au Canada, une nouvelle série mémorable de 22 fabuleux concerts à guichets fermés destinés à faire la promotion du film.

Voici ce que dit son accompagnateur, Constantine Callinicos : « A Philadelphie sa ville natale, la salle de l’Académie de Musique (le plus ancien opéra des Etats-Unis, 2 897 places) est comble elle aussi. Mario chante sans micro. Pour ce récital on a installé 400 chaises sur la scène et de nombreuses personnes se tiennent là aussi debout dans les coins et contre les murs de la salle. La police, pour des raisons de sécurité, refuse de faire entrer plus de monde.

Le prix habituel des places était de 5 dollars, mais de nombreuses places se sont vendues au marché noir à 40 et 50 dollars, soit 800 à 1 000 dollars actuels. Et il en sera ainsi durant toute la tournée de concerts. Partout où nous passions, ce n’était qu’ovations, ovations et encore ovations ».

A Omaha, dans le Nebraska, il chante toujours sans micro dans un immense auditorium de 10 000 places plein à craquer. Constantine Callinicos, son accompagnateur, dira : « Tous ceux qui ont entendu Mario ce soir là n’auraient jamais accrédité la rumeur selon laquelle la grande dimension de sa voix était due aux ingénieurs du son ! » « La critique est dithyrambique. Aucun chanteur d’opéra n’a jamais été autant acclamé, ni autant payé. »

En raison de sa popularité, il ne peut plus faire un pas dans la rue sans être assailli par des nuées d’admirateurs et d’admiratrices souvent hystériques qui le bousculent, veulent le toucher, l’embrasser. Parfois même il est poursuivi en voiture. A chaque fois la Police doit intervenir pour l’aider à s’extirper de ces cohues. Et cette situation ne fera qu’empirer après la sortie de son film Le Grand Caruso.

Pour ces 22 concerts, Mario Lanza reçoit la somme exorbitante de 177 200 dollars (plus de trois millions et demi de dollars actuels). Simultanément, il reçoit de RCA un premier chèque de 746 000 dollars de royalties pour une période de dix mois (le plus gros chèque jamais versé à un artiste en ce temps là). RCA voit ses ventes de disques et ses bénéfices voler de record en record. Quelques mois plus tard, Lanza allait recevoir de RCA un nouveau chèque de 1 100 000 dollars.

En cinq ans, Mario Lanza gagnera plus de 5 millions de dollars (environ 100 millions de dollars actuels). Des cachets et royalties considérables que seules les industries du cinéma et du disque peuvent offrir à un artiste d’exception et qui sont sans commune mesure avec ce qu’il aurait pu gagner en chantant au Met ou à La Scala où les cachets des plus grandes stars du Met ne dépassaient pas 1000 dollars par représentation.

Le retour à Los Angeles, et avant 3 nouveaux concerts à Honolulu où il compte aussi prendre quelques jours de vacances avec plusieurs amis dont le grand acteur Tyrone Power et son épouse l’actrice Linda Christian, Mario Lanza, va se montrer d’une grande générosité.

Pour ses parents qu’il adore et qu’il a fait venir à Hollywood, il achète une jolie villa équipée surplombant l’océan, dans le quartier huppé de Pacific Palisades. A Betty, son épouse, il offre des bijoux et un superbe manteau en vison. Pour ses amis, il achète deux douzaines de montres en or de 14 et 18 carats au dos desquelles il fait graver : « With love » (Affectueusement) Mario. A ses amis les plus proches, il offrira même de superbes voitures. Enfin, il se fera plaisir en s’offrant une montre de collection qui s’ajoute à celles qu’il possède déjà, et, comme il adore depuis toujours les animaux et en particulier les chevaux, il s’achète un cheval de course.

Mario Lanza avait de nombreux points communs avec Caruso. Pas seulement par la voix, mais aussi par sa grande générosité et sa sollicitude envers les moins fortunés. Chaque fois que l’occasion se présentait, il chantait spontanément et gratuitement, sans calcul ni arrière pensée, comme ce fut le cas notamment, pour des gens modestes au Mexique et en Italie. On se souvient aussi qu’il avait envoyé à ses parents, l’intégralité de son premier cachet, soit 250 dollars.

Ses revenus considérables de ténor superstar vont lui permettre de vivre sur un très grand pied. Sa dernière villa, louée à Beverly Hills, au cœur d’une pinède, 355 St Cloud Drive, dans le quartier des stars de Bel Air, n’avait pas moins de 32 pièces, et celle qu’il louera à Rome en 1957 dans un quartier résidentiel, 56 via Bruxelles, la « Villa Badoglio », entourée d’un parc, était un palais de quinze pièces assorti de huit domestiques.  Ce luxueux Palais est depuis plusieurs années le siège de l’Ambassade de Chine en Italie.

RCA Victor qui, pour la première fois de son histoire, avait signé un contrat avec un inconnu le 15 mars 1945, voit ses ventes de disques et ses bénéfices battre tous les records. Ses disques se vendront par millions. Mario Lanza vend plus de disques que tout autre, y compris son ami Frank Sinatra. Outre le single « Be My Love », qui en 1968 c’était vendu à plus de 11 millions d’exemplaires (un exploit pour un artiste classique!), de nombreuses chansons seront composées spécialement pour lui qui feront le tour du monde. Sam Weiler, son impresario dira : « Mario Lanza transformait en or tout ce qu’il touchait ». En cinq ans il remportera 11 disques d’or et de nombreux trophées.

Sammy Cahn qui écrivit les textes de nombreuses chansons, notamment pour Frank Sinatra, dira : « Si vous n’avez entendu Mario Lanza qu’à travers des disques, des bandes magnétiques ou au cinéma, alors vous ne l’avez jamais entendu. Aucun appareil de reproduction ne peut retransmettre la beauté et la puissance d’une telle voix ! Elle vous sort les tripes du ventre ! Même si sa voix nous parait magnifique au disque, elle n’est qu’une pâle copie de la réalité.»

La Première de son troisième film, « Le Grand Caruso », a lieu au célèbre Chinese Theatre d’Hollywood le 29 mai 1951, en présence de la Presse et de tout le gotha d’Hollywood : Artur Rubinstein et les plus grands acteurs américains, Clark Gable, James Stewart, Lana Turner, Elisabeth Taylor, Jane Powell…

La salle est comble. Le film est salué par une interminable standing ovation. Dean Martin résume en trois mots la sensation ressentie par le public ébloui : « Mario crève l’écran ! » Le 10 juin 1951, Le Grand Caruso est projeté au Radio City Music Hall de New York, la plus grande salle de cinéma des Etats-Unis (5 882 places). 1 250 000 spectateurs verront le film dans cette salle au cours des dix premières semaines. La queue s’étendait jusqu’au Rockefeller Center. Le film sera distribué dans de très nombreux pays y compris dans les pays de l’Est et l’Union Soviétique.

Selon Johnny Green, directeur musical de la MGM, en 1968 Le Grand Caruso avait déjà rapporté 40 millions de dollars de bénéfices à la célèbre compagnie.

Et la carrière du film était loin d’être terminée. Le Grand Caruso fera plusieurs fois le tour du monde dans les salles de cinéma. Il est encore programmé à la télévision.

Le Grand Caruso se révèle être un monument cinématographique et musical. C’est le film le plus chantant. On y dénombre pas moins de 27 séquences chantées, dont 16 arias et duos, interprétés par Mario Lanza avec un exceptionnel brio.

Les plus grandes stars du Metropolitan Opera: Dorothy Kirsten, Jarmila Novotna, Blanche Thebom, Nicolas Moscona, Giuseppe Valdengo… sont choisies par le maestro Peter Herman Adler pour donner la réplique à Mario Lanza qui les a toutes éblouies. Le Grand Caruso pulvérise non seulement tous les records de recettes de l’année 1951, mais aussi tous les records au box-office du cinéma mondial. Ce film installe Mario Lanza au premier rang des plus grandes stars mondiales.

