Chanteurs français
Né le 7 juin 1963 à Clichy-sous-Bois, de parents siciliens immigrés en France, le ténor franco-italien Roberto Alagna peut se prévaloir d’avoir réalisé une longue et brillante carrière, et d’avoir relancé avec brio l’opéra français (Werther, Le Cid, Faust, Roméo et Juliette, Cyrano de Bergerac…).
Il a non seulement pratiquement tout chanté, mais Il est aussi le seul ténor français à s’être produit sur les grandes scènes internationales, accompagné par les plus grands chefs, dont Sir Antonio Pappano.
Roberto Alagna a en outre à son actif une importante discographie d’airs d’opéras, d’intégrales (Tosca, Carmen, Lucia di Lammermoor…) et de chansons de variété, dont un album d’hommage à Luis Mariano.
Dans ses nombreux concerts il rend fréquemment hommage au Grand Mario Lanza, son éternelle idole, en interprétant une sélection de ses plus célèbres chansons.
Roberto Alagna est l’auteur de deux livres : une autobiographie « Je ne suis pas le fruit du hasard » Ed. Grasset 2007 et « Mon dictionnaire intime », avec la contribution d’Alain Duhaut, Ed. Brochet 2019.
Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 2008.
Par Jean Ziegler
Soprano française, Geori Boué, entre au Conservatoire de sa ville natale, Toulouse, dès l’âge de 7 ans, pour y suivre les cours de solfège, de piano, de harpe et d’harmonie. A 15 ans, sa voix exceptionnelle lui vaut un premier accessit et deux ans plus tard deux premiers prix. Elle fait ses débuts au Capitole dans le page Urbain des Huguenots, suivi de Siébel, de Hilda de Sigurd, de Mathilde de Guillaume Tell, de Micaëla et de multiples héroïnes d’opérettes. Jacques Rouché l’engage à l’Opéra Comique où sa « Mimi » lui vaut un triomphe. Mais c’est la guerre, la vie musicale est interrompue à Paris. Elle repart pour le midi.
Reynaldo Hahn a participé à la reconstitution de la version originale de Mireille et cherche l’interprète qui saura l’imposer. Paul Bastide, alors directeur de l’Opéra de Marseille, lui parle de succès considérables remporté dans son théâtre. Reynaldo Hahn l’écoute et le 28 juin 1941, le “ miracle ” s’accomplit au Théâtre antique d’Arles.
Entre-temps, Geori Boué court d’un triomphe à l’autre: Manon, Cio-Cio-San, Marguerite, Violetta,… et même Léonore de Fidélio à Cannes. A la radio, elle chante Ophélie, Norina, Gilda, Leila. De retour à l’Opéra-Comique, sa Mireille soulève l’enthousiasme. Et ce sont le 25 mai 1942 ses débuts en Marguerite au Palais Garnier, suivis de sa première apparition dans Thaïs. La voyant alors, Sacha Guitry fait de Geori Boué la vedette de son film « La Malibran ». Par la suite, elle est Desdémone, Juliette, Nedda…
Avec son mari, le baryton Roger Bourdin, elle fait triompher Pelléas et Mélisande à la Scala de Milan, Eugène Onéguine au Bolchoï de Moscou. Avec le célèbre comédien Maurice Escande, elle entreprend une tournée du Mozart de Reynaldo Hahn et Sacha Guitry. Viendra ensuite la création Salle Favart de la Ciboulette de son ami Reynaldo et plus tard sur d’autres scènes de bien savoureuses séries de Belle Hélène et de Veuve Joyeuse, puis de bouleversantes Carmen et Charlotte de Werther.
Par Mattew Boyden, critique d’Art lyrique à la BBC
Auteur de nombreux ouvrages sur l’Opéra
En dépit d’une tradition culturelle très riche, la France n’a produit au 20ème siècle qu’une poignée de sopranos ayant atteint une renommée internationale. Parmi celles-ci, Régine Crespin fut l’une des rares à avoir réussi à chanter Wagner. La chanteuse débute en 1950, dans le rôle d’Elsa (Lohengrin, Wagner) à l’âge de 23 ans – un rôle qui, de nos jours, ne serait pas dévolu à une soprano de moins de 30 ans.
A peine avait-elle repris son souffle qu’elle était engagée par l’Opéra de Paris, pour chanter le même rôle devant un parterre extatique, s’attirant les éloges unanimes de la critique. Elle consacre les six années qui suivent à perfectionner sa technique, tout en étudiant le grand répertoire italien, allemand et français. Sa grande ambition : se produire à Bayreuth.
En 1956, elle retourne à l’Opéra de Paris. L’année suivante, elle est engagée par Francis Poulenc pour chanter le rôle de Madame Lidoine dans la création du Dialogue des Carmélites. Moins d’un an plus tard, son rêve se réalise : elle est invitée à auditionner à Bayreuth. Ebloui par sa voix somptueuse et profondément ému par sa maîtrise apparemment instinctive de la poésie de son grand-père, Wieland Wagner l’engage pour chanter Kundry (Parsifal) en 1958.
Son succès est immédiat et inconditionnel, et le monde entier se rejoint d’avoir enfin découvert une vraie grande soprano wagnérienne de l’envergure de son illustre aînée, la française Germaine Lubin. En 1959, Régine Crespin fait sa première apparition à Glyndebourne, dans le rôle de la Maréchale (Le Chevalier à la Rose, Richard Strauss), et en 1961 elle retourne à Bayreuth pour chanter Sieglinde (La Walkyrie, Wagner). L’année d’après, elle fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York, à nouveau dans le rôle de la Maréchale, et devient du même coup l’une des sopranos lyriques les plus demandées dans le monde.
Malheureusement, vers le milieu des années 1960, elle accepte une série de rôles qui ne siéent pas à sa voix. Son apparition dans les rôles titres de Fidelio (Beethoven) et d’Ariane à Naxos (Richard Strauss) lui attire les critiques pour la première fois de sa carrière. En 1967, lorsqu’elle chante Brünnhilde (La Walkyrie, Wagner) au festival de Salzbourg, il est évident pour tout le monde qu’elle a outrepassé ses limites vocales.
Il s’en suit une période de repos forcé durant laquelle elle retravaille sa voix pour faire un retour fracassant en tant que mezzo-sopano. Ses dernières apparitions à la scène dans le rôle de la comtesse (La Reine de Pique, Tchaïkovski) témoignent de ses qualités exceptionnelles d’interprète. A son apogée, sa voix de Crespin fut l’une des plus belles et irrésistiblement féminines du XXème siècle.
Elle apportait à ses héroïnes, notamment celles du répertoire allemand, une dimension érotique qui, à ce jour encore, reste inégalée. Elle décède à Paris le 5 Juillet 2007.
Une expositio-hommage consacrée à Régine Crespin s’est déroulée du 19 juin au 15 août 2010 à l‘Opéra de Paris.
Un beau concert en hommage à la grande soprano française a eu lieu le vendredi 25 juin 2010, à la Mairie du 9ème arrondissement (Salle Rossini), avec 15 jeunes artistes de l’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris en présence de M. Jacques Bravo, Maire du 9ème arrdt., de M. Thierry Cazaux, délégué à la Culture et au Patrimoine, et de M. Christian Schirm, directeur de l’Atelier lyrique. (Voir compte-rendu de ce concert à la rubrique: EVENEMENTS).
Par Guy Dumazert
Pour les amateurs de vocalité, le nom de Renée Doria évoque d’emblée Manon, Thaïs, Susanna, Traviata, Juliette, Lucia… Et pourtant… Autodidacte, elle débuta comme pianiste, puis interprète d’arias, antiques ou récentes. C’était encore l’époque des disques “78 tours”. Au premier chef, les mélodies distillées en français par Claire Croiza, Ninon Vallin, Charles Panzéra et Germaine Martinelli, la fascinaient.
Très précoce, comme le furent les Espagnoles : Barrientos, Capsir ou Supervia, cette catalane commença le chant professionnel, s’accompagnant parfois elle-même au piano, dès l’âge de 15 ans ; d’abord à Perpignan ; puis à travers le Midi de la France, jusqu’à la fin de 1941. Dès lors, etpour trois décennies, le monde du théâtre lyrique devait l’accaparer. Cependant, à chaque occasion, la virtuose revenait à ses premières amours : le lied. Après le succès de l’intégrale des Contes d’Hoffmann, avec Cluytens, Renée Doria choisit de confier au disque, en première mondiale, la « Vocalise en forme de habanera », de Ravel, (vrai registre de mezzo) (1959) ; Cinq ans plus tard, Emile Vuillermoz, élève de Fauré, la désigna pour graver en microsillon « La Chanson d’Eve ».
Et c’est encore dans cet univers, pour elle onirique et familier, qu’elle devait mettre un point final à sa vie de chanteuse. En 1993, Bruno Saint-Germain et Jean-Louis Percot, fondateurs des éditions phonographiques Dante, lui ont proposé d’enregistrer, avec le pianiste australien G. Douglas Madge, un programme de mélodies françaises. Depuis la Renaissance, la chanson française a témoigné d’une effervescente vitalité. Berlioz, et surtout Gounod lui ont conféré ses lettres de noblesse. Gounod, dont la fibre dramatique n’est pas le point fort, est le vrai créateur de la mélodie française, tandis que la chanson proprement dite perdurait dans sa course populaire.
Après lui, Bizet, Lalo, Chausson et tant d’autres, jusqu’à Satie et Francis Poulenc, méritent d’être chantés et enregistrés, outre Fauré, Debussy et Ravel, universellement reconnus. Dans ces deux CD, le choix est inévitablement restreint et arbitraire. C’est un bouquet, parmi cette foisonnante diversité.Le musicologue Léon Vallas, spécialiste de Vincent d’Indy et de Claude de France, attachait une réelle importance aux « Ariettes oubliées », dans la version de Renée Doria et Tasso Janopoulo.C’est lui qui a conseillé à Vuillermoz de les écouter. « La Chanson d’Eve » en a découlé.
Malencontreusement, les bandes originelles ont été perdues, ainsi que certaines autres (Bizet, Massenet, Reynaldo Hahn…). Nous avons fait tout notre possible pour restaurer le son ; en tout état de cause, ces interprétations méritaient sans doute d’être portées à la connaissance des amateurs. En revanche, nous avons pu retrouver la bande des « Chansons franco-canadiennes » que le même Vuillermoz a serties d’une subtile harmonisation. Les plus connues d’entre elles ont été jadis enregistrées.
On connaît Claire Croiza, dans « Jardin d’amour ». Panzéra, Vanni-Marcoux et Mary Marquet (avec Lily Laskine), ont prêté leur voix aux “Trois Princesses ” ; Ninon Vallin, à trois pièces du recueil. Mais la totalité du corpus est rarement chantée.
