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Ecouter Mario Lanza

Leoncavallo : VESTI LA GIUBBA
Dicitencello Vuie
Verdi: OTELLO "Dio mi potevi"
Na sera e maggio
Serenade de Romberg
Leoncavallo: LA BOHEME
Giordano: ANDREA CHENIER














Emission Cappuccino du 12 novembre 2023

novembre 4th, 2023 par Alain Fauquier


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Hommage aux grands chanteurs espagnols

février 17th, 2023 par Alain Fauquier


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Mario Lanza, la voix du coeur

septembre 23rd, 2022 par Alain Fauquier


 

Les Éditions du Cordeau ont le plaisir d’annoncer la parution de

 « MARIO LANZA, LA VOIX DU CŒUR »,

 premier livre en langue française consacré à l’illustre ténor américain d’origine italienne.

 Cet ouvrage, préfacé par sa fille, Ellisa Lanza-Bregman, célèbre un homme disparu à Rome en 1959 à l’âge de 38 ans en pleine gloire mondiale de ténor et d’acteur de cinéma dont la voix, le chant et le charisme ont fait un artiste de légende, référence pour ses pairs et ses contemporains et inspiration pour les artistes de notre temps tels que Luciano Pavarotti, José Carreras, Placido Domingo, Roberto Alagna, Joseph Calleja et tant d’autres qui ont vu en lui la source de leur vocation.

L’opéra en tant que tel a une immense dette envers Mario Lanza qui l’ouvrit au très grand public grâce au cinéma dont il devint une star planétaire par sa voix, son physique et sa personnalité solaire et généreuse et ses films dont  le mythique « Le Grand Caruso ».

Sa voix sans égale (« non par » a dit, bien après Maria Callas, le grand chef Sir Antonio Pappano,) et son chant ont passé « le test du temps », a écrit Placido Domingo et ils n’ont cessé de transmettre émotion, poésie et passion, ce dont attestent les rééditions innombrables et quasi annuelles de ses disques, sa place sur l’internet, You Tube, les sites dédiés, les forums de discussion, les biographies, notices, monographies et articles en diverses langues dont le japonais et les films et documentaires, concerts, disques d’hommages, « tributes », manifestations, concours, festivals et fans clubs ou institutions qui dans le monde portent son nom et donnent vie à son souvenir.

Sa vie propre fut le reflet de sa voix, inclassable et romanesque.

Ce livre, qui n’est pas un roman, en fait le récit et cherche à comprendre pourquoi l’homme n’a pas cessé de toucher les cœurs et pourquoi il renaît ou demeure.

L’ouvrage est disponible sur le site de l’éditeur « Les Editions du Cordeau » , dont vous trouverez ci-dessous les coordonnées, au prix de 25 euros frais de livraison compris pour la France.

Bonne lecture à tous.

 Aux Éditions du Cordeau
63 rue du Cordeau
77390 Courtomer
France

Tel (33) 06 10 11 24 32

www.aux-editions-du-cordeau.com

 

L’avis de Laurent Bury, critique d’art lyrique:

Paru sur le très beau site de Stéphane LELIEVRE « Première loge, l’art lyrique dans un fauteuil », nous vous invitons à consulter le compte rendu de notre livre par  Laurent BURY : Mario Lanza, la voix du cœur – Le ténor que le cinéma tua.

www.premiereloge-opera.com

 

Dear friends and admirers of Mario Lanza,

We have the pleasure to announce the publication in France of the book, “Mario Lanza, la Voix du Coeur, “The Voice From the Heart”, which is the first book on Mario Lanza to be published in french.

Needless to say, the authors do not hide their admiration and passion for the “Legendary Tenor”, but beyond the story of a life and career with their ups and downs, our common destiny, they try, as we all do, to understand the reasons of the everlasting interest, frenzy, love and respect that his singing still inspires.

In times when “stars” and public persons, especially in arts and in show business as a whole, are forgotten or fall down almost overnight, in times of media and social networks when the offer in art and opera is so wide and rich and competitive, this young man, Mario Lanza, is still in the race, and most of the time he is running ahead.

What do we see? We see young generations in the public or among singers and new stars of opera give a new breath to Mario Lanza’s intact popularity; we see people understanding now why their parents loved Mario Lanza so much. And they join… We have seen this Italian young man, an accomplished student singer – a tenor- met in France during a master class on the “Magic Flute”, smiling with tenderness while listening through his ear-pods to the very first words and notes of an aria that we gave him: he had instantly recognized the great voice and he shook his head with disbelief and said only: “Ah! Mario Lanza !” Those three words and the way they were told said it all, admiration and affection; or that young couple, also italians, met in a disc store of classical music in Paris, listening religiously to Mario Lanza’s “Testa adorata” from Leoncavallo’s Boheme, breathing with emotion at the end and looking at each other…He knew Mario Lanza and she did not. She just whispered : “Oh Dio !

And have you seen those many people on You Tube blessing Mario Lanza’soul and praying for him? That is not common. As far as I know, it’s unique.

So? So, as we suspect, the beauty of the voice, be it a God given “natural” voice, is only one part of the explanation of such a living and loving memory surrounding this young man sixty years after his passing. This “rebirth” is simply unique, “par non”, as Sir Antonio Papano said on You Tube about Mario Lanza. Its explanation lies not only with that voice, a voice of our time, as if recorded this morning, but also with the qualities of heart of a handsome person blooming with true, genuine emotion, poetry and personal charisma and conveying the inner beauty of a human soul.

One day in Paris, an israëli orchestra director of Argentinian origin, touched his heart with his forefinger and said to one of the authors : “Mario Lanza cantaba con su neshama.

Marcel Azencot

 

 INFORMATIONS

“MARIO LANZA, LA VOIX DU COEUR” is published by

 Les Éditions du Cordeau
63 rue du Cordeau
77390 Courtomer
France

Tel (33) 06 10 11 24 32

www.aux-editions-du-cordeau.com

Also published in e Book.

 

 

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Emission éblouissantes sopranos colorature

mai 12th, 2022 par Alain Fauquier


Au cours de nos 40 précédentes émissions de radio dédiées à l’Art lyrique et aux grandes voix, nous avons privilégié les voix de ténor, baryton et basse pour les hommes et de soprano lyrique, lyrico-spinto et mezzo pour les femmes.

A l’exception de l’hommage que nous avons rendu le 18 avril 2021 à la grande soprano colorature française Renée Doria, disparue peu de temps après avoir fêté son centième anniversaire, nous n’avons jamais programmé d’émission mettant à l’honneur les coloratures.

Dotées pourtant de voix spectaculaires, capables de faire scintiller de mille feux les plus belles partitions du belcanto et de l’opérette, les coloratures sont tout simplement « éblouissantes ».

A travers le portrait de sept magnifiques sopranos colorature de différentes nationalités, nous allons rendre hommage à l’ensemble des sopranos colorature d’hier et d’aujourd’hui.

De la légendaire Lily Pons à la prodigieuse Mado Robin, de la superbe Anna Moffo à la « Reine de l’opéra » Beverly Sills, de la stupéfiante Joan Sutherland à la virtuose Diana Damrau, en passant par la jeune et prometteuse future grande diva Patricia Janeckova, dont le timbre de la voix est d’une rare beauté, notre sélection devrait ravir les plus exigeants, même si, pour des questions de durée d’émission, nous avons dû écarter, à regret, de nombreuses divas de premier plan.

Bonne écoute.

Dotées de voix spectaculaires, souples, agiles et étendues, les sopranos colorature sont des virtuoses, capables de réaliser des vocalises complexes : des trilles, des arpèges, des notes piquées, des roulades, etc., et de faire scintiller de mille feux les partitions les plus belles et les plus ornées du répertoire belcantiste. La voix de colorature est la plus aiguë des tessitures féminines.

Depuis Mozart, les compositeurs belcantistes (Rossini, Bellini, Donizetti), ont beaucoup utilisé ce type de voix.

Le 18 avril 2021, il y a déjà un an, nous vous avons donné un aperçu des grands rôles de colorature, lors de l’hommage que nous avons rendu à la grande soprano colorature française, Renée Doria, décédée quelques jours à peine après avoir fêté son centième anniversaire.

A travers les portraits de sept magnifiques sopranos colorature de différentes nationalités, nous allons rendre hommage à l’ensemble des sopranos colorature, d’hier et d’aujourd’hui.

Lily PONS

Nous allons commencer par la célébrissime soprano colorature américaine d’origine française, Lily Pons.

Née à Draguignan en 1898, Lily Pons fut une des sopranos colorature parmi les plus accomplies du XXème siècle et l’une des principales instigatrices de la renaissance du bel canto.

Grâce à sa voix miraculeuse qui montait jusqu’au contre-fa, et à son immense succès, elle sauva le Metropolitan Opera de New York de la faillite en faisant salle comble à chacune de ses représentations. « Sans elle, le Met aurait sombré corps et biens » déclara son directeur Rudolph Bing.

Surnommée affectueusement par les médias américains : « La petite fiancée de l’Amérique », Lily Pons fut la seule célébrité à avoir son nom sur la plaque minéralogique de sa voiture.

Mariée au compositeur-chef d’orchestre d’origine russe, André Kostelanetz, Lily Pons a tourné trois films musicaux durant sa longue carrière. Elle est morte à Dallas en 1979.

On n’a pas idée aujourd’hui de l’immense popularité dont jouissait Lily Pons et les anecdotes la concernant sont si nombreuses qu’elles ne tiendraient pas dans un journal de huit pages.

On peut en citer en vrac quelques unes : elle était aussi surnommée « The pocket diva » (La diva de poche) en raison de sa petite taille ; Le président Roosevelt déclara que « La Fayette et Lily Pons incarnaient l’amitié franco-américaine » ; une ville du Maryland porte son nom (Lillypons) ; le 25 avril 1945 le général De Gaulle en personne lui a remis l’insigne de l’ordre de la Croix de Lorraine ; en 1962, elle a chanté à 64 ans, pour la dernière fois sur une scène d’opéra à Fort Worth (Texas). Son partenaire n’était autre que le très jeune ténor débutant Plácido Domingo (21 ans) qui devait déclarer combien il était ému à l’idée de chanter avec « une légende vivante »…

MADO ROBIN

On poursuit avec la soprano colorature française Mado Robin, qui fut célèbre dans le monde entier pour ses excursions dans la stratosphère vocale en parvenant à donner un contre-contre-ré, la note la plus aiguë jamais chantée.

Mado Robin était surnommée par les américains « The French stratospheric colorature ».

Son contre-si bémol émerveillait le public. Elle atteignait la hauteur du 6, soit 2 320 vibrations à la seconde.

D’autres chanteuses ont atteint cette note vertigineuse, mais elle fut la seule à réussir une carrière internationale sur les scènes lyriques. Mado Robin est morte à Paris le 10 décembre 1960 à seulement 42 ans, d’un cancer généralisé.  

Elle a été inhumée à Yzeures-sur-Creuse (Indre et Loire) sa ville natale. Depuis 61 ans, sa tombe n’a jamais cessée d’être entretenue et fleurie. En décembre 2009 à Yzeures un Musée dédié à son souvenir a été édifié. L’astéroïde 33343 a été baptisé « Mado Robin ».  

ANNA MOFFO

Fervente admiratrice, comme Maria Callas, Renata Tebaldi  et tant d’autres, de Mario Lanza, qu’elle couvrait de louanges, la soprano colorature américaine d’origine italienne, Anna Moffo, emblématique vedette du Metropolitan Opera, a marqué une génération de chanteurs, tant par la pureté de sa voix que par sa beauté physique.

Surnommée « La bellissima » elle fut élue l’une des 10 plus belles femmes d’Italie.

Après avoir tourné plusieurs films musicaux et triomphé sur les scènes internationales, dont durant 17 saisons au Met, Anna Moffo meurt à 74 ans à New York en 2006 des suites d’un cancer du sein.

Elle fit sa dernière apparition sur scène en 1983, lors d’un Gala avec Robert Merril.

On peut ajouter qu’en 1960, dans le film « Austerlitz » d’Abel Gance, Anna Moffo incarnait l’illustre soprano italienne Giuseppina Grassini (1772-1850). La beauté de la voix de contralto de la Grassini n’avait d’équivalent que sa splendeur physique. On dit qu’elle aurait séduit le premier Consul Napoléon Bonaparte, qui venait d’être vainqueur à Marengo, lorsqu’il l’a rencontra pour la première fois à la Scala le 4 juin 1800. On dit même qu’ils ont eu une liaison tenue secrète.  

BEVERLY SILLS

Encore une grande artiste avec Beverly Sills.

Véritable légende américaine, première soprano du Met à 25 ans, Beverly Sills fut consacrée « Plus grande soprano colorature depuis Lily Pons ».

Le New York City Opera produira spécialement pour elle de nombreux opéras de belcanto et elle sera saluée par Time Magazine qui l’appellera « The Queen of Opera » (La reine de l’opéra).

Ses triomphes l’amèneront à chanter sur toutes les plus grandes scènes lyriques du monde et à faire de très nombreuses apparitions à la télévision américaine. Elle aura même sa propre émission : « The Beverly Sills Show ». Elle meurt à 78 ans à New York en 2007.

On peut ajouter qu’elle a fait ses débuts à la radio à l’âge de 3 ans et qu’elle fut surnommée « Mère courage » pour avoir élevé ses deux enfants infirmes de naissance : une fille sourde et un garçon autiste.

Beverly Sills s’est par ailleurs distinguée en sauvant le New York City Opera de la faillite. Elle a redressé avec une grande efficacité les comptes de l’illustre établissement qui étaient dans le rouge depuis des années. 

JOAN SUTHERLAND

Surnommée « La Stupenda » (La Stupéfiante) pour sa technique exceptionnelle et la beauté de son timbre, anoblie par la reine, la diva australienne Dame Joan Sutherland, contribua plus que toute autre à la résurrection du répertoire de colorature romantique.

Elle consacra toute sa prestigieuse carrière internationale, à faire revivre un style de chant quasi moribond, et à remettre à l’honneur de nombreuses œuvres françaises et italiennes tombées dans l’oubli.

Epouse du chef d’orchestre Richard Bonynge, elle met fin à 64 ans à Sydney, à sa longue carrière de 40 ans, et meurt 20 ans plus tard, le 10 octobre 2010 aux Avants en Suisse.

On peut ajouter que Dame Joan Sutherland a réussi à exaucer le vœu de Bellini qui souhaitait que l’opéra « fasse verser au public des larmes d’émotion et d’extase ».

La soprano a fortement contribué à lancer la carrière de Luciano Pavarotti en l’invitant en 1965 à faire une tournée avec elle en Australie. A la suite de ses triomphes, notamment dans Lucia di Lammermoor, Pavarotti a été immédiatement engagé à La Scala.

DIANA DAMRAU

Après l’Australie, on revient en Europe et plus particulièrement en Allemagne, avec la soprano Diana Damrau.

La virtuosité de Diana Damrau dans le suraigu l’a amené à interpréter les principaux rôles du répertoire lyrique léger de l’opéra italien, français et allemand, sur les plus grandes scènes du monde dont celle du Metropolitan Opera de New York.

Dotée d’un talent inné de comédienne, elle incarne avec une conviction peu commune, tous les rôles qu’elle interprète.

Agée aujourd’hui de 51 ans, son médium s’étant corsé au fil du temps, Diana Damrau a abordé depuis quelques années, toujours avec autant de succès, des rôles plus soutenus.

PATRICIA JANECKOVA

Nous allons terminer cette émission d’hommage aux sopranos colorature, avec la jeune soprano slovaque, Patricia Janeckova qui possède l’une des plus belles voix de sa génération.

Née en Bavière en 1998, cent ans après Lily Pons, Patricia Janeckova est une enfant prodige qui a remporté, depuis l’âge de 12 ans, tous les concours de chant auxquels elle a participé.

Superbe, charismatique, gracieuse, dotée d’une voix au timbre d’une rare beauté qui transmet de l’émotion, Patricia Janeckova, apparait aujourd’hui à 23 ans comme une future grande diva.

 Extraits diffusés :

 Lily Pons : air des clochettes, Lakmé, Léo Delibes

Mado Robin : air de la scène de la folie, Lucia di Lammermoor, Donizetti

Anna Moffo : « Una voce poco fa », Le Barbier de Séville, Rossini

Beverly Sills : « O luce di quest’anima », Linda di Chamonix, Donizetti

Joan Sutherland : « Les Oiseaux dans la charmille », Les Contes d’Hoffmann, Offenbach

Diana Damrau : air de la Reine de la nuit, La Flûte enchantée, Mozart

Patricia Janeckova : « Mein Herr Marquis », opérette « Die Fledermaus » (La chauve-souris), Johann Strauss. Extrait du concert de Nouvel An enregistré à Ostrava (Tchéquie) le 7 janvier 2016 (Elle avait 18 ans)

 

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Emission Cappuccino Madame Butterfly

novembre 10th, 2021 par Alain Fauquier


 

Depuis plus d’un siècle l’engouement du public mondial pour « Madame Butterfly » n’a jamais cessé de se développer toujours plus largement et toujours plus intensément.

Avant la pandémie de la covid, La Scala avait ouvert sa saison lyrique 2018-2019 avec « Madame Butterfly » alors que traditionnellement elle l’ouvre avec « Aïda ».

En Janvier 2019, « Madame Butterfly » a figuré une dizaine de fois à l’affiche du Gran Teatro del Liceu de Barcelone et du Teatro Regio de Turin.

Butterfly était à l’affiche de la saison lyrique 2019-2020 de l’Opéra National de Paris Bastille, du Metropolitan Opera de New-York, du Lincoln Center de New-York, du Royal Opera House de Londres, du London Coliseum et de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège…, pour ne citer que quelques scènes prestigieuses.

En France et dans de très nombreux pays, les théâtres municipaux et régionaux mettent régulièrement à l’affiche « Madame Butterfly ».

En 2016 et 2020, des productions cinématographiques de « Madame Butterfly » ont été retransmise en direct du Metropolitan opera  de New-York, vers des salles de cinéma de plusieurs pays dont la France.

L’extraordinaire engouement pour cet opéra repose à la fois sur son thème exotique intensément dramatique, et sur une musique bouleversante et grandiose.

En s’octroyant le concours de deux librettistes de talent, Giuseppe Giacosa et Luigi IIlica, Puccini a fait de « Madame Butterfly », un chef d’œuvre.

« Mon opéra préféré, le plus sincère et le plus expressif », comme il se plaisait à le répéter.

Puccini était tellement fier de sa création qu’il la dédia à la reine d’Italie, la reine Elena de Monténégro, épouse du roi d’Italie Victor-Emmanuel III.

Célèbre dans le monde entier pour être l’auteur de « La Bohème » et de « Tosca », Puccini a 43 ans en 1901 lorsqu’il commence à composer « Madame Butterfly ».

Certains disent qu’il se serait emparé d’un sujet déjà traité par André Messager dans « Madame Chrysanthème », un opéra lui-même inspiré du roman autobiographique de Pierre Loti.

D’autres affirment qu’il se serait inspiré, lors d’un voyage à New-York, de la pièce de théâtre du dramaturge américain David Belasco intitulée « Madame Butterfly, une tragédie du Japon » ; elle-même inspirée d’un roman de John Luther Long datant de 1898. 

Au fur et à mesure de l’écriture du livret, Puccini enquête sur les us et coutumes du Japon et s’imprègne de la musique et du rythme japonais. Il va même jusqu’à rencontrer la femme de l’ambassadeur du Japon en Italie.

Son éditeur Giulio Ricordi lui fournit une photo de la rade de Nagasaki et Luigi Illica lui procure un kimono polychrome.

En 1902, Puccini déclare : « Je suis embarqué au Japon et je ferai de mon mieux pour le restituer ». Ce qu’il fit admirablement.

Le prélude de « Madame Butterfly » que nous entendons est inspiré d’un thème japonais qui réapparait pendant tout le premier acte. Il est utilisé comme fond, mais aussi comme transition, donnant aux scènes leur couleur exotique. Le prélude et le premier acte s’enchainent sans interruption.

La première représentation de « Madame Butterfly » à la Scala de Milan le 17 février 1904, fut un échec retentissant, avec huées et sifflets.

Un échec comparable aux fiascos dont nous avons déjà parlé lors de nos émissions précédentes, de « La Traviata » de Verdi en 1853, du « Faust » de Gounod en 1859  et de « Carmen » de Bizet en 1875. Des œuvres qui figurent pourtant aujourd’hui parmi les plus populaires et les plus jouées au monde.

La réaction hostile du public, lors de la première de « Madame Butterfly », fut pour Puccini, le plus grand choc de sa carrière.

Immédiatement révisé, le premier acte scindé en deux parties, l’opéra connait un grand succès à Brescia en mai 1904, sous la direction de Toscanini.

Un an plus tard, le 10 juillet 1905, l’œuvre est jouée à Londres, à Covent Garden, sous la direction d’André Messager, avec Emmy Destinn, Antonio Scotti et Caruso.

Jugé trop sentimental, « Madame Butterly » est très vivement critiqué, et même combattu dans de nombreux pays par des musiciens soi-disant raffinés.

En France, bon nombre de compositeurs menèrent campagne contre sa programmation dans les théâtres lyriques, et surtout à l’Opéra-comique.

Mais, débordante de mélodies, et marquée du sceau d’un génie musical exceptionnel, « Butterfly » ne cessa de se répandre et d’irradier sur toutes les scènes du monde, et dans toutes les langues.

A Paris, c’est à l’Opéra-comique, dans une mise en scène d’Albert Carré, que « Madame Butterfly » fit sa première et fracassante apparition, le 26 décembre 1906.

Aux Etats-Unis, « Madame Butterly » est représentée, pour la première fois en anglais à Washington, puis au Metropolitan Opera le 11 février 1907 avec Geraldine Farrar, Louise Homer, Antonio Scotti et Caruso.

En 1925 l’œuvre est reprise à la Scala sous la direction de Toscanini, et en 1938 sous la direction de Victor de Sabata.

Depuis, « Butterfly » connait un succès est phénoménal.

 « Madame Butterfly » est une tragédie, une tragédie japonaise, un drame de l’amour et de l’espérance qui raconte l’histoire d’un jeune lieutenant de la Marine américaine, Benjamin Pinkerton, qui noue à la légère, lors d’une escale à Nagasaki, un contrat de mariage avec une jeune geisha du nom de Cio-Cio-San, « papillon » en japonais.

Lui, n’attache pas une grande importance à cette union d’un soir, sachant que pour la loi américaine ce mariage est sans valeur. Les « mariages de papier » entre de très jeunes geishas et des occidentaux, étaient relativement fréquents, à cette époque.

Butterfly, en revanche, a renoncé pour lui à sa foi bouddhiste et s’est convertie au christianisme. Ce qui l’a conduit à être maudite et déshéritée par sa famille.

Reparti aux Etats-Unis, Pinkerton ne reviendra que trois ans plus tard, accompagné de son épouse américaine Kate, dans le seul but de reprendre son enfant.

Préférant mourir que de vivre dans le déshonneur, Butterly, anéantie et désespérée, se suicide.

Nous sommes au début du XXème siècle sur la colline de Nagasaki.

Dans la mise en scène traditionnelle créée par Albert Carré en 1906, le rideau s’ouvre sur une maison japonaise avec une terrasse et un jardin. Au loin, tout en bas, la rade, le port et la ville de Nagasaki.

Nous assistons aux noces de Pinkerton et de Butterfly qui se déroulent dans le plus parfait rite nippon.

Du premier acte, nous avons choisi de vous faire écouter deux duos.

D’abord « Dovunque al mondo, lo Yankee vagabondo » (Partout dans le monde, le Yankee vagabonde), chanté par Pinkerton et son ami, le Consul des Etats Unis Sharpless.

Un duo dans lequel on entend pour la première fois un motif inspiré de La Bannière étoilée (America For Ever).

Ce duo, dans lequel Sharpless dit à Pinkerton que l’amour de Butterfly pourrait bien être sincère, est interprété ici par le ténor Nicolai Gedda et le baryton Mario Barriello.

L’orchestre et les chœurs de la Scala sont placés sous la direction d’Herbert Von Karajan. Un enregistrement réalisé en 1955.

Le soir tombe sur la rade, avec une douceur et un mystère propices aux confidences des deux époux. Dans un long et vibrant duo d’amour qui termine le premier acte, Cio-Cio-San clame sa passion, sa soumission et entend tout sacrifier à son amour.

L’éminent musicologue, spécialiste de l’opéra, que fut Jean Chantavoine, prétendait que pour apprécier pleinement le charme de ce duo d’amour, il fallait l’avoir entendu une fois le soir sous les étoiles.

C’est ce que nous allons pouvoir faire, grâce à un enregistrement historique réalisé sous les étoiles, le soir du 27 août 1947, sur la scène du Hollywood Bowl de Los Angeles.

“Vogliatemi bene, un bene piccolino” (Aimez-moi, aimez-moi un peu) est interprété par la soprano canadienne Frances Yeend (34 ans) et Mario Lanza (26 ans) dont on célèbre cette année le centième anniversaire de la naissance. L’orchestre du Hollywood Bowl est dirigé par l’illustre maestro de Philadelphie, Eugene Ormandy.

Ce duo sera salué par une standing ovation de 12 mn et ce concert au Hollywood Bowl vaudra à Mario Lanza d’être engagé trois jours plus tard par la MGM pour chanter l’opéra au cinéma pour des millions de spectateurs.

Lanza chantera deux fois le rôle de Pinkerton à l’opéra de la Nouvelle Orléans sous la direction de Walter Herbert avant d’être accaparé par le cinéma.

Le deuxième acte se déroule à l’intérieur de la maison de Butterfly.

Trois longues années ont passé depuis que Pinkerton a quitté Cio Cio San, promettant de revenir au Printemps «quand les rouges-gorges feraient leur nid ».

Derrière les vitres de sa demeure, la jeune épouse attend le retour de celui qu’elle n’a pas cessé d’aimer.  

On écoute cette aria qui est l’une des plus prestigieuses du répertoire lyrique : « Un bel di vedremo » (un jour nous verrons…), interprété par Renata Tebaldi.

Le troisième acte, dont nous retiendrons deux airs, est intensément poignant et dramatique.

Le canon du port annonce le retour du navire tant attendu. Cio-Cio-San, constate avec sa longue-vue que c’est bien le Abraham Lincoln, le navire blanc de Pinkerton, qui rentre au port.

Aidée par sa servante Suzuki, elle répand des fleurs à foison. Pour que la fête soit complète, elle se pare, ainsi que son fils, pour recevoir le bien-aimé.

Mais, Pinkerton ne survient que le lendemain. Qui plus est, il est accompagné de Kate, son épouse américaine, et il revient pour chercher son enfant.

Réalisant que Cio-Cio-San lui a été fidèle, Pinkerton, prend conscience de sa cruauté. Incapable de faire face à la situation, Pinkerton fait des adieux déchirants à la maison qu’il a bien connue et part en hâte, laissant à Sharpless, le soin de tout arranger au mieux.

On écoute ces célèbres adieux de Pinkerton : « Addio fiorito asil » (Adieu paradis fleuri) par Giuseppe Di Stefano. L’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Rome sont dirigés par Gianandrea Gavazzini. Un enregistrement réalisé en 1953.   

La scène où Butterfly apprend la vérité est d’un pathétique indescriptible. Elle garde son calme, supporte l’affreuse nouvelle avec sa douceur coutumière.

Elle va jusqu’à souhaiter tout le bonheur possible à Kate, la véritable épouse de Pinkerton et fait dire à celui-ci qu’il pourra venir prendre son fils dans quelques instants.

Dans une scène éminemment tragique, Butterfly chante « Con onor muore » (Celui qui ne peut survivre au déshonneur, meurt avec honneur), puis se suicide avec le poignard de son père, dont la lame porte l’inscription : « Mourir dans l’honneur, plutôt que vivre dans le déshonneur ».

Elle se traine sur le sol jusqu’au petit garçon, et expire juste au moment où Pinkerton vient chercher son fils.

L’opéra se termine par la voix de Pinkerton qui s’écrie d’effroi: Butterfly ! Butterfly ! Butterfly !

C’est l’inoubliable Maria Callas qui interprète cette aria éminemment tragique. L’orchestre et les chœurs de la Scala de Milan sont placés sous la direction d’Herbert Von Karajan. Un enregistrement réalisé en 1955.

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1921 – 2021 Hommages du centenaire

juin 10th, 2021 par Alain Fauquier


 

 

Août 2021, sortie Blu-ray du film « The Great Caruso »
sur Amazon Espagne au format 16/9

 

A l’occasion de la célébration du centième anniversaire de la naissance de Mario Lanza, le 31 janvier 2021, la société Sepia Records, basée au Royaume Uni, commercialise depuis le mois de juin son 9ème album dédié à Mario Lanza.

Ce nouveau CD, intitulé: «The Immortal Voice of Mario Lanza – A Centennial Celebration» est, comme toujours chez Sepia, de grande qualité. On peut se le procurer depuis juillet, chez Amazon et d’autres commerces en ligne au prix d’environ 13 euros.

Liste des titres:

1. Cavalleria Rusticana: Brindisi (Recorded August 23, 1950  [longer version of the extract featured in The Great Caruso]

2. Ergo Bibamus (Recorded August 7, 1952   [acetate recorded for the film The Student Prince]

3. Just We Two (from The Student Prince)  [with Norma Giusti, soprano] Recorded April 1959

4. If I Loved You (from Carousel) (Recorded February 15, 1952    [with spoken introduction by Lanza]

5. Long  Ago and Far Away (Recorded July 13, 1951)

6. Some Day (from The Vagabond King) Recorded October 28, 1954    [previously unreleased television rehearsal]

7. Trees (Recorded November 20, 1951)

8. The Virgin·s Slumber Song (Recorded May 29, 1950)

9. Neapolitan Love Song (from Princess Pat) (Recorded November 29, 1951)

10. La Spagnola (Recorded May 9, 1952)

11. Core’ngrato (Recorded May 5, 1949)

12. Marechiare (Recorded August 9, 1950 [complete (one-verse) film take for The Great Caruso]

13. Torna a Surriento (Recorded June 30, 1955)

14. Santa Lucia Luntana (Recorded December 1958)

15.  L’Alba Separa dalla Luce l’Ombra (Recorded at June 1959)

16. Pagliacci: Vesti la giubba (Recorded September 1958)

17. Improvviso “Un dì all·azzurro spazio”,  Andrea Chénier: (Recorded May 18, 1950)

18. Tosca: E lucevan le stelle (Recorded July 22, 1950) [a much longer version of the recording featured in snippet form in The Great Caruso)

19. Otello: Già nella notte densa (Verdi-Boito) [with Jean Tennyson, soprano] Live CBS broadcast on November 14, 1945

BONUS TRACKS:

20. Golden Days (from The Student Prince)  [with Robert Weede, baritone] Live CBS broadcast on February 20, 1946

21. Summertime in Heidelberg Recorded April 1959 [revelatory solo version taken from Lanza's private acetate]

22. Drinking Song (from The Vagabond King) Recorded July 1959)

23. Without a Song Recorded August 14, 1951

Chaque plage de cet album, d·une durée totale de 76 minutes, a été remastérisée par l’ingénieur de son de Sepia, Robin Cherry et les résultats sont souvent ahurissants.

 

 

2021, FORUMOPERA, rend hommage
à Mario Lanza, le ténor centenaire

CD10

En 2017 à l’occasion de la sortie d’une compilation intitulée The best of everything (Mario Lanza, le meilleur en tout), FORUMOPERA écrivait: « Giuseppe Di Stefano, Luciano Pavarotti, Placido Domingo hier ; Jonas Kaufmann, Roberto Alagna, Vittorio Grigolo aujourd’hui, tous héritiers de Mario Lanza ».

A défaut d’une carrière lyrique sur les plus grandes scènes internationales, le ténor « ultrabrite » a ouvert grand la brèche du crossover dans laquelle ses successeurs se sont engouffrés.

Il fut aussi celui qui aida l’opéra à prendre sa revanche sur le cinéma, en même temps qu’il rendait le genre populaire. Né un 31 janvier à Philadelphie, Mario Lanza aurait aujourd’hui exactement 100 ans.

A l’écouter, sa voix n’a pas pris une ride et, à lire son histoire, la légende demeure vivace dans cette autre usine à rêve que l’on appelle Hollywood.

 

 

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Mario Lanza fait flamboyer les comédies musicales de Broadway

mai 11th, 2021 par Alain Fauquier


Comédies musicales

Durant sa courte et prolifique carrière, Mario Lanza, dont on célèbre cette année le centième anniversaire de la naissance, a non seulement sublimé l’opéra italien dans lequel il excellait, mais il a aussi transcendé, avec un talent sans précédent, toutes sortes de musiques dont l’opérette et la comédie musicale.

Cette facilité déconcertante avec laquelle il passait de l’opéra à la musique populaire, appelée en France musique de variété, fit de lui le premier et plus célèbre « crossover artist » (artiste transversal) du XXème siècle, bien avant que d’autres ténors, comme Pavarotti et Alagna, ne lui emboîtent le pas.

Contrairement à l’opéra où l’on meurt beaucoup, l’opérette, que l’on appelle aussi comédie musicale ou « light opera » (opéra léger) aux Etats-Unis, c’est la fête : on chante, on rit, on parle et on danse dans une ambiance de gaieté et de bonheur où tout se termine bien.

Mais il ne faut pas se méprendre. Si le répertoire de l’opérette est musicalement plus léger que celui de l’opéra, techniquement ce n’est pas le cas. La plupart des airs requièrent une grande virtuosité.

 Les mélodies que nous avons sélectionnées, sont extraites des 246 enregistrements réalisés lors des 69 émissions de radio hebdomadaires du « Mario Lanza Show » sponsorisé par la firme Coca-Cola.

Ces émissions, d’une durée d’une demi-heure ont été diffusées de 20h à 20h30, par CBS et NBC à travers tous les Etats-Unis, entre le 10 juin 1951 et le 5 septembre 1952.

Afin d’éviter qu’un nouveau gigantesque tohu-bohu, comme celui provoqué par des spectatrices déchainées lors du concert donné à la Mosquée de Pittsburgh le 6 mars 1951, ne vienne perturber les enregistrements, il a été décidé que pour le « Mario Lanza Show », les enregistrements seraient réalisés en studio.  

Nous allons commencer par écouter deux magnifiques chansons tirées de la comédie musicale à succès, composée en 1925 par Rudolf Friml, « The Vagabond King » (Le Roi des Vagabonds).

Génial compositeur d’origine hongroise, doué et inspiré, Friml est né à Prague en 1879. Il fut l’élève de Dvorjak avant d’émigrer aux Etats-Unis en 1906 où il travailla comme musicien et chef des chœurs au Metropolitan Opera de New York.

Friml s’est inspiré de la vie tumultueuse du poète français François Villon qui vivait à la fin du Moyen-âge, pour composer la musique splendide de son opérette qui a donné lieu à plusieurs adaptations cinématographiques dont la plus mémorable a été réalisée en 1956 par Mickael Curtiz avec la soprano Kathryn Grayson et le ténor maltais Oreste Kirkop.

La première chanson, intitulée « Drinking song » (chanson à boire) est un « hymne » à la gloire du vin, chanté par François Villon qui était, entre autres, un grand buveur.

La deuxième mélodie, intitulée « Some day » (Un jour, quand l’hiver sera fini…), est d’une grande mélancolie.

En 1951 Mario Lanza a 30 ans. Son troisième film, Le Grand Caruso, vient de sortir à New York. Les critiques sont des plus élogieuses et le public se presse dans les salles. Ce film fera le plus grand nombre d’entrées au cinéma mondial en 1951.

Le ténor est dans une forme physique, mentale et vocale éblouissante. Dans sa voix resplendissent la passion, le plaisir et la joie de chanter.

Chaque émission du « Mario Lanza Show » était introduite par un générique musical nostalgique composé notamment les premières mesures de « Be My Love ».

L’orchestre composé de 35 musiciens était dirigé par Ray Sinatra, un cousin de Frank Sinatra.

Présenté par le réputé Bill Baldwin et souvent par Mario Lanza lui-même, le programme comprenait de nombreux airs d’opéra, des mélodies populaires italiennes et napolitaines, des grands standards américains de Cole Porter à Gershwin, des chants de foi, des chansons célèbres de musiques de film et une multitude d’airs mémorables provenant de comédies musicales à succès de Broadway.

Le résultat est absolument sensationnel.

Mario Lanza chantait quatre mélodies ou airs d’opéra et ses deux invitées, une quinzaine de célèbres chanteuses de variété, comme Giselle Mac Kenzie, Rosemary Clooney (tante de George Clooney), Kitty Kallen, Debbie Reynolds (la star de « Chantons sous la pluie »…), deux chansons chacune.

Qui ne se souvient pas, après les avoir entendues, ne serait-ce qu’une seule fois, de ses flamboyantes et émouvantes interprétations du « Chant de l’Inde » de Rimsky-Korsakoff, de « Carousel » de Richard Rodgers, du « Roi des Vagabonds » de Rudolf Friml, du « Prince étudiant » ou du « Chant du Désert » de Sigmund Romberg, dont Jerry Lewis dira que l’écoute fortuite à la radio de sa voiture, alors qu’il conduisait sur Hollywood Bd, plus de vingt ans après la mort de Mario Lanza, l’a fait pleurer d’émotion, tant les souvenirs de l’époque heureuse et joyeuse, qu’ils avaient vécue ensemble à leurs débuts, étaient forts.

Extrait de « The Firefly » (La Luciole), une autre comédie musicale à succès composée en 1912 par Rudolf Friml, on écoute un des airs les plus connus : « The Donkey Serenade » (La sérénade à la Mule).

Cet air joyeux et rythmé, a été interprété par de très nombreux artistes, dont Jeanette Mac Donald, Perry Como et Shirley MacLaine. On l’écoute par Mario Lanza.

Autre incontournable compositeur de comédies musicales, le très talentueux Sigmund Romberg.

Né en Hongrie en 1887, la valse viennoise coulait dans ses veines et dans sa musique lorsqu’il émigra en 1909 aux Etats-Unis.

Trois de ses comédies musicales connurent un immense succès à Broadway et inspirèrent les cinéastes hollywoodiens. Les films: The Student Prince (Le Prince étudiant) en 1924, The Desert Song (Le Chant du Désert) en 1926 et The New Moon (La Nouvelle Lune) en 1928, lui valurent une gloire universelle.

De The New Moon on écoute par Mario Lanza, « Softly As In a Morning Sunrise » (Doucement comme au lever du soleil, la lumière de l’amour éclairera une nouvelle journée…)    

De Victor Herbert, compositeur irlandais, né à Dublin en 1859 et émigré à l’âge de 27 ans aux Etats-Unis, nous allons écouter le magnifique « Thine Alone » (A toi seule).

Extrait de son opéra romantique EILEEN, créé à Cleveland en 1917, cet air évoque, sur un mode fantaisiste, la rébellion en 1798 des irlandais contre le pouvoir britannique.

Pour l’anecdote, Mario Lanza avait choisi de chanter « Thine Alone » et « Che gelida manina » de La Bohème de Puccini,
le 30 août 1947 lors de sa présentation par Louis Mayer aux 55 producteurs et metteurs en scène réunis sur un plateau de la MGM.

Extraite de la comédie musicale « Spring Is Here » (Voici le Printemps), composée en 1929 par Richard Rodgers et Lorenz Hart, on va écouter par Mario Lanza, la magnifique mélodie « With A Song in My Heart » (Avec une chanson dans mon cœur).

Cette chanson a été interprétée par de nombreuses célébrités dont souvent par les 3 ténors, ensemble et séparément, en hommage à Mario Lanza.

Nous allons terminer cette première partie d’émission avec un autre compositeur au palmarès flatteur, Jérôme Kern.

Né à New York en 1885, Jérôme Kern est l’auteur de plus de 700 chansons et comédies musicales à succès dont « La Belle Parée » en 1911 qui a vu les débuts sur scène d’Al Jolson, l’un des artistes de music-hall les plus populaires aux Etats-Unis et l’acteur du premier film parlant de l’Histoire du cinéma, le fameux « Chanteur de jazz ». 

Le chef-d’œuvre de Kern est incontestablement « Show Boat » qui fut un grand événement dans le Broadway de la maturité en 1927.
Le livret et les lyrics sont d’Oscar Hammerstein II.

L’histoire de « Show Boat » qui se déroule sur un bateau à roue sur le Mississipi, a donné lieu à deux adaptations cinématographiques. La première en 1936 avec  Irene Dunne et Alla  Jones, et la seconde en 1951 avec Ava Gardner, Kathryn Grayson et Howard Keel.

On écoute, par Mario Lanza, le magnifique « Make Believe » (Faire semblant).

Surnommé « le Puccini de l’opérette » pour avoir su mettre en valeur les voix humaines comme à l’opéra, le hongrois Franz Lehár, né en 1870, connut un immense succès en 1905 avec « La Veuve Joyeuse » qui dispensa son « Heure Exquise » dans le monde entier.

« Le Pays du Sourire », créé à Berlin en 1925, sera l’un des plus grands succès mondiaux de tous les temps, grâce à son ténor fétiche Richard Tauber qui était à Lehár ce que Luis Mariano sera plus tard à Francis Lopez.

On écoute par Mario Lanza le célébrissime « Je t’ai donné mon cœur », en anglais « Yours Is My Heart Alone ».  

Autre comédie musicale à succès de Romberg, « The Desert Song » (Le Chant du Désert).

Créée le 30 novembre 1926 au Ziegfield Theatre de New York, cette comédie musicale est inspirée de la vie de Sir Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de « Lawrence d’Arabie ».

Officier et écrivain britannique, Sir Thomas Lawrence fut chargé d’organiser la révolte des Arabes contre l‘empire ottoman allié aux allemands pendant la première guerre mondiale.

Ce fait historique a donné lieu en 1962 à une superproduction cinématographique de David Lean avec Peter O’Toole dans le rôle de Lawrence d’Arabie.

On écoute par Mario Lanza le magnifique « One Alone » (Tout seul).

Encore une comédie musicale qui connut un succès phénoménal à Broadway lors de sa création en 1910 : « Naughty Marietta» (En Français : Vilaine Mariette).

Composée par Victor Herbert sur un livret de Rida Johnson Young, cette comédie musicale raconte l’histoire d’une aristocrate française qui, pour échapper à un mariage forcé, fait une fugue en Louisiane, où un beau militaire la sauvera des pirates et des indiens.

Cette comédie musicale, au charme désuet, comprend de belles partitions musicales. Elle inspirera les producteurs de la MGM qui réaliseront en 1935 le premier film avec Nelson Eddy et Jeanette Mac Donald qui formeront à l’écran le couple incontournable de l’opérette américaine. Le titre du film « Naughty Marietta » a été traduit en français par « Fugueuse Mariette ».

On va écouter, par Mario Lanza, deux mélodies de cette opérette à succès.

D’abord « I’m Falling In Love With Someone » (Je suis amoureux de quelqu’un…), suivi de « Ah! Sweet Mystery Of Life” (Ah! Doux Mystère de la Vie).

Créé le 22 décembre 1924 au Jolson Theatre de Broadway,
« Le Prince étudiant » de Romberg connut un fracassant et long succès avec 608 représentations, devançant « Show Boat » (572 représentations).

L’histoire d’un Prince qui fait ses études incognito dans une Université prestigieuse d’Heidelberg et tombe amoureux de la nièce d’un aubergiste, est des plus romanesques. Il n’en fallut pas plus à Romberg pour composer une magnifique musique.

Mario Lanza enregistra deux fois en stéréo, tous les airs du « Prince étudiant ». Une première fois en 1954, pour la bande-son du film qu’il devait tourner, et dans lequel il sera remplacé à la suite d’un désaccord avec la MGM, par l’acteur anglais Edmond Purdom, et une seconde fois en 1959 pour l’album RCA VICTOR.

On écoute la tendre sérénade du Prince, suivie du chœur joyeux des étudiants qui fêtent, une chope de bière à la main, la fin de leurs études :

Nous allons terminer cette seconde émission dédiée aux comédies musicales interprétées par Mario Lanza, avec une mélodie intitulée « Strange Music » (Musique étrange) extraite de l’opérette Song of Norway (Chanson de Norvège).

Réalisée par Robert Wright et George Forrest à partir d’une musique folklorique et romantique d’Edvard Grieg, célèbre pianiste et compositeur norvégien, auteur du célèbre Concerto pour piano en la mineur, surnommé le « Chopin du Nord », Song of Norway, fut créée en 1944 à Los Angeles.

Après un séjour triomphal à San Francisco, elle arrive à New York où 860 représentations seront données à  Broadway.

Comme il nous reste un peu de temps, nous allons écouter, « Golden Days » (Jours dorés quand nous étions jeunes…), une très belle mélodie composée par Sigmund Romberg. Enregistrée en 1952 en stéréo par Mario Lanza pour le film MGM « Le Prince étudiant »  qui sera réalisé en 1954 par Richard Thorpe.

 

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Hommage à Madame Renée Doria

mars 30th, 2021 par Alain Fauquier


Hommage Renée Doria

Moins d’un mois après avoir fêté son 100ème anniversaire le 13 février 2021, Renée Doria, la dernière grande Diva de l’âge d’or de l’Opéra français, « The famous french soprano » (La célèbre soprano française), comme on l’appelait à l’étranger, s’en est allée discrètement, rejoindre la longue cohorte de ses partenaires et amis aujourd’hui disparus : Andréa Guiot, Gabriel Bacquier, Alain Vanzo,  Géori Boué, Solange Michel, Robert Massard, Michel Sénéchal et tant d’autres, qui ont traversé avec elle dans la gloire, la seconde moitié du XXème siècle.

Avec la participation amicale du ténor Carlo Ciabrini qui l’a bien connue et dont elle fut le professeur de chant, nous évoquerons sa longue et prestigieuse carrière au cours d’un hommage que nous lui rendrons prochainement sur Aligrefm 93.1.

Hommage rendu lors de l’émission Cappuccino diffusée le 18 Avril 2021

 C’est avec tristesse, que vous allez rendre hommage aujourd’hui à la grande soprano colorature française Renée Doria, décédée le 6 mars 2021, moins d’un mois après avoir fêté son centième anniversaire.

Effectivement, alors que nous nous réjouissions il y a quelques mois, d’avoir le plaisir et l’honneur de l’accueillir en 2021 dans une émission de Cappuccino, pour évoquer avec elle sa longue et prestigieuse carrière, c’est un hommage posthume que nous allons lui rendre ce matin.

Madame Renée Doria est en effet décédée, le 6 mars 2021, moins d’un mois après avoir fêté ses 100 ans.

Nous remercions vivement quelqu’un qui l’a connue mieux que personne, notre ami, le ténor Carlo Ciabrini, co-fondateur des Éditions MALIBRAN-MUSIC et membre de l’Opéra Club Mario Lanza, d’avoir accepté de nous parler d’elle, d’évoquer sa personnalité, sa passion pour le chant et la musique, et les événements importants qui ont jalonné sa brillante et glorieuse carrière. Et évoquer son caractère de femme libre et au parler franc.

Renée Doria, n’était pas seulement une très grande virtuose qui incarnait la perfection et l’élégance, elle était une « Diva », au plein sens du terme, une étoile admirée de l’âge d’or de l’opéra français et en même temps, comme tous les « grands », une personne d’une immense et totale simplicité.

Avant d’aller plus loin, on écoute Renée Doria dans son premier rôle, celui de Rosine, du Barbier de Séville, de Rossini, le 18 janvier 1942 à l’Opéra de Marseille. Dans le fameux air « Una voce poco fa », mais en français.

En 40 ans d’une carrière exemplaire, Renée Doria a triomphé dans 76 rôles sur scène, dont 300 fois dans celui de Violetta de La Traviata, et chanté 125 rôles à la radio.

Elle s’est produite sur toutes les grandes scènes de France (y compris à Alger et à Oran), et dans les pays limitrophes, Pays-Bas, Belgique, à Baden-Baden en Allemagne, et en Italie.

Sa diction était parfaite et son habileté technique infaillible. Sa prodigieuse étendue vocale de trois octaves, (elle montait au contre-fa) lui a permis d’aborder avec aisance et assurance, un très large éventail musical.

En affermissant son médium et son registre grave, comme elle l’a déclaré lors d’une interview, Renée Doria a réussi à s’imposer aussi bien dans les emplois lyriques que dramatiques.

Née à Perpignan dans une famille de musiciens, Renée Doria apprend le piano et le solfège dès l’âge de cinq ans, puis l’harmonie et le chant.

Elle se produit en concert à l’âge de 18 ans et obtient un premier grand succès lors de ses débuts, le 18 janvier 1942 à l’Opéra de Marseille, comme on l’a dit, dans le rôle de Rosine du Barbier de Séville et elle a débuté Salle Favart en 1944, dans le rôle-titre de Lakmé.

En 1947 l’Opéra Garnier lui ouvre ses portes et elle triomphe dans le rôle de « la Reine de la Nuit » de La flûte enchantée de Mozart.

De La Traviata de Verdi, dont nous avons dit qu’elle avait chanté le rôle sur scène plus de 300 fois, on écoute Renée Doria chanter en italien le fameux « Follie, Follie ! Sempre libera ! ».

Parallèlement à ses apparitions sur scène, Renée Doria réalise, dès 1946, un très grand nombre d’enregistrements dont une importante sélection de mélodies françaises : Debussy, Fauré, Gounod, Bizet, Massenet, Hahn, Ravel, etc.

Elle enregistre aussi de nombreux extraits airs d’opéra, dont Lucie de Lammermoor, Louise, La Traviata, Thaïs, Lakmé, Faust, Manon Lescaut, Les Pêcheurs de Perles, le Comte Ory, les Huguenots.

Renée Doria aura pour partenaires les célébrités de son temps: Régine Crespin, Suzanne Sarroca, Mado Robin, Michel Sénéchal, Ludmilla Tchérina, Rita Gorr, Luis Mariano, Tito Schipa (au Châtelet), Xavier Depraz, Janine Micheau, Alain Vanzo, Géori Boué, Raoul Jobin, Michel Dens, Tony Poncet, Ernest Blanc, Robert Massard, René Bianco, Adrien Legros, Michel Sénéchal, Denise Scharley, Huc-Santana, Solange Michel, Aimé Doniat, Michel Cadiou, (qui nous a fait l’honneur d’adhérer à notre association Opéra Club Mario Lanza…)

Elle sera accompagnée par les plus grands chefs de cette époque : Reynaldo Hahn, Jésus Etcheverry, André Cluytens, Georges Sébastian, Marcel Cariven, Jules Gressier, Pierre Cruchon, Pierre Stoll, Henri Tomasi, Roger Boutrey, Gustave Cloëz, Jean Allain.

En 1955 Renée Doria inaugure le catalogue lyrique de PHILIPS France avec des opérettes: La Veuve Joyeuse, La Vie Parisienne qui obtient le « Grand prix du disque », Le Pays du Sourire et une sélection de Manon de Massenet.

En 1959 encore, le 1er avril 1955, elle chante à l’Opéra-Comique, la 2000ème de Mignon, d’Ambroise Thomas, dont on écoute un court extrait du célèbre « Je suis Titania, la Blonde »

Entre 1959 et 1976, Renée Doria enregistre les intégrales de MireilleThaïs, Le Barbier de Séville, Les Contes d’Hoffmann, Faust et Rigoletto.   

Renée Doria a cessé de se produire sur scène début des années 1980, pour se consacrer à l’enseignement du chant.

La notoriété de Renée Doria a dépassé les frontières de la France. A l’étranger elle était appelée : « The famous french soprano » (La célèbre soprano française) et en 2010, OPERA NEWS,  la Revue du « Metropolitan Opera », lui a rendu hommage en lui consacrant une interview sur sa longue carrière.

Plus récemment, la grande soprano américaine Renée Fleming, son homonyme, qui chantait Manon, de Massenet à l’Opéra Garnier, lui a écrit pour lui dire son admiration pour son interprétation du rôle. De même à l’occasion de son enregistrement de l’intégrale de THAÏS au disque et au DVD, les deux artistes ont échangé.

Avec humour, Renée Doria a déclaré dans une interview donnée le 24 février 2014 au magazine FORUMOPERA : « qu’elle s’amusait à faire des farces aux chefs d’orchestre, en tenant des notes, grâce à la longueur de son souffle, plus longtemps qu’ils ne s’y attendaient, les obligeant ainsi à prolonger l’orchestre pendant quelques secondes de plus ! »

Alors écoutons un très bref extrait de THAÏS, où on ne sait pas ce qu’il faut admirer le plus, de la tenue du souffle  de ou de la beauté et l’émotion de la dernière note de cette phrase finale : « Dans la Cité céleste, nous nous retrouverons »

Renée Doria, avec son franc parler, dit aussi des sopranos: « Lucia est une andouille, Gilda une poire, les sopranos sont presque toujours des idiotes ! » (elle parlait des personnages, évidemment).

En juin 2007, Renée Doria a été promue Commandeur des Arts et Lettres. C’est le grand baryton français Daniel Marty qui lui a remis sa décoration.

Pour l’anecdote, Renée Doria était  née le 13 février 1921, soit 13 jours après Mario Lanza, qu’elle allait voir, nous a-t-elle raconté, au cinéma avec ses collègues de l’opéra. Elle nous a dit un jour, chez elle, avec verve et accent « Malheureux ! Nous étions toutes amoureuses de lui !»

Elle était un peu notre marraine de cœur à l’Opéra Club Mario Lanza.

