Rechercher





Ecouter Mario Lanza

Leoncavallo : VESTI LA GIUBBA
Dicitencello Vuie
Verdi: OTELLO "Dio mi potevi"
Na sera e maggio
Serenade de Romberg
Leoncavallo: LA BOHEME
Giordano: ANDREA CHENIER














Pourquoi Massenet?

janvier 19th, 2019 par Alain Fauquier


 jean-kriff

Par Jean KRIFF
Ancien artiste lyrique, professeur de chant,
Essayiste

Au temps de la ‘troisième’.

Les temps étaient durs. A la chambre, royalistes, bonapartistes, socialistes se côtoient, perturbés par des prurits de catholicisme fervent, de protestantisme qui l’était  plus encore ou de courants laïcs, dont l’agitation mettait en porte-à-faux les thuriféraires de la condamnation d’hypothétiques omnipotentes banques juives en réglant des comptes, à potron-minet, l’épée ou le pistolet à la main et moins glorieusement, en Bourse, sur l’étal de banquiers, futurs pourvoyeurs des bouchers de 1914.

Aux cicatrices du siège de Paris, à celles de la Commune, à l’amputation de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine et aux dommages de guerre exigés par les allemands (cinq milliards de francs-or) s’ajoutent les maladies du siècle : tuberculose, syphilis, pauvreté et antisémitisme. Vibrions et tréponèmes de toute nature serrent les rangs. Les partisans du pape Pie IX ne sont pas en reste : au menu, retour à la Tradition et à la liturgie grégorienne et confirmation par Léon XIII, son successeur, en 1878, sur la sedia gestatoria. Renan et Vacher de la Pouge qui ont imprégné le discours des intellectuels du siècle les écoutent se gargariser avec les notions de race et d’aryanisme.

En 1894, l’affaire Dreyfus éclate. La France est divisée en deux morceaux supplémentaires pendant douze ans. Plus question de rire. En cascade, la condamnation du syndicalisme athée par l’encyclique rerum novarum en 1891 sera suivie en 1895 par la création de la CGT puis l’expulsion des jésuites et la dissolution des congrégations enseignantes en 1902. La condamnation par un motu proprio venu de Rome répondit alors à la situation en 1903.

Pour faire pièce au catholicisme ultramontain, appui de Mac Mahon, inventeur de l’ordre moral mais prié de démissionner avant l’heure, Jules Grévy, qui le remplaça, s’entoura de personnalités libérales. Autour de Jules Ferry qu’il choisit comme ministre de l’Instruction publique, gravitaient nombre de protestants, meilleurs combattants contre l’école libre et pour la laïcité : Ferdinand Buisson, Jules Favre dont l’épouse crée l’Ecole Normale de jeunes Filles, Jules Steeg, Félix Pécaut, André Siegfried, Jean Schlumberger, Henri Baulig, Elisa Lemonnier qui mit en place l’Ecole Professionnelle de jeunes filles. Beaucoup d’entre eux venaient de l’Alsace occupée. Les républicains s’apprêtaient à sonner l’hallali de l’enseignement libre et à débarrasser les enfants de leurs hardes parfumées à l’encens pour les remplacer par des blouses grises. Face à cela, les congrégations enseignantes se mobilisèrent. Le petit père Combes eut raison d’elles en 1904.

Vie parisienne.

Allait-on le soir chez la comtesse Greffulhe violemment dreyfusarde, l’Oriane de Proust, dont le salon, prétendait-elle, n’hébergeait que des ‘aristocrates de l’intelligence’ ? Chez la Princesse Edmond de Polignac née Singer – l’héritière des machines à coudre – dont l’amour pour les dames ajoutait à sa spécificité mondaine de mécène éclairée ? D’ailleurs, ne remplaçait-t-elle pas ses portraits de famille par des Monet ?