Il est certain que la pratique de la mélodie n’est pas l’opposite du chant d’opéra. Elle ne peut qu’ennoblir le phrasé, qui est l’art d’enrober le mot et l’idée dans le son ; En affermissant son médium et son registre grave, en affinant son sens de la nuance et du bien-dire, elle a sans doute aidé une chanteuse de tessiture aiguë à s’imposer aussi bien, et même mieux, dans des emplois lyriques, voire dramatiques.
Ajoutons qu’en 1955, Renée Doria inaugura le catalogue lyrique de Philips France avec La Veuve Joyeuse, La Vie Parisienne (Grand Prix du Disque), Le Pays du Sourire et une sélection de Manon avec Alain Vanzo et Adrien Legros (1956). A partir de 1959, Renée Doria enregistra des intégrales : Rigoletto, avec Alain Vanzo; Thaîs, avec Michel Sénéchal, Robert Masssard, Gérard Serkoyan; Mireille avec Michel Sénéchal, Robert Massard, Solange Michel; Le Barbier de Séville avec Alain Vanzo, Robert Massard, Adrien Legros, Julien Giovanetti.
Renée Doria enregistra aussi, entre 1965 et 1975, une importante sélection d’airs d’opéra et d’opérettes.
Rappelons enfin que cette grande cantatrice française qui fit ses débuts à l’âge de 20 ans à l’Opéra de Marseille dans le rôle de Rosine du Barbier de Séville, créa à l’Opéra de Mulhouse, avec Ninon Vallin, Rocio, un opéra de Maurice Perez dont l’air le plus connu est « La prière de Milagros ».
Renée Doria chanta sur toutes les scènes de France, ainsi qu’en Hollande et en Italie.
En trente ans de carrière, Renée Doria chanta plus de 60 rôles dont celui de Violetta (La Traviata), plus de… 300 fois.
En juin 2007, Renée Doria a été promue Commandeur des Arts et Lettres. C’est le grand baryton français Daniel Marty qui lui a remis sa décoration.
En 2010, OPERA NEWS, la Revue du Metropolitan Opera, a consacré à Renée Doria une interview sur sa longue carrière..
Le 6 mars 2021, moins d’un mois après avoir fêté son centième anniversaire, Renée Doria est décédée dans sa résidence de La Celle-sur-Morin en Seine et Marne.
Né le 17 mai 1924 à Béziers, Gabriel Bacquier, « Gaby » pour ses intimes, fut incontestablement le plus grand baryton-basse français du XXème siècle.
Sorti vainqueur en 1950 du Conservatoire de Paris où il était entré en 1945 pour étudier le chant, sa carrière peine cependant à démarrer.
Il se produit dans des cabarets et des salles de cinéma avant d’entrer dans la troupe de La Monnaie à Bruxelles puis, en 1956, dans la troupe de la RTLN qui réunit l’Opéra-comique et l’Opéra de Paris.
Remarqué par Gabriel Dussurget, directeur artistique de l’Opéra de Paris et fondateur du festival d’Aix-en-Provence, Gabriel Bacquier se voit confier le rôle de Scarpia aux côtés de Renata Tebaldi dans Tosca puis le rôle-titre de Don Giovanni, qu’il aborde le 9 juillet 1960 pour la première fois sous la direction d’Alberto Erede.
C’est le début d’une fantastique carrière au cours de laquelle il va chanter à peu près tout : Don Giovanni et Leporello dans Don Giovanni, Alfonso dans Così fan tutte et le comte Almaviva dans Les Noces de Figaro de Mozart, Golaud dans Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, Iago dans Otello, Fra Melitone dans La Force du destin et Falstaff (rôle-titre) de Giuseppe Verdi, les 4 diables dans Les Contes d’Hoffmann, le roi Pausole dans Les Aventures du Roi Pausole d’Arthur Honegger, le roi de Trèfle dans L’Amour des trois oranges de Prokofiev, etc.
Grand mozartien mais également défenseur des ouvrages baroques (Gluck, Rameau, etc.), Gabriel Bacquier parcourt le monde et obtient le succès en interprétant les œuvres de compositeurs aussi variés que Rossini, Berlioz, Bellini, Donizetti, Verdi, Puccini, Ambroise Thomas, Léo Delibes, Gounod, Massenet, Charpentier, Debussy, Dukas, Ravel.
Son répertoire comprend également l’opérette, notamment les Viennois Johann Strauss II et Franz Lehár, et surtout Jacques Offenbach.
Il se produit sur les plus grandes scènes, le Metropolitan Opera de New York, l’Opéra de Paris, le Royal Opera House de Londres et le Wiener Staatsoper.
Particulièrement attaché à l’intelligibilité du texte, il donne de nombreux récitals de mélodies, au Carnegie Hall de New York et à Paris.
Parmi les enregistrements importants qu’il a réalisés on trouve trois intégrales de Mozart : Les Noces de Figaro, Don Giovanni et Così fan tutte ; plusieurs opéras de Verdi ; un récital de mélodies avec Jean Laforge et un récital d’airs d’opéra dirigé par Jésus Etcheverry.
Une compilation : « L’Art de Gabriel Bacquier », regroupant des airs d’opéras, d’opérettes et des mélodies est parue chez Decca en 2012.
Véritable « Ambassadeur du chant français », Gabriel Bacquier s’est vu décerner de nombreux prix et distinctions.
Il a été honoré deux fois par « Les Victoires de la Musique » (en 1985 comme meilleur artiste lyrique et en 2002 pour l’ensemble de la carrière) et a reçu de multiples prix du disque ainsi que l’International Fidelio Medal of Directors.
L’Académie du disque lyrique lui a décerné le « Prix Herbert von Karajan », destiné à récompenser une carrière exceptionnelle discographique et théâtrale, en 2004 et deux « Orphées d’or » en 2004 et 2013.
Parmi ses autres récompenses, on peut citer le « Prix national du Disque » et le « Prix Charles-Panzéra », en 1963 ; le « Prix Lily Pons » en 1966, et la « Cigale d’or » (félibre majoral) attribuée par le Festival d’Aix-en-Provence en 1975.
Gabriel Bacquier est aussi titulaire de nombreuses décorations : Chevalier de la Légion d’honneur, Officier de l’ordre national du Mérite, Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, Commandeur de l’ordre du Mérite culturel (Monaco), Médaille de vermeil de la Ville de Paris.
Gabriel Bacquier est mort à 95 ans le 13 mai 2020 à son domicile de Lestre dans la Manche.
Première cantatrice française noire à connaître une carrière internationale, Christiane Eda-Pierre défendait la représentativité des artistes noirs dans tous les arts.
L’actuelle ministre de la culture, Roselyne Bachelot, avait déclaré en 2018, dans une chronique sur France Musique : « Quelle voix, quelle belle personne qu’est Christiane Eda-Pierre ».
Elle la qualifiait de « reine française de l’art lyrique » de « mozartienne d’une subtilité incomparable ».
« Christiane Eda-Pierre a su imposer son style, sa voix, sa personnalité, son rire. Elle n’a jamais oublié d’où elle venait, la Martinique » a réagi Fabrice di Falco, chanteur lyrique lui aussi martiniquais et organisateur du concours Voix des outre-mer.
Née à Fort-de-France en Martinique le 24 mars 1932 dans une famille d’intellectuels (famille Nardal), Christiane Eda-Pierre arrive à 18 ans en métropole où elle suit des cours de piano à l’École Normale de Musique.
Le grand baryton suisse Charles Panzéra remarque son talent et la pousse à développer son timbre de soprano colorature.
Ce qu’elle fera dès 1954 au Conservatoire National Supérieur de Musique, où elle travaille le chant avec le baryton Louis Noguera.
La jeune soprano remporte plusieurs prix et sort du Conservatoire en 1957 avec le premier prix de chant, le premier prix d’opéra et le premier prix d’opéra-comique.
En 1958, Christiane Eda-Pierre fait ses débuts à l’Opéra de Nice dans Les Pêcheurs de perles de Bizet en interprétant le rôle de Leila aux côtés du grand baryton-basse Gabriel Bacquier, décédé en mai.
L’année suivante, elle se distingue dans La Flûte enchantée de Mozart, dans le rôle de Papagena, au Festival d’Aix-en-Provence où elle retourne en 1965 mais pour interpréter cette fois-ci la Reine de la nuit.
Rapidement, sa carrière se développe à Paris, à l’Opéra-Comique et au Palais Garnier mais également dans les plus grandes salles européennes (Londres, Vienne, Salzbourg) et internationales (Moscou, Chicago, New York).
Très éclectique dans ses choix, Christiane Eda-Pierre aura abordé tous les répertoires du lyrique, opéra, opéra comique et baroque et tous les styles.
Ainsi, en 1977, c’est dans Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach, mis en scène par Patrice Chéreau, qu’elle triomphe.
En 1980, Christiane Eda-Pierre chante avec Luciano Pavarotti dans un concert géant au Central Park de New-York devant 300 000 personnes.
Le public américain salut sa prestation par une extraordinaire ovation.
En 1983, on la retrouve au côté de José Van Dam pour la création de l’opéra contemporain Saint-François d’Assise d’Olivier Messiaen.
La cantatrice termina sa carrière publique en 1986 à l’Opéra royal de Bruxelles avec Gérard Mortier.
Après son retrait de la scène, Christiane Eda-Pierre se consacre à l’enseignement du chant et donne des master classes à la Schola Cantorum de Paris ainsi qu’au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris entre 1978 et 1997.
Elle compte parmi ses élèves la mezzo-soprano Nora Gubisch, qui est magnifique, mais aussi Sylvie Valayre et Magali Léger.
Nora Gubisch dit que la voix de Christiane Eda-Pierre avait « un timbre indescriptible et qu’il y avait de la chaleur et du soleil dans sa voix qui était comme une caresse sur le coeur ».
Elle ajoute, qu’en tant que professeur, « elle transmettait une sécurité et une longévité vocale qui rassuraient et donnaient confiance à ses élèves pour leurs choix de répertoire.
Elle était très généreuse et voulait le meilleur pour nous. Je conseille à tous ceux qui ne la connaissent pas d’écouter au plus vite ses enregistrements ».
Christiane Eda-Pierre est décédée à 88 ans le 6 septembre 2020 dans sa maison des Deux-Sèvres. Elle a été inhumée le 11 septembre 2020, au cimetière de Saint-Maurice-la-Fougeuse, dans le département des Deux-Sèvres en région Nouvelle-Aquitaine, auprès de son fils et de son mari.
Le Ministère des outre-mer a déclaré que « L’opéra français perd une voix irremplaçable et la Martinique un de ses enfants les plus talentueux ».