Lors de notre première assemblée générale, en 2008, on se souvient, qu’assise à côté de la comédienne Marina Vlady dont le père était chanteur d’opéra, elle aussi adhérente de notre association et admiratrice de Mario Lanza, elles avaient longuement bavardé.

En 2009, lors de la réalisation par les Éditions Malibran-Music, de l’album d’hommage à Mario Lanza pour le cinquantième anniversaire de sa disparition, on se souvient, Alain et moi, que Renée Doria, n’avait pas voulu nous laisser repartir sans nous offrir chez elle, une coupe de champagne accompagnée d’un gâteau qu’elle avait acheté à notre intention. Un geste élégant et amical qui nous a profondément touchés.

On écoute Renée Doria chanter un air fameux, qui était une de ses signatures, extrait de « La Fille du Régiment », le célébrissime « Salut à la France » avec une extraordinaire virtuosité, fruit d’un inlassable travail et d’un immense talent inné, mais rien sans le travail…

Enfin, dans le droit fil de la carrière de Renée Doria, l’enregistrement de Sapho, en 1978, réalisé au théâtre de l’Empire, elle avait 57 ans !

On rappelle pour terminer cette émission que l’on peut se procurer les enregistrements de Renée Doria, Géori Boué, Robert Massard, Andréa Guiot, Elen Dosia, Alain Vanzo et de beaucoup d’autres interprètes, on peut même dire, de tous les grands et les grandes du chant français et pas seulement…., chez MALIBRAN-MUSIC, le spécialiste de l’opéra français (www.malibran.com)

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Joyeux anniversaire Madame Renée Doria

février 13th, 2021 par Alain Fauquier


Renée DORIA

A l’occasion de ses 100 ans, le 13 février 2021, l’Opéra Club Mario Lanza, souhaite à Madame Renée Doria, magnifique et inoubliable Diva de l’âge d’or de l’Opéra, un joyeux anniversaire.

Hommage rendu par Patrick BADE
lors du 90ème anniversaire de Renée Doria.

Maintenant qu’elle a célébré son 90ème anniversaire, la soprano française devrait être déclarée trésor national. Elle est l’une des dernières représentantes d’une glorieuse tradition du chant français qui s’était développée durant  plus d’un siècle.

Cette tradition avait atteint son apogée  à la fin du  19ème et durant les premières années du  20ème siècle. Elle était déjà en déclin depuis la fin de la  première guerre mondiale. Les chanteurs français avaient de moins en moins de  succès internationaux et le répertoire français perdait de plus en plus d’intérêt auprès des pays qui n’étaient pas de langue française.

Madame Doria continua une carrière dense et pleine de succès en France et dans les pays voisins, Belgique et Suisse, en fait si dense et si pleine de succès qu’il y eut un danger de prendre cette excellence pour reconnue.

Jusqu’à un certain degré ceci est arrivé. Aujourd’hui, elle serait probablement plus appréciée

Par les collectionneurs de disques de pays où elle a rarement, si jamais, chanté que dans sa France natale.

Cela dit, la qualité saillante de son chant est son aspect français. Son ton brillant et concentré.

Le soupçon piquant de vibrato rapide et sa diction immaculée sont typiques de l’école française de chant. Il y a  une ressemblance familiale avec d’autres sopranos françaises de son époque et de son répertoire telles Martha Angelici et Janine Micheau, quoique chacune des trois est immédiatement reconnaissable et possède ses propres qualités.

Martha Angelici avec ses sonorités joliment marquées avait à l’intérieur une plaisante goutte de citron. Le timbre de Janine Micheau était plus crémeux et elle avait un talent admirable pour faire flotter d’exquises notes aigües.

Le chant de Renée Doria avait une sorte très spéciale de vibration. C’était bien le son de sa voix, mais c’était aussi une charge émotionnelle.

Elle était toujours la plus passionnée de ces chanteuses et la plus intéressante interprète. Bien qu’elle fut très attentive à rester à l’intérieur de ses moyens vocaux, on avait l’impression qu’à l’intérieur de son soprano lyrique il y avait un soprano dramatique prêt à s’exprimer.

Renée Doria a fait ses débuts en Rosine à l’Opéra de Marseille en 1942. C’était un moment étrange  et intéressant pour commencer une carrière. Durant la première partie de la seconde guerre mondiale avant que les alliés n’atterrissent en Afrique du Nord et l’invasion allemande consécutive de la zone sud de la France en novembre 1942,  Marseille bénéficia d’une sorte de renaissance culturelle, la ville se remplissant de réfugiés venant de la zone nord contrôlée par les nazis.

A cette époque, Renée Doria eut le  grand privilège de travailler avec Reynaldo Hahn, forgeant ainsi un lien direct avec l’âge de Massenet, Proust et Emma Calvé.

Après la guerre Madame Doria eut la possibilité de poursuivre sa carrière dans les deux salles d’opéra de  la capitale française.

Au dire de tout le monde, dans ces deux théâtres subventionnés par l’Etat régnaient plus que jamais de vicieuses intrigues provoquées par l’amertume issue des années d’occupation. Néanmoins, par bien des côtés, ce fut un merveilleux moment et l’endroit idéal pour faire une carrière lyrique. Dans les deux maisons il y avait une solide tradition d’un ensemble et d’une commune compréhension de la façon dont un opéra français devait être joué. Il y avait encore une richesse de talents vocaux français. C’était un âge d’or, ou du moins la fin d’untel âge.

Durant toute sa carrière, Madame Doria rendit un grand service à Massenet. Les extraits de Manon qu’elle a enregistrés avec Alain Vanzo sont exemplaires et devraient être étudiés avec soin par tous les jeunes chanteurs souhaitant prendre les rôles principaux dans cet ouvrage.

Au rôle de Thaïs, Renée apportait l’allure physique requise ainsi que les deux contre-ré de la scène finale. Son enregistrement de Thaïs de 1961 est une performance pour connaisseurs et indubitablement le meilleur de ceux qui sont parus. L’enregistrement de Sapho réalisé en 1977 est particulièrement intéressant non seulement parce que ce magnifique opéra est devenu une telle rareté sur scène et au disque mais parce que c’est sa plus belle réalisation au disque et qu’elle nous montre son art dans ce qu’il a de plus mure et de plus profond.

Le rôle de Fanny Legrand avait été taillé sur mesure pour Emma Calvé. Massenet exploitait au maximum ses dons exceptionnels d’actrice chantante et de vocaliste exquisément raffinée.

D’autres grandes cantatrices ont connu le succès dans  ce rôle exigeant : Georgette Leblanc, Mary Garden, Gemma Bellincioni, Marguerite Carré et Marthe Chenal.

Dans les années 1920, Suzanne Cesbron-Viseur possédait les qualités vocales sinon physiques et histrioniques du rôle telle que nous l’entendons dans une merveilleuse gravure de « Séduction» – Pendant un an je fus ta femme – Par la suite l’ouvrage disparut presque complètement du répertoire faute d’interprètes appropriées. Quelle cantatrice pourrait aujourd’hui rire, pleurer, rager et chanter de façon exquise comme Massenet l’exige ?

Si une telle chanteuse apparaissait, le première chose à faire serait de lui faire écouter cet enregistrement pour lui faire comprendre comment il faut faire.

En 1977, après 35 ans de carrière la voix de Madame Doria était encore un instrument souple et expressif. Il avait perdu un peu de l’éclat de la jeunesse, mais cela ajoute au caractère poignant d’une interprétation à fendre le cœur du rôle d’une femme d’expérience mondaine qui gagne puis perd l’amour d’un homme plus jeune. Madame Doria

vit les émotions conflictuelles de l’héroïne avec une vivacité et une intensité déchirantes. Son interprétation de « Séduction » avec une étonnante palette de couleurs vocales, les plus délicates nuances dans l’expression et un contrôle virtuose de la respiration représente l’art vocal français à son plus haut niveau.

Patrick BADE,

Traduction de Jean ZIEGLER

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Hommage du Centenaire

janvier 18th, 2021 par Alain Fauquier


MARIO LANZA and friends

Pour les mélomanes du monde entier, l’année 1921 fut à la fois tragique, avec la mort d’Enrico Caruso, et bénie des Dieux avec la naissance simultanée de trois futurs très grands ténors: Mario Lanza, Franco Corelli et Giuseppe Di Stefano.

C’était il y a 100 ans, le 2 août 1921, le monde entier apprenait stupéfait la disparition soudaine de l’une des personnalités du chant les plus populaires et les plus hautes en couleurs de son temps, le ténor Enrico Caruso.

La mort de Caruso, le ténor des ténors, la voix magique du siècle, l’incarnation du chant par excellence, star légendaire de son vivant, venait de survenir à Naples, sa ville natale, à seulement 48 ans, des suites d’une pleurésie.

Ce triste et tragique événement plongeait dans la douleur et le désarroi des milliers d’admirateurs autour de la planète qu’il sillonna pendant 20 ans.

Ce grand artiste, synonyme de perfection, demeurera longtemps vivant dans la mémoire et le cœur d’une foule de mélomanes.

Grace à ses nombreux enregistrements (« Caruso a fait le disque, le disque a fait Caruso », disait-on), les amateurs d’opéra peuvent toujours apprécier la qualité exceptionnelle de la voix de Caruso, et imaginer les rappels enthousiastes qu’il suscitait à chacune de ses apparitions sur une scène d’opéra.

On écoute Caruso chanter « Vesti la giubba », l’air célèbre de Paillasse de Leoncavallo, qui fut le plus célèbre de ses rôles. Un enregistrement réalisé à New York le 17 mars 1907.

Mais en cette année 1921, pendant que le monde entier pleurait la mort de Caruso, la naissance de trois enfants, l’un en Amérique, et les deux autres en Italie, allait passer totalement inaperçue.

Pourtant, une génération plus tard, ces trois garçons, allaient émerger, avec un spectaculaire éclat, dans le Monde de l’opéra et se hisser au firmament des plus grands ténors du XXème siècle.

Le 31 janvier 1921, naissait à Philadelphie, dans une famille modeste d’immigrés italiens, Alfred, Arnold Cocozza qui deviendra le futur Mario Lanza. Cette naissance fut suivie le 8 avril par celle de Franco Corelli à Ancône, et le 24 juillet par celle de Giuseppe Di Stefano à Motta Sant’Anastasia en Sicile.

Tous les trois vont devenir très célèbres, mais leurs parcours et leurs destins seront bien différents.

Né le premier, Mario Lanza sera aussi le plus précoce et le plus naturellement doué.

Qualifié de « Voix du siècle » par le chef Arturo Toscanini, après que son célèbre découvreur, le maestro Serge Koussevitzky, directeur du philharmonique de Boston, qui l’auditionna au printemps 1942, eût déclaré : « Ce garçon a une voix de celles que l’on entend qu’une fois par siècle ! C’est Caruso ressuscité ! ».

Koussevitzky le fera débuter sous le pseudonyme de Mario Lanza,  dans le rôle de Fenton des Joyeuses Commères de Windsor d’Otto Nicolaï, au festival d’été de Tanglewood le 7 Août 1942.

Boris Goldovsky, chef des chœurs du Metropolitan Opera, qui conduisait l’orchestre lors de cette représentation, devait déclarer stupéfait : « La voix qui sortait de cette gorge était éblouissante, inoubliable ! Elle semblait provenir d’un autre monde ! Je ne pouvais pas en croire mes oreilles»

Mario Lanza sera le premier chanteur de musique classique et populaire à remporter des trophées et à vendre des disques par millions.

Détourné à 26 ans des scènes d’opéra par la Metro-Goldwyn-Mayer, à l’issue d’un concert triomphal au Hollywood Bowl de Los Angeles, Mario Lanza a, plus que tout autre chanteur, avant ou après lui, contribué, avec ses films, à faire découvrir, avec un exceptionnel brio, l’opéra au grand public.

On écoute l’une de ses premières chansons à succès qui deviendra sa signature : « Be My Love », composée en 1950 par Nicholas Brodszky sur des paroles de Sammy Cahn,  un des plus grands paroliers des États-Unis et le parolier de Frank Sinatra.

Né le second, Franco Corelli, mettra plus de temps à percer et à faire parler de lui.

Contrairement à Mario Lanza, la voix de Franco Corelli n’est pas placée de naissance, et il lui faudra six ans de travail acharné pour parvenir à la positionner idéalement.

Il lui faudra trois ans de plus pour pouvoir atteindre le contre-ut.

Inspiré, comme Mario Lanza et Giuseppe Di Stefano, par Caruso et Gigli, Franco Corelli avait chanté dans sa jeunesse en tant qu’amateur, mais il n’avait jamais envisagé de réaliser une carrière de chanteur professionnel.

Titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome obtenu à l’Université de Bologne, il travaille comme géomètre pour l’administration locale.

Fortement encouragé par ses amis, il finit par se décider à entreprendre des études de chant au conservatoire de Pesaro.

Mais, après quelques mois il estime que les résultats ne sont pas ceux qu’il espérait et il préférera travailler en autodidacte avec les conseils du fameux ténor Giacomo Lauri-Volpi.

Ce long travail de préparation explique ses débuts tardifs.

Franco Corelli a en effet 30 ans en 1951 lorsqu’il remporte le concours du Mai musical de Florence et fait ses débuts, le 26 Août 1951, au festival de musique de Spoleto où il interprète, avec un immense succès, le rôle de Don José dans Carmen.

Pour les amateurs d’opéra des années 1950-1960, qui ont eu la chance de le voir sur scène, Franco Corelli, fut à bien des égards, l’incarnation du ténor idéal, aussi beau à voir qu’à entendre.

Doté d’un physique de jeune premier, d’un souffle souverain et d’une voix chaleureuse, ample, riche et profondément poignante, Franco Corelli va devenir l’idole des scènes d’opéra.

Herbert von Karajan qui le dirigea à Salzbourg lors d’une représentation mémorable du Trouvère en 1961, avec Leontyne Price et Giulietta Simionato, dira de Franco Corelli, qu’il avait « une voix héroïque, sombrement sensuelle et mystérieusement mélancolique, mais une voix de tonnerre et d’éclairs, de feu et de sang ! »

Malheureusement, Corelli sera rongé toute sa vie par le doute et l’anxiété. Son manque d’assurance fera de lui une figure tragique de l’opéra.

Il sera en permanence insatisfait et il s’imposera une discipline quasi monacale. Son perfectionnisme sera obsessionnel et il mènera une carrière des plus austères, marquée par l’autocritique.

Contrairement à Lanza, on ne ressent pas chez Corelli la joie, la passion et le plaisir de chanter.

Du troisième acte de Werther de Jules Massenet, on écoute par Corelli « Ah ! no mi ridestar » (Pourquoi me réveiller !). L’orchestre symphonique de la RAI est dirigé par Arturo Basile (1954).

Dernier né des trois ténors, Giuseppe Di Stefano, surnommé « Pippo » par ses intimes, sera plus précoce que Franco Corelli.

Giuseppe Di Stefano fait ses débuts à 25 ans, le 20 avril 1946, au Théâtre Municipal de Reggio d’Émilie dans le rôle de Des Grieux de Manon de Jules Massenet.

Le succès est immédiat et il part aussitôt chanter dans toute l’Italie.

A tous égards, Di Stefano est considéré comme le meilleur ténor lyrique depuis le grand Fernando De Lucia.

Sa voix est d’une rare pureté et la beauté de son timbre est unique. A l’égal de Mario Lanza, sa diction est excellente, ce qui n’est malheureusement pas le cas de celle de Corelli qui souffre d’une prononciation molle et pâteuse, très désagréable à l’écoute de ses disques. Un défaut toutefois un peu moins gênant à la scène.

A la passion et au charme typiquement sicilien de Di Stefano, s’ajoute, comme pour Corelli, une grande présence scénique.

Avec autant d’atouts il n’est pas surprenant que la notoriété de Di Stefano arrive rapidement aux oreilles du directeur de la Scala qui l’engage, sans même l’auditionner, dans sa troupe milanaise où il débute en mars 1947.

Dans la foulée il est contacté par le Metropolitan opera de New York où il fait ses débuts dans le rôle du Duc de Mantoue de Rigoletto en février 1948.

En l’espace de deux ans, Di Stefano va se produire sur quelques unes des scènes les plus prestigieuses du monde.

Les cinq années suivantes son talent sera acclamé dans le monde entier. Son timbre chaleureux et sa technique sans faille le classent d’emblée au dessus de ses pairs les plus doués.

On écoute par Di Stefano la célèbre chanson de Ruggero Leoncavallo : « Mattinata »  (L’aurora di bianco vestita…).

En Amérique, au lendemain du festival de Tanglewood, le critique musical Noel Strauss écrit dans le New York Times : « Peu nombreux sont les ténors actuels capables de rivaliser avec le jeune et très talentueux Mario Lanza, 21 ans.

Sa voix naturelle splendide a peu d’équivalent, en termes de beauté, de chaleur et de puissance. Sa diction est parfaite. »

Le 5 octobre 1942, Herbert Graf, auteur d’ouvrages sur l’opéra, écrit dans Opera News : « L’artiste de la saison fut incontestablement Mario Lanza qui pourrait, sans aucune difficulté, rejoindre le Metropolitan Opera ».

Mais, les Etats-Unis sont en guerre contre le Japon depuis 1941 et l’armée est prioritaire. Le jeune Mario Lanza est incorporé dans la base militaire de Marfa au Texas.

Affecté au Théâtre aux Armées, il va déployer ses talents dans des spectacles conçus à la gloire de l’Armée de l’air, comme « On the Beam » (Sous les feux de la rampe ») où il chantera pour les soldats de nombreux airs d’opéra et il sera surnommé le « Caruso de l’US Air Force ».

Avec beaucoup d’humour et de drôlerie il jouera dans des sketches où il manifestera des talents innés de comique et d’imitateur.

Il chantera aussi pendant six mois à Broadway dans les chœurs de l’important groupe musical « Winged Victory » (Les Ailes de la Victoire) créé et dirigé par Moss Hart qui sera l’auteur de nombreux scénarios de films dont celui de « Une étoile est née » de George Cukor en 1954.

Le 22 Mai 1944, le jeune ténor, alors âgé de 23 ans, enregistre à New York, dans les studios Melotone, six arias avec au piano Maria Margelli, accompagnatrice de la grande basse italienne Ezio Pinza.

Maria Margelli dira: « J’ai entendu toutes les plus grandes voix. Mais le jour où j’ai entendu Mario Lanza, je sus que j’avais entendu la plus grande de toutes ! »

En Juin 1944, à l’occasion d’un passage à Hollywood avec les chanteurs du chœur de Winged Victory, des artistes en vue allaient commencer à parler de lui après l’avoir entendu fortuitement.

Lors d’une réception organisée chez Frank Sinatra, il chantera durant huit heures d’affilée devant un auditoire de célébrités hollywoodiennes éblouies et fascinées.

Nous allons écouter deux enregistrements rares de cette époque, retrouvés en parfait état de conservation :

D’abord un enregistrement réalisé en 1940 (Il y a 80 ans), Mario Lanza a 19 ans et s’appelle encore Alfred Cocozza.

Il chante «Ch’ella mi creda » de La Fille du Far West de Puccini, avec probablement au piano la soprano Irène Williams qui était son second professeur de chant ; le précédent, le baryton Scarduzzo, ayant déclaré forfait devant les dons exceptionnels de son élève.

Irène Williams s’étant rendu compte qu’elle tenait entre ses mains « un prodige », ce sont ses mots, le faisait découvrir à la haute société de Philadelphie en organisant des récitals.

C’est elle, et William Huff, directeur du Forum des Concerts de Philadelphie, qui le feront auditionner par Serge Koussevitzky.

On écoute maintenant, un enregistrement plus récent qui date tout de même d’il y a 76 ans. Mario Lanza a 23 ans, il est encore sous les drapeaux et chante « E lucevan le stelle » de Tosca. Un enregistrement  réalisé dans le studio Melotone le 22 mai 1944, avec Maria Margelli au piano.

Après son premier et immense succès le 26 août 1951 au festival de musique de Spoleto, Franco Corelli est sollicité par plusieurs théâtres lyriques italiens.

Etonnamment, il choisit de débuter sa carrière avec des opéras rarement joués tels que Guerre et Paix de Prokofiev, Iphigénie en Tauride de Gluck ou Giulietta e Romeo de Riccardo Zandonai qu’il chante en 1953 à l’Opéra de Rome dont il deviendra un membre permanent avec un répertoire étendu de quelques 30 rôles.

En avril 1953, Corelli chante pour la première fois avec Maria Callas dans  Norma de Bellini.

Il la retrouvera à nouveau en 1954 à l’occasion de ses débuts à La Scala dans une production très applaudie de La Vestale de Gasparo Spontini.

Les apparitions qu’ils effectueront ensemble par la suite feront partie de la légende.

Du Trouvère de Verdi, on écoute Franco Corelli chanter la célèbre strette : « Di quelle pira ». L’orchestre symphonique de Milan est dirigé par Alfredo Simonetto. Un enregistrement de 1955.

Di Stefano poursuit, sur sa lancée, une brillante carrière jalonnée de succès flatteurs. En 1950 il participe au Festival de Vérone où il chante Nadir dans Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet.

Sa carrière triomphale commence véritablement en septembre 1951
lors d’une rencontre spectaculaire avec Maria Callas et Tito Gobbi.

Une autre soirée tout aussi spectaculaire a lieu en mai de l’année suivante au Palacio de Bellas Artes à Mexico, quand Di Stefano chante avec Callas dans Les Puritains.

À Noël 1952, ils sont ensemble à La Scala pour une représentation de  La Gioconda de Ponchielli.

En 1952-1953, Di Stefano commence à se lasser de son répertoire de ténor lyrique. Il voudrait chanter des rôles plus dramatiques, généralement dévolus à des voix plus larges.

Mais, il n’a ni l’envergure ni la puissance vocale que requiert le répertoire vériste.

Un autre grand moment dans sa carrière viendra en janvier 1954 à La Scala lors d’une représentation de Lucia di Lammermoor avec Maria Callas, dirigée par Herbert von Karajan.

En 1957, Di Stefano chante le rôle de Nemorino dans l’Elixir d’amour  de Donizetti au Festival international d’Édimbourg.

Quatre ans plus tard, il se produit dans Tosca à Covent Garden et au Royal Opera House de Londres.

A Berlin-Ouest il chante l’Opérette Le Pays du sourire qui remporte un grand succès et l’ouvrage sera représenté dans toute l’Amérique du Nord.

Des Puritains de Vincenzo Bellini, on écoute par Di Stefano et Callas, le duo passionné entre Arthur et Elvira « Vieni fra queste braccia » (Viens dans ces bras), où le ténor doit atteindre deux contre-ré. L’orchestre de La Scala est dirigé par Tullio Serafin.

Un enregistrement réalisé en 1953.

Démobilisé en Janvier 1945, et marié le 13 avril, le « Caruso de l’US Air Force », c’est ainsi qu’il était surnommé, décide de s’installer à New York, là où bat le cœur de l’opéra et où l’on trouve les grands professionnels du chant.

Auditionné par la soprano Jean Tennyson, en même temps que plusieurs autres concurrents, pour participer à une future émission de radio qui sera diffusée dans tour le pays : « Great Moments in Music : The Celanese Hour », Mario Lanza est choisi d’emblée.

Il chantera des airs et des duos d’opéra durant six émissions et remplacera au pied levé le grand ténor du Met, Jan Peerce.

Un jour d’Août 1945, il impressionnera si fortement Sam Weiler, un promoteur immobilier fortuné, grand connaisseur d’opéra, devant lequel il chanta fortuitement « Mattinata », que celui-ci, sidéré, déclarera avoir mis plusieurs jours à se remettre de son émotion.

Lui qui avait entendu les plus grands chanteurs, dira : « Je n’avais, de ma vie, entendu quelque chose de si naturellement brillant. Je sus que je venais d’entendre la plus grande des voix du monde. »

Sam Weiler, qui deviendra son premier manager, va financer au jeune Mario Lanza des cours de chant avec le fameux maestro Enrico Rosati, âgé de 72 ans, qui fut le professeur de grandes voix dont Gigli et Lauri-Volpi.

Lors de sa première audition, Rosati dira à Lanza : « Vous recherchez un professeur de chant, mais vous avez déjà eu le meilleur de tous… Dieu ! »

Sa formation avec Rosati fut courte, 15 mois, mais suffisante compte-tenu des prédispositions du jeune ténor.

Mario Lanza donnera son premier concert à Atlantic City en octobre 1945, jour du Labor Day, accompagné par le NBC Symphony Orchestra dirigé par le célèbre maestro Peter Herman Adler qui dirigera en 1950, les enregistrements du film de Richard Thorpe « Le Grand Caruso ».

De La Bohème de Leoncavallo, on écoute : « Testa adorata »

Franco Corelli, poursuit son parcours triomphal hors d’Italie.

En 1957 il triomphe à Covent Garden dans La Tosca de Puccini, avec pour partenaire la grande soprano dramatique croate Zinka Milanov.

En 1958, il épouse la fille d’une basse Milanaise, Loretta di Lelio, elle-même soprano, qui devient son agent.

Le 27 janvier 1961, Corelli et Leontyne Price font conjointement leurs débuts au Met de New York, dans le Trouvère de Verdi.

La même saison, Corelli et Birgit Nilson remettent Turandot de Puccini au répertoire de l’opéra new-yorkais.

Cette production fut un grand succès personnel pour Corelli qui sera invité à ouvrir la saison suivante dans le rôle d’André Chénier, sans doute l’une de ses plus grandes réussites.

En 10 saisons, Franco Corelli chantera au Met 15 rôles dont 368 fois le célèbre « Cielo e mar » de la Gioconda de Ponchielli.

Spécialiste des rôles héroïques italiens et français, il se produit en Europe, en particulier à La Scala de Milan, et au Festival de Salzbourg sous la baguette d’Herbert von Karajan.

Des Lombards de Verdi, on écoute par Franco Corelli : « La mia Letizia infondere »

Cette fois, c’est décidé. Après avoir chanté avec un immense succès de nombreux rôles du répertoire romantique, Di Stefano décide de s’attaquer au répertoire héroïque pour lequel il n’est visiblement pas fait.

En cinq ans la voix est en lambeaux.

Entre 1953 et 1960, Di Stefano fit, probablement, plus de mauvais choix de répertoire qu’aucun autre chanteur.

Au lieu d’entretenir ses précieux talents, il est tenté de se mesurer à des Mario Del Monaco, Carlo Bergonzi et autres Franco Corelli, ténors de puissance, et perdit son pari.

A partir de 1960, alors qu’il n’a même pas 40 ans, ses prestations se détériorent.

Le musicologue anglais Matthew Boyden écrit dans son livre sur l’histoire de l’Opéra : « Pour quiconque ayant entendu chanter Di Stefano dans les années 1940, c’était un peu comme de voir Laurence Olivier oublier son texte ».

Di Stefano retrouve encore Maria Callas, avec laquelle il est affectivement très lié, pour une représentation des Vêpres siciliennes lors de la réouverture du Théâtre Régio de Turin.

De Carmen de Georges Bizet on écoute Di Stefano chanter l’air de la fleur. Il est accompagné au piano par Robert Sutherland ;

Un enregistrement réalisé lors d’un récital donné avec Maria Callas au Canada, sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier de Montréal.

Après avoir donné son premier prestigieux concert à Atlantic City, Mario Lanza va entreprendre une longue et triomphale tournée aux Etats-Unis et au Canada.

« Partout où il passait ce n’était qu’ovations, ovations et encore ovations », diront ses accompagnateurs. Le public en liesse exultait et les critiques musicaux sidérés, ne tarissaient pas d’éloges :

« Mario Lanza est doué d’une rare intelligence musicale, sa diction est parfaite et sa voix de ténor extraordinaire donne le frisson ».

Deux mémorables concerts géants viendront s’intercaler parmi une longue liste. Les 6 et 7 juillet 1946, à seulement 25 ans, Mario Lanza attire, sur son seul nom, au Grant Park de Chicago, 76 000 spectateurs qui viennent l’acclamer.

Avec le « Bel Canto Trio », créé le 8 juillet 1947 par Columbia Artists, il chantera dans 86 concerts. Ses partenaires, la soprano canadienne Frances Yeend et son ami de régiment le baryton-basse George London seront admiratifs.

London dira, comme d’ailleurs le ténor Tito Schipa : « Mario Lanza a la plus grande voix jamais octroyée à un être humain ! »

Les 8 et 10 avril 1948, dans l’attente de la mise en chantier de son premier film, il chantera deux fois, à guichets fermés, à l’Opéra de la Nouvelle Orléans le rôle de Pinkerton dans Madame Butterfly, avec d’interminables « standing ovations ».

Durant sa très courte carrière qui durera seulement 11 ans, Mario Lanza donnera 162 concerts et récitals à guichets fermés, tous plus mémorables les uns que les autres, dont 3 au Hollywood Bowl de Los Angeles et 21 récitals en Europe dont 2 au Royal Albert Hall de Londres les 16 et 18 janvier 1958.

Le ténor Nicolaï Gedda qui assistait au récital du 16 janvier déclarera : « c’est la plus grande voix que j’aie jamais entendue ! »

A ces 162 concerts et récitals, donnés à guichets fermés, il convient d’ajouter ses innombrables récitals d’airs d’opéra donnés pendant trois ans au Théâtre aux Armées.

A Hollywood, il tournera cinq films qui mettront tous en valeur sa magnifique et incomparable voix et feront découvrir, avec un spectaculaire éclat, l’opéra au grand public.

« Le Grand Caruso », son film le plus prestigieux, fera le plus grand nombre d’entrées au cinéma mondial en 1951 et battra tous les records de recette de l’année.

Le fils cadet de Caruso, Enrico Caruso Jr. déclarera : « C’est Mario Lanza qui a fait le succès du film. Avant Mario Lanza et après Mario Lanza, aucun ténor n’aurait pu incarner avec un tel talent vocal, la vie de mon père ».

Le film est tellement enthousiasmant et inspirant que Pavarotti ira le voir tous les jours en 1953 jusqu’à ce qu’il soit déprogrammé.

Parallèlement ses disques chez RCA se vendront par millions et il gagnera énormément d’argent. Malheureusement pour lui, il ne verra pas beaucoup la couleur de ses fabuleux cachets car à cette époque les revenus supérieurs à 100 000 dollars sont taxés à 90% par le fisc américain.

En Italie, Mario Lanza tournera encore deux films à succès en 1957 et 1958 et il enregistrera plusieurs magnifiques albums chez RCA.

Il mourra subitement en pleine gloire à Rome le 7 octobre 1959 à l’âge de 38 ans, au moment même où il s’apprêtait à entreprendre une nouvelle tournée de concerts en Israël, en Afrique du Sud et en Russie.

Un nouveau film était en préparation et il devait ouvrir la saison lyrique 1959-1960 à l’Opéra de Rome avec Paillasse.

De Paillasse, on écoute Vesti la giubba, son « lucky aria » (son air de chance), comme il se plaisait à le rappeler. Un air que Caruso rendit célèbre et que Mario Lanza rendra plus célèbre encore.

Franco Corelli s’illustre mémorablement dans deux opéras français qui semblaient avoir été écrits spécialement pour lui : Roméo et Juliette et  Werther.

Son Roméo était un solide gaillard passionné et viril, et il lui conférait certaines des plus belles sonorités entendues à l’opéra. Le rôle de Werther lui convenait à la perfection, sensible, romanesque et vulnérable.

En raison de son physique de jeune premier, Corelli était surnommé « Cuisses d’or » par la troupe du Metropolitan Opera. On raconte que les sopranos tournaient de l’œil pendant les duos d’amour, que les choristes se mettaient à bredouiller, que les musiciens de l’orchestre se levaient à l’issue des représentations pour l’ovationner avec le public.

Pourtant, aucun de ses confrères ne lui manifesta la moindre jalousie, la plupart étant trop flattés de pouvoir se produire à ses côtés.

A la fin de sa carrière, Corelli était devenu un personnage faustien, un homme doué, pour ses admirateurs, d’un talent surnaturel, mais condamné à l’insatisfaction perpétuelle.

Les enregistrements qu’il nous a laissés donnent une idée de l’enthousiasme quasi animal qu’il pouvait susciter, de l’intensité de ses aigus et de sa prodigieuse tenue du souffle.

Sa prononciation déplorable mise à part, on peut dire que dans les rôles qu’il maitrisait parfaitement : André Chénier, Le Trouvère, Werther, Carmen, Paillasse, La Force du Destin, Aïda, Franco Corelli était tout simplement insurpassable.

En 1973 et 1974 il donne une série de concerts avec Renata Tebaldi et cesse de chanter sur scène en 1976 alors qu’il n’a que 55 ans.

Franco Corelli meurt à Milan le 29 Octobre 2003, à l’âge de 82 ans, 44 ans après Mario Lanza, autant dire une éternité.

On écoute, extrait d’Ernani de Verdi : « Mercé, diletti amici ». L’Orchestre symphonique de Turin est dirigé par Arturo Basile, 1954.

En 1972 Giuseppe Di Stefano propose à Maria Callas de faire, en sa compagnie, une tournée internationale de récitals, afin de collecter des fonds pour financer le traitement médical de sa fille.

Au cours de cette tournée, les voix des deux artistes apparaissent très abîmées et leur série de concerts sera interrompue à Sapporo
le 11 novembre 1974.

Même avec sa voix réduite à un murmure, Di Stefano poursuivra ses apparitions publiques jusque dans les années 1990.

En 1992, il chante le rôle de Calaf dans Turandot sur la scène des Thermes de Caracalla à Rome.

Fin 2004, alors qu’il séjourne au Kenya dans sa villa familiale de Diani, sur le littoral kenyan de l’océan Indien, il est victime d’une violente agression.

Grièvement blessé à la tête Di Stefano est hospitalisé à Mombasa, puis évacué vers Milan ; mais il  ne se remettra pas de ses traumatismes et restera totalement invalide.

En décembre 2007 il tombe dans le coma et meurt dans sa résidence de Santa Maria Hoè, au nord de Milan, le 3 mars 2008, à l’âge de 86 ans.

Pendant plus de vingt ans Di Stefano aura foulé les scènes les plus prestigieuses.

Du troisième acte de Rigoletto de Verdi, on écoute, par Giuseppe Di Stefano, Maria Callas, la contralto Adriana Lazzarini et Tito Gobbi, le quatuor : « Bella figlia dell amore » (Belle fille de l’amour).

L’orchestre et les chœurs de la Scala sont dirigés par Tullio Serafin.

Un enregistrement réalisé en septembre 1955.

On peut ajouter pour terminer, que ces trois immenses ténors nés à trois mois d’intervalle en 1921, se voueront réciproquement un grand respect et une profonde admiration.

Mario Lanza admirera Corelli et Di Stefano pour leur brillants succès sur les plus grandes scènes d’opéra, regrettant sans doute de n’avoir pas pris la même direction, celle, exclusive, de l’opéra, ce qui était son désir le plus intense lorsqu’il était jeune ; et Corelli et Di Stefano admireront Lanza pour l’immense star planétaire qu’il était devenu et pour sa voix, qu’ils considéraient, eux aussi, comme « La voix du siècle ».

Tous les trois, et plus particulièrement Mario Lanza qui incarnera avec ses films, le ténor d’opéra par excellence, inspireront la carrière de plusieurs générations de chanteurs, dont celle des «Trois ténors » qui leur voueront une admiration sans borne.

 

 

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Nouveau Musée Mario Lanza de Philadelphie

novembre 6th, 2020 par Alain Fauquier


 

The New Mario Lanza Museum
of Philadelphia

Le Nouveau Musée Mario Lanza
de Philadelphie

Ouvrira ses portes au public

1214 Reed Street – Philadelphia

Samedi 7 Novembre 2020 de 12h à 15h

Visiteurs : 10 dollars

Tél: 215-238-9691
info@mariolanzainstitute.org

En raison de la forte progression de la crise sanitaire à Philadelphie
le Musée restera fermé jusqu’au 1er janvier 2021

et le Concours international de chant Mario Lanza
The Mario Lanza Ball
est reporté au 18 Avril 2021

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Les sanglots italiens: le vérisme

septembre 19th, 2020 par Alain Fauquier


 

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Par Jean KRIFF

Ancien artiste lyrique, professeur de chant
Essayiste

Après 1861, fin de la 3ème guerre menée contre l’Autriche, l’Italie vécut un risorgimento (renouveau) politique, littéraire et musical. Ce dernier suivit deux voies, l’une étroitement nationale, l’autre ouverte sur l’Europe. C’est de la première dont nous parlerons ici.

Le musicologue Guido M. Gatti, dans sa contribution consacrée à la musique italienne de l’encyclopédie musicale Lavignac et Laurencie, précise qu’il n’existe pas d’Ecole musicale italienne au sens d’un magistère prééminent tel qu’on peut l’entendre par Debussysme, Franckisme ou improbable Wagnérisme. Pas d’école donc, mais des maîtres au sein de chaque ville, historiquement capitale régionale, en intelligence d’expression avec les sensibilités locales. Personne n’ignore, en effet, que le tempérament des habitants de la péninsule est très différent, que l’on soit du nord (Venise, Frioul) ou de l’extrême sud (Sicile, Calabre) ; plus encore, ces deux grandes régions ont été culturellement morcelées, au cours des siècles, en des dizaines de dialectes forgés au contact de nombreuses occupations étrangères : saxonne, espagnole, française, autrichienne.

Après la proclamation et l’existence du ‘royaume italien’ en 1861, deux grands courants musicaux y virent le jour dans la péninsule. L’un, xénophile, prônant l’ouverture vers les écoles étrangères – l’Europe Garibaldienne en soulignait l’influence – l’autre violemment misonéiste, ayant pour prétention unique d’imposer une spécificité italienne. Cette dernière prit le nom de verismo (vérisme). Une population soumise, exploitée au nord par de nouvelles industries gourmandes de marchés et au sud, de paysans contraints d’abandonner leurs villages, voire leur pays, était un terrain psychologiquement propice vers cette sensibilité. Pour la majeure partie des Italiens, le risorgimento n’était que leurre, que pseudo renaissance, imaginaire construction bourgeoise étrangère à leurs intérêts.

LE VÉRISME :

C’est Nedda, roman de l’auteur sicilien, Giovanni Verga (1840-1922), publié en 1874, qui est considéré comme la naissance de ce mouvement littéraire. Inspiré du positivisme de Renan, Verga s’y démarquait de la tendance romantique, choisissant de décrire personnages et situations sans aucun affect personnel, comme Darwin aurait pratiqué, penché au-dessus d’une paillasse. Il donna en peu de mots une sorte de définition de la pensée vériste : l’idéal de l’huître (ideale de l’òstrica) : l’incrustation dans sa famille comme mollusque aux rocher, sous peine d’être dévoré par les ‘poissons voraces’ de la Société.

Au travers de la sensibilité du vérisme, l’influence française des courants réalistes et naturalistes français : Gautier, Balzac, Maupassant ou Zola était patente. Néanmoins, cette ‘technique’ ouvrit sur deux sensibilités italiennes, l’une, du nord, frottée du parfum des rues citadines : mafias, prostitutions, trafics et l’autre, méridionale, sentant davantage le foin, l’étable et la terre.

Si les concepts de ce nouveau genre émergèrent de la littérature française, ce sont les textes in extenso de François Coppée, Alphonse Daudet, Alexandre Dumas fils, Pierre Loti, Pierre Louÿs, Henry Murger, Alfred de Musset, Antoine Prévost, Jean Rostand, Félicien Sardou qui constituèrent nombre de livrets des opéras véristes.

A Milan, deux grands éditeurs, Ricordi et Sonzogno, se partageaient le marché de la musique pour l’ensemble du pays. Ils comprirent qu’en cette fin de siècle, il y avait grande appétence du public pour un théâtre lyrique planté dans les veines véristes. Ils savaient aussi que l’intelligentsia n’était pas prête à accepter ce qu’elle considérerait comme l’exploitation du mauvais goût. Seuls de jeunes musiciens oseraient s’y frotter.

1er OPÉRA VÉRISTE :

Sonzogno organisa alors un concours ‘de vérisme’ entre 73 compositeurs. Le vainqueur verrait sa partition créée au théâtre Costanzi de Rome (l’actuel Opéra). Verga avait écrit en 1888, une nouvelle à succès : Cavalleria Rusticana. Pressé par Sonzogno, il rencontra Pietro Mascagni (1863-1945), décidé à voir transformer sa nouvelle en drame lyrique afin de la présenter au concours. Quelques semaines plus tard, le jury vota : Cavalleria Rusticana était déclarée meilleure œuvre. Représentée au theâtre Costanzi le 17 mai 1890, son triomphe fulgurant abîma les ‘esprits’ de salons et leurs prévisions pessimistes au fond des  tasses de thé. Cavalleria  Rusticana prenait définitivement le rang de 1er opéra vériste.

Fini, le cérébralisme, rejeté, l’idéalisme germanique. Retrouver le chez-soi. Le public se découvrit sans honte une faim de rires et de sanglots dramatiques, d’oppressions viscérales, de sensations inconnues suscitées par des dialectes bizarres et pourquoi pas, d’obscénités parfois ; même les pauvres osaient mourir au théâtre, et à Rome ! Il fallut d’urgence trouver d’autres compositeurs capables d’écrire ce type d’œuvres, destiné à procurer des poussées d’adrénaline chez les spectateurs. Ici, contrairement au bel canto, les paroles devenaient plus essentielles que la vocalisation. Verdi et Boïto l’avaient éminemment montré avec Falstaff, en 1893.

DES NOMS

Pas question de perdre la main pour Sonzogno et, chance ! Puccini, sous contrat chez Ricordi, avait manqué ses débuts ‘véristes’ en 1884 et 1889 avec Le Villi et Edgar considérés trop post romantiques. Il fit alors appel au napolitain Ruggiero Leoncavallo (1857-1919). Caractère difficile mais lettré de haut niveau, on le savait excellent musicien de théâtre. Il avait fait ses preuves à Paris où, exilé volontaire pendant quelques années, comme pianiste-improvisateur de café-théâtre, compositeur d’une dizaine d’opérettes pour l’Eldorado et d’une centaine de chansons et mélodies dont la célèbre Mattinata . Leoncavallo connaissait donc toutes les ficelles du métier. De retour en Italie, Sionzogno le contacta et en cinq mois fut écrit Pagliacci, paroles et musique que le public, enthousiaste, reçut au Théâtre dal Verme de Milan le 21 mai 1892.

Trois procédés théâtraux avaient remué le public : une interruption brutale de l’ouverture par un chanteur bancroche interpellant les spectateurs : ‘Frémissez de honte et d’effroi devant vos turpitudes et puis… riez-en, nous sommes au théâtre’ ; une héroïne nommée Nedda, titre éponyme de la nouvelle de Varga publiée en 1874 et, hommage aux anciens, un retour à la commedia dell’arte ainsi que du théâtre sur le théâtre. Et que dire du malheureux clown, cocu autant qu’on peut l’être, lançant son fameux :‘Ridi Paglaccio’ (Ris-donc, Paillasse) ? Le groupe des ‘Queens’ n’en ont-ils pas utilisé le motif musical au début de ‘It’s a hard life’ ?

Giacomo Puccini est le plus grand d’entre eux tous servi par un immense talent que l’Histoire ne peut dégrader. En effet, sa mort en 1924 n’a jamais permis qu’il soit amené devant le tribunal de la mémoire, contrairement à ses concurrents, restés eux, fidèles à Mussolini. Le ‘malheureux’ ( ?) avait eu la malchance de disparaître à peine deux mois après sa nomination en tant que sénateur par le Duce ; mais le second malheur de ses rivaux fut que Sonzogno, leur éditeur, vit toutes ses archives détruites par un bombardement en 1943. Giacomo Puccini (1858-1924), le talentueux poulain des éditions Ricordi, était donc prédestiné pour des honneurs conquis et acquis, présents et futurs. Pour l’heure, ses relatifs échecs des Willi et d’Edgar oubliés, Puccini fit triompher son Manon Lescaut le 1er février 1893 devant des spectateurs noyés de larmes, bouleversés par les spasmes extrêmes de l’infortunée dévoyée. Le compositeur entrait d’un pied magistral dans le Parnasse vériste. Génial mélodiquement et orchestralement, il s’ouvrait d’un coup toutes ses portes, du comique au mystique, de l’ingénuité à la perversité, de la douleur à la joie. La mort interrompit l’écriture de son Turandot dans lequel se confirmait encore l’infinie originalité de ses instrumentations sans cesse au service de la voix humaine.

Umberto Giordano (1867-1948), flambeau du genre, battu au concours Sonzogno en avait reçu quand même une commande: Mala Vita (Mauvaise vie) ; l’histoire d’une pauvre prostituée phtisique, violée dans son enfance et terminant ses jours en se noyant dans un fleuve. L’odeur du livret rappelant trop celui des égouts, le fit interdire sur la scène du San Carlo de Naples, mais la musique en fut conservée et jouée avec un autre texte. Giordano, napolitain, savait, tout en caressant l’oreille de ses compatriotes, incorporer dans son écriture des couleurs orchestrales nouvelles. Les critiques soulignèrent la qualité du musicien et le public fut enchanté et frissonnant. Ce ne fut pourtant qu’en 1896, à Milan, que son Andrea Chénier lui donna des lettres de noblesse que Gustav Mahler reconnut en l’invitant au Wiener Hofoper. Enea (Enée), l’une de ses dernières œuvres, imaginée par le Duce pour sa propre glorification resta,  heureusement pour lui, rangé dans la poussière d’une étagère.

De Francesco Cilea (1866-1950) on peut moins en dire concernant son Oeuvre théâtral car, par goût et de nature timide, n’aimant ni les fanfreluches, ni les paillettes, ni les honneurs, il écrivit peu pour la scène. N’être qu’un musicien consciencieux, enseignant et transmettant son savoir, lui suffisait mais l’élégance de son écriture, le raffinement de ses orchestrations, le refus de se laisser entraîner aux excès reprochés à Mascagni, attira l’intérêt de Sonzogno. Cela se concrétisa en 1897 par l’Arlesiana, inspirée d’Alphonse Daudet. Hélas  trop encombrée de notes, elle dut être remodelée deux fois avant un véritable accueil triomphal en 1936. Par contre, dès 1902, à Milan, son Adriana Lecouvreur avait été un succès sans réserves. Sa science musicale, sachant  coupler l’efficacité dramatique vériste et le chatoiement de l’esthétique du 17ème siècle fut abondamment louée. Cet opéra est encore, et à juste titre, l’un des bijoux du théâtre lyrique vériste.

Cilea, grand cœur, laissa tous ses droits de compositeurs au profit de la Casa Verdi, l’institution créée par le grand maestro, destinée aux musiciens et chanteurs ayant terminé leur carrière.

D’autres compositeurs s’exercèrent avec talent à l’écriture vériste, mais la singulière qualité de leurs vertus théâtrales est en partie masquée par la splendeur de leurs œuvres presqu’essentiellement instrumentales :

Deux exemples : Franco Alfano (1875-1957), napolitain dont la musique symphonique, de chambre ou lyrique et ses dix opéras, n’est que jaillissement de mélodies et d’orchestration brillantes. Son œuvre la plus célèbre reste Resurreziòne, tirée de l’œuvre de Tolstoï, créée en 1904 à Turin. En 1924, Arturo Toscanini confia à Alfano le soin d’écrire la fin de Turandot que Puccini n’avait pas eu le temps de terminer. Peut-être regretta-t-il le choix qu’il avait fait. L’apothéose exubérante, ‘grand-spectacle’ semblait sortir du cadre de l’opéra. Le soir de la création, il arrêta l’orchestre à la mesure ultime écrite par le compositeur originel.

Enfin, il est impossible d’oublier Riccardo Zandonaï (1883-1944), dont l’œuvre lyrique rattachée à l’écriture vériste est colorée de l’influence ‘à la française’ de Debussy et de Ravel. L’on a pu dire que sa conception du tragique n’était pas assez grinçante, mais l’utilisation moderne de ses couleurs instrumentales a su  apporter la qualité d’émotion qui caractérise le genre. Francesca da Rimini, écrit avec Gabriele d’Annunzio, créé à Turin en 1914, est sa plus convaincante réussite.

POUR CONCLURE:

Opposés à cette musique qu’ils jugèrent obscène, indécente et vulgaire, accoururent d’autres compositeurs : la génération ‘dell’Ottanta’, rejoints plus tard par quelques ‘Futuristes’, épris du chant des canons. En 1914, seize grammes de métal – deux balles de pistolet Herstal – allaient, depuis Sarajevo, exaucer leurs désirs, transformant l’Europe en un immense charnier de 10 millions d’hommes.

Enrico Toselli écrivit Rimpianto (Regret) : Oh, raggio di sole, sul mi cammino, ahimè, non brilli più. (Oh, rayon du soleil, sur mon chemin, hélas, tu ne brilles plus)

L’Italie entra dans le conflit en mai 1915 et perdit 650 mille soldats dont 100 mille prisonniers répartis dans des camps, au nom déjà célèbres à cette époque : Mauthausen ou Theresiensadt. En quelque sorte, le théâtre vériste était devenu la vie, tout simplement.

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Emission Arte Lirica du 2 février 2020

janvier 8th, 2020 par Alain Fauquier


 Affiche hommage Pavarotti

 Enrico Caruso fut la première superstar du monde de l’opéra grâce au disque (on a dit « Caruso a fait le disque, le disque a fait Caruso »), puis Mario Lanza fut superstar des années Cinquante par le disque et le cinéma, (outre ses concerts et récitals sur scène).

Mais pour commencer l’année 2020, nous nous intéresserons à Luciano Pavarotti, super star de notre temps, le temps de la télévision, des réseaux sociaux, des spectacles dans les stades, aux jeux Olympiques, à Hyde Park, Central Park et sous la Tour Eiffel, ainsi que des médias omniprésents et des téléphones portables devenus ordinateurs de poche !

On connaît tous l’image du grand et gros monsieur barbu à la voix d’or et au mouchoir blanc grand comme un foulard, l’homme charismatique et souriant qui après sa carrière d’opéra, se produisait avec ses amis rockers, chanteurs de jazz et de soul music, les Sting et consorts !

Comme ses grands prédécesseurs qu’il admirait tant, les Caruso et Lanza, il a utilisé les moyens de communication de son temps à lui et a encore ouvert un peu plus au grand public, non familier des théâtres d’opéra, ces œuvres de théâtre chanté qu’on appelle l’Opéra et l’art Lyrique.

Écoutons-le d’abord dans un air extrait de l’opéra qui l’a fait connaitre dans les années soixante, La Bohème de Puccini, d’après l’œuvre de Henri Murger, La Bohème : le fameux air « Che gelida manina », Quelle Petite Main Gelée »

Pavarotti c’est quarante années de succès grandissant, de sa prestation remarquée dans La Bohème en 1961 jusqu’à ces fameux concerts Pavarotti & Friends et aux concerts des Trois Ténors avec Placido Domingo et José Carreras, dont les retombées financières pour les trois hommes se comptèrent en millions de dollars !

Pavarotti a apporté sa personne et son art à des émissions de télé grand public et puis surtout, il a chanté avec des artistes pop. Des italiens, comme Zucchero et Lucio Dalla bien sûr, mais aussi avec des pointures internationales comme Madonna, Paul McCartney, les Spice girls, Bryan Adams, Elton John et Sting, pour ne citer qu’eux.

D’ ailleurs, à propos de Sting, Pavarotti a dit « quand ces jeunes regardent leur héros monter en scène avec ce gros chanteur d’opéra, et que tous se mettent à chanter « La donna è mobile », ils peuvent se dire, « eh, si Sting peut chanter ça, cette musique n’est peut-être pas si moche ! »

Et c’est comme cela, qu’avec les moyens de notre temps, mais après avoir achevé sa carrière proprement dite d’opéra, il a réussi à vraiment élargir le public de l’opéra, même si c’est avec des standards ultra ressassés parce que sensationnels, tels que « Nessun dorma », et « la Donna é mobile ». Il savait qu’il allait choquer certains puristes mais il l’a fait quand même parce que selon lui les chanteurs pop touchent infiniment plus de monde que les chanteurs d’opéra. Par là, il a aussi voulu faire passer le message qu’il n’est pas besoin d’être démodé, excentrique ou bizarre pour aimer l’opéra, qu’on peut en être passionné et aimer le sport, la musique populaire, la bonne chère et les joies de la vie… dont l’Opéra !

Toutefois, pour ces grands spectacles il a dû rompre avec son impresario d’opéra, Herbert Breslin qui lui avait dit en substance : « Moi c’est l’opéra et rien d’autre ! » Pavarotti changeait de monde !

Sans plus attendre, écoutons Nessun dorma ce morceau grandiose de Turandot, de Puccini, Turandot la princesse chinoise qui faisait tuer ses prétendants s’ils n’arrivaient pas à deviner les énigmes qu’elle leur soumettait ! Mais le Prince Calaf allait résoudre les énigmes et triompher de la belle et sanglante Turandot et c’est ce qu’il chante dans « Nessun dorma », « Personne ne dort » !

Alors parlons brièvement de la carrière de Luciano Pavarotti, décédé il y a eu déjà 12 ans le 6 septembre 2007 à Modène.

Il était né dans cette même ville le 17 octobre 1935, pratiquement en même temps que son amie d’enfance et sœur de lait la grande cantatrice Mirella Freni. Il sera instituteur tout en étudiant le chant.  Sa carrière commence avec « la Bohème » en Emilie Romagne en 1961, puis en Europe, notamment au Royal Opera House, Covent Garden, de Londres où il remplace Giuseppe di Stefano, souffrant : c’est un triomphe !