Et si l’on participait à un ‘five o’clock’ chez Madame de Saint-Marceaux, copie conforme de madame Verdurin, à moins que…peut-être…chez la femme du banquier Sulzbach qui chantait, ‘parfumée comme une salle de Bain de harem turc’ ? Et Marguerite Steinheil, dites-moi, cette divine Meg, qui fit connaître au président Félix Faure une ‘petite mort’ qu’elle transforma adroitement le 16 février 1899, en une mort authentique. La dame était née Japy, c’est-à-dire fille des machines à écrire. Leur père avait un siège à la société en commandite qui gérait financièrement l’Opéra.

Invitées chez Madeleine Lemaire, les femmes affirmaient leurs talents artistiques : Augusta Holmès et Cécile Chaminade pour la musique, Berthe Morisot, Rosa Bonheur, Louise Abbéma, Louise Breslau pour les arts plastiques, tout en exhibant ostensiblement des vies personnelles hors normes chez les bourgeois bien pensants.

Bien que volontairement en arrière-plan, les hommes n’étaient pas en reste. La culture, c’était comme le ‘poumon’ du malade imaginaire pour la bonne société, exhibé partout, bandes de tulle ouvragé joliment posées sur des eczémas financiers qu’il était malséant de gratter pour en connaître l’origine. Le positivisme de Comte rassurait. Il était une armure pour les chevaliers de cette fin de siècle. Le pourquoi semblait définitivement remplacé par le comment. Exemple chez madame Stern, l’épouse de la banque – écrivant sous le nom de Maria Star – qui mêlait allégrement ballerines, princes de l’Eglise et chefs d’Etat, ou chez Alphonse Daudet où Clémenceau, Barrès, Proust, Courteline échangeaient des idées ; ou encore auprès du philosophe Xavier Léon, jacobin, anti pangermanisme chez qui Henri Bergson, Paul Valéry, Albert Einstein, Darius Milhaud, Wladimir Jankélévitch, Eric Satie devisaient en buvant le thé cultivé dans les plantations de Thomas Lipton.

Pendant que dans ces salons des compositeurs, interprètes, auteurs : Stéphane Mallarmé, Edmond de Goncourt, Anatole France, Gabriel Fauré et Jules Massenet venaient roucouler des plaisanteries sucrées auprès de dames en quête de frissons artistiques et faire connaître leur musique, textes et poèmes, sans oublier de faire des ronds de jambe auprès d’hommes politiques influents, la rue grondait, quelque peu agitée par les menées anarchistes.

En 1892 éclatait le scandale du canal de Panama. Cent cinquante parlementaires étaient compromis. Quatre vingt mille actionnaires ruinés. Les anarchistes déjà fâchés avec le pouvoir se devaient d’entrer en action.

En juillet 1892, Ravachol, l’un d’eux, eut le malheur d’être guillotiné. Pour le venger, en décembre 1893, Vaillant jeta  une bombe à clous dans l’hémicycle de l’Assemblée : cinquante blessés. En février 1894, le jeteur de bombe guillotiné à son tour, le président Sadi-Carnot ayant refusé sa grâce, Caserio le poignardait à mort en juin 1794 et terminait ses jours comme ses amis politiques, le 16 août de la même année.

Ainsi, Massenet ?

Naissance 1842 près de Saint-Etienne. Un père Alsacien fabriquant de faux, une mère Lorraine professeur de musique. Famille protestante mais il se convertit pour épouser Ninon (Mademoiselle de Sainte-Marie) néanmoins, en matière de culte, comme en tout, ce qui est acquis se conserve mieux que ce qui est conquis. Premier grand prix de Rome en 1863, il fut, comme tout le monde, Garde National pendant le siège de Paris du 4 septembre 1870 au 29 janvier 1871. Jules Ferry était le maire, Jules Favre chargé de la Défense Nationale, Jules Trochu Gouverneur de Paris, Jules Grévy, Président du Conseil. Si l’on rajoutait Jules Simon, Ministre de l’Instruction Publique et même Jules Vallès qui écrivait avec son frère Edmond, Massenet considéra qu’il y avait trop de Jules dans la nature. Ses 25 partitions d’œuvres lyriques ne portèrent définitivement que son nom précédé de l’initiale de son prénom : J. Massenet.