Le fils cadet de Caruso, Enrico Caruso Junior, très conscient de l’hommage exceptionnel que Mario Lanza a rendu à son père en le faisant revivre avec un spectaculaire éclat dans son film Le Grand Caruso, écrira dans sa biographie (« Enrico Caruso, My Father and My Family », Amadeus Press, Oregon, 1999) :

« C’est Mario Lanza qui a fait le succès du film. Avant Mario Lanza et après Mario Lanza, aucun ténor n’aurait pu incarner avec un tel talent vocal et une telle justesse de jeu, la vie de mon père. Mario Lanza est né en même temps qu’une douzaine de très grands ténors. Sa voix naturelle innée est parfaitement placée, avec un timbre splendide, un infaillible instinct musical manifestement absent chez la majorité des autres grands ténors. Sa diction parfaite n’était égalée que par Giuseppe Di Stefano. Sa façon de se donner entièrement dans son chant, son phrasé toujours juste et somptueux, des qualités avec lesquelles peu de chanteurs sont nés et que d’autres n’atteindront jamais. Nous ne devons pas oublier aussi que Mario Lanza excelle dans le double registre de la musique classique et de la musique populaire, un résultat bien au dessus du talent exceptionnel de mon père. Mario Lanza est mon ami. »

Le Maestro Peter Herman Adler dira : « Si Mario Lanza avait abandonné le cinéma pour se consacrer à l’opéra, aucun ténor n’aurait jamais osé se comparer à lui ! »

Le disque du film « Le Grand Caruso » est aujourd’hui encore, le seul disque d’opéra à s’être vendu à plusieurs millions d’exemplaires.

En juin 1951, Mario Lanza anime sa propre émission hebdomadaire de radio qui sera diffusée dans tout le pays jusqu’en septembre 1952: « The Mario Lanza Show », sponsorisée par Coca-Cola. Au cours de ces 69 émissions enregistrées en public le dimanche après-midi devant 1 200 personnes, il chantera quelque 245 arias et chansons et gagnera 5 300 dollars par émission, soit plus de 100 000 dollars actuels, ou 25 000 dollars… par chanson ! Car lors de chaque émission il ne chantait que quatre chansons, ses invitées en chantant deux.

Pavarotti dira : « Pour gagner beaucoup d’argent, il faut  d’abord être très célèbre et avoir aussi beaucoup de talent. »

Après Le Grand Caruso, la MGM souhaite revenir aux comédies musicales qui étaient en vogue à l’époque. Le studio lui impose un film au scénario ridicule qu’il ne veut pas tourner : Because You’re Mine (Tu es à moi). Ce scénario est tellement mauvais que Mario fait des pieds et des mains pour ne pas faire ce film. Il retardera le tournage le plus longtemps possible et entrera ouvertement en conflit avec son employeur.

Mais les chansons et arias du film qu’il a enregistrés sont excellents. Qu’il s’agisse de Granada, de Because You’re Mine (la chanson-titre), d’Addio alla Madre (Cavalleria Rusticana), de The Lord’s Prayer… Finalement, le film sera réalisé, et sera même un succès. Il fera l’objet de la « Royal Command » par la Reine Elizabeth.

A la suite d’un profond désaccord avec le metteur en scène de son cinquième film Le Prince Etudiant, Mario Lanza refusera, malgré l’insistance de ses proches de retourner aux studios et il sera révoqué par la MGM, dont Louis B. Mayer, son protecteur, avait été écarté.

Voici ce que disait Louis Mayer en 1952 : « Quand vous avez la chance d’avoir une orchidée très rare, vous ne la plantez pas au milieu de votre pelouse comme un pissenlit. Vous lui prodiguez les soins les plus affectueux et les plus attentifs. Sur la pelouse elle va mourir. Si j’étais resté à la tête de mon studio, studio que j’ai construit et développé pour en faire le plus grand du monde, il n’y aurait jamais eu de problème avec Mario Lanza. »

Mario Lanza sera remplacé par l’acteur Edmond Purdom qui chantera en playback avec la voix de Lanza, celui-ci ayant préalablement enregistré, magnifiquement, les chansons du film.

Malgré le talent de Purdom, le film ne sera pas un succès. Il lui manquait à l’évidence la présence physique et le charisme de Mario Lanza. En revanche, le disque RCA Victor du Prince Etudiant se vendra à plusieurs millions d’exemplaires et lui rapportera 3 disques d’or.

Révoqué en septembre 1952 par la MGM avec un énorme procès à la clé, Mario Lanza se voit privé de toute source de revenus. Il lui est interdit de tourner de nouveaux films, d’enregistrer de nouvelles chanson et de donner des concerts jusqu’à l’échéance de son contrat de 7 ans avec la MGM.

De plus il apprend que son impresario et homme d’affaires, Sam Weiler, a perdu, à la suite d’investissements hasardeux les sommes colossales qu’il avait gagnées et qu’il n’a pas payé une partie des impôts du ténor (200 000 dollars).

Incapable de s’acquitter de ce montant, le Fisc américain met les royalties du ténor sous séquestre. Au bord de la faillite, Mario Lanza entre alors dans une longue période de dépression. Il compensera son stress par l’abus de nourriture, d’alcool et par des incartades extra conjugales qui seront amplement commentées et amplifiées par la Presse people d’Hollywood.

En 1955, après trois années noires, Mario Lanza est sollicité simultanément par toutes les « Majors » (les plus grands studios de cinéma) : United Artists, Columbia, Paramount, Warner Bros, Twentieth Century Fox.

Il tournera « Serenade » pour Warner Bros. Un film, d’une durée de deux heures. Le film le plus riche jamais réalisé à ce jour en séquences d’opéra. Mario Lanza aura notamment pour partenaire Licia Albanese, la grande soprano italienne du Met, qui eut pour partenaires les plus grands ténors, Gigli, Di Stefano, Del Monaco, Jobin… et qui chanta sous la baguette de Toscanini. Elle donne la réplique à Lanza dans le duo du mouchoir d’Otello (un « must », voir le CD « Mario Lanza, Arias and Duets », RCA Victor – Sony BMG).

Elle fut émerveillée par la puissance de sa voix et la force de son interprétation. Elle disait, parlant de Lanza : « Sa voix avait la puissance de Caruso et la douceur de Gigli. Mon cœur se brisa quand il mourut.  » Elle ajoutera : « Mario Lanza était incroyable ! Il pouvait imiter à s’y méprendre non seulement Sinatra, Louis Armstrong ou Dean Martin, mais aussi tous les chanteurs d’opéra, Martinelli, Schipa, Gigli, Caruso… et même la basse Ezio Pinza ! »

Drôle et plein d’humour, il s’amusait à imiter au téléphone des stars, des producteurs, des metteurs en scène et des journalistes, à qui il faisait des farces cocasses. Les anecdotes foisonnent à ce sujet.

La grande soprano Renata Tebaldi viendra lui rendre visite sur le plateau de Sérénade. Elle aura la larme à l’œil en écoutant son interprétation de Nessun dorma, et dira : « Mario Lanza avait la voix d’un ange, mais quand il chantait à pleins poumons ça déménageait ! »

Le 17 mai 1957, après avoir donné la veille une grande fête pour sa famille et ses amis au Waldorf Astoria de New York, Mario Lanza, sa femme et leurs quatre enfants, embarquent sur le paquebot Giulio Cesare et quittent les Etats-Unis pour l’Italie.

Onze jours plus tard, sur le port de Naples, Mario Lanza et sa famille seront accueillis, par une foule en liesse. De grands calicots souhaitent la bienvenue en Italie au successeur de Caruso.