Puis la Scala lui ouvre ses portes grâce au grand chef Herbert Von Karajan avec « La Bohème » etc… mais aussi le Bel Canto, avec Donizetti (notamment « La fille du Régiment », avec son célèbre passage comprenant 9 contre-ut (c’est à dire 9 dos aigus ») que peu de ténors se risquent à chanter (notamment Alfredo Kraus, Nicolaï Gedda, Juan Diego Flores, aujourd’hui) et qui lui vaudra 17 rappels en 1972 au Metropolitan de New York. ».

On notera aussi que la carrière de Pavarotti aura profité d’une très belle rencontre et collaboration avec l’illustre cantatrice australienne Joan Sutherland, (« La Stupenda », « La Stupéfiante ») qui souhaitait chanter avec un ténor de belle voix et de grande taille, comme elle…

Son mari est le chef d’orchestre Sir Richard Bonynge et avec eux, Luciano Pavarotti, qui ne déchiffre pas à vue la musique, comme bien d’autres chanteurs d’opéra de l’époque, pourra encore mieux préparer ses interprétations. Il aura d’ailleurs sa propre notation musicale, comme Enrico Caruso et d’autres.

Cette collaboration avec Sutherland et Bonynge commencée en 1965 et devenue amicale, sera fructueuse et sa carrière ira de succès en triomphe pour culminer en 1972 au Metropolitan de New York, dans « La Fille du Régiment » de Donizetti, opéra en langue française avec le fameux air, « Ah ! Mes Amis, Quel jour de fête…» et son passage de 9 contre-ut (dos aigus) successifs. Triomphe, de même qu’à Pékin, au Palais du Peuple.

Mais ce n’est pas cet air, un peu long pour notre programmation, que nous écouterons, mais un extrait de l’opéra Andréa Chénier, de Giordano, le fameux et bouleversant « Come un Bel Di Di Maggio », « Comme un beau Jour de Mai ».

Le poète André Chénier, guillotiné par la Révolution Française à l’époque de la Terreur, s’apprête à monter sur l’échafaud et s’adresse à la Poésie : « Col baccio io d’una rima, carezza di poesia, Salgo l’estrema cima dell’esistenza mia » : « Moi, Avec le baiser d’une rime, caresse de poésie, J’escalade la cime extrême de mon existence ». Ecoutons bien ! Ce qui est dit est beau et grave.

Force est de constater que, compte tenu de la nature et du timbre de sa voix on cite Pavarotti surtout dans Puccini, Donizetti, Bellini, le Bel Canto proprement dit, ce qui est déjà magnifique, et un peu moins Verdi. On trouve d’ailleurs moins d’enregistrements de lui dans Verdi. Du reste selon ses propres déclarations, il n’avait pas une voix de ténor « spinto », c’est à dire de ténor « héroïque » pour des rôles lourds tel que Don Carlos, Le Trouvère ou Otello, par exemple, si bien que Verdi n’était pas son « pain quotidien », si on ose dire, à l’opéra.

Pourtant, il a chanté et enregistré Rigoletto et Luisa Miller, et le magnifique Requiem de Verdi avec le fameux « Ingemisco… », et en outre à la fin de sa carrière, il a encore servi Verdi dans Don Carlos en 1993 à la Scala (en chantant Don Carlos, il a raté un contre-ut et a été hué, ce qui arrive même aux plus grands… !). Toujours avec Verdi, il interprète et même Le Trouvère et Otello, rôles particulièrement lourds pour la voix (on n’imaginerait pas, lui non plus d’ailleurs, Juan Diego Flores, avec la voix lyrique qui est la sienne, chanter Otello, rôle dont Enrico Caruso disait qu’il fallait être fou pour risquer d’y abimer sa voix : il n’en avait enregistré que l’air qui introduit l’Opéra, « Esultate », qui dure environ 50 secondes ! Pas de risque inutile !).

Alors chacun dans sa voix, sa couleur vocale, son timbre, son charme propre, son corps, en un mot dans sa nature et dans le rôle de son âge !

Ecoutons Luciano Pavarotti dans le rôle du Duc de Mantoue de Rigoletto, de Verdi, lorsque se présentant chez son amoureuse (du moment), la pure et naïve Gilda, fille de Rigoletto, le Bouffon du Duc, il trouve la maison déserte : Gilda a été enlevée ! « Ella mi fu rapita » !

 C’est le titre du grand air : « Elle m’a été enlevée ! Je crois voir les larmes… » s’écrie ce coureur de jupons !

Après cette incursion chez Verdi et ses personnages héroïques et forts, revenons à un rôle lyrique et à un compositeur français, Jules Massenet, et son héros romantique par excellence, Werther, héros imaginé par le grand Goethe, auteur des « Souffrances du jeune Werther », son premier roman, sous forme de lettres.

Ce roman du 18 ème siècle aura un retentissement considérable en Allemagne et en Europe où se développera une véritable fièvre romantique, où on imitera les vêtements de Werther et ceux de celle qu’il aime, Charlotte, mais qui est promise à un autre homme, qu’elle épousera, Albert.

Werther se suicidera, sujet alors tabou en Europe, et la fièvre de lecture qui suivra la parution de ce roman entrainera de nombreux suicides dans la jeunesse romantique au point que l’on ira jusqu’à interdire le livre à Leipzig, mais la gloire et la fortune de Goethe seront déjà faites par ce premier ouvrage.

Ecoutons le pauvre Werther, désespéré chanter le célébrissime « Pourquoi me réveiller, Ô souffle du printemps » ?

L’interprétation de Pavarotti est émouvante et traduit bien le désespoir du jeune homme d’avoir perdu celle qu’il aime.

Revenons à Puccini avec une œuvre qui fait penser au « Bel canto », Manon Lescaut, d’après le roman français du 18ème siècle de l’Abbé Prévost, qui met en scène l’amour de la jeune Manon Lescaut, femme légère, et du jeune Chevalier Des Grieux, naïf et amoureux et parfois fieffé coquin. Le roman a fait scandale vers 1730 et a même été condamné à être brûlé, l’amour ne pouvant pas tout justifier, la prostitution, la tricherie et l’escroquerie et jusqu’au meurtre et même l’injure faite à l’Eglise puisque Des Grieux s’échappera du Séminaire pour retrouver Manon et la suivre jusqu’en Amérique où elle été exilée.

Précisons qu’il ne faut pas confondre l’opéra Manon Lescaut, œuvre en italien de Puccini, avec le Manon (en français) de Jules Massenet, qui est également un superbe opéra, mondialement célèbre et enregistré et joué par les plus illustres chanteurs ; ni avec l’opéra du même nom du compositeur français Daniel Auber.

 Revenons au « Manon Lescaut » de Puccini : dès leur première rencontre, Des Grieux est ébloui, fasciné par Manon : « Donna non vidi mai  (simile a questa) » « Je n’ai jamais vu une femme » (telle que celle-ci) ».

 Restons avec Puccini pour entendre un extrait de Tosca, celui par lequel commence l‘opéra : le peintre Mario Cavaradossi peint le portrait d’une femme blonde dans une église et la compare à la femme qu’il aime, Floria Tosca, une cantatrice d’opéra aussi brune que la femme peinte est blonde.

Il s’extasie sur les « diverses beautés » que représentent, notamment, ces deux femmes et sur « l’harmonie cachée » (« Recondita armonia » di bellezze diverse » de ces « beautés différentes ».

Mais Pavarotti, comme la plupart de ses collègues chanteurs et cantatrices d’opéra a aussi été un récitaliste de grand talent pendant sa carrière d’opéra, c’est à dire qu’il se produisait sur scène, le plus souvent avec un pianiste ou parfais un orchestre.

Il expliquait que chanter seul était plus lourd et plus dangereux pour un chanteur que de chanter un opéra entouré des autres, avec leur soutien et les références que constituent les airs de chacun, alors qu’être seul vous laisse sans la moindre sécurité ni le moindre secours, « sans filet » en quelque sorte, en cas de perte de mémoire, outre que la solitude de la scène fait que l’artiste est nécessairement l’objet exclusif de tous les regards : pas de décors, pas d’autres chanteurs…

Dans ses récitals, Luciano Pavarotti chantait aussi bien les « Arie antiche », c’est à dire des airs anciens, en général du 18 ème siècle et de sa musique baroque, que les mélodies italiennes ou napolitaines ou encore celles du compositeur italo-anglais Francesco Paolo Tosti (annobli par la Reine Victoria) ou des mélodies de pur bel canto, comme celles composées par Bellini, dont la magnifique Vaga Luna.

C’est donc une autre facette de l’artiste que nous découvrons, toute en délicatesse et loin des prouesses vocales mais plus près de la poésie et de la musique du grand Vincenzo Bellini, compositeur de génie d’opéras (tels que Norma, La Somnambula, I Puritani), Bellini né à Catane en Sicile et mort à 34 ans à… Puteaux.

Vaga Luna est un hymne à la lune qui « éclaire d’argent les paysages et les fleurs » « et inspire aux éléments le langage de l’amour »… et ses tourments et soupirs (« e i sospir e i sospir » (« et les soupirs et les soupirs »)

Dans ses récitals, Pavarotti introduisait aussi, comme Mario Lanza, des mélodies italiennes très populaires, comme Marechiare, ou A Vucchela, toutes deux de Tosti.

Nous avons retenu de Ruggero Leoncavallo, compositeur de Pagliacci, l’adorable « MATTINATA », qui titre l’album du récital de mélodies baroques et de mélodies italiennes de Pavarotti chez Decca, avec le Philharmonia Orchestra, sous la direction de Piero Gamba (et Antonio Tonini)

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Journée LANZA 2019 à Bornem

octobre 5th, 2019 par Alain Fauquier


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HOMMAGE A MARIO LANZA EN BELGIQUE

Nos amis de l’Association Belge des Amis de Mario Lanza,
tiendront leur JOURNEE « LANZA »
le Samedi 26 octobre 2019 à 13h00
à l’hôtel « De Notelaer » à Bornem (Belgique)

A l’occasion de la commémoration du soixantième anniversaire
de la mort de Mario Lanza, survenue à Rome le 7 octobre 1959,
le programme de cette Journée Lanza 2019
s’annonce particulièrement riche et attrayant.

En voici un bref aperçu :

Evocation des différentes versions du « Prince Etudiant »
interprétées par Mario Lanza de 1946 à 1959,

Projection d’extraits du concert de 2018 à Hingene,

Projection d’un diaporama de la version allemande en Blu-ray
du dernier film de Mario Lanza « Der Sänger von Capri »
(La Fille de Capri / For The First Time / Come prima),

Diffusion d’extraits du nouveau CD « All The Things You Are »
et de la version originale de 1959 de « One Flower In Your Garden »
(The Desert Song / Le Chant du Désert)

Projection des meilleurs clips du DVD
« The Best of Everything ».

Vente de lots pour la traditionnelle tombola.

Comme chaque année, un dîner amical clôturera la journée.

L’Opéra Club Mario Lanza,
souhaite à ses amis Belges une excellente journée.

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Mario Lanza toujours vivant 60 ans après sa mort

septembre 20th, 2019 par Alain Fauquier


Il y a 60 ans, le 7 Octobre 1959, mourait à Rome à 38 ans, Mario Lanza d’une embolie pulmonaire et des suites d’une phlébite à la jambe.

Le jeune ténor américain, né à Philadelphie de parents immigrants italiens, était devenu grâce au disque et au cinéma, le ténor le plus connu et le plus cher payé du monde, réalisant en une carrière d’à peine dix ans les meilleures ventes – par millions de disques chez RCA VICTOR – d’airs classiques (RCA VICTOR RED SEAL), et collectionnant les disques d’or tant pour ses interprétations d’airs d’opéra, ou de poèmes, comme ceux de d’Annunzio mis en musique par Tosti, que pour les chansons et grands standards et airs de comédies musicales américaines.

Il devint ainsi quasiment le premier grand artiste « cross over », – celui qui franchit les lignes, avec autant de bonheur et de réussite dans des genres différents [1]– un artiste éclectique à la voix extraordinaire, auxquels rendent hommage par disques, préfaces, concerts ou tournées musicales, les plus grands artistes de notre temps.

Ainsi les George London, Carlo Bergonzi, Placido Domingo, José Carreras, Luciano Pavarotti, Richard Leech, Joseph Calleja, Roberto Alagna et tant d’autres (Frank Sinatra, Elvis Presley !), certains attribuant à son chant l’origine de leur vocation.

Avant eux, ce furent, notamment, rien moins que Laurence Tibbett, Giovanni Martinelli, Marilyn Horne, Joan Sutherland, Maria Callas (qui regrettait de n’avoir pu chanter avec la plus belle voix qui eût jamais « respiré »), Renata Tebaldi, Licia Albanese, Richard Tucker, Franco Corelli, Alfredo Kraus Anna Moffo, Dorothy Kirsten, Tito Schipa, Giuseppe di Stefano, Jussi Bjoerling, Renée Doria, de l’Opéra de Paris, ou, chez les grands chefs, Serge Koussevitsky (son grand « découvreur » et maître à Tanglewood, la pépinière des grands talents d’Amérique), Arturo Toscanini, Franco Ferrara, Victor de Sabata, Walter Herbert, et, aujourd’hui Ricardo Mutti, Sir Antonio Papano…

 Ses films firent de lui une star planétaire de l’Opéra, lui qui, avant d’être « avalé » par la Metro Goldwyn Mayer et ses contrats d’or et de fer, cage dorée mais cage tout de même, se vouait d’abord et exclusivement à une vie à l’opéra.

Dans les années Cinquante, même sans la télévision et les moyens médiatiques d’aujourd’hui, sa gloire fut mondiale, notamment avec le film « The Great Caruso » (1951, encore diffusé en télévision et commercialisé en DVD, comme ses autres films). Pour le Grand Caruso, il aurait pour partenaires les plus grandes voix du Metropolitan de New York et le chef Peter Hermann Adler, qui dirigea les enregistrements dirait, parlant des partenaires de Lanza : « He made minced meat of them » (« Il les a hâchés menu !»).

Les cantatrices et chanteurs (Dorothy Kirsten, Jarmila Novotna, Lucie Amara, Nicola Moscona, Giuseppe Valdengo, Marina Koshetz) sont enthousiasmés et lui demandent ce qu’il attend pour les rejoindre au Met…

Dans le film « Sérénade » (Warner Bros,1954, réalisation Anthony Mann), il fait engager Licia Albanese, du Metropolitan, pour la longue scène du « Mouchoir » (Dio ti giocondi Ô sposo ! …Il fazzoletto ! ») d’Otello, de Verdi.

Albanese, partenaire des Jussi Bjoerling, Raoul Jobin, Giuseppe di Stefano et de la crème du Metropolitan ; celle qui chanta avec les plus grands et sous la baguette des plus grands, dont Toscanini, sera conquise et bouleversée par l’interprétation – et le jeu – de Lanza dans cette longue scène. Bouleversée aussi, Renata Tebaldi, en tournée aux Etats-Unis, qui lui rendra visite sur le plateau de « Sérénade » et à qui il fera projeter les « rushes » des scènes d’opéra, suscitant larmes et émotion chez la grande cantatrice.

Pourtant, Mario Lanza ne chanta un opéra complet que deux fois, lors de ses débuts de carrière (à La Nouvelle Orléans sous la baguette de Walter Herbert, pour « Madame Butterfly » et à Tanglewood, les « Joyeuses Commères de Windsor », de Otto Nicolai, lors de son complément de formation sous la houlette de Serge Koussevitsky, littéralement ému aux larmes (il ne serait pas le seul) de découvrir cette voix unique et murmurant : « Caruso redivivus ! », « Caruso ressuscité !», selon les Mémoires de Boris Goldovski.[2]

 Ce dernier, qui entendait pour la première fois la voix de Lanza, que lui présentait Koussevitski, écrira dans ses Mémoires :

« le son qui sortait de cette gorge était somptueux, inoubliable, et semblait venir d’un autre monde » (« out of the world ») ; je pouvais à peine en croire mes oreilles. »[3]

Pourtant le maestro Goldovski, qui précisait : « Bien sûr cette voix était phénoménale »[4] n’aimait pas Lanza pour l’indiscipline de ce garçon d’une vingtaine d’années qui, horreur !, relate-t-il avec indignation, ne pensait qu’à courir les filles « dans toutes les salles de travail »…

Quoi qu’il en soit, avant comme pendant sa gloire universelle grâce au cinéma et au disque, Mario Lanza s’était toujours attaché à multiplier les concerts et les contacts avec le public et se ménagea même par contrat avec la MGM la liberté de concerts ou d’opéra six mois par an. Mais il se trompait en se croyant libre par rapport à la grande « Major » malgré la compréhension et l’affection du « patron », Louis B Mayer, bientôt lui-même écarté par une équipe de « gestionnaires » du Studio qu’il avait fondé…

Mario Lanza donnerait quand même quelques centaines de concerts dans sa vie, tant avant le cinéma, pour Columbia Artists, avec son ami George London et Frances Yeend (le « Bel Canto Trio »), qu’après la signature de son contrat MGM, en duo avec Kathryn Grayson (Hollywood Bowl) puis en récital.

Il se produisit d’abord dans tous les Etats-Unis et le Canada, devant des audiences de plusieurs milliers ou dizaines de milliers de spectateurs (déjà…), dans des théâtres, des auditoriums, sur des scènes de plein air etc…, comme au Hollywood Bowl, ou au Grant Park de Chicago (55000 personnes), à la Syrian Mosque de Pittsburgh, etc…

Il chanta en récital à l’Opéra de Philadelphie…qui lui a réservé en hommage une plaque de bronze sur le trottoir de l’Avenue des Arts aux pieds de l’escalier du plus ancien opéra des Etats-Unis, à côté de celles des autres grands noms de la musique…dont Riccardo Mutti qui s’honore, dans ses Mémoires, (« Prima la Musica ! »), d’avoir sa plaque non loin de celles de Mario Lanza, Samuel Barber Marian Anderson etc..

Concerts en Europe enfin, alors qu’il résidait à Rome les deux dernières années de sa vie, ce qui lui permit de se produire notamment au Royaume Uni, au Variety Club de Londres, devant la Reine Élisabeth II d’Angleterre, (en vedette n°1 – l’affiche en atteste encore au Musée Lanza de Philadelphie – devant rien moins que Judy Garland et Count Basie et son orchestre et une pléiade d’artistes !). Puis toujours à Londres, au majestueux et énorme Royal Albert Hall (de ce concert reste un enregistrement RCA- Victor, « Mario Lanza, Live in London »).

Il y chanta devant près de 8000 personnes (dont 400 … sur la scène même !) déchainées et joyeuses (dont Joan Sutherland et son chef d’orchestre d’époux, Sir Richard Bonynge, NicolaÏ Gedda et bien d’autres), surpris par la beauté et la puissance de la voix dans ce « Temple », pourtant connu pour son acoustique déplorable (à laquelle il a été enfin remédié plusieurs décennies plus tard).

Cet homme au physique d’acteur et au torse de taureau s’adressait avec espièglerie et douceur au public avant d’annoncer ses titres, un « mix » d’ « Arie Antiche » du XVIII ème siècle (« Pieta Signore », « Gia Il Sole dal Gange… » etc…), d’airs d’opéra, de mélodies de Tosti ou de standards américains, dont certains spécialement composés pour lui par des Sammy Cahn (dont il faut lire, à cet égard, les mémoires affectueux et admiratifs ou voir ce qu’il dit sur You Tube de la « phénoménale » puissance et beauté vocale de Lanza en live) ou des Nicolas Brodszki, outre, cinéma oblige, des airs de son dernier film en date, Arrivederci Roma, qu’il annonçait au public.

Concerts en Écosse, au Pays de Galles, en Allemagne, en Belgique etc…

Vivant désormais dans l’Italie de ses parents et de ses ancêtres (le bourg de Filignano, en Molise, organise sous la direction de Katia Ricciarelli un Festival annuel Mario Lanza avec concours de chant), cet homme à la fois fort et éminemment fragile et peu sûr de lui, cherchera à se ressourcer, comme s’il prenait racine dans les profondeurs d’une vieille terre où les tréfonds du sol restituent parfois l’histoire du monde.

Dès le quai d’arrivée, en provenance de New York, (il voyage en bateau avec sa famille) il est accueilli, à sa surprise, par une véritable foule portant bannières, qui lui apporte affection et réconfort après son conflit perdu contre un Studio de cinéma, alors tout puissant, qui a oublié les artistes, considérés comme les chevaux d’une « écurie » (c’était le terme alors employé) : on les nourrit mais ils doivent galoper et se taire !

Il vivra là les deux dernières années de sa courte vie avec sa femme, ses quatre enfants, (outre nurses, chiens, canari et tutti quanti) dans l’immense maison, (aujourd’hui Ambassade de Chine) que Mussolini avait offerte au Maréchal Badoglio, où il tiendra avec générosité et profusion table ouverte à tout ce qui compte en Italie et à ses amis et proches d’Amérique.

Il tournera en Italie deux films (Les Sept collines de Rome et La Fille de Capri –« Come Prima » – ) et enregistrera avec l’Orchestre de l’Opéra de Rome sous la direction du maestro Franco Ferrara et sur des arrangements somptueux du jeune Ennio Morricone, un « must » pour RCA Victor.

 Il s’agit du fameux CD : « MARIO AT HIS BEST ! », recueil de « Grands airs napolitains », (Dicitencello Vuie, Tu ca nun chiagne, Voce e notte, Canta pe’ me, Passione, Na sera è Maggio…), mélodies souvent sombres, profondes et pleines de poésie.

Aucun chanteur d’opéra ne peut se lancer dans ce répertoire sans avoir écouté ce magnifique enregistrement, avec ce que les mots apportent d’émotion à la voix et avec l’émotion dont la voix charge les mots.

lisation d’anthologie, l’on envisage alors les prochaines saisons à l’opéra, à Rome ou au San Carlo de Naples, et l’on examine les propositions de chefs tels que Victor de Sabata, Gaetano Merola etc…

Son accompagnateur habituel, le pianiste et chef d’orchestre Constantine Callinicos écrit dans son livre « The Mario Lanza Story »[5] qu’à la fin sa voix n’avait jamais été aussi belle, claire mais dramatique, comme assombrie par son propre vécu (quel Otello dans cette voix [6]!) et qu’elle lui donnait le frisson. Quant aux musiciens, curieux et impatients d’entendre la voix en live, ils seront conquis, et font dédicacer à Lanza les disques qu’ils ont achetés.

Richard Mohr, fameux Directeur artistique de RCA VICTOR (BMG SONY), lui adresse d’Amérique un télégramme de félicitations pour ce  bel enregistrement où l’émotion est partout, servie par une diction parfaite, une voix unique, aisée et riche, pleine  de son histoire et de son vécu, où la puissance – impressionnante pour tous ceux qui ont entendu Lanza « en vrai »-, se trouve retenue par une sorte de réserve intérieure et profonde (Mario Lanza n’était-il pas l’homme qui s’est un jour recueilli dans une chapelle sur la route du studio à Hollywood avant d’enregistrer des airs religieux ou de nature spirituelle ?

Après cette réaLes rôles ? Un André Chénier, les deux arie qu’il a enregistrées sont éblouissantes ; une Tosca, Pagliacci, Cavalleria Rusticana (son « Addio alla madre » arrache le cœur) ; une Traviata,..

Viennent aussi outre deux projets de films, dont l’un en préparation avancée, autour de Pagliacci (« Laugh clown, laugh ! ») ; des projets d’enregistrements d’opéras complets, des disques…

Mais tout a une fin. Même l’espoir et même les rêves.

 Alors que sa sortie de la clinique est programmée pour ce 7 octobre 1959 ou pour le lendemain, une lumière s’allume sur le tableau de surveillance de la Clinique Valle Giulia : celle de la chambre 404, et les médecins comprennent vite que c’est grave. Tout le monde se précipite au 4ème étage pour prodiguer des soins ultimes à celui dont le cœur est en train de lâcher sous l’effet d’une phlébite rampante sur un corps fatigué auquel on a trop demandé, même dans cette clinique, et lui-même le premier ne s’est pas ménagé….

L’homme jeune et puissant, mais en énième cure de repos et d’amaigrissement pour le cinéma (et…ses assureurs) n’a pas cessé d’ignorer les signaux d’alarme d’un corps épuisé et tout vient de basculer en un instant, alors que le matin même on l’a entendu chanter dans sa chambre…

Mais ne disait-il pas, le jeune américain, « la vita è breve, la morte vien » ?

Certains, paraît-il, demandent encore à visiter la chambre 404, au 4ème étage de la clinique où l’homme qui vivait pour le souffle de l’émotion rendit le sien, dans la Ville Éternelle, ce jour-là, vers midi, à l’heure où le soleil brille haut dans le ciel. Au zénith.

 Marcel AZENCOT

 

 

 

 



« All of the current crop of stars should tip their hats to the trailblazing success of Mario Lanza, who proved to the world that it was possible for a tenor to storm the pop charts » ( “ Classic FM, 50 Moments that Rocked The Classical Music World, p.187… et 185 et 186, Darren Henley & Sam Jackson,  Ed. Elliott and Thompson, Londres 2014 ) (“Toute la moisson actuelle de  stars devrait tirer son chapeau au succès flamboyant de Mario Lanza qui prouva au monde qu’un ténor pouvait révolutionner le “box office”).

« Koussevitsky, assis près de moi, était si ému que les larmes commencèrent à rouler sur ses joues, comme cela arrivait dans les moments d’intense émotion ». « Caruso redivivus ! Caruso redivivus ! (« Caruso ressuscité » en latin) me murmura-t-il, extatique, pendant qu’il s’essuyait les joues. Il était dans un état de joie suprême à la pensée que sa « découverte » était authentique, une addition sans prix au monde de la musique, et que sa première et favorable impression, n’était pas erronée ».

[3] Goldovski, My Road to Opera, Houghton Miflin, Boston 1979, p. 215-216

[4] eod.loc.

[5] Comme en témoigne le superbe CD Arie and Duets, CD RCA-BMG-SONY (Airs d’Otello, avec Licia Albanese, d’André Chénier, de Madame Butterfly, avec Elaine Malbin, de la Bohème de Leocavallo etc…

 

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Hommage du soixantenaire

septembre 10th, 2019 par Alain Fauquier


 

Affiche Emission du 22 sept 2019

Emission reportée au 10 Novembre 2019 à 9h30.

Pour commémorer le soixantième anniversaire de la mort de Mario Lanza, survenue subitement à Rome le 7 octobre 1959 à l’âge de 38 ans, nous avons choisi d’évoquer ses films qui ont fait rêver et embelli, selon le ténor espagnol José Carreras, la vie de millions de mélomanes du monde entier, et inspiré la carrière de plusieurs générations de chanteurs dont celle des « Trois ténors ».

La question que peuvent se poser les auditeurs, c’est: Qu’est ce qui a fait dévier Mario Lanza des scènes d’opéra vers lesquelles il se destinait, vers une carrière cinématographique?

Et bien, c’est tout simplement un concert, un concert mémorable auquel assistait Louis Mayer, grand amateur d’opéra et président de la M.G.M.

Le 28 août 1947, Mario Lanza, jeune ténor de 26 ans, qui a déjà à son actif une vingtaine de concerts triomphaux aux Etats-Unis et au Canada, dont deux concerts géants au Grant Park de Chicago, remplace fortuitement le ténor Ferruccio Tagliavini lors d’un concert au Hollywood Bowl de Los Angeles.

Comme pour ses concerts précédents, le public est fasciné et subjugué. Sa prestation est un nouveau triomphe. Elle est saluée par une standing ovation de 12 minutes.

A la fin de la représentation, Louis Mayer, ému aux larmes, se précipite dans la loge de Mario Lanza pour le féliciter et l’inviter à le revoir très prochainement.

Le Los Angeles Daily News écrit le lendemain : « Le ténor Lanza a électrisé l’auditoire qui l’a longuement acclamé, il a une voix splendide qu’il utilise avec intelligence et un art consommé. Déjà correctement développée, elle apparait comme une voix exceptionnelle. »

Ce concert restera à jamais dans la vie de Mario Lanza comme le « concert du destin », celui qui a changé de façon inattendue et radicale, son orientation professionnelle.

En effet, trois jours plus tard, le 30 août 1947, Louis Mayer, redoutable homme d’entreprise et de pouvoir, détecteur infaillible de grands artistes dont il faisait des stars universelles, reçoit Lanza dans son mythique studio de Culver City, haut-lieu de l’industrie cinématographique à Los Angeles et lui dit :

« Tu veux chanter l’opéra mon garçon ? Et bien tu vas le chanter, mais au cinéma, et pour des millions de spectateurs que tu rendras heureux ! »

Il lui tend un chèque de 10 000 dollars (125 000 euros actuels) en guise de bienvenue, et lui offre un contrat d’engagement de sept ans particulièrement avantageux, assorti de six mois de liberté par an pour donner des concerts, chanter à l’opéra et enregistrer des disques.

Qualifié de « Voix du siècle » par le chef Arturo Toscanini, chanteur surdoué, charismatique et incroyablement talentueux, Mario Lanza va devenir, avec ses films, qui vont très rapidement s’enchaîner, l’incarnation même du ténor d’opéra idéal, brillant, admiré, adulé.

En trois ans, Mario Lanza tournera quatre films et rapportera à la MGM 40 millions de dollars de bénéfice. Un résultat, bien supérieur aux prévisions les plus optimistes de Louis Mayer.

Avec un brio incomparable, Mario Lanza va apporter le prestige et le romantisme de l’opéra à un immense public mondial.

Son premier film, That Midnight Kiss (Le Baiser de Minuit), une comédie musicale riche en mélodies, contient néanmoins peu d’airs d’opéra.

Le film est produit et dirigé par deux grands professionnels du genre : Joseph Pasternak et Norman Taurog.

Ses principaux partenaires sont des artistes confirmés : la soprano Kathryn Grayson, dont c’est le 12ème film ; Ethel Barrymore, sœur des acteurs Lionel et John Barrymore et grand-tante de Drew Barrymore, la petite fille âgée de 7 ans qui joue le rôle de Gertie dans le film « ET», que tout le monde a vu ; Keenan Wynn et le maestro José Iturbi dont ce sera le dernier film.

Pour la première fois dans l’histoire de la MGM, le studio va insérer un air d’opéra complet dans un film. Mario Lanza chante « Celeste Aïda » de Verdi, accompagné par le grand orchestre de la MGM, dirigé par José Iturbi.

Dès sa sortie dans les salles en septembre 1949, le film va surprendra par l’ampleur de son succès dû à la voix sensationnelle et au physique solaire de ce nouveau venu à l’écran qu’est Mario Lanza.

Le public sidéré demande : Mais qui est Mario Lanza ? D’où sort-il ? Que sait-on de lui ? Où était-il caché ?

Les dirigeants de la MGM, enthousiastes, vont s’empresser de mettre en chantier un nouveau et flamboyant Technicolor, selon la formule de l’époque, dans lequel Mario Lanza chantera d’avantage d’airs d’opéra.

On écoute : Mamma Mia Che Vo Sape (Nutile/Russo), une mélodie que Mario Lanza chante partiellement au début du film ; la première chanson aussi qu’il enregistrera à New York pour RCA VICTOR le 5 mai 1949.

Son second film, une nouvelle comédie musicale intitulée « The Toast Of New Orleans », traduit en français par Le Chant de la Louisiane, est mis en chantier en octobre 1949.

Ce film est produit et dirigé, comme le précédent, par Joe Pasternak et Norman Taurog. Le directeur musical est le maestro George Stoll, célèbre compositeur de musique de film.

Ses principaux partenaires sont Kathryn Grayson, David Niven, Richard Hageman, J. Carol Naish et une nouvelle venue à l’écran, la pétillante danseuse portoricaine Rita Moreno, âgée de seulement 18 ans, qui sera en 1961 l’une des vedettes du film West Side Story.

Les parties musicales sont beaucoup plus riches en airs d’opéra que son film précédent.

La chanson du film, « Be My Love », enregistrée chez RCA par Mario Lanza, sera nominée à l’Academy Award et se vendra à plus d’un million d’exemplaires en moins de deux mois. Elle lui rapportera un premier disque d’or.

Selon Johnny Green, directeur musical de la MGM, le single de Be My Love, se serait vendu à plus de 11 millions de copies en 1968.

Le film sort dans les salles à New York le 29 septembre 1950 et il est acclamé par le public et la critique qui déclare unanime: « Peu importe la minceur du scénario quand on a la chance d’entendre et de voir Mario Lanza ! »

De nombreux et célèbres ténors, ont chanté dans des films : Gigli, Schipa, Roswaenge, Tauber, Schmidt, Kiepura, Kirkop, Nino Martini, Tagliavini, Melchior…, mais aucun, n’a jamais pu rivaliser avec le charisme, le romantisme, et la présence à l’écran de Mario Lanza.

On écoute “Be My Love” (Nicholas Brodszky et Sammy Cahn)

Puisque le public veut voir et entendre toujours plus Mario Lanza, le Studio va lui en offrir l’opportunité avec son troisième film,
Le Grand Caruso, réalisé par Richard Thorpe.

Dans cette biographie romancée de l’illustre ténor napolitain, Mario Lanza va crever l’écran.

Le Grand Caruso sera le film le plus « chantant » de l’histoire de la MGM. On y dénombre pas moins de 27 séquences chantées, dont 16 arias et duos, interprétés par Mario Lanza avec un exceptionnel brio.

Dans ce film, le plus mémorable et le plus prestigieux, Mario Lanza va faire beaucoup plus que d’incarner Caruso à l’écran. Avec sa voix magnifique et son talent inné de comédien, il va sublimer Caruso et le faire connaitre au monde moderne.

Ce flamboyant technicolor va en outre susciter la vocation de plusieurs générations de chanteurs, hommes et femmes et avoir un effet bénéfique sur le remplissage des salles d’opéra qui se désertaient aux Etats-Unis. Le public, enthousiasmé par Mario Lanza, voudra découvrir les opéras complets.

Ann Blyth, ravissante jeune actrice-chanteuse de 23 ans, est choisie pour jouer le rôle de Dorothy, l’épouse de Caruso.

Le film est co-produit par Joe Pasternak et Jesse Lasky qui a connu Caruso. En 1918 et 1919 Lasky avait produit les deux films de Caruso, « My cousine » et « The Splendid Romance » et il voulait depuis longtemps porter à l’écran la vie et la carrière de l’illustre ténor, dont il avait acheté les droits à film à Dorothy Caruso.

A la demande du célèbre maestro Peter Herman Adler, engagé par la MGM pour diriger les enregistrements d’airs d’opéra du film, Mario Lanza sera entouré des meilleurs talents du Metropolitan Opera de New York : les sopranos Dorothy Kirsten, Blanche Thebom, Jarmila Novotna, Marina Koshetz, Teresa Celli, Lucine Amara ; le baryton Giuseppe Valdengo, la basse profonde Nicola Moscona et  le ténor Gilbert Russell.

Tous seront émerveillés par Mario Lanza et le presseront de les rejoindre au Met.

Réalisé en huit semaines seulement de tournage, Le Grand Caruso se révèlera être un monument cinématographique et musical qui pulvérise tous les records de recettes de l’année 1951, et tous les records au box-office du cinéma mondial.

L’album RCA VICTOR, qui comprend huit arias du film, se vendra à 100 000 exemplaires, avant la sortie du film, et à plusieurs millions dans les mois et années qui suivirent. Il rapportera à Mario Lanza un nouveau disque d’or.

Le film, dont la Première a lieu à l’Egyptian Theatre sur Hollywood boulevard  le 29 mai 1951, en présence d’une galaxie de célébrités d’Hollywood, permet à Mario Lanza de montrer toute l’ampleur de son talent et l’installe au premier rang des plus grandes vedettes mondiales.

La chanson The Loveliest Night of the Year, interprétée dans le film par Ann Blyth, sera enregistrée par Mario Lanza chez RCA VICTOR et lui rapporte un nouveau disque d’or.

En 1953, Le Grand Caruso sort dans les salles en Italie et Pavarotti déclarera être allé voir le film tous les jours jusqu’à ce qu’il soit déprogrammé.

Il dira: « Depuis que Mario Lanza est mort, Caruso n’a plus de successeur, il n’a que des apôtres. »

Le fils cadet de Caruso ne tarira pas de louanges : « Aucun autre ténor, avant ou après Mario Lanza, n’aurait pu incarner la vie de mon père avec un pareil brio ! C’est Mario Lanza qui a fait le succès du film et mon père aurait été fier de lui!»

Les chefs, Fausto Cleva, Gaetano Merola et Victor de Sabata firent tous le déplacement à Hollywood pour l’exhorter à faire l’ouverture de la prochaine saison lyrique dans leurs opéras respectifs.

En 1965, Le Grand Caruso sera le premier film américain à être autorisé en URSS et les spectateurs, qui découvrent Mario Lanza, ne voudront jamais croire que le jeune chanteur qu’ils voient sur l’écran, est mort depuis déjà 6 ans.

Extrait du film, on écoute La Donna è mobile, de Rigoletto de Verdi, le premier opéra dans lequel Caruso a triomphé au Met lors de son arrivée en 1903.

Son quatrième film, Because You’re Mine (Parce que tu es à Moi) va marquer le début de tensions entre le ténor et la MGM dont Louis Mayer a été écarté.

Mario Lanza est convaincu qu’après l’énorme succès du Grand Caruso, les studios vont faire un pas de plus en avant vers l’opéra filmé.

Mais il se trompe. La MGM, dont les budgets sont désormais réduits, va renouer avec les expériences des comédies musicales précédentes moins onéreuses.

Le scénario de Because You’re Mine est des plus minces et des plus ridicules. Mais pour la MGM, la qualité des scénarios de ses films musicaux était très secondaire.

Son objectif premier était de distraire les spectateurs, de les faire rêver, de leur donner de la joie et du bonheur, de les sortir de la routine, voire de la monotonie de leur quotidien.

La distribution est aussi des plus indigentes. Trois des principaux partenaires de Mario Lanza sont des artistes de second plan. Economies obligent ! James Whitmore, Paula Corday et Doretta Morrow, une jeune actrice-chanteuse de Broadway dont ce sera l’unique film.

Produit par Joe Pasternak et dirigé par Alexander Hall, le film, après avoir été longuement retardé par Mario Lanza qui déteste le scénario, est finalement mis en chantier le 15 mai 1951.

Contre toute attente, Because You’re Mine, sorti dans les salles à New York le 25 septembre 1952, obtient un énorme succès dû à Mario Lanza qui interprète magnifiquement, non seulement la chanson-titre du film, Because You’re Mine, mais aussi Granada, accompagné par le grand orchestre de la MGM, dirigé par le maestro Irving Aaranson ; The Lord’s Prayer, avec un chœur dirigé par le maestro Jeff Alexander ; A Vucchella, Mamma mia che vo’ sapé, O Paradiso,  Addio alla madre…

Le film fera même l’objet d’une commande spéciale de Buckingham Palace à la demande de la Reine Elizabeth, et la chanson Because You’re Mine, enregistrée chez RCA VICTOR, lui rapportera un nouveau disque d’or.

Fin 1952, en présence de 800 célébrités du tout Hollywood, acteurs et grands noms de l’industrie du cinéma, la prestigieuse médaille d’or du magazine Photoplay, est décernée à Mario Lanza. Elle honore l’artiste le plus célèbre de l’année 1951 et sa performance dans Le Grand Caruso.

Lors de cette cérémonie, Mario Lanza s’excusera publiquement auprès d’Alexander Hall, pour avoir longuement retardé le tournage de Because You’re Mine, dont il pensait, à tort, que ce film « ferait un four ».

Mais, tous sont bien conscients, que c’est encore une fois Mario Lanza qui a fait le succès du film.

Extrait de Because You’re Mine, on écoute les vibrants et émouvants adieux à la mère « Addio alla madre » de Cavalleria Rusticana de Mascagni.

Le Prince étudiant devait être le cinquième film de Mario Lanza. Mais à la suite d’un sérieux différent avec Curtis Bernhardt, le metteur en scène du film, Mario Lanza va refuser de tourner le film et il sera suspendu par la MGM.

Dore Schary, un financier de New York, qui a évincé Louis Mayer de la tête du Studio, gère désormais les artistes, si grands soient-ils, d’une main de fer.

Tous doivent obéir aux exigences du nouveau patron de la MGM, sous peine d’être immédiatement révoqués, comme ce fut le cas de Clark Gable.

Suite au refus de Mario Lanza de tourner le film, la MGM intente un procès à son ténor superstar, toujours au sommet du box-office du cinéma mondial et des ventes de disques.

La MGM lui réclame plus de 700 000 dollars au titre des dommages subis par l’arrêt de la production du film, et 4,5 millions de dollars de dommages pour couvrir les pertes de recettes estimées du Prince Etudiant.

Mais le Studio, désirant absolument produire le film dans lequel il a déjà investi beaucoup d’argent, propose à Mario Lanza de lui vendre les droits d’utilisation de ses enregistrements. En contrepartie il renoncera au bénéfice financier de son procès.

Mario Lanza qui avait enregistré magnifiquement toutes les chansons du film, accepte cette proposition, et c’est Edmund Purdom, un jeune et bel acteur anglais de 30 ans qui jouera le rôle du Prince Karl Franz… avec la voix de Mario Lanza.

Malgré le talent de Purdom, le film aura un succès limité. Il y manque de toute évidence le charisme et la présence de Mario Lanza. Par contre le disque RCA se vendra à plusieurs millions d’exemplaires et ravira notamment Elvis Presley, amateur d’opéra et admirateur de Mario Lanza qui était son chanteur classique préféré.

Du Prince étudiant, on écoute « I’ll  Walk With God » (Je marcherai avec Dieu), une magnifique chanson de foi composée par Webster et Brodszsky, et interprétée par Lanza avec une ferveur qui embrumera d’émotion les yeux de Wesley Tourtelot, l’organiste qui l’accompagne).

Après sa rupture avec la MGM, Mario Lanza sera sollicité par les plus grands studios hollywoodiens. C’est avec Warner Bros, qu’il tourne en 1955 son cinquième film intitulé « Sérénade ».

Son cachet sera de 150 000 dollars, plus un pourcentage important sur les recettes.

Produit par Henry Blanke le film est dirigé par Anthony Mann, un réalisateur renommé et expérimenté. La direction musicale du film est assurée par le maestro Ray Heindorf, qui se dira impressionné par la grande dimension et la musicalité naturelle de la voix de Lanza.

Le scénario est inspiré du roman du même nom de James Mc Cain.

Ses principaux partenaires sont Joan Fontaine, Sara Montiel et Vincent Price.

Les extérieurs du film sont tournés au Mexique dans le petit village San Miguel de Allende et dans l’hacienda du célèbre torero Pepe Ortiz.

Au cours des trois dernières années pendant lesquelles il a été privé de chanter professionnellement, la voix de Mario Lanza s’est considérablement assombrie par rapport aux enregistrements précédents. Elle lui permet de chanter désormais, à 34 ans, des rôles de ténor dramatique.

Les très nombreuses séquences chantées sont enregistrées dans le studio Warner Bros de Burbank entre le 28 juin et le 8 décembre 1955.

Le chef Ray Heindorf dira : « C’est la première fois depuis que je suis à la tête du département musical de Warner Bros, qu’un chanteur réalise des enregistrements parfaits en une seule prise

La bande-son originale comprend de nombreux airs d’opéra dont le célèbre duo de 14 minutes, du troisième acte d’Otello : « Dio ti giocondi o sposo » que Lanza chante avec la grande soprano du Met, Licia Albanese.

Celle-ci, admirative, dira : « Pour moi, la voix de Mario Lanza était plus grande que celle de Caruso. Il avait la plus grande voix de ténor que j’aie jamais entendue.»

Durant le tournage, Mario Lanza reçoit sur le plateau la visite de l’une de ses grandes admiratrices, la soprano Renata Tebaldi, de passage à Los Angeles. Celle-ci déclarera: « Mario Lanza avait la voix d’un ange, mais lorsqu’il chantait à pleins poumons, ça décoiffait! »

La première du film a lieu le 1er avril 1956, au Radio City Music Hall de New York. La critique est généralement bonne, mais sans plus.

Certains critiques observent que ce film, le plus riche en séquences d’opéra, s’adresse plus à un public de connaisseurs qu’au grand public.

On écoute le «Lamento di Frederico » de l’Arlésienne de Ciléa, une interprétation qui tira les larmes des yeux du premier violon.

Ses deux films suivants, Mario Lanza les tournera à Rome où il a décidé de s’installer avec sa famille en avril 1957.

Pour son sixième film, Seven Hills of Rome (Les Sept Collines de Rome), réalisé en Technirama, un nouveau procédé de Cinémascope créé par Technicolor, le cachet de Mario Lanza sera de 200 000 dollars plus 30% des bénéfices et une avance immédiate de 50 000 dollars.

Dans ce film, Mario Lanza a pour partenaires : Renato Rascel, un acteur-compositeur de talent, Marisa Allasion, 22 ans, surnommée pour sa beauté la « Brigitte Bardot italienne », et Peggie Castle, une très jolie comédienne américaine.

Distribué dans les salles par la MGM, ce film est produit par Lester Welch pour CLOUD Productions.

Le Metteur en scène est Roy Rowland et le directeur musical, George Stoll.

Ce film est illustré par de nombreuses séquences musicales plutôt légères, très loin des partitions du « Grand Caruso » ou de « Sérénade ».

Avec beaucoup d’humour Mario Lanza imite, lors d’une séquence divertissante, la voix et les mimiques de Louis Armstrong, Dean Martin, Frankie Laine et Perry Como.

La chanson la plus remarquable du film est à l’évidence Arrivederci Roma composée en 1955 par Renato Rascel.

Durant son séjour à l’Hôtel Bernini, Lanza remarque une gamine d’une dizaine d’années qui chante sous ses fenêtres, Piazza Barberini, des chansons napolitaines, accompagnée à l’accordéon par son frère.

Lanza suggère à Roy Rowland de l’engager pour chanter cette chanson en duo avec lui. Luisa Di Meo, 11 ans, sera engagée et la rengaine, enregistrée Piazza Navona, fera le tour du monde et figurera au box-office de l’année 1957.

Luisa Di Meo, dira se souvenir toute sa vie de cette merveilleuse rencontre et de la gentillesse de Lanza à son égard.

On écoute Arrivederci Roma composée en 1955 par Renato Rascel.

Ironie du sort, For The First Time, qui signifie en anglais « Pour la première fois », sera le septième et dernier film de Mario Lanza qui mourra subitement à Rome le 7 octobre 1959, il y a eu 60 ans le mois dernier.

Le film sortira en France en 1961 avec pour titre : La Fille de Capri et Come Prima en Italie.

Distribué dans les salles, comme le précédent, par la MGM, ce film est une production allemande d’Alexander Grüter.

L’action, se déroule au milieu des splendeurs de Rome, Naples, Capri, Vienne, Salzbourg et Berlin. Elle sera pour le ténor la dernière occasion de faire entendre sa magnifique voix.

Le cachet proposé à Lanza est de 200 000 dollars plus 40% sur les bénéfices et une avance de 8000 dollars par mois.

Le film est réalisé par Rudolph Maté, renommé pour plusieurs films à succès, et pour avoir été « nominé » pour cinq Academy Awards.

Comme pour Les Sept Collines de Rome, la direction musicale est confiée au Maestro George Stoll.

Mario Lanza a pour partenaires, outre l’acteur allemand Hans Sohnker, la jolie Johanna Von Koczian, 25 ans, une jeune actrice allemande, nouvelle venue à l’écran ; l’acteur autrichien Kurt Kasznar, qui interprète avec beaucoup d’humour le rôle de l’impresario du ténor ; la belle et drôle Zsa Zsa Gabor, en femme fatale, son rôle préféré, c’est-à-dire… elle-même.

Le scénario est écrit par Andrew Solt, un scénariste hongrois qui travaille à Hollywood depuis plusieurs années.

Le scénario et les dialogues sont minces, mais comme pour les films précédents, c’est pour Mario Lanza que les foules se déplaceront.

Les enregistrements des airs d’opéra sont réalisés sur la scène et avec les 160 choristes et musiciens de l’opéra de Rome dirigés par Constantine Callinicos.

Tous sont surpris par la puissance de la voix du ténor dont ils pensaient qu’elle était amplifiée artificiellement par les ingénieurs du son.

Le Maestro Ricardo Vitale, Directeur Artistique de l’Opéra de Rome, présent lors de ces enregistrements, ne tarira pas d’éloges et proposera à Mario Lanza d’ouvrir la saison 1959-1960 à l’Opéra de Rome.

Deux nouveaux films lui étaient proposés, et une nouvelle série de concerts, en Europe, en Israël et en Afrique du Sud était prévue.

Mais on connait la suite…

On écoute Vesti la giubba, son aria fétiche, enregistré pour la dernière fois et superbement en Août 1958 sur la scène de l’opéra de Rome.

 

 

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Emission Cappuccino du 28 juillet 2019

juin 11th, 2019 par Alain Fauquier


 

 Emission du 28 juillet 2019

 

Pour des raisons techniques, ces deux émissions,
n’ont pu être diffusées.

Nous prions les auditeurs de Cappuccino
de bien vouloir nous en excuser.

 

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Emission Musica Maestro du 16 juin 2019

juin 11th, 2019 par Alain Fauquier


 

Musica Maestro 16 juin 2019

Programme

LUIS MARIANO
La Danza (Rossini)
Santa Lucia (anonyme)

MARIO LANZA
Mamma mia che vo’sape (Nutile)
Fenesta che lucive (Ignoto)

BENIAMINO GIGLI
A canzone e Napule (De Curtis/Bovio)

CARLO BUTI
Cancello tra le rose (Bertini-De Paolis)

MARIO MAGLIONE
Luna Caprese
(Larue-Chiosso)

GIACOMO RONDINELLA
Passione
(Bovio-Tagliaferri)  

 

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La parole aux professionnels

juin 1st, 2019 par Alain Fauquier


 

LA PAROLE AUX PROFESSIONNELS

Par Marcel AZENCOT
Président fondateur de l’Opéra Club Mario Lanza
Paris, le 30 mai 2019

Nul ici ne critiquera jamais les critiques, littéraires, musicaux, cinématographiques. Ils sont la meilleure et la pire des choses, pour évoquer le mot d’Esope sur la langue, selon leur compétence et leur honnêteté. Peut-être aussi, selon leurs préjugés ou leur absence de préjugés, leur snobisme ou leur simplicité, leur authenticité. Autre forme de l’honnêteté.

Mais comment ne pas faire plus confiance aux artistes eux-mêmes, c’est à dire aux professionnels, et de préférence à ceux qui n’ont rien à prouver ? Je veux croire et je crois qu’il y a quelque chose en eux qui vibre comme une lumière quand ils aiment ce qu’ils entendent.

Aussi est-ce sans arrière-pensée qu’ils reconnaissent le talent et le génie de ceux qu’ils admirent, concurrents ou non, et qu’ils disent leur admiration. Et leur parole, elle, a du poids car ils savent, en tant que grands professionnels, ce dont ils parlent et ils ne se contentent pas de répéter les banalités et les préjugés de ceux qui ne savent pas et qui, parfois, jugent sans avoir entendu, comme on a connu des critiques de théâtre éreinter une pièce qu’ils n’avaient pas vue !

Dieu, où peuvent se nicher la petitesse ou, dans le bénéfice du doute, l’ignorance !

Mais quand les professionnels admirent leurs collègues, vivants ou morts, et les aiment, ils expriment leur admiration sans entrave ni arrière-pensée, ni jalousie ni mépris, seulement parce qu’ils avaient été bouleversés par le talent des autres.

C’est de cette galerie de grands professionnels de la musique que je veux parler ici.

Ainsi, et pour commencer, je n’oublierai jamais le grand violoniste Isaac Stern, les yeux pleins de larmes, quand il évoqua, à la télévision française, le talent de la jeune violoniste Ginette Neveu, disparue morte en 1949  dans son avion qui s’écrasa aux Açores en route vers les Etats-Unis (le grand boxeur Marcel Cerdan mourut dans la même catastrophe ; il allait aux Etats-Unis pour sa revanche contre Jake La Motta, qui l’avait battu, et le même La Motta, des décennies plus tard, allait pleurer à la télévision française en évoquant son grand adversaire).

Isaac Stern, l’illustre violoniste, rendait avec ses larmes l’hommage de l’admiration et du cœur à une jeune merveilleuse violoniste.

Je pense aussi à la belle histoire que racontait le grand pianiste hongrois Andor Foldes.

Enfant prodige, il eut un jour la surprise de voir son vieux professeur l’embrasser sur le front en lui disant : « Mon Maître, Frantz Liszt, m’a un jour embrassé sur le front en me disant qu’il avait lui-même reçu ce baiser de Beethoven, et il m’a dit de le transmettre à mon tour à celui qui le mériterait ». Ce professeur, lui-même un Maître, avait reconnu un autre futur Maître dans cet enfant et lui transmettait ce baiser comme on couronnait un roi ou on reconnaissait un prophète.

Reconnaissance des pairs ; des « initiés ».

Or nous sommes nombreux dans le monde (L’Internet en atteste) à avoir été frappés par la quasi-unanimité, la communion même, des grands, des très grands du chant et de la musique, à célébrer, sans arrière-pensée, la beauté unique de la voix et du chant de Mario Lanza.

De sa voix et de son chant.

Car il n’y a pas que le don vocal exceptionnel et la technique apprise ou innée, il y a aussi le chant, avec ce qui ne s’apprend pas, car il est ce que l’homme ou la femme donne…ou ne donne pas, généreux ou pingre, superficiel ou profond, triste ou heureux.