Portrait MASSENET

Massenet chantre de la femme ? Massenet dispensateur d’eau sucrée ? Peut-être mais le sucre est parfois le moyen de faire avaler les plus amères potions. Cette obsession qu’il eut pendant toute sa carrière, imprégnée du désir exacerbé de donner aux femmes le droit d’avoir un corps et une capacité d’aimer, en dehors de toute norme sociétale religieuse ou coutumière, le décida à transmuter poétiquement leur ferveur religieuse en palpitations de la chair.

En 1881, Vaucorbeil, directeur de l’Opéra de Paris, prétextant une mauvaise ‘carcasse’ d’Hérodiade, poussa le compositeur à faire créer la pièce à la Monnaie de Bruxelles. La salle où avaient pris place des têtes couronnées et des musiciens venus de Paris et d’ailleurs, lui fit un triomphe. Mais le sujet, considéré en France comme carrément scabreux mobilisa l’Église lors de la création de l’ouvrage à Lyon en décembre 1885. Massenet fut menacé d’excommunication par le cardinal-archevêque Monseigneur Caverot. Comment était-ce possible qu’il y ait un duo d’amour entre Salomé, l’imaginaire lascive pécheresse, et Jean le Baptiste ? La politique locale s’empara de l’affaire et Massenet fut marqué au fer rouge du républicanisme, ce qui était probable, et pire encore, de franc-maçonnerie, ce qui était totalement faux.

Come siamo piccoli in confronto ad un maestro colossale di quella fatta li’ (Puccini 1882)

Parmi les critiques faites à Massenet, on insiste généralement sur sa collaboration systématique avec des auteurs de  moyenne étoffe. Les librettistes de Massenet, dont les principaux furent Paul Milliet, Ernest Blau, Jules Claretie, Louis Gallet, Armand Silvestre et Henri Cain – il y en eut une quarantaine – étaient des auteurs mineurs. Cet aspect des choses ne prend pas en compte l’engagement sociétal et risqué dont ils furent les artisans, particulièrement en ce qui concerna Jean Richepin et Catulle Mendès. Le travail d’adaptation qu’il fit faire à ses collaborateurs à partir de Boccace, Rabelais, Anatole France, Perrault, fut un travail difficile que probablement des écrivains vedettes n’auraient pas accepté, mais il est vrai, néanmoins, que sur les 258 mélodies qu’il composa, la mièvrerie de certains poèmes grince de fadeur glacée.

En fait, Massenet avait l’intime conviction que ses dons de compositeur de théâtre devaient servir à susciter et ressusciter la chaleur et l’harmonie naturelle des rapports hommes/femmes, ces dernières étant alors prisonnières de multiples entraves. Donc il prit comme devoir de traquer et d’extirper l’univers féminin, des prisons patriarcales et maritales culturellement admises mais aussi, sans vergogne et toujours avec le sourire, proposa une relecture des textes dits sacrés, authentifiés poisons relationnels pour les deux parties de l’humanité.

Son premier coup de génie reconnu fut son oratorio Marie-Magdeleine, créé à l’Odéon par Pauline Viardot. La pécheresse y aimait Jésus, non tout d’abord comme un Dieu, mais comme un homme et ce n’était qu’après sa mort qu’elle comprenait qui elle avait chéri. Le péché devenait donc une voix possible de salut car Dieu seul choisissait. La prédestination protestante n’était donc pas loin. Une abomination dont le public aurait dû se soucier, mais ce ne fut pas le cas, au contraire. Il accepta même d’être convaincu par ce roman d’amour d’un nouveau genre.