Par Danielle Pister
Le nom de Jane Rhodes restera attaché à deux prises de rôle où son tempérament flamboyant a pu se déployer dans tout son éclat : « Carmen » (quand l’œuvre de Bizet quitte, en 1959, la scène de l’Opéra-Comique, où elle a toujours été jouée depuis 1875, pour celle du Palais-Garnier) et « La Périchole » (donnée au Théâtre de Paris en 1969).
Les deux spectacles, mis en valeur par des mises en scène somptueuses, de Raymond Rouleau, pour le premier, de Maurice Lehmann pour le second, ont d’autant plus marqué les mémoires des Français qu’ils ont bénéficié de retransmissions radiotélévisées qui ont popularisé l’image de celle que les médias n’hésitèrent pas à surnommer la « Bardot de l’Opéra ».
La nature a en effet comblé la jeune cantatrice, née le 13 mars 1929 à Paris, de multiples dons: un physique de rêve, une voix exceptionnellement longue (du contralto au soprano lyrique à l’origine) qui lui permettra de chanter les rôles de mezzo et de soprano, et un réel talent de comédienne.
Attirée par le théâtre, elle a suivi les célèbres cours d’Art Dramatique de la rue Blanche et a même travaillé avec Louis Jouvet. Mais sa rencontre, alors qu’elle n’a que 14 ans, avec la mezzo-soprano Hélène Bouvier, décide de son sort.
Jane Rhodes commence dans les chœurs du Chanteur de Mexico au Châtelet. Mais, ses vrais débuts ont lieu à Nancy, en 1953, dans la Marguerite de La Damnation de Faust. Elle est distribuée en province, outre Berlioz et Tosca, dans Charlotte de Werther, Lisa de La Dame de Pique, Grisélidis de Massenet, Les Deux Veuves de Smetana et des ouvrages contemporains, Le Château de Barbe Bleue de Bartók, Le Prisonnier de Dallapiccola, qui la font rechercher pour des créations : La mort à Bâle de Conrad Beck ; La vérité de Jeanne de Jolivet, créée le 20 mai 1956 devant la maison de Jeanne d’Arc à Domrémy pour les célébrations du 500ème anniversaire du procès de sa réhabilitation ; Cantate pour une démente de Maurice Jarre ; Le serment de Tansman ; Le chevalier de neige de Maurice Delerue sur un livret de Boris Vian.
En 1956, elle crée le rôle d’Isadora dans Le fou de Marcel Landowski, à Nancy. L’année suivante, Jane Rhodes enregistre, en première mondiale, L’Ange de feu de Prokofiev, dirigé par Charles Bruck. Couronnée par deux grands prix du disque, cette réalisation, suivie de La Voix humaine de Francis Poulenc, a un tel retentissement qu’il ouvre à la jeune cantatrice les portes de l’Opéra de Paris, sans en passer par l’audition réglementaire.
Elle débute sur les deux scènes nationales dans La Tosca et La Damnation de Faust avant de chanter Salomé de Richard Strauss sous la direction d’André Cluytens, aux côtés de Ramon Vinay et Rita Gorr.
En 1959, vient la consécration avec Carmen dirigée, au Palais Garnier, par celui qui deviendra son mari, Roberto Benzi. Le metteur en scène-cinéaste Raymond Rouleau la laisse inventer son personnage et, émerveillé par sa liberté et sa flamme naturelle, lui déclare : « Tu es ma divine folle ! »
Jane Rhodes exportera sa Carmen partout en Europe jusqu’aux deux Amériques et au Japon. En 1962, elle tourne le film The drama of Carmen pour la CBS sous la direction de Léonard Bernstein qui essaiera de la convaincre de rester aux Etats-Unis. Mais elle ne voulut pas rompre son contrat avec l’Opéra de Paris. Elle chantera cependant au Met, en 1962 et en allemand, Salomé.
Jane Rhodes est dédicataire du drame lyrique Les Adieux de Marcel Landowski créé à l’Opéra-Comique, en 1961. Elle aborde d’autres répertoires : à Aix en Provence, en 1961 et 1964, avec le rôle éponyme du Couronnement de Poppée ; au Festival du Marais en 1964, avec la Phèdre d’Hippolyte et Aricie.
L’Opéra de Paris lui offre l’occasion d’aborder le rôle d’Eboli dans Don Carlos et de retrouver la Marguerite de Berlioz dans la conception provocante de Maurice Béjart. A l’Opéra-Comique, elle chante en 1968, dans un même spectacle, L’Heure Espagnole de Ravel et La Voix humaine de Poulenc.
Ses talents de comédienne comme de chanteuse, qui firent merveille dans les grands rôles tragiques des grands opéras vont lui permettre d’aborder, avant d’autres cantatrices françaises qui le firent avant tout au disque, les personnages d’Offenbach exigeants un tempérament comique et un grand sens de l’humour : La Belle Hélène, à Strasbourg en 1962 et 1977, La Périchole, pour quelques 400 représentations à Paris dans les décors du peintre Jean Carzou, rôles où son pouvoir de séduction se déploie pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Son caractère bien trempé a parfois suscité des difficultés avec les directeurs d’Opéra. Elle se tourne alors vers le récital qui lui permet de mettre en valeur ses talents de musicienne et de diseuse dans la mélodie française (Duparc, Debussy, Ravel, Fauré, Poulenc, Milhaud) et le lied allemand (notamment Brahms), accompagnée par des pianistes comme Christian Ivaldi, Pascal Rogé.
Elle a consacré ses dernières années, toujours avec la même passion, à l’enseignement de l’art du chant.
Force est de constater, à l’heure où Jane Rhodes nous quitte, qu’elle a partagé, à de rares exceptions, le sort des artistes français qui ont commencé leur carrière après la Seconde Guerre mondiale : d’abord, un enfermement dans l’Hexagone, préjudiciable au rayonnement du chant français, dont nous payons le prix fort aujourd’hui ; s’y ajoute une maigre reconnaissance nationale, les citriques français ayant trop souvent fait preuve d’esprit partisan et de dénigrement systématique ; achevant le tout, une politique d’enregistrement désastreuse nous prive de témoignages précieux : comment ne pas regretter qu’on ne dispose pas de l’intégrale de cette Carmen qui fit tant de bruit en 1959 ? Or l’INA possède certainement des trésors qu’elle thésaurise à on ne sait quelles fins. Reste l’hommage du public. Gageons qu’il ne manquera pas à Jane Rhodes.
Morte le 7 mai 2011 à l’âge de 82 ans à l’hôpital américain de Neuilly, Jane Rhodes repose au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine
Considéré comme « le plus grand baryton français de l’après-guerre », Robert Massard est devenu une référence pour les générations de barytons qui lui ont succédé, tant par la qualité de sa diction que de ses interprétations.
Né à Pau le 15 août 1925, il a interprété au cours de sa carrière, qui s’est étendue de 1952 à 1984, plus de cent rôles, aux côtés notamment de Maria Callas, Montserrat Caballé, Plácido Domingo, Marilyn Horne et Joan Sutherland, sous la direction de chef tels que Georges Prêtre, Colin Davis, Carlo Maria Giulini et John Eliot Gardiner.
Après des études au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, Robert Massard fait ses débuts à l’Opéra de Paris en 1952 dans le rôle du grand prêtre (Samson et Dalila, Saint-Saëns) et s’impose, en France et à l’étranger, dans Gluck (rôles de Thoas, puis d’Oreste dans Iphigénie en Tauride) et dans Berlioz (rôle de Fieramosca dans Benvenuto Cellini). Il sera également un grand interprète de Verdi et de Rossini,
L’Opéra de Paris deviendra sa maison, son port d’attache – en 26 ans de carrière, il y ai chanté 1003 fois.
Robert Massard a participé à 1967 représentations dont 1003 à l’Opéra Garnier et à l’Opéra comique, ainsi que 964 en province et à l’étranger.
Sa période glorieuse est celle qui court de 1954 à 1968 : à part 1962, il chante à l’Opéra de Paris entre 40 et 80 fois par an. Les grands rôles : Valentin (en 1955, il en fêtait déjà la 50ème !), Tonio dans Paillasse, Germont, Zurga, Rigoletto, Escamillo ainsi que Macbeth, I Puritani, Lucia di Lammermoor, Posa, Don Quichotte, Iphigénie, le Barbier…
Ses grands souvenirs se rattachent à des concerts exceptionnels comme sa tournée en URSS en 1963 : Kiev, Leningrad, Moscou. « On sentait la soif de liberté. On sentait aussi toute l’émotion du public lorsqu’il écoutait de la musique. C’était bouleversant. Il y eut aussi l’In Terra Pax de Frank Martin que nous avons donné en 1969 devant Paul VI. Pour un catholique comme moi, cela avait un sens énorme. » déclarera-t-il lors d’une interview.
Robert Massard enseignera le chant au Conservatoire de Bordeaux de 1978 à 1986, avant de se retirer dans sa ville natale, Pau, où il vit avec son épouse.
Régulièrement invité comme membre du jury de concours nationaux et internationaux de chant et d’art lyrique, Robert Massard a participé également aux émissions radiophoniques qui lui ont été consacrées sur France Musique (2005, 2007). Depuis 2015 le concours international de chant lyrique de Bordeaux porte son nom.
La discographie de Robert Massard est monumentale : on le trouve dans les premiers rôles de plus de 50 opéras et opérettes, partenaire de Maria Callas, Montserrat Caballé, Placido Domingo, Marilyn Horne, Joan Sutherland et d’autres, sous la direction de Georges Prêtre, Colin Davis, Manuel Rosenthal, Carlo Maria Giulini, John Eliot Gardiner et d’autres.
Par Gérard LECAILLON & Sylvie NOLIAC
Avec sa voix unique de mezzo contralto parfaitement équilibrée, souple et puissante, assortie d’une articulation exemplaire et d’un tempérament de tragédienne hors du commun, Denise Scharley, née le 15 février 1917 à Neuilly-en-Thelle (Oise), aura su se démarquer dans tous les grands rôles du répertoire et plus particulièrement dans de nombreuses créations modernes, telles les « Dialogues des Carmélites » de Francis Poulenc ou « Le médium » de G-C Menotti.
Munie de trois premiers prix du conservatoire de Paris en 1942, Denise Scharley intègre la troupe de la RTLN en débutant salle Favart dans « Geneviève » de Pelléas et Mélisande. Très vite, son répertoire s’enrichit d’un rôle phare : Carmen, dont elle possède la vraie couleur vocale, rôle quelle s’appropriera en enflammant une presse toujours unanime. Dotée d’une allure svelte et d’une élégance de reine, la cantatrice imposera sa gitane moderne dépourvue de toute vulgarité, d’abord à l’Opéra-Comique, puis titulaire du rôle pendant un an à la Monnaie de Bruxelles et au Grand Théâtre de Genève, enfin à l’Opéra Garnier de 1960 à 1969, dans la pharaonique production de Raymond Rouleau. Charlotte de Werther, Mignon, Amméris dans Aïda, font aussi d’elle une artiste que les grandes scènes étrangères réclament.