Or dans le chant, Lanza donnait ce qu’il avait dans le cœur, comme, dans la vie, il donnait ce qu’il avait dans sa poche.

Ses pairs, contemporains ou successeurs, ne s’y trompèrent pas et reconnurent cette vérité.

Et tout d’abord, selon les grandes étapes de sa vie son premier grand découvreur, l’illustre chef du Boston Symphony, Sergei Koussevitski, de passage à Philadelphie pour un concert à l’Opéra de cette ville (le plus ancien Opéra des Etats-Unis).

Une audition fut arrangée avec le grand Chef, et pendant que Koussevitski se faisait masser dans une pièce à côté pour récupérer des fatigues de sa répétition avec l’Orchestre de Boston, le jeune Lanza, que quelqu’un accompagnait au piano, chanta « Recitar… », l’ultra fameux air de « Pagliacci », qui allait devenir ce qu’il appelait son « lucky aria ».

A la fin de l’interprétation, Koussevitski se leva et vint embrasser le jeune chanteur en s’écriant : « Caruso redivivus ! » (Caruso ressucité ! »).

Le compliment était énorme, d’autant que les deux voix n’étaient nullement comparables, et d’abord, en timbre, ce qui est la signature et la reconnaissance d’une voix. Chacun avait sa voix propre, mais de quel poids allait se révéler ce compliment !

En tout cas, Koussevitski invita aussitôt le jeune Lanza à le rejoindre au Journées de formation qu’il organisait pour les meilleurs des meilleurs musiciens d’Amérique, à Tanglewood, dans les Berkshire Mountains, dans l’État du Massachussetts, lieu idyllique, devenu celui du prestigieux Festival qui se tient tous les étés (concerts de plein air des plus grands orchestres et des meilleurs solistes et chanteurs, formation approfondie des plus grands talents du pays).

Une bourse fut envoyée au jeune Lanza pour ce stage merveilleux et où les assistants de Koussevitski s’appelaient Leonard Bernstein, André Prévin, ou Boris Goldovski pour l’opéra…

Quel augure que de commencer sa carrière sur un baiser de Koussevitski !

Autre grand ancien, Lawrence Tibbett, illustre baryton du Met de New York, grande voix de velours triste, qui déclara en substance après la mort de Lanza : « Dans cinquante ans, on saura quelle grande voix fut celle de Mario Lanza et ce qu’on lui doit ».

Ce fut une véritable prophétie et elle donne un peu le frisson quand on songe que celui qui la prononça voyait à un demi-siècle devant lui (c’est le propre des prophètes !) et que l’avenir lui donna raison quand on considère l’unanimité des plus grands chanteurs et cantatrices contemporains à dire leur dette envers celui sans lequel ils n’auraient pas chanté !

Dans le même temps, ceux qui l’avaient connu et entendu (en réel, en « live » et c’était un choc de l’entendre ainsi) ne dirent pas autre chose. Ils ajoutaient que les meilleurs enregistrements au disque ou en concert ne donnaient qu’une pâle idée de ce qu’était cette voix extraordinaire, en puissance, couleurs, douceur, diction et… émotion.

Ses « compagnons », de chant tout d’abord, à savoir ses deux complices du « Bel Canto Trio », la soprano Frances Yeend et le baryton canado-américain George London, qui allait faire l’immense carrière internationale que l’on sait et qui, après sa carrière d’interprète, assura jusqu’à sa mort la Direction artistique de l’Opéra de Washington.

George London, camarade de Mario Lanza depuis l’armée, devint son ami, soucieux, comme tous les véritables amis, de ses difficultés professionnelles, quand il y en eut (ses démêlés avec la MGM et leurs conséquences néfastes sur le chanteur), et surtout de sa santé (ils se contactèrent encore quand Mario Lanza était en Italie pour les deux dernières années de sa courte vie).

Cet admirable artiste (quel grand Faust, en particulier !) se rappelait son bonheur et sa stupéfaction et ceux de la soprano Frances Yeend lors des concerts de leur jeunesse quand c’était au tour de Lanza de chanter en solo : « Nous étions stupéfaits par ce que nous entendions et nous regardions les  projecteurs en espérant qu’ils ne tomberaient pas, et nous riions ! »

Et encore, parlant de l’insatisfaction existentielle de Lanza : « Si seulement, il avait pu s’extraire de sa peau et entendre sa propre voix, il aurait peut-être vécu différemment toute sa vie » (« If only he could have crawled out of his own skin and listened to his own voice, he might have lived his whole life differently

Et que dire de l’expérience à la fois glaçante et enthousiasmante de Constantine Callinicos, chef d’orchestre et pianiste américain d’origine grecque, que les concerts Columbia assignèrent un jour de 1947 à Mario Lanza, pour l’accompagner dans un des nombreux concerts de tournée où se lançait ce jeune chanteur (vingt-six ans) virtuellement inconnu ?

Callinicos a raconté dans son livre sur Mario Lanza cette rencontre qui allait bouleverser sa carrière et sa vie entière, puisque pour toujours le destin du jeune chef d’orchestre serait lié à celui du ténor, dont il serait désormais l’accompagnateur attitré et dont il conduirait la plupart des orchestres et des enregistrements.

Callinicos évoque d’abord leur rencontre, après l’offre de Columbia Records d’aller accompagner un jeune chanteur inconnu dans une petite ville tout aussi inconnue, Shippensburg, Pennsylvanie.

Mario, qui le rencontrait pour la première fois, lui dit avec le franc sourire qui était le sien : « Pas besoin de répéter ! J’ai confiance en vous, Constantine » ! Puis encore : « Oh ! J’ai oublié mon smoking de scène, mais peu importe, nous apparaitrons en costume de ville » !

Stupéfaction et inquiétude du pianiste, devant ce jeune homme rieur et franc, aux yeux noirs et brillants, et « au torse de champion de boxe mi-lourds » ; cette indifférence au formalisme et à la sécurité de la répétition n’annonçait rien de bon à un musicien comme Callinicos, qui dirigeait des orchestres et avait accompagné des monstres sacrés du chant comme Lily Pons et Lauritz Melchior !

Pire encore, écrit Callinicos, Mario Lanza, avant d’attaquer « Pieta Signore » (de Stradella, compositeur classique du XVIIIème siècle, une œuvre que chérissait Enrico Caruso), se pencha sur le piano, presque tournant le dos au public, puis lui fit un clin d’oeil et lui sourit.

Désinvolture ou inconscience, se demandait le pianiste avant d’ajouter : « Puis, il commença à chanter et je sus que le smoking n’avait aucune importance… »

« Car, alors que les sons, riches et glorieux s’écoulaient sans effort de la gorge de Mario, je sus que j’étais en train d’entendre une des plus grandes voix de ténor depuis Caruso ».

« Depuis les cordes vocales de Mario, les cavités osseuses de sa gorge, de son nez et de sa bouche, que l’on appelle les résonateurs, émergeaient des phrases d’une telle opulence, chaleur et velours que je restais là, avec l’impression que j’étais l’objet d’une extraordinaire plaisanterie. Les notes étaient rondes et riches, pleines et signifiantes, et le contrôle de son souffle, dans les phrases longues, était réellement stupéfiant. »

Et, plus important encore : « Il semblait pouvoir communiquer la profondeur de ses sentiments pour chaque air ».

Et enfin, la conclusion de cette rencontre, après la fin du concert (qui fut un triomphe dans le grand Auditorium de la Ville), quand les deux hommes sortirent dîner dans un petit restaurant : « Il était tout excité par le succès de la soirée, mais je l’étais encore plus que lui. Car cette nuit, j’étais devenu le partenaire d’un homme dont la voix était la plus prodigieuse que j’eûsse jamais entendue »

Autre anecdote, autre admiration.

A la même époque, Mario Lanza prenait des leçons de chant avec le prestigieux Enrico Rosati, répétiteur de Beniamino Gigli. Rosati lui avait dit, la première fois qu’il l’entendit : « Je t’attends depuis trente-quatre ans. Ta voix est bénie de Dieu ! ».

Lanza se liait d’amitié avec de futurs grands du chant, comme les barytons Robert Weede, qui participa aussi à sa formation) et Robert Merrill, qui allaient devenir tous deux des stars du Metropolitan Opera de New York.

Un jour, sortant de sa leçon avec Enrico Rosati, il rencontra Robert Merrill, qui allait précisément prendre sa leçon de chant chez son « coach » vocal, Leila Edwards, diplômée de la prestigieuse « Juillard School of Music » et pianiste répétitrice pour la scène d’opéra avec le chef Armando Agnini.

Merrill demande à Lanza de l’accompagner, présente son ami à Leila Edwards et, comme s’il faisait une blague à celle-ci, la prie d’écouter la voix exceptionnelle de son ami.

Lanza s’exécute et chante « Ch’ella mi creda » (air qu’à notre connaissance, il n’a jamais enregistré au disque ni chanté en concert). Leila Edwards, qui a entendu  les plus grandes voix et répété avec elles dans le détail des airs et des partitions, s’exclame : « Mon Dieu ! Quelle voix ! » « Mais où te cachais tu ? ».

Merrill dirait plus tard : « Quel don il avait ! Il aurait été chez lui dans n’importe quel opéra du monde ! Il aurait pu devenir un autre Caruso » !

Leila Edwards garderait des relations professionnelles et amicales avec Lanza et lui ferait répéter l’opéra « Madame Butterfly » pour l’Opéra de la Nouvelle Orléans, dirigé par le chef Walter Herbert. Ce fut un immense succès.

Herbert, impressionné comme tant d’autres par cette expérience, fit établir à Mario Lanza un contrat pour « La Traviata », mais… Lanza venait de signer avec la Metro Goldwyn Mayer après son concert historique au Hollywood Bowl en 1947 sous la direction du mythique Eugène Ormandy, chef de l’orchestre Philharmonique de Philadelphie, en présence de Louis B Mayer, patron de la MGM, immédiatement conquis par ce jeune ténor.

Quarante-huit heures plus tard, le contrat MGM était signé…

Ce fut, sans qu’il s’en rendît compte alors, la fin des ambitions d’opéra de Mario Lanza car, même s’il avait prévu dans son contrat une liberté de six mois par an pour ses concerts et l’opéra, le cinéma allait littéralement l’avaler et faire de lui une star mondiale et riche, mais aux impératifs de temps et de tournage incompatibles avec une carrière d’opéra, ses déplacements, ses représentations prévues plusieurs saisons en avance etc.

De plus, peu avant, il avait signé, lui l’inconnu, chez RCA Records, dans la prestigieuse série d’opéra « RED SEAL » (le Sceau Rouge ») où ne figuraient que les plus grands artistes du lyrique, chanteurs, cantatrices ou chefs d’orchestre  (Enrico Caruso, Marylin Horne, Jussi Bjoerling, Leontine Price, Toscanini Eugene Ormandy, Leonard Bernstein, Arthur Fiedler…)

Mario Lanza comprendrait, un peu tard, qu’on ne pouvait pas tout faire en même temps et surtout que l’Opéra ne ferait pas le poids contre le Cinéma, les énormes revenus et la réputation mondiale que cette industrie du « show business » lui apporterait presque du jour au lendemain. Comment concilier les impératifs de l’opéra, son calendrier et ceux des autres artistes, des répétitions, des orchestres des chefs, avec la primauté que le contrat de MGM donnait au Cinéma, cet employeur généreux mais jaloux, qui imposait d’abord l’intérêt du Studio, c’est à dire de la plus prestigieuse Major du monde ?

Certes, Lanza enregistrerait des airs de Traviata, mais il n’irait pas sur scène chanter l’opéra en entier…Ce n’était que le début d’une vie d’immenses succès et du regret, véritable poison, de ne plus pouvoir faire la carrière d’opéra pour laquelle il était fait. Avec le recul, faut-il que nous le regrettions ? Cela se discute…

Dans un prochain article, nous parlerons des hommages que lui rendirent d’autres merveilleux artistes, Tito Schipa, Licia Albanese, Renata Tebaldi, Maria Callas, Richard Tucker, Nicolai Gedda, Marylin Horne, Frank Sinatra, Elvis Presley, Sammy Cahn, Renée Doria, de l’Opéra de Paris, et tant d’autres artistes de notre temps, les « Trois ténors » Domingo, Pavarotti et Carreras, Richard Leech, Joseph Calleja, Dmitri Hvorostovski, Sir Antonio Papano, Directeur du Royal Opera, Covent Garden, Londres, Ricardo Muti, Directeur musical de la Scala de Milan  etc…

Tous, artistes qui savent de quoi ils parlent.

 

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Emission Arte Lirica du 23 juin 2019

mai 28th, 2019 par Alain Fauquier


Affiche Grandes mélodies napolitaines portrait 1

MARIO LANZA

ET LES

GRANDES MELODIES NAPOLITAINES

 Après avoir chanté l’opéra, les grands standards américains, les comédies musicales et les chansons italiennes qu’il avait tellement entendues dans sa famille durant son enfance et son adolescence américaine dans la petite Little Italy de Philadelphie, sa ville natale, Mario Lanza décida, à la fin de sa courte vie, de consacrer tout un album à des chansons napolitaines.

Il s’attaquait là à un gros morceau et, à part, quelques airs devenus « internationaux » et qu’il avait chantés dès l’Amérique, il venait maintenant faire le choix de grandes, belles et sombres mélodies.

Mais écoutons d’abord, le fameux MARECHIARE (en napolitain) ou MARECHIARO en italien du nom du petit port pittoresque de la région de Naples, devenu célèbre par la Chanson MARECHIARE écrite par le poète Di Giacomo et le compositeur Francesco Paolo TOSTI.

On y parle d’une petite fenêtre, la Fenestella qui a le plus contribué au mythe du site de MARCECHIARE. ON dit que le poète et écrivain napolitain Salvatore Di Giacomo (1860-1934) apercevant un œillet dans un pot de fleurs sur le rebord d’une petite fenêtre,  trouva l’inspiration pour une des plus célèbres chansons napolitaines : A Marechiare.

De nos jours, la petite fenêtre est toujours fleurie d’un œillet et une plaque commémorative en marbre blanc rappelle la partition et le nom de l’auteur mort en avril 1934.

« Quanno spónta la luna a Marechiaro, pure li pisce nce fanno a ll’ammore… Scétate, Carulí, ca ll’aria è doce…!  »

En napolitain : « Quand la lune se leva à Marechiaro, même les poissons font l’amour … Réveille-toi, Caroline, que l’air est doux …  »

Pourquoi les chansons napolitaines ?

Parce que contrairement à ce que certains pourraient croire, ces chansons ne sont pas d’aimables fariboles, mais des œuvres, paroles et musique, de première importance et n’ont rien de « folklorique » au sens galvaudé et non approprié du terme.

Le Napolitain est une véritable langue, avec ses idiomes, ses sonorités, ses » histoires », ses thèmes, qui vont de l’amour, bien sûr, à la nostalgie, à la dureté et à la beauté de la vie, à l’évocation des immigrants quittant leur pays et Naples et Sorrente, à la mélancolie de tous, ceux qui partent et ceux qui restent, la mélancolie forme parfumée de la tristesse, et que Vincenzo Bellini, le grand et jeune maître du Bel Canto, appelait « Malinconia, Ninfa gentile », Mélancolie, Nymphe Gentille » ; on a compris, que viennent ensuite le temps qui passe, et la mort.

Et c’est ce qu’on trouve dans les mélodies napolitaines.

Pour les chanter il faut, si on ose dire, « du coffre », non pas seulement au sens physique mais émotionnel, et c’est ce que Caruso, lui-même napolitain, traduisait ainsi, avec ironie et sérieux :

« il y faut une grand capacité thoracique, une grande bouche, beaucoup de dur travail et un peu de cœur ».

Comme dit l’autre, il faut avoir vécu pour dire des choses belles et profondes avec simplicité.

Aussi Mario Lanza n’a-t-il chanté ces grands airs qu’une une fois en Italie où on sait qu’il est mort à 38 ans il y aura bientôt 60 ans, le 7 octobre 1959.

Et c’est en prenant de la maturité qu’il a décidé de se lancer un tel défi : à 37 ou 38 ans, il avait mûri bien vite, trop vite même pour pouvoir continuer à puiser en lui-même le pouvoir d’émouvoir et de bouleverser. Aussi, avec le recul, comprend-on qu’il a gardé ces airs napolitains pour la fin de sa vie, avec littéralement, les dernières forces de son cœur.

Nous écouterons un premier exemple avec « NA SERA E’ MAGGIO » (Une soirée de mai), histoire d’une rupture entre deux amoureux, le jeune garçon se souvient d’une soirée de mai où son amoureuse lui avait dit « oui » et, dit-il, « quand on a dit oui, on a dit oui », et maintenant elle pense à un autre …

Le Napolitain, comme le Sicilien, a besoin d’être traduit en Italien, accent et vocabulaire, pour la compréhension de tous et il n’est pas surprenant que le ténor Andréa Bocelli, dans un album d’hommage aux immigrants et fils d’immigrants qui ont fait la gloire de l’Italie à l’étranger, et il cite Mario Lanza, s’excuse d’avance auprès des auditeurs napolitains pour son accent policé de romain ou de florentin quand il chante des mélodies napolitaines.

En effet, un chanteur non napolitain, même doté d’une très belle voix, pourra certes s’acquitter honnêtement du travail, mais pour autant il ne pénétrera que superficiellement l’esprit de la chanson napolitaine, sans parler même de l’accent qui trahira son origine presque incompatible avec ce patrimoine musical napolitain.

Comment s’en étonner quand on connaît le particularisme des régions d’Italie, réunifiée seulement dans la deuxième moitié du 19ème siècle ?

Du même album, on écoute par Mario Lanza : « CANTA PE’ ME » (Chante pour moi) de Bovio et De Curtis. Arrangements d’Ennio Morricone.

Il fallait du coeur pour chanter en napolitain, mais il fallait aussi l’accent particulier de cette langue et Mario Lanza le chantait pratiquement comme un natif.

On connaissait son talent pour les accents et ses imitations chantées comme parlées, mais ici il s’attaquait à forte partie, lui qui était américain, fils d’italiens certes, mais de là à chanter en napolitain !

Et pourtant…

Cette chanson, « Santa Lucia luntana » (à ne pas confondre avec le célèbre Santa Lucia ») parle de ceux qui partent en bateau de Naples, et qui la voient s’éloigner, et lorsqu’ils voient la lune la nuit sur la mer, ils pensent à Naples et ils pleurent : « SANTA LUCIA LUNTANA » (Sainte Lucie si loin), « Quanta malincunia ». Quelle nostalgie !

Avec le fameux « CORE N’GRATO », plus connu sous le titre de « Catari… » nous abordons la première chanson napolitaine écrite en Amérique. C’était en 1911, musique de Salvatore Cardillo et paroles de Ricardo Cordiferro (dont le vrai nom était Alessandro Sisca).

Catari est une belle devenue indifférente à son amoureux  qui lui dit : « Catari, Catari, pourquoi me dis-tu ces paroles amères, pourquoi me parles-tu en tourmentant mon cœur ?

N’oublie pas (« Nun te scurda ») que je t’ai donné mon cœur, N’oublie pas ! (« Nun te scurda !)

Et puis c’est le fameux « CORE N’GRATO », « Cœur ingrat » ! et la chanson se termine par

« T’aie pigliato ‘a vita mia » (tu as pillé ma vie)

« Tutt’é passato », tout est fini, tout est passé

« Tu nun ‘nce pienze cchiû » !, tu ne penses plus à moi

Qui dit Naples, dit Sorrente, Surriento, la ville où Enrico Caruso, malade, crachant du sang, s’était retiré pour se refaire une santé, avant de mourir peu après à l’âge de 48 ans en 1921, l’année de naissance de Mario Lanza !

TORNA A SURRIENTO est la magnifique chanson des frères de Curtis, Ernesto (1875-1937) pour la musique et Giambattista, le poète, (1860-1926), pour les paroles.

La chanson vante les mérites de Sorrente, ses jardins, ses parfums d’orange et cette mer si belle et « Toi, tu dis je m’en vais, adieu ! » « tu t’éloignes de ce cœur », Reviens à Sorrente ! « Famme Campa » ! « Fais mi vivre »

On dit que cette chanson était en fait un clin d’œil au Premier ministre d’Italie, Giuseppe Zanardelli, qui passait ses vacances dans un hôtel de Sorrente, pour qu’il tienne sa promesse d’y revenir, mais on dit aussi qu’on lui rappelait une autre promesse : celle de refaire le réseau d’égouts de la ville, qui en avait bien besoin !

Mais revenons à la mer si belle, aux jardins et aux parfums des oranges, TORNA A SURRIENTO et souvenons-nous qu’Elvis Presley en avait fait une adaptation en anglais. (SURRENDER)

Voici maintenant une des plus belles chansons d’amour napolitaines, DICITENCELLO VUIE, composée en 1930 et dont le titre signifie « Dites le lui, vous » !

L’homme fait une déclaration d’amour indirecte en passant par une amie de la femme dont il est amoureux.

« Dites à votre amie/ Que l’ai perdu le sommeil et la fantaisie/ Qu’à elle je pense toujours/ Qu’elle est toute ma vie/ Ma passion est plus forte qu’une chaine/ Qui me tourmente l’âme/ et m’empêche de vivre/

Et le Refrain « A voglio bene, A voglio bene assai », « je l’aime ! je l’aime tant » est archi connu.

Mais ce n’est qu’à la fin de la chanson que l’on comprend que son interlocutrice est la femme qu’il aime quand il voit une larme qui coule sur sa joue.

Alors il dit : « Enlevons nos masques/ Et disons-nous la vérité ! »

Et enfin, il s’exclame non plus « Je l’aime » ! Mais « Je t’aime » !

Le procédé d’écriture est habile et délicat et ne permet pas la grandiloquence et les effets vocaux. Il faut être à la hauteur de l’écriture quand on chante cela.

La traduction française ne rend pas justice au charme infini de la langue napolitaine, où ces paroles, un peu passéistes et démodées, gardent tout leur sens premier et toute leur force.

Les plus grands l’ont chantée : Beniamino Gigli, Giuseppe Di Stefano, Tito Schipa, Mario Lanza, Mario Del Monaco, Luciano Pavarotti, Dmitri Hvorovstovski, José Carreras, etc… et même des actrices comme la grande Anna Magnani.

Mario Lanza en donne une version toute en retenue, avec une voie sombre qui donne un peu la chair de poule (il chante peu avant sa mort…). Ici rien que l’émotion et la simplicité dans une langue totalement respectée.

Pas d’excès ni démonstrations de chanteurs d’opéra (on ne donnera pas de noms, mais on peut les retrouver sur You Tube et on se dit que certains en font trop, on n’y croit pas, alors que la mélodie et le texte se suffisent).

Hommage aux auteurs Rodolfo Falvo pour la musique et Enzo Fusco pour les paroles.

Maintenant un peu de légèreté avec MARIA, MARI de Russo et Di Capua, auteurs très connus, comme De Curtis.

C’est une chanson d’amour, le jeune homme appelle Mari pour qu’elle vienne à sa fenêtre et il demande à dormir un peu dans ses bras, et il semble qu’elle lui fait légèrement signe entre les vantaux de la fenêtre ; Tout est gai et dans la ritournelle ou le refrain.

Quant à l’interprétation, ce qui frappe c’est l’aisance de la voix, son absence d’effort, comme si elle glissait sur un tapis d’air… et toujours cette sonorité de bronze, étonnante pour une voix de ténor

Encore une adorable chanson : COME FACETTA MAMMETA, de Capaldo et Gambardella.

Un jeune homme demande à son amie Concetta (Cuncé) : « Sais-tu comment ta mère t’a faite ? Comment a-t-elle fait une jolie peau comme la tienne ? Elle a pris des roses et des roses et du lait et du lait et des roses ; et ainsi de suite pour la bouche, la mère a mis un panier entier de fraises du jardin, du sucre, des pommes et de la cannelle ; et il a fallu une mine d’or entière pour fabriquer ces nattes dorées … etc…

Chanson courte chantée avec entrain, joie et légèreté, avec l’hommage à la maman qui a su, en un clin d’œil, fabriquer une si jolie demoiselle !

SENZA NISCIUNO, c’est à dire « Sans personne » ou « seul », chanson sur la solitude de celui qui se souvient de sa mère morte et lui parle.

La mort apparaît comme une constante avec son cortège de misères et de solitudes.

L’heure sonne au clocher de l’église, c’est l’Ave Maria, l’orphelin fait son signe de croix et pense à Mamma Mia ; il s’exclame : Quel Malheur, Hélas/ Seul sans personne ! Et toi ? / Morte pour moi / Et maintenant, où es-tu ? Est-ce que tu ris ? Es-tu contente ? Est-ce que mon tourment te tourmente ? » etc

Cette chanson de De Curtis, encore lui, et Barbieri, est un classique depuis Caruso et Lanza l’a enregistrée à Rome avec d’autres titres favoris de Caruso peu de temps avant sa mort : enregistrement de juin 1959, et mort le 7 octobre 1959.

Son interprétation est à la fois digne et bouleversante et il faut se souvenir, parlant de la mère, que Lanza avait une véritable adoration pour la sienne (qui lui a survécu d’ailleurs) et qu’il avait aussi une foi très forte (ancien enfant de chœur, élevé dans la religion, etc…).

Les paroles avaient pour lui une signification profonde Il faut l’entendre dire « Qué malasciorte, Ahimé «  Quel malheur Hélas ! » avant d’interroger « É tu » ? Et toi ? » d’une voix suppliante qui semble monter au ciel.

Magnifique et éprouvante interprétation, on allait dire « magnifique lamentation », également servie par une somptueux arrangement d’Ennio Morricone.

TU CA NUN CHIAGNE « Toi qui ne pleures pas, mais qui me fais pleurer », chanson de Bovio et de Curtis.

« Comme la montagne est belle cette nuit, belle comme je ne l’ai jamais vue »

« Tout dort et tout est calme »

« Mon âme est résignée et fatiguée »

« Sous la lueur de cette lune jaune

« Toi qui ne pleures pas et me fais pleurer,

Où es-tu cette nuit ?

Je te veux ! Je te veux ! ».

 

Mélodies diffusées :

 

MARECHIARE (Di Giacomo/Tosti)

16 Janvier 1958, Royal Albert Hall de Londres, Constantine Callinicos piano.

TORNA SURRIENTO (De Curtis)

5 Juillet 1955, Warner Bros Studios, Hollywood, Jacob Gimpel, piano

CATARI – CORE N’GRATO (Cardillo-Cordifero)

28 Mars 1952, RCA Victor, Orchestre dirigé par Constantine Callinicos

NA SERA E’MAGGIO (Pisano-Cioffi)

CANTA PE ME (Bovio-De Curtis)

SANTA LUCIA LUNTANA (Mario)

DICITENCELLO VUIE (Falvo-Fusco)

MARIA, MARI (Russo-Di Capua)

COME FACETTA MAMMETA (Capaldo-Gambardella)

TU CA NUN CHIAGNE (Bovio-De Curtis)

SENZA NISCIUNO (De Curtis-Barbieri)

Novembre et Décembre 1959 à Rome. Orchestre Franco Ferrara, chœurs Franco Potenza. Arrangements musicaux de Carlo SAVINA et Ennio Morricone

 

 

 

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Emission Arte lirica du 12 mai 2019

avril 12th, 2019 par Alain Fauquier


Affiche Di Sefano-portrait

Nous rendons hommage aujourd’hui au grand ténor italien Giuseppe Di Stefano, tragiquement disparu à Milan le 3 mars 2008 des suites d’une terrible agression survenue quatre ans plus tôt au Kenya où il séjournait dans sa résidence familiale.

Pour les mélomanes du monde entier, le nom de Di Stefano est indissociable de celui de Maria Callas dont il fut le partenaire principal pendant de nombreuses années.

Après leur première rencontre en 1951, lors d’une représentation de La Traviata à São Paulo, dirigée par le maestro Tullio Serafin, ils multiplièrent ensemble, scènes d’opéra, concerts et séances d’enregistrement.

La voix de Di Stefano était, à son zénith, l’une des plus grandes et des plus radieuses du monde de l’opéra et sa carrière demeure probablement unique, en ceci qu’il était déjà sur le déclin, à 39 ans, lorsqu’il accéda à la gloire internationale.

Les enregistrements que nous allons vous faire écouter, ont été réalisés à une époque où Di Stefano était dans la plénitude de ses moyens vocaux.

Du premier acte de Rigoletto de Verdi, on écoute Giuseppe Di Stefano et Maria Callas dans le duo « E il sol dell anima, la vita è amore » (L’amour est le soleil de l’âme). Un enregistrement réalisé à La Scala de Milan en septembre 1955. L’orchestre est dirigé par Tullio Serafin.

Giuseppe Di Stefano est né le 24 juillet 1921 à Motta Sant’Anastasia, une commune de la province de Catane sur la côte est de la Sicile.

Il est le fils unique d’un officier, devenu cordonnier après la guerre, et d’une couturière. De condition modeste, ses parents font de gros sacrifices pour qu’il puisse suivre des cours de chant dans un séminaire de Milan.

A l’âge de 17 ans, Il chante dans des cafés, des restaurants et des cinémas de Milan et remporte deux concours de chant, l’un à Milan et l’autre à Florence.

En 1940, il prend des cours de chant avec le baryton Luigi Montesanto.

Mais ses études seront interrompues par la guerre. Pendant trois ans, Di Stefano sera prisonnier en Allemagne.

Il s’évadera en 1943 et passera en Suisse où il sera accueilli dans un camp de réfugiés à proximité de Lausanne. La direction de Radio-Lausanne le remarque et le fait participer à des émissions.

À la fin de la guerre, Di Stefano revient à Milan et reprend ses leçons de chant avec Luigi Montesanto.

En avril 1946, il enregistre un disque de chansons italiennes sous le nom de Nino Florio. On écoute, par Di Stefano, « Mattinata », de Ruggero Leoncavallo, l’auteur de Paillasse.

Le 20 avril 1946 Di Stefano débute au Théâtre Municipal de Reggio d’Émilie dans le rôle de Des Grieux de Manon de Jules Massenet.

Il chante ensuite dans toute l’Italie : Les Pêcheurs de Perles à Venise, Rigoletto à Gênes, L’ami FritzRigoletto et La Traviata à Reggio d’Émilie ; La Sonnambula à Bologne et Manon à Plaisance.

Surnommé « Pippo » par ses amis, Di Stefano, est remarqué pour la pureté et la douceur de sa voix, la beauté de son timbre, sa diction parfaite, la passion qu’il mettait dans son chant et son charme typiquement sicilien.

A tous égards, Di Stefano est considéré comme le meilleur ténor lyrique italien depuis Fernando De Lucia.

En mars 1947, il se produit dans Manon au Liceu de Barcelone.

Sa popularité croit rapidement et il est engagé, dans sa troupe de la Scala de Milan et, sans être même auditionné, il fait ses débuts à la Scala dans Manon de Massenet en 1947.

On écoute Di Stefano et Callas dans le duo du premier acte de Lucia di Lammermoor de Donizetti: « Ah ! Verrano a te sull’ aure » (Mes soupirs seront portés par la brise embaumée). L’orchestre et les chœurs du Mai Musical de Florence sont dirigés par Tullio Serafin. Un enregistrement de 1953.

Di Stefano débute en février 1948 au Metropolitan Opera de New York, où il chante dans le rôle du Duc de Mantoue de Rigoletto.

En l’espace de deux ans il se produit sur plusieurs scènes parmi les plus prestigieuses du monde : Vienne, Londres, ChicagoSan Francisco, Mexico, Buenos AiresRio de JaneiroJohannesbourg.

Son talent est acclamé dans le monde entier. Son timbre chaleureux, sa technique sans faille et sa grande présence scénique font de Di Stefano un interprète idéal.

En 1950 il participe au Festival de Vérone dans Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet.

Sa carrière triomphale commence en septembre 1951 lors d’une rencontre spectaculaire avec Maria Callas et Tito Gobbi.

Une autre soirée tout aussi spectaculaire a lieu en mai de l’année suivante au Palacio de Bellas Artes à Mexico, quand Di Stefano chante encore avec Callas dans Les Puritains.

À Noël 1952, ils sont ensemble à La Scala pour une représentation de  La Gioconda de Ponchielli.

Du troisième acte des Puritains de Vincenzo Bellini, on écoute par Di Stefano et Callas, le duo passionné entre Arthur et Elvira « Vieni fra queste braccia » (Viens dans ces bras), où le ténor doit atteindre deux contre-ré. L’orchestre de La Scala est dirigé par Tullio Serafin.Un enregistrement réalisé en 1953

En 1952-1953, Di Stefano commence à se lasser de son répertoire de ténor lyrique. Il souhaite chanter désormais des rôles dramatiques, généralement dévolus à des voix plus larges.

Mais il n’a ni l’envergure ni la puissance vocale que requiert le répertoire vériste de la fin du romantisme.

Un autre grand moment dans sa carrière viendra en janvier 1954 à La Scala avec Lucia di Lammermoor dirigée par Herbert von Karajan ; Lucia est jouée par Maria Callas.

Ses débuts sur le sol britannique remontent à 1957 où il chante au Festival international d’Édimbourg, le rôle de Nemorino de l’Elisir d’amore de Donizetti.

Quatre ans plus tard, Di Stefano se produit dans Tosca à Covent Garden et au Royal Opera House de Londres.

A Berlin-Ouest il chante dans l’opérette romantique de Franz Lehar, Le Pays du sourire qui remporte un grand succès.

Du troisième acte de Tosca de Puccini, on écoute Di Stefano chanter « E lucevan le stelle ». L’orchestre et les chœurs de la Scala sont dirigés par Victor de Sabata. Un enregistrement réalisé en 1953.

Mais cette fois, c’est décidé. Après avoir chanté, avec un immense succès, de nombreux rôles du répertoire romantique, Di Stefano décide de s’attaquer au répertoire héroïque pour lequel il n’est visiblement pas fait.

En cinq ans la voix est en lambeaux.

Entre 1956 et 1960, Di Stefano fit, probablement, plus de mauvais choix de répertoire qu’aucun autre chanteur.

Au lieu d’entretenir ses précieux talents, il est tenté de se mesurer à des Mario Del Monaco, Carlo Bergonzi et autres Franco Corelli, et il perdit son pari.

A partir de 1960, alors qu’il n’a même pas 40 ans, ses prestations se détériorent.

Le musicologue anglais Matthew Boyden écrit dans son livre sur l’histoire de l’Opéra : « Pour quiconque ayant entendu Di Stefano chanter dans les années 1940, c’était un peu comme de voir Laurence Olivier oublier son texte ».

Du premier acte de Carmen de Georges Bizet on écoute Di Stefano chanter l’air de la fleur. Il est accompagné au piano par Robert Sutherland. Un enregistrement réalisé lors d’un récital donné avec Maria Callas au Canada, sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier de Montréal.

Di Stefano retrouve encore Maria Callas, avec laquelle il est affectivement très lié, pour une représentation des Vêpres siciliennes lors de la réouverture du Théâtre Régio de Turin.

En 1972 il propose à Maria Callas de faire, en sa compagnie, une tournée internationale de récitals, afin de collecter des fonds pour financer le traitement médical de sa fille.

Au cours de cette tournée, les voix des deux artistes apparaissent très abîmées et leur série de concerts sera interrompus à Sapporo
le 11 novembre en 1974 .

Même avec sa voix réduite à un murmure, Di Stefano poursuivra ses apparitions publiques jusque dans les années 1990.

En juin 1992, il chante le rôle de Calaf dans Turandot sur la scène des thermes de Caracalla à Rome.

Fin 2004, alors qu’il séjourne au Kenya dans sa villa familiale de Diani sur le littoral kenyan de l’océan Indien, il est victime d’une violente agression.

Grièvement blessé à la tête Di Stefano est hospitalisé à Mombasa, puis évacué vers Milan ; mais il  ne se remettra pas de ses traumatismes et restera totalement invalide.

En décembre 2007 il tombe dans le coma et meurt dans sa résidence de Santa Maria Hoè, au nord de Milan, le 3 mars 2008, à l’âge de 86 ans.

Pendant plus de vingt ans Giuseppe Di Stefano aura foulé les scènes les plus prestigieuses.

Il sera pris pour modèle par Pavarotti et Carreras qui lui voueront une admiration sans borne.

José Carreras l’invitera régulièrement à se produire à ses côtés à l’occasion des nombreux galas en faveur de l’Afrique ou de la lutte contre la leucémie.

Du troisième acte de Rigoletto de Verdi,  on écoute, par Giuseppe Di Stefano, Maria Callas, la contralto Adriana Lazzarini et Tito Gobbi, le quatuor : « Bella figlia dell amore » (Belle fille de l’amour). L’orchestre et les chœurs de la Scala sont dirigés par Tullio Serafin. Un enregistrement réalisé en septembre 1955.

 

 

 

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Les Hoquets du Naturalisme

avril 5th, 2019 par Alain Fauquier


jean-kriff

Par Jean KRIFF
Ancien artiste lyrique, professeur de chant
Essayiste

« Je voudrais aussi qu’on travaillât à un catalogue des arts, des sciences et des inventions qui se sont perdues, que l’on donnât les raisons qu’ils sont restés dans l’oubli… »

Montesquieu. Cahiers (I, pp. 92-94)

Le Second empire avait été pulvérisé. L’Alsace et une partie de la Lorraine appartenaient dorénavant au Kaiser. Des milliers de migrants s’entassèrent sur des bateaux et se dirigèrent vers l’Afrique du nord. Il fallait coloniser à outrance pour payer les dettes de guerre et retrouver les matières premières perdues.

Jules Ferry sut ouvrir le cœur des contribuables, la France allait aider les ‘races inférieures’ à s’élever.

Renan apporta sa caution en donnant un argument – inutile d’ailleurs – qui ne pouvait que donner bonne conscience aux boursicoteurs, en écrivant en 1871 : « Une race de maitres et de soldats, c’est la race européenne ». Il n’avait, à l’évidence, pas conscience de chauffer le lit des envahisseurs de 1914.

Le monde des sciences était remué.

Charles Darwin, qui avait troqué dès la fin de son adolescence, théologie contre reproduction des coléoptères, avait démontré que toute mutation positive des espèces dépendait d’un nécessaire combat pour la vie. (L’Origine des espèces- 1859).

Depuis qu’elles étaient connues, ces théories avaient eu des difficultés à s’imposer en France. En effet, il était difficile pour l’Empereur de faire admettre par Eugénie que ses ancêtres, même lointains, pouvaient avoir été singes ou pire encore cafards ? Heureusement, le pragmatisme de Claude Bernard (1813-1878) membre de l’Académie des sciences, vint à l’essentiel de la physiologie en publiant : Introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865).

Décadence

Dieu, lui, semblait être sur la voie des ‘encombrants’. La laïcité se frayait un chemin en version populaire grâce au développement de la lecture mais l’on se méfiait encore de l’utilisation qu’en feraient les femmes.

Zola inaugura le naturalisme en se basant sur les travaux de Claude Bernard. Il ne s’agissait, dira-t-il, que de remplacer « le mot médecin par celui de romancier ». C’est Thérèse Raquin (1867) qui est considéré comme premier ouvrage marquant le début du naturalisme littéraire, une histoire où « les remords des deux héros, consiste en un simple désordre organique ». Littérature infecte, produit des triomphes de la démocratie, écriture putride diront ses détracteurs conservateurs. Ce sont eux qui ancrèrent le naturalisme dans un radicalisme républicain, celui de ‘décadents’, vocable dont ils affublèrent ces écrivains, objets de leurs attaques. Cette décadence des années 1880-1900, n’était finalement pas le déclin car finement revendiquée, elle devenait l’outil pertinent, capable de désagréger le conservatisme.

Maupassant ira jusqu’à abolir toute allusion, même infime, à la morale, précisément considérée comme un frein à la décadence. Pierre Louÿs, Jean Lorrain et des écrivaines comme Rachilde, Gyp ou poétesses comme Renée Vivien, se firent alors connaître, n’hésitant pas à apporter dans leurs textes des éléments explicitement érotiques, mettant l’homosexualité féminine à l’honneur.

Les naturalistes attaquaient la société patriarcale. Une première réussite, fut le rétablissement du divorce en 1884.

Pour Emile Zola, les rapports du peuple avec la guerre, la terre, la mer, la cruauté, étaient des éléments qu’il fallait porter à la scène lyrique. C’est son ami Alfred Bruneau (Humanisme n°279) qu’il allait charger de composer des opéras à partir de ses œuvres.

Ce furent, à l’Opéra ou à l’Opéra-comique: Le Rêve (1891), l’Attaque du Moulin (1893), Messidor (1897), L’Ouragan (1901) puis, après la mort de Zola en 1902 : L’Enfant-Roi (1905), Naïs Micoulin (1907) et Les Quatre Journées (1916).

Devant l’engouement du public, de nouvelles commandes d’œuvres se multiplièrent. Massenet, l’un des musiciens les plus joués, rendu internationalement célèbre avec Manon et Werther, releva le gant du langage naturaliste, dépouillé et cru ; bien que critiqué pour la Navarraise en 1894, il réitéra trois ans plus tard avec Sapho, un sujet d’Alphonse Daudet.

Rome 

D’autre part, dès 1901, la préparation d’une loi séparant Église et État, suscitait une grande effervescence dans les milieux progressistes.

En effet, Léon XIII avait publié une lettre encyclique, Rerum Novarum en 1891, dans laquelle il avait développé la théorie sociale de l’Eglise et appelé à contrer les visions matérialistes du socialisme : « Vous avez vu violer la sainteté et l’inviolabilité du mariage chrétien par des dispositions législatives, laïciser les écoles et les hôpitaux, arracher les clercs à leurs études et à la discipline ecclésiastique pour les astreindre au service militaire, disperser et dépouiller les congrégations religieuses ». Le 1er janvier 1906, la loi de séparation entrait en vigueur.

Dans les théâtres, lyriques ou dramatiques, surtout dans ceux subventionnés, cette loi était attendue. Elle libérerait l’expression créatrice demeurée tremblotante devant la crainte des fulminations venues des autels.

Par bonheur, l’esthétique de l’antiquité païenne, portée au théâtre, fut un outil d’artistes pour entamer la ‘morale’. Mais il fallut du temps. Il en faut beaucoup entre l’élaboration d’un livret et la première représentation d’un spectacle lyrique. Un long travail de préparation est nécessaire depuis l’écriture musicale proprement dite jusqu’à l’ultime répétition des solistes, orchestre, ballet et chœurs. C’est ainsi qu’une multitude d’œuvres lyriques atteignirent le public avec retard, une moyenne de dix années.

Or l’art a besoin de se tourner vers le futur pour exister. Cela devait jouer un mauvais tour au théâtre lyrique naturaliste.

En prémisses au vote de la loi de 1905, les compositeurs naturalistes, par le choix de leurs sujets et la manière dont leurs librettistes utilisaient les mots, montraient surtout la volonté de ‘déniaiser’ les esprits.

Pierre Louÿs (1870-1925) fut de ceux qui ouvrirent le bal des Années Folles. Il faisait partie des Parnassiens, qui, avec Catulle Mendès et Mallarmé, affichaient l’idée que tout pouvait être écrit et décrit ; aucune règle, dite morale, n’étant aussi essentielle que la rigueur technique de l’emploi des mots. Pierre Louÿs, lui, guidé essentiellement par l’érotisme, publia Astarté, Les Chansons de Bilitis, Aphrodite, La femme et le Pantin et Les Aventures du Roi Pausole, œuvres qui toutes furent transformées en pages lyriques.

Naturalisme à l’Opéra 

Albert Carré en 1899, avait pris en mains les destinées de l’Opéra-comique.

Il y fit jouer un an plus tard, à l’occasion de l’Exposition Universelle, Louise de Gustave Charpentier. Cet opéra témoigne de la vie intime du monde ouvrier confronté à la transcendance d’un Paris, transcendé par Montmartre, patrie de l’Art. Cet opéra connut un tel succès qu’il fut joué près de 1200 fois à l’Opéra-comique, mais les ‘prédateurs’ du naturalisme, symbolisme et impressionnisme musicaux guettaient.

Le temps était propice. Foin de Sardou, Mendès et Richepin !

Il y avait mieux pour remplacer la légende des religions établies : Maeterlinck et ses opaques brumes médiévales.

Dès 1902, Albert Carré produisit Pelléas et Mélisande à l’Opéra-comique. Claude Debussy et Maurice Maeterlinck ébranlaient d’un coup le naturalisme musical français.

Le vérisme italien, exporté à Paris, en profita immédiatement. La Tosca, Madame Butterfly, La Vie de Bohème, écrits pourtant à partir de textes littéraires français, conservèrent le droit d’humecter les mouchoirs grâce à des livrets français… mais traduits de l’italien.

Le public de France, peuple rationnel, a toujours su être rigoureux dans le choix de ses émotions.

Jean Richepin, qui ne se réclamait d’aucune école sauf de la sienne, s’était fait connaître en 1876 avec La Chanson des gueux.

Cela l’avait mené en prison.

Paris en ferait un jour un académicien. C’est son succès de 1897 : Le Chemineau, drame paysan, qui fut choisi pour être mis en musique par Xavier Leroux en 1907. Il lui avait fallu attendre 10 ans, comme cela s’était avéré précédemment pour l’Astarté de Pierre Louÿs.

Pour cette nouvelle œuvre, Leroux fit appel à un vrai/faux folklore bourguignon avec une rudesse de ton qui le fit souvent mal accepter par les salons conservateurs, alors que ceux-ci applaudissaient les compositeurs étrangers ayant usé de semblables procédés : le groupe russe dit ‘des cinq’, Edward Grieg, Franz Liszt, Robert Schumann, etc.

Le public populaire et même certains bourgeois ne furent pas dupes. L’œuvre fut abondamment jouée. D’autres, que l’on doit citer, utilisèrent des matériaux sonores semblables : Vincent d’Indy ou Joseph Canteloube. Nous avons préféré retenir Xavier Leroux, parce qu’il est injustement oublié. Premier Prix de Rome, d’esprit contestataire, il avait tenté d’éviter l’obligation que son prix imposait : rester trois ans en Italie. Rattrapé par la loi, il avait été contraint d’effectuer cinq années d’armée.

Nommé professeur au Conservatoire national de musique en 1896, en classe d’harmonie, son activité de compositeur ne cessa qu’à sa mort, à 56 ans, le 2 octobre 1919.

Soutenu par Charpentier et Bruneau, fondateurs de la Chambre syndicale des artistes musiciens (rattachée à la CGT dès 1902), il avait pris, en 1910, la tête d’un groupe de défense de la musique française, déclenchant ainsi deux débats à l’Assemblée nationale.

Une odeur de soufre 

Un an plus tard, on lui avait joué Astarté à l’Opéra. Le texte de Pierre Louÿs déjà jugé sulfureux en 1891, ne fut édulcoré ni par le livret de Louis de Gramont connu pour sa plume redoutable, ni par les notes de Leroux, jugées inutilement agressives.

Dans la pièce, Omphale, grande prêtresse de l’amour lesbien, triomphe d’Hercule en le faisant périr par le feu, puis quitte son île, dévorée par les flammes, pour gagner Lesbos. Omphale avait été interprétée par une merveilleuse mezzo-soprano, concubine de Leroux, Meyrienne Héglon, encensée pour sa voix, sa beauté et sa lascivité scénique.

Camille Bellaigue, proche de Maurras, attaqua ce ‘texte dépravé’ tandis qu’à l’étranger, Magnus Hirschfeld, médecin allemand, fondateur d’un comité scientifique pour la dépénalisation de l’homosexualité, applaudit à sa création, précisant : ‘Astarté est probablement le premier opéra joué […] dans lequel l’amour saphique reçoit son authenticité’ (Jahrbuch für sexuelle Zwischenstufen (Annales des différentes sexualités). Xavier Leroux ne travailla qu’avec des esprits libres : Victorien Sardou, Louis de Gramont, Jean Richepin, Catulle Mendès sachant vitrioler la morgue conservatrice des salonards. Jusqu’à la veille de la guerre, à cause des retards de production, de nombreux compositeurs tentèrent encore d’imposer la veine naturaliste.

Maurice Ravel y fit une incursion en 1907 avec l’Heure Espagnole, mais l’heure était sonnée de l’avènement de l’impressionnisme.

Pour lutter contre les pouvoirs de Rome, l’Allemagne de Bismarck avait inventé le « Kulturkampf ».

La France avait choisi le naturalisme.

Cette expérience culturelle, portée par les grands théâtres subventionnés, sut libérer l’art et les mœurs des censures de sacristains. Le naturalisme musical, abandonné aujourd’hui fut, auprès des classes aisées, un réel désagrégateur des ennemis de la laïcité.

En 1901, Astarté de Leroux se terminait par un hymne à la Déesse éponyme : « Chantons les yeux pervers. Gloire à la Volupté ! » Un an plus tard, Arkel, dans Pelléas et Mélisande de Debussy chantait: « Si j’étais Dieu, j’aurais pitié du cœur des hommes ! »

Mais c’était le temps des Années folles.

 

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Emission Arte lirica du 31 mars 2019

février 16th, 2019 par Alain Fauquier


VOIX D OPERA 31 mars 2019 portrait

Pour commencer cette émission nous avons sélectionné une très belle aria extraite de l’acte IV de l’opéra André Chénier d’Umberto Giordano. Cette aria c’est  « Come un bel di di Maggio » (Comme un beau jour de Mai).

Dans la cour de la prison Saint-Lazare, le poète André Chénier attend le tombereau qui doit l’amener sur lieu de son exécution. Son ami Roucher lui demande de lire le poème qu’il vient d’écrire et qui décrit les sentiments du poète face à la mort. « Come un bel di di Maggio » est interprétée ici par l’immense Plácido Domingo qu’on ne présente plus ; il est devenu aujourd’hui une véritable institution planétaire. Il est accompagné par James Levine et le National Philharmonic Opera.

Extrait du 1er acte du Barbier de Séville de Rossini nous allons écouter l’air de Rosine, le brillant « Una voce poco fa » (j’ai entendu une voix). Cet aria est chanté ici, avec une grande virtuosité, par la célèbre « Scottine » qui est le surnom affectueux, donné par ses nombreux admirateurs, à la grande soprano italienne Renata Scotto. Au cours de sa longue et triomphale carrière qui dura plus de 40 ans, Renata Scotto a interprété sur les plus grandes scènes du monde 45 opéras et 100 rôles. Cette grande cantatrice, âgée aujourd’hui de 85 ans, a remporté une multitude de prix dont un Emmy Award. Elle est accompagnée par le Philharmonia Orchestra dirigé par Manno Wolf-Ferrari. Un enregistrement de 1959.

Nous restons avec le Barbier de Séville dont nos allons écouter l’air du 1er acte chanté par Figaro qui est à la fois le barbier et l’homme à tout faire de la ville, le célèbre « Largo al factotum della cità » (place au serviteur de la cité).Cette aria est interprétée ici avec maestria par le grand baryton américain Robert Merrill disparu à 85 ans en 2004. Grand virtuose et très bon comédien, Robert Merrill donna, depuis ses débuts en 1947 : 769 représentations au seul Met de New York où il était devenu une icône. Un enregistrement RCA réalisé le 3 décembre 1947.

Du 1er acte de l’opéra La Wally d’Alfredo Catalani nous vous proposons d’écouter l’émouvant « Ebben ? Ne andro lontana » (Et bien ! je m’en irais bien loin), par la soprano roumaine Angela Gheorghiu. Cette aria est extraite de son album « Hommage à Maria Callas » réalisé chez EMI en 2011. Angela Gheorghiu est accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Marco Armiliato.

On ne présente plus Rolando Villazon. Tout le monde connait le beau et ténébreux ténor franco-mexicain, aujourd’hui âgé de 46 ans. Il a chanté sur toutes les plus grandes scènes d’opéra du monde et participé à de nombreux concerts et émissions télévisées. Extrait du 1er acte de Der Rosenkavalier (Le Chevalier à la Rose) de Richard Strauss qui est depuis sa création en 1911 l’opéra allemand le plus joué, on écoute le célèbre « Di rigori armato il seno ». Rolando Villazon est accompagné par l’Orchestre de Munich dirigé par Michel Plasson. Un enregistrement du 25 septembre 2005.

La soprano italienne Katia Ricciarelli a triomphé sur toutes les plus grandes scènes d’opéra du monde. Sa voix et son art du  legato lui permirent d’être une magnifique interprète des rôles du bel canto. On l’écoute ici dans l’air du 2ème acte de Tosca de Puccini. C’est le moment où on entend des tambours : l’escorte accompagne Mario Cavaradossi à l’échafaud. Eperdue, Tosca chante le célèbre « Vissi d’arte, vissi d’amore » (J’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour). Un air qui commence doucement et évolue peu à peu vers un bouleversant éclat de douleur passionnée. Orchestre RTSI dirigé par Bruno AMADUCCI.

Lors de notre précédente émission du 3 février nous vous avons fait écouter le sublime et mémorable duo du troisième acte d’Otello de Verdi, « Dio ti giocondi o sposo », magistralement interprété par Licia Albanese et Mario Lanza. Nous vous proposons d’écouter aujourd‘hui le monologue qui fait suite à ce duo : « Dio mi potevi scagliar tutti i mali ». Un monologue dans lequel Otello dénonce, tourmenté, le déshonneur et la honte provoqués par la trahison supposée de son épouse Desdémone, dont il est à tort, convaincu. Un enregistrement réalisé par Warner Bros à Hollywood le 19 juillet 1955 pour le film « Sérénade ». L’orchestre de la Warner est dirigé par le Maestro Ray Heindorf.

