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Ecouter Mario Lanza

Leoncavallo : VESTI LA GIUBBA
Dicitencello Vuie
Verdi: OTELLO "Dio mi potevi"
Na sera e maggio
Serenade de Romberg
Leoncavallo: LA BOHEME
Giordano: ANDREA CHENIER














L’actualité de Mario Lanza


L’actualité de Mario Lanza, 63 ans après sa mort, est générale et évidente : tapez « Mario Lanza » sur votre moteur de recherche ou sur Youtube…  et vous comprendrez !

Tous les pays le connaissent et l’admirent (fan clubs et sites un peu partout, USA, Grande Bretagne, Amérique du Sud, Italie, Australie – où même une rose porte son nom -, Russie, France, Belgique, Hollande, Japon (des Japonais fidèles et admiratifs, dont une soprano impressionnante, ont fait le voyage de Philadelphie, comme des Hollandais, des Anglais, et même… des Français, nous mêmes, ce qui a beaucoup touché nos hôtes et amis américains).

Une universitaire italienne, Eddy Lovaglio, lui consacré en 2002 une belle et riche biographie « Mario Lanza, una Voce, un artista », des coffrets regroupant les grandes voix du XXème siècle unissent Mario Lanza à Caruso, Gigli, Schipa, Tauber, Tagliavini, Bjoerling, Del Monaco, Di Stefano, Gedda (qui était présent à son concert de l’Albert Hall, de même que Richard Bonynge et son épouse, la grande Joan Sutherland).

Pavarotti, Domingo, Carreras, lui ont rendu des hommages répétés, jusqu’à présenter un film en DVD sur sa vie, Mario Lanza, The American Caruso ; Domingo, dit: « La voix de Mario Lanza est la référence absolue »; un CD, Tribute to Mario Lanza outre deux concerts, à Londres et Birmingham (Carreras); Richard Leech, star du Met, passionné de Lanza, et qui est de toutes les manifestations à New York, et notamment lorsque le Met a rendu son grand hommage à Lanza, ne perd pas une occasion de rappeler quel grand chanteur fut Lanza.

Et encore Andrea Bocelli, qui écrit dans sa pochette de CD ce que l’Italie doit à ses fils exilés, dont les plus charismatiques, comme le Grand Mario Lanza; ou Roberto Alagna, qui l’évoque avec émotion dans son livre (à la maison, on écoutait Caruso et Lanza) etc…

Reconnaissance des grandes voix d’aujourd’hui, amitié des grandes voix d’hier, les Bjoerling, Schipa, Merrill, Tucker (qui, avant de dîner avec lui en compagnie de leurs épouses, le remerciera chaleureusement de s’être caché dans l’ombre de sa loge lors de ses débuts à Covent Garden, pour ne pas lui voler la vedette); Martinelli, Pinza, Valdengo, Moscona (ces deux derniers chantèrent avec lui dans le film Le Grand Caruso); George London, (grand baryton basse – grands rôles, superbe carrière dans Wagner, et le Faust de Gounod, notamment – son collègue du Bel Canto Trio de sa jeunesse, qui restera l’ami sincère de toujours, celui des débuts et des rêves).

Admiration des stars du show business, Sinatra, Elvis Presley (qui lui dédie « It’s Now or Never »), Perry Como, Dean Martin, Jerry Lewis, Walter Pidgeon… ou de Van Johnson et Rossano Brazzi (qui porteront tous deux son cercueil à Rome), etc…

Et les cantatrices… Renata Tebaldi, Anna Moffo, Licia Albanese, restées fidèles à la mémoire de Lanza jusqu’à venir presque tous les ans en novembre quand sa santé le lui permet, présider le Concours international de chant Lyrique Mario Lanza à Philadelphie.

Et Joan Sutherland (qui alla l’écouter à l’Albert Hall, avec son mari le chef d’orchestre Richard Bonynge, à ce concert historique du 16 janvier 1958, le seul concert européen à avoir été enregistré, et où était aussi présent un autre grand ténor et musicien, Nicolai Gedda), Dorothy Kirsten, Jarmila Novotna, Blanche Thebom, l’admiration de Maria Callas et son regret de n’avoir pas chanté avec la plus belle voix qu’elle eût jamais entendue etc…

Et la reconnaissance des grands chefs, celle de Toscanini (« C’est la plus grande voix du 20ème siècle »), de Koussevitsky, qui le découvrit lors d’une audition presque improvisée, et le prit à Tanglewood avec d’autres jeunes comme… Beverly Sills ou Leonard Bernstein ; de Victor de Sabata, de Peter Herman Adler, etc…

Et celle des grands professeurs de chant, comme les Maestri Giacomo Spadoni, qui avait « coaché » Caruso et devait même reconnaître les dons vocaux naturels supérieurs de Lanza, ou Enrico Rosati, son professeur de chant (après avoir été celui de Gigli et de Lauri-Volpi).

Mais dans ce concert unanime de louanges de la part des professionnels (on n’ose pas dire des « vrais » professionnels, ceux dont le chant est la vie même et le métier), on est encore plus touché par l’accueil sensationnel des musiciens de l’Opéra de Rome.