En 1947, Mario Del Monaco incarnera son Don José à Rome. Partenaire qu’elle retrouvera pour un légendaire « Samson et Dalila » au Palais Garnier en 1960, où l’ampleur de son timbre fera dire « qu’il n’existe pas en France une voix capable d’atteindre le fameux là grave du deuxième acte, avec une aussi opulente générosité ». Sa tessiture allant du contre mi grave au si bémol aigu, garde tout du long la même couleur veloutée. Une voix noire qui sera comparée aux « accents du violoncelle » ou à « la tragédie de l’orgue ».
Admirée par Francis Poulenc, Scharley reste aujourd’hui de l’avis de nombreux spécialistes, irremplaçable dans le rôle de la « Première Prieure » du Dialogues des Carmélites. Portée au pinacle en 1957, elle est la référence de la célèbre scène blasphématoire, les fauves de sa voix, son art de conjuguer les accents de vérité à la pureté vocale, s’appuyant sur des inflexions d’un style personnel et novateur.
Son répertoire étendu, comprendra, entre autre, une hallucinante «Ulrica» du Bal masqué à Paris en 1958. De Richard Wagner, elle chante « Fricka » de La Walkyrie, « Erda » dans Siegfried, La Première Norne dans le Crépuscule des Dieux. A son actif aussi, une séduisante « Dulcinée » de Don Quichotte. Une belle rencontre unira le contralto à « La Dame de Pique » de Tchaïkovski, au sein d’un foisonnant répertoire Russe. Emouvante dans Orphée de Gluck, elle campera avec autorité la mère de Louise, et défendra avec ardeur les ouvrages modernes comme le Consul, Maria Golovine de Menotti, son compositeur de prédilection, ainsi que le Tango pour une femme seule de Raffaelo de Banfield, où elle incarne « Carmen Gloria », une pathétique vedette de music hall sur le boulevard du crépuscule.
A l’issue d’une carrière sans faille de plus de quarante ans, Denise Scharley tirera sa révérence scénique en 1983 et décédera le 20 juillet 2011 à l’âge de 94 ans à Versailles.
Ténor vedette de deux nations, classé en 1967 par Life magazine parmi les huit meilleurs ténors du monde, le ténor français d’origine australienne Albert Lance (de son vrai nom Lancelot, Albert, Ingram), était non seulement réputé pour la qualité et la richesse de sa voix mais aussi pour ses magistrales interprétations de grands rôles d’opéras français.
Né le 12 juillet 1925 à Adélaïde (Australie), sa carrière s’est étendue des années 1950 aux années 1970.
Gertrude Johnson , fondatrice du National Theatre de Melbourne, lui fait prendre des cours de chants et en 1950 il interprète le rôle de Mario Cavaradossi dans Tosca (en anglais).
A l’Opéra de Melbourne, il chante ensuite Rodolfo dans La Bohème et Pinkerton dans Madame Butterfly (tous les deux en anglais), puis en 1953 le rôle-titre des Contes d’Hoffmann.
Dominique Modesti, professeur de chant français, l’auditionne et l’invite à quitter l’Australie pour s’installer à Paris où il est engagé en 1955 à l’Opéra-Comique, puis il entre dans la troupe de l’Opéra de Paris et prend alors le pseudonyme d’Albert Lance (dérivé de son nom véritable).
Il est alors un des tout premiers ténors de la troupe de l’Opéra de Paris où il chante très régulièrement les rôles-titres de Faust, des Contes d’Hoffmann, de Werther, et Mario Cavaradossi dans Tosca
Lors du gala de la Légion d’honneur en décembre 1958, il chante un extrait de Tosca avec Maria Callas et Tito Gobbi.
En novembre 1959, il chante Don José lors de la création de Carmen à l’Opéra de Paris, sous la direction de Roberto Benzi dans la mise en scène de Raymond Rouleau, avec Jane Rhodes, Robert Massard et Andréa Guiot.
Attaché à la troupe de l’Opéra de Paris, il chante peu à l’étranger mais participe néanmoins à des productions à Londres, Vienne, Moscou, Kiev, Riga, Philadelphie, San Francisco, Los Angeles, Buenos Aires et Rio de Janeiro.
En 1973, à l’arrivée de Rolf Liebermann, la troupe de l’Opéra de Paris est dissoute et Albert Lance rejoint alors la troupe de l’Opéra du Rhin à Strasbourg, jusqu’à sa retraite en 1977.
Il se consacre ensuite exclusivement à l’enseignement du chant, au conservatoire de Nice pendant dix-neuf ans, puis au conservatoire d’Antibes pendant onze ans, en compagnie de son épouse la mezzo-soprano Iris Parel.
Il crée à Colomars, village de l’arrière pays niçois où il réside, l’« Albert Lance Lyric Company », une association organisatrice de spectacles lyriques, qu’il dirige avec son épouse jusqu’à la fin de sa vie.
Albert Lance meurt à 87 ans le 15 mai 2013 à Bellecombe-en-Bauges (Savoie).
Au cours de sa longue carrière, la magnifique voix de mezzo-soprano de Suzanne Sarroca, a retenti sur les plus prestigieuses scènes d’opéra du monde, de New-York à la Scala de Milan, en passant par l’Amérique du Sud, sans oublier les grands théâtres européens et tout particulièrement français dont ceux de sa ville natale, le théâtre Jean-Alary et le grand théâtre de la Cité de Carcassonne.
Née à Carcassonne le 21 avril 1927, Suzanne Sarroca étudie le chant au conservatoire de Toulouse de 1946 à 1948, avant de débuter dans le rôle de Charlotte (Werther, Massenet) à Carcassonne, rôle qu’elle reprendra la même année au Capitole de Toulouse.
En 1951 elle chante Carmen à la Monnaie de Bruxelles et aborde ensuite les grands emplois de soprano lyrico-dramatiques.
En 1952, elle fait des débuts remarqués dans La Tosca de Puccini à l’Opéra de Paris où elle chante tant à Garnier qu’à l’Opéra-Comique : Rezia (Oberon, Weber), Senta (Der fliegende Holländer), Santuzza (Cavalleria Rusticana, Mascagni), le rôle-titre de Aïda de Verdi, Musetta (La Bohème, Puccini), Elisabeth (Don Carlo, Verdi).
Elle crée Numance d’Henry Barraud, interprète le rôle-titre de Louise de Charpentier, Blanche de la Force (Le Dialogue des Carmélites, Poulenc), Tatiana (Eugène Onegin, Tchaïkovski) et Octavian (Le Chevalier à la rose, Strauss), aux côtés de Régine Crespin ou d’Elisabeth Schwarzkopf.
Suzanne Sarroca déploie pendant plus de trente ans une activité dans les grands théâtres de province : Toulouse, Montpellier, Strasbourg, Marseille (Donna Anna en 1956), Bordeaux et Nice (Tosca avec Franco Corelli en 1970).
Particulièrement recherchée à l’étranger pour ses incarnations de Tosca, d’Aïda et d’Elisabeth de Don Carlo, elle triomphe dans ces rôles à Buenos Aires, Bruxelles, Genève, Rome, Rio, Naples, Londres (Covent Garden en 1958-1959 et 1964-1965).
À partir des années 1980, elle abordera à nouveau certains rôles de mezzo notamment Mère Marie de l’Incarnation dans le Dialogues des Carmélites à Strasbourg en 1982.
Elle a été directrice de l’Atelier lyrique de l’Opéra du Rhin (1983-1985) et a enseigné le chant au Conservatoire du IXe arrondissement à Paris jusqu’en 1992.
Elle a enregistré des extraits de Cavalleria Rusticana (rôle de Santuzza) avec Alain Vanzo, Giulietta des Contes d’Hoffmann, Tosca en français avec Gustave Botiaux et Adrien Legros. Un autre enregistrement de ce rôle a été effectué avec José Luccioni.
Considéré par le corps médical comme un phénomène vocal en raison d’une oreille exceptionnelle, le baryton Michel Dens, possédait une voix infatigable qui lui a permis de mener une carrière d’une exceptionnelle longévité.
En soixante ans de carrière il a chanté deux cents rôles et donné dix mille représentations. Il se produisait encore en concert à 89 ans, quelques mois avant sa mort. Au-delà de ces performances, il a incarné ce que l’école française de chant avait de meilleur : clarté du timbre, émission naturelle, diction parfaite, style irréprochable, faculté de s’adapter aux répertoires les plus divers.
Michel Dens possédait une tessiture étendue qui allait du sol grave de la basse au si bémol du ténor ce qui lui permit d’aborder un large répertoire allant de l’opéra à l’opérette, en passant par la mélodie.
Né le 22 juin 1911 à Roubaix dans une famille de musiciens, il fait ses études musicales au conservatoire de sa ville natale et remporte un premier prix d’honneur en 1932. Sa carrière débute en 1934 à l’Opéra de Lille dans le rôle de Wagner du Faust de Gounod . En 1947 il est engagé dans les troupes de l’Opéra-Comique et de l’Opéra de Paris.
En 1951 et 1952, il incarne Sou-Chong dans Le Pays du sourire de Franz Lehár pendant 235 représentations à la Gaîté-Lyrique, rôle qu’il chantera dans le monde entier plus de deux mille fois. En 1954, il incarne Ourrias au festival d’Aix-en-Provence dans la production légendaire de Mireille de Gounod sous la direction d’André Cluytens.
Ayant conservé intacts ses moyens vocaux pendant plus de 60 années de carrière, il chanta, notamment, le rôle de Rigoletto jusqu’à 75 ans et donna son dernier récital à Firminy (Loire) en septembre 2000, à l’âge de 89 ans. Dans les années 1970, en plus de ses activités de chanteur, il devient producteur de spectacles et présente à ce titre plusieurs centaines de représentations d’opéra et d’opérette en Province et en région parisienne.
De nombreux artistes de la génération qui lui a succédé ont fait leurs premiers pas sur scène dans la compagnie qu’il avait fondée.
Michel Dens est mort à 89 ans le 19 décembre 2000 à Paris.
Par Guy DUMAZERT
La personnalité de Daniel MARTY dépasse de loin la carrière – même longue et féconde – d’un artiste lyrique d’exception.
En France et à l’étranger, il a défendu durant quelque trois décennies (1957-1989) le répertoire international, et en premier lieu français : Berlioz, Chabrier, Gounod, Massenet.