Le fils cadet de Caruso invitera Mario Lanza chez lui et l’honorera de la prestigieuse récompense « Enrico Caruso Award ». L’Italie fêtera Mario Lanza comme l’enfant prodige qui revient au pays. Plusieurs récompenses lui seront décernées, dont « Il Maschero d’oro » (le masque d’or) qui honore l’artiste qui a le plus contribué à faire connaître dans le monde le Bel Canto et la musique populaire italienne.

Mario Lanza sera fait « Citoyen d’honneur » de la ville de Naples.

A Cinecittà, il tournera deux films: « Arrivederci Roma » (Les Sept Collines de Rome – 1957) et « Come prima » ou « For The First Time » (La fille de Capri -1958). Il enregistrera dans les studios « Angelico » du Vatican et de Cinecittà, une soixantaine de chansons qui donneront naissance à de magnifiques albums dont deux « must » : « Mario at his best » et « Mario Lanza sings Caruso Favorites ».

Lorsqu’il enregistra sur la scène de l’opéra de Rome des arias pour son film Come Prima  (Titre américain : For The First Time), il fit bondir d’enthousiasme et d’émotion les musiciens de l’orchestre, eux qui avaient tout vu et tout entendu et qui nourrissaient quelques préventions à l’égard de la « star américaine de cinéma », encore jamais entendue par eux en spectacle vivant.

Riccardo Vitale, directeur artistique de l’Opéra de Rome, qui avait assisté à ces enregistrements, s’empressera de lui proposera de faire l’ouverture de la saison 1960/1961 à l’Opéra de Rome.

Simultanément, il recevra du Maestro Victor de Sabata, directeur de la Scala de Milan, qui le sollicitait depuis plusieurs années, une proposition pour Tosca  ou pour tout autre ouvrage qu’il souhaiterait interpréter.

En 1957 et 1958, Mario Lanza donnera une série de concerts en Europe : Angleterre, Ecosse, Pays de Galles, Belgique, France, Pays-Bas, Allemagne. Le 18 novembre 1957, il chantera au Palladium de Londres en présence de la Reine Elisabeth d’Angleterre, de la famille royale et de 2 300 spectateurs, pour le Gala de charité du Variety Club où il est « la » star devant deux autres célébrités, Judy Garland et Count Basie.

Le public qui ne l’avait jamais entendu « in live » est stupéfait par la puissance et la qualité de la voix. La presse londonienne est enthousiaste et unanime. The News Chronicle : « La voix de Mario Lanza en concert n’est rien de moins que splendide »

Pour le concert du 16 janvier 1958, au Royal Albert Hall de Londres, on vendit même des billets pour des places sur la scène. Mario Lanza chante sans micro devant 8000 personnes entassées dans cette caverne immense à l’acoustique déplorable où la voix peut se perdre et devenir inaudible, comme cela arriva à Dietrich Fischer-Dieskau.

Ce concert, le seul enregistré de cette tournée européenne, fut un triomphe : l’homme Lanza s’y révélait, en parlant avec intelligence, gentillesse et espièglerie, créant un lien évident et émouvant avec le public. (Mario Lanza Live from London). Le ténor Nicolaï Gedda, présent dans la salle, déclare: « C’est la plus grande voix que j’aie jamais entendue ! »

Richard Bonynge, directeur de l’opéra de Londres, et son épouse, la soprano Joan Sutherland, qui assistaient à ce concert, déclareront : « Nous savions que dans les films la voix est amplifiée, mais nous ne nous attendions pas à entendre une voix d’une pareille dimension ni d’une telle musicalité. Nul doute que Mario Lanza aurait pu faire une fantastique carrière à l’Opéra ».

C’est au cours de cette tournée de concerts que la santé du ténor va se dégrader progressivement même si les spectateurs ne s’en rendirent pas compte car « sa voix était plus belle, plus sombre et plus riche que jamais », comme le dira Callinicos, son accompagnateur, qui ajoutera : « Elle me donnait le frisson ! ».

On peut simplement constater, comme on peut le voir sur Youtube lors du concert au Palladium de Londres, qu’il n’arrêtait pas de se balancer d’une jambe sur l’autre, car une phlébite le faisait souffrir. Le professeur de médecine consulté à Hambourg confirmera la présence d’une phlébite dans sa jambe droite, constatera une hypertension artérielle avec un maxima à 29 et un cœur fatigué. Il lui conseillera de se ménager d’urgence et très sérieusement, à défaut de mourir dans l’année.

Mario Lanza vivait, c’est bien connu, à 100 à l’heure. Jeff Rense, un de ses biographes, dira: « C’est comme si deux ou trois hommes cohabitaient à l’intérieur du même corps. » Sa vie professionnelle était depuis dix ans un incessant tourbillon. Entre la promotion des films qui se succédaient, les tournages qui s’enchainaient, les émissions de radio et de télévision, les très nombreux enregistrements pour RCA, et les tournées de concerts, il n’avait que trop rarement le temps de prendre du repos.

A une journaliste, en l’occurrence la célèbre Hedda Hopper, qui lui demandait en 1956 pourquoi il n’était toujours pas propriétaire d’une résidence, il répondit : « Je n’ai jamais eu encore le temps de rechercher la villa de mes rêves ! »

A ce surmenage physique et nerveux, il faut ajouter les nombreuses cures d’amaigrissement, obligatoires avant chacun de ses films. Plus il perdait rapidement du poids, et plus il en regagnait, c’est un phénomène bien connu. Ces diètes trop souvent répétées étaient pour lui une violente torture physique qu’un être humain ne peut supporter longtemps sans mettre gravement sa santé en danger.

Le concert de Paris sera écourté et ceux de Hambourg et de Baden-Baden seront annulés.

Hospitalisé pour des examens médicaux à la clinique Valle Giulia de Rome, Mario Lanza mourra subitement d’un arrêt cardiaque consécutif à sa phlébite, au moment où il s’apprêtait à quitter la clinique le 7 octobre 1959. Il avait à peine 38 ans.

Une infirmière le découvrira inanimé. Il était assis sur un fauteuil à côté de son lit avec sur ses genoux un disque qu’il venait de dédicacer. Il attendait son chauffeur pour le conduire chez lui.

La veille de sa mort, il avait chanté pour le personnel de la clinique et les malades, « Come Prima » et « E lucevan le stelle ». Puis, exténué il était retourné dans sa chambre s’allonger sur son lit.

Gigantesque dans la mort comme dans la vie, Mario Lanza aura trois funérailles grandioses à Rome, Philadelphie et Hollywood où il sera inhumé dans la crypte de la chapelle du Holy Cross Cemetery à Culver City. Son épouse Betty repose à ses côtés. Elle ne surmontera pas la mort de son mari et mourra cinq mois après lui, le 11 mars 1960, à l’âge de 36 ans, d’une surdose de tranquillisants. Elle sera inhumée avec la modeste alliance que Mario lui avait achetée en avril 1945 pour 6,95 dollars et qu’elle n’avait jamais quittée.

Leur fille aînée, Colleen, dira : « Maman est morte le 7 octobre 1959, le jour de la mort de papa »

Mario Lanza était admiré par ses pairs : Tito Schipa, Robert Weede, Robert Merrill, Dorothy Kirsten, Giuseppe Di Stefano, Carlo Bergonzi, Alfredo Kraus, Lawrence Tibbett, Ezio Pinza, Oreste Kirkop, Richard Tucker et bien d’autres.

Maria Callas dira : « Tant au niveau de la voix que de la technique, Mario Lanza était un génie ». Elle regrettera de n’avoir jamais eu l’opportunité de chanter « avec la plus belle voix qu’elle eut jamais entendue ».