Au mois d’octobre, à l’occasion du soixantième anniversaire de la mort de Mario Lanza, nous évoquerons ses films avec lesquels il a popularisé l’opéra auprès d’un immense public.

Pour terminer cette émission nous allons écouter le duo du deuxième acte de Rigoletto : « Si, vendetta tremenda… », entre le père (ici, le grand baryton italien Tito Gobbi) et la fille, (Maria Callas, la Divine). Un enregistrement réalisé en septembre 1955. L’orchestre et les chœurs de La Scala sont dirigés par Tullio Serafin.

 

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Pourquoi Massenet?

janvier 19th, 2019 par Alain Fauquier


 jean-kriff

Par Jean KRIFF
Ancien artiste lyrique, professeur de chant,
Essayiste

Au temps de la ‘troisième’.

Les temps étaient durs. A la chambre, royalistes, bonapartistes, socialistes se côtoient, perturbés par des prurits de catholicisme fervent, de protestantisme qui l’était  plus encore ou de courants laïcs, dont l’agitation mettait en porte-à-faux les thuriféraires de la condamnation d’hypothétiques omnipotentes banques juives en réglant des comptes, à potron-minet, l’épée ou le pistolet à la main et moins glorieusement, en Bourse, sur l’étal de banquiers, futurs pourvoyeurs des bouchers de 1914.

Aux cicatrices du siège de Paris, à celles de la Commune, à l’amputation de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine et aux dommages de guerre exigés par les allemands (cinq milliards de francs-or) s’ajoutent les maladies du siècle : tuberculose, syphilis, pauvreté et antisémitisme. Vibrions et tréponèmes de toute nature serrent les rangs. Les partisans du pape Pie IX ne sont pas en reste : au menu, retour à la Tradition et à la liturgie grégorienne et confirmation par Léon XIII, son successeur, en 1878, sur la sedia gestatoria. Renan et Vacher de la Pouge qui ont imprégné le discours des intellectuels du siècle les écoutent se gargariser avec les notions de race et d’aryanisme.

En 1894, l’affaire Dreyfus éclate. La France est divisée en deux morceaux supplémentaires pendant douze ans. Plus question de rire. En cascade, la condamnation du syndicalisme athée par l’encyclique rerum novarum en 1891 sera suivie en 1895 par la création de la CGT puis l’expulsion des jésuites et la dissolution des congrégations enseignantes en 1902. La condamnation par un motu proprio venu de Rome répondit alors à la situation en 1903.

Pour faire pièce au catholicisme ultramontain, appui de Mac Mahon, inventeur de l’ordre moral mais prié de démissionner avant l’heure, Jules Grévy, qui le remplaça, s’entoura de personnalités libérales. Autour de Jules Ferry qu’il choisit comme ministre de l’Instruction publique, gravitaient nombre de protestants, meilleurs combattants contre l’école libre et pour la laïcité : Ferdinand Buisson, Jules Favre dont l’épouse crée l’Ecole Normale de jeunes Filles, Jules Steeg, Félix Pécaut, André Siegfried, Jean Schlumberger, Henri Baulig, Elisa Lemonnier qui mit en place l’Ecole Professionnelle de jeunes filles. Beaucoup d’entre eux venaient de l’Alsace occupée. Les républicains s’apprêtaient à sonner l’hallali de l’enseignement libre et à débarrasser les enfants de leurs hardes parfumées à l’encens pour les remplacer par des blouses grises. Face à cela, les congrégations enseignantes se mobilisèrent. Le petit père Combes eut raison d’elles en 1904.

Vie parisienne.

Allait-on le soir chez la comtesse Greffulhe violemment dreyfusarde, l’Oriane de Proust, dont le salon, prétendait-elle, n’hébergeait que des ‘aristocrates de l’intelligence’ ? Chez la Princesse Edmond de Polignac née Singer – l’héritière des machines à coudre – dont l’amour pour les dames ajoutait à sa spécificité mondaine de mécène éclairée ? D’ailleurs, ne remplaçait-t-elle pas ses portraits de famille par des Monet ?

Et si l’on participait à un ‘five o’clock’ chez Madame de Saint-Marceaux, copie conforme de madame Verdurin, à moins que…peut-être…chez la femme du banquier Sulzbach qui chantait, ‘parfumée comme une salle de Bain de harem turc’ ? Et Marguerite Steinheil, dites-moi, cette divine Meg, qui fit connaître au président Félix Faure une ‘petite mort’ qu’elle transforma adroitement le 16 février 1899, en une mort authentique. La dame était née Japy, c’est-à-dire fille des machines à écrire. Leur père avait un siège à la société en commandite qui gérait financièrement l’Opéra.

Invitées chez Madeleine Lemaire, les femmes affirmaient leurs talents artistiques : Augusta Holmès et Cécile Chaminade pour la musique, Berthe Morisot, Rosa Bonheur, Louise Abbéma, Louise Breslau pour les arts plastiques, tout en exhibant ostensiblement des vies personnelles hors normes chez les bourgeois bien pensants.

Bien que volontairement en arrière-plan, les hommes n’étaient pas en reste. La culture, c’était comme le ‘poumon’ du malade imaginaire pour la bonne société, exhibé partout, bandes de tulle ouvragé joliment posées sur des eczémas financiers qu’il était malséant de gratter pour en connaître l’origine. Le positivisme de Comte rassurait. Il était une armure pour les chevaliers de cette fin de siècle. Le pourquoi semblait définitivement remplacé par le comment. Exemple chez madame Stern, l’épouse de la banque – écrivant sous le nom de Maria Star – qui mêlait allégrement ballerines, princes de l’Eglise et chefs d’Etat, ou chez Alphonse Daudet où Clémenceau, Barrès, Proust, Courteline échangeaient des idées ; ou encore auprès du philosophe Xavier Léon, jacobin, anti pangermanisme chez qui Henri Bergson, Paul Valéry, Albert Einstein, Darius Milhaud, Wladimir Jankélévitch, Eric Satie devisaient en buvant le thé cultivé dans les plantations de Thomas Lipton.

Pendant que dans ces salons des compositeurs, interprètes, auteurs : Stéphane Mallarmé, Edmond de Goncourt, Anatole France, Gabriel Fauré et Jules Massenet venaient roucouler des plaisanteries sucrées auprès de dames en quête de frissons artistiques et faire connaître leur musique, textes et poèmes, sans oublier de faire des ronds de jambe auprès d’hommes politiques influents, la rue grondait, quelque peu agitée par les menées anarchistes.

En 1892 éclatait le scandale du canal de Panama. Cent cinquante parlementaires étaient compromis. Quatre vingt mille actionnaires ruinés. Les anarchistes déjà fâchés avec le pouvoir se devaient d’entrer en action.

En juillet 1892, Ravachol, l’un d’eux, eut le malheur d’être guillotiné. Pour le venger, en décembre 1893, Vaillant jeta  une bombe à clous dans l’hémicycle de l’Assemblée : cinquante blessés. En février 1894, le jeteur de bombe guillotiné à son tour, le président Sadi-Carnot ayant refusé sa grâce, Caserio le poignardait à mort en juin 1794 et terminait ses jours comme ses amis politiques, le 16 août de la même année.

Ainsi, Massenet ?

Naissance 1842 près de Saint-Etienne. Un père Alsacien fabriquant de faux, une mère Lorraine professeur de musique. Famille protestante mais il se convertit pour épouser Ninon (Mademoiselle de Sainte-Marie) néanmoins, en matière de culte, comme en tout, ce qui est acquis se conserve mieux que ce qui est conquis. Premier grand prix de Rome en 1863, il fut, comme tout le monde, Garde National pendant le siège de Paris du 4 septembre 1870 au 29 janvier 1871. Jules Ferry était le maire, Jules Favre chargé de la Défense Nationale, Jules Trochu Gouverneur de Paris, Jules Grévy, Président du Conseil. Si l’on rajoutait Jules Simon, Ministre de l’Instruction Publique et même Jules Vallès qui écrivait avec son frère Edmond, Massenet considéra qu’il y avait trop de Jules dans la nature. Ses 25 partitions d’œuvres lyriques ne portèrent définitivement que son nom précédé de l’initiale de son prénom : J. Massenet.

Portrait MASSENET

Massenet chantre de la femme ? Massenet dispensateur d’eau sucrée ? Peut-être mais le sucre est parfois le moyen de faire avaler les plus amères potions. Cette obsession qu’il eut pendant toute sa carrière, imprégnée du désir exacerbé de donner aux femmes le droit d’avoir un corps et une capacité d’aimer, en dehors de toute norme sociétale religieuse ou coutumière, le décida à transmuter poétiquement leur ferveur religieuse en palpitations de la chair.

En 1881, Vaucorbeil, directeur de l’Opéra de Paris, prétextant une mauvaise ‘carcasse’ d’Hérodiade, poussa le compositeur à faire créer la pièce à la Monnaie de Bruxelles. La salle où avaient pris place des têtes couronnées et des musiciens venus de Paris et d’ailleurs, lui fit un triomphe. Mais le sujet, considéré en France comme carrément scabreux mobilisa l’Église lors de la création de l’ouvrage à Lyon en décembre 1885. Massenet fut menacé d’excommunication par le cardinal-archevêque Monseigneur Caverot. Comment était-ce possible qu’il y ait un duo d’amour entre Salomé, l’imaginaire lascive pécheresse, et Jean le Baptiste ? La politique locale s’empara de l’affaire et Massenet fut marqué au fer rouge du républicanisme, ce qui était probable, et pire encore, de franc-maçonnerie, ce qui était totalement faux.

Come siamo piccoli in confronto ad un maestro colossale di quella fatta li’ (Puccini 1882)

Parmi les critiques faites à Massenet, on insiste généralement sur sa collaboration systématique avec des auteurs de  moyenne étoffe. Les librettistes de Massenet, dont les principaux furent Paul Milliet, Ernest Blau, Jules Claretie, Louis Gallet, Armand Silvestre et Henri Cain – il y en eut une quarantaine – étaient des auteurs mineurs. Cet aspect des choses ne prend pas en compte l’engagement sociétal et risqué dont ils furent les artisans, particulièrement en ce qui concerna Jean Richepin et Catulle Mendès. Le travail d’adaptation qu’il fit faire à ses collaborateurs à partir de Boccace, Rabelais, Anatole France, Perrault, fut un travail difficile que probablement des écrivains vedettes n’auraient pas accepté, mais il est vrai, néanmoins, que sur les 258 mélodies qu’il composa, la mièvrerie de certains poèmes grince de fadeur glacée.

En fait, Massenet avait l’intime conviction que ses dons de compositeur de théâtre devaient servir à susciter et ressusciter la chaleur et l’harmonie naturelle des rapports hommes/femmes, ces dernières étant alors prisonnières de multiples entraves. Donc il prit comme devoir de traquer et d’extirper l’univers féminin, des prisons patriarcales et maritales culturellement admises mais aussi, sans vergogne et toujours avec le sourire, proposa une relecture des textes dits sacrés, authentifiés poisons relationnels pour les deux parties de l’humanité.

Son premier coup de génie reconnu fut son oratorio Marie-Magdeleine, créé à l’Odéon par Pauline Viardot. La pécheresse y aimait Jésus, non tout d’abord comme un Dieu, mais comme un homme et ce n’était qu’après sa mort qu’elle comprenait qui elle avait chéri. Le péché devenait donc une voix possible de salut car Dieu seul choisissait. La prédestination protestante n’était donc pas loin. Une abomination dont le public aurait dû se soucier, mais ce ne fut pas le cas, au contraire. Il accepta même d’être convaincu par ce roman d’amour d’un nouveau genre.

Puis Eve (1875). Le chœur de la nature balaie le  mysticisme chrétien et incite Eve à répondre aux appels de son corps. ‘Ensuite, tu seras reine de l’homme. Il  ne pourra plus t’imposer sa loi’.  Le chœur maudira en clamant Dies Irae. La colère de Dieu car l’Homme a perdu le statut qu’il lui avait donné.

Une étape plus loin, Massenet composa La Vierge (1880) pour l’Opéra de Paris et qualifia son œuvre de ‘légende sacrée’ car il fit se dérouler la passion et la mort de Jésus en dehors de la scène. Les chœurs raconteraient la passion et la croix. C’est pourtant devant le public que Marie meurt d’une trop humaine douleur.

Pendant toute son existence, ce fut quotidiennement entre quatre heures et onze heures du matin que Massenet écrivit les milliers de pages qui, jusqu’à moins d’une semaine de sa mort, composèrent la totalité de son œuvre.

Manon (1884). Une ravissante gamine, un peu nunuche menée à la prostitution, d’abord mondaine – elle devient Reine de Paris -  et finalement déchue, ruinée, arrêtée et déportée. Sa confiance en l’amour de des Grieux, son amant, lui rendant la pureté qui absout par l’amour retrouvé. Evidemment, il y avait eu l’atroce fin de Nana en 1880 mais si Massenet chercha cette histoire écrite plus de 150 ans auparavant, c’était parce qu’elle était d’actualité en cette fin de siècle. Les demi-mondaines envahissaient la bonne société où des ‘messieurs’ se les ‘échangeaient’. La prostitution était un moyen d’existence pour bon nombre de femmes : le cinquième quart de la paie des ouvrières qui se terminait soit par  la maladie, soit par la déportation. Manon fut une critique sociale délibérée.

Werther (1892)

Créé à Vienne (Autriche), là aussi le sujet est brûlant. Devant ce monde réel où le cocufiage est la raison d’être, au théâtre, Charlotte, l’héroïne essaie de rester impavide devant les sollicitations pressantes du héros. Bernard Shaw écrit : ‘Il y a deux moments d’action dans la pièce, le premier lorsque Werther essaie d’embrasser Charlotte, le second lorsqu’il se suicide de ne pas y être parvenu’ mais la réalité que le spectateur français perçoit est qu’il y a bel et bien un suicide en scène et Werther termine la pièce par : ‘Si la terre chrétienne est interdite au corps d’un malheureux, allez placer ma tombe près d’un chemin. En détournant les yeux, un prêtre passera mais, à la dérobée, quelque femme viendra visiter le banni’ puis Charlotte: ‘Tout est fini’ quand éclatent des voix  d’enfants chantant Noël. Malgré son suicide Werther est admis à la résurrection, donc au pardon. Dur à avaler dans la France catholique de 1892.

Thaïs ? Roman scandaleux d’Anatole France. Courtisane égyptienne convoitée par tous ceux qui l’approchent. Inquiète de ne pouvoir garder éternellement sa beauté, elle est menée à la conversion chrétienne par un religieux copte et finit par se laisser mourir pour atteindre son nouvel univers métaphysique, mais le prosélyte avoue un désir charnel jamais assouvi pour Thaïs. Il hurle avec violence sa frustration. Comment mieux démontrer que la pureté de sentiments religieux n’est que feinte ?

Comment ne pas citer encore le Jongleur de Notre-Dame, cet être simple qui ne sait rien faire d’autre que de jongler. Agressé sans cesse par les quolibets de tous les autres moines, y compris ceux du prieur, ne sachant plus qu’offrir à la Vierge sous la protection de qui le monastère est placé, il décide de danser et de jongler devant Elle pour lui offrir son épuisement. Devant les religieux accourus pour le moquer encore plus, il se contente de mourir. Offrir une part de soi pour sauver sa libre dignité d’être humain.

Impossible d’aller beaucoup plus loin dans l’étude du théâtre musical de Massenet, la place manque. Une chose est certaine et peut-être le lecteur, s’il a eu le courage de nous lire jusqu’ici, aura compris que Massenet a toujours été proche du désir d’authenticité et de la certitude que seul l’amour sous toutes ses formes était LA solution et que seul, le cœur des femmes en était la voie. Cendrillon, Cléopâtre, Ariane et sa sœur Phèdre, Eve, Marie, elles vivent toutes ; archétypales et aussi nécessaires à l’imaginaire que le pain l’est pour le corps. Ce sont elles qui animent Don Quichotte, Bacchus, Thésée, Antoine et aussi Panurge, tous personnages que Massenet a fait vivre dans ses œuvres lyriques et que l’on ressent comme frères.

‘Ses confrères lui pardonnèrent mal ce pouvoir de plaire’ Claude Debussy

Le courage de Massenet ? Dreyfus pas encore réhabilité, malgré un antisémitisme bien à la mode, le Maître demanda à Catulle Mendès un livret pour Ariane et malgré l’échec de la pièce, il réitéra un an plus tard pour qu’il écrive la suite : Bacchus. Catulle ne put terminer. Il mourut, jeté ou tombé d’un train sous le tunnel ferroviaire de Saint-Germain.

Quant à ses inspiratrices, Sibyl Sanderson et Lucy Arbell et Emma Calvé qui furent les plus notoires – quoique l’on ait pu en dire, il n’existe que des conjectures concernant la qualification de leurs relations – grâce leur soit rendue. Massenet, merveilleux connaisseur des voix humaines et de la phonétique chantée sut, inspiré par leurs conseils, écrire des airs si parfaitement adaptés aux tessitures vocales que les artistes du monde entier peuvent encore faire frémir et pleurer d’émotion les publics de toutes origines, permettant ainsi à la littérature musicale française de porter son message. Et puis le Maître mourut une nuit d’août 1912 à quatre heures. C’était l’heure où d’habitude, il se levait pour travailler.

 

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Kiri Te Kanawa et Carreras : hommage à Mario Lanza

janvier 19th, 2019 par Alain Fauquier


Par Marcel Azencot

Bien des manifestations annoncées dans notre précédent article sur les hommages du Cinquantenaire ont, depuis, eu lieu.

D’autres ont été portées à notre connaissance par mail ou par internet.

Ainsi avons nous appris par le site de Derek Mc Govern, biographe australien de Mario Lanza, qu’une série de deux émissions est passée en octobre dernier (date exacte du décès de Mario Lanza, – 7 octobre – sur BBC 2, avec aux commandes et comme maîtresse des cérémonies rien moins que Dame Kiri Te Kanawa, illustre soprano anoblie par la Reine Elisabeth, et parmi les invités venus rendre hommage, le grand ténor José Carreras, fidèle de coeur de Lanza.

La star américaine, Al Martino, autre enfant de Philadelphie, habitué des disques d’or et ami de Mario Lanza, a toujours été fidèle à son ami depuis que celui-ci renonça à une chanson, « Here in my Heart » pour la  lui laisser: Martino en fit un Disque d’Or, comme son « Spanish Eyes », et sa carrière, déjà lancée, n’allait plus cesser puisqu’il chantait encore magnifiquement et avec classe, à …80 ans passés. La production du Parrain le demanda pour jouer aux côtés de Marlon Brando le rôle de Johnny Fontaine.

Martino a été de toutes les grandes manifestations culturelles italiennes, qui drainent tous les ans des centaines de milliers de personnes aux Etats-Unis et à peine six jours, le 10 août 2008, avant la mort de Damon Lanza (le 16 août), ils posaient ensemble au Festival Italien de Milwaukee, au soleil, bronzés et souriants, Damon avec l’ami de son père et Al Martino, avec le fils de son ami, amitié jamais démentie au fil des années, présence chaleureuse d’Al Martino au Concours international de Chant Mario Lanza de Philadelphie, que ses organisateurs appellent modestement « The Mario Lanza Annual Ball » (c’est vrai qu’on y danse après le Concours de chant et le dîner de gala !).

Le 3 octobre 2009, Al Martino chantait en hommage à Mario Lanza et faisait office de Maître de Cérémonie au Snug Harbor Cultural Center de Staten Island, New York, théâtre que Jackie Kennedy fit inscrire comme monument historique fédéral. Les profits bénéficièrent à une organisation caritative italienne et à la Riverside Opera Company .

Au programme, les ténors italo-américains, Aaron Caruso, (qui donna son propre concert d’hommage à Carnegie Hall, le 2 octobre), Frank Tenaglia, Dominic Mantuano, la gracieuse soprano japonaise Yuriko Nonnaka et bien sûr, Al Martino.

Hélas, Al Martino devait mourir quelques jours plus tard !

Quel sort, presque comme Leonard Warren, tombé au Metropolitan dans la Force du Destin !

Autre hommage à Lanza, celui du ténor Mark Janicello, et ses concerts en Europe, le 4 octobre 2009 à Vienne, en Autriche, à l’English Theater, le 7 octobre à Salzburg, le 16 octobre à Vienne encore et le 19 octobre à Munich. La tournée était intitulée: « Be My Love », « A Tribute To Mario Lanza », « In Honor of the 50th Anniversary Of his Death »;

A Columbus (Ohio), l’Opera de Columbus organisa pour le 12 décembre 2009, une soirée de gala en hommage à Mario Lanza, avec les ténors Eduardo Villa, Randolph Locke et Gerard Powers (celui-ci a déjà donné un concert d’hommage le 31 janvier 2009 avec Eduardo Villa et Antonio Nagore, à l’Opera de Fresno, Tower Theater (Californie).

En Italie, entre autres manifestations, la Ville de Pistoia, et l’Association Culturelle et d’Opera Culturidea de Monsummano Terme, organisèrent un concert d’hommage le 20 juillet 2009 au Parc Martini, avec la participation des ténors Lando Bartolini, Carlo Bini, et Eduardo Villa.

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Emission Arte lirica du 3 février 2019

janvier 19th, 2019 par Alain Fauquier


Duos célèbres-portrait

Pourquoi ne pas consacrer une émission aux duos ?

L’opéra n’est pas seulement le lieu où l’on chante les grands airs solo du répertoire, mais le théâtre de la vie, où les protagonistes, hommes et femmes, se parlent, s’aiment, se détestent, et meurent, ensemble ou séparément…

Ouvrons notre émission par l’opéra de Gaetano Donizzetti, LUCIA DI LAMMERMOOR, un opéra de vrai Bel Canto, d’après le roman de Sir Walter Scott, sur un livret de Salvatore Cammarano.

C’est évidemment une histoire d’amour contrarié puisque Lucia di Lammermoor aime le seul homme qu’elle ne devrait pas aimer, Edgard de Ravenswood dont la famille est ennemie de celle des Lammermoor et que son frère veut la marier à un autre pour faire un mariage politiquement et financièrement intéressant. Cela finira mal parce que le frère de Lucia intriguera pour tromper les amoureux et faire croire à chacun que l’autre l’a trahi. Lucia va épouser le candidat de son frère, elle en perdra la raison et tuera son mari le soir de ses noces avant de mourir elle-même de douleur.

Son amoureux, Edgar, qui se croit trahi, va apprendre qu’elle est morte et il se tue à son tour. Trois morts… Tragédie écossaise…

Le duo que l’on écoute est celui où Edgar (Edgardo) se passe avant le départ d’Edgardo pour la France, rencontre des deux amoureux.

Edgardo jure, devant la tombe de ses aïeux, de venger ceux-ci, eux aussi trahis.

C’est le fameux « Sulla tomba che rinserra il tradito genitore » « Sur la tombe qui renferme le père trahi », mais, il ajoute : « Mais je t’ai vue et un autre sentiment a emporté la colère » : « Ma ti vidi e l’ira t’acque ».

Quant à Lucia, elle tente de calmer la fureur d’Edgardo : « Cedi a me » : « Cède-moi ».

« Sulla tomba… » Edgardo est interprété par Ferrucccio Tagliavini et Lucia est incarnée par Maria Callas, un morceau d’anthologie.

Nous passons à Giacomo Puccini et à son opéra TURANDOT, créé à la Scala de Milan en 1926, sous la direction de Toscanini, opéra qui dès les deux premières années va faire le tour du monde, dans toutes les grandes maisons d’opéra avec les gloires vocales et musicales de l’époque.

Le thème est inspiré d’une fable : une princesse chinoise, Turandot, aussi belle que cruelle, soumet ses prétendants à trois énigmes.

Les résoudre c’est avoir sa main et ultérieurement le trône, échouer c’est mourir et tous les prétendants échouent face aux trois énigmes et sont exécutés comme le malheureux prince de Perse qui, au début de l’opéra marche vers son supplice, la décapitation à l’apparition de la lune. Après s’être réjouie de cette exécution, la foule demande grâce pour le condamné mais la princesse Turandot paraît à son balcon et refuse cette grâce.

Tous sont ulcérés et surtout Calaf, Prince de Tartarie, qui est présent avec son père Timour, roi déchu et aveugle qui cache son identité pour ne pas être tué. Est aussi présente Liu, une servante qui sert assiste le roi déchu et partage son sort, parce qu’un jour, dira le roi déchu à son fils, je lui ai souri ! Calaf aussi cachera son identité.

Mais quand il voit Turandot à son balcon, il est conquis par sa beauté en même temps qu’il l’exècre pour sa cruauté ; Il décide de la conquérir et de se soumettre aux trois énigmes au risque, presque certain, d’échouer et de mourir comme les autres.

Son père, Liu et d’autres personnages de l’ancienne cour de son père, tentent de le dissuader d’aller vers une mort certaine, mais en vain. ET c’est le thème des deux airs que nous allons entendre et qui se suivent dans l’opéra :

Dans le premier, Liu, qui aime le prince Calaf, tente de le dissuader : « Signore, ascolta » « « Seigneur, écoute ». Et comme elle échoue à le convaincre d’abandonner, elle pleure et lui la console par le second magnifique, non moins magnifique que le premier : « « Non piangere, Liu », « Ne pleure pas Liu ».

Les deux voix sont uniques, Liu est Renata Tebaldi et Calaf Jussi Bljoerling. (Turandot était l’immense Birgit Nilsson mais nous ne l’entendons pas ici.)

C’est un duo de PAGLIACCI que nous allons entendre maintenant.

Les personnages sont Nedda, c’est à dire Colombine, la femme de Canio (Pagliaccio). Elle est surprise par Tonio, un personnage contrefait, bossu, qui fait partie de la même troupe de comédiens ambulants et qui lui fait une émouvante déclaration d’amour et… elle se moque de lui, il lui demande se taire, elle continue, et il finit par la menacer : « Tu me le paieras ». Il la dénoncera à son mari qui la tuera de même que son amoureux, Sylvio, autre comédien du cirque.

C’est cette scène et ce duo que nous écoutons, Nedda et Tonio, l’amoureux malheureux éconduit et ridiculisé, rôles interprétés par Maria Callas et Tito Gobbi.

Revenons à Verdi avec LA TRAVIATA et un duo américain avec la superbe Anna Moffo et le grand ténor Richard Tucker, du Metropolitan Opera de New York, chantant « Parigi O cara ». Ils sont accompagnés par l’Orchestre de l’Opéra de Rome, Direction Fernando Previtali.

Nos allons maintenant entendre, extrait d’OTELLO de Verdi le célèbre et inquiétant « Duo du mouchoir » (« Il fazoletto »), où Otello, trompé par son subordonné Iago (le « méchant ») a fini par croire que sa femme Desdémone, le trompe avec un de ses officiers, Cassio, dont Iago est jaloux.

Iago fait la naître une noire jalousie dans le cœur de Otello, qui va peu à peu conduire Otello à tuer Desdémone puis à se tuer lui-même quand il comprendra, trop tard, que Iago l’a trompé.

Mais nous n’en sommes qu’au début de la jalousie, quand Otello réclame à sa femme le mouchoir magique (« il fazoletto ») qu’il lui a offert. Il dit qu’il a mal à la tête et il veut qu’elle lui serre le front avec ce mouchoir et ce seul mouchoir, qu’elle n’a pas sur elle. Et pour cause, Iago le lui a fait voler par sa femme, qu’il a forcée à voler, sa femme qui est dame de compagnie de Desdémone. Iago veut faire croire à Otello que Desdémone a donné ce mouchoir à Cassio comme gage d’amour, alors qu’il n’en est rien. Desdémone plaide la cause de Cassio auprès de Otello parce que c’est un grand capitaine et qu’il est loyal à Otello et cahque fois qu’elle parle de Cassio, Otello voit rouge et s’enflamme. Peu à peu, il devient littéralement fou et traite sa femme de « courtisane » alors qu’elle jure qu’elle est pure, et Otello, qui ne la croit pas et qui réclame comme un fou « il fazoletto » Il fazoletto » !, finit par lui crier : « Giura ! Giura e ti danna ! « Jure ! Jure et tu seras damnée ».

Il fallait rien moins que Mario Lanza et Licia Albanese pour interpréter ce duo très difficile où Mario Lanza montre et vocalement et comme acteur quel Otello extraordinaire il aurait été, ou qu’il était déjà : l’enregistrement avec la grande dame du Métropolitan Opéra avait été fait pour le film « Sérénade », de Warner Bros. La voix de Lanza est sublime et déjà très sombre pour son âge, lui permettant d’interpréter un tel rôle, que ceux qui le peuvent n’abordent qu’à la maturité de l’âge et de l’art.

Caruso, par exemple, disait qu’il fallait être fou pour s’attaquer à Otello, rôle vocalement exigeant et qui épuise les voix).

MACBETH, c’est l’histoire de la conquête du pouvoir par l’assassinat, ou plutôt les assassinats successifs.

Des sorcières ont prophétisé à Macbeth qu’il serait roi d’Ecosse, mais que la descendance de son ami Banquo lui succèderait à lui, Macbeth.Alors, poussé par sa femme, Lady Macbeth, encore plus ambitieuse que lui, il tuera le roi Duncan, et mais fera aussi assassiner Banquo. Il deviendra Roi, mais les descendants de Banquo organiseront la résistance et Macbeth mourra, de même que sa femme, devenue folle.

Dans le duo que nous écoutons, Lady Macbeth encourage son mari à tuer. Elle lui reproche de la fuir, elle lui dit que ce qui est fait est fait et qu’il faut continuer à tuer pour garder le pouvoir.

Après ses encouragements à son mari, celui-ci s’écrie : « Banquo, l’eternita t’apre il suo regno » (« Banquo, l’éternité t’ouvre son royaume »). On écoute le duo Macbeth et Lady Macbeth : “Perche me sfuggi” (“Pourquoi est-ce que tu me fuis ?”)

Les interprètes sont prestigieux : Leonard Warren (Macbeth) et Leonie Rysanek (Lady Macbeth) et la troupe du Metropolitan Opera de New York , avec Jerome Hines dans le rôle de Banquo. A la direction d’orchestre, Erich Leinsdorf

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Emission Arte lirica du 9 décembre 2018

novembre 15th, 2018 par Alain Fauquier


Affichr Montserrat portrait

C’est avec un immense plaisir que nous rendons hommage aujourd’hui à la grande diva espagnole Montserrat Caballé, décédée à Barcelone, sa ville natale, le 6 octobre 2018.

Surnommée « La Superba », après que Maria Callas eut été surnom-mée « La Divina » et Joan Sutherland « La Stupenda », Montserrat Caballé fut sans nul doute la voix féminine espagnole la plus belle et la plus importante du XXème siècle, avec Victoria de Los Angeles, Pilar Lorengar et Teresa Berganza, les sopranos de ce que l’on a appelé la Génération Lyrique Espagnole, avec pour les hommes, Alfredo Kraus, José Carreras (que Montserrat Caballe, allait soutenir à ses débuts),  Placido Domingo et Giacomo Arragall.

Sa voix, d’une rare beauté, au parfum enivrant et à la couleur capiteuse et dense, était d’une pureté et d’une homogénéité parfaites. Alliée à une technique du souffle exceptionnelle, elle a donné lieu à l’une des plus brillantes carrières lyriques du monde.

Exemple unique de polyvalence lyrique, Montserrat Caballé a interprété plus de quatre-vingts rôles, de l’opéra baroque à Verdi, Puccini, Wagner, Strauss… au répertoire belcantiste, c’est à dire Donizetti et Bellini.

Extrait de l’opéra Gianni Schicchi de Puccini, on écoute Montserrat Caballé chanter  le très populaire « O Mio Babbino Caro » (O Mon Cher Père)

Maria Montserrat Viviana de Caballé  i Folch, c’était son nom complet, est née le 12 avril 1933 en Catalogne dans une famille modeste.

Après avoir étudié le piano au conservatoire du Liceu de Barcelone,  elle entreprend avec le soutien d’une famille d’industriels mécènes, des études de chant sous la direction de la soprano hongroise Eugenia Kemeny.

Etudes qu’elle poursuivra avec la cantatrice Conchita Badia considérée comme l’une des plus grandes interprètes de la chanson catalane, espagnole et latino-am&ricaine du XXème siècle, et le chef d’orchestre italien Napoleone Annovazzi qui relança l’opéra italien en Espagne et fut le directeur musical du Liceu de Barcelone de 1942 à 1953.

On écoute Montserrat Caballé qui chante en duo avec Marilyn Horne la « Barcarolle » des Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach.

En 1956, Montserrat Caballé fait ses débuts à l’Opéra de Bâle dans le rôle de Mimi, dans La Bohème de Puccini.

En 1959, elle est engagée par l’Opéra de Brême où elle chante un très large répertoire de soprano lyrico-dramatique, de Mozart
à Dvořák en passant par Verdi et Puccini, sans toutefois  parvenir à trouver sa véritable personnalité vocale.

Sa renommée s’accroît avec des prestations remarquées à l’Opéra de Vienne où elle chante Salomé de Richard Strauss en 1958 ; ou encore à la Scala de Milan où elle interprète Parsifal de Richard Wagner en 1960.

En 1962, elle retourne à Barcelone et fait ses débuts au Gran Teatre del  Liceu dans le rôle-titre d’Arabella de Strauss, un théâtre auquel elle demeurera fidèle tout au long de sa carrière.

Extrait du 2ème acte de Tosca de Puccini, on écoute Montserrat Caballé chanter le célèbre « Vissi d’arte, vissi d’amore » (J’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour)

En 1964, elle épouse le ténor d’opéra aragonais Bernabé Martí avec qui elle aura deux enfants : un garçon également prénommé Bernabé, en 1966, et une fille, Montserrat Martínez plus connue sous le nom de Montserrat Marti ou « Montsita », née en 1972, qui deviendra également cantatrice et partagera avec elle la scène à de nombreuses reprises.

On écoute un court  duo entre la mère (77 ans) et la fille (38 ans) qui interprètent, lors d’un concert télévisé en 2010, un Noël allemand : « Leise rieselt der Schnee »  (Doucement tombe la neige).

Le premier succès international de Montserrat Caballé a lieu en 1965 quand elle remplace Marilyn Horne, enceinte, pour une Lucrezia Borgia en version de concert au Carnegie Hall de New York, où elle fait sensation.

A l’issue de cette représentation, le New-York Times titrera : « Caballé, c’est Callas et Tebaldi réunies ».

La même année, elle fait ses débuts au Festival de Glyndebourne et au Metropolitan Opera de New York dans le rôle de Marguerite du Faust de Gounod. C’est à l’issue de cette représentation qu’elle sera surnommée : « La Superba »

En 1967, Montserrat Caballé enregistre sa première Traviata sous la direction de Georges Prêtre aux côtés de Carlo Bergonzi et Sherill Milnes.

En 1972, elle fait ses débuts à la Scala, dans Norma de Bellini, rôle qu’elle enregistre la même année avec le jeune Plácido Domingo et Fiorenza Cossotto.

Extrait du deuxième acte de Madame Butterfly de Puccini, on écoute Montserrat Caballé chanter : « Un bel di vedremo » (Un beau jour nous verrons)

La même année, en 1972, Montserrat Caballé fait aussi ses débuts au Royal Opera House de Londres dans le rôle de Violetta dans La Traviata de Verdi.

C’est à partir de cette époque qu’elle explore systématiquement le répertoire du bel canto romantique : Rossini, DonizettiBellini et les œuvres de jeunesse de Verdi, participant à la résurrection de ce genre aux côtés des Joan SutherlandBeverly Sills et Leyla Gencer.

En 1973, elle reçoit la Médaille d’or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sports.

Caballé devient aussi une récitaliste renommée, essentiellement de chansons de son Espagne natale.

Elle se produit à de nombreuses reprises sur scène et en récital avec Marilyn Horne, notamment dans Semiramide de Rossini au festival d’Aix-en-Provence en 1980.

Cette collaboration se double de plus d’une amitié et d’une grande admiration réciproque.

Après le milieu des années 80, la cinquantaine dépassée, de santé fragile, Montserrat est contrainte de réduire ses apparitions et de s’éloigner de la Scala.

Elle n’en poursuit pas moins sa carrière, auprès d’un public élargi. C’est ainsi qu’on l’entend en concert, dans Les Danaïdes d’Antonio Salieri à l’Opéra de Montpellier en 1986.

Sa célébrité est telle qu’elle lui permet de franchir la sacro-sainte frontière du monde de l’opéra et de la pop sans apparemment offusquer outre mesure les puristes du monde de l’opéra.

Son duo avec le célébrissime chanteur de rock Freddie Mercury en 1987 est encore dans toutes les oreilles et toutes les mémoires.

La chanson interprétée a pour titre : « Barcelona ». C’est un succès qui donnera lieu à un album du même nom.

Montserrat-Caballé interprètera également ce morceau avec Freddie Mercury en live au Ku Klub d’Ibiza le 29 mai 1987 ainsi qu’à Barcelone le 8 octobre 1988.

Cette célébrissime chanson deviendra en 1992 l’hymne des Jeux olympiques de Barcelone et figurera au palmarès des ventes en Europe.

Montserrat Caballé la chantera une nouvelle fois, accompagnée par un enregistrement du défunt Freddie Mercury, lors de la finale de 1999 de la Champions League au stade du Camp Nou à Barcelone.

En 1995, elle a participé à l’album de Vangelis « El Greco », dédié au célèbre peintre de Tolède.

En 1997, elle avait  publié l’album « Friends for life » qui comprend de nombreux duos avec diverses personnalités de la musique pop notamment : Bruce Dickinson (chanteur du groupe de Heavy MetalIron Maiden), VangelisJohnny Hallyday

Avec Johnny Hallyday elle enregistre une chanson intitulée : « Chanson pour ceux qui sont loin de chez eux »

On écoute ce surprenant et émouvant duo.

Le 3 janvier 2012, Montserrat Caballé fête ses 50 ans de carrière au Gran Teatre del Liceu , où le dernier rôle qu’elle interprète est celui de Catherine d’Aragon dans Henry VIII de Camille Saint-Saëns.

Le 20 octobre 2012, Montserrat Caballé, âgée de 79 ans, est hospitalisée à l’hôpital Sant Pau de Barcelone après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral pendant un séjour en Russie.

Elle meurt le 6 octobre 2018 dans ce même hôpital à l’âge de 85 ans.

Ambassadrice de l’UNESCO, Montserrat Caballé  a créé à Barcelone une fondation pour les enfants nécessiteux.

Elle demeurera une des plus grandes Norma du XXème siècle.

On écoute, pour terminer ce court hommage à Montserrat Caballé, le sublime et très émouvant « Casta Diva » ; cette prière à la Chaste Déesse qui constitue le point d’orgue de l’opéra de Bellini..

 

 

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Concert lyrique en hommage à Mario Lanza

octobre 2nd, 2018 par Alain Fauquier


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Concert lyrique en hommage à Mario Lanza
Château d’Ursel – Hingene – Belgique

Samedi 13 octobre 2018 à 15 h

Avec : Aurélie Moreels, soprano
Rodrigo Trosino, tenor
Paul Claus, bariton
Artiste invitée: Jasmine Daoud, soprano
Pierre Feraux, piano

PROGRAMME

Première partie

Una furtiva lagrima (L’Elisir D’Amore – Gaetano Donizetti)
Rodrigo Trosino, ténor

Ah, non giunge (La Sonnambula Vincenzo Bellini)
Aurélie Moreels, soprano

 Because (Edward Teschemacher – Guy d’Hardelot)

 Paul Claus – baritone

 Parigi o cara (La Traviata – Giuseppe Verdi)
duo Aurélie Moreels, soprano & Rodrigo Trosino, ténor

 Una voce poco fa (Il Barbieri di Siviglia – Gioachino Rossini)
Aurélie Moreels, soprano

Deh, vieni alla finestra (Don Giovanni – Wolfgang A. Mozart)
Paul Claus, bariton

Core’n grato (Salvatore Cardillo)
Rodrigo Trosino, ténor

 The Lords Prayer  (Albert Hay Malotte)
Paul Claus, baritone

O Sole Mio (Eduardo di Capua)
Rodrigo Trosino, ténor

Deuxième partie

 Roses of Picardy (Hadn Wood)
Paul Claus, baritone

Nessun Dorma (Turandot – Giacomo Puccini)
Rodrigo Trosino, ténor

 Caro nome (Rigoletto – Giuseppe Verdi)
Aurélie Moreels, soprano

Pour un baiser (Francesco Paolo Tosti)
Paul Claus, baritone

 Granada (Agustin Lara)
Rodrigo Trosino, ténor

Danny Boy (Londonderry Air – Frederic Weatherly)
Paul Claus, bariton

 Musica proibita (Stanislas Gastaldon)
duo Jasmine Daoud, soprano & Rodrigo Trosino, tenor

 Non ti scordar di me (Ernest de Curtis)
duo Jasmine Daoud, soprano & Rodrigo Trosino, ténor

Finale: Tutti: Libiamo ni lieti (La Traviata – Giuseppe Verdi)

Ce concert lyrique est organisé par l’Association Belge des Amis de Mario Lanza
qui fête à cette occasion son vingtième anniversaire

L’Opéra Club Mario Lanza souhaite à ses amis belges un vif succès

 

 

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Emission Arte lirica du 14 octobre 2018

octobre 1st, 2018 par Alain Fauquier


Basses et barytons-portrait

 Dans l’opéra, le grand public connait surtout les ténors et les sopranos, c’est-à-dire les chanteurs et chanteuses qui émettent les sons les plus aigus. Il ignore en général le nom des barytons et des basses, qui sont, si l’on ose dire, les mal-aimés ou les méconnus de l’opéra.

Les médias, et en particulier la radio de la télévision, ne donnent la parole ou la visibilité qu’aux ténors et aux sopranos.

Permettez-nous cependant de dire qu’à l’opéra Club Mario Lanza, nous ne méconnaissons pas ces voix basses, profondes et humaines, et nous avons, d’ailleurs, consacré des programmes complets au grand baryton italien Tito Gobbi, à la non moins célèbre basse italienne Ezio Pinza au célèbre baryton russe récemment disparu, Dmitri Hvorostovski, comme, côté cantatrices, à la grande mezzo-soprano italienne Giulietta Simionato et nous avons fait, entendre de grands barytons comme Robert Merrill, Léonard Warren, George London, Lawrence Tibbett, Dietrich Fischer-Dieskau et tant d’autres encore.

Cette fois, nous consacrons une émission entière aux « Basses et barytons ».

Malheureusement, nous ne pourrons, faute de temps, écouter toutes ces voix. De plus la qualité de certains très anciens enregistrements « historiques » pose problème à l’audition.

Évoquons cependant ces gloires passées et aussi contemporaines : Victor Maurel, baryton favori de Verdi, Giuseppe de Luca, Tita Ruffo, Ricardo Stracciari, Fedor Chaliapine, et, plus de de notre temps, Boris Christoff, Nicolas Ghiaurov, Jerôme Hines, Nicola Moscona, Piero Capuccili, et encore plus près de nous, Thomas Quastoff, Ruggero Raimondi, Sherill Milnes, Simon Keenlyside, Gabriel Bacquier, etc…, noms qui nous viennent spontanément à l’esprit, et tant d’autres encore qu’on voudra bien nous excuser de n’avoir pas cités !

Tous ces immenses chanteurs méritent notre respect et notre admiration et nous espérons les retrouver dans un futur récital pour leur rendre justice à tous…

Autre difficulté, qui réduit le nombre des voix entendues, nous avons consacré le récital aux barytons et aux basses, alors que chaque catégorie aurait mérité un programme propre, étant entendu que nous avons des « barytons « clairs » et des barytons basses ! Ceci a également limité le nombre d’artistes. La difficulté a donc été de choisir entre tant de voix magnifiques, d’autant que, pour simplifier le tout, il y a des …barytons-basses, c’est à dire des voix mixtes !

En effet, ces catégories ne sont pas toujours aussi nettes que l’on pourrait le penser et les limites vocales des registres individuels sont parfois relativement floues, au point que certains chanteurs ont commencé leur carrière comme barytons, pour se rendre compte qu’ils étaient en fait des ténors : ainsi de Placido Domingo ou de Carlo Bergonzi, parmi bien d’autres.

Il y a aussi des différences dans la catégorie des basses, qui connait les basses proprement dites et les basses « profondes » comme Martti Talvela ou Cesare Siepi, ou Ezio Pinza.

Enfin, au plan du répertoire, dans le répertoire de l’opéra les voix de baryton et de basse sont celles à qui l’on confie les rôles de rois (Don carlos, de Verdi, « Ella giammai m’amo »), de personnes respectables, des pères, comme dans la Traviata, (Germont père), de grands prêtres, comme Sarastro dans La Flûte Enchantée, ou de personnalités inquiétantes comme Le Grand Inquisiteur, encore dans l’opéra Don Carlos, de Verdi, soit encore des rôles de traîtres ou de « méchants » ou d’âmes damnées, comme Iago dans l’opéra Otello, de Verdi, ou de Scarpia, dans La Tosca, de Puccini, ou même du Diable, Mephistophéles, dans le Faust de Gounod ou dans la Damnation de Faust, de Berlioz, ou le Mefistofele d’Arrigo Boito.

Autant de voix de violoncelles ou de contrebasses…

Et maintenant, prima la musica, comme dit le maestro Riccardo Muti, qui a ainsi titré son autobiographie !

Commençons par le grand baryton italien Renato Bruson, chanter une « aria antiqua », air du 18ème siècle, un classique des grands récitals : barytons, ténors (par exemple Mario Lanza, Luciano Pavarotti, José Carréras) et sopranos, comme Cécilia Bartoli, et tant d’autres, qui le mettent à leur répertoire).

Cet aria, c’est le fameux « Gia Il sole dal Gange », d’Alessandro Scarlatti

Nous passons maintenant au grand baryton-basse Tom Krause, né en Finlande en 1934 et décédé en 2013. C’était un merveilleux chanteur et un grand professeur, adoré de ses élèves de master classes, une personnalité exceptionnelle et charismatique.

Il chante un air de la Bohème, non celle de Puccini, mais l’autre, celle moins connue, de Ruggero Leoncavallo, l’auteur compositeur de Pagliacci. Cet air, c’est le magnifique et héroique « Scuoti Ô vento »

Un autre grand finlandais, le russophone Martti Talvela, magnifique et bouleversante basse profonde, décédé à 54 ans en 1989. Grand dans tous les sens : 2,03 m et 130 kilos !

Répertoire germanique (Wagner), russe (Boris Godounov, Eugene Onéguine) et même, bien que moins souvent, l’opéra italien, quand des basses profondes sont demandées (Don Carlos, et même Rigoletto) et… Mozart (la Flûte Enchantée, Don Juan, où il chantait un Commandeur impressionnant, comme tout ce qu’il faisait.)

Enfin, spécialiste des lieder allemands et des mélodies russes. Ici nous l’écoutons dans le célèbrissime « Ô Osis und Osiris » du Grand Prêtre Sarastro, de la Flûte Enchantée », de Mozart : grandeur et majesté !

Revenons maintenant à Faust, celui de Gounod, auquel nous avons consacré une émission entière, à Capuccino, pour écouter le fameux air « Avant de quitter ces lieux », déjà entendu par Lawrence Tibbett.

Valentin, le frère de Marguerite, va partir en guerre et il prie Dieu de protéger sa sœur qui lui a remis une « sainte médaille » pour le protéger au combat. A son tour Valentin « « Avant de quitter ces lieux, sol natal de mes aieux » confie sa sœur « A toi Seigneur et Roi des Cieux » et le prie, de façon émouvante, de « toujours, toujours la protéger ».

Cet air fameux, c’est l’Américain Thomas Hampson, un autre colosse et star mondiale de l’opéra, qui le chante.

Passons maintenant à un autre colosse, mais moins dramatique, souriant et éclatant de vitalité : il s’agit du jeune gallois Bryn Terfel, physique de rugbyman, voix magnifique et intelligence du chant. C’est une star mondiale de l’opéra.

Il chante tout, Mozart, Haendel, Wagner, Schubert, Mendelssohn, Berlioz, Schumann, Malher, Verdi, Berlioz et les grandes mélodies américaines et des Gospels comme Deep River, sans compter les mélodies du pays de Galles, en gallois bien évidemment !

Ici, nous l’écoutons chanter, extrait des Noces de Figaro, de Mozart, le fameux « Non piu andraÏ… »

Nous passons maintenant à plus grave, Mephistophelès, le Diable, qui chante « Ecco il mondo !». Cet opéra, Mefistofele, est de Arrigo Boito. Et pour le Diable, il fallait au moins la voix unique de basse profonde de Cesare Siepi, une des plus grandes basses du 20ème siècle, qui chante ici au Festival de Salzbourg, où il était régulièrement acclamé.

C’est une autre voix exceptionnelle de basse profonde, italienne aussi, qui va nous occuper maintenant, celle du grand artiste Ezio Pinza, lui aussi star mondiale de l’opéra. Antifasciste convaincu (contrairement à Gigli et Lauri-Volpi), il quitte l’Italie pour l’Amérique avec Arturo Toscanini, l’Amérique où il fera une carrière magnifique tant à l’opéra qu’à Broadway dans les grandes comédies musicales, et où il exercera ses talents de séducteurs de dames.

Ici, il sera plus sérieux, dans l’air de la Bohème, « Vecchia zimarra… »

Retour à Mozart avec le célèbre baryton français Gérard Souzay, élégance et magnifique phrasé, une voix de baryton moins basse (il était à la limite du ténor).

Gérard Souzay a fait une grande carrière internationale pour ses Mozart (Don Juan), Debussy (un Pelléas et Mélisande fameux dans le rôle de Golleau) et les grands compositeurs français, Bizet, Gounod, Massenet, Ambroise Thomas. Mais sa prédilection était l’opéra baroque des 17 ème et 18 eme siècles avec Lulli, Rameau, Haendel, Monteverdi, Glück…

Ses récitals étaient célèbres dans le monde entier, par la beauté de la voix et la délicatesse de l’interprétation ; un Dietrich Fischer-Dieskau à la française…

Pour notre émission, il chante un court et populaire extrait du Don Juan de Mozart, « Fin Ch’han del vino », où Don Juan se réjouit d’avance de la nuit avantageuse qu’il va passer avec une ou plusieurs nouvelles victimes.

Nous présentons ensuite le grand baryton belge José van Dam, une des grandes et belles voix de notre temps, surnommé « le Maître du Chant » (depuis un film du même nom, où il joue le rôle d’un professeur de chant). José van Dam chante le très beau « Scintille diamant », extrait du 3ème acte des Contes d’Hoffmann, de Jacques Offenbach

Ce diamant a été remis par un sorcier, incarnation du Mal, à Giulietta, 3ème amour du poète Hoffmann (après Olympia, la poupée qui se cassera, et Antonia, malade et qui meurt d’avoir chanté). Ce diamant persuadera Giulietta, 3ème amour, de prendre l’âme de Hoffmann dans un miroir magique. Et Giulietta, conquise par le diamant accepte de trahir Hoffmann. Quand celui-ci se regarde dans le miroir, il découvre qu’il n’a plus de reflet ! Il a perdu son âme…

José van Dam chante avec noblesse et distinction et une parfaite diction, « Scintille diamant », « miroir où se prend l’alouette » « attire la !», un classique du répertoire des barytons. La finale est superbe de douceur.

Ensuite, une fois n’est pas coutume, nous vous proposons le même air, « Scintille Diamant », chanté par Léonard Warren, grand baryton du Métropolitan Opéra de New York, mort sur scène à 48 ans en 1960 lors d’une représentation de – ça ne s’invente pas ! – …La Force du Destin, de Verdi !

Voix reconnaissable entre mille, puissante et torturée, une grande voix humaine !

Enfin, pour terminer ce petit récital de onze titres, nous nous sommes de nouveau tournés vers Cesare Siepi, qui interprète l’air de la Calomnie, du Barbier de Séville, de Rossini : « La calunnia è un venticello ».

 

 

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Emission Arte lirica du 18 mars 2018

mars 5th, 2018 par Alain Fauquier


Affiche FAUST

Après La Traviata, Carmen et Lucia di Lammermoor, nous avons le plaisir de présenter aujourd’hui aux auditeurs de Cappuccino une autre œuvre lyrique magnifique, jonchée de mélodies éblouissantes, le FAUST de Charles Gounod

Cet opéra, c’est celui de la lutte du Bien contre Le Mal, le Bien étant l’innocence de Marguerite, héroine, avec son frère Valentin, et le Mal, représenté par le Diable en personne, Méphitophèlès, Méphidto, comme l’on dit. Mais Faust c’est aussi l’opéra qui décrit le pouvoir destructif de l’amour, puisque c’est la vision de Marguerite qui va pousser le vieux Docteur Faust à vendre son âme au Diable en échange de la jeunesse, pour aimer et séduire Marguerite. Ceci qui faisait dire au grand écrivain anglais Charles Dickens, l’auteur de David Copperfield, à propos du pouvoir de destruction de l’amour dans Faust : « Cela résonnait à mon oreille comme l’écho lugubre de choses qui étaient dans mon cœur ».

Bigre !

Véritable « coffre à bijoux », comme ont pu le déclarer certains critiques, Faust est riche en grands airs très populaires, en morceaux de bravoure devenus aujourd’hui des « tubes » comme l’air des bijoux, le veau d’or, le chœur des soldats…, et en danses enivrantes comme la célébrissime valse de l’acte 2 que l’on on écoute sans plus attendre :

Faust, avec Carmen de Bizet que nous avons présenté en juin 2017, fait partie des œuvres lyriques françaises les plus célèbres et les plus jouées au monde depuis près d’un siècle et demi.