Puis Eve (1875). Le chœur de la nature balaie le  mysticisme chrétien et incite Eve à répondre aux appels de son corps. ‘Ensuite, tu seras reine de l’homme. Il  ne pourra plus t’imposer sa loi’.  Le chœur maudira en clamant Dies Irae. La colère de Dieu car l’Homme a perdu le statut qu’il lui avait donné.

Une étape plus loin, Massenet composa La Vierge (1880) pour l’Opéra de Paris et qualifia son œuvre de ‘légende sacrée’ car il fit se dérouler la passion et la mort de Jésus en dehors de la scène. Les chœurs raconteraient la passion et la croix. C’est pourtant devant le public que Marie meurt d’une trop humaine douleur.

Pendant toute son existence, ce fut quotidiennement entre quatre heures et onze heures du matin que Massenet écrivit les milliers de pages qui, jusqu’à moins d’une semaine de sa mort, composèrent la totalité de son œuvre.

Manon (1884). Une ravissante gamine, un peu nunuche menée à la prostitution, d’abord mondaine – elle devient Reine de Paris -  et finalement déchue, ruinée, arrêtée et déportée. Sa confiance en l’amour de des Grieux, son amant, lui rendant la pureté qui absout par l’amour retrouvé. Evidemment, il y avait eu l’atroce fin de Nana en 1880 mais si Massenet chercha cette histoire écrite plus de 150 ans auparavant, c’était parce qu’elle était d’actualité en cette fin de siècle. Les demi-mondaines envahissaient la bonne société où des ‘messieurs’ se les ‘échangeaient’. La prostitution était un moyen d’existence pour bon nombre de femmes : le cinquième quart de la paie des ouvrières qui se terminait soit par  la maladie, soit par la déportation. Manon fut une critique sociale délibérée.

Werther (1892)

Créé à Vienne (Autriche), là aussi le sujet est brûlant. Devant ce monde réel où le cocufiage est la raison d’être, au théâtre, Charlotte, l’héroïne essaie de rester impavide devant les sollicitations pressantes du héros. Bernard Shaw écrit : ‘Il y a deux moments d’action dans la pièce, le premier lorsque Werther essaie d’embrasser Charlotte, le second lorsqu’il se suicide de ne pas y être parvenu’ mais la réalité que le spectateur français perçoit est qu’il y a bel et bien un suicide en scène et Werther termine la pièce par : ‘Si la terre chrétienne est interdite au corps d’un malheureux, allez placer ma tombe près d’un chemin. En détournant les yeux, un prêtre passera mais, à la dérobée, quelque femme viendra visiter le banni’ puis Charlotte: ‘Tout est fini’ quand éclatent des voix  d’enfants chantant Noël. Malgré son suicide Werther est admis à la résurrection, donc au pardon. Dur à avaler dans la France catholique de 1892.

Thaïs ? Roman scandaleux d’Anatole France. Courtisane égyptienne convoitée par tous ceux qui l’approchent. Inquiète de ne pouvoir garder éternellement sa beauté, elle est menée à la conversion chrétienne par un religieux copte et finit par se laisser mourir pour atteindre son nouvel univers métaphysique, mais le prosélyte avoue un désir charnel jamais assouvi pour Thaïs. Il hurle avec violence sa frustration. Comment mieux démontrer que la pureté de sentiments religieux n’est que feinte ?

Comment ne pas citer encore le Jongleur de Notre-Dame, cet être simple qui ne sait rien faire d’autre que de jongler. Agressé sans cesse par les quolibets de tous les autres moines, y compris ceux du prieur, ne sachant plus qu’offrir à la Vierge sous la protection de qui le monastère est placé, il décide de danser et de jongler devant Elle pour lui offrir son épuisement. Devant les religieux accourus pour le moquer encore plus, il se contente de mourir. Offrir une part de soi pour sauver sa libre dignité d’être humain.