Deux grands « anciens » et non des moindres, Renata Tebaldi et Jussi Bjoerling, déclarèrent ne pas pouvoir écouter la voix de Lanza, que Tito Schipa qualifiait de « don du ciel », sans avoir les larmes aux yeux. Tous deux lui rendirent visite à Hollywood.

De très nombreux chanteurs, à commencer par les « Trois Ténors », Pavarotti, Domingo et Carreras, déclareront avoir eu leur vocation inspirée par Mario Lanza. Tous admireront ses interprétations passionnées, son emprise sur l’auditoire, son timbre splendide, ses aigus aisés et ses médiums sombres et cuivrés, sa diction parfaite et surtout l’extraordinaire émotion dégagée par sa voix unique.

En 1982, Luciano Pavarotti dira : « La voix de Mario Lanza était sensationnelle ! Pas seulement magnifique, sensationnelle ! Depuis que Mario Lanza est mort, Caruso n’a plus de successeur, il n’a que des apôtres ! » Il ajoutera : « J’ai vu tous les films de Mario Lanza. Pour moi, Caruso, Mario Lanza et Maria Callas, furent les trois plus grands ambassadeurs du monde moderne de l’opéra ».

Parmi l’actuelle génération on peut citer : Richard Leech, Richard Margison, Vincenzo La Scola, Mario Frangoulis, Aaron Caruso, Joseph Calleja, Renée Fleming, Angela Georghiu, Roberto Alagna, sans parler des lauréats du « Concours international de chant Mario Lanza » : Juan Diego Flores, Joyce di Donato…) qui se tient tous les ans depuis 1961 à Philadelphie, sous l’égide du Mario Lanza Institute, le premier week-end de Novembre.

La soprano Olivia Stapp dit : « L’héritage que Mario Lanza a laissé du point de vue d’un chanteur, est énorme. Bien que sa vie privée fût probablement tout aussi intéressante et parfois même plus pour certains, il ne fait aucun doute qu’il nous a laissé avec ses enregistrements et ses films, un formidable testament, celui de son lumineux génie. Exactement comme la Cathédrale Notre Dame de Paris, surprend et inspire les jeunes architectes d’aujourd’hui, et le fera encore dans l’avenir, Mario Lanza en fera de même pour les jeunes chanteurs les temps à venir. » Quel hommage !

Il faut évoquer ses extraordinaires interprétations des chansons italiennes : non seulement les standards planétaires (O Sole Mio, Santa Lucia, Torna A Surriento…), mais aussi et surtout les grandes et éternelles « mélodies sombres » napolitaines chantées avec un accent et une justesse qui stupéfiaient même les italiens : Santa Lucia Luntana, ‘Na Sera ‘e Maggio, Dicitencello Vuie, Passione, La Mia Canzone, Vaghissima Sembianza, Senza Nisciumo, Ideale, Fenesta Che Lucive… De l’or pur !

Ces chansons, familières de Caruso, parlent de la vie, de la mort, de l’amour, de la solitude, du temps qui passe, en bref de la condition fragile de l’homme. Ce qui faisait dire à Lanza, fils de l’Amérique, petit-fils de l’Italie qui portait en lui la tragédie et qui avait le pressentiment de sa mort prématurée: « La vita è breve, la morte vien ! » (La vie est courte, la mort vient)

On ne peut rendre justice au talent de Mario Lanza sans évoquer ses interprétations des airs de Francesco Paolo Tosti, mélodiste fin et délicat et des poèmes magnifiques de Gabriele d’Annunzio, mis en musique par Tosti, et dont Lanza raffolait, montrant son éclectisme, son bon goût et son amour des « belles paroles » (« Je chante toujours chaque mot et chaque note comme si c’était la dernière fois, comme si ma vie en dépendait ! »).

Là encore, de l’or pur. Et nul ne s’y trompe, ni Plácido Domingo qui reprend certains airs comme « Ideale », en duo avec le violon d’Itzhak Perlman, ni Ben Heppner, qui consacre un très bel album aux mélodies de Tosti, intitulé « Ideale », ni Richard Leech, avec son magnifique album « From the Heart ».

Ces grands artistes marchent fièrement dans les traces de Mario Lanza et ne s’en cachent pas. Domingo lui a consacré un DVD « Mario Lanza, The American Caruso » et rédigé la préface de la biographie en anglais d’Armando Cesari « Mario Lanza An American Tragedy ».

Richard Leech ne cesse de multiplier les hommages au Met de New York, tandis que José Carreras lui dédie de nombreux concerts au tour du monde. Il est président d’honneur de la British Mario Lanza Society.

On n’aura pas non plus rendu justice à Mario Lanza si l’on n’a pas évoqué ses interprétations de chants religieux, comme : The Lord’s Prayer, You’ll Never Walk Alone, I’ll Walk With God, les Ave Maria de Schubert et de Gounod ; Holy Night (Minuit Chrétiens)…, lui le jeune italo-américain du quartier de Little Italy, l’enfant de chœur de l’église italienne de Santa Maria Magdalena dei Pazzi, où à l’âge de 18 ans il fit tressaillir les paroissiens en chantant l’Ave Maria et où son corps fut exposé pour ses secondes funérailles (après celles de Rome et avant celles d’Hollywood).

Cette même église où est célébrée tous les ans depuis 1961, le dimanche matin du Concours International de Chant Mario Lanza, une messe en sa mémoire.

Le jour de l’enregistrement de « I’ll Walk With God » pour la bande-son du film « Le Prince Etudiant », en passant en voiture devant l’Eglise du « Good Shepherd » (Bon Berger), sur Sunset Boulevard, Mario Lanza demanda à son ami Terry Robinson de s’arrêter pour qu’il puisse se recueillir et prier quelques instants seul. Puis il se rendit au studio de la MGM où il enregistra ce chant avec une ferveur inégalée et d’une seule prise (Quelle inspiration !). Quand il eut fini de chanter, Wesley Tourtelot, l’organiste qui l’accompagnait, avait les larmes aux yeux !

Le même phénomène se reproduira en 1956, lorsqu’il enregistrera « Nessun dorma » pour son film Sérénade. Le premier violon avait les larmes qui lui coulaient des yeux au fur et à mesure que Mario Lanza chantait, dira le maestro Ray Heindorf qui conduisait l’orchestre.

Mario Lanza aura vécu en pleine célébrité pendant 10 ans. Il aura traversé le ciel étoilé du Bel Canto à la vitesse d’une comète et aura laissé plus de traces que tout autre. Même si on peut regretter qu’il ne nous ait pas laissé des enregistrements d’opéras entiers. RCA ne le lui a proposé que quelques mois avant sa mort.

Mais qui aurait imaginé que Mario Lanza allait partir à seulement 38 ans.

 

 

Marcel Azencot et Alain Fauquier ont connu Damon Lanza, fils de Mario Lanza, et Bob Dolfi

qui vécut de nombreuses années avec les parents et les enfants du ténor après la mort prématurée de celui-ci.

 Grâce à eux ils ont eu accès à de nombreux documents d’archives.

Ces deux émissions ont été diffusées les dimanches 15 et 22 avril 2012 à 9h35

Au programme, vingt sensationnelles mélodies et grands airs d’opéra écrits par de célèbres compositeurs: Lara, D’Hardelot, Leoncavallo, Verdi, Brodsky, De Curtis, Giordano, Gastaldon, Mascagni, Ponchielli, Romberg, Tosti… Plusieurs enregistrements diffusés étaient inédits.

Deux heures d’émotion et de bonheur!

Le répertoire extraordinairement riche et éclectique de Mario Lanza a permis aux auditeurs d’apprécier l’étendue de son immense talent et de découvrir ou de redécouvrir une voix incomparable que Plácido Domingo considère comme « la » référence absolue.