Composé sur le fameux mythe romantique de Faust d’après Goethe, le Faust de Gounod est écrit sur un livret de Michel Barbier et Jules Carré d’après la pièce Faust et Marguerite de Jules Carré.

Le Faust de Gounod ne doit pas être confondu avec un autre « Monument » de l’art lyrique français, tout aussi célèbre et éblouissant : « La Damnation de Faust » d’Hector Berlioz dont, (entre parenthèses divertissantes, tout le monde a vu et entendu un extrait de la Marche Hongroise dirigé par Louis de Funès dans le film de Gérard Oury : La Grande Vadrouille  (1966). C’est la preuve que l’opéra peut se nicher jusqu’au sein de la comédie populaire…

Mais revenons à Faust.

Froidement accueilli par le public et les critiques lors de sa création le 19 mars 1859 au Théâtre-Lyrique, l’opéra de Gounod, révisé par l’auteur, obtient 10 ans plus tard, lors de sa reprise à l’Opéra de Paris, un succès triomphal qui ne s’est jamais démenti.

Cet opéra n’a jamais cessé d’être applaudi sur les scènes du monde entier. La 500ème représentation de Faust eut lieu en 1886 et la 2000ème en 1934.

Faust fut donné le 22 octobre 1883 lors de la soirée inaugurale du Metropolitan Opera de New York.

Parmi les interprètes célèbres du rôle de Marguerite on peut citer : Miolan-Carvalho (créatrice du rôle en 1859), Adelina Patti, Nellie Melba, Emma Calvé, Bidu Sayao, Géraldine Farrar, Victoria de Los Angeles…

Pour le rôle de Méphisto : Chaliapine, Vanni-Marcoux, Lawrence Tibbett, Ezio Pinza, Boris Christoff, George London (l’ami de Mario Lanza, depuis les tournées de concerts de leur jeunesse), Nicolai Ghiaurov, José Van Dam…

Pour le rôle de Faust : Jean De Reszke, Enrico Caruso, Jussi Bjorling, Nicolai Gedda

Beaucoup plus récemment, en octobre et novembre 2011, Roberto Alagna et Jonas Kaufmann ont eux aussi « vendu leur âme au Diable » lors de magnifiques représentations à l’Opéra Bastille et au Met de New York.

L’histoire de Faust se déroule en Allemagne à la fin du XVIème siècle. Le docteur Faust est un vieux savant, las de vivre et désespéré de n’avoir pas réussi à trouver la vérité et le sens de la vie. Il signe de son sang, sur un parchemin, un pacte avec le Diable Méphistophélès qui lui offre la jeunesse en échange de sa damnation dans l’au-delà.

Redevenu un ardent jeune homme avide d’aventures, Faust s’éprend de Marguerite qu’il séduit et abandonne, avant qu’elle ne perde la raison, allant jusqu’à tuer l’enfant que Faust lui a donné.

On écoute l’un des chœurs les plus célèbres de l’Histoire de l’Opéra : « Gloire immortelle de nos aïeux ». Un air qui est régulièrement chanté par le Chœur des Gardes du Kremlin lors des gigantesques défilés militaires sur la Place Rouge en présences de centaines de soldats et de milliers de spectateurs, comme on peut le voir et l’entendre sur YouTube.

Ici le Chœur et l’orchestre du Théâtre National de l’Opéra sont placés sous la direction d’André Cluytens. Un enregistrement réalisé en 1958

Au premier acte, Méphisto, le Diable, en cavalier tout de rouge vêtu, apparait brusquement comme sorti du sol. Tour à tour, suave, ironique et démonique il offre à Faust la richesse et la puissance. Mais, Faust n’en veut pas. Ce qu’il veut c’est la jeunesse.

Pour le convaincre de ses pouvoirs, sur un geste, Méphisto fait apparaitre Marguerite, une belle jeune fille blonde assise à son rouet. Face à une telle merveille Faust signe le pacte proposé par Méphisto, boit l’élixir et se transforme aussitôt en jeune homme.

Il s’en suit un impétueux duo entre Méphisto et Faust qui explose littéralement de bonheur « A moi les plaisirs, les jeunes maitresses ! A moi leurs caresses, à moi leurs désirs !».

Nous écoutons ce duo par la grande basse bulgare Boris Christoff et Nicolai Gedda.

Du début du deuxième acte on écoute un autre célébrissime chœur: « Vin ou bière ».

Toujours du deuxième acte on écoute le grand air de Méphisto, le fameux : « Veau d’or », chanté par Boris Christoff. Un air dans lequel Méphisto fait un commentaire cynique sur le culte que les hommes vouent à Mammon (divinité illusoire). Il lit dans les mains de ceux qui l’entourent et prédit à Siebel, un jeune villageois épris de Marguerite, que toutes les fleurs qu’il touchera faneront.

Au début du troisième acte, Faust entre avec Méphisto dans le jardin de Marguerite. Méphisto se retire et Faust s’adresse à la demeure de la jeune fille dans une délicieuse et célébrissime romance appelée « La cavatine de Faust » : « Quel trouble inconnu me pénètre… Salut ! Demeure chaste et pure ! ».

Cette cavatine est interprétée par Roberto Alagna.

Un enregistrement réalisé à l’Opéra Bastille le 16 octobre 2011.

Méphisto revient avec un superbe bouquet et un coffret de bijoux qu’il dépose dans la maison de Marguerite et s’en va. Marguerite arrive, s’assoit à son rouet, pense à Faust, ce beau jeune homme qu’elle a rencontré à la kermesse et entame la populaire « Ballade du roi de Thulé ».

Puis, elle aperçoit d’abord les fleurs qu’elle admire, puis le coffret qu’elle ouvre avec hésitation. Elle s’empare des bijoux contenus dans le coffret, contemple son image dans le miroir qui se trouve aussi dans le coffret et se lance dans le brillant et célébrissime « Air des bijoux ».

Cette scène a été immortalisée par le génial Hergé dans deux albums de Tintin : « L’Affaire Tournesol » et « Les Bijoux de la Castafiore ». On y voit Bianca Castafiore, célèbre diva italienne de renommée internationale, surnommée « Le Rossignol milanais », chanter de façon caricaturale à gorge déployée l’air des bijoux : « Ah ! Je ris de me voir si belle en ce miroir ! ». Elle apparaît toujours affublée de sa femme de chambre, Irma, et de son pianiste Wagner, ce qui la rend encore plus ridicule.

On dit qu’Hergé, qui détestait l’opéra, se serait inspiré du personnage de Maria Callas.

On écoute le grand air de Marguerite par Angela Gheorghiu.

Un enregistrement réalisé sur la scène du Royal Opera house.de Londres

Le début du quatrième acte se déroule dans la chambre de Marguerite où Faust l’a séduite et abandonnée. Mais elle l’aime toujours et espère qu’il lui reviendra. L’épisode est suivi de la scène de la cathédrale où Marguerite est entrée pour prier. Méphisto et un chœur de démons invisibles lui rappellent sa faute. Méphisto déclare que le gouffre s’ouvre sous les pieds des filles perdues. Terrifiée, Marguerite s’enfuit.

L’acte IV se termine par la mort de Valentin, le frère de Marguerite, mortellement blessé par Faust lors d’un combat à l’épée (les coups ayant été guidés par Méphisto).

Ce dernier acte est aussi riche que les précédents : on y entend deux magnifiques duos avec chœurs ; l’un entre Faust et Méphisto ; l’autre entre Faust et Marguerite. Il y a aussi un magnifique ballet qui comprend de nombreuses danses intitulées : les Nubiennes, Danse antique, Variation de Cléopâtre, Les Troyennes, Danse de Phryné, Variation du miroir.

Après un intermezzo dans lequel Faust demande à Méphisto de le conduire auprès de Marguerite. Ils la trouvent en prison, condamnée à mort pour avoir tué son enfant.

C’est un duo passionné entre Faust et Marguerite. Il la supplie de partir avec lui. Mais elle a perdu la raison. Elle voit Méphisto et devine qu’il est le Diable. Dans un magnifique trio, Marguerite appelle avec extase les anges qui doivent la sauver : « Anges purs, anges radieux ! » Les voix s’élèvent de plus en plus, celle de Marguerite culmine : elle meurt.

« Perdue ! » s’écrie Méphisto. « Sauvée ! » chantent les voix célestes.

On écoute ce magnifique trio final entre Victoria de Los Angeles, Nicolai Gedda et Boris Christoff.

 

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Emission Arte lirica du 21 Janvier 2018

janvier 17th, 2018 par Alain Fauquier


Dmitry Hvorstovsky

Dmitri Aleksandrovitch Hvorostovski est un baryton russe, né le 16 octobre 1962 à Krasnoïarsk en Sibérie.


Il est mort à Londres le 22 novembre 2017 d’une tumeur au cerveau, qui l’avait contraint à suspendre sa carrière malgré un ou deux retours à la scène par le biais du récital, entre 2015 et 2017, jusqu’à une ultime réapparition dans sa ville de Krasnoiarsk le 2 juin 2017.

Ecoutons en hommage à ce grand baryton plein de charme et de charisme viril, mort à 55 ans, un air chanté dans sa langue, le russe, extrait de l’acte III de l’opéra Eugène Onéguine, de Tchaikovski, opéra inspiré du roman en vers du grand écrivain et poète Alexandre Pouchkine (cet opéra a été donné en 2017 à l’Opéra Bastille avec Anna Netrebko).

Le héros, Eugène Onéguine, retrouve Tatiana à l’acte III, cette humble jeune fille qui lui avait écrit qu’elle l’aimait et qu’il avait repoussée à l’époque, faisant mine de flirter avec sa sœur Olga, pourtant fiancée de son ami Lenski ; querelle des deux amis, duel et Onéguine tue son ami Lenski en duel et en sera désespéré.

A l’acte III, il retrouve Tatiana, qui a épousé le Prince Grémine et qui est devenue une très belle femme. Il en tombe amoureux et lui déclare son amour. Tatiana lui dit qu’elle n’a pas cessé de l’aimer mais qu’elle reste fidèle à son époux et elle laisse Eugène Onéguine à son désespoir.

Ce rôle, il l’avait joué à ses débuts à Venise, en 1991, au Théâtre de la Fenice et au Théâtre du Chatelet à Paris en 1992.

Dans cet air, Onéguine réalise qu’il tombe amoureux et s’interroge :

« Se peut-il que ce soit là la jeune et humble Tatiana ? » « Hélas, il n’y a pas de doute, je suis amoureux ! » Et il finit en criant « Partout où je regarde, je ne vois qu’elle ! »

On écoute « Uzhel’ ta samaja Tat’jana… »

Dmitri Hvorostovski est accompagné par le Rotterdam Philharmonic Orchestra, dirigé par le grand chef russe Valery Gergiev (qui est, entre autres, le Directeur artistique du Théatre Mariinski, de son ancien nom le fameux Kirov, à Saint Petersbourg)

Il étudie la musique dans sa ville, depuis l’école de musique pour enfants, où il fera du piano, jusqu’à l’Ecole Supérieure des Arts de Krasnoiark en 1982. Quatre ans plus tard, il obtenait son diplôme et entrait comme soliste à l’Opéra de Krasnoiarsk.

Débutée en Russie dès la fin des années 1980, sa carrière prend un essor international, lorsqu’il remporte le Premier Prix d’un concours national en Union soviétique, avant de remporter en 1988 le Premier Prix du Concours International de Chant de Toulouse en 1989, lorsqu’il remporte le concours BBC Singer of the World Competition, à Cardiff où il interprète en finale Eri tu d’Un ballo in maschera de Giuseppe Verdi.

La même année, il fait ses débuts en Occident, dans le rôle du prince Eletski de La Dame de pique de Tchaïkovski, aux côtés de Martha Mödl (la Comtesse) et de Youri Maroussine (Hermann) à l’Opéra de Nice.

Depuis, Dmitri Kvorostovski s’est illustré sur la plupart des grandes scènes du monde (Metropolitan Opera de New York, Covent Garden de Londres, Wiener Staatsoper, Opéra Bastille, Festival de Salzbourg…, La Scala de Milan, la Fenice de Venise), et avec de prestigieux partenaires (les chanteurs Samuel Ramey, Luciano Pavarotti, Renée Fleming, Roberto Alagna, René Pape, Olga Guryakova, Yvonne Naef, Ramón Vargas, Jonas Kaufmann et Anna Netrebko (La Traviata au Royal Opera House de Londres, le Covent Garden, deux galas à Moscou) ; les chefs James Levine, Nikolaus Harnoncourt, Valeri Guerguiev, James Conlon…).

Écoutons Dmitri Hvorostovski dans un de ses grands rôles, Don Carlo, de Verdi, qu’il avait interprété à la Scala en 1992, où il chante et joue le rôle de Rodrigo, ami de Don Carlo ou Don Carlos, fils de Philippe II d’Espagne et petit-fils du Grand Empereur Charles Quint. Philippe II est jaloux de son fils Don Carlos, dont il va épouser la promise, Elisabeth de Valois. Encouragé par le Grand Inquisiteur, il pense que son fils Don Carlos intrigue contre lui et décide de le supprimer, cependant que Don Carlos veut se battre en Flandre, possession de l’Espagne et de l’Empire.

Rodrigo, ami de Don Carlos, sera tué et c’est sa mort, que nous entendons maintenant, air célèbre, où Rodrigo fait ses adieux à son ami « Carlo Mio », lui dit « Sauve la Flandre » ! et expire en disant : « Ah ! Di me… non ti scordar ! » (Ah ! ne m’oublie pas ! ». Don Carlos, lui, n’est sauvé que grâce au spectre de son grand-père, le Grand Charles Quint, qui sort du tombeau pour le conduire en lieu sûr !

Il faut voir Dmitri Hvorostovski sur internet, chanter et jouer cet air  avec Jonas Kauffman, qui joue Don Carlos (qu’il a interprété à Paris en octobre 2017 : Hvorostovski est réellement émouvant, il attrape Kaufmann par le bras et littéralement meurt dans ses bras… et ceci en récital … même pas dans l’Opéra !

Extrait du même CD, le grand aria de l’acte IV de Don Carlos  « Son io, mio Carlo…O Carlo, ascolta”

Le répertoire de Hvorostovski s’étend de l’Opéra russe, qui lui était naturel, à Mozart (le Comte des Noces de Figaro, Don Giovanni) à Giuseppe Verdi (rôle-titre de Simon Boccanegra, le comte de Luna dans Il Trovatore, Renato dans Un Bal masqué, Rodrigo dans Don Carlos, Giorgio Germont dans La Traviata…) et inclut de nombreuses figures de l’opéra russe (le rôle-titre d’Eugène Onéguine et le prince Eletski dans La Dame de pique de Tchaïkovski).

Le chanteur figure sur la liste The Gramophone Hall of Fame publiée par le mensuel londonien Gramophone8.

On l’écoute maintenant dans, extrait de la Traviata, de Verdi, le fameux air « Di Provenza il mar », le grand air du père du héros, (Alfredo Germont), qui presse son fils de s’éloigner de Giulietta, la Traviata, et lui demande qui a « effacé de son coeur la mer et le soleil de sa Provence » natale. C’est seulement là qu’il retrouvera la paix, après avoir quitté la maison familiale, ce qui avait plongé le père et sa maison dans le chagrin et la tristesse. Maintenant il presse son fils de retrouver l’honneur, la raison et sa maison et dit « Dieu m’a guidé » (Dio mi guida) puis, à la fin, Dieu m’a exaucé, « Dio m’esaudi »

Au début de l’été 2015, Khvorostovski annonce l’annulation de tous les concerts programmés après avoir appris qu’il souffre d’une tumeur au cerveau.

Il est soigné à Moscou (Institut de neurochirurgie Bourdenko), à Londres (The Royal Marsden NHS Foundation Trust) et à l’hôpital de Rochester, NY. Son traitement par radiothérapie n’est pas encore terminé quand il remonte sur scène pour donner un récital à l’ambassade de Russie à Londres.

On entendra maintenant Dmitri Hvorostovski chanter un air très connu du Trouvère (Il Trovatore), de Verdi : Tutto è deserto. Il Balen del suo sorriso (CD Philips, Digital Classics, Rotterdam Philharmonic Orchestra, dirigé par Valery Gergiev.

Bien que malade, Dmitri Hvorostovski retrouve son public pour la première fois après l’interruption, le 25 septembre 2015, au Metropolitan Opera.

Son activité artistique reprend. Il se produit notamment aux côtés de la mezzo-soprano lettone Elīna Garanča au Palais d’État du Kremlin le 29 octobre 2015 ainsi qu’ au Carnegie Hall à New York pour un récital incluant la musique de Glinka, Rimsky-Korsakov et Richard Strauss en février 2016.

On l’écoute de nouveau dans l’opéra italien, Verdi encore, et les grands rôles, ici Macbeth, Acte IV où Macbeth, qui a pris la couronne dans le sang, poussé par sa femme l’ambitieuse Lady Macbeth, vitupère contre ceux qui veulent l’écarter et le tuer : « Perfides ! Qui vous unissez contre moi »« Perfidi !All’anglo contra me v’unite ! … Pieta, rispetto, amore»

En automne 2016, Khvorostovski annule sa participation à la représentation de Simon Boccanegra prévue le 30 septembre sur la scène de l’opéra de Vienne pour suivre une chimiothérapie. Après ce traitement, il apparaît sur la scène du Vieil opéra de Francfort le 16 octobre 2016, donne un récital au Théâtre du Châtelet le 12 novembre 2016, mais ne sera pas présent dans Don Carlos au Théâtre Bolchoï le 7 et le 10 décembre 2016.

Sur son site, l’artiste dit rencontrer des difficultés à trouver son équilibre à cause de la maladie et renoncer pour cette raison aux représentations pour une durée indéterminée.

Revenons aux œuvres en langue russe pour l’écouter chanter un extrait d’une composition de Tchaikovski, IOLANTHE, où, comme dans Eugène Onéguine, le héros chante les leouanges de sa bien aimée :

Kto Mozhet

« Qui peut se comparer à ma Mathilda, lumineuse des lumières qui  brillent dans ses yeux sombres ; Comme des étoiles dans des cieux d’automne » et le héros finit sur ces mots : « Elle brûle comme le vin ! »

Dmitri Hvorostovski livre une prestation remarquable le 27 mai 2017 à Saint-Pétersbourg, à l’occasion de la célébration du 314e anniversaire de la ville.

Le 2 juin 2017, il apparaitra encore dans sa ville natale, Krasnoïarsk, où il interprète l’air du Démon de l’opéra Le Démon d’Anton Rubinstein et la cavatine d’Aleko de l’opéra Aleko de Sergueï Rachmaninov, accompagné par l’orchestre symphonique de Krasnoïarsk.

Il est fait, à l’issue même du concert, au rang de citoyen d’honneur de la ville de Krasnoïarsk. Il était temps, car il rendait l’âme le 22 novembre 2017, à Londres où il était soigné pour ses derniers jours.

Une tragédie…

Selon ses dernières volontés, son corps a été incinéré et ses cendres placées dans deux urnes. La première a été inhumée le 28 novembre 2017 à Moscou, au cimetière de Novodevitchi, cimetière prestigieux de Moscou, véritable Panthéon, où sont enterrés, pour ne parler que des artistes, la légendaire basse russe Fedor Chaliapine, le grand compositeur Dmitri Chostakovitch, le poète Maiakovski, l’illustre ballerine Maximova, l’immense violoniste David Oistrakh, Serge Prokofiev, Alexandre Scriabine, le grand Rostropovitch, Anton Tchekov etc…

Dmitri Hvorostovski méritait que ses cendres reposent là…

Mais comme il était attaché à sa ville natale, et toujours selon ses volontés, la seconde urne est inhumée à Krasnoïarsk.

Nous terminerons, ici à Capuccino, par une interprétation émouvante, un hommage de Hvorostovski à l’Italie : il s’agit d’un poème de Pétrarque, illustre esprit et poète italien du Quatorzième Siècle, un de ses célébrissimes « Sonnets », une œuvre rare sur le plan musical.

La musique est de Frantz Liszt.

Ce sonnet 123 s’intitule « I vidi in terra angelici costumi… »

CD ONDINE – DMITRI HVOROSTOVSKI (SHOSTAKOVICH – LISZT)

 

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Emission Arte lirica du 26 novembre 2017

novembre 21st, 2017 par Alain Fauquier


 

Affiche Rigoletto portrait

 En 1851, au moment de la création de Rigoletto, Verdi a 37 ans. C’est son 17e opéra et le premier volet de ce que l’on a pris l’habitude d’appeler sa « trilogie romantique », avec le Trouvère et la Traviata, tous deux créés 2 ans plus tard, en 1853. Neuf ans se sont écoulés depuis Nabucco, son premier triomphe à la Scala.

Neuf années de triomphes entrecoupés de quelques défaites, neuf années surtout enfermé chez lui à composer de 4 heures du matin à 4 heures du soir avec seulement un café dans le ventre, car il est LE compositeur indispensable à tout théâtre qui veut remplir sa salle et réussir sa saison.

Ses opéras patriotiques lui ont apporté la célébrité, il a aussi exploité le genre épique, le genre fantastique, mais essentiellement le grandiose. Il ressent à présent le besoin de resserrer son inspiration sur des œuvres qui mettent en jeu des individus plutôt que des masses.

Pendant longtemps on s’est plu, et tout particulièrement en France, à considérer Verdi comme un habile faiseur d’opéras, flattant les goûts d’un public amateur de belles voix. Mais en fait, Verdi est avant tout un grand dramaturge, on peut même dire que c’est le Shakespeare italien. Et qu’est-ce que l’opéra sinon du théâtre chanté ?

Verdi a la passion du théâtre et il va construire, par delà chaque opéra, une œuvre qui forme un tout, un monde original et cohérent destiné à se réaliser pleinement sur la scène. Un jour, a quelqu’un qui le qualifiait de grand musicien Verdi a répondu : « laissez tomber le grand musicien, je suis un homme de théâtre ».

En 1845 il va même claquer la porte de la Scala parce qu’il trouve que le rendu de ses œuvres n’est pas à la hauteur (Atilla, Alzira et Macbeth furent inaugurés dans d’autres villes italiennes et I Masnadieri fut créé à Londres): le premier opéra d’Italie va être boycotté pendant 25 ans par le premier compositeur italien.

Pour lui « c’est la plus grande intrigue et peut-être le plus grand drame des temps modernes et le bouffon Triboulet une création digne de Shakespeare ».

Verdi mentionne cette pièce pour la première fois dans une liste de sujets possibles pour ses prochains opéras que l’on datait jusqu’à récemment de 1844, l’année du triomphe d’Ernani (d’après Victor Hugo) à La Fenice, mais que l’on date plutôt aujourd’hui de 1849. Il avait pensé à ce drame pour le Théâtre San Carlo de Naples à qui il devait un opéra mais les négociations furent rompues pour cause de restrictions budgétaires et de changements de direction. Il signa alors un contrat avec La Fenice pour une nouvelle œuvre pour la saison de carnaval 1850-1851. Il restait à décider du sujet : pour Verdi, c’était clair, cela ne pouvait être que Le Roi s’amuse de Victor Hugo.

Il pensait d’ailleurs  avoir trouvé là son meilleur sujet, comme il l’écrivit à Piave :  » Je tiens un (…) sujet qui, si la police l’acceptait serait une des plus grandes créations du théâtre moderne. Le sujet est noble, immense et comporte un personnage qui est l’une des plus magnifiques créations dont le théâtre de tous les pays et de tous les temps puisse s’enorgueillir. Il s’agit du « roi s’amuse » et ce personnage c’est Triboulet ! « .

Rigoletto c’est l’opéra de la maturité artistique. Verdi ne va d’ailleurs pas hésiter à bousculer toutes les règles de l’opéra traditionnel pour mettre, non seulement les voix, mais aussi l’orchestre au grand complet au service du texte et de l’efficacité théâtrale.

Sa longue expérience de compositeur l’a conforté dans sa conception personnelle de l’opéra et c’est avec Rigoletto qu’il va, pour la première fois de sa vie, oser appliquer toutes ses idées.

C’est son premier opéra vraiment romantique, celui où la musique se plie à l’expression des sentiments et atteint à une intensité dramatique nouvelle. C’est le premier jalon du « style Verdi » avec un vrai développement musical qui suit le cheminement de l’action, la forme des airs est fonction des nécessités de l’expression dramatique et d’ailleurs si on y regarde de près, Rigoletto est construit comme une chaîne de duos, il n’y a presque pas d’arias et de finales. Avec Rigoletto, fini l’opéra comme suite de morceaux juxtaposés, « fermés », construits sur un modèle unique.

Par conséquent, c’est toute une génération nouvelle de chanteurs qui va devoir se former aux exigences de cette nouvelle musique, de la même manière qu’à la même époque en Allemagne, on doit « inventer » des chanteurs pour Wagner.

On crie, on délire de joie, on pleure de douleur sur scène. Verdi voulait des chanteurs qui aient « le diable au corps »: fini le souci de la bella voce, la voix devient un instrument de théâtre, ce qui demande une technique vocale nouvelle, alliée à un grand tempérament dramatique : on exige entre autre une grande vaillance du ténor dans l’aigu. Pour la première fois aussi on va donner un vrai rôle dramatique à la voix grave de femme, et puis le fameux baryton-Verdi, qui était en germination dès les premiers opéras, trouve son achèvement avec Rigoletto.

Verdi n’hésitait pas à tourmenter les artistes pendant des heures avec le même morceau  et il ne passait pas à une autre scène avant que l’interprétation ne soit le plus proche possible de son idéal.

Les critiques l’accuseront d’ailleurs de démolir l’ordonnancement du bel opéra romantique italien et de corrompre le bel canto.

Le titre initial de l’opéra est La Maledizione, mais il y a une malédiction bien concrète qui va s’abattre sur lui, c’est celle de sa vieille ennemie la censure.

A cause de la censure la création de Rigoletto va être une véritable aventure et une période de grande angoisse pour le compositeur. D’ailleurs le pauvre Verdi va souffrir tout au long de cette période d’épouvantables maux d’estomac qui le cloueront parfois au lit et lui feront même craindre de tomber malade pour de bon. Et il y a de quoi ! Il va travailler comme un fou pendant neuf mois, à partir de mai 1850, avant de recevoir l’accord officiel des autorités, sans savoir jusqu’au tout dernier moment s’il aura ou non à modifier son texte.

A cette époque Le nord de l’Italie est sous domination autrichienne : depuis la répression de la révolution de 1848-1849, Venise dépend à nouveau de la monarchie des Habsbourg. Il doit donc affronter la censure autrichienne et obtenir l’aval du Directeur Général de l’Ordre Public, Carlo Martello. Ce n’est pas Verdi mais Piave, son librettiste, qui se charge de faire accepter le livret. Verdi, enthousiaste, n’a de cesse de le presser: « prends tes jambes à ton cou et parcours toute la ville pour trouver une personne influente qui puisse faire accepter le livret ». Il est enthousiaste mais aussi inquiet car certaines scènes ont déjà fait scandale en 1832 lors de la création de la pièce de Victor Hugo à Paris mais aussi en Allemagne.

Ce qui gêne officiellement la censure c’est tout d’abord la cruauté et la violence de l’histoire et son caractère libertin, immoral. On s’offusque en outre de voir confier un grand rôle tragique à un bouffon bossu, et puis le sac contenant le corps de Gilda dérange aussi beaucoup les autorités.  En réalité, le problème vient du fait que Le roi s’amuse est une pièce profondément antimonarchique mettant en scène des personnages qui ont tous réellement existé et dont le héros est un roi célèbre (François 1er) qui use de son autorité pour commettre toutes sortes de débauches et de libertinages. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque l’Italie est occupée par une monarchie absolue, celle des Habsbourg ; des insurrections ont déjà été écrasées en 1848 et 1849, un vent patriotique souffle à travers toute l’Italie du Risorgimento. Ce simple bouffon osant s’attaquer à un roi pouvait représenter tout un symbole.

En mai 1850 Verdi se met quand même tout de suite au travail avec passion, mais en novembre, sept  mois plus tard, il n’a toujours pas d’autorisation officielle alors que Piave et Brenna, le secrétaire de la Fenice, l’avaient toujours assuré qu’ils parviendraient à la lui obtenir.

Le couperet tombe en décembre : c’est un refus ! Verdi est fou de rage, il a déjà mis en musique une bonne partie du drame et il n’a pas matériellement le temps de travailler sur un autre sujet. C’est la panique à la Fenice :Piave, Marzani et l’impresario négocient avec les autorités et collaborent à un nouveau livret édulcoré devenu  Il Duca di Vendoma qu’ils envoient le 11 décembre à Verdi : Rigoletto n’est plus laid ni bossu, le fameux sac est supprimé, le roi n’est plus un libertin, ce n’est même plus un roi mais juste un gentilhomme un peu instable, bref, tous les traits originaux, les moments forts, les punti di scena sont supprimés et enlèvent toute substance à l’œuvre qui d’ailleurs n’est même plus crédible du tout. Cette fois c’est Verdi qui refuse de mettre le livret en musique : nous sommes à deux semaines et demi de l’ouverture de la Fenice et le cartellone, l’affiche officielle du programme de la saison, va bientôt être imprimé.

Nouvelles démarches, nouvelles négociations et nouveau compromis : il n’y a plus de roi, on modifie le lieu de l’action et les noms des personnages mais au final, chacune des situations du drame de Victor Hugo sont gardées intactes, ce qui démontre bien que le vrai problème était politique et que ce n’est pas le thème du libertinage et de l’enlèvement d’une jeune fille à des fins libertines qui dérangeait réellement les autorités. Ce qui en dit long aussi sur l’autorité et le prestige du Maestro Verdi qui, à cette époque, était devenu indispensable à tout théâtre qui voulait remplir sa salle et réussir sa saison.

Le 20 janvier 1851 il en a presque fini du second acte et 4 jours plus tard, il reçoit enfin l’autorisation officielle, sans modification du texte. Après c’est une course contre la montre pour terminer et une des périodes les plus éprouvantes de sa vie.  Des troubles gastriques vont même le clouer 3 jours au lit. L’opéra est finalement achevé le 5 février 1851 et crée à la Fenice le 11 mars 1851.

L’intrigue :

L’action se situe à Mantoue, au 16e siècle. Lors d’un bal au palais Ducal, Rigoletto se moque du Conte Ceprano dont la femme est courtisée par le duc. Il se moque aussi de Monterone, dont la fille a été séduite par le duc et qui fait irruption pendant le bal. Monterone va alors maudire le duc et Rigoletto. Par un subterfuge, c’est au tour de la propre fille du bouffon d’être livrée au duc pour subir le même sort que la fille de Monterone. Il engage un tueur et sa sœur pour se venger mais la malédiction s’accomplit au moment où Gilda, qui est amoureuse du duc, se laisse assassiner à sa place.

Présentation des personnages :

Rigoletto

C’est un bouffon : Verdi avait une sympathie particulière pour les marginaux, les personnages exclus par les conventions sociales et donc, par définition, les êtres isolés et malheureux. Ceci est également valable pour les deux autres héros de la Trilogie, Manrico (Il Trovatore) et Violetta (La Traviata), mais aussi pour Philippe d’Espagne dans Don Carlos ou encore Don Alvaro dans la Forza del Destino). Toute sa vie il sera hanté par le souvenir des premières expériences de l’injustice et de la cruauté.

C’est un personnage contradictoire et complexe. Physiquement, il est bossu, difforme et apparemment méchant : il manie le sarcasme avec cruauté et il est le complice de son maître. Mais paradoxalement, c’est aussi un père affectueux et attentionné qui élève sa fille en secret pour la protéger des horreurs perpétrées par son maître et c’est à travers de cette paternité qu’apparaît le meilleur de lui-même. L’amour du géniteur pour son enfant est d’ailleurs l’un des ressorts essentiels du théâtre verdien. C’est justement ce contraste entre la laideur physique de cet être qui vit dans l’humiliation de sa condition de bouffon (il n’a que sa langue pour  arme) et sa réelle noblesse de cœur que Verdi trouvait sublime.

Gilda

Elle vit recluse par la volonté de son père et dont elle est la raison de vivre. C’est pourtant lui qui provoquera bien involontairement sa perte : à force d’humilier les courtisans, ceux-ci vont se venger sur celle qu’ils prennent pour sa maîtresse. Elle sera aperçue à l’église par le duc qui n’aura alors de cesse de la séduire. C’est une jeune fille pure, fragile et spontanée de 16 ans qui s’apparente aux héroïnes romantiques au caractère idéalisé, même si au fur et à mesure de l’opéra, l’innocence initiale de son amour va peu à peu se muer en héroïsme. Les sopranes de Verdi, d’ailleurs, à l’exception de deux d’entre elles, sont toutes angéliques : elles resplendissent au milieu d’un sinistre univers masculin. Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans Rigoletto tous les chœurs sont des chœurs d’hommes.

Le Duc de Mantoue

C’est un séducteur impénitent, proche du personnage de Don Juan. « Toutes les péripéties naissent d’un personnage léger, libertin », écrivait Verdi en 1853, et ce personnage c’est le duc de Mantoue qui règne en monarque absolu et séduit les femmes en éliminant les époux ou les pères de manière plus ou moins légales. C’est un rôle brillant pour le ténor qui n’a pour ainsi dire que des « tubes » à chanter et peu d’ensembles : il est le moteur de l’histoire. Contrairement à son modèle original il est parfois traversé par de brefs éclairs de passion véritable, mais ceux-ci, il faut bien l’avouer, eurent surtout pour but d’amadouer la censure.

Le Comte de Monterone et la malédiction

S’il n’apparaît que deux fois dans l’œuvre, ses interventions sont brèves mais fortes et prophétiques. La Maledizione est d’ailleurs le premier titre italien de l’opéra. Le titre définitif apparaît pour la première fois dans une lettre à Piave datée du 14/01/1851. Il est emprunté à une parodie de la pièce originale intitulée Rigoletti ou le dernier des fous. Pour Verdi le titre français était parfait mais Rigoletto avait le mérite de ménager la censure en détournant l’attention sur le bouffon plutôt que sur le duc.

Verdi suivait avec attention l’attribution des rôles et pour celui de Monterone il ne voulait pas d’un choriste:il avait insisté auprès de la Fenice pour obtenir un bon chanteur, une vraie basse, avec une voix puissante parce que cette malédiction  est le ressort essentiel de l’œuvre et surtout sa moralité vis-à-vis des autorités : « un père malheureux qui pleure sur l’honneur qu’on vient de ravir à sa fille, qui se fait moquer par le bouffon du roi, qui maudit le bouffon et la malédiction qui frappe ce bouffon ». C’est d’ailleurs ce châtiment moral qui sera mis en avant par Verdi pour amadouer les censeurs parce que la pièce de Victor Hugo est extrêmement subversive.

Le succès de la première

Ce sera un succès total dès la première représentation, même si des versions « expurgées » ont circulé après la première pour être représentées dans les états les plus réactionnaires de la péninsule.

Comme prévu, c’est toute l’Italie qui entonne aussitôt « La donna è mobile » et Rigoletto fait un triomphe sur toutes les scènes d’Europe.

Le public parisien, lui, dût attendre 1882 pour applaudir la pièce de Victor Hugo au théâtre : elle avait été interdite pendant un demi-siècle.

Insertions musicales :

Questa o quella : Richard Leech

E il sol dell anima : Alfredo Kraus et Anna Moffo

Cortigiani, vil razza dannata : Leonard Warren

Ella mi fu rapita… Parmi veder le lagrime : Mario Lanza

Pari siamo, io la lingua : Robert Merrill

La Donna è mobile : Luciano Pavarotti

Bella Figlia dell’amore : Giuseppe Di Stefano

Lassu in cielo : Maria Callas & Tito Gobbi

 

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Emission Arte lirica du 15 octobre 2017

octobre 14th, 2017 par Alain Fauquier


Affi Di Lammermoor

Cet opéra est un opéra nocturne, dans les landes d’Ecosse, fin du 17 ème siècle, dans lequel la haine empoisonne les familles et l’amour subit les mauvais présages.

Lucia » est une des merveilles du Bel Canto, qui figure d’ailleurs toujours régulièrement à l’affiche plus grandes maisons d’opéra à travers le monde. Ce succès est dû à la densité dramaturgique et à l’expressivité de la musique, qui en font la quintessence de l’opéra dramatique, l’archétype de l’opéra romantique italien, dans lequel le destin tragique de l’héroïne est indissociable de la virtuosité vocale.

D’ailleurs cet opéra, qui a été créé pour le San Carlo de Naples, est généralement considéré, avec Don Pasquale, comme le chef d’oeuvre de Donizetti.

Alors, l’Ecosse, avec ses clans rivaux et ses châteaux hantés, c’est un sujet à la mode au début du 19e siècle, dû au succès des romans de Walter Scott (Ivanhoë etc…) : comme ses récits sont dramatiques, efficaces et leur atmosphère fascinante, ils ne tardent pas à séduire les compositeurs.

Un des premiers à ouvrir le bal sera Rossini, toujours sensible à la nouveauté, avec sa Donna del Lago, la Dame du Lac, en 1819. Il est suivi par ses jeunes rivaux, Bellini et Donizetti.

Et c’est justement un roman de Walter Scott, La Fiancée de Lammermoor, qui va donner naissance à Lucia di Lammermoor.

 Le texte est inspiré d’une histoire authentique, celle de Janet Dalrymple qui assassina son mari pendant sa nuit de noces et le paya de la perte de sa raison.

Cette histoire offre un sujet emblématique du romantisme noir et fantastique où l’héroïne sombre dans la folie meurtrière, avant que celui qu’elle aime ne se donne la mort en apprenant qu’elle s’est donné la mort après avoir tué, la nuit de ses noces, le mari qui lui a été imposé !

Le roman va être très habilement adapté par Salvatore Cammarano, qui va fournir à Donizetti un livret de qualité (en vers…), clé du succès avec la jeune prima donna de 22 ans, Fanny Persiani. C’est pour elle que Donizetti a écrit le rôle de Lucia. Pourtant, elle va interrompre les répétitions… le temps de se faire payer ses cachets en retard…

Elle y parviendra !

Lucia fait un triomphe à Naples au moment de sa création, en septembre 1835. A cette époque, cela fait déjà 4 ans que Donizetti espère s’imposer à Paris qui au 19e siècle, pour un musicien, est le phare du monde : y être reçu et applaudi c’est la consécration suprême. Or jusque là, même si plusieurs de ses opéras y ont été représentés avec succès, il n’a connu qu’un seul vrai succès à Paris, c’est Anna Bolena, en 1831.

Et c’est justement le triomphe de Lucia qui va lui apporter la consécration tant attendue et faire de lui le compositeur en vue.

C’est un succès incroyable.

Lors de la première, le 12 décembre 1837, on frise le délire et l’hystérie.

Avec ce triomphe Donizetti s’impose, enfin, comme le premier compositeur italien (Bellini vient de mourir à Puteaux, Rossini a cessé d’écrire et Verdi apprend la composition.

Donizzetti règne sans rival. Il a 40 ans et il a écrit quelques dizaines d’opéras ! …. Déjà 26 opéras en 1830…).

Donizetti est à l’apogée d’un style, celui du romantisme, et le public ne s’y trompe pas. Donizetti a su, comme personne avant lui, produire l’opéra romantique par excellence, l’œuvre dont toutes les facettes font étroitement écho à la sensibilité de l’époque.  Pour preuve, c’est une représentation de Lucia que Flaubert décrit dans Madame Bovary et Tolstoï dans Anna Karenine.

Lucia va faire le tour du monde et sera jouée, du vivant de l’auteur, jusqu’à La Havane et Santiago du Chili et va faire de lui le compositeur italien le plus joué de son temps.

Pour le thème, c’est un peu l’histoire de Roméo et Juliette : un amour défendu entre familles rivales, les Ravenswood et les Lammermoor, sauf que L’action se situe en Ecosse, à la fin du 17e siècle, sur fond de luttes entre factions rivales et dans le contexte des guerres entre catholiques et protestants. Je précise d’ailleurs que ce drame a été inspiré d’un fait divers réel.

Enrico veut marier par intérêt sa sœur Lucia à Arturo Bucklaw, un riche parti.

Or Lucia est déjà amoureuse d’Edgardo Ravenswood dont la famille a été ruinée par la sienne. Edgardo, doit s’éloigner en France, mais lui et Lucia se prêtent mutuellement serment de fidélité. Du coup, pour pousser sa sœur à épouser celui qu’il lui a choisi, Enrico fabrique de faux documents mettant en doute la fidélité d’Edgardo. Effondrée, Lucia accepte d’épouser Arturo.

Mais voilà qu’Edgardo réapparaît lors de la cérémonie nuptiale et maudit la pauvre Lucia.

Et au moment où Edgardo et Enrico vont se rencontrer en duel pour vider leur différend, on apprend que Lucia, a tué son époux, qu’elle est devenue folle et qu’elle se donne la mort. A cette nouvelle, Edgardo se suicide.

Revenons à l’œuvre.

Dans la première scène, Lucia raconte à sa suivante qu’elle a vu le fantôme d’une femme assassinée, baignant dans son sang et noyée : « le Silence régnait », va-t-elle chanter (« Regnava il silencio »)….

Dans le deuxième grand air, Edgardo (Ravenswwod) chante à Lucia que, sur la tombe du « père trahi », (« il tradito genitore ») il avait juré de se venger, mais qu’à la vue de Lucia, un autre sentiment l’a envahi et que sa colère s’est apaisée.

Puis les deux héros se jurent fidélité et secret, échangent des anneaux et, dans un célèbre duo, et chantent  « Verrano a te sull’ aure » 

Mais, alors qu’ils se sont juré fidélité, les deux amants vont être trahis.

Normanno, ami de Enrico, frère de Lucia, présente à celle-ci une fausse lettre d’Edgardo à une autre femme. Lucia se croit trahie et finit par accepter le riche mari que son frère lui destine … pour sauver la famille en graves difficultés.

C’est l’air entre le frère et la sœur…« Se tradirmi tu potrai »,

Arrive le mariage par dépit.

On a trompé Lucia par la fausse lettre d’Edgardo à une autre femme, et Lucia s’est crue trahie. Mais voici qu’Edgardo revient – de France – mais pour trouver quoi ? Lucia qui se marie ! Il ignore évidemment tout du piège qu’on a tendu à Lucia.

Il tire son épée contre Enrico, frère de Lucia, auteur de tout ceci, mais on lui montre la signature de Lucia au pied du contrat de mariage !

Alors il lui rend son anneau…ou plutôt il le lui jette !

C’est lui qui s’estime trahi par elle : les deux amoureux ont été floués.

C’est le moment du fameux sextuor, les six protagonistes soutenus par le chœur, qui a toujours enthousiasmé les spectateurs, les sentiments de chacun fondus dans un ensemble, moment qui annonce tout simplement Verdi (« Chi mi frena in tal momento »)

 Mais en arrive enfin aux conséquences tragiques de ce mariage forcé et de la tromperie dont ont été victimes les deux héros.

Dans la chambre nuptiale, Lucia tue l’homme qu’elle vient d’épouser et qu’elle n’aime pas : elle l’a poignardé et elle apparaît, hagarde, comme une somnambule, un poignard plein de sang à la main. Elle a perdu la raison.

La scène de la Folie

Cette scène (Acte 3) se compose de plusieurs airs et d’abord, « Ohimé ! Sorge il tremendo ».

Il suffit parfois d’un air pour rendre un opéra célèbre, et la renommée de Lucia s’est principalement établie sur cette (elle dure plus de 12 minutes).

C’est l’un des fleurons du bel canto romantique, un véritable morceau de bravoure aujourd’hui encore la magie de la musique italienne et qui exige de l’interprète une technique exceptionnelle, mais aussi une grande sensibilité dramatique.

Cette scène est le cheval de bataille de beaucoup de sopranos

C’est une scène très élaborée, qui va bien au-delà de la simple acrobatie vocale, et qui s’intègre parfaitement à l’action. Dans une sorte de rêve éveillé, Lucia revit le grand duo d’amour du premier acte ; elle s’imagine un temps avoir épousé Edgardo, avant d’être rejointe par la réalité. La voix dialogue avec la flûte, passe de la virtuosité à l’extase et traduit l’expression la plus profonde du désespoir et de la douleur.

Or alors qu’il croit que la noce bat son plein, car il voit les lumières du Château, les invités sortent horrifiés et disent à Edgardo, qui était sur les tombes des ancêtres, que Lucia a tué son époux, qu’elle a perdu la raison et qu’elle s’est donné la mort (en fait elle est mourante).

Edgardo, désespéré, veut alors retrouver Lucia dans la mort. Il se poignarde pour la rejoindre au ciel et chante le magnifique morceau final: « Tu che a dio spiegasti l’ali ».

Insertions musicales :

« Regnava il silencio ») par Maria Callas

 « Sulla tomba che rinserra » (« il tradito genitore…» par Ferruccio Tagliavini

 « Verrano a te sull’ aure », par Renata Scotto et Luciano Pavarotti,
Orchestre symphonique et chœurs de Turin de la RAI, sous la Direction de Francesco Molinari Pradelli, enregistrement en « live » à Turin, 1967

4« Se tradirmi tu potrai, … », par Lily PONS, franco-américaine star de l’opéra en Amérique, au Metropolitan de New York, soprano colorature (qui montait jusqu’au contre-fa, « la Diva au Chant d’oiseau ») ; aussi actrice de cinéma (elle avait joué notamment avec Henri Fonda). Cette star a sauvé le Met de la faillite par le public qu’elle attirait. Ici elle chante avec le grand baryton Léonard Warren,

 « Chi mi frena in tal momento » par Maria Callas, Giuseppe Di Stefano, Tito Gobbi, Chœurs et Orchestre du Mai Musical Florentin, Direction de Tullio Serafin

 « Ohimé ! Sorge il tremendo » par Maria Callas

 « Tomba degli avi miei …. Fra poco me ricovero » par Ferruccio Tagliavini

 « Tu che a Dio spiegasti l’ali », par Giuseppe Di Stefano (Edgardo)

 

 

 

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Emission Arte lirica du 11 juin 2017

mai 27th, 2017 par Alain Fauquier


Affiche CARMEN

 Perle du romantisme français, Carmen, n’a jamais cessé de faire partie des œuvres lyriques les plus populaires et les plus jouées au monde. En créant une musique éblouissante, enivrante, raffinée, fataliste et tragique, Georges Bizet a revêtu la Carmen de Prosper Mérimée d’une robe étincelante et fatale.

Pourtant, la première représentation de Carmen à l’Opéra-comique, le 3 mars 1875, fut un échec historique qui n’eut d’équivalent que le fiasco de La Traviata de Verdi en 1853 et, dans une moindre mesure, l’échec de Faust de Gounod en 1859 et de Madame Butterfly de Puccini le 17 février 1904.  Aujourd’hui les 4 œuvres les plus jouées au monde…

Une fois passé le choc initial qu’elle provoqua, une fois qu’ils eurent surmonté les sentiments d’aversion, de mépris, d’envie ou de suspicion, critiques, musicologues et connaisseurs, en vinrent eux aussi à apprécier l’habileté musicale et dramatique, la pénétration psychologique et la pure vitalité humaine et artistique de l’œuvre de Bizet.

Carmen est un opéra-comique, c’est-à-dire un opéra dans lequel les parties chantées alternent avec les dialogues. Pour respecter le temps qui nous est imparti nous n’écouterons que les airs les plus marquants de cette œuvre qui dure 2h40.

L’action de Carmen se déroule dans l’Espagne du XIXème siècle, à Séville, au cœur de la torride Andalousie. Carmen est une gitane sensuelle au tempérament de feu. Elle va séduire et détruire Don José, le caporal des Dragons qui en tombera éperdument amoureux. La passion de Carmen pour Don José sera de courte durée. Volage et capricieuse, Carmen le laissera tomber pour le toréro Escamillo. Dans un accès de désespoir, Don José la poignardera à la porte des arènes au moment où elle s’apprêtait à rejoindre son nouvel amant.

Le prélude est l’un des plus célèbres de l’histoire de la musique : c’est un presto giocoso débordant, au rythme joyeux et bondissant, correspondant au motif de la corrida. Il est immédiatement suivi par une section menaçante et inquiétante qui marque le thème du destin funeste. Ce sombre Andante moderato sera joué aux moments clefs de l’opéra et résonnera à toute volée à la fin du duo final.

Au 1er acte, le rideau s’ouvre sur une place à Séville, avec d’un côté la caserne des Dragons, et de l’autre la fabrique de tabac où travaille Carmen. La cloche sonne, c’est la pause pour les cigarières qui se rendent sur la place. Don José, fiancé à la jeune Michaela, est apostrophé par Carmen qui lui chante, sur le rythme d’une Habanera, un air dans lequel elle expose sa philosophie de l’amour. Puis elle extrait une fleur de son corsage et la jette aux pieds de Don José pour lui signifier qu’elle le choisit.

Les librettistes, Henri Meilhac et Ludovic Halévy, ont construit une scène admirable et le compositeur a su en tirer partie. La Habanera caractérise d’entrée le personnage de Carmen : une gitane passionnée mais volage, aimant impulsivement, mais se lassant tout aussi vite. Elle représente le fatalisme qui joue avec la mort.

.Micaëla, la fiancée de Don José, lui apporte une lettre de sa mère. Il s’en suit un duo charmant interprété par Plàcido Domingo et la soprano roumaine Ileana Cotrubas.

Don José est chargé de conduire Carmen en prison car elle a blessé d’un coup de couteau une cigarière. Pendant qu’il la surveille, Carmen l’embobine en lui chantant des chansons dont une danse andalouse, une séguedille : « Sous les remparts de séville » et, il finit par la libérer. On écoute cette séguedille par la mezzo grecque Agnès Baltsa. C’est José Carreras qui lui donne la réplique.

L’acte II se déroule dans la taverne de Lillas Pastia, repaire notoire de contrebandiers. Accompagnée de deux autres bohémiennes, Frasquita et Mercedes, Carmen danse et chante « Les tringles des sistres tintaient ». Elle fait crépiter ses castagnettes et la danse devient de plus en plus rapide et violente. C’est la mezzo lettone Elina Garanca qui chante cette très belle mélodie, aussi appelée « Chanson bohème ».

On entend des exclamations, des « Vivat, vivat le torero ! » qui viennent de l’extérieur de la taverne. C’est le célèbre torero Escamillo, triomphateur aux dernières courses de Grenade qui arrive.

Il entre dans la taverne et chante  les fameux « couplets du toréador » devant Carmen fascinée à qui il fait des avances. C’est le baryton belge José van Dam qui chante cet air célèbre.

Don José après avoir été emprisonné pour avoir laissé Carmen s’échapper, est finalement libéré. Carmen lui reproche de placer son devoir au-dessus de son amour pour elle. Pour lui prouver sa passion, il lui montre la fleur qu’elle lui avait lancée lors de leur première rencontre et qu’il a amoureusement conservée sur sa poitrine. Puis, pour lui prouver son amour et sa passion, il lui chante « La fleur que tu m’avais jetée ». Cet air est, très célèbre lui aussi, est  interprété par Mario Lanza.

L’acte III se déroule dans la montagne où Don José a finalement rejoint Carmen dans le repaire des contrebandiers, seule façon pour lui de rester auprès d’elle. La passion de Carmen pour Don José a été de courte durée. Carmen se révèle volage et capricieuse. Don José qui l’aime follement est devenu jaloux, Escamillo étant désormais son rival. Carmen le pousse à la quitter car sa jalousie l’étouffe, elle a besoin de se sentir libre. Il la menace de mort.

Le chœur d’ouverture de l’acte III a un rythme particulièrement attrayant ; le trio des cartes « Mêlons, coupons ! » est l’un des plus brillants passages de la partition, interrompu par le fantastique monologue de Carmen : « En vain pour éviter » ; la romance de Michaela qui vient chercher Don José : « Je dis que rien ne m’épouvante », est exquise.

L’acte IV se déroule à Séville devant l’entrée des arènes. La place est très animée car c’est le jour de la corrida. Carmen, qui a rompu avec Don José, déclare à Escamillo qui s’apprête à entrer dans les arènes que s’il triomphe elle sera à lui. Fou de jalousie et de désespoir, Don José menace une dernière fois Carmen avant de la poignarder en plein coeur.

On écoute pour terminer, par l’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Berlin dirigés par Otmar Suitner, une marche éblouissante, construite avec précision et savamment orchestrée par Bizet : « Les voici, les voici, voici la quadrille » qui accompagne le défilé des toreros et de leur quadrille qui entrent dans l’arène.

Insertions musicales :

Prélude :
Metropolitan Orchestra, direction: James Levine, 

La Habanera :
Giulietta Simionato
Orchestre de l’Académie Sainte Cécile,
direction: Fernando Previtali, 1956

Ma mère je la vois :
Plàcido Domingo et Ileana Cotrubas
London Symphony Orchestra,
direction Claudio Abbado, 1977

La Séguedille :
Agnès Baltsa et José Carreras
Chœur de l’Opéra de Paris : Jean Laforge
Orchestre Philharmonique de Berlin,
direction: Herbert von Karajan, 1983

Les tringles des sistres tintaient :
Elina Garanca
Orchestre National Symphonique de la RAI,
direction: Karel Mark Chichon, 2010

Couplets du toréador :
José van Dam
Chœur de l’Opéra de Paris : Jean Laforge
Orchestre Philharmonique de Berlin,
direction: Herbert von Karajan, 1983

La fleur que tu m’avais jetée :
Mario Lanza
RCA Victor Orchestra, direction: Constantine Callinicos, 1950

Les voici, les voici, voici la quadrille :
Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Berlin
direction: Otmar Suitner, 2012

L’Amour est enfant de bohème :
Elina Garanca
Orchestre National Symphonique de la RAI,
direction: Karel Mark Chichon, 2010

 

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Emission Arte lirica du 14 mai 2017

mai 12th, 2017 par Alain Fauquier


 

Affiche Gedda

Nous rendons hommage aujourd’hui à un artiste d’exception en la personne du grand ténor suédois Nicolaï Geddï, disparu le 8 janvier 2017 à l’âge de 91 ans. Selon sa fille, la soprano Tania Gedda, Nicolai Gedda est mort d’un arrêt cardiaque alors qu’il se trouvait dans sa résidence secondaire suisse de Tolochenaz, une charmante commune située au bord du lac Léman dans le canton de Vaud près de Lausanne.