Impossible d’aller beaucoup plus loin dans l’étude du théâtre musical de Massenet, la place manque. Une chose est certaine et peut-être le lecteur, s’il a eu le courage de nous lire jusqu’ici, aura compris que Massenet a toujours été proche du désir d’authenticité et de la certitude que seul l’amour sous toutes ses formes était LA solution et que seul, le cœur des femmes en était la voie. Cendrillon, Cléopâtre, Ariane et sa sœur Phèdre, Eve, Marie, elles vivent toutes ; archétypales et aussi nécessaires à l’imaginaire que le pain l’est pour le corps. Ce sont elles qui animent Don Quichotte, Bacchus, Thésée, Antoine et aussi Panurge, tous personnages que Massenet a fait vivre dans ses œuvres lyriques et que l’on ressent comme frères.

‘Ses confrères lui pardonnèrent mal ce pouvoir de plaire’ Claude Debussy

Le courage de Massenet ? Dreyfus pas encore réhabilité, malgré un antisémitisme bien à la mode, le Maître demanda à Catulle Mendès un livret pour Ariane et malgré l’échec de la pièce, il réitéra un an plus tard pour qu’il écrive la suite : Bacchus. Catulle ne put terminer. Il mourut, jeté ou tombé d’un train sous le tunnel ferroviaire de Saint-Germain.

Quant à ses inspiratrices, Sibyl Sanderson et Lucy Arbell et Emma Calvé qui furent les plus notoires – quoique l’on ait pu en dire, il n’existe que des conjectures concernant la qualification de leurs relations – grâce leur soit rendue. Massenet, merveilleux connaisseur des voix humaines et de la phonétique chantée sut, inspiré par leurs conseils, écrire des airs si parfaitement adaptés aux tessitures vocales que les artistes du monde entier peuvent encore faire frémir et pleurer d’émotion les publics de toutes origines, permettant ainsi à la littérature musicale française de porter son message. Et puis le Maître mourut une nuit d’août 1912 à quatre heures. C’était l’heure où d’habitude, il se levait pour travailler.

 

Catégorie Tribune | Pas de commentaires »

Kiri Te Kanawa et Carreras : hommage à Mario Lanza

janvier 19th, 2019 par Alain Fauquier


Par Marcel Azencot

Bien des manifestations annoncées dans notre précédent article sur les hommages du Cinquantenaire ont, depuis, eu lieu.

D’autres ont été portées à notre connaissance par mail ou par internet.

Ainsi avons nous appris par le site de Derek Mc Govern, biographe australien de Mario Lanza, qu’une série de deux émissions est passée en octobre dernier (date exacte du décès de Mario Lanza, – 7 octobre – sur BBC 2, avec aux commandes et comme maîtresse des cérémonies rien moins que Dame Kiri Te Kanawa, illustre soprano anoblie par la Reine Elisabeth, et parmi les invités venus rendre hommage, le grand ténor José Carreras, fidèle de coeur de Lanza.

La star américaine, Al Martino, autre enfant de Philadelphie, habitué des disques d’or et ami de Mario Lanza, a toujours été fidèle à son ami depuis que celui-ci renonça à une chanson, « Here in my Heart » pour la  lui laisser: Martino en fit un Disque d’Or, comme son « Spanish Eyes », et sa carrière, déjà lancée, n’allait plus cesser puisqu’il chantait encore magnifiquement et avec classe, à …80 ans passés. La production du Parrain le demanda pour jouer aux côtés de Marlon Brando le rôle de Johnny Fontaine.

Martino a été de toutes les grandes manifestations culturelles italiennes, qui drainent tous les ans des centaines de milliers de personnes aux Etats-Unis et à peine six jours, le 10 août 2008, avant la mort de Damon Lanza (le 16 août), ils posaient ensemble au Festival Italien de Milwaukee, au soleil, bronzés et souriants, Damon avec l’ami de son père et Al Martino, avec le fils de son ami, amitié jamais démentie au fil des années, présence chaleureuse d’Al Martino au Concours international de Chant Mario Lanza de Philadelphie, que ses organisateurs appellent modestement « The Mario Lanza Annual Ball » (c’est vrai qu’on y danse après le Concours de chant et le dîner de gala !).