Son Figaro, du « Barbier de Séville » rossinien fut sans doute pour lui un cheval de bataille. Il l’interprète, avec succès, à la Télévision Française et sur toutes les grandes scènes françaises.
Il participe à de nombreuses tournées pour les Jeunesses Musicales de France; suit une série de concerts en Bulgarie. A partir de 1957 Il est engagé dans les principales villes de France ainsi qu’à La Monnaie de Bruxelles pour de triomphales séries d’Escamillo.
Sa technique et son style lui permettent de s’imposer comme un interprète racé du lied et de la mélodie française.
Au Conservatoire National de Paris, il avait d’ailleurs été l’élève du célèbre Charles Panzera.
Il y avait obtenu un premier prix de chant. Sa voix, très longue, ne fut pas seulement un don du ciel, mais surtout le résultat d’un travail incessant.
Son art du chant hors de pair le mit au premier rang, lui permettant non seulement de défendre un répertoire considérable, mais aussi de conserver intacte cette voix, même après le terme de sa carrière active.
D’ailleurs son activité continue de s’exercer dans de nombreuses directions : émissions de radio et de télévision, conférences, recherches musicologiques, éditions littéraires et graphiques. … une histoire illustrée du phonographe, particulièrement bien documentée et luxueuse.
A son actif aussi « Une dame nommée Wanda » (Landowska), articles sur Saint-Leu-la-Forêt, études et publications sur le phonographe, un coffret de grand luxe sur le fameux Opéra de Monte-Carlo.
En 1995 au centre Georges Pompidou, il participe à une exposition sur la Machine parlante.
Président-Fondateur de l’Association « les Amis de Wanda Landowska », ses études sur de grands chanteurs : Nelly Melba, Emma Calvé, Enrico Caruso, Francesco Tamagno, Jean de Reskzé, Chaliapine et Titta Ruffo font autorité.
Daniel MARTY est décédé le 2 juin 2015 à l’âge de 82 ans.
Reconnu sur les scènes internationales comme l’un des plus grands barytons verdiens de sa génération, le baryton français Ludovic Tézier nait à Marseille le 10 septembre 1968 dans une famille mélomane.
Après ses débuts à Lucerne et à Lyon dans les rôles mozartiens et le répertoire belcantiste, Ludovic Tézier est invité sur les grandes scènes internationales (Metropolitan Opera de New York, Staatsoper de Vienne, Scala de Milan, Liceu de Barcelone, Capitole de Toulouse, Royal Opera House de Londres, Festival de Salzbourg, de Bregenz, de Glyndebourne, Chorégies d’Orange) où il chante les grands rôles du répertoire de baryton sous la direction de chefs d’orchestre tels que Sir John Eliot Gardiner, Evelino Pido, Myung-Whun Chung, Riccardo Muti.
Il a pour partenaires les plus grandes célébrités du moment : Roberto Alagna, Elina Garanca, Jonas Kaufmann, Sonya Yoncheva, Ramon Vargas, Ildar Abdrazkov…
En 2020/2021, Ludovic Tézier fera en septembre une rentrée italienne dans trois opéras de Verdi : Macbeth à Parme, avant le Trouvère à Barcelone en octobre et d’Otello à Florence en novembre.
Il prendra ensuite le rôle d’Athanaël (Thaïs, Massenet) à Monte-Carlo pour entamer l’année 2021.
Il reviendra à l’Opéra de Paris en Amonasro (Aida, Verdi) en février et Scarpia (Tosca, Puccini)) en mai. Entre temps, il aura effectué sa prise du rôle d’Amfortas (Parsifal, Wagner) à l’Opéra de Vienne en avril. Il retrouvera ensuite le Comte (Il Trovatore, Verdi) au Met en mai puis Rodrigo (Don Carlo, Verdi) à Zurich en juin et le Comte (Les Noces de Figaro, Mozart) à Munich en juillet.
Six fois consacrée aux Victoires de la Musique Classique, première artiste lyrique française à avoir été nommée Kammersängerin au Wierner Staatsoper, la soprano Natalie Dessay a décidé de mettre fin en 2013 à sa brillante et exceptionnelle carrière d’artiste lyrique.
Après avoir chanté les grands rôles du répertoire de colorature sur les plus prestigieuses scènes du monde, Natalie Dessay a entrepris avec succès une nouvelle carrière orientée vers le théâtre, le récital et la chanson.
Née à Lyon le 19 avril 1965, Natalie Dessay étudie le chant au Conservatoire de Bordeaux, d’où elle sort à 20 ans avec un premier prix, qui lui permet d’intègre le Chœur du Théâtre du Capitole de Toulouse.
A 24 ans elle est invitée par l’Opéra de Paris à rejoindre son école d’art lyrique où elle interprète l’Elisa du Re Pastore de Mozart. En 1992 elle est Olympia (Les Contes d’Hoffman, Offenbach), à l’opéra Bastille.
Après avoir remporté le premier prix du Concours Mozart, elle intègre la prestigieuse troupe de l’Opéra National de Vienne.
En 1994, elle modifie l’orthographe de son prénom en supprimant la lettre « h », en hommage, dira-t-elle, à la star américaine Natalie Wood qui demeure l’inoubliable Maria du film West Side Story (1962).
Les scènes internationales lui ouvrent leurs portes et elle triomphe dans les grands rôles de soprano colorature comme Madame Herz (Der Schauspieldirektor, Mozart), Lakmé de Leo Delibes, Adèle (La Chauve-souris, Johan Strauss), ou encore Zerbinette (Ariane à Naxos, Richard Strauss), etc.
Après une opération des cordes vocales, elle change de répertoire et aborde, avec succès le rôle de Lucia di Lammermoor de Donizetti en 2001 à Lyon, un défi qu’elle s’était fixé une dizaine d’années auparavant.
Excellente comédienne, Natalie Dessay reçoit en mars 2008 à Londres le prestigieux « Laurence Olivier Award », pour son interprétation l’année précédente du rôle de Marie dans la Fille du Régiment de Donizetti au Covent Garden aux côtés de Juan Diego Florez.
Sa rencontre avec Michel Legrand va être à l’origine d’une tournée en Europe et en Amérique avec « Les Parapluies de Cherbourg », en production au Théâtre du Châtelet, ainsi que la parution de deux albums, Entre Elle et Lui (Erato) et Beetwen Yesterday and Tomorow (Sony).
Natalie Dessay est invitée par le Théâtre du Châtelet pour la comédie musicale « Passion de Sondheim » dans une mise en scène de Fanny Ardant, où elle interprète le rôle de Fosca.
Parallèlement, elle donne des récitals en duo avec le pianiste Philippe Cassard avec qui elle donne de très nombreux récitals à New York, Londres, Tokyo, Moscou, Paris… Ensemble ils enregistrent trois albums, Debussy (Erato), Fiançailles pour rire (Erato), Schubert (Sony).
Le Théâtre occupe désormais une part très importante de sa vie artistique. Elle fait ses débuts, salués par une critique élogieuse, dans « Und », un monologue d’Howard Barker, au Théâtre Olympia à Tours, repris dans plusieurs villes françaises ainsi qu’au Théâtre des Abbesses, à l’Athénée et au Dejazet à Paris.
En juillet 2018, elle est l’hôte du Festival d’Avignon, pour « Certaines n’avaient jamais vu la Mer » dans une adaptation et mise scène du roman de Julie Otsuka par Richard Brunel, et joue dans la pièce de Stefan Zweig « La Légende d’une Vie » au Théâtre Montparnasse et dans de très nombreux théâtres français.
Elle a signé deux nouveaux albums, l’un de reprises de chansons de Michel Legrand et l’autre, intitulé « Rio Paris », en collaboration avec Hélèna Noguerra, Agnès Jaoui et Cohen Liat.
La plus célèbre soprano française du moment a aussi animé sur Franceinter, une émission de radio destinée à faire découvrir et aimer la musique classique et l’opéra.
Alors qu’il s’apprêtait à regagner la scène pour chanter pour la première fois le rôle du Sacristain (Tosca, Puccini) à l’Opéra Bastille le 14 septembre 2016, le baryton-basse toulousain Jean-Philippe Lafont, considéré dans le monde entier comme l’un des plus éminents interprètes du grand opéra, a fait une terrible chute dans les escaliers du célèbre théâtre, qui l’a contraint à mettre fin à sa longue et magnifique carrière de chanteur lyrique.
Né à Toulouse le 11 février 1951dans une famille modeste, Jean-Philippe Lafont n’avait jamais imaginé lorsqu’il était adolescent, faire une carrière de chanteur lyrique tant il était passionné par le rugby.
Néanmoins, le jeune homme est doué d’une belle voix naturelle qui attire immanquablement l’attention de tous ceux qui l’entendent. A la suite d’une audition, il est invité à monter à Paris pour suivre une formation à l’Opéra-Studio où sont enseignés la diction, le chant, l’interprétation et le théâtre. Denise Dupleix, constatant qu’il avait une voix aux qualités exceptionnelle, va le prendre en mains et lui faire découvrir et aimer l’opéra,
Jean-Philippe Lafont fait ses débuts sur scène un an plus tard, le 18 juillet 1974, au festival d’Avignon, puis salle Favart, dans le rôle de Papageno (la Flûte enchantée, Mozart).
Sa carrière va se poursuivre et se développer, avec un immense succès, sur toutes les grandes scènes nationales : Garnier, Bastille, Champs-Élysées, Le Châtelet, le Capitole de Toulouse, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nice… et les plus prestigieuses du monde : la Scala, le Metropolitan Opera et Carnegie Hall à New York, La Monnaie de Bruxelles, le Liceo de Barcelone, Rome, Chicago, Madrid, Amsterdam, Vienne, Florence, Berlin… L’été, il chante dans les festivals les plus réputés : Salzbourg, Aix, Orange, Vérone, Montpellier,
Il sera l’un des rares chanteurs Français, avec Louise Grandjean, Charles Dalmorès, Marcelle Bunlet, Germaine Lubin, Ernest Blanc
et Régine Crespin, à chanter au mythique festival de Bayreuth où il interprète le Telramund (Lohengrin, Wagner).
Interprète majeur du grand répertoire de baryton : Nabucco, Macbeth, Rigoletto, Lago d’Otello (Verdi), Falstaff (Verdi), Guillaume Tell (Rossini), Leporello (Don Giovanni, Mozart), Scarpia (Tosca), Jack Rance (La Fanciulla del West) ou encore Gianni Schicchi (Puccini), Barnaba (La Gioconda, Ponchielli), Golaud (Pelléas et Mélisande, Debussy), Méphistophélès dans La Damnation de Faust de Berlioz, Sancho (Don Quichotte, Massenet), les Quatre Diables (Les Contes d’Hoffmann, Offenbach), Hamilcar dans le rare Salammbô de Reyer…
Jean-Philippe Lafont s’imposera aussi dans Lohengrin au Festival de Bayreuth, dans les rôles germaniques tels qu’Amfortas (Parsifal), Telramund (Lohengrin), le Hollandais (Le Vaisseau Fantôme) côté wagnérien, mais aussi Strauss avec Lokanaan (Salomé), Oreste (Elektra) et Barak (La Femme sans Ombre) ainsi qu’Alban Berg (rôle titre de Wozzeck).