Pendant de nombreuses années Nicolaï Gedda a eu pour voisins, à Tolochenaz, deux célébrités : l’adorable star britannique Audrey Hepburn (Vacances romaines, My Fair Lady, Charade, Le vent de la plaine… ), ambassadrice de l’UNICEF, décédée en 1993 et enterrée au cimetière de Tolochenaz, et son grand ami, qui fut son partenaire sur les scènes d’opéra, le baryton-basse américano-canadien George London, célèbre notamment pour son interprétation impressionnante de Méphisto dans le Faust de Gounod, décédé en 1985 à New-York. Ami intime et fidèle de Mario Lanza, ils débutèrent ensemble leur carrière en 1947 avec le Bel Canto Trio sous l’égide des Concerts Columbia.

Doté d’une voix de ténor léger à l’étendue phénoménale pouvant monter jusqu’au contre-ré (note rarement atteinte par un ténor), Nicolaï Gedda possédait en outre une stupéfiante maîtrise du chant et un sens infaillible du style musical qui lui permettait de passer avec une facilité déconcertantes de Gluck à Rameau, de Mozart à Beethoven, de l’opéra russe à l’opéra italien ou français. Avec autant de qualités, Nicolaï Gedda semble n’avoir jamais su quelle sorte de ténor il était, tant il s’est essayé avec bonheur à pratiquement tous les répertoires.

A l’exception des catégories pour lesquelles il n’était pas physiquement taillé, à savoir le ténor italien di forza et le Heldentenor (ténor héroïque) allemand, Nicolaï Gedda fut probablement le seul chanteur du XXème siècle à s’être spécialisé dans tout.

Son don exceptionnel pour les langues n’a jamais cessé d’étonner et tient du prodige. Nicolaï Gedda parlait en effet couramment, et sans accent étranger, une douzaine de langues dont le russe, l’allemand, l’anglais, l’italien, le portugais, l’espagnol, le grec, l’hébreu, le latin, le norvégien, le néerlandais, le danois et le français qu’il chantait dans notre langue à la perfection.

On l’écoute chanter, en russe, l’air d’Hermann extrait du 3ème acte de la Dame de Pique de Tchaikovsky : « Qu’est notre vie ? Un jeu ! ».

Son très vaste répertoire comprenait non seulement un nombre impressionnant d’oratorios, de cantates, de messes et d’opérettes mais aussi et surtout une cinquantaine d’opéras dont la diversité dans différentes langues laisse pantois.

Après son premier enregistrement réalisé pour EMI au cours de l’été 1952, il enregistre dans les années 1950-1960 rien moins que La Bohème et Madame Butterfly (Puccini), Manon et Werther (Massenet), Eugène Onéguine (Tchaikovsky), Orphée (Glück), un grand nombre de Mozart, tous les grands Verdi, I Puritani (Bellini), Carmen et Les Pêcheurs de Perles (Bizet), La Chauve-souris (Johann Strauss), Capriccio (Richard Strauss), Boris Godounov (Moussorgski), Guerre et Paix (Prokofiev), Le Barbier de Séville (Rossini), Candide (Bernstein), ainsi que tout Berlioz et de nombreuses œuvres contemporaines. En 2003, à 78 ans, il enregistrait encore Idoménée.

On aurait pu penser qu’un tel éclectisme l’aurait condamné à ne dominer aucun rôle. Mais Nicolaï Gedda a toujours défié les prévisions et il a prouvé qu’il était un expert dans tout ce à quoi il touchait.

S’il ne fût pas toujours convaincant dans le répertoire romantique italien, sa voix superbe et son instinct dramatique très sûr, firent de lui un interprète idéal pour certains rôles comme celui du duc de Mantoue de Rigoletto dans lequel il triompha à Munich en 1966.

De Rigoletto on l’écoute chanter « La donna è mobile »

Nicolaï Gedda s’est révélé un mozartien hors pair et a chanté les opéras de Berlioz comme aucun autre ténor de sa génération, ainsi que l’attestent les enregistrements qu’il a réalisés sous la direction de Colin Davis en 1970 et qui demeurent des fleurons de l’histoire du disque.

Dans ses meilleurs moments, Nicolai Gedda, surnommé « The Knight of the High C » (Le Chevalier du do aigu ou contre-ut) atteignait des sommets de virtuosité, comme le prouve son interprétation époustouflante du Postillon de Longjumeau d’Adolphe Adam.

Lorsque son tempérament s’accordait avec la partition, comme le Palestrina de Pfitzner, il était capable d’une rare profondeur d’interprétation.

Du premier acte de Manon Lescaut de Puccini on écoute Nicolai Gedda chanter en italien le mélodieux air de Des Grieux : « Donna non vidi mai » (Je n’ai jamais vu de femme si belle).

Nicolaï Gedda a triomphé sur les plus grandes scènes d’opéra du monde : Opéra Royal de Stockholm, Covent Garden, Palais Garnier, Scala de Milan, le Bolchoï, le Metropolitan Opera où il débuta en 1957 et où il chanta 350 fois entre 1957 et 1983, …

Il a eu pour partenaires les plus grandes célébrités de son époque, comme Elisabeth Schwarzkopf, Anneliese Rothenberger, Christa Ludwig, Victoria de Los Angeles, George London, Mirella Freni, Boris Cristoff, Beverly Sills, Birgitta Svenden, Robert Merrill, Maria Callas, Mady Mesplé et tant d’autres… Il a chanté sous la direction des chefs les plus prestigieux : Herbert von Karajan, Otto Klemperer, Georges Prêtre, André Cluytens

Extrait d’une autre Manon, celle de Jules Massenet, une version antérieure de neuf ans à celui de Puccini, on écoute Nicolaï Gedda, chanter, en français, l’air du 3ème acte de Des Grieux : « Ah ! Fuyez douce image »

Partout où il passait, la critique était dithyrambique. Sa compatriote, la célèbre soprano wagnérienne Birgit Nilsson, décédée en 2005, disait : « Nicolaï Gedda est  incontestablement le ténor le plus musicien, le plus polyvalent, le plus subtil et le plus nuancé qu’il m’ait été donné de côtoyer, voire que le monde lyrique ait même jamais connu. »

Luciano Pavarotti se plaisait à répéter : « Il n’y a pas de ténor vivant qui ait une aussi grande facilité dans le registre aigu que Gedda. »

Du premier acte de Tosca de Puccini on écoute l’air de Cavaradossi : « Recondita armonia » (Etrange harmonie de contrastes magnifiques)

Nicolaï Gedda est né le 11 juillet 1925 à Stockholm sous le nom de Nicolaj Ustinov. Abandonné à sa naissance par ses parents biologiques (mère suédoise et père russe) qui étaient dans la plus grande précarité, il est recueilli, pour lui éviter l’orphelinat, par sa tante maternelle Olga Gädda et son futur époux Mihail Ustinov dont il prendra le nom. Mihail Ustinov était apparenté au célèbre acteur britannique Peter Ustinov décédé en 2004.

C’est Mihail Ustinov, chef de chorale d’une église orthodoxe, qui donne au jeune Nicolai ses premières leçons de chant. Employé de banque il fait part un jour à l’un de ses clients fortunés de son ambition de devenir chanteur professionnel. Celui-ci lui finance des études de chant avec le ténor wagnérien Martin Oehmann qui avait découvert Jussi Bjoerling.

Après avoir peaufiné sa technique et son art à l’Académie Royale de Musique de Suède, Nicolaï Gedda fait ses débuts sur scène le 8 avril 1952 à l’Opéra Royal de Stockholm dans le rôle de Chapelou du Postillon de Longjumeau d’Adolphe Adam qu’il chante en suédois.

Extrait du 4ème acte de Mireille de Charles Gounod, on écoute l’air célèbre de Vincent : « Anges du paradis »

Dans une autobiographie rédigée en anglais : « Nicolaï Gedda, my life and art » (Ma vie et mon art) il considère que ses deux mariages – le premier avec la pianiste franco-russe Nadia Sapounoff Nova, décédée en 2016 et mère de sa fille Tania Gedda, elle-même cantatrice et professeur de chant, et le second avec Anastasia Caraviotis, d’origine grecque décédée en 2007 et mère de son deuxième enfant Dimitri,– se sont soldés par un « désastre » affectif et financier.

En 1977 il rencontre Aino Sellemark qui l’aidera à rédiger son autobiographie et qui deviendra sa troisième épouse en 1997.

Dans sa biographie Nicolaï Gedda révèle souffrir de fréquents accès de dépression et dévoile combien un trac incontrôlé transforme chacune de ses prestations en un calvaire dont il s’efforce de ne rien laisser transparaitre.

Ce trac qui accompagne et perturbe souvent la vie des grands artistes, n’est pas sans nous rappeler celui dont souffraient deux autres grandes personnalités du chant, Franco Corelli et Rosa Ponselle à qui nous avons rendu hommage en 2014 et 2015.

De l’opérette Paganini composée en 1926 par Franz Lehar pour le grand ténor autrichien Richard Tauber, on écoute, extrait du deuxième acte : « Girls were made for love and kiss » enregistré par Nicolaï Gedda en 1977.

Avec Nicolaï Gedda disparait l’un des ténors les plus marquants du XXème siècle. Un artiste d’exception, doté d’une voix d’une impressionnante musicalité et d’une maitrise exemplaire de la nuance et des subtilités du phrasé.

Nicolaï Gedda était non seulement un grand chanteur mais il était aussi un travailleur acharné. Il suffit pour s’en convaincre d’imaginer ce que peut  représenter en journées de travail l’étude d’autant de partitions.

Nicolaï Gedda peut effectivement se prévaloir du record mondial du nombre d’enregistrements réalisés (environ 200 en studio et en live), toutes catégories confondues. C’est extraordinaire !

Il a aussi donné de nombreux récitals et concerts dont plusieurs avec sa fille Tania Gedda, concerts que l’on peut voir et entendre sur Youtube.

Honoré par de nombreuses distinctions il a reçu en 2010 la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur.

Pour terminer ce trop court hommage on l’écoute chanter en italien l’air de Riccardo extrait du premier acte de Un Ballo in maschera de Verdi : « Di’ tu se fedele »

 

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Emission Arte lirica du 23 avril 2017

avril 19th, 2017 par Alain Fauquier


 

 Affiche opera veriste portrait

 Le vérisme (ou verismo) est un mouvement intellectuel de la fin du 19ème siècle en Europe, qui a touché la littérature et l’opéra, tant en France qu’en Italie.

L’idée principale est de choisir comme héros des personnages de la vie ordinaire et non pas des dieux mythologiques ou des rois et des empereurs, plutôt des paysans ou des villageois ou des « bourgeois » que de prétendus êtres supérieurs ou de légende.

En littérature, on trouvera le phénomène littéraire du naturalisme, avec Zola, Maupassant, et leur précurseur sur ce terrain, Balzac : description précise de la vie et de la psychologie de personnes vraies, si l’on peut dire, phénomène de réalisme culturel qu’on retrouve aussi en Angleterre et en Russie.

En Italie, le grand homme c’est Giovanni Verga qui prônait ce mouvement d’hommage « aux vaincus de la terre » (Ai vinti dalla terra »), aux vraies valeurs, simples et « rustiques », au travail, au coutumes anciennes, à l’honneur, qui souvent mène à la vengeance et à la mort etc…, qui sont les deux ingrédients principaux de l’opéra, qu’ils s’agisse des dieux ou de ce qu’il est convenu d’appeler les « grands de ce monde » ou « les petites gens »…

A l’opéra, c’est l’Italie qui a pris la tête du mouvement avec des compositeurs qui, pour n’avoir pas la stature de Verdi ou de Wagner, sont d’excellents musiciens, aux opéras connus et joués régulièrement à travers le monde : qu’on songe à Pagliacci (drame de la jalousie dans une troupe de comédiens ambulants), Cavalleria Rusticana, (drame de la jalousie dans un village) ou même à certains opéras de Puccini et leurs personnages « bourgeois », comme la Traviata et les personnages « réels » qui l’entourent ou ceux de la Bohème, un poète, une petite ouvrière ou brodeuse, une aubergiste etc… : les noms eux-mêmes, le plus souvent des prénoms, sont ceux de la vie de tous les jours, Mimi, Musette, Rodolfo, Colline, Nedda, Santuzza, Canio, Silvio, Alfredo (Germont)…

Ces compositeurs célèbres sont Ruggero Leoncavallo (1892- Pagliacci), Pietro Mascagni (1890) Cavalleria Rusticana) et, bien que n’étant pas seulement classables comme compositeur « vériste », Puccini lui-même.

Commençons notre écoute musicale par le véritable « Manifeste » du vérisme qui ouvre I Pagliacci : c’est le fameux « PROLOGUE » où le baryton se présente au public et lui expose que le spectacle mettra en scène des êtres de chair et de sang, comme l’auteur lui-même, et des sentiments qui sont ceux de la nature humaine.

Le PROLOGUE commence par « Si puo ? Si puo ? »

« poique siam uomini di sangue et d’ossa »

« E que di quest’orfano mondo

« Al pari di voi, spiriamo l’aere »,

« parce que nous sommes des hommes de chair et de sang

« et que, de ce monde orphelin,

« tout comme vous nous respirons l’air » !

Sachons que le livret est de Leoncavallo lui-même, qui était l’auteur de tous ses livrets sauf un opéra posthume dont la composition complète lui est d’ailleurs discutée.

Il a aussi collaboré au livret de Manon Lescaut, de Puccini.

Leoncavallo avait une belle plume et avait fait des études de lettres à l’université de Bologne où il avait eu pour professeur Giosué Carducci, un des plus grand poètes italiens du 19ème siècle.

Il a aussi écrit pour Caruso, premier interprète de Pagliacci, la fameuse chanson « « Mattinata » si aimée des ténors.

Revenons au Prologue de Pagliacci : c’est une introduction originale et magnifique,  texte et musique.

En effet, le Prologue se présente comme une personne: « Je suis le Prologue » : « Io sono il Prologo » « Si puo ? Si puo ? » nous est chanté par le grand Sherill Milnes, grand baryton américain.

Cet enregistrement réunissait Placido Domingo, Montserrat Caballé, MIlnes et Barry Bac Daniel, autre baryton

Poursuivons avec Paillasse et le grand air de cet opera, celui  où Canio, le héros interprété par le ténor, prend la résolution de se venger d’avoir été trompé par sa femme Nedda, qui interprète Colombine dans leur petite troupe de comédiens de « Commedia de’ll Arte », cependant que lui-même joue le Pierrot (« Pagliaccio »).

Mais Canio nous explique qu’il ne veut plus être le Pierrot de la Comédie italienne, à qui on vole sa Colombine et qui reçoit des coups de bâton pendant que le public rit ! Avec lui, ça ne se passera pas comme ça ! il l’a déjà dit dans le premier air, plein de menace et qui installe tout le drame :

Cet air annonce en quelque sorte tout le programme de l’opéra, qui finira mal puisqu’il va poignarder sa femme Nedda (Colombine) et Arlequin-Silvio, qui lui vole sa femme !

Écoutons Jussi Bjorling chanter sa menace :« Un tal gioco credete mi….”

Mais dans le grand air de « Pagliacci », il a pris sa résolution : « Recitar ! … Vesti le giubba » (Agir !!!) : l’aria qui a fait la fortune de Mario Lanza !

Et malgré le meurtre avec préméditation qui se prépare, on souffre pour « Canio-Pagliaccio » dont le cœur est brisé et dont la jalousie a empoisonné le cœur : « Ridi del duol che t’avelenna il cuore », « Ris de la douleur qui t’empoisonne le cœur » !

Et Mario Lanza est bouleversant, comme homme trompé qui rit et pleure à la fois !

Et après avoir tué sa femme et son amant devant les yeux du public de son propre spectacle, il tire le rideau et conclut : « É finita la commedia ! »

Passons à l’autre fameux opéra vériste, : Cavalleria Rusticana, qu’on pourrait traduite par «Chevalerie paysanne »: la « chevalerie » ou le « sens de l’honneur », existe partout et dans tous les milieux, c’est la signification de cet opéra, mais là, en, Sicile, il finit dans le sang…

Cavalleria Rusticana est, comme Pagliacci, un opéra en un acte unique et habituellement les mêmes chanteurs interprètent les deux opéras à la suite, après l’entracte depuis que la tradition en a été instaurée au Metropolitan Opera de New York, en 1895, car les deux opéras ne faisaient que deux actes à eux deux.

Cet opéra est de Pietro Mascagni (1863-1945), auteur d’un autre très grand succès d’opéra, l’Amico Fritz (l’Ami Fritz) d’après le roman d’Erckmann et Chatrian, opéra où s’illustra Tito Schipa et au total de 15 opéras et d’œuvres instrumentales.

Cavalleria Rusticana fut même dirigé par Gustav Mahler à Budapest, ses œuvres instrumentales eurent un grand succès, et il eut une très belle carrière de son vivant (il est mort en 1945, quelques jours avant la victoire des Alliés sur le nazisme).

Revenons à Cavalleria : Nous sommes en Sicile, le héros, Turridu est aimé de Santuzza (qu’il appelle aussi Santa), mais au retour de l’armée il retrouve son ancienne fiancée, Lola, mariée au charretier Alfio. Leur liaison reprend, aux dépens d’Alfio, le mari, et de Santuzza, la fiancée, jeune femme désespérée, qui se confie à Mamma Lucia, mère de Turridu.

Puis après une dispute avec Turridu, elle le dénonce à Alfio et le regrette immédiatement, car elle connaît l’issue : l’honneur du mari trompé se lave dans le sang et de fait, et pour résumer, les deux hommes vont se battre en duel mais ils s’embrassent d’abord selon la coutume. Ce baiser (baiser de la mort ?) a lieu dans l’auberge de Mamma Lucia après une chanson à boire.

Avant le duel, Turridu fait jurer à sa mère que s’il ne revenait pas du duel, elle se considère comme la mère de Santuzza (Santa) à qui il avait juré de « la conduire à l’autel » et c’est le grand air de cet opéra : « Mamma, quel vino e generoso… ».

Cet air est un régal pour un ténor en raison de l’émotion de la situation et de la prière que Turridu fait à sa mère : il lui demande de le bénir « comme ce jour où il est parti soldat » et qu’elle lui promette d’être une « une mère pour Santa » « si io non tornasi », si je ne devais pas revenir ».

Puis l’orchestre joue le fameux INTERMEZZO de Cavalleria Rusticana, quelques minutes magnifiques et graves, passage aussi connu que le grand air, sinon plus.

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Emission Arte lirica du 19 mars 2017

février 15th, 2017 par Alain Fauquier


Affi.Traviata-portrait

La Traviata est sans doute l’œuvre la plus populaire et la plus universellement représentées, toujours à l’affiche partout dans le monde, dans les opéras et les festivals. C’est l’opéra le plus accessible de Verdi et peut-être même de tout le théâtre lyrique. Aussi, on a peine à croire aujourd’hui que lors de sa création à La Fenice le 6 mars 1853, La Traviata connut un échec retentissant qui n’aura d’équivalent que le fiasco de Carmen de Bizet en 1875.

Tiré de la pièce d’Alexandre Dumas fils, La Dame au Camélia, l’histoire de La Traviata se déroule à Paris, sous le Second Empire, aux alentours de 1850. La courtisane Violetta Valéry aime et est aimée d’Alfredo Germont. Mais le père du jeune homme va la convaincre de mettre un terme à cette liaison qui déshonore leur famille. Elle décide de se sacrifier au nom de son amour, avant de mourir dans les bras de son amant, rongée par la tuberculose. C’est donc l’histoire d’un amour bouleversant et purificateur. On écoute Montserrat Caballé dans un extrait du grand air de Violetta du premier acte : « Sempre libera » (c’est pour lui que mon âme).

L’héroïne de La Traviata a réellement existé. Il s’agit d’Alphonsine Plessis, fille d’un colporteur de l’Orne, qui allait devenir à 16 ans l’une des plus illustres courtisanes du 19e. Cette jolie fille arrive à Paris à 14 ans et elle subvient vite à ses besoins en monnayant chèrement ses charmes. Elle ne va pas tarder à devenir la reine des nuits parisiennes et se rebaptise Marie Duplessis, ça sonne mieux.

Elle rencontre Alexandre Dumas fils avec qui elle va vivre une passion ; mais Marie est malade depuis plusieurs années : elle est rongée par la tuberculose et elle mourra à 23 ans à peine, ruinée et endettée. Marie est enterrée à Paris, au cimetière Montmartre. A sa mort elle entre dans l’histoire mais Dumas fils va très vite la faire entrer dans la légende. Marie Duplessis devient Marguerite Gautier qui va devenir Violetta Valéry.

Verdi se passionne pour cette histoire qui connaît un succès prodigieux et fait scandale. Dans sa Traviata Verdi ne dénonce pas, ne condamne pas : il observe. Violetta veut simplement être aimée : sa fragilité, son amour fou, sa quête d’absolu rappellent les élans du romantisme, quant à ses doutes et à sa lucidité, ils sont résolument modernes.

Violetta est une femme moderne, c’est même l’une des figures de femme les plus adultes de tout le répertoire lyrique. C’est une femme blessée et lucide qui va trouver sa rédemption dans l’amour et la mort. A ce propos je cite Dumas fils : « pour la femme à qui l’éducation n’a pas enseigné le bien, Dieu ouvre presque toujours deux sentiers qui l’y ramènent […] la douleur et l’amour ».

Violetta va suivre ces deux sentiers : l’amour d’abord, celui sincère d’Alfredo, la douleur ensuite quand au 2e acte le père de ce dernier vient lui demander de se sacrifier.

Nous vous proposons justement d’écouter un extrait du célèbre duo « Ah ! Dite alla giovine » entre Violetta et Germont-père au 2e acte. C’est le pivot du drame où le père d’Alfredo vient justement demander à Violetta de se sacrifier pour que son fils puisse épouser une femme de bonne famille.

Le désir de changer de vie de Violetta fait d’elle un élément perturbateur qu’il faut éliminer, mais par amour elle va accepter ce sacrifice: entrée « dévoyée » au 1er acte, elle sort en martyr au dernier. Verdi est un grand dramaturge, on peut même dire que c’est le Shakespeare italien : il pense musique et en même temps il pense théâtre. La Traviata est l’aboutissement de toutes ses recherches passées et le point de départ d’une nouvelle esthétique.

Verdi ne va pas se contenter de ne retenir que l’intrigue, il va approfondir ce qui fait la nouveauté de la pièce et accentuer son côté passionné. A propos de passion, écoutons Nicolai Gedda chanter sa joie de vivre « quasi in ciel » auprès de sa chère Violetta, dans le très enlevé « Dei miei bollenti spiriti ».

Non seulement Verdi ose mettre en scène un sujet de son époque mais en plus il s’agit d’un pur drame bourgeois, loin des grands péplums héroïques auxquels le public était habitué. C’est une révolution dans le monde de l’opéra.

Le dernier acte de Traviata confirme le triomphe de cette nouvelle manière de Verdi, née avec Luisa Miller et dans laquelle l’analyse psychologique prend le pas, avec le drame et l’émotion profonde, sur la violence. Il faut souligner que c’est d’ailleurs le seul opéra tragique de Verdi dans lequel la violence ne joue aucun rôle.

Nous vous proposons d’écouter Maria Callas qui a été la Traviata du siècle, dans l’ « Addio del passato », un des airs les plus émouvants qui soient, au moment où Violetta évoque un passé heureux auquel elle dit adieu à tout jamais.

Avec La Traviata, Verdi fait un constat social sans concession. Il n’a jamais traité aussi directement les problèmes sociaux et moraux de son époque lorsqu’il a composé Luisa Miller, Stifelio et La Traviata. Et avec elle on va donner pour la première fois le beau rôle à une « cocotte », à une « traviata » c’est à dire une dévoyée, une corrompue, une femme qui s’est écartée du droit chemin et qui est d’autant plus scandaleuse qu’elle est censée être contemporaine des spectateurs.

A peine plus d’un an après avoir sombré à la Fenice, mythique théâtre de Venise, c’est la revanche, toujours à Venise mais au San Benedetto. Nous sommes le 6 mai 1854, et cette fois, c’est un triomphe incontestable. Le public est versatile et Verdi le savait aussi : il ne s’exaltait jamais d’un succès ni ne se désolait d’un échec.

Cette fois la presse et le public acclament le chef d’œuvre qui après Rigoletto et Le Trouvère conclut en beauté une trilogie écrite en seulement deux ans, entre 1851 et 1853. Ecoutons le très joyeux chœur des Zingarelle.

Sans doute avait-il eu le temps à la fois de s’accoutumer à un style si nouveau et de mesurer leur ingratitude envers l’une de ses plus grandes idoles. Et il faut dire que l’orchestre avait fini par mieux comprendre la musique et que la reprise avait – enfin – bénéficié d’interprètes hors pair.

On écoute pour terminer, le dernier duo de l’acte 3. C’est le moment où Alfredo et Violetta sont dans les bras l’un de l’autre : ils oublient la mort qui menace Violetta. Ils vont quitter Paris pour se retirer dans un lieu calme où plus rien ne pourra les séparer : « Mia Violetta… Parigi, o cara, noi lasceremo » (Nous quitterons Paris, ô ma bien aimée.)

 Nous vous proposons un enregistrement rare réalisé par Mario Lanza et la soprano canadienne Frances Yeend lors d’un concert triomphal au Hollywood Bowl de Los Angeles le 27 août 1947. Le Hollywood Bowl orchestra est dirigé par le grand maestro de Philadelphie Eugene Ormandy. Le lendemain de ce concert Mario Lanza sera engagé par la MGM pour chanter l’opéra au cinéma avec un immense succès.

 Extrait musicaux:

 Sempre libera : Montserrat Caballé
Ah ! Dite alla giovine : Renata Scotto & Renato Bruson
Dei miei bollenti spiriti : Nicolai Gedda
Addio del passato : Maria Callas
Chœur des Zingarelle
Mia Violette… Parigi, o cara : Mario Lanza & Frances Yeend
Libiamo ne’lieti calici :Renata Scotto & Alfredo Kraus

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Emission Arte lirica du 29 Janvier 2017

janvier 29th, 2017 par Alain Fauquier


Affi.Voix d'hier-portrait

« Voix d’opéra d’hier et d’aujourd’hui »

Pour commencer cette émission nous avons choisi de vous faire écouter un chœur : le magnifique et célèbre chœur des forgerons, appelé aussi « chœur de l’enclume », du début du 2ème acte du Trouvère de Verdi.

Dans le camp des gitans, les forgerons frappent l’enclume au rythme de la musique qui est typiquement verdienne, à la fois vive et grandiose. Cet air de l’enclume est interprété ici par le chœur et l’orchestre de la Scala de Milan dirigés par Riccardo Muti.

Nous allons entendre la grande basse bulgare Boris Cristoff qui fut l’une des plus grandes basses du 20ème siècle et qui était aussi, pour la petite histoire, le beau-frère du grand baryton italien Tito Gobbi.

Extrait du 2ème acte des Vêpres siciliennes de Verdi, Boris Cristoff chante « O tu Palermo ». Un vibrant récitatif dans lequel Procida, le chef des patriotes siciliens, salue sa chère patrie. Une aria qui est devenue le passage le plus célèbre de l’opéra.
Le Philharmonia Orchestra est dirigé par Wilhem Schüchter.

A la fin du 1er acte de La Traviata de Verdi, après le départ d’Alfredo et des autres invités, Violetta songeuse avoue que pour la première fois son cœur est touché : « Ah, fors’è lui che l’anima » (c’est pour lui que mon âme).

Puis soudain, comme s’il ne pouvait y avoir d’amour durable pour une femme comme elle, elle change de ton et se lance dans le brillant « Sempre libera » (Toujours libre) que nous allons entendre par la divine Maria Callas. Une grande prouesse vocale et un grand moment d’émotion.

Dehors, la voix d’Alfredo chante le refrain : « Di quell’amor ». C’est le grand ténor espagnol Alfredo Kraus à qui nous avons consacré une émission en février 2016 qui lui donne la réplique. L’orchestre du Teatro Sao Carlos de Lisbonne est dirigé par Franco Ghione.

On écoute maintenant, extrait de Faust de Charles Gounod, le brillant et célèbre air des bijoux : « Ô Dieu ! Que de bijoux ! » que chante Marguerite au 3ème acte. C’est l’un des airs les plus éclatants du répertoire se soprano coloratur.

Cet air est interprété par la belle et très talentueuse soprano roumaine Angela Gheoghiu, devenue star internationale de l’art lyrique en 1994 à l’issue de sa prestation triomphale de La Traviata à Covent Garden. Spectacle retransmis en direct à la télévision.

Elle est accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Marco Armiliato.

Monserrat Caballe est l’une des plus grandes Divas du 20ème siècle. Surnommée « la superba » en raison de sa voix magnifique et de ses remarquables interprétations du répertoire belcantistes et lyrico-dramatique, cette immense cantatrice espagnole est aujourd’hui âgée de 83 ans.

On écoute Monserrat Caballé dans l’air du 2ème acte de Madame Butterfly de Puccini, le fameux «  Un Bel di Vedremo » (Un beau jour nous verrons).

Dans cette aria, Butterfly évoque avec entrain la joie qu’elle aura lorsqu’elle et Pinkerton se reverront. L’Orcherstre philharmonique de Strasbourg est dirigé par Alain Lombard.

Par Robert Alagna, qu’on ne présente plus, nous allons entendre le magnifique et très populaire aria : « Traduire… Pourquoi me réveiller au souffle du printemps » du 3ème acte de Werther de Jules Massenet. Une aria dans laquelle Werther chante l’histoire d’un amour tragique contée dans le livre qu’il vient d’ouvrir.

On peut dire de Roberto Alagna qu’il y a bien longtemps qu’un ténor français n’avait pas réalisé une aussi longue et aussi complète carrière. Non seulement il a pratiquement tout chanté, mais Il est aussi le seul ténor français à s’être produit sur les grandes scènes internationales. Il est accompagné ici par le London Symphony Orchestra dirigé par Sir Antonio Pappano.

Extrait de l’opéra Gianni Schicchi de Puccini on va écouter le célèbre et mélodieux « O Mio babbino caro » (O Mon cher père) chanté par la mezzo-soprano autrichienne d’origine russe, Anna Netrebko qui fait partie de la génération actuelle des grandes cantatrices. Elle est accompagnée par l’orchestre symphonique de Milan est dirigé par Claudio Abbado.

Qualifié de star du chant de première ampleur par le New York Daily News, après son récital à New York en 1990, le baryton russe Dmitri Hvorostovsky a volé de succès en succès. Il est aujourd’hui une star mondiale incontournable.

Extrait de l’acte II de La Traviata de Verdi, on l’écoute chanter l’air de Germont « Di Provenza il mar il suol » dans lequel il s’efforce d’adoucir la peine de son fils. L’orchestre philharmonique de Rotterdam est dirigé par Valéry Gergiev.

Nous terminons ce programme avec Mario Lanza qui chante, extrait du 3ème acte de Tosca de Puccini, le très beau « E lucevan le stelle ed olezzava la terra » (Quand les étoiles brillaient et que la terre embaumait).

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Emission Musica Maestro du 22 Janvier 2017

janvier 29th, 2017 par Alain Fauquier


Musica Maestro 22 janvier 2017

PROGRAMME

 RICARDO CASSINELLI

La Danza (Rossini)

Granada (Lara)

MARIO LANZA

Canta pe ‘me (De Curtis)

A Vucchella (Tosti)

FERRUCCIO TAGLIAVINI

Musica proibita (Gastaldon)

Ideale (Tosti)

GINO BECHI

Il Tango delle campinere (Bixio)

CARLO BERGONZI

Torna piccina mia (Buti)

I’Te vuria vasa (Di Capua)

 GIUSEPPE DI STEFANO

Nuttata ‘e sentimento (Capolongo)

VLADIMR ATLANTOV

Mattinata (Leoncavallo)

Un amore cosi grande (Ferilli)

Tu ca nun chiagne (De Curtis)

Torna (Valente)

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Emission Arte lirica du 18 décembre 2016

décembre 13th, 2016 par Alain Fauquier


Affi Arte lirica du 18 déc 2016

 

C’est Noël dans huit jours, et nous continuons la tradition de faire entendre des chants de Noël, en étendant le thème à des chants de foi.

On va constater que les chants de Noël, classiques ou modernes, ne sont pas que des mélodies mièvres ou des comptines pour enfants, et les voix que nous entendrons montrent, mieux qu’un long discours, que ces grands artistes aiment cette musique et lui donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Commençons par l’ex enfant de chœur, Mario Lanza qui chante « The First Noël », « le Premier Noël », extrait d’un disque « BMG » intitulé « Joy To the World », « Joie pour le Monde »

Passons maintenant à la grande contralto américaine, Marian Anderson, première chanteuse noire à chanter au Metropolitan Opera de New York et à briser la barrière de la ségrégation raciale (elle chantera pour Eleanor Roosevelt devant le Lincoln Mémorial, pour l’intronisation du président Kennedy en 1961, et elle restera un exemple pour les grandes cantatrices noires américaines qui lui ont succédé, Leontyne Price, Shirley Verrett, Jessye Norman etc…

Fille de Philadelphie, la ville de naissance de Lanza, elle a, comme lui , sa plaque de bronze au sol de l’Avenue où se trouve l’Opéra. Elle meurt en 1993.

Marian Anderson a chanté sous la baguette des plus grands, Toscanini, Eugène Ormandy, prestigieux chef du Philharmonique de Philadelphie, Pierre Monteux, Dimitri Mitropoulos etc… Elle chantait l’opéra (par exemple le Bal Masqué de Verdi), l’oratorio, le lied, c’est à dire le poème chanté allemand, et le Negro Spiritual

On l’écoute dans « AWAY IN A MANGER »

On ne le sait pas toujours, mais Martin Luther a écrit et composé de la musique religieuse et au moins le fameux air, inspiré du psaume 46 du roi David, « une redoutable forteresse est mon Dieu », ici chanté en anglais par Placido Domingo.

Cette composition, à l’origine en langue allemande, remonte aux années 1527/1529.

La soprano américaine Benita Valente, nous chante « joy to the world ».

Cette soprano américaine, née en 1934, a eu une longue et belle carrière, chantant l’opéra, les lieder, l’oratorio et la musique de chambre.

Les grands festivals, le Metropolitan Opera, l’ont demandée, où elle chanta la Flûte Enchantée, de Mozart, le Mariage de Figaro, Rigoletto, de Verdi.

Elle a récolté de nombreux grands prix, notamment en musique de chambre avec le prestigieux « Quartet Juilliard »

Elle chanta aussi en Europe et depuis sa retraite, à Philadelphie, elle enseigne dans tous les États Unis et les grandes écoles de musique où ses master classes sont très courues (Juilliard, Curtis School of Music à Philadelphie, Festival de Marlboro etc…)

Benita Valente est accompagnée des chanteurs de Philadelphie, « The Philadelphia Singers »

On ne présente pas Luciano Pavarotti, n’est- il- pas, un des plus illustres ténors du siècle ?

On ne parlera donc pas aujourd’hui de l’homme et de sa carrière hors du commun et on en restera au chant religieux. Ce n’est pas un chant de Noël qu’il va chanter, c’est le fameux « ingemisco », extrait du Requiem de Verdi.

Revenons au chant de Noël, avec le fameux « Silent Night », chanté par les Ambrosian Singers, un choeur très connu qui siège à Londres, et a été fondé après la Seconde Guerre Mondiale.

Les Ambrosian Singers accompagnent des chanteurs solistes, des comédies musicales, des opéras et ont chanté avec les plus grands chanteurs et cantatrices du monde et les plus grands chefs d’orchestres.

Et maintenant, une chanson de Noël et pas un « chant » de Noël, quelque chose de plus intime, de moins grave, de plus « musique de variété » au sens le plus noble de cette musique, avec des artistes inégalables, NAT « KING » COLE et FRANK SINATRA, pour notre plaisir, une chanson qui parle marrons qui grillent dans le feu, du froid qui pince dehors, de Noël en famille avec des jouets pour les enfants et qui dit « Merry Christmas To You ».

C’’est la chanson de Noël dans les pays anglo-saxons, États-Unis, Angleterre, dans les maisons, sur les radios, dans les magasins …

Cette chanson s’appelle d’ailleurs « La Chanson de Noël »  « the Christmas Song », tous l’ont chantée, y compris le grand Bing Crosby

Ses auteurs en 1945 sont Bob Wells et Mel Tormé (lui même très célèbre chanteur Outre Atlantique)

Chanson enregistrée d’abord par le NAT KING COLE TRIO (de jazz) en 1946.

Gloire universelle de cette chanson

Après le « cocooning » de « CHRISTMAS SONG », retour au chant de foi, avec le grand baryton américain Leonard Warren, qui chantera l’« AGNUS DEI » de Georges BIZET

Warren était un grand baryton à la voix particulière, émouvante et un peu torturée. star du Métropolitan Opera de New York, il chanta les pus grands rôles, depuis l’opéra vériste comme « PAGLIACI » jusqu’à VERDI et le rôle de IAGO, dans OTELLO, et avant dans RIGOLETTO, où il remplace l’illustre Lawrence TIBBETT. il aura tous les grands rôles du répertoire et triomphera dans MACBETH de VERDI avec la sublime diva autrichienne Leonie RYSANEK, encore au Métropolitan, version qui fut enregistrée sous la baguette de Erich LEINSDORF.

il chantera dans les plus grandes salles du monde (New York, Chicago, San Francisco, Scala, Mexico, Buenos Aires etc…) et sa voix fait merveille, du sol grave au si bémol aigu.

il meurt, foudroyé par une crise cardiaque sur la scène du Met à New York à 48 ans en 1960. il chantait… « la FORCE DU DESTIN » !

Ici, nous l’écoutons chanter à Moscou en plein guerre froide l’AGNUS DEI, GEORGES BIZET.

Venons-en maintenant à une autre grande voix, celle de Rosa Ponselle, qui nous chantera l’Ave Maria de Schubert .

Cette soprano, américaine d’origine italienne, est une artiste illustre, morte à Baltimore en 1981, qui fut une des plus grandes cantatrices de l’histoire du chant, voix d’une exceptionnelle richesse.

En 1918, Enrico Caruso la présente au directeur du Metropolitan Opéra de New York le fameux Gatti Casazza quI l’engage pour une saison pour chanter « La Force du Destin » avec Caruso, le directeur qui l’engage à l’essai, lui dit : « c’est la première fois que j’engage une artiste américaine sans qu’elle ait fait au préalable ses preuves en Europe : » « Si vous réussissez, vous ouvrir les portes à d’autres chanteurs américains ».

Elle va faire plus que réussir ! Rosa Ponselle chanta avec les plus grands, aussi honorés de chanter avec elle, comme Caruso, notamment dans « la Force du Destin »

Rosa Ponselle : Ave Maria, de Franz Schubert

Nous écouterons encore cette année la grande voix de Enrico CARUSO, chanter « Ô Holy Night »  « Nuit Sacrée, « Nuit Divine «  , en réalité c’est le fameux « Minuit Chrétiens », qu’il enregistre ici en… 1916 !

Pardon pour la qualité de l’enregistrement, mais la grande et émouvante voix nous parle par dessus le temps !

Minuit Chrétien a été mis en musique en 1847 par Adolphe Adam, le compositeur du « Postillon de Longjumeau » sur le texte d’un négociant en vins qui était… anticlérical !

Ce chant est interprété en introduction à la messe de minuit.

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Emission Arte lirica du 16 octobre 2016

octobre 17th, 2016 par Alain Fauquier


 Affiche Arte lirica du 16 octobre 2016

Nous avions annoncé comme programme Victoria de Los Angeles, la grande, l’illustre cantatrice espagnole.

Nous tiendrons parole, mais partiellement car il nous a semblé qu’une émission par artiste, sauf exception, limiterait nécessairement le nombre de belles voix à écouter ;

Alors il nous a semblé préférable de donner à entendre plusieurs voix par programme, pour montrer la variété des voix humaines et démontrer que la notion de beauté vocale recouvre une immense diversité : chaque voix est celle d’une personne et l’expression d’une vie et il y a autant de voix que de personnes.

Après, on aimera plus ou on aimera moins telle ou telle voix. C’est humain.

Alors commençons par la princesse du jour, Victoria de Los Angeles, une des cantatrices les plus aimées de la deuxième moitié du vingtième siècle, née à Barcelone, le 1er novembre 1923, une voix d’une exceptionnelle beauté.

Elle a chanté, dans les plus grandes salles du monde (Espagne, Scala, Metropolitan, Londres Covent Garden, Paris, l’opéra italien, français, allemand, Mozart, les zarzuelas espagnoles, les lieder, poèmes chantés allemands, les chansons traditionnelles espagnoles et même… auvergnates !

On l’écoute dans un des grands airs de « Madame Butterfly », de Giacomo Puccini, Acte II, « un Bel Di vedremo »

Elle a chanté avec les plus grands, honorés de chanter avec elle, (à ses débuts, avec Benjiamino Gigli, en 1947, puis Bjoerling, Di Stefano, NicolaÏ Gedda, Dietrich Fischer-Diskau, Elisabeth Schwartzkopf et d’autres encore, et les plus grands chefs, Sir Thomas Beecham, par exemple).

On disait de sa voix que c’était celle d’un ange, et son comportement était simple, directe, et aristocratique, avec un rapport immédiat et chaleureux avec le public. Le public l’adorait. Elle est morte le 15 janvier 2005.

Nous allons l’entendre dans un extrait de « I Pagliacci » de Ruggero Leoncavallo « Quel fiamma » (« Quelle flamme »)

Victoria de Los Angeles avait chanté avec Giuseppe Di Stefano, que le grand baryton Tito Gobbi, à qui nous avons consacré une émission, appelait « le céleste ténor lyrique ».

Di Stefano est un des plus grands ténors de la seconde moitié du 20 ème siècle, carrière faite entre la fin de la Guerre, 1945, et le début des années 1960, avec un arrêt prématuré de sa splendide carrière : le tabac, l’asthme l’ont emporté sur une magnifique voix et il dut même annuler sa dernière tournée de concerts avec Maria Callas, sa grande amie et partenaire ((et même plus).

Il avait commencé à chanter avant la Seconde Guerre Mondiale dans des cafés, des églises, des théâtres, les grands airs d’opéra et les chansons traditionnelles italiennes et napolitaines. Il arriva après la Guerre, son évasion d’un camp de prisonnier, la reprise de ses études de chant, aux plus grandes maisons d’opéra du Monde, Scala de Milan, Covent Garden à Londres, Metropolitan de New York, Paris, Chicago, San Francisco, Mexico, Buenos Aires, Rio de Janeiro, Johannesbourg, Festival de Vérone etc…

Il faudrait une émission spéciale pour un homme spécial et une voix spéciale, très claire et pure, pour celui que Mario Lanza adorait et à qui il écrivit, depuis l’Italie même : « Pippo, je crois qu’il y a toi et moi ».

Pavarotti et Carreras l’adoraient aussi, comme ils adoraient Lanza. Ces sympathies et admirations réciproques de grands chanteurs sont très émouvantes…

Di Stefano  est mort en Italie le 3 mars 2008 des suites d’une agression, fin 2004, dans sa propriété au Kenya.

Écoutons le chanter un air de la Bohème de Leoncavallo, l’auteur de I Pagliacci, le très beau « Testa adorata ».

Et à propos de ce très bel air, nous vous avons réservé une petite surprise. Nous vous proposons de le réentendre par Mario Lanza.

 Vous verrez, c’est aussi très beau et très émouvant et cela nous rappelle une petite anecdote : un jeune couple d’Italiens, il y a trois ans ou quatre ans, rencontrés chez un disquaire du Quartier Saint Michel- Saint Germain, à la Chaumière à Musique : lui cherchait Testa Adorata, par Mario Lanza et quand il l’a trouvé , il s’est écrié « AH ! » et il a dit à sa petite amie en Italien : « Quand tu entendras ça, tu sauras ce que c’est de chanter » ! Agréable petit souvenir !

 Retour aux cantatrices, une autre grande Mirella Freni.

Du point de vue biographique, il faut savoir que Mirella FRENI est une amie d’enfance de Luciano Pavarotti. Leurs mères travaillaient toutes les deux dans une même fabrique de cigarettes à Modène. Ce sont donc véritablement des amis d’enfance qui ont eu la chance extraordinaire de faire carrière au même moment, et de faire la carrière internationale que l’on connaît, et de jouer souvent ensemble.

Mirella Freni a été découverte à l’âge de 10 ans dans un radio-crochet par Beniamino Gigli, qui lui a conseillé de cesser de chanter pour ne pas abîmer sa voix. Elle commença à prendre les cours de chant à partir de 17 ans.

Elle commence à se produire à 19 ans dans sa ville natale de Modène dans le rôle de Micaela de Carmen, de Georges Bizet, mais elle s’arrêtera assez vite pour épouser son professeur de chant, le chef d’orchestre Leone Maggiera, dont elle aura un enfant.

Sa vraie grande carrière débutera à Turin en 1958, dans la Bohème, de Puccini, où elle a le rôle de Mimi, puis reconnaissance internationale pendant la saison 1958-1959 au festival de Glyndebourne, dans le rôle d’Adina de l’Éflixir d’Amour de Donizetti, sur une mise en scène de Franco Zefirelli.

Sa carrière décolle et elle chantera sur les plus grandes scènes du monde, avec les plus grands chefs et particulièrement avec Herbert Von Karajan, avec lequel elle aura une véritable coopération musicale, et dont elle sera une des cantatrices préférées.

De même au Metropolitan Opéra de New York, où en 2005 elle fêtera le 40e anniversaire de ses débuts au Metropolitan Opéra et le 50 ème anniversaire de ses débuts à l’Opéra lors d’une soirée d’hommage sous la baguette et sur l’invitation du chef James Levine.

Elle sera une des plus grandes interprètes de Mimi de La Bohème, et de Cio Cio San de Madame Butterfly, tant vocalement que dans son jeu d’actrice.

Chose extraordinaire, elle interprète Jeanne d’Arc jeune dans l’opéra La Pucelle d’Orléans, à l’âge de 70 ans à l’Opéra National de Washington le 11 avril 2005.

Elle avait créé, avec son second mari, épousé en 1981, le grand chanteur basse bulgare Nicolaï Ghiaurov, un Centre international de Bel Canto à Vignola.

Écoutons Mirella Freni, non pas dans le rôle de Mimi, mais dans celui de Desdémone dans Otello, de Verdi

Desdémone sent qu’elle sera tuée par Otello, son mari jaloux, et elle chante « l’Ave Maria »

Venons-en maintenant à une autre grande voix, celle de Franco Corelli, un des plus grands ténors des années 50.

Ce fut un chanteur impressionnant, par sa grande taille, son physique d’acteur de cinéma (il était absolument magnifique) ainsi que par sa voix exceptionnelle.

Né à Ancona, en 1921, la même année que Mario Lanza, il est mort à Milan en 2003.

il commença des études d’architecte naval et ce n’est qu’à l’âge de 23 ans, ce qui est relativement tard, qu’il s’orienta vers l’étude du chant. Mais il commença par se former seul, à l’écoute des disques des grands anciens, et notamment de Caruso.  Il fut cependant accepté au Centre Lyrique Expérimental de Spolète, il prend des cours et il gagne le Concours du Mai Musical de Florence et commença à se produire à partir de 1951, notamment dans le rôle de Don José, de Carmen, de Bizet, au Teatro Nuovo de Spolète.

Puis les engagements arrivèrent, Rome, la Scala de Milan, où il fit l’ouverture de la saison 1954/1 955 avec Maria Callas. Puis ce furent les plus grande scène du monde et les plus grands rôles comme dans Aïda, André Chénier, Carmen, la Force du Destin, Norma, Tosca, le Trouvère, Turandot, les Puritains. Il devait devenir ainsi populaire au Metropolitan opéra de New York, auquel il revenait à chaque saison jusqu’en 1974 chantant avec les plus grandes Léontine Price, Birgit Nilsson, et les plus grands chefs d’orchestre.

Voix exceptionnelle et trac exceptionnel : il fallait le pousser sur scène !

On l’écoute dans un de ses grands rôles : Andrea Chénier, de Giordano, « Come un bel di di Maggio »

Parlons maintenant d’un grand baryton, l’américain Robert Merrill, du Métropolitan Opera de New York, né à Brooklyn en 1917 et mort en 2004 à Nouvelle Rochelle.

On peut le lier à Victoria de Los Angeles, avec qui il chanta et enregistra I Pagliacci,  mais aussi avec Lanza, avec qui il s’était lié d’amitié et qu’il présenta à son professeur de chant en lui disant : « Écoutez cette voix, vous n’en reviendrez–pas !». Son ami Frank Sinatra l’appelait pour des conseils de chant, quand il avait des difficultés avec certains airs.

 Sa voix de baryton était somptueuse et lui permit d’interpréter, près de 30 ans les grands rôles du répertoire au Metropolitan, qui était devenu sa maison, et où il avait pour collègue, partenaire et… concurrent, un autre très grand baryton, Léonard Warren !

Mais il chanta aussi au palais Garnier, à Paris, au Royal opéra de Londres, Covent Garden, à Chicago, San Francisco etc.

Il fit aussi des incursions dans les comédies musicales, et notamment dans « Le Violon sur le Toit »

Voix de bronze, splendide et infatigable, une aisance extraordinaire et le sentiment que le chant était la chose la plus facile qui soit.

Le temps nous manque pour parler plus de cet extraordinaire chanteur et de l’écouter  encore et encore : un grand baryton Verdi qui chanta notamment Otello, Le Bal Masqué, Le Trouvère, La Force du destin, Pagliacci, Don Carlos, Le Barbier de Séville, André Chénier, La Traviata Il chanta avec les plus grands et sous la baguette des plus grands, Toscanini, Georg Solti, Erich Leinsdorf, Thomas Schippers, etc…

Nous vous proposons de l’écouter dans un extrait du Trouvère (IL Trovatore de Verdi : « IL Balen del suo sorriso »

Nous avons le plaisir de vous présenter maintenant un grand ténor, le canadien Ben Heppner, un géant qui chante merveilleusement aussi bien le répertoire Wagnérien (c’est des grands interprètes actuels de Wagner, c’est le type même de ce qu’on appelle le heldentenor, le ténor puissant pour ce répertoire et c’est l’un des plus demandés au monde) que les mélodies françaises et italiennes.

l a la puissance, la beauté du timbre, une voix reconnaissable et il est capable d’une grande douceur comme dans les mélodies françaises, qu’il a enregistrées, ou les mélodies de Tosti, et nous avons voulu vous en donner un bref aperçu avec « Io Ti Sento » extrait d’un album intitulé iDEALE, qui regroupe les plus belles mélodies de Tosti

On ne présente plus Placido Domingo, probablement le plus illustre chanteur vivant du monde depuis la mort de Pavarotti,: ténor au plus large répertoire qui soit (Tout Verdi, y compris Othello, tout Puccini, le répertoire vériste italien, comme I PagliacciI ou Cavalleria Rusticana, Tchaikovsky (Eugène Oneguine), Wagner (rarissime pour un chanteur « du Sud »); aujourd’hui il chante à son âge comme baryton (ex : aujourd’hui le rôle Rigoletto, baryton, alors que ténor, il chantait le rôle du Duc de Mantoue).

Mais aussi chanteur de zarzuelas, mais aussi chef d’orchestre, mais aussi Directeur d’Opéra (Washington etc…).

Alors ne nous donnons pas le ridicule d’essayer de résumer sa carrière, il y en aurait pour des heures.

Rappelons que c’est un des plus grands admirateurs de Mario Lanza, sur lequel ii a fait la présentation du Film « Mario  Lanza, The American Caruso » et écrit la préface d’une des multiples biographies écrites sur Lanza.

Donnons-nous le plaisir de l’écouter dans un extrait de l’opéra « Adriana Lecouvreur », le fameux air « L’Anima ho Stanca » : (J’ai l’âme fatiguée).

Enfin présentons pour la première fois Jonas Kaufmann, star mondiale allemande de l’Opéra. Répertoire vaste (opéra italien, français, allemand). On a fait remarquer que le 14 avril 2010, JK est devenu le premier ténor allemand depuis 103 ans à chanter Tosca, le rôle du héros masculin, Mario  Cavaradossi.

Depuis, il chante le répertoire d’un ténor lyrique et même spinto : on trouve chez lui l’opéra français, italien allemand (particulièrement Wagner, Lohengrin) Andrea Chenier, I Pagliacci, Cavalleria Rusticana, Fedora, Adriana Lecouvreur de Cilea, que nous venons d’entendre par Domingo, Carmen, Don Carlo, Manon Lescaut etc….