Le 3 octobre 2009, Al Martino chantait en hommage à Mario Lanza et faisait office de Maître de Cérémonie au Snug Harbor Cultural Center de Staten Island, New York, théâtre que Jackie Kennedy fit inscrire comme monument historique fédéral. Les profits bénéficièrent à une organisation caritative italienne et à la Riverside Opera Company .

Au programme, les ténors italo-américains, Aaron Caruso, (qui donna son propre concert d’hommage à Carnegie Hall, le 2 octobre), Frank Tenaglia, Dominic Mantuano, la gracieuse soprano japonaise Yuriko Nonnaka et bien sûr, Al Martino.

Hélas, Al Martino devait mourir quelques jours plus tard !

Quel sort, presque comme Leonard Warren, tombé au Metropolitan dans la Force du Destin !

Autre hommage à Lanza, celui du ténor Mark Janicello, et ses concerts en Europe, le 4 octobre 2009 à Vienne, en Autriche, à l’English Theater, le 7 octobre à Salzburg, le 16 octobre à Vienne encore et le 19 octobre à Munich. La tournée était intitulée: « Be My Love », « A Tribute To Mario Lanza », « In Honor of the 50th Anniversary Of his Death »;

A Columbus (Ohio), l’Opera de Columbus organisa pour le 12 décembre 2009, une soirée de gala en hommage à Mario Lanza, avec les ténors Eduardo Villa, Randolph Locke et Gerard Powers (celui-ci a déjà donné un concert d’hommage le 31 janvier 2009 avec Eduardo Villa et Antonio Nagore, à l’Opera de Fresno, Tower Theater (Californie).

En Italie, entre autres manifestations, la Ville de Pistoia, et l’Association Culturelle et d’Opera Culturidea de Monsummano Terme, organisèrent un concert d’hommage le 20 juillet 2009 au Parc Martini, avec la participation des ténors Lando Bartolini, Carlo Bini, et Eduardo Villa.

Catégorie Hommages | Pas de commentaires »

Emission Arte lirica du 3 février 2019

janvier 19th, 2019 par Alain Fauquier


Duos célèbres-portrait

Pourquoi ne pas consacrer une émission aux duos ?

L’opéra n’est pas seulement le lieu où l’on chante les grands airs solo du répertoire, mais le théâtre de la vie, où les protagonistes, hommes et femmes, se parlent, s’aiment, se détestent, et meurent, ensemble ou séparément…

Ouvrons notre émission par l’opéra de Gaetano Donizzetti, LUCIA DI LAMMERMOOR, un opéra de vrai Bel Canto, d’après le roman de Sir Walter Scott, sur un livret de Salvatore Cammarano.

C’est évidemment une histoire d’amour contrarié puisque Lucia di Lammermoor aime le seul homme qu’elle ne devrait pas aimer, Edgard de Ravenswood dont la famille est ennemie de celle des Lammermoor et que son frère veut la marier à un autre pour faire un mariage politiquement et financièrement intéressant. Cela finira mal parce que le frère de Lucia intriguera pour tromper les amoureux et faire croire à chacun que l’autre l’a trahi. Lucia va épouser le candidat de son frère, elle en perdra la raison et tuera son mari le soir de ses noces avant de mourir elle-même de douleur.

Son amoureux, Edgar, qui se croit trahi, va apprendre qu’elle est morte et il se tue à son tour. Trois morts… Tragédie écossaise…

Le duo que l’on écoute est celui où Edgar (Edgardo) se passe avant le départ d’Edgardo pour la France, rencontre des deux amoureux.

Edgardo jure, devant la tombe de ses aïeux, de venger ceux-ci, eux aussi trahis.