Avant d’être obligé d’arrêter sa carrière, il avait décidé de se concentrer sur les rôles qui correspondent le mieux à sa personnalité et à la plénitude de sa voix : Wozzeck, Die Frau Ohne Schatten, Salomé, Lohengrin, Falstaff, Macbeth, Rigoletto, Tosca, Otello, Il Tabarro, Gianni Schicchi, Pelléas et Mélisande, Samson et Dalila, Don Quichotte…
Jean-Philippe Lafont a été fait Chevalier de la Légion d’honneur, Officier de l’Ordre national du Mérite et Officier des Arts et des Lettres.
Toujours actif malgré les douloureuses séquelles de la chute qui a failli lui coûter la vie, comme ce fut malheureusement le cas du ténor allemand Fritz Wunderlich, mort à 35 ans, et de l’acteur américain de cinéma, Jeff Chandler, mort à 43 ans, tous deux victimes d’une chute d’escaliers, Jean-Philippe Lafont a entrepris une reconversion en tant que coach vocal.
Lors de la campagne présidentielle de 2017, il a notamment donné des conseils pratiques au futur Président de la République Emmanuel Macron, pour utiliser et protéger sa voix.
La même année il a rejoint l’agence de Bettina Brentano « Adagio Artist », à laquelle il apporte sa riche expérience artistique pour découvrir de nouveaux talents.
Il est l’auteur d’un album original intitulé « La Grande Guerre en Marseillaises » et d’un livre intitulé « Avec voix et éloquence » édité chez Larousse.
Ses interviews sur YouTube et ses courtes présentations dans la série « Voix et éloquence » : le souffle, pensons les mots, du parler au chanter, la tessiture, le legato… , sont particulièrement intéressantes.
Deux fois primée aux Victoires de la musique classique, la mezzo-soprano Karine Deshayes est considérée comme une des grandes figures de l’art lyrique français.
Née le 25 janvier 1972, titulaire d’un diplôme de Musicologie obtenu à la Sorbonne, elle entreprend des études de chant lyrique au Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris avec la soprano Mireille Alcantara. Au cours de sa formation, elle suit notamment les masters-classes de la grande soprano dramatique Régine Crespin.
Karine Deshayes intègre la troupe de l’Opéra de Lyon en 1998. Elle y chante notamment les rôles de Cherubin (Les Noces de Figaro, Mozart), de Stéphano (Roméo et Juliette, Gounod) et surtout de Rosina (Le Barbier de Séville, Rossini). À la même période, elle prend également le rôle d’Elena (La Dame du lac, Rossini) au Festival de Radio-France à Montpellier.
En 2002, elle reçoit le Premier prix du concours « Voix Nouvelles ».
Le petit rôle du Marmiton dans Rusalka de Dvorak lui permet de faire ses premiers pas à l’Opéra de Paris.
Elle chante la Deuxième Dame (La Flûte enchantée, Mozart) à Toulouse, Mercédès (Carmen, Bizet) à Orange, Irène (Tamerlano, Haendel) au Théâtre des Champs-Elysées ou encore Boulotte (Barbe-Bleue, Offenbach) à Avignon.
Progressivement, elle prend des rôles plus importants comme celui d’Angelina (La Cenerentola, Rossini) à Bordeaux en 2004, ainsi que le rôle-titre féminin de Béatrice (Béatrice et Bénédict, Berlioz) à Strasbourg en 2005. Elle reprendra ses deux grands rôles rossiniens, Rosina et Elena, lors de la saison 2009-2010 à l’Opéra de Paris, et de nombreuses fois par la suite.
Au cours de sa carrière, Karine Deshayes est amenée à incarner un certain nombre de grandes figures féminines de l’histoire de l’opéra, Dorabella (Così fan tutte, Mozart), Charlotte (Werther, Massenet), Isolier (Le Comte Ory, Rossini), mais aussi Irène (Le Tamerlano, Haendel), jusqu’au rôle-titre de Carmen dans une production de l’Opéra de Paris en 2012.
Sa notoriété grandissante, l’amène à participer pour la première fois au Festival de Salzbourg en Deuxième Dame (La Flûte enchantée, Mozart) et elle fait des débuts remarqués en 2006 au Metropolitan Opera de New-York dans le rôle de Siebel dans le Faust de Gounod.
Elle est régulièrement invitée par l’Opéra de Paris pour interpréter des rôles majeurs du répertoire de mezzo.
Ses engagements l’amènent à chanter sur pratiquement toutes les scènes de province: Marseille, Toulouse, Montpellier, Toulon, Avignon, Orange, Nice, Lyon, Vienne, Caen, Saint-Etienne, Versailles… les scènes européennes et américaines: Teatro Real de Madrid, Opéra de San Francisco, Met de New York, Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, Liège…
Marraine de « Tous à l’Opéra ! », Karine Deshayes a ouvert cette saison avec la sortie de deux nouveaux albums. L’un avec Delphine Haidan « Deux mezzos sinon rien », l’autre avec « Alexandre Dumas et la musique », accompagnée de jeunes talents lyriques.
Dans le cadre de la Journée Mondiale de l’Opéra (World Opera Day), une initiative portée par Opera Europa, Opera America et Ópera Latinoamérica, avec le soutien de l’Unesco, Karine Deshayes, marraine de la manifestation française, a proposé, le dimanche 25 octobre 2020 à l’Opéra Comique, en présence de Madame Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture, deux master-classes avec de jeunes chanteurs du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
Lauréate de nombreux prix prestigieux dont le deuxième prix au Concours Plácido Domingo Operalia et deux Victoires de la musique classique, la très talentueuse soprano Julie Fuchs s’est imposée avec brio parmi les chanteuses lyriques françaises les plus douées et les plus aimées de sa génération.
Née à Meaux le 24 juillet 1984, Julie Fuchs grandit à Avignon où elle suit une formation musicale complète au conservatoire de la ville.
En 2006, elle entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où elle fait ses premières prises de rôles avec Elle (L’Amour Masqué, Messager) et Susanna (Le Nozze di Figaro, Mozart), et obtient en 2010, à l’unanimité et avec les félicitations du jury, le premier prix de chant.
Ses études terminées, Julie Fuchs fait ses débuts au Festival d’Aix-en-Provence dans le rôle de Galatea (Haendel).
En 2013, elle intègre pour deux ans la troupe de l’Opéra de Zurich où elle interprète Marzelline (Fidelio, Bethoven), Morgana (Alcina, Haendel), Susanna (Le Nozze di Figaro, Mozart), Angelica (Orlando, Haendel), Comtesse Folleville (Il viaggio a Reims, Rossini).
Cette même année, elle fait ses débuts à l’Opéra de Paris dans le rôle de la Folie (Platée, Rameau), et dans le répertoire rossinien avec le rôle de la Comtesse Folleville à l’Opéra de Zurich. Elle se produit sous la Tour Eiffel lors du « Concert de Paris » donné le 14 juillet 2015.
Elle débute au Festival de Salzbourg dans son répertoire de prédilection avec la Messe en Ut de Mozart.
En 2016, elle chante Musetta (La Bohème, Puccini)) au Bayerische Staatsoper de Munich, et se produit en concert aux BBC Proms avec le BBC Symphony Orchestra, ainsi qu’aux Chorégies d’Orange.
La même année elle fait ses débuts au Staatsoper de Vienne où elle triomphe dans le rôle-titre de La Fille du régiment (Donizetti).
En 2017, Julie Fuchs crée le rôle d’Esther pour la création de Trompe-la-mort de Luca Francesconi à l’Opéra de Paris. Elle est également Leila dans Les Pêcheurs de perles de Bizet à l’Auditorium du Nouveau Siècle de Lille et au Théâtre des Champs-Élysées, ainsi que Zerlina dans Don Giovanni au Festival d’Aix-en-Provence.
A nouveau invitée de l’Opéra de Paris où elle chante Nanetta (Falstaff, Verdi), et fait ses débuts au Teatro Real de Madrid dans le redoutable rôle de Giunia (Lucio Silla, Mozart), Zerlina (Don Giovanni) au Festival d’Aix-en-Provence, Esther (Trompe-la-Mort de Luca Francesconi), la Folie (Platée), Emilie et Fatime (Les Indes galantes) à l’Opéra national de Paris, Musetta (La Bohème) au Bayerische Staatsoper de Munich, Fiorilla (Le Turc en Italie), la Comtesse de Folleville (Le Voyage à Reims) et le rôle-titre du Couronnement de Poppée à l’Opéra de Zurich.
Qui ne se souvient pas de son émouvante interprétation de l’Ave Maria de Schubert en présence de dizaines de milliers de personnes réunies Place de la Madeleine à Paris, le 9 décembre 2017, pour rendre un hommage solennel à Johnny Hallyday. Lors de ces funérailles quasi-nationales, retransmises en direct à la télévision, Julie Fuchs était accompagnée par le violoncelliste Gautier Capuçon et le pianiste Yvan Cassar.
En 2019, la crise sanitaire a malheureusement bousculé l’agenda de cette merveilleuse artiste qui devait débuter à l’Opéra d’Etat de Vienne en Despina (Cosi fan tutte, Mozart) et prendre le rôle d’Adina (L’Élixir d’amour, Donizetti).
Guy Chauvet fut le seul ténor français à pouvoir se prévaloir d’avoir chanté le rôle de Radamès (Aïda, Verdi) à Vérone, ce qu’il fit en août 1971, en alternance avec Carlo Bergonzi, lors de la célébration du centième anniversaire de la création de cette scène mythique.
Doté d’une voix puissante de heldentenor, il fut aussi le seul ténor à couvrir trois octaves, du contre ré aigu de poitrine jusqu’au contre ré grave de la basse profonde.
Né à Montluçon le 2 octobre 1933, Guy Chauvet dit avoir eu la révélation de sa voix à l’âge de seize ans lors d’un radio-crochet. Il entre au Conservatoire municipal et s’inscrit à tous les concours de chant qu’il remporte.
Benjamin du concours des ténors organisé à Cannes en 1954 il fut l’un des cinq lauréats, avec Alain Vanzo, Tony Poncet, Roger Gardes et Gustave Botiaux. En 1955, il remporte le concours international de chant de Toulouse et en 1958 celui des Voix d’Or à Luchon.