Ceux-ci, avec lesquels il enregistrait dans la salle même du prestigieux Opéra, découvrirent la voix sublime et les notes d’or qui s’élevaient pour remplir le théâtre et éclatèrent en applaudissements après l’enregistrement des arie !

Ils avaient d’abord pensé que ce « ténor de cinéma » américain profitait peut-être de trucages de studio (à quoi bon, d’ailleurs, une telle stupidité, alors que Lanza a donné plus de 150 concerts, que dans certaines villes les organisateurs vendaient des billets pour les répétitions, et qu’enfin tout le monde entendait sa voix réelle en concert ? Et pourquoi un tel casse-tête pour les studios de cinéma, alors que les belles voix ne manquent pas?)

Or voila que les musiciens de l’Opéra de Rome, eux qui jouaient avec les plus grands artistes de leur temps, découvraient, selon des témoignages croisés et unanimes, que la voix entendue en disque, bien que magnifique, n’était rien en comparaison de ce qu’elle était dans la réalité !

Et, là, après cette expérience inoubliable (en général, une seule prise suffisait, et c’était la bonne !), ils faisaient son siège pour lui faire dédicacer ses disques !

On sait aujourd’hui par les studios de RCA et leur prestigieux label « Red Seal », que la technique des années 50 ne permettait pas de rendre justice à la voix exceptionnelle de Lanza (saturation des micros, compression excessive etc…) et selon ceux qui assistaient à ses représentations ou ses séances de répétition, on n’avait  » jamais entendu Lanza » si on ne connaissait que ses disques ou ses films, tant sa voix était exceptionnelle et exceptionnellement puissante.

Mais au moins films et disques ont-ils gardé l’émotion…

Le 27 mai 2012 sera organisé à New York, un nouveau Concours de chant Mario Lanza (encore un) par la société Mort and Ray Productions. Présidé par la soprano Elaine Malbin qui chanta en 1950 deux duos d’opéras avec Mario Lanza, ce concours se déroulera dans Manhattan, à la hauteur de Broadway et de la 86ème rue. Il sera ouvert à 15 ténors et barytons, et à 15 sopranos.

En 2007 et 2009, la chaine de télévision ARTE, après la BBC, a diffusé un film d’hommage à Mario Lanza: « Mario Lanza, Singing to the Gods« .

A la mémoire de Lanza, ARTE a associé, dans un second film, celle de Fritz Wunderlich, autre météore du chant lyrique, juste hommage dû aux Grands prématurément disparus (« One Brief Shining Moment », pourrait-on dire en reprenant le titre d’un livre consacré au Président Kennedy).

Quant à la musicologie, elle évolue aussi et commence à abandonner l’impardonnable snobisme de certains des siens (quel crime! il osait chanter autre chose que l’Opéra ! Mais que font d’autre nos stars de l’Opéra, aujourd’hui ?).

Heureusement donc, les choses changent: ainsi, les hommages et la reconnaissance du musicologue anglais Matthew Boyden (« Opéra, une Histoire en photos », Editions Hors Collection, publié en anglais sous le titre « Icons of Opera », Brown Partworks Ltd, 2001) ;

Ainsi, la reconnaissance naturelle du Baker’s Dictionary of Opera, Schirmer Books, New York, 2000).

Déjà, dans les années 60, d’autres musicologues et critiques musicaux avaient sauvé leur honneur, comme Henri Jacqueton, dans son émission de l’ORTF, «Les Grandes Voix Humaines», en disant, avec chaleur leur émotion artistique et humaine à l’écoute de cet immense artiste (il fallait entendre la propre émotion de Jacqueton, dont on voudrait pouvoir réécouter les émissions, – INA entendez vous notre appel ? – ).

Le grand Lawrence Tibbett l’avait dit: Dans 50 ans, le monde entier reconnaitra en Mario Lanza le grand artiste qu’il était ! Or voilà  54 ans que Mario Lanza est mort (le 7 octobre 1959), et voilà 54 ans que ses films passent en boucle sur toutes les télévisions du monde, pour faire résonner cette voix d’or (au delà des scénari parfois étriqués de certains de ses fims, qui le firent rompre avec MGM) de nouveaux amateurs, de tout âge, apparaissent après avoir découvert, souvent par hasard, cette voix d’exception et sa charge émotionnelle unique.

Depuis 60 ans, Philadelphie, ville d’art, sa ville natale, le Concours international de chant Mario Lanza, attire des candidats du monde entier (Juan Diego Flores, Joyce Di Donato), aide les jeunes talents et contribue à développer l’amour du chant.

Alors n’est-ce pas le moment, prophétisé par Lawrence Tibbett, de célébrer et réitérer la reconnaissance de Mario Lanza, ténor de légende ?

Quels chanteurs dans le monde peuvent se prévaloir d’avoir leur portrait sur un billet de banque et sur des timbres poste 50 ans après leur disparition?

Ecoutez donc Lanza, cette voix d’aujourd’hui, cette émotion intacte, cette fraicheur de sentiments, la rosée du matin.

Mario Lanza, c’est maintenant ! Et ça ne fait que… recommencer !

Marcel AZENCOT

Vous pouvez voir et entendre
MARIO LANZA
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