C’est le fameux « Sulla tomba che rinserra il tradito genitore » « Sur la tombe qui renferme le père trahi », mais, il ajoute : « Mais je t’ai vue et un autre sentiment a emporté la colère » : « Ma ti vidi e l’ira t’acque ».

Quant à Lucia, elle tente de calmer la fureur d’Edgardo : « Cedi a me » : « Cède-moi ».

« Sulla tomba… » Edgardo est interprété par Ferrucccio Tagliavini et Lucia est incarnée par Maria Callas, un morceau d’anthologie.

Nous passons à Giacomo Puccini et à son opéra TURANDOT, créé à la Scala de Milan en 1926, sous la direction de Toscanini, opéra qui dès les deux premières années va faire le tour du monde, dans toutes les grandes maisons d’opéra avec les gloires vocales et musicales de l’époque.

Le thème est inspiré d’une fable : une princesse chinoise, Turandot, aussi belle que cruelle, soumet ses prétendants à trois énigmes.

Les résoudre c’est avoir sa main et ultérieurement le trône, échouer c’est mourir et tous les prétendants échouent face aux trois énigmes et sont exécutés comme le malheureux prince de Perse qui, au début de l’opéra marche vers son supplice, la décapitation à l’apparition de la lune. Après s’être réjouie de cette exécution, la foule demande grâce pour le condamné mais la princesse Turandot paraît à son balcon et refuse cette grâce.

Tous sont ulcérés et surtout Calaf, Prince de Tartarie, qui est présent avec son père Timour, roi déchu et aveugle qui cache son identité pour ne pas être tué. Est aussi présente Liu, une servante qui sert assiste le roi déchu et partage son sort, parce qu’un jour, dira le roi déchu à son fils, je lui ai souri ! Calaf aussi cachera son identité.

Mais quand il voit Turandot à son balcon, il est conquis par sa beauté en même temps qu’il l’exècre pour sa cruauté ; Il décide de la conquérir et de se soumettre aux trois énigmes au risque, presque certain, d’échouer et de mourir comme les autres.

Son père, Liu et d’autres personnages de l’ancienne cour de son père, tentent de le dissuader d’aller vers une mort certaine, mais en vain. ET c’est le thème des deux airs que nous allons entendre et qui se suivent dans l’opéra :

Dans le premier, Liu, qui aime le prince Calaf, tente de le dissuader : « Signore, ascolta » « « Seigneur, écoute ». Et comme elle échoue à le convaincre d’abandonner, elle pleure et lui la console par le second magnifique, non moins magnifique que le premier : « « Non piangere, Liu », « Ne pleure pas Liu ».

Les deux voix sont uniques, Liu est Renata Tebaldi et Calaf Jussi Bljoerling. (Turandot était l’immense Birgit Nilsson mais nous ne l’entendons pas ici.)

C’est un duo de PAGLIACCI que nous allons entendre maintenant.

Les personnages sont Nedda, c’est à dire Colombine, la femme de Canio (Pagliaccio). Elle est surprise par Tonio, un personnage contrefait, bossu, qui fait partie de la même troupe de comédiens ambulants et qui lui fait une émouvante déclaration d’amour et… elle se moque de lui, il lui demande se taire, elle continue, et il finit par la menacer : « Tu me le paieras ». Il la dénoncera à son mari qui la tuera de même que son amoureux, Sylvio, autre comédien du cirque.

C’est cette scène et ce duo que nous écoutons, Nedda et Tonio, l’amoureux malheureux éconduit et ridiculisé, rôles interprétés par Maria Callas et Tito Gobbi.

Revenons à Verdi avec LA TRAVIATA et un duo américain avec la superbe Anna Moffo et le grand ténor Richard Tucker, du Metropolitan Opera de New York, chantant « Parigi O cara ». Ils sont accompagnés par l’Orchestre de l’Opéra de Rome, Direction Fernando Previtali.

