Le 5 mai 1949 Mario Lanza réalise son premier enregistrement pour RCA Victor au Manhattan Center de New York. L’orchestre, composé de 45 musiciens issus du Metropolitan Opera, est dirigé par Constantine Callinicos.

Deux arias : Che gelida manina (La Bohème/Puccini), Celeste Aïda (Verdi) et deux chansons napolitaines : Core’ngrato (Cardilo-Cordiferro) et Mamma mia che vo’ sapé ? (Nutile-Russo,) sont enregistrés en un seule prise.

Richard Mohr, directeur de la production de RCA, dira abasourdi : « C’était la première fois que je voyais ça. On a enregistré d’une seule prise les quatre airs d’affilée ! »

Lanza était vocalement en grande forme. Le premier air, Core’ngrato, fut chanté avec passion et générosité. Cette interprétation sera d’ailleurs admirée par José Carreras.

L’air suivant, Celeste Aïda, fut chanté un ton haut dessus de celui qu’il chantait habituellement en concert. Certains critiques diront que ce n’est pas conventionnel, et d’autres loueront la beauté et la puissance de son interprétation. Mamma mia che vo’ sapé, restera, selon Callinicos, sa meilleure version.

Mario Lanza termina la session qui aura duré moins de trois heures, par Che gelida manina ».

Ce disque deviendra un « classique » et Che gelida manina et Celeste Aïda seront proclamés « Meilleurs airs d’opéra de l’année 1949 » par National Record Critics Association (Association Nationale des Critiques de Disques).

Ces deux arias, chantés par Mario Lanza, seront ajoutés au prestigieux catalogue « Hall of Fame » (« Panthéon de la Gloire »), recueil des enregistrements – réellement – historiques de RCA Victor.

« A de très rares exceptions près, MarioLanza a toujours maintenu à un très haut niveau la qualité de ses enregistrements », dira Richard Mohr, ajoutant : « La splendeur de sa voix n’a jamais varié au cours des dix années où il enregistra. Bien sûr on se rendait compte qu’il était plus à l’aise et avait plus d’énergie pour enregistrer lorsqu’il était en surpoids que lorsqu’il était mince, mais dans les deux cas, il chantait comme aucun autre chanteur au monde ne pouvait le faire ».

A l’issue de cette première session d’enregistrement, Mario Lanza et Constantine Callinicos, seront photographiés ensemble devant les studios.

« Aujourd’hui nous posons pour la postérité, Costa » !, dira le ténor en souriant, loin de se douter à cet instant précis qu’il allait devenir en quelques années LE « Bestseller » de RCA.

Marcel AZENCOT