A l’issue de la première et de la seconde émission, de nombreux auditeurs ont appelé Radio Aligre pour faire part de leur satisfaction et de leur émotion.

Vous pouvez réécouter ces deux émissions en cliquant sur: « Cappuccino« , puis sur podcaster.

Vous pouvez aussi consulter le dossier (Mario Lanza: ténor de légende) sur Aligre.fm.

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Vif succès du Concert Passion Bel Canto salle Rossini

novembre 7th, 2011 par Alain Fauquier


Le 15 décembre 2011

Le concert Passion Bel Canto, organisé le 14 décembre 2011 par l’Opéra Club de Paris Mario Lanza dans l’accueillante et confortable Salle Rossini de la Mairie du 9ème arrondissement, fut un beau concert et il a connu un vif succès.

Au programme: des grands airs d’opéra du répertoire italien et des mélodies napolitaines rendues célèbres par les plus grands artistes: Caruso, Gigli, Ponselle, Lanza, Tebaldi, Pavarotti et bien d’autres pour n’en citer que quelques uns. Le public s’est pressé nombreux, la salle (300 places) était pleine, pour entendre ces magnifiques arias et chansons, interprétés par les talentueux artistes lyriques de l’association.

Notons que ces professionnels du chant d’opéra sont tous venus bénévolement pour « enchanter » de leurs belles voix un public averti, amateur d’art lyrique.

La soirée était placée sous la présidence d’honneur de notre grande soprano française Madame Renée DORIA, de l’Opéra de Paris, qui adressa à l’issue du concert qui dura près de 2 heures, ravie et comblée, aux responsables de l’association, ses félicitations pour l’organisation de cet événement.

Monsieur Thierry CAZAUX, Conseiller d’arrondissement délégué au patrimoine et à la culture à la Mairie du 9ème, prononça quelques mots d’accueil en début de spectacle et resta toute la soirée.

Les prestations de tous les intervenants, chanteurs et musiciens, furent saluées par des applaudissements sincères et nourris, et le public comblé quitta la salle dans la bonne humeur, certaines personnes sifflotant ou fredonnant comme nous avons pu l’entendre, « La donna è mobilé » ou « O Sole Mio ». D’autres demanderont la date du prochain concert.

N’oublions pas le présentateur, Jean KRIFF, véritable « chef d’orchestre » qui anima la soirée avec humour et esprit, le tout dominé par une parfaite connaissance de l’opéra et de la musique. Un grand professionnel à qui le public décerna de très nombreux applaudissements.

Ce concert ayant été filmé nous en insérerons prochainement quelques extraits sur le site.

Les chanteurs:

Carlo CIABRINI, ténor
Dorothée PERREAU, soprano
Hyalmar MITROTTI, baryton-basse
Liliana SALLUSTIO, soprano invitée

Les musiciens:

Emmanuel BELLANGER, piano et violoncelle
Franz MICHEL, piano (invité)

Présentateur:

Jean KRIFF

PROGRAMME

Ah ! non credea mirarti : LA SONNAMBULA, Acte II (Bellini) par Dorothée PERREAU

Notturno (Bellini)par Emmanuel BELLANGER au violoncelle et Franz MICHEL au piano

Ella giammai m’amo : DON CARLO, Acte IV (Verdi) par HyalmarMITROTTI

E lucevan le stelle : TOSCA, Acte III (Puccini) par Carlo CIABRINI

O Mio Babbino Caro : GIANNI SCHICCHI (Puccini) par Dorothée PERREAU

Un ignoto, tre lune : I MASNADIERI, Acte III (Verdi) par HyalmarMITROTTI

Vesti la giubba : I PAGLIACCI, Acte 1 (Leoncavallo) par Carlo CIABRINI

E Susanna non vien ! : LE NOZZE DI FIGARO, Acte III (Mozart) par Dorothée PERREAU

La donna è mobile : RIGOLETTO, Acte III (Verdi) par Carlo CIABRINI

Lungi dal caro bene : GIULIO SABINO, (Sarti) par Liliana SALLUSTIO

Un bel di vedremo : MADAMA BUTTERFLY, Acte II (Puccini) par Liliana SALLUSTIO

“Norma” (Bellini) – Thème et variations pour piano de Louise Farenc par Emmanuel BELLANGER

Non t’amo più (Tosti) par HyalmarMITROTTI

O Sole Mio (Di Capua) par Carlo CIABRINI

I’ te vurria vasà (Di Capua) par Liliana SALLUSTIO

La Calunnia : IL BARBIERE DI SEVIGLIA, Acte 1(Rossini) par HyalmarMITROTTI

Marechiare (Tosti) par Liliana SALLUSTIO

Santa Lucia(Cottrau) par Liliana SALLUSTIO

En savoir plus sur les interprètes :

Carlo CIABRINI
Ténor d’origine Corse, Carlo Ciabrini chante tous les rôles du répertoire italien et français: Rigoletto, Tosca, Traviata, Faust, Werther… Après avoir étudié le chant à l’âge de 19 ans avec la soprano
Renée Doria puis avec le ténor Umberto Valdarnini, Carlo Ciabrini fréquentera les ténors Giacomo Lauri-Volpi, Gianni Raimondi et Carlo Bergonzi qui lui prodigueront leurs ultimes et précieux conseils. Carlo Ciabrini s’est produit à Paris, en province et en Italie avant d’être engagé pour plusieurs saisons comme premier ténor par l’Opéra National de Bucarest. Depuis ces dernières années Carlo Ciabrini participe, aux côtés de Gabriel Bacquier, d’Andréa Guiot et de Michèle Command, au jury du Festival international de chant lyrique de Canari (Haute-Corse). Il se consacre aujourd’hui à l’enseignement du chant d’opéra et collabore à la société MALIBRAN-MUSIC dont son épouse est la directrice.

Dorothée PERREAU
Dorothée Perreau découvre les premières joies du chant dès l’âge de 5 ans dans les chorales « A Cœur Joie » de Lyon. En 1980, elle rentre au Conservatoire National de Région de Lyon en formation musicale et en flûte traversière, dans la classe de Paule Riche, où elle fera toute sa scolarité musicale jusqu’aux classes de Diplôme de Fin d’Etudes. A 20 ans, elle commence à travailler sa voix dans la classe d’Eve-Pia Manceau, en parallèle de son parcours d’ingénieur agronome. Baddia Haddad (Beyrouth), Kim Lee (St Maurice) et Anna-Maria Bondi (Schola Cantorum de Paris) lui enseignent la technique vocale au gré de l’évolution de sa situation familiale et professionnelle. Elle travaille aujourd’hui avec Philippe Degaetz au Conservatoire d’Antony (92) et vient d’obtenir le Prix d’Excellence de la Confédération Musicale de France avec mention très bien. Elle obtient en 2008 une mention au Concours de Chant Sacré à Paris et démarre les concerts en soliste. En 2009, elle intègre la « Pépinière des Voix » d’Agnès Mellon, sur le thème de la musique sacrée baroque allemande. Elle chante actuellement la Petite Messe Solennelle de Rossini à l’église de la Madeleine à Paris.

Hyalmar MITROTTI
Baryton-basseBaryton-basse colombien, Hyalmar Mitrotti est issu d’une famille de réalisateurs. Il fait des études de cinéma au Canada puis en France. Il étudie parallèlement le théâtre et le chant, notamment à la Guildhall School of Music and Drama de Londres où il travaille entre autres avec Graham Johnson, Robin Bowman, Susan Walker, Emma Kirkby. Actuellement, il se perfectionne auprès de Lionel Sarrazin et de la chef de chant Anne-Marie Fontaine de l’Opéra de Paris. Il a collaboré avec des compagnies telles que Grange Park Opera, British Youth Opera, le Théâtre du Châtelet aux côtés d’artistes tels que Bryn Terfel, Cynthia Makris, Placido Domingo, Cristina Gallardo Domas. Egalement concertiste il se produit régulièrement dans des oratorios ainsi qu’en récital en France, Royaume-Uni, Uruguay, République Tchèque, Colombie… En octobre 2011 il joue le rôle-titre des Nozze di Figaro de Mozart au Théâtre Adyar dans une mise en scène d’Humbert Carmelo de l’Opéra National de Paris.