De pareils résultats incitèrent l’Opéra de Paris à l’engager. Mais ce fut avec la résolution de le ménager, de l’instruire et de cultiver avec soin son évolution. Aussi en fit-on d’abord un artiste-élève, puis un second plan, ensuite un second-premier et enfin, trois ans plus tard, un premier ténor.
Après avoir chanté des troisièmes rôles dans Aïda auprès de Renata Tebaldi et de Rita Gorr ou encore dans Samson et Dalila aux côtés de Mario Del Monaco, il devient à 26 ans le plus jeune premier ténor de l’Opéra de Paris et fait ses débuts au Palais Garnier dans un homme d’arme (La Flûte enchantée, Mozart) le 12 janvier 1959.
En septembre 1959 il remporte un vif succès dans le rôle de Faust (La Damnation de Faust, Berlioz). Régine Crespin l’impose en Énée dans Les Troyens de Berlioz puis il chante Arturo avec Joan Sutherland en Lucie de Lammermoor.
Il triomphe en interprétant Florestan tout en assurant une création mondiale à Monte-Carlo.
Il a chanté avec Régine Crespin, Fiorenza Cossotto (Samson et Dalila), Gabriel Bacquier et Jon Vickers.
Un jour il remporta un franc succès sous les traits du personnage pâlot d’Arturo (Lucia di Lammermoor, Donizetti). Cela le lança et il parut dans Don Carlo, Faust, Tosca, Carmen. Iphigénie en Tauride, Boris Godounov, Antigone… A la reprise des Troyens en 1961, c’est à lui que fut attribué le rôle écrasant d’Enée.
A la salle Favart, il obtint un triomphe en incarnant Paillasse (Canio). Quand Turandot fut à nouveau affiché au Palais Garnier en 1972, Guy Chauvet incarna le Prince Calaf. Le public l’acclama. Il avait atteint la plénitude de ses moyens et se trouvait consacré comme l’un des ténors de tête de l’école française. Encore à Garnier, Samson en 1975.
Cependant c’est à l’étranger et en province que ce helden ténor fait retentir désormais son timbre exceptionnellement puissant (et sa mezza-voce). Il chante dans le monde entier : Milan, Naples, Florence, Vérone, Berlin, Hambourg, Francfort, Munich, Düsseldorf, Mannheim, Bruxelles, Amsterdam, Londres, Vienne, New York, Buenos-Aires, Monte-carlo, Osaka, l’invitèrent tour à tour.
Après une brillante représentation de Samson et Dalila au Met, il est choisi pour remplacer, en cas de défaillance, Plácido Domingo lorsqu’il chante son premier Otello à Paris.
En 1977, il participa à la création du Prophète de Meyerbeer aux côtés de Marilyn Horne au Metropolitan. Guy Chauvet se spécialisera dans les rôles tels que Faust de la Damnation, Samson, Paillasse, Radamès,
Otello, Enée, Sigmund, Lohengrin, dans le monde entier.
Il ajouta à son répertoire Hérodiade, Orphée, l’Enfance du Christ, Louise, Le Prophète, Aïda, Lohengrin, La Walkyrie, Parsifal, Otello. Il revint une fois au Palais Garnier en 1980 pour créer Jenufa.
Il fut aussi le défenseur d’opéras peu connus comme Les Abencérages de Cherubini.
Guy Chauvet meurt à 74 ans le 25 mars 2007
Le baryton français Gérard Souzay, né le 8 décembre 1918 à Angers, a réalisé une grande carrière internationale pour ses interprétations des rôles de Mozart (Don Juan), Debussy (Pelléas et Mélisande) ; fameux aussi dans le rôle de Golleau et des grands compositeurs français, Bizet, Gounod, Massenet, Ambroise Thomas.
Sa prédilection était l’opéra baroque des 17ème et 18ème siècles avec Lulli, Rameau, Haendel, Monteverdi, Glück…
Ses récitals étaient célèbres dans le monde entier, par la beauté de la voix et la délicatesse de l’interprétation.
Considéré comme le Dietrich Fischer-Dieskau à la française, il fut l’un des meilleurs interprètes de mélodies depuis Charles Panzéra et Pierre Bernac.
Il donne ses premières représentations publiques en 1945 : des récitals et des concerts dont le Requiem de Fauré à l’occasion du centenaire du compositeur, au Royal Albert Hall à Londres.
Gérard Souzay acquiert rapidement une renommée internationale pour le récital.
En 1954 Il s’associe avec le pianiste américain Dalton Baldwin, une collaboration qui perdurera jusqu’à la fin de sa carrière.
Sa grande facilité pour la pratique des langues étrangères lui permettent de chanter dans 13 langues, dont le Portugais, l’Hébreu et le Russe
Gérard Souzay fait ses adieux à la scène à la fin des années 1980 et consacre les dernières années de sa vie à enseigner aux États-Unis, en Europe et au Japon.
Sa discographie complète, publiée en 1991, comptait 750 titres.
Il meurt à Antibes le 17 août 2004 à l’âge 86 ans.
De son vrai nom Solange Boulesteix, la mezzo-soprano Solange Michel, née à Paris le 27 novembre 1912, fut une des plus grandes interprètes du rôle-titre de Carmen de Georges Bizet dans la France de l’après-guerre.
Associée au grand répertoire de l’opéra français, Solange Michel se produisit en concert, en récital, et surtout à l’opéra, des années 1930 jusqu’aux années 1970.
Elève de Thomas-Salignac et d’André Gresse au Conservatoire de Paris, elle se fit d’abord entendre à la radio lors de concerts en 1936, avant de débuter sur scène en 1942, dans le rôle de Charlotte de Werther.
En 1945, elle prend le nom de Solange Michel et entre dans la troupe de l’Opéra-Comique où elle débute dans Mignon. Peu après, elle est invitée par l’Opéra de Paris, et s’impose rapidement comme la première mezzo de son époque.
Son interprétation de Carmen est aujourd’hui toujours considérée comme un grand classique. Parmi ses autres rôles marquants, citons Charlotte, Dalila dans Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns, Geneviève dans Pelléas et Mélisande de Debussy, Marguerite dans La Damnation de Faust de Berlioz, le rôle-titre dans l’Orphée de Gluck.
Elle fit aussi quelques créations, comme Le dernier sauvage de Gian Carlo Menotti en 1963. Au niveau international, elle fut invitée par les maisons d’opéra les plus prestigieuses : le Covent Garden de Londres, la Scala de Milan, le Teatro San Carlo de Naples, le Liceu de Barcelone, ou le Teatro Colón de Buenos Aires, mais aussi à Amsterdam, Bruxelles, Madrid, Lisbonne, etc.
Elle se produisit pour la dernière fois en récital à Besançon en 1978.
Elle a participé à de nombreux enregistrements dont le célèbre album de Carmen, aux côtés de Raoul Jobin, et de Faust de Gounod, dans le rôle de dame Marthe, deux enregistrements dirigés par André Cluytens.
Solange Michel est décédée à l’âge de 98 ans le 15 décembre 2010.
Réputé pour la puissance de sa voix aux aigus ahurissants, Tony Poncet, s’est imposé dans les grands rôles de ténor héroïque des répertoires français et italiens.
D’origine espagnole, Tony Poncet nait le 23 décembre 1918 à Maria, près d’Almería en Espagne, sous le nom de Antonio, José, Ponce Miròn.
Le jeune Antonio, José s’installe avec sa famille à Bagnères-de-Bigorre en 1922, prend le nom d’Antoine Poncé qu’il modifiera ultérieurement en Tony Poncet lorsqu’il prendra la nationalité française.
Il étudie le chant au Conservatoire de Paris en 1947 et fait ses débuts en concert à Lyon en 1953. En Avignon il chante les rôles de Turridu dans Cavalleria rusticana et Canio dans Paillasse.
En 1954, il gagne le premier prix à un concours de ténors à Cannes, puis part en tournée aux États-Unis, au Mexique et au Canada.
À son retour, il connait ses premiers grands succès en Belgique, notamment à Gand, Liège et Bruxelles. Il fait ses débuts à l’Opéra et l’Opéra-Comique de Paris, où il s’impose en 1958 dans les rôles de ténor héroïque tels Arnold dans Guillaume Tell, qu’il chanta près de 90 fois, Éléazar dans La Juive, Raoul dans Les Huguenots, Fernand dans La Favorite, Vasco de Gama dans L’Africaine, Don José dans Carmen, Jean dans Hérodiade.
Il chante aussi le répertoire italien, Il trovatore, Aida, Tosca, Cavalleria rusticana, et surtout Canio dans Pagliacci, qu’il chanta environ 200 fois.
A la télévision française on a pu le voir dans une version d’Angélique de Jacques Ibert, et au cinéma dans La Pendule à Salomon de Vicky Ivernel en 1961.
Il se produit dans un très grand nombre de concerts et de récitals. Ses activités l’amènent à chanter dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis où il est invité à chanter Les Huguenots au Carnegie Hall en 1969, aux côtés de Beverly Sills.
On peut également noter qu’à l’occasion de ces spectacles, il enrichit son répertoire d’airs qui n’y figuraient pas auparavant, comme par exemple La Force du destin de Verdi, ainsi qu’en témoignent quelques enregistrements en direct datant de cette période.
En 1971, sa santé, devenue précaire, le contraint à abandonner progressivement le théâtre. Sa dernière apparition à l’opéra a lieu à Toulouse en 1974. Mais il continue néanmoins à se produire en concert, pratiquement jusqu’à la fin de ses jours.
Il meurt d’un cancer à Libourne (Aquitaine) le 13 novembre 1979, à l’âge de 60 ans.
Une stèle et une promenade en bord de fleuve commémorent sa mémoire dans la ville de Bagnères-de-Bigorre où il passa son adolescence.
À chaque date anniversaire, est organisée à Saint-Aigulin, village charentais où repose le ténor, une évocation réalisée à partir de documents audiovisuels.
En reconnaissance de son attitude héroïque pendant la Seconde Guerre mondiale, il reçut un grand nombre de médailles : la croix de guerre, la médaille militaire, la croix du combattant de l’Europe, la croix du combattant volontaire, la médaille des engagés volontaires, la médaille des blessés de guerre, la médaille commémorative de la guerre 39/45 ainsi que de la médaille présidentielle de la Liberté.
Il était aussi, à titre artistique, chevalier de la Légion d’honneur et des Arts et lettres.
En 2009, pour la commémoration des 30 ans de la disparition de l’artiste, une exposition fut organisée dans la ville de Vauvert et une biographie a été éditée.
Sa fille, Mathilde Poncé, a écrit une biographie au propos de son père intitulée Tony Poncet: Ténor de l’Opéra.