Un autre extrait de Adriana Lecouvreur, de Cilea, « La dolcissima effigie »

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Journée LANZA 2016 en Belgique

septembre 21st, 2016 par Alain Fauquier


Notre ami Léo D’Hulst, vice-président de l’Association Belge des Amis de Mario Lanza nous informe que la Journée « Lanza » 2016 se déroulera comme de coutume, à l’hôtel « De Notelaer » de Bornem  le samedi 8 octobre à 13h00.

 Cette journée sera essentiellement consacrée aux films de Mario Lanza.

Rudolf Steuns, président de l’association, fera un exposé basé sur le livre de Bill Ronayne, une référence dans le monde de Lanza, « The Films of Mario Lanza »; Une traduction en français de son exposé sera remise aux participants qui ne maîtrisent pas la langue néerlandaise.

En préambule à la journée « Lanza » un hommage sonore de 13 minutes environ sera rendu à la soprano et actrice Ann Blyth, aujourd’hui âgée de 88 ans, qui fut la merveilleuse partenaire de Mario Lanza dans le film : « Le Grand Caruso ».

Les participants auront ainsi l’occasion de l’entendre chanter des extraits du « Prince Etudiant » en solo et en duo avec Mario Lanza ainsi qu’un montage de « Kismet » - And This Is My Beloved - toujours avec notre Mario.

Pour clôturer cette journée « Lanza » un court extrait d’un concert d’hommage au ténor Luciano Pavarotti, qui nous a quitté il y a plus de 9 ans, sera présenté. Organisé à Monte-Carlo en août dernier ce concert a été diffusé sur France 3. Plusieurs jeunes ténors de talents français et étrangers dont Joseph Calleja  y ont participé.

La surprise vint cependant de l’invité d’honneur, le ténor Andrea Bocelli (57 ans), qui à cette occasion a rendu un hommage à Mario Lanza en interprétant « Be My Love » puis dans le final nous entendrons la version « studio » de cette mélodie interprétée par son créateur : Mario Lanza.

Nous ne doutons pas que cette « Journée Lanza 2016 » sera comme les précédentes, particulièrement amicale et attrayante.

Léo D’Hulst rappelle que plusieurs évènements importants se succèderont dans les prochaines années :

En 2018 : l’ABAML fêtera ses vingt ans d’existence;

En 2019 : ce sera le 60ème anniversaire de la disparition de Mario Lanza;

En 2021 ; nous fêterons le 100ème anniversaire de la naissance de Mario Lanza

 

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Hommage à Luciano Pavarotti au Châtelet

septembre 5th, 2016 par Alain Fauquier


 

BELCANTO, The Luciano Pavarotti Heritage

Au Théâtre du Châtelet  les 14 et 15 octobre 2016

Apres New York, Berlin, Vienne… la jeune génération des chanteurs d’opéra italiens minutieusement sélectionnés par The Luciano Pavarotti Heritage revient à Paris pour rendre un nouvel hommage au Maître absolu du belcanto.

Au fil des années, Luciano Pavarotti a marqué l’histoire et s’est imposé dans le genre en chantant les plus grands airs du Belcanto, technique de chant fondée sur la beauté du son et la virtuosité.

Avec émotion et passion, 12 talentueux chanteurs d’opéra choisis et confirmés par Nicoletta Pavarotti en personne et The Luciano Pavarotti Heritage, rendent hommage à la légende du Belcanto italien.

Tout au long de ce spectacle, six tableaux thématiques se succèdent et retracent l’histoire du Belcanto mêlant, danse, chants traditionnels napolitains et chants contemporains internationaux.

C’est aux côtés des chanteurs lyriques que défilera une succession de ballets accompagnés d’un orchestre. Des performances uniques et originales qui offriront poésie et rêveries dans cet hommage vibrant au Belcanto et à son maître : Luciano Pavarotti.

Direction artistique : Franco Dragone
Mise en scène : Gianfranco Covino
Direction musicale et arrangements : Pasquale Menchise
Chorégraphe : Vittorio Biagi

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Hommage à Enrico Caruso

mars 22nd, 2016 par Alain Fauquier


Affiche CARUSO

Ténor mythique par excellence, on peut dire de Caruso qu’il est la plus grande et la plus durable légende de l’histoire de l’opéra et qu’aucun autre chanteur n’a à ce point hanté l’imaginaire du public.

C’était une vraie star : par exemple à New York, où il a réalisé la majeure partie de sa carrière, il avait une réelle emprise sur la ville et l’inconscient collectif.

Son nom était devenu une référence populaire, synonyme d’art et il était familier aussi bien au chauffeur de taxi, qu’au policier ou à l’homme de la rue et il était plus célèbre que le Maire lui-même.

Cela s’explique par la voix, bien sûr, connue pour son étendue, sa puissance, la chaleur de son timbre, mais pas seulement, car la majorité de ses admirateurs n’avait jamais mis les pieds à l’opéra et n’avait même pas l’intention de le faire.

Il y avait donc autre chose et c’est sa personnalité qui y était pour beaucoup.

Caruso était quelqu’un d’attachant, qui avait énormément de charme. Et puis c’était aussi et peut-être surtout, quelqu’un de profondément humain, simple et généreux. On raconte qu’il a offert un jour son manteau à un mendiant qui tremblait de froid devant son hôtel.

Les enregistrements que nous allons entendre ont été réalisés entre 1902 et 1913. Ils ont tous fait l’objet d’un traitement numérique très soigné pour les débarrasser de leurs scories et les orchestres d’origine ont été remplacés par un orchestre moderne, le Vienna Radio Symphony Orchestra dirigé par Gottfried Rabl.

Caruso était un bon vivant qui avait beaucoup d’humour : il adorait faire des blagues et des facéties en tout genre et pas seulement à ses amis, mais aussi à ses partenaires…

On raconte que quand il a chanté La Bohème avec Nellie Melba il lui a placé une saucisse brûlante dans les doigts, avec la complicité des coulisses. Il adorait se déguiser, faire le clown, faire des grimaces, faire des imitations. Il adorait aller au cirque et à la fin il ne manquait jamais d’aller saluer les clowns.

Il détestait les mondanités mais par contre il avait énormément d’amis à qui il donnait des surnoms et avec qui il était très généreux. Caruso gérait bien son argent mais adorait le distribuer : après sa mort on découvert qu’il subvenait aux besoins de 120 personnes et que sa famille au sens large lui coûtait à elle seule 80 000 $/an.

On a parlé de sa voix, de sa personnalité mais sa célébrité est aussi liée à la magie nouvelle du disque dont il est l’uns des pionniers: c’est lui qui en a fait décoller l’industrie et en échange le disque le lui a bien rendu puisqu’il a alimenté son mythe.

Caruso a enregistré énormément, environ 260 disques, du bel canto au vérisme, couvrant une période allant de 1902 à 1920. Cet héritage inestimable a contribué à garder la légende vivante.

Même s’il est plus connu comme le grand ténor du Met de New York où il a régné pendant 17 ans, Caruso a triomphé aussi sur les plus grandes scènes d’opéras du monde.

Au Met il chantera 37 rôles sur 57 et participera à 607 représentations sur les 832 organisées par la New York City Opera Company. Grace à ses innombrables tournées aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique Sud et en Europe, il est devenu le premier phénomène mondial du chant et le premier multimillionnaire du monde de l’opéra

C’est aussi la première vedette qui va bénéficier d’une véritable médiatisation à l’américaine.

L’Amérique attirait les plus grands artistes et elle leur donnait en un soir ce qu’ils auraient gagné en un mois ailleurs. Inutile de préciser que les cachets de Caruso ont largement dépassé tous ceux des ses confrères de l’époque, auxquels il faut ajouter les soirées privées chez les riches américains qui lui rapportaient énormément.

Sans oublier les disques qu’il a enregistrés dès son arrivée en 1902 et dont on estime qu’ils lui ont rapporté des sommes considérables.

A sa mort, sa fortune était estimée à 50 millions de francs, l’équivalent de 7,6 millions d’euros.

Caruso est né à Naples le 27 février 1873 de Marcellino et Anna Caruso. Contrairement à la légende il n’a pas connu la misère. Son père était mécanicien dans une grande firme et il subvenait correctement aux besoins de la famille, même s’il avait un petit penchant pour le vin.

D’ailleurs, Caruso lui-même n’hésitait pas à en abuser parfois pour vaincre son trac avant de monter sur scène, ce qui lui avait valu quelques surnoms affectueux « d’ubriacone » ou de « Volpi  » au début de sa carrière. Aux Etats-Unis, il préférera boire une gorgée de whisky.

Son père est hostile à cette vocation de chanteur, mais sa mère qui croit en-lui va l’encourager à poursuivre dans cette voie. Elle mourra malheureusement trop tôt pour le voir célèbre.

Etant convaincu qu’il mourrait de faim, son père, insiste pour qu’il fasse son apprentissage de mécanicien et ce fut à l’usine qu’il découvrit son second talent : le dessin et la caricature.

Il avait un don pour l’auto-ironie et il s’est immortalisé dans de nombreuses auto-caricatures (Don José dans Carmen, Canio, dans I Pagliacci, Manrico dans le Trouvère). D’ailleurs à New York ses dessins paraissaient régulièrement dans le journal préféré des immigrés italiens « La follia ». Il dessinait tout le temps, sur les nappes, les menus au restaurant.

Entre 15 et 18 ans il chante pour quelques lires des chansons populaires napolitaines aux mariages et surtout à la terrasse des cafés. Et c’est justement à cette occasion qu’il va faire une rencontre décisive.

Nous sommes en 1891. Le jeune et riche baryton Eduardo Missiano l’entend et insiste pour qu’il rencontre son professeur de chant, Guglielmo Vergine.

Mais la première audition devant le maître se passe mal, Vergine trouve que sa voix est « trop petite et ressemble au vent qui souffle sous les fenêtres ».

Il va quand même finir par le prendre comme élève. Les trois premières années de sa formation se passent uniquement en exercices et ce n’est qu’au bout de trois ans qu’il commence à travailler le répertoire.

Après des débuts un peu difficiles fin 1884 à cause de son émotivité, il persévère et chante son premier opéra en 1885.

Ce sera L’Amico Francesco de Morelli et puis le premier rôle dans Cavalleria Rusticana, Faust, Rigoletto et La Traviata.

En 1896 et 1897 il continue à développer son répertoire. À cette époque, il ne possède pas encore le contre-ut et sa voix se brise parfois sur les notes hautes. Il avait même dit à Puccini : « ne vous attendez pas à ce que je chante le contre-ut » dans l’air de Rodolphe de La Bohême. Il faudra à Caruso 11 ans de travail pour transformer sa voix de baryton en voix de ténor et atteindre les notes aigues qui ne deviendront stables et brillantes que vers 1901-1902.

En 1897 la vie de Caruso va prendre un tour nouveau. Ce sera, selon ses propres dires, la fin de la première période de sa vie d’artiste.

Il a pris de l’assurance, il est bien payé, et puis cet été là c’est le début de sa plus grande histoire d’amour avec Ada Giachetti-Botti, sa partenaire dans Traviata et Bohême. Mariée et mère d’un enfant, elle finira par quitter son mari pour devenir la concubine de Caruso (le divorce n’existe pas encore) et la mère de ses deux garçons, Rodolfo, né en 1898, et Enrico junior, né 1904.

L’événement décisif de la jeune carrière lyrique de Caruso a lieu le 17 novembre 1898 lorsqu’il crée Fedora, le célèbre opéra de Giordano, dirigé par le compositeur lui-même.

C’est un immense succès. On dira : « Giordano a écrit Fedora et Caruso la Fée d’or (l’a fait d’or)… » Il dira lui-même qu’après cette soirée « les propositions de contrats lui tombèrent dessus comme une puissante tempête ».

C’est en 1898 que Caruso entame la deuxième partie de sa vie d’artiste, il utilise désormais le prénom « Enrico » et chante aux côtés d’artistes confirmés comme le baryton Giuseppe De Luca ou la soprano Luisa Tretrazzini.

En 1900 il fait ses débuts à la Scala où il est dirigé pour la première fois par Arturo Toscanini dans La Bohème, ce dernier se serait d’ailleurs exclamé : « Si ce Napolitain continue à chanter ainsi, le monde entier parlera de lui. »

En 1902 Caruso chante à Covent Garden et enthousiasme l’Angleterre mais surtout, c’est l’année de son premier  enregistrement.

Il crée à la Scala l’opéra Germania d’Alberto Franchetti et Fred Gaisberg, le représentant américain de la compagnie Gramophone de Londres qui est dans la salle tombe sous le charme.

Il est justement à la recherche de chanteurs pour lancer la nouvelle machine. Il contacte Caruso. C’est dans une chambre du Grand Hôtel à Milan que Caruso arrive très décontracté en costume trois pièces et haut de forme ce 11 avril 1902.

Il va enregistrer 10 morceaux en moins de 2 heures et empocher 100 livres, l’équivalent de 10 000 $ d’aujourd’hui. Gaisberg déclara que les enregistrements de Caruso « avaient mis au monde le gramophone ».

En 1903 il a 30 ans et il atteint le sommet de la vague en débutant au Met de New York dans le rôle du duc de Rigoletto. C’est à partir de cette première qu’il va devenir « Le Grand Caruso »

Acclamé par la critique, il va conquérir New York comme il n’a jamais conquis aucune autre ville et le Met va devenir son théâtre.

Au Met, Caruso va créer la plupart des grands rôles de ténors italiens et devenir très riche, mais son succès a un prix.

Il a abordé plus de 65 rôles, depuis les lyriques aux dramatiques. On estime qu’en moyenne, pendant ses 25 ans de carrière, il s’est produit sur une scène d’opéra tous les 5 jours, voire un jour sur trois aux moments les plus remplis de sa carrière, à cela il faut ajouter les enregistrements et les tournées de concerts autour du monde.

Extrêmement nerveux, il va fumer 2 à 3 paquets de cigarettes égyptiennes par jour pendant près de 25 ans, tout en déconseillant d’ailleurs aux apprentis chanteurs d’en faire autant. Mais un événement va particulièrement mettre ses nerfs à rude épreuve.

Le 18 avril 1906 il est à San Francisco pour chanter Carmen et là, en pleine nuit, à 5h16 du matin, il va avoir la peur de sa vie

La terre tremble: Caruso croit que c’est son valet qui essaye de le réveiller mais c’est en fait l’hôtel qui commence à s’écrouler. Il s’habille en quelques secondes, lui qui mettait une heure avec son valet pour le faire, et tous deux réussissent par miracle à s’échapper.

Par contre l’année d’après il n’échappera pas au séisme qui va ravager sa vie sentimentale.

Déjà à l’automne 1907 sa femme Ada refuse de le suivre aux Etats-Unis pour la nouvelle saison du Met. En mai 1908 son père meurt et Ada met un terme brutal à leur liaison en partant vivre avec leur chauffeur Cesare Romati. Il faut dire qu’Ada était une excellente soprano dramatique qui recevait constamment des critiques plus élogieuses que celles de son mari. Lorsque le succès de Caruso dépassa les frontières, en 1901, il lui défendit tout bonnement de continuer à chanter. « Dans cette maison, c’est moi qui chante. »

En laissant ses enfants et la fortune derrière elle, elle se venge de Caruso et tente de refaire sa vie de femme et d’artiste lyrique, trop tôt terminée à son goût.

Il reste à Caruso son art et sa voix. Mais des problèmes de santé qui ne le quitteront plus vont commencer et s’amplifier: bronchites chroniques, laryngites, malaises et surtout des migraines terribles à répétition.

Extrêmement superstitieux il tente d’éloigner les microbes et le « jettatore » par des offrandes et des prières à la Vierge.

Sa loge était remplie de statues de la Vierge, de médailles pieuses et il ne chantait jamais sans son collier porte-bonheur aux nombreux pendentifs, médailles, corne de corail de Naples.

Sa constitution robuste le sauve provisoirement mais ses ennuis personnels affectent son équilibre psychologique et il continue à fumer cigarette sur cigarette malgré ses angines et ses bronchites.

D’ailleurs il craque et retourne en Italie en avril 1909. A Milan il se fait retirer un nodule sur la corde vocale gauche. Il avait déjà apparemment subi une intervention similaire deux ans plus tôt.

Pourtant ce ne sont pas ces problèmes de santé qui l’empêchent de mener sa carrière. Caruso va continuer à beaucoup chanter, surtout en Amérique du Sud en 1917 et 1919 à cause de la guerre en Europe, mais le climat humide ne lui convient pas et il souffre le martyr.

Caruso tournera deux films sous la direction d’Edward Jose My Cousin en 1918, un film qui eut un faible succès, et The Splendid Romance en 1919, un film qui sera arrêté en cours de tournage.

Caruso avouera n’avoir aucun talent d’acteur. Il recevra néanmoins 200 000 dollars à titre d’indemnisation pour ses frais.

Un rayon de soleil va venir éclairer la vie de Caruso sous les traits d’une jeune américaine de 23 ans sa cadette.

Il a 45 ans et à la surprise générale il se marie en 1918 avec Dorothy Park Benjamin qui lui donnera une fille l’année suivante, Gloria.

Il rêve de s’arrêter et de partir vivre en Italie où il se sentait vraiment chez lui. Il en avait assez d’être « nerveux tout le temps ». Pour lui chaque représentation était une bataille à gagner.

A ce moment il ne lui reste plus que 3 ans à vivre et malgré les douleurs qui le poignardent au côté gauche, il continue courageusement à chanter les représentations prévues et à emporter le public jusqu’à la fin de l’année 1920.

Il va s’évanouir, cracher du sang sur scène et vivre un véritable calvaire. Il donne sa dernière représentation au Met le soir de Noël 1920. Il souffre  d’une attaque de pleurésie et d’une infection généralisée qui va le laisser épuisé. Il va subir pas moins de 6 opérations dans les 3 mois qui suivirent.

Sa santé s’améliorant un peu, il décide de retourner à Naples. Le 17 mai 1921 il embarque à New York à bord du luxueux paquebot « Président Wilson » sans probablement se douter qu’il ne reverrait plus l’Amérique.

Il s’installe dans un hôtel de Sorrente où il pensait retrouver force et santé. Mais, mal soigné, un abcès qui n’avait pas été décelé se développe et il meurt de septicémie le 2 août 1921, à seulement 48 ans, mal soigné comme Lanza.

L’Italie décrète un deuil national et Caruso sera inhumé au cimetière Santa Maria del Pianto de Naples où un énorme mausolée sera érigé. L’acteur de théâtre et de cinéma, Toto, sera inhumé à ses côtés en 1967. En 2009, les deux tombes ont été  profanées.

Pour expliquer les secrets de sa voix Caruso disait avec humilité : « Une ample poitrine, une grande bouche, 90 % de mémoire, 10 % d’intelligence, beaucoup de dur labeur et quelque chose dans le coeur. »

De son vivant, et bien longtemps après sa mort, quantité d’anecdotes le concernant ont été relatées dans la presse « people ».

Certaines, relatives par exemple à ses tenues vestimentaires très élégantes, étaient  avérées : Caruso possédait une vaste garde-robe de costumes trois pièces fabriqués dans des tissus de grande qualité, confectionnés par les couturiers les plus réputés.

Il ne sortait jamais sans un chapeau, des cravates en soie agrémentées d’une perle de valeur, sa canne et ses gants de luxe.

Qu’il ait pu garder un œuf dans sa bouche sans que personne n’en devine la présence, c’est probablement vrai, connaissant son talent comique et la grande dimension de sa bouche.

D’autres anecdotes sont plus ou moins exagérées, voire inventées.

S’il est évident que sa capacité pulmonaire était étonnante et probablement exceptionnelle, dire qu’il pouvait, en inspirant, agrandir son torse de 20 cm, laisse perplexe.

Contrairement à ce qu’affirme le docteur Lloyd, pas plus Caruso que tout être humain ne peut pousser, même de quelques pouces, avec son seul souffle, un piano sur un tapis… ni même sur un parquet ciré ou sol savonné. Eole lui-même l’aurait-il pu ?

Affirmer qu’il pouvait tenir une note pendant au moins 40 secondes, aucun de ses nombreux enregistrements témoigne d’un pareil exploit.

Ce qui n’enlève rien à l’immense talent de l’artiste.

Quant à sa mémoire, si elle était excellente pour retenir 57 rôles, ce qui est en soi un exploit, affirmer qu’il connaissait environ 500 airs, du classique à la chanson populaire et contemporaine, musique et paroles, est probablement là aussi exagéré.

Une personnalité aussi flamboyante, qui a inspiré des générations de chanteurs et soulevé d’enthousiasme le public mondial, ne pouvait laisser indifférents les grands studios hollywoodiens qui voulaient depuis longtemps porter à l’écran « La vie de Caruso ».

Mais il leur fallait trouver le ténor idéal qui incarnerait de façon convaincante, tant au plan de la voix que de la présence à l’écran, ce monstre sacré de l’opéra.

En 1947 la chance sourit à la Metro-Goldwyn-Mayer lorsqu’elle découvre  Mario Lanza, un jeune ténor de 26 ans, doué d’une voix splendide, d’un physique solaire et d’un charisme hors du commun.

En 1951, trente ans après la mort de Caruso, le film  « Le Grand Caruso », une biographie romancée de la vie de Caruso, sort dans les salles avec Mario Lanza dans le rôle de Caruso et se révèle un immense succès mondial.

Mario Lanza y chante pas moins de 26 airs dont 15 arias et duos avec un exceptionnel brio. Il a pour partenaires les plus grandes stars du Metropolitan Opera (Blanche Thebom, Dorothy Kirsten, Jarmila Novotna, Nicola Moscona, Giuseppe Vadengo. Les partitions musicales sont dirigées par le Maestro Peter Hermann Adler.

Ce film deviendra un film « culte » et inspirera la carrière de plusieurs générations de chanteurs (hommes et femmes) dont celle des trois ténors.

Le fils cadet de Caruso, Enrico Caruso Junior, dira : « Je ne remercierai jamais assez Mario Lanza pour avoir redonné, avec un spectaculaire éclat, une seconde vie à mon père. »

Très conscient de l’hommage exceptionnel que Mario Lanza a rendu à son père, Enrico Caruso Jr écrira dans sa biographie My Father and My Family, parue en 1990 chez Amadeus Press :

« C’est Mario Lanza qui a fait le succès du film. Avant Mario Lanza et après Mario Lanza, aucun ténor n’aurait pu incarner avec un tel talent vocal et une telle justesse de jeu, la vie de mon père. Mario Lanza est né en même temps qu’une douzaine de très grands ténors. Sa voix naturelle innée est parfaitement placée, avec un timbre splendide, un infaillible instinct musical manifestement absent chez la majorité des autres grands ténors. Sa diction parfaite n’était égalée que par Giuseppe Di Stefano. Sa façon de se donner entièrement dans son chant, son phrasé toujours juste et somptueux, des qualités avec lesquelles peu de chanteurs sont nés et que d’autres n’atteindront jamais. Nous ne devons pas oublier que Mario Lanza excelle aussi dans le double registre de la musique classique et de la musique populaire, un résultat bien au-dessus du talent exceptionnel de mon père. »

Pavarotti dira : « Depuis que Mario Lanza est mort, Caruso n’a plus de successeur, il n’a que des apôtres. »

Alfredo Kraus, à qui nous avons rendu hommage le 17 février, disait à ses élèves : « Si Mario Lanza n’avait pas existé, le monde moderne n’aurait jamais connu l’existence du Grand Caruso. »

Insertions musicales :

 E lucevan le stelle, Tosca, Puccini

M’appari tutt’amor, Martha, Flotow

Di quella pira,  Il Trovatore, Verdi

Un di all’azzuro spazio, Andrea Chenier, Giordano

La Donna è mobile, Rigoletto, Verdi

Amor ti vieta, Fedora, Giordano

O Paradiso, L’Africaine, Mayerbeer

Vesti la giubba, I Pagliacci, Leoncavallo

La Danza, Rossini

La Fleur que tu m’avais jetée, Carmen, Bizet

Mattinata, Leoncavallo

Par Mario Lanza : Vesti la giubba, Leoncavallo

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Mort de Domenico Cocozza

mars 18th, 2016 par Alain Fauquier


Les adhérents et sympathisants de l’Opéra Club Mario Lanza qui ont eu le plaisir de le connaitre, ont appris avec peine la disparition, survenue en Février, de Monsieur Domenico Cocozza.

Originaire, comme le père de Mario Lanza, Antonio Cocozza, de Filignano, petite bourgade des Abruzzes  située au nord-est de Naples dans la région de Molise, Domenico Cocozza était un cousin du ténor.

En septembre 1957, quelques mois après leur arrivée en Italie, Mario Lanza, son épouse et de leurs quatre enfants, s’étaient rendu à Filignano pour rencontrer la famille paternelle de Mario, et c’est à cette occasion que Domenico Cocozza, alors âgé de 18 ans, a eu le plaisir de faire la connaissance de son célèbre cousin américain.

Ce jour là fut un jour de fête pour tout le village, comme nous l’avons déjà raconté sur une autre partie du site dédiée au Concours international de chant Mario Lanza organisé à Filignano depuis une quinzaine d’années.

Comme il avait à peu près la même corpulence que Mario Lanza, Domenico a eu le privilège d’être la doublure de son cousin dans une scène de bagarre du film « Les Sept Collines de Rome » (il était en effet interdit par contrat à Mario Lanza de tourner des scènes de violence, afin de ne pas risquer d’endommager sa gorge et sa précieuse voix).

L’Italie de la fin des années 1950 étant économiquement très pauvre, le jeune Domenico a quitté, comme beaucoup de ses compatriotes, son pays natal, pour venir travailler dans la région parisienne où il s’est installé en 1958.

Domenico Cocozza était le frère de Clémentine Di Tanna-Cocozza, adhérente de notre association, qui réside elle aussi près de Paris. Elle est la mère du talentueux pianiste Elio Di Tanna qui a accompagné en 2014 et 2015 l’acteur André Dusollier dans la pièce à succès « Novecento » d’Alessandro Baricco.

Nous rappelons qu’ Elio Di Tanna participe chaque année au Concours international de chant de Filignano organisé en août en hommage à Mario Lanza.

L’Opéra Club Mario Lanza, adresse à Madame Rita Cocozza, à Madame Clémentine Di Tanna-Cocozza, à Monsieur Elio Di Tanna et à leur famille, sa très vive sympathie dans le deuil douloureux qui les frappe.

Photo ci-dessous: Domenico Cocozza entre Mario Lanza et le Maire de Filignano.

Filignano 8

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Hommage au ténor Alfredo Kraus

janvier 20th, 2016 par Alain Fauquier


Dimanche 14 Février 2016

de 9h30 à 10h30

 

 sur Aligrefm 93.1
& www.aligre-cappuccino.fr

 Michel Goti et ses invités,
la soprano Floria Rosimiro,
Marcel Azencot et Alain Fauquier
de l’Opéra Club Mario Lanza,
rendront hommage au ténor espagnol

 Alfredo KRAUS

Alfredo KRAUS

Véritable aristocrate de l’art lyrique du XXème siècle, Alfredo Kraus a apporté un raffinement et une grâce uniques au répertoire de ténor lyrique. Bien que parfaitement à l’aise dans le répertoire italien romantique léger, c’est le répertoire français qui va faire sa renommée. Aucun autre chanteur de l’après-guerre n’a su apporter autant de charme, d’élégance et de style aux opéras de Gounod, Massenet, Bizet et Offenbach.

Encore une grande voix !

Une voix reconnaissable entre toutes, comme toutes les grandes voix !

Un ténor exceptionnel, d’une grande élégance physique, morale et vestimentaire ! Une élégance artistique, faite de retenue, de discrétion personnelle (cet homme célèbre n’était pas un « people » !

Enfin, c’était une grande voix espagnole, parmi une grande école de voix, les Miguel FLETA, Plácido DOMINGO, Victoria de LOS ANGELES, José CARRERAS, Montserrat CABALLE, Giacomo ARAGALL, Pilar LORENGAR, Teresa BERGANZA, et j’en oublie, qu’ils me le pardonnent, je les aime tous !

Mais j’aime particulièrement les discrets et les réservés !

Comme son nom l’indique, notre héros était à la fois espagnol et d’origine germanique (autrichienne) (Alfredo Kraus Trujillo, nom des deux parents, comme d’usage en Espagne.

Alfredo KRAUS est né le 24 novembre 1927 à Las Palmas de Gran Canarias (capitale des Iles Canaries), où sur la grand Place figure sa statue, et il est mort le 10 septembre 1999 à Madrid.

C’était d’abord un artiste de « bel canto » (Donizetti, Bellini), qui s’était voué au répertoire italien et français. Mais d’abord et depuis l’âge de 4 ans, leçons de piano, puis à partir de 8 ans, il chanta dans des chœurs, à commencer par celui de son école, puis dans d’autres choeurs comme adolescent. Il n’était pas le seul de la famille à chanter puisque son frère Francisco chantait aussi comme baryton et étudia avec lui la musique et l’Opéra.

Après ses études de chant, d’abord à Barcelone, puis à Valence puis à Milan avec Mercedes Llopart, professeur de chant, notamment des grandes cantatrices Renata Scotto, Fiorenza Cossotto et de l’américaine Anna MOFFO, ce fut le temps des concours et il remporta le Concours de chant de Genève.

Puis commença la carrière, d’abord en Espagne par des zarzuelas, ces sortes de comédies musicales espagnoles, où débuta Plácido DOMINGO, dont les parents étaient précisément des artistes de zarzuelas.

Puis ce fut l’Opéra, d’abord à dans des débuts à l’Opéra du Caire, en 1956 dans le rôle du Duc de Mantoue, de Rigoletto, de Verdi, un des grands rôles, où il était physiquement et vocalement tout simplement magnifique.

La carrière était lancée : ainsi, La Traviata avec Renata Scotto, où on loua sa fraicheur, sa voix à la fois puissante et raffinée, rien de brutal , tout en finesse ; puis le même rôle en 1958 avec Maria Callas à Lisbonne, Théâtre Sao Carlos ; ensuite en 1959, début à Londres au Covent Garden, dans le rôle d’Edgardo, de Lucia Di Lammermoor de Donizetti avec la grande Joan Sutherland  ; enfin La Scala de Milan, dans le rôle d’Elvino, dans la Sonambula de Bellini, en 1960, puis le Lyric Opera de Chicago en 1962, dans l’Elixir d’Amour (Elisir d’Amore) de Donizetti dans le rôle de Nemorino.

Ce fut ensuite le Metroplitan Opera, de New York en 1966, dans Rigoletto, qu’il chanterait aussi en 1994, pour son dernier passage à New York, presque trente ans plus tard et 5 ans avant sa mort.

Alfredo KRAUS, on l’a dit, c’était aussi une grande attirance pour l’opéra français : Manon, Werther, de Massenet, Roméo et Juliette, de Gounod, Les Pêcheurs de Perles, de Georges Bizet.

Il chanta aussi plusieurs fois à Paris dans les années 1980 tant à l’Opéra Comique, Salle Favart, qu’à l’Opéra Garnier (Werther, Roméo et Juliette, la Fille du Régiment,  8 contre ut !), Festival d’Orange (Rigoletto).

La France a récompensé le grand artiste en lui décernant en 1981, la Médaille d’or du Mérite, au titre du Ministère de la Culture, puis en Espagne, il reçoit en 1991 le Prix Princesse des Asturies.

Alfredo KRAUS a été un des plus grands ténors lyriques, comme le montre son répertoire (il n’était pas fait, par exemple, pour chanter Otello), et sa technique comme sa sensibilité étaient celles du bel canto ou de Mozart.

Ainsi a-t-il chanté Don Giovanni, au festival de Salzbourg avec l’Orchestre Philharmonique de Vienne, sous la direction de Herbert Von Karajan ;

Écoutons  un extrait de cette représentation, nous sommes le 26 juillet 1968 : le fameux aria

Il mio tesoro intanto

Sa technique était infaillible et lui permit de durer longtemps dans une profession sans pitié , où la voix doit être entrainée, domestiquée, mais aussi protégée des rôles qui ne sont pas faits pour elle et qui l’usent et finissent par la tuer.

La voix exige aussi une rigueur absolue dans l’hygiène de vie, même quand les dons naturels, comme dans le cas d’Alfredo KRAUS, lui permettait les notes les plus aigues sans efforts apparents : on a parlé, tout à l’heure, des 8 do aigus successifs de la Fille du Régiment, de Donizetti, mais tout ceci était le fruit du travail, et encore du travail, sur le souffle, la ceinture abdominale, le sens de la mélodie, qui porte le chanteur et lui donne comme un tremplin mental pour sa voix.

Dans l’une de ses « master classes » il explique la respiration ventrale, essentielle dans le chant, et il donne l’exemple des bébés, qui peuvent pleurer longtemps sans avoir mal à la gorge ni donc abimer leur voix : c’est parce qu’ils respirent naturellement par le ventre !

Alfredo KRAUS était respecté précisément pour son respect des rôles, du texte, des volontés du compositeur, l’ennemi des effets faciles.

Pour ses qualités, on l’a demandé dans le monde entier, Teatro Colon, de Buenos Aires, Teatro Municipal de Caracas, et le reste de l’Amérique du Sud, Chili, Brésil, l’Espagne bien sûr, et le fameux Liceu de Barcelone.

Sa Ville natale de Las Palmas a nommé son grand auditorium, The Alfredo Kraus Auditorium.

Puis cet homme de fidélité a été frappé par la mort de sa femme en 1997, deux ans avant sa propre mort, et l’homme sensible ne s’en est jamais remis : perte de l’envie de chanter pendant des mois. Si le rossignol est malheureux, il perd la raison d’être du chant, qui est une expression de bonheur : et le rossignol était  dévasté.

Puis l’enseignement l’a ramené au chant.

Il a dit : « Je n’ai plus la volonté de chanter mais je dois le faire, parce que, en un certain sens, c’est un signe que j’ai surmonté la tragédie. Chanter, c’est une façon de dire que je suis vivant ».

 Kraus est mort le 10 septembre 1999, des suites d’une longue maladie, comme on dit. Les dernières photos de certaines pochettes de disques montrent un visage très marqué, qui ne semble plus rien à voir avec celui du jeune et beau garçon des débuts. Restait le port de tête noble et seigneurial, mais Alfredo KRAUS, comme Orphée, n’avait plus son Eurydice.

La mort des rossignols est chose triste.

KRAUS  a survécu 2 ans à sa femme, la femme de Mario LANZA lui a survécu 5 mois !

Chacun, chacune avait perdu son compagnon du Destin, son compagnon… Idéal.

 Extraits musicaux :

Che Gelida Manina, La Bohème, Puccini.

A Te Ô Cara, Les Puritains , Bellini

E il Sol De’ll Anima, Rigoletto, Verdi

Fra poco a me ricovero, Donizetti,

Pourquoi me réveiller, Werther, Massenet

Il mio tesoro intanto, Don Giovanni, Mozart

Je suis seul. Ah ! Fuyez, douce image !, Manon, Massenet

Ombra mai fu, Xerxes, Haendel

Che faro senza Euridice, Orfeo, Gluck

Ideale, Tosti, par Mario LANZA

 

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Bataclan

novembre 30th, 2015 par Alain Fauquier


Paris, le 17 novembre 2015

Poème en hommage aux victimes du Bataclan
par Marcel Azencot

 

Et nous vivions alors de parole et mystères,

Aux bords des matins clairs et des jours de la terre,

Jeunesse et sourires de leurs yeux,

Et moi en silence parmi eux,

Face au sang innocent et aux larmes des cieux. 

 

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Hommage au ténor Tito SCHIPA

novembre 18th, 2015 par Alain Fauquier


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Hommage au ténor

Tito SCHIPA

  Dimanche 29 novembre 2015 à 9h30

sur Aligrefm (93.1) et aligre-cappuccino.fr

 

Michel Goti,
présentateur de l’émission Cappuccino,
et ses invités,

la soprano Floria Rosimiro,
Marcel Azencot et Alain Fauquier,
de l’Opéra Club Mario Lanza

ont rendu hommage au ténor Tito Schipa

qui fut l’un des chanteurs les plus
talentueux de son temps.

 Tito Schipa, né à Lecce le 27 décembre 1888 et décédé à New York le 16 décembre 1965, a réellement une place à part dans le Panthéon des très grands ténors : moyens vocaux non exceptionnels – il n’avait pas le do aigu, sa voix n’était pas puissante, elle n’était pas claire ni claironnante, mais comme fumée (sfumata) comme issue d’une sorte de brouillard.

Et pourtant, il était le Prince des chanteurs, et le grand  Beniamino Gigli, autre héros de l’Italie et son rival et contemporain, allait dire de lui la fameuse phrase : « Nous devons tous nous incliner devant sa grandeur ».

Nous avons même reçu un mail du ténor canadien de réputation mondiale, Manrico Tedeschi, qui a vu notre annonce sur le site Opera Club Mario Lanza. Manrico Tedeschi nous dit : « Tito Schipa était un grand chanteur. Je lui rendrai hommage  le 19 février 2016 avec un concert à Montréal »: hommage des plus jeunes à un illustre ancien !

Après avoir été remarqué dans la chorale où il chantait, Tito Schipa  étudiera avec de grands professeurs de l’époque, et d’abord à Lecce, où il est né, dans les Pouilles, le talon de la botte italienne, pratiquement au confluent de la mer Adriatique et de la mer Ionienne, ville qu’on appelle la Florence du Sud, avec des monuments baroques, un Duomo, etc

Puis il étudiera à Milan, grâce à l’aide de l’archevêque de  sa ville et ses études porteront non seulement sur le chant mais aussi sur sur le piano, et la composition. Il deviendra un musicien accompli et sera aussi compositeur.

Il fait ses débuts en 1909-1910, dans le rôle d‘Alfredo, de la Traviata, à Vercelli, puis dans toute l’Italie et en Argentine, où il ira souvent notamment  au fameux Téatro Colon, un des plus grands opéras du monde.

Au cœur du répertoire de Schipa, des œuvres telles que le Barbier de Séville (Il Barbiere Di Siviglia), de Rossini…

Même si sa voix avait des couleurs « amiables «  et douces, et n’avait pas la puissance dramatique des Caruso, Gigli et Martinelli, Schipa arrivait, par sa technique à projeter le son sans effort apparent, et était entendu des derniers balcons des grandes scènes d’opéra (comme le Teatro Colon, notamment).

A propos de son type de voix, on transmet l’anecdote selon laquelle Caruso était allé l’entendre pour la première fois, lorsque Schipa a commencé à se produire en Amérique. Discrètement installé en fond de salle, Caruso écoute ce jeune puis s’en va sans attendre la fin de la représentation. Sa femme lui demande : « Tu n’as pas aimé ? » Il répond : « Si, si c’est très beau, mais ce n’est pas ce type de voix qui va me menacer » (c’est à dire dans son répertoire et son style).

Et c’est vrai qu’il faut de la délicatesse… A noter que nous avons écouté ici la version française, la plus justement connue, mais que Tito Schipa avait enregistré une version italienne (Ah Non  Mi Ridestar …)

 Le répertoire de Tito Schipa nous parait curieusement assez large, car certes il favorise des œuvres qui conviennent à sa voix de ténor de grâce, mais il chante aussi, suivant son propre style,  des rôles « braves », vocalement plus vaillants »  : c’est ainsi qu’on trouvera Le Barbier de Séville, de Rossini, l’Elixir d’Amour, de Donizzetti, Mignon, d’Ambroise Thomas, Faust, Werther, de Massenet, (une ses grandes signatures), puis Rigoletto, La Bohème, Tosca, Don Pasquale, La Somnambule, Lucia Di Lammermoor, Cavalleria Rusticana, de Mascagni, L’Arlésiana,etc

Tout ceci donnait à son chant, à une époque de « machos » du chant (des voix hardies et vaillantes), une impression de délicatesse un peu hors de la mode, surtout dans les rôles qui exigeaient plus de force : son interprétation était en douceur et en subtilité (après tout, Cavaradossi, le peintre héros de Tosca n’a pas besoin de hurler qu’il est amoureux, dans Recondita Armonia, ni au moment de mourir, de crier qu’il n’a « jamais autant aimé la vie »)

Toujours concernant sa carrière, Tito Schipa est remarqué par l’illustre chef d’orchestre Arturo Toscanini, il débute à La Scala de Milan en 1915, dans Le Prince Igor.

Il se produit aussi à Barcelone, Madrid, Lisbonne, et crée à l’Opéra de Monte-Carlo le rôle de Ruggiero de La Rondine de Puccini, en 1917.

Et puis c’est l’Amérique : ses débuts américains ont lieu au Lyric Opera de Chicago en 1920, où il chantera régulièrement jusqu’en 1932.

Enfin, il arrive au Metropolitan Opera de New York où il chante de 1932 à 1935.

Puis, comme son collègue ténor, le grand Beniamino Gigli, Il passe les années de guerre en Italie, car il est sympathisant du régime de Mussolini, de même qu’un autre grand ténor, (préféré du Duce), Giacomo Lauri-Volpi.

Il fait ses débuts à l’Opéra-Comique à Paris en 1946, et chante aussi à Marseille, Nice et Bordeaux. Il quitte la scène en 1955, mais continue de se produire en concert jusqu’en 1963.

Il décède à New York en 1965.

Disons  d’abord que Tito Schipa  gagna en Amérique des sommes énormes, qu’il dépensait aussi vite, qu’il faisait la une des journaux pour ses relations amoureuses multiples et son style de vie luxueux et dispendieux.

Mais il avait tant de charme, n’est ce pas, qu’on n’arrivait pas à lui en vouloir ?

Bien sûr, il a connu les plus grands chanteurs et chanteuses de son temps et, dans la période des années 1920/1930, avant la Seconde Guerre Mondiale, il chantait beaucoup avec la grande Amelita Galli Curci (1882-1963), la plus belle voix de soprano léger de sa génération, une élégante aristocrate italienne d’origine espagnole, qui disait avoir appris à chanter en écoutant les oiseaux….Elle s’était retirée de la scène en 1930 après des problèmes vocaux dus à un début de goitre.

Tito Schipa a enfin connu et admiré Mario Lanza, pour lui un tout jeune, à qui il recommandait d’économiser et de protéger sa voix, qu’il qualifiait de « don de Dieu ». Après la mort de Mario Lanza en octobre 1959, il restera un des visiteurs réguliers des parents Lanza, chez qui il était régulièrement reçu à dîner à l’italienne, comme d’autres voisins de Hollywood).

En 1958, il arrêta l’Opéra, donna des cours de chant à Budapest, notamment, puis revint à New York pour enseigner (avec des élèves de la classe de Cesare Valetti, un autre ténor au chant délicat et subtil) ;

Un exemple de délicatesse ?

Schipa était aussi un maître de la mélodie, de la « canzon », de la chanson napolitaine et même de la berceuse, ce qui convenait et à sa voix et à sa diction parfaite. Son texte s’entendait et se comprenait, ce qui compensait le manque relatif de puissance.

Il projetait sa voix avec une technique infaillible, et il était ainsi audible depuis les fauteuils les plus éloignés, comme le disent des témoins, fimés sur DVD, qui chantaient avec lui sur plusieurs scènes et notamment au Téatro Colon, de Buenos Aires.

Et surtout sa voix était reconnaissable parmi toutes, ce qui est le signe des grandes voix, avec une douceur infinie.

Et selon Luciano Pavarotti, « Il avait quelque chose de plus important, vingt fois plus important que les notes élevées : une grande ligne », c’est à dire une ligne de chant.

Tito Schipa était l’élégance du chant, l’élégance de l’homme, l’élégance de l’élocution, la subtilité vocale faite homme, l’intelligence qui apportait la gravité dans ces grandes mélodies d’Italie et d’Espagne aussi.

Il enregistrera beaucoup de ces mélodies, qu’on ne peut toutes écouter, bien sûr, et on a du mal à choisir entre « Mal d’Amore », « Ideale », « Dicitencello Vuie ».

L’artiste sut sauver sa voix et durer pratiquement 50 à 55 ans dans la carrière depuis son début à Vercelli en 1910 dans le rôle d’Alfredo Germont, de la Traviata, jusqu’à sa mort en 1965.

Venons en donc aux airs italiens. Et pourquoi pas « Dicitencello vuie »?

On pourrait même écouter deux versions : Tito Schipa et Mario Lanza, deux styles, deux voix, deux époques, l’ancien, Schipa, et le moderne, Lanza, qui enregistrait près de 30 ans après lui !

Retour à l’Opéra, pour terminer, avec André Chénier, de Umberto Giordano, et le très beau livret de Luigi Illica.

Un des grands airs de ténor : « Come un Bel Di Di Maggio », enregistrement de 1938. Le poète André Chénier  a été condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, il va mourir et demande encore à la Muse de l’inspirer une dernière fois : « Ancor dona al tuo poeta la sfolgorante idea », Donne encore une fois à ton poète l’idée fulgurante » et il termine en disant « et moi je donnerai comme rime il gelido spiro d’un uom che muore » !, « le souffle froid d’un homme qui meurt » !

Insertions musicales :

Ombra Maï Fu, Xerxes (le grand empereur perse, en italien Serse), Haendel

Ecco Ridente in Cielo, Il Barbieri di Siviglia, Rossini

Pourquoi me réveiller, Werther, Jules Massenet,

E Il Sol De’ll Anima, Rigoletto, Verdi

Quando Le Sere il placido, Luisa Miller, Verdi

M’appari, Martha, Friedrich Von Flotow

A Vucchella,Tosti

Dicitencello Vuie, Fusco-Falvo, par SCHIPA et par LANZA

Come un Bel di di Maggio, André Chénier, Giordano

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Journée « LANZA » 2015 en Belgique

août 27th, 2015 par Alain Fauquier


Samedi 10 octobre 2015

 

« Journée LANZA »
à Bornem (Belgique)

 Organisée à l’Hôtel « De Notelaer » de Bornem par l’Association Belge des Amis de Mario Lanza, la « Journée LANZA 2015 » s’annonce particulièrement attrayante avec notamment la projection sur grand écran de deux montages audiovisuels réalisés par notre ami Léo D’Hulst.

Les participants qui le souhaitent auront la faculté de prendre le midi une collation au restaurant de l’hôtel. Un parking est situé à la gare de Bornem face à l’hôtel de l’autre côté de la voie ferrée.

L’entrée à la salle est libre !

Programme

Vers 12h45, diffusion d’extraits des nouvelles compilations
de Mario Lanza qui viennent de sortir

Accueil des participants par le président.

Présentation sur grand écran du montage audiovisuel
intitulé « Mario Lanza & Friends » réalisé par
Léo D’Hulst, vice-président (durée 1h30).

Entracte.

Vente des billets de tombola et participation au quiz

Remise des lots

Projection de la seconde partie du montage audiovisuel
(durée 1h45).

Résultat du quiz.

Rapport de la trésorière.

Bilan de la « Journée Lanza ».

Les participants qui le souhaitent pourront diner le soir
en compagnie des membres du Comité Organisateur
.

Concernant le montage audiovisuel,
plus de quarante séquences seront présentées où nous
pourrons  voir et entendre, entres autres :

Giselle MacKenzie, Debbie Reynolds, Rosemary Clooney,
Gene Kelly, Donald O’Connor, Jose Ferrer,
Beniamino Gigli, Mireille Mathieu, Glenn Miller,
The Righteous Brothers, Léo Marjane, Dean Martin,
Edith Piaf, Joseph Calleja, Luciano Pavarotti,
Ivan Rebroff, Frank Sinatra, Elvis Presley,
André Rieu, Placido Domingo, Whitney Houston,
Marilyn Horne, Montserrat Caballe, Elina Garanca,
Anna Netrebko, Alain Vanzo, Roberto Alagna,
Liza Minelli, Hayley Westenra, Jerry Hadley,
Richard Leech, Jerry Lewis, Edmund Purdom,
Ann Blyth, Ennio Morricone
et naturellement MARIO LANZA.

Un hommage sera rendu à Tony Poncet et nous verrons
des extraits d’un reportage sur les ténors mythiques.

Luciano Pavarotti, Antonio Pappano et Jose Carreras
nous parleront de Mario Lanza.

Nous verrons également des jeunes talents interpréter l’opéra.

Enfin une rubrique sera consacrée aux imitations et mimes.

Une journée attrayante et amicale
à laquelle nous sommes attendus nombreux
.

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MARIO LANZA: Nouvelles compilations

juin 19th, 2015 par Alain Fauquier


Greatest Operatic Recordings Volume 2

Greatest Operatic Recordings (Volume 2)

ALBUM D’AIRS D’OPERA

01 Lamento di Federico (L’Arlesiana – Cilea) – 13 juillet 1955

02 Già il sole dal Gange – 16 janvier 1958 – Royal Albert Hall

03 Lanza warming up his voice -  septembre 1958 – Rome

04 Questa o quella (Rigoletto – Verdi) – 15 mai 1950

05 Parmi veder le lagrime (Rigoletto – Verdi) – 29 mai 1950

06 Una furtiva lagrima (L’elisir d’amore – Donizetti) – 15 mai1950

07 Parigi, o cara (La Traviata – Verdi) avec Frances Yeend, soprano
Hollywood Bowl – 28 août 1947

08 O soave fanciulla (La Bohème – Puccini) – Hollywood Bowl – 28 août 1947

09 Testa adorata (La Bohème – Leoncavallo) – 09 mai 1952 – radio broadcast acetate

10 Song of India (Sadko – Rimsky-Korsakov) – 17 juin 1953

11 Bada, Santuzza, schiavo non sono (Cavalleria Rusticana – Mascagni)
avec Marina Koshetz, soprano – 17 octobre 1950

12. Sconto col sangue mio (Il Trovatore – Verdi)
avec Lucine Amara, soprano – 19 août 1950

13 Qual occhio al mondo (Tosca – Puccini) – 13 juillet 1955

14. E lucevan le stelle (Tosca – Puccini)
Hollywood Bowl – 28 août 1947

15. Un di all’azzurro spazio (Andrea Chenier – Giordano)
Hollywood Bowl – 28 août 1947

16. Un tal gioco (Andrea Chenier – Giordano) – 09 mai1952
radio broadcast acetate

17. Vesti la giubba (Pagliacci – Leoncavallo) – 17 juillet 1950
RAI broadcast, La Mia Vita per il Canto

18. O tu che in seno angeli (La Forza del Destino – Verdi) – 06 juin 1 950

19. Celeste Aïda (Aïda – Verdi) – 05 mai 1949

20. Gloria all’Egitto (Aïda – Verdi) – Giacomo Guelfi, bass-baritone
& unidentified soloists – septembre 1958

21. Unknown Aria – 22 mai 1944 – Private recording

22. Questa bocca tua profumata e pura (Madame Sans-Gêne – Giordano)
1952 – Home rehearsel

23.E lucevan le stelle (Tosca – Puccini) – 18/11/1957
London Palladium – Royal Variety performance

24. La Fleur que tu m’avais jetée (Carmen – Bizet) – 08/04/1950

25. Cielo e mar (La Gioconda – Ponchielli) – 21 mars 1952
original radio broadcast acetate

 

 My Italian Soul

My Italian Soul

CHANSONS NAPOLITAINES ET ITALIENNES

01. Mamma Mia, Che Vo Sapé? (Nutile – Russo) – 05 mai1949

02. Rimpianto – Toselli’s Serenade – (Toselli – Silvestri) – 06 juin 1950

03. ‘a Vucchella (Toselli – D’Annunzio) – 23 février 1951

04. Torna a Surriento (E. De Curtis – G. De Curtis) – 30 juin 1955

05. La Danza (Rossini – Pepoli) – Introduced by Mario Lanza – 28 juin 1955

06. O Sole Mio (Di Capua – Capurro) – Septembre 1958

07. Tu Can Nun Chiagne ! (De Curtis – Bovio) – Décembre 1958

08. Santa Lucia Luntana (Mario) ) – Décembre 1958

09. Fenesta Che Lucive (G. Cottrau – Paolella) ) – Décembre 1958

10. Dicitencello Vuie (Falvo – Fusco) ) – Décembre 1958

11. ‘O Surdato ‘Nnammurato (Cannio – Califano) ) – Décembre 1958

12. Voce ‘e Notte (De Curtis – Nicolardi) – with RCA Italiana chorus) – Décembre 1958

13. Canta Pe’Me ! (De Curtis – Bovio) ) – Décembre 1958

14. Comme Facette Mammeta ? (Gambardella – Capaldo) ) – Décembre 1958

15. ‘Na Sera ‘e Maggio (Cioffi – Pisano) ) – Décembre 1958

16. Passione (Tagliaferri – Valente – Bovio) ) – Décembre 1958

17. Senza Nisciuno (De Curtis – Barbieri) – Juin 1958

18. Vaghissima Sembianza (S. Donaudy – A. Donaudy) ) – Juin 1958

19. Serenata (Bracco – Caruso) ) – Juin 1958

20. Pour un Baiser (Tosto-Doncieux) – en Français – Juin 1958

21. Luna d’Estate (Tosti) ) – Juin 1958

22. L’Alba Separa dalla Luce l’Ombra (Tosti – D’Annunzio) ) – Juin 1958

23. Ideale (Tosti – Errico) ) – Juin 1958

BONUS

24. Agnus Dei (Bizet), Sung in Latin – Live recording – 24 juillet 1948

25. Mattinata (Leoncavallo)
Jamais sorti en disque (découvert récemment) – 25 juin 1945

Réalisées par Sepia Records,
ces deux compilations:

Greatest Operatic Recordings (Volume 2)
&
My Italian Soul

seront disponibles vers mi-juillet sur le site de Sepia Records
puis sur Amazon
et via d’autres réseaux en août 2015
http://www.amazon.co.uk/Greate…

 

 

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