Liliana SALLUSTIO
C’est dans un climat baigné de chant et de musique, dans la tradition pleinement italienne que naît et grandit Liliana Sallustio. Originaire du Molise en Italie (région natale du père de Mario Lanza), elle naît en Belgique où, avec ses 6 frères et sœurs, le chant, le piano, la guitare retentissent à tout moment pour exprimer toutes les émotions qui frappent en plein cœur. Elle puisera son abondante créativité dans la force et l’ambiance d’une famille pleine de courage, de joie de vivre et de sagesse. Elle se produit dès le plus jeune âge, dans le domaine du chant, de la danse et du théâtre, encouragée et soutenue par sa marraine, organisatrice de spectacles.

Parallèlement, elle poursuit ses études linguistiques auxquelles se succèderont les études musicales et théâtrales. Après une formation pianistique, elle couronnera son travail par ses diplômes de chant et art lyrique. Liliana Sallustio se spécialise et traverse l’Europe - Italie, France, Allemagne, Hollande – à la rencontre des Maîtres et écoles de chant les plus illustres pour réaliser une véritable synthèse des écoles qui fera naître sa propre méthode de chant et de chant pour solfégistes. Son insatiable passion pour le bon goût, lui dictera les choix à faire pour respecter la Musique et la Littérature à leur plus haute expression. Elle se produit en Récitals, Concerts, Rôles d’opéra en Europe, depuis 1994, sous la baguette des chefs tels que M° Antonio Tonini, M° Nicola Giusti, M° Massimo Scapin, M° Brian Priestman…Depuis 2006, Liliana Sallustio se partage entre des récitals à Paris, des enregistrements (sélection de mélodies, Lieder, airs d’opéra dans plusieurs langues), des recherches historiques et musicologiques et la transmission pédagogique.

Son impressionnant répertoire embrasse l’ensemble de la musique vocale; de la naissance du chant à nos jours, mêlant l’opéra, l’oratorio – musique sacrée, mélodie – Lied, musique de chambre jusqu’aux chansons traditionnelles italiennes et le gospel, ce qui lui confère l’originalité de projets de concerts et de récitals, salués originaux par le haut milieu culturel.

Emmanuel BELLANGER
Emmanuel Bellanger débute le piano à l’âge de 5 ans et le violoncelle à 7 ans. Il se perfectionne auprès de Guy Besnard et Roland Pidoux au violoncelle et de Pascal Dumay et Marie-Christine Calvet au piano. Il achève son cursus au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec plusieurs premiers prix: violoncelle, musique de chambre, harmonie, contrepoint. Comme pianiste, il obtient en 2000 un prix de musique de chambre au Concours International de Cortemilia en Italie. Pianiste accompagnateur au Conservatoire d’Antony et de Vernon de la classe de chant de Philippe Degaetz, violoncelliste à l’orchestre Pasdeloup, il est également compositeur, auteur notamment d’un hymne pour choeur et orchestre, de préludes pour piano et d’arrangements pour différentes formations, soprano, chœur et orchestre. Emmanuel Bellanger se produit en concert au piano dans des récitals de chant, ainsi qu’au violoncelle au sein du trio à cordes Bellanger et de l’ensemble de musique contemporaine « Cordes Mêlées » qu’il a fondé.

Jean KRIFF
Jean Kriff est né dans une famille d’artistes : son arrière grand-père était metteur en scène à la Monnaie de Bruxelles en 1900 ; sa mère était danseuse ; son père, Edouard Kriff, fut un grand ténor de l’opéra de Paris. Jean Kriff a commencé le piano à l’âge de 5 ans, le chant et la comédie à 19, le tour de chant à 24, le théâtre lyrique à 34 où il s’est frotté à la musique contemporaine: Darius Milhaud, Guy Roparz, Henri Tomasi, Bernard Videau et d’autres ; la mise en scène et la création de deux festivals à 40 ans ;les conférences à 50 ; la rédaction de nombreux articles sur l’opéra et la musique à 60. Jean Kriff a aussi enregistré quelques disques d’opérette d’Offenbach: Les deux pêcheurs, Les deux aveugles, La rose de Saint-Flour, La leçon de chant électromagnétique, Ba-ta-clan. Il a chanté en français, italien, espagnol, allemand, anglo-américain et même hébreu. Il dit avec modestie et humour : « Mon père a été un grand artiste, moi, j’ai plutôt boxé dans les légers ». Techniquement Jean Kriff a toujours sa voix, seule sa santé le contraint à la préserver précieusement.

Renée DORIA
Il n’est pas aisé de résumer en quelques lignes une carrière hors normes, aussi longue et aussi dense que celle de notre grande cantatrice française Renée Doria. Qu’on en juge : Renée Doria c’est 50 ans de carrière ; 76rôles à l’opéra dont plus de 300 fois celui de Violetta de la Traviata ; 125 rôles à la Radio ; de nombreuses « intégrales » au disque et 2500 représentations en concert.

Très précoce, cette catalane autodidacte commença le chant professionnel dès l’âge de 15 ans, s’accompagnant parfois elle-même au piano, d’abord à Perpignan, puis à travers le Midi de la France jusqu’à la fin de 1941. Renée Doria fit ses débuts à l’âge de 20 ans à l’Opéra de Marseille dans le rôle de Rosine du Barbier de Séville, créa à l’Opéra de Mulhouse, avec Ninon Vallin, Rocio, un opéra de Maurice Perez dont l’air le plus connu est La prière de Milagros. Dès lors, et pour trois décennies, le monde du théâtre lyrique devait l’accaparer.

Elle chanta sur toutes les scènes de France, en Hollande et en Italie. Cependant, à chaque occasion, la virtuose revenait à ses premières amours : le lied. Après le succès de l’intégrale des Contes d’Hoffmann, avec Cluytens, Renée Doria choisit de confier au disque, en première mondiale, La Vocalise en forme de habanera, de Ravel, (vrai registre de mezzo) (1959) ; Cinq ans plus tard, Emile Vuillermoz, élève de Fauré, la désigna pour graver en microsillon La Chanson d’Eve.

Comme le souligneGuy Dumazert, la pratique de la mélodien’est pas l’opposite du chant d’opéra. Elle ne peut qu’ennoblir le phrasé, qui est l’art d’enrober le mot et l’idée dans le son ; en affermissant son médium et son registre grave, en affinant son sens de la nuance et du bien-dire, elle a sans doute aidé une chanteuse de tessiture aiguë à s’imposer aussi bien, et même mieux, dans des emplois lyriques, voire dramatiques. Son endurance était peu commune, de même que l’était la variété de ses rôles (dans des tessitures parfois opposées) comme le fut aussi la durée de sa carrière, pour un soprano de ce type.