Nos allons maintenant entendre, extrait d’OTELLO de Verdi le célèbre et inquiétant « Duo du mouchoir » (« Il fazoletto »), où Otello, trompé par son subordonné Iago (le « méchant ») a fini par croire que sa femme Desdémone, le trompe avec un de ses officiers, Cassio, dont Iago est jaloux.

Iago fait la naître une noire jalousie dans le cœur de Otello, qui va peu à peu conduire Otello à tuer Desdémone puis à se tuer lui-même quand il comprendra, trop tard, que Iago l’a trompé.

Mais nous n’en sommes qu’au début de la jalousie, quand Otello réclame à sa femme le mouchoir magique (« il fazoletto ») qu’il lui a offert. Il dit qu’il a mal à la tête et il veut qu’elle lui serre le front avec ce mouchoir et ce seul mouchoir, qu’elle n’a pas sur elle. Et pour cause, Iago le lui a fait voler par sa femme, qu’il a forcée à voler, sa femme qui est dame de compagnie de Desdémone. Iago veut faire croire à Otello que Desdémone a donné ce mouchoir à Cassio comme gage d’amour, alors qu’il n’en est rien. Desdémone plaide la cause de Cassio auprès de Otello parce que c’est un grand capitaine et qu’il est loyal à Otello et cahque fois qu’elle parle de Cassio, Otello voit rouge et s’enflamme. Peu à peu, il devient littéralement fou et traite sa femme de « courtisane » alors qu’elle jure qu’elle est pure, et Otello, qui ne la croit pas et qui réclame comme un fou « il fazoletto » Il fazoletto » !, finit par lui crier : « Giura ! Giura e ti danna ! « Jure ! Jure et tu seras damnée ».

Il fallait rien moins que Mario Lanza et Licia Albanese pour interpréter ce duo très difficile où Mario Lanza montre et vocalement et comme acteur quel Otello extraordinaire il aurait été, ou qu’il était déjà : l’enregistrement avec la grande dame du Métropolitan Opéra avait été fait pour le film « Sérénade », de Warner Bros. La voix de Lanza est sublime et déjà très sombre pour son âge, lui permettant d’interpréter un tel rôle, que ceux qui le peuvent n’abordent qu’à la maturité de l’âge et de l’art.

Caruso, par exemple, disait qu’il fallait être fou pour s’attaquer à Otello, rôle vocalement exigeant et qui épuise les voix).

MACBETH, c’est l’histoire de la conquête du pouvoir par l’assassinat, ou plutôt les assassinats successifs.

Des sorcières ont prophétisé à Macbeth qu’il serait roi d’Ecosse, mais que la descendance de son ami Banquo lui succèderait à lui, Macbeth.Alors, poussé par sa femme, Lady Macbeth, encore plus ambitieuse que lui, il tuera le roi Duncan, et mais fera aussi assassiner Banquo. Il deviendra Roi, mais les descendants de Banquo organiseront la résistance et Macbeth mourra, de même que sa femme, devenue folle.

Dans le duo que nous écoutons, Lady Macbeth encourage son mari à tuer. Elle lui reproche de la fuir, elle lui dit que ce qui est fait est fait et qu’il faut continuer à tuer pour garder le pouvoir.

Après ses encouragements à son mari, celui-ci s’écrie : « Banquo, l’eternita t’apre il suo regno » (« Banquo, l’éternité t’ouvre son royaume »). On écoute le duo Macbeth et Lady Macbeth : “Perche me sfuggi” (“Pourquoi est-ce que tu me fuis ?”)

Les interprètes sont prestigieux : Leonard Warren (Macbeth) et Leonie Rysanek (Lady Macbeth) et la troupe du Metropolitan Opera de New York , avec Jerome Hines dans le rôle de Banquo. A la direction d’orchestre, Erich Leinsdorf

Catégorie On a fait | Pas de commentaires »