Artiste éclectique, la soprano colorature Patricia Petibon se fait connaître dans le répertoire de la musique baroque française avant d’aborder le répertoire classique avec Mozart et le répertoire moderne avec Francis Poulenc.
Très à l’aise dans les rôles d’amoureuse, d’ingénue perverse, de bergère ou de jeune femme excentrique, elle aborde en 2010 l’un des rôles les plus complexes de l’opéra du XXème siècle, sombre et tragique, aux antipodes de son registre habituel, celui de Lulu d’Alban Berg.
Née à Montargis (Loiret) le 27 février 1970, Patricia Petibon entreprend l’étude du piano, puis du chant, sa passion, d’abord au Conservatoire de Tours, puis à Paris où elle prépare une licence de musicologie au Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSM).
Sortie diplômée du CNSM en 1995 avec un Premier prix, son talent est remarqué par William Christie des Arts Florissants, qui la fait débuter avec lui, la même année, à la Scala dans une version concertante de La Descente d’Orphée aux enfers de Marc-Antoine Charpentier.
Au Palais Garnier elle débute en 1996 dans Hippolyte et Aricie de Rameau. En 1999 elle chante également l’Amour dans une mise en scène par Robert Carsen d’Orphée et Eurydice de Gluck sous la direction de John Eliot Gardiner au Théâtre du Châtelet.
En 2000, après Les Indes Galantes de Rameau à l’Opéra de Paris, elle chante Olympia dans Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach à l’Opéra d’État de Vienne et au Grand Théâtre de Genève.
Patricia Petibon fait ses débuts au Festival de Salzbourg en 2001 dans Ariodante de Haendel en Dalinda. Elle chante également Sœur Constance dans les Dialogues des Carmélites de Poulenc à l’Opéra de Paris en 2004, puis Sophie dans Le Chevalier à la rose de Strauss deux ans plus tard à l’Opéra d’État de Vienne.
En mars 2008, elle interprète Camille dans Zampa de Hérold à l’Opéra-Comique. Elle anime en juillet 2012 l’émission musicale Berlingot sur France 2.
En 2009 elle est Despina dans Cosi fan tutte de Mozart au Festival de Salzbourg et son album « Amoureuses » reçoit de la « BBC Music Magazine Award » le prix du meilleur album d’opéra de l’année.
En 2010, Olivier Py lui offre le rôle de la Lulu de Berg à Genève, Salzbourg et au Liceu de Barcelone. En 2011, elle chante cette fois le rôle de Blanche dans les Dialogues des Carmélites au Théâtre de la Vienne, ainsi qu’Aspasie dans Mithridate de Mozart au Festival de Munich.
En 2012, elle fait ses débuts au Festival d’Aix-en-Provence dans Les Noces de Figaro de Mozart, où elle chante Susanna, et incarne Gilda dans Rigoletto à l’Opéra d’État de Berlin.
Elle reprend le rôle de Blanche dans une autre mise en scène d’Olivier Py en 2013, à l’Opéra de Lyon puis au Théâtre des Champs-Elysées.
En mars 2014, elle participe à la création à Bruxelles de Au monde, opéra de Philippe Boesmans. En juillet de la même année, elle interprète le rôle de Ginevra dans une nouvelle production du dramma per musica de Georg Friedrich Haendel Ariodante au festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence.
La même année, elle est également Manon de Massenet à l’Opéra d’État de Vienne et elle crée le rôle de la Seconde fille dans Au monde de Boesmans à La Monnaie.
En 2015, elle fait sa troisième apparition à Aix en Alcina, dans l’opéra éponyme de Haendel.
En 2017, le Théâtre des Champs Elysées lui offre sa prise du rôle-titre féminin de Pelléas et Mélisande de Debussy. Elle chante également Giunia dans Lucio Silla de Mozart au Théâtre royal de Madrid.
En 2018, elle retrouve Orphée et Eurydice au Théâtre des Champs Elysées et à Versailles, cette fois dans le rôle-titre féminin. Elle prend le rôle-titre de La Traviata à Malmö.
En 2019, elle retrouve les Contes d’Hoffmann à La Monnaie, mais chante cette fois les quatre héroïnes.
Patricia a enregistré des œuvres de Lully, Charpentier, Rameau, Landi,
Couperin, Haendel, Gluck, Mozart, Haydn, Copland, Caldara, Bernstein, Barber, Debussy, Méhul, Jommelli, Offenbach, Delibes, Poulenc, Nicolas Racot de Grandval et de Bacri.
En 2016, l’astéroïde (348383) est nommé Petibon.
Depuis le samedi 18 février 2020, le conservatoire de musique, de danse et de théâtre de Montargis porte le nom Patricia PETIBON.
Par Daniel HEMMER
Elen DOSIA, née Odette, Hélène, Theodosia Zygomala, a vu le jour à Constantinople le 13 octobre 1913.
Arrivée avec sa mère à Paris vers l’âge de cinq ans, elle y effectuera toute sa scolarité avant de décider de rentrer en Grèce pour suivre des études musicales complètes auprès de l’un des Conservatoires d’Athènes dont elle sortira diplômée en juin 1932.
Dotée d’un 1er prix de chant – mention excellent – elle retourne alors à Paris, ayant en main une lettre de recommandation pour Gustave Charpentier, le compositeur de Louise. Elle passe rapidement une audition devant lui. Touché par la qualité de sa voix, il lui promet un brillant avenir en lui indiquant toutefois qu’un passage par le Conservatoire national de musique de Paris est indispensable dans la mesure où elle est d’origine étrangère. Il intervient pour qu’elle soit admise dans la classe de Madame Cesbron-Viseur et lui prédit qu’elle n’y restera pas longtemps.
En effet, dès la fin de la première année elle obtient en juin 1934 un second prix. Dans le journal Cœmedia le compositeur Paul Le Flem qualifiait alors Elen Dosia d’héroïne du concours et de future étoile lyrique. Au terme de sa seconde année d’études, en juin 1935 elle sort du conservatoire avec ses trois premiers prix de chant, d’opéra et d’opéra-comique. Les Directeurs de ces deux institutions lui proposent alors un contrat et sagement Elen DOSIA choisit l’Opéra-comique dont la salle plus petite lui paraissait mieux convenir à une artiste débutante.
Elle fera donc à 22 ans ses premiers pas sur scène le 28 novembre 1935 et obtiendra beaucoup de succès au terme de cette représentation de la Tosca auprès de Giuseppe Lugo. Elle gardera toute sa vie le souvenir ému de ce grand partenaire bien qu’elle ait eu par la suite l’opportunité de chanter avec d’autres grands ténors parmi lesquels Kiepura, Lauri-Volpi, Bjorling, Peerce, Martinelli, Luccioni … sans oublier bien évidemment André Burdino qu’elle épousera en 1936.
Outre la France, il lui ouvrira rapidement les portes d’une carrière internationale au cours de laquelle elle aura l’occasion de se produire sur scène, en concert ou en récital notamment en Belgique, Suisse, Tchécoslovaquie, Grèce, Turquie, Maroc, Tunisie, Etats-Unis et Canada.
Elle refusera la proposition qui lui avait été faite par Sir Thomas Beecham de chanter Marina dans Boris Godounov, ce qui lui fermera ainsi à tout jamais les portes du Royal Opera House de Covent Garden, alors qu’André Burdino y chantera pour sa part jusqu’en 1955.
A l’Opéra-comique outre la Tosca, elle sera à l’affiche dans la Bohème, Pelléas et Mélisande, la Traviata, Manon, les contes d’Hoffmann (Antonia), Grisélidis, le Bon roi Dagobert, Amphytrion 38 et l’Heure Espagnole.
En 1937, 1938 et 1939 elle participera avec son époux aux saisons françaises à l’Opéra de Chicago, de San Francisco et de Los Angeles (Tosca, Manon, Roméo et Juliette, Faust, Traviata, les Contes d’Hoffmann …) et assurera une importante série de récitals dans diverses villes des Etats-Unis et du Canada.
Elen Dosia dans le rôle de Manon
Elle retiendra l’attention et l’admiration de la grande Mary Garden qui l’entendra durant ses représentations de Chicago et décidera alors de lui offrir les bijoux qu’elle-même avait portés en scène.
Jacques Rouché, Directeur de l’Opéra de Paris, ne la fera débuter au palais Garnier que le 29 avril 1939 dans la Chartreuse de Parme d’Henri Sauguet. Elle sera affichée par la suite dans Roméo et Juliette, Thaïs, le Roi d’Ys, Marouf, Faust, Hérodiade, Othello et chantera en 1942 à l’occasion d’un gala Massenet le second acte d’Esclarmonde.
Début 1941 elle a participé au théâtre du Châtelet à un gala Franz Lehár, sous la direction du compositeur.
Après un projet avorté de film aux côtés de Georges Thill, Elen DOSIA participera en 1942 au film « l’Ange Gardien » de Jacques de Casembroot.
Elle divorcera d’André Burdino en 1943.
Courant 1947 après avoir assuré une tournée de récitals en Turquie et chanté en mars une représentation de Manon à l’Opéra d’Athènes, elle retournera seule aux Etats-Unis pour une série de concerts notamment à la radio et faire ses débuts au Metropolitan Opéra de New-York dans la Tosca le 15 novembre 1947 auprès du ténor Jan Peerce. Lors de la seconde représentation elle aura à ses côtés le grand baryton Lawrence Tibbett dans le rôle du Baron Scarpia.
Le 9 décembre 1947 elle assurera une représentation de Manon à l’Opéra de Philadelphie aux côtés notamment de Charles Kullman et de Martial Singher, sous la direction de Louis Fourestier.
Pendant longtemps, Elen DOSIA a été l’une des très rares, voire même la seule cantatrice française à être invitée régulièrement aux Etats-Unis, en dehors bien évidemment de Lily Pons dont elle était devenue amie et qui jouissait outre-Atlantique d’un statut très particulier.
Elle s’y rendra de nouveau courant 1948 pour divers concerts et sera à l’affiche du Met en février 1949 pour deux représentations de Pelléas et Mélisande aux côtés de Jacques Jansen et de John Browlee. Elle aura également l’occasion de participer à un concert radiodiffusé sous la direction d’Arturo Toscanini.
Par ailleurs ayant effectué un essai pour Hollywood, Elen DOSIA retournera aux Etats-Unis en 1950 pour tourner dans le film de la Twentieth Century Fox « OF MEN AND MUSIC », documentaire musical présentant le portrait de quatre musiciens Arthur Rubinstein, Jascha Heifetz, Dimitri Mitropoulos. Elle sera le quatrième artiste pour la version de ce film destinée à la France, qui sortira en 1951 sous le titre « Enchantement musical ».