Un exploit sportif du plus haut niveau. A partir de 1944 Renée Doria a contribué à beaucoup d’émissions lyriques de la Radio Nationale et des radios étrangères. En 1948, alors qu’elle avait déjà mis à son répertoire les quatre personnages féminins des Contes d’Hoffmann, elle fut la poupée Olympia dans la première version enregistrée et insurpassée, de ces Contes. De 1949 à 1952, E.M.I.- Pathé-Marconi lui proposa de nombreux enregistrements, toujours en 78 tours. Malheureusement ses contrats l’empêchèrent souvent d’accepter. En 1953, à la Schola Cantorum, ce fut pour la firme Caecilia, un vaste programme de mélodies françaises : Gounod, Massenet, Debussy, Ravel, puis, sous divers labels et en versions anthologiques, Le Barbier de Séville, Les Pêcheurs de Perles, La Bohème,  Madame Butterfly, Les Noces de Jeannette, Les Huguenots, Lakmé.

En 1955, Renée Doria inaugura le catalogue lyrique de Philips France avec La Veuve Joyeuse, La Vie Parisienne (Grand Prix du Disque), Le Pays du Sourire et une sélection de Manon avec Alain Vanzo et Adrien Legros (1956). A partir de 1959, Renée Doria enregistra des intégrales : Rigoletto, avec Alain Vanzo;  Thaîs, avec Michel Sénéchal, Robert Massard, Gérard Serkoyan; Mireille avec Michel Sénéchal, Robert Massard, Solange Michel; Le Barbier de Séville avec Alain Vanzo, Robert Massard, Adrien Legros, Julien Giovanetti. Elle enregistra aussi, entre 1965 et 1975, une importante sélection d’airs d’opéra et d’opérettes, dont La Veuve Joyeuse, Le Pays du Sourire, La Chauve-souris, Le Baron Tzigane…

Et puis ce fut en 1978, en première mondiale, l’intégrale de la Sapho de Massenet.. N’oublions pas aussi une curiosité : l’Hymne à Apollon (4ème siècle avant Jésus-Christ), restauré par l’helléniste Salomon Reinach et harmonisé par Fauré. Emile Vuillermoz avait tenu à ce que cette musique si complexe nous fût restituée par sa voix. En 1980, pour Music-Memoria un programme d’opéra-comique français. En 1993, Renée Doria enregistre une dernière gerbe de mélodies, en particulier Nuit d’étoiles du jeune Debussy, dont l’historiographe et ami, Léon Vallas, voyait en elle l’interprète idéale. En 2010, OPERA NEWS, la revue du Metropolitan Opera, a consacré à Renée Doria une interview sur sa longue carrière.

Depuis 2009 Renée Doria est présidente d’honneur de l’Opéra Club de Paris Mario Lanza.

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Concert lyrique au Théâtre de la Gaîté Montparnasse

mai 9th, 2010 par Alain Fauquier


Dans le cadre de ses activités lyriques, l’Opéra Club de Paris Mario Lanza a organisé le lundi 14 juin 2010 à 20h30 au Théâtre de la Gaîté Montparnasse, un Concert de Mélodies russes et françaises, au profit de Krousar Thmey (« Nouvelle famille » en khmer), première fondation cambodgienne d’aide à l’enfance défavorisée. Association reconnue d’utilité publique.

Trois talentueux artistes, membres de l’Opéra Club de Paris Mario Lanza, ont apporté leur concours bénévole au déroulement de cette belle soirée musicale. La Direction du Théâtre de la Gaîté avait mis gracieusement le Théâtre à notre disposition. Qu’elle en soit encore remerciée.

La soirée fut réservée au Chant français et à des mélodies russes, et les plus grands compositeurs furent sollicités (V. programme).

Les oeuvres françaises, principalement interprétées par le baryton basse Philippe DEGAETZ, furent traitées avec la délicatesse toute française qui sied à ces mélodies et avec la sensibilité et la belle voix profonde  de notre artiste, qui se lança aussi dans le chant russe avec un égal bonheur. Puis Polina SHIRYAEVA, mezzo soprano, alterna avec Philippe DEGAETZ dans le répertoire russe (et aussi français) et remporta, elle aussi, un très franc succès, offrant tour à tour, gravité, mélancolie et vivacité durant son tour de chant.

Quant à Emmanuel BELLANGER, pianiste, il ouvrit la soirée par des oeuvres de Debussy, dans une semi-obscurité qui permettait la concentration et le rêve, avant d’accompagner les chanteurs, puis d’interpréter d’autres oeuvres, dont un de ses Préludes (il est aussi compositeur) sur le beau piano Pleyel du Théâtre.

Le public fut enchanté et les professionnels amis, présents dans la salle, louèrent chaleureusement le répertoire et les artistes.

Notre prochain concert sera consacré à des airs d’opéra et de bel canto.

Polina SHIRYAEVA, soprano
Venue en France après avoir étudié le chant au Conservatoire supérieur de Saint Pétersbourg, Polina SHIRYAEVA complète sa formation avec Lililane Mazeron au CNR de Boulogne-Billancourt, puis au CNSM de Lyon dans la classe de Françoise Pollet. Elle est lauréate en 2007 du Concours de chant Yamaha-Music Foundation of Europe. Elle obtient rapidement des rôles dans différents opéras en France: la Déesse d’Amour dans Le Couronnement de Poppée (Monteverdi), la Première Sorcière dans Didon et Enée (Purcell), Lucia dans The Rape of Lucretia (Britten), le rôle titre de l’Ucellatrice (Nicolo Jommelli), et donne régulièrement des récitals de chant, à Paris, en région parisienne et à Lyon.

Philippe DEGAETZ, baryton-basse
Après des étude de chant à Versailles et au Mozarteum et linguistique en Sorbonne, Philippe DEGAETZ fait ses premières armes au Studiopéra. Il y rencontre Jean Françaix qui lui dédie son ultime pièce vocale, Les Neuf Historiettes (Tallement des Réaux), créée au Japon en décembre 1998. Il est engagé au Grand Théâtre de Dijon pou chanter Le Comte des Noces de Figaro en 2000, puis en Grèce pour chanter Le Roi Clystène dans l’Olympiade (Vivaldi) en 2001 avec Philippe Jarousski. S’ensuit une série importante d’oratorios à Paris, en France et à l’étranger (Bach, Haydn), de Requiems (Mozart, Fauré), de messes (Puccini, Rossini). En 2004, il chante Le Vice-roi dans La Perichole. Depuis 2001, il chante à la Comédie Française dans la pièce Le Malade imaginaire (tournée aux Etats-Unis, en France, Espagne, Canada). Philippe DEGAETZ enseigne le chant aux Conservatoires d’Antony et de Vernon.

Emmanuel BELLANGER, accompagnateur
Ayant débuté le piano à 5 ans, puis le violoncelle à 9 ans, Emmanuel BELLANGER se perfectionne auprès de Guy Besnard et Roland Pidoux au violoncelle et de Pascal Dumay et Marie-Christine Calvet au piano. Il achève son cursus au CNSM de Paris avec plusieurs prix: violoncelle, musique de chambre, harmonie, contrepoint. Comme pianiste, il obtient en 2000 un prix de musique de chambre au concours international de Cortemilia en Italie. Pianiste accompagnateur au Conservatoire d’Antony et de Vernon de la classe de chant de Philippe DEGAETZ, violoncelliste à l’orchestre Pasdeloup, il est également compositeur, auteur notamment d’un hymne pour choeur et orchestre, de préludes pour piano et d’arrangements pour différentes formations. Emmanuel BELLANGER se produit en concert au piano dans des récitals de chant, ainsi qu’au violoncelle au sein du trio à cordes Bellanger et de l’ensemble de musique contemporaine « Cordes Mêlées » qu’il a fondé.

P R O G R A M M E

Première partie

Piotr Ilyitch Tchaikovski
Nocture (op.19 n° 4)
Emmanuel Bellanger, piano

Claude Debussy
Romance
Mandoline
Nuit étoiles
Polina Shiryaeva, soprano

Gabriel Fauré
Le papillon et la fleur
Après un rêve
Philippe Degaetz, baryton-basse

César Cui
Préludes (op. 64 n°2 et 9)
Emmanuel Bellanger, piano

Henri Duparc
Chanson triste
Reynaldo Hahn
Mai
Georges Bizet
Guitare
Léo Delibes
Les filles de Cadix
Polina Shiryaeva, soprano

Jacques Ibert
Chanson du départ
Chanson à Dulcinée,
Chanson du Duc
Chanson de la mort
Philippe Degaetz, baryton-basse

Deuxième partie

Claude Debussy
(transcription pour piano solo: L. BORWICK)
Prélude à l’après-midi d’un faune
Emmanuel Bellanger, piano

Piotr Ilyitch Tchaikovski (en Russe):
N’étais-je pas comme un brin d’herbe
Le Jour rayonne
Polina Shiryaeva, soprano

Serguei Rachmaninov (en Russe):
Tu es comme une fleur
A la mort d’un serin
Nous nous reposerons
Le Paysan
Philippe Degaetz, baryton-basse

Serge Rachmaninov (en Russe)
Ma belle ne chante pas devant moi
C’est beau ici
Je ne suis pas prophète
Les eaux printanières
Polina Shiryaeva, soprano



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Soirée lyrique du 7 juin 2008

juin 14th, 2008 par Marcel Azencot


Mozart, Dvorak, Fauré, Tosti, Saint Saens, Jobim, tel fut le menu musical de la première soirée lyrique de l’Opéra Club de Paris Mario Lanza.

Nous avions voulu un programme vocal éclectique et notre attente ne fut pas déçue: Papageno, des mélodies de Gabriel Fauré, (délices de Philippe Gaudin Degaetz, baryton, qui devra bien les enregistrer un jour, si l’on en juge par l’accueil que reçurent ses interprétations, fortes, subtiles et suaves), des Chants Bibliques de Dvorak, véritables gospels où Philippe a fait merveille, profondeur et émotion.

Nous étions environ 70 personnes dans le salon à écouter et applaudir haut et fort le « maître de chant », non sans être passés d’abord au buffet goûter aux nourritures terrestres, champagne, canapés et petits fours, pour fêter notre première réunion et le bon déroulement de notre assemblée générale constitutive; fêter aussi l’intérêt que suscite déjà notre jeune site internet, visité du monde entier, bien qu’essentiellement en Français, et l’arrivée au Conseil d »administration de Roger Yaeche, Jean Kriff et Philippe Degaetz, tous maîtres de chant, Emmanuel Bellanger, compositeur, pianiste et violoncelliste, Véronique Fumet-Béjars, pianiste concertiste et l’ami Jean Michel Boris, ancien Directeur artistique de l’Olympia.

Des amis anglais de Mario Lanza avaient fait le déplacement d’Angleterre, pour le week-end, Angela Moore, le cher Brian Beacock, que nous retrouvons tous les ans en novembre à Philadelphie pour le Concours International de Chant Mario Lanza, et Joan Marsden, qui a connu l’illustre ténor quand elle avait 20 ans et a assisté aux deux concerts légendaires de l’Albert Hall, entre autres concerts en Angleterre, et a été reçue par Mario Lanza et son équipe pendant le tournage à Rome du film « Les Sept Collines de Rome » (« The Seven Hills of Rome« ).

Le Concert a ensuite repris par des interprétations de mélodies de Tosti ( « Aprile« , dont on connait les deux très belles interprétations de Richard Leech, voix de vin jeune et frais, mais l’émotion reste en bouche, et de Luciano Pavarotti, clarté vocale et puissance, difficile de dire ce qu’on aime le plus, les deux sans doute, puisque la beauté ne peut exclure la beauté), puis le Brésil, léger d’apparence et profond de sentiment, avec des mélodies du maître Antonio Carlos Jobim, et l’Orphée Noir du Carnaval (connu chez nous sous le nom d’Orfeo Negro).

Emmanuel Bellanger, tour à tour souriant ou grave, accompagne les interprètes au piano et joue deux de ses Préludes, oeuvres délicates et sensibles, l’émotion d’accents qui rappellent par moments le « Nigun » de BlochVéronique Fumet lui tourne les pages des partitions, elle ne joue pas ce soir mais a promis de le faire pour nous.

On finit par le Cygne, de Saint Saens, interprété à la harpe par Magella Bellanger, frôlement et bruissement de cordes, l’eau d’une source.

Dans le public, toutefois, on nous présente un jeune homme, Simon, élève du Conservatoire, on veut qu’il chante, on crie : Simon ! Simon !, il s’exécute, annonce avec humour : Simon… Boccanegra, et nous impressionne par sa maturité vocale de baryton basse.

Puis, après le buffet des desserts, nous écoutons Mario Lanza, airs d’opéra, mélodies italiennes et « The Lord’s Prayer » (frisson garanti pour les croyants et les incroyants, tout en retenue, dans la prière et le recueillement de l’homme, puis le retour de la voix littéralement glorieuse d’émotion dans les paroles finales, prononcées sur des notes aigües, avec lenteur et majesté  – « For Thine is the Kingdom,/ and the Power, /and the Glory, /For Ever,/ Amen !) (au Hollywood Bowl, en 1949, sous la baguette d’Eugène Ormandy, futur chef du Philharmonique de Philadelphie, il suggèrera avec délicatesse de ne pas applaudir et, aux milliers de personnes présentes dans ce fameux théâtre de plein air, il dira, après avoir évoqué « the essential dignity and beauty of the words« - toujours le respect des mots et du sens – : »Such is the sacred nature of the song that I feel sure our listening audience would prefer that there’d be no applause at its conclusion »)*.

Enfin, nous voyons et écoutons un extrait du DVD « Mario Lanza, An American Caruso« , présenté par Placido Domingo, ce qui donne l’occasion, surtout aux très jeunes, de découvrir sur le grand écran plat, la voix sublime, le sourire et la fougue du chanteur, les qualités et l’humour du comédien et l’exceptionnel charisme de l’homme (je me tourne vers Joan Marsden: elle a les yeux pleins de larmes…).

Les derniers sont partis à plus de deux heures du matin en nous demandant de refaire une soirée comme celle-là…

D’accord, mais le temps de récupérer !
* Le concert du Hollywood Bowl a été enregistré (Mario Lanza, The Hollywood Bowl, Historical Recordings).

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Soirée Lyrique en Salon

mars 15th, 2008 par Marcel Azencot


Samedi 7 juin 2008 (et non plus vendredi 6 juin, veuillez nous en excuser), aux environs de 20 heures, l’Opéra Club de Paris – Mario Lanza organise une soirée lyrique au siège de l’Association.

Tâchant de renouer avec la tradition des Salons Musicaux ou des Soirées musicales ou Lyriques du 19 ème siècle, nous avons d’abord souhaité réunir les Amis de Mario Lanza, seulement  les adhérents de l’Association et qui ont réservé, pour cette soirée exclusivement privée, en appartement, autour d’un petit buffet pour la partie restauration, et de quelques amis artistes pour la partie musicale.

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Soirée Lyrique sur la Butte Monmartre

mars 15th, 2008 par Marcel Azencot


Mardi 18 mars 2008, le Clocher de Montmartre, 10 rue Lamarck à Paris 18ème, organise à 20 h00 une soirée lyrique* dont l’invité spécial sera Severino Billy D’Albuquerque, contreténor, qui interprétera un programme d’oeuvres évoquant le castrat Farinelli et notamment « son qual nave ch’agitata » cet air virtuose du film Farinelli, il castrato, réalisé en 1994 par Gérard Corbiau, pour lequel furent associées les voix d’un contralto et d’une soprano colorature.

Il sera accompagné au clavecin par Jorris Sauquet, titulaire des grandes orgues de l’Église Notre Dame du Rosaire, à Paris 14